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 [Q] - De comment détruire les Orishas | Léandra

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Kaahl Paiberym
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Kaahl Paiberym
Mar 07 Juil 2020, 10:26


Objectif : Après l'épreuve sorcière de la Coupe des Nations, Léandra vient annexer le rêve d'Elias afin qu'ils puissent parler de la suite à donner à leur échange épistolaire.
Partenaire : Léandra
Rps liés : Frappe-moi, accable-moi, mutile-moi, Accords sombres et In nomine mater, et filii, et spiritus mali

Je dormais peu mais lorsque je le faisais, et depuis que j’avais compris comment fonctionnait le Monde des Rêves, je ne perdais pas mon temps. Le gain était impressionnant, bien que le rêve demeurât un endroit fictif. Aucune action n’avait de conséquences sur la réalité ou, du moins, pas que je le susse. Bientôt, je le saurais. Je n’étais pas un Génie mais mon esprit commençait à mettre un pied dans une aire remplie de mystères. De même, je n’étais ni une Ombre ni un Chaman. Pourtant, je connaissais les rouages du Cycle. La vie entière de Devaraj nourrissait mes propres souvenirs. C’en était effrayant, paralysant. La notion même de Destin remettait en cause le libre-arbitre et je préférais l’ignorer. Il était bien plus rassurant pour moi de penser que je restais maître de mon destin, que rien de ce que j’accomplissais n’était écrit à l’avance. Comment continuer à vivre dans le cas contraire ? La saveur de l’existence n’excitait que les incultes, et je l’avais compris facilement. Trop de connaissances menait l’être lambda à la dépression. L’état de mon frère en était la parfaite illustration. Je n’avais pas envie de finir dans une position semblable mais je commençais à entrevoir cette possibilité comme une fatalité. Lutter contre Lux in Tenebris et la folie qu’elle souhaitait distiller dans mes veines était devenu un fardeau supplémentaire, en plus de mes multiples jeux et des personnalités qui ne cessaient de prendre le pas sur la mienne propre. Qui suis-je ? La question n’était pas dénuée d’intérêt dans mon cas. Je l’ignorais moi-même. J’avais commencé à espionner bien trop jeune pour le savoir vraiment. J’avais dû tisser une personnalité et oublier la mienne propre pour me conformer à un rôle quotidien. En attendant, dans ce songe, j’étais Cocoon Sforza.

J’avançai au sein de Megido. Si je savais qu’aucune action n’avait de conséquences sur la réalité, le rêve me permettait de réfléchir à des stratégies et à des plans pour l’avenir. Je clarifiais mes idées. Je me lançais des défis. Les Orishas étaient un peuple sous-estimé. Beaucoup les voyaient encore comme des défenseurs de la liberté. Beaucoup les voyaient maintenant comme des artisans sans grand intérêt. Pourtant, c’était très loin d’être juste. Aujourd’hui, ce peuple me posait des problèmes. Ce n’étaient pas des soucis réels. J’en avais très peu, en réalité. Néanmoins j’avais toujours eu une qualité propre à mon statut d’espion : la prudence. Je me posais beaucoup de questions et montais dans ma tête les pires scénarios possibles, afin d’envisager des solutions avant même qu’ils ne se produisissent. Mon exercice du jour était voué à l’échec mais je voulais tester, après avoir paramétré les choses d’une certaine façon.

« J’aimerais vous croire mais qui ferait ça ? » « Gaäva Leonsha voulait faire croire à ma mort. » « Dans quel but ? » « Permettre à Sephiroth Erushaära de réformer la race sous la coupe de faux Ætheri. » « Et ce serait ça qui justifierait que les Saäba'Lohu ne fonctionnent pas sur vous ? » « Oui. » C’était tellement improbable que la stratégie pourrait fonctionner. « Les nouveaux dons développés par le peuple entier semblent le privilégier mais en les utilisant les Orishas perdent ce qu’ils ont toujours chéri : leur liberté. Ils doivent obéir aux ordres des Ætheri, de Delta et des prêtres et prêtresses. Vous avez laissé la race entière se faire de nouveau esclavager. » accusai-je. « C’est un esclavage doux mais c’en est un quand même. »

Les Orishas étaient des êtres voués à révéler la vérité. Ils étaient problématiques pour tous les espions du Monde. Ils étaient problématiques pour moi, qui n’avais de véritable identité que la mienne propre et qui ne correspondait pas à celles que j’endossais chaque jour. C’était aussi un avantage. Peu importait, finalement. Ce n’était pas dérangeant. Un individu pouvait bien regarder Elias Salvatore et comprendre qu’il s’agissait là d’une fausse nomination. Elias avait été adopté par Niklaus et rien de sa vie passée n’avait de fondements. C’était un mythe. Les choses seraient bien plus complexes à gérer si la même chose m’arrivait concernant Kaahl mais ce ne serait pas si grave. Ça resterait gérable. Néanmoins, que mes deux identités fussent comparées entre elles serait meurtrier. Les Orishas avaient le pouvoir de discerner l’indiscernable. Je les évitais donc soigneusement, protégeais mon esprit des intrusions et réfléchissais à un moyen de les supprimer de la carte.

« Je ne vous crois pas. » finit par articuler l’Orisha onirique qui se tenait à mes côtés. Bien sûr. Me faire passer pour Cocoon, qui était un Roi adulé de son peuple, afin de renverser Sephirot avait été, de base, une mauvaise idée. J’avais eu envie de l’essayer quand même. L’habileté ne faisait pas tout. Aussi, je grimaçai, effaçant les protagonistes des rues de Megido qui s’en retrouvèrent désertées. Tout en gardant l’apparence de Cocoon, la noirceur de mes veines réapparut. Je devais régler ce problème aussi. Le Couronnement avait été éprouvant et la Magie des Ténèbres s’en était donnée à cœur joie. C’était la première fois que je la relâchais autant, la première fois aussi que je m’étais senti aussi maléfique. Cette constatation m’effrayait, paradoxalement. J’avais besoin de clarté pour jouer Kaahl et ma magie avait tendance à avaler celle-ci pour la réduire à néant.

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Mar 07 Juil 2020, 23:52




De comment détruire

les Orishas




Mes tourments passés, je rejoignis la Porte des Songes. La douceur de son accueil réchauffa mon coeur meurtri. Le paysage onirique s’était libéré de l’odieuse dépravation qui l’avait altéré. Les ténèbres avaient cédé leur place à l’éclat miroitant des lieux. Debout face au vide, j’observais les nuages opalins qui s’étendaient à perte de vue. En contrebas, une fumée blanchâtre cascadait le long de la roche terreuse. Le tapis argenté à l’aspect floconneux rappelait l’épaisse couche de neige qui recouvrait les Terres Glacées. Mon regard se perdit dans la vaste nébuleuse illuminée de poussières de diamants. La chaleur qui baignait le lieu contrastait avec la fraîcheur inhérente au frimas - sa beauté néanmoins n’avait rien à lui envier. Quittant mes traits physiques, je me fondis dans cette masse informe. Je serpentais à contre courant, m’élevant vers l’immense cavité qui s’ouvrait sur le Rêve.

Je n’étais pas bien sûre de ce que je désirais. L’avènement de l’Empereur Noir remettait en perspective mes résolutions indécises. Sa proposition était une aubaine pour un individu de ma condition. Pourtant, les termes de l’accord résonnait dans ma tête comme une mélopée menaçante. Je me savais prête à lui concéder le mariage - je n’avais pas l’âme d’une romantique ; l’union de l’Amour était une aberration digne des plus simples d’esprits. Donner naissance à une autre vie, cependant, était un choix lourd de conséquences. Je n’étais pas prête à assumer la charge d’un enfant. D’un point de vue politique, porter l’enfant de l’Ultimage des Ténèbres m’accorderait un statut certain. Pourtant, je ne pouvais me résoudre à délaisser mon existence pour me cacher dans l’ombre d’un autre. Quant au Miroir des Cauchemars… Mes pensées se tournèrent vers le souvenir du jeune Rascal. Je ressentis sa souffrance en imaginant ses traits déformés par l’horreur. Je considérai un instant la possibilité de négocier sa libération. Cependant, je savais qu’il ne serait plus jamais l’adorable serviteur qui m’avait tant épaulé ; les années de torture l’avaient profondément bouleversé, le faisant sombrer dans une folie impérissable. Je m’interrogeai sur ma propre intégrité. Étais-je réellement prête à remettre une arme aussi dangereuse à un peuple d’esclavagistes et de conquérants ? Certes, je n’avais aucune réticence modeler les rêves en cauchemars abominables ; mais ces spectacles d’épouvante étaient aussi ponctuels, qu’éphémères. Séquestrer un être dans une prison d’effroi perpétuel était un acte plus malveillant. Je voulais imposer mes conditions à l’utilisation de cette machine - mais j’étais certaine qu’il n’en ferait rien. Mon accès au pouvoir valait-il toutes ces souffrances ? Oui. La réponse était aussi claire que le liquide dans laquelle je baignais. Qu’importe les sacrifices, je devais étendre ma domination ; alors seulement, je serai en mesure de changer le monde, de l’altérer. Profondément.

Je fermais les yeux, laissant mon esprit vagabonder. Je m’abandonnais à l’harmonie des notes d’une douce mélopée. La musique enivrante me berçait au rythme des désirs de nos hôtes. Leurs souhaits étaient entendus, leurs voeux exaucés. Nous leur offrions la plus belle des fantasmagories. J’écoutais les voix qui transcendaient l’espace et le temps. Je me concentrai sur l’une d’entre elle en particulier. Je ne l’avais jamais entendue et - pourtant - je reconnus son intonation, son intensité et son timbre. Il était là : Elias Salvatore. Je m’approchai de la source de ses murmures, découvrant une cité grise et poussiéreuse. Je m’immisçai dans le songe, perçant la bulle de son phantasme. Je l’aperçus, debout, dans une forme qui ne lui appartenait guère. Les muscles saillants, le torse dénudé, il se tenait fièrement au centre d’une rue désertée. Les veines qui irriguait son corps illusoire refluaient un liquide noirâtre qui assombrissait son teint. Il me fallut quelque temps pour m’habituer à l’aura pernicieuse qui émanait de son être. Je n’étais qu’un déchet à côté de cet homme. Pourtant, dans le Monde Onirique, je me sentais en sécurité.

Optant pour une entrée théâtrale, je raffermis mon emprise sur le Rêve. L’Empereur Noir se retrouva dans l’oeil du cyclone. La tornade se déchaîna autour de lui, ravageant les bâtiments alentours. Les pierres déchaussées retombèrent en une succession de fracas assourdissants. La tempête s’apaisa pour se concentrer en un tourbillon modeste. Au coeur de l’ouragan, une silhouette se dessina. J’étais un homme de stature moyenne à la peau colorée par le soleil. Mes yeux d’or faisaient écho à la crinière ambrée qui couronnait ma tête ovale. Un sourire aux lèvres, je traversai le voile venté. La bourrasque s’atténua. Ses derniers soubresauts secouèrent l’étoffe de soie qui couvrait mes épaules. Mon manteau grenat s’entrouvrit, laissant apparaître des abdominaux finement sculptés. Je ne pris pas la peine de le refermer, exposant ainsi la perfection de mon corps que de multiples bijoux venaient parer. J’ouvris les bras sur le côté pour accueillir mon invité.

« Monseigneur Elias Salvatore, lançai-je avec respect. Je suis honoré que Sa Majesté impériale ait fait le chemin jusqu’à notre humble demeure ! Le paysage est à votre goût ? Je vous avouerai que, personnellement, je préfère les lieux plus… confortables. »

Je claquai des doigts. Deux imposants fauteuils apparurent l’un face à l’autre. De couleur rouge et tapissé de velours, il offrait une assise des plus confortables. Je m’affalai sur l’un d’entre eux.

« J’imagine que je n’ai pas besoin de me présenter mais je préfère éviter tout risque de malentendu. Je suis Heian Berwyn, enchanté de vous rencontrer enfin. Je vous avouerai que j’ai été très surpris par le contenu de votre lettre. Un enfant ? Vraiment ? Je pensais que vos convoitises étaient tout autre…»


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Kaahl Paiberym
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Kaahl Paiberym
Mer 08 Juil 2020, 09:35


Lorsque la tempête menaça, je sus que je n’étais plus seul dans ce rêve. Ça m’était déjà arrivé, de rencontrer d’autres individus endormis, conscients ou non de leurs pouvoirs sur le songe. La plupart ne le savait pas. Il suffisait alors simplement de remodeler ce que leur esprit ne contrôlait pas. Cet endroit était fascinant, tout comme ses maîtres. Aussi, j’attendis d’en savoir plus, le vent balayant mes cheveux, ceux de Cocoon. Adam m’avait glissé une fois, après l’amour, avoir envie d’essayer l’apparence de l’ancien Orishala, l’Eshü Legba comme le peuple l’appelait aujourd’hui. Un petit sourire malin éclaira mes traits. Qui que fût celui qui jouais avec moi, il risquait d’être déçu de ne pas me voir fuir face au danger. La conscience dans le monde onirique me faisait simplement penser que si je mourais, je me réveillerais simplement. De plus, je m’amusais moi-même à combattre des monstres et la nature parfois, dans l’espoir fou qu’un entraînement chimérique pût améliorer mes réflexes dans la réalité. La vérité c’est que tout ce que je ne maîtrisais pas m’intéressait d’autant plus. Mes passions pour les Génies, les Chamans, les Ombres et les Rehlas étaient nées ou s'étaient renforcées après avoir vécu l’existence de Devaraj. Le Destin m’effrayait, simplement. Néanmoins, je commençais à envisager très sérieusement de mettre un pied parmi ces peuples, d’une manière ou d’une autre.

Mes yeux coururent sur la silhouette de mon invité ou hôte. À vrai dire, il venait de pénétrer mon rêve alors que j’avais pénétré son monde. Mon expression resta de marbre. Seul mon regard détaillait sa gestuelle et son corps, alors que je réfléchissais d’un même temps. Ce qu’il disait était intéressant. Les Génies pouvaient donc retrouver un individu dans les méandres du monde onirique ? Ça faisait sens. L’apparence propre lors d’un songe pouvait changer de tout au tout. Je m’assis. Mes doigts se mirent à courir sur le velours. J’avais tendance à penser que le confort menait à l’oisiveté mais, puisque nous n’étions pas dans le monde réel, cela n’avait aucune importance. Je fis apparaître un verre de whisky dans la paume de ma main, et y trempai mes lèvres, tout en continuant de l’écouter. Je ne tiquai pas, pas même à la mention de l’enfant. Le peuple des Génies était mystérieux. Mes connaissances les concernant étaient un mélange de légendes, de souvenirs de mon frère et de déductions personnelles. Je savais, par exemple, qu’il s’agissait d’êtres fourbes. Je m’en méfiais donc naturellement. Peut-être disait-il cela dans l’objectif unique de me tester ? Pourquoi ? Cela restait à déterminer. Néanmoins, s’il posait la question, sans doute pouvais-je en tirer la conclusion qu’une telle chose serait possible à l’avenir ? Je bus de nouveau, laissant le temps filer, comme un voleur. Je me demandai s’il était possible d’avoir des enfants en rêve, avec un Génie. Et que deviendraient ces enfants, dans ce cas, fruits de l’irréalité ? Resteraient-ils ici ? Seraient-ils des monstres ? Serviraient-ils les Ætheri ? Pourraient-ils sortir, alors qu’aucune enveloppe matérielle ne les attendrait dans la réalité ? Seraient-ils des Esprits oniriques ? J’interrompis le fil de ma pensée.

« Bien. Avant toute chose, vous pouvez vous passer du superflu. Majesté impériale et tous ces titres pompeux à souhait qui font perdre plus de temps qu’ils ne créent d’occasions. Personne ne vous en voudra, pas ici du moins. Dans la réalité, je serais obligé de vous faire décapiter mais… je crains que la sentence demeure inefficace en ce qui vous concerne. » Je ris. Je n’avais pas repris mon apparence habituelle. Celle de Cocoon me plaisait davantage en termes de proportions. Faire du sport à outrance avait développé ma musculature. Si j’avais toujours caché ma silhouette en jouant Elias, j’avais commencé à le faire aussi en tant que Kaahl ou, du moins, concernant mes mensurations. Je le préférais plus mince. Ça le rendait plus accessible, moins impressionnant. C’était également la raison pour laquelle le titre de Baron m’allait à la perfection. Noble mais pas trop élevé. Les choses changeraient lorsque je serais Archimage mais, pour le moment, ma position était parfaite comme elle était. « Mes convoitises… L’on me prête beaucoup de convoitises, c’est vrai, dont celle d’aimer violer mes propres enfants. Ce ne serait pas si étonnant que j’en désire un ou plusieurs, en prenant en compte cet élément, non ? » Un sourire mi-mauvais mi-amusé déforma les traits de Cocoon. « Néanmoins, comme je vous l’ai écrit, c’est avant tout votre peuple qui m’intéresse, son fonctionnement, ses capacités, ses limites. Je pourrais certainement découvrir tout ceci moi-même mais ça me prendrait du temps. Du temps, je n’en ai pas, sauf ici. Vous pourriez m’apprendre, même si je suppose que cela n'est pas dans votre intérêt et que vous tenterez sans doute de me mentir. » J’avais entendu des histoires de rêveurs ayant été trompés par un Génie, condamnés à prendre sa place dans ce qui était appelé l’habitacle. « Comment avez-vous été transformé en Génie, si ce n’est pas indiscret ? » J'ignorais si oui ou non, la naissance pouvait conférer cette race. Je n'avais rien trouvé à ce sujet. « Et savez-vous si je pourrais souhaiter en devenir un moi-même, à temps partiel ? » La question me brûlait les lèvres depuis trop longtemps maintenant pour que je ne la retinsse.

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Lun 13 Juil 2020, 15:00




De comment détruire

les Orishas





Sous les traits du Titan, le Seigneur Obscur prit place dans le siège face à moi. Un liquide plus sombre que les ténèbres circulait à travers les veinules de ses muscles hypertrophiés. L’aura de peur qui accompagnait chacun de ses mouvements déclencha en moi un mal-être profond, que j’essayai de camoufler derrière un sourire assuré. J’étais dans le Rêve, en sécurité. Il ne pouvait pas m’atteindre dans ce royaume. Pourtant, il brisa mes certitudes en ployant la texture onirique selon sa propre volonté. Le verre qu’il détenait désormais dans la main droite était l’œuvre de son esprit. C’était un lucide. Un léger soubresaut parcourut mon corps chimérique. Je savais qu’il ne manquerait pas de percevoir la crainte que m’inspirait sa présence. Je venais de faire mon second faux pas. Le premier fût de pénétrer le monde d’Elias Salvatore.

« Bien, si tel est votre désir, oublions le protocole. Après tout, peu m’importe, je n’ai aucun titre à faire valoir de toute façon », lançai-je d'un ton facétieux qui tenait davantage de la nervosité que d’un réel amusement. La sensation de ne plus être maître de mon corps était bien plus désagréable que je ne l’aurai cru. Cet homme avait beaucoup trop d’ascendant sur moi. Sa prestance me privait de l’ultime liberté qui était la mienne. Mon esprit réagissait par instinct, puisant dans mes personnages de comédie les réactions les plus appropriées. « Pour m’occire, il vous faudra en effet une méthode plus originale qu'une simple décapitation. » Cette unique pensée me tétanisa encore davantage.

Je souhaitais qu’il soit nu, le sexe flasque et rabougri. La matière onirique trembla, je la retins de justesse. Mon imagination se mêlait trop souvent à l’illusion pour que je réussisses à faire la part des choses. Seul l’humour me permettrait de désacraliser cet homme qui régnait désormais sur une nation toute entière. Mais privé de mon arme favorite, je restai à la merci de tous ses maux. Spectatrice de mon propre cauchemar, je me liais d’empathie avec toutes les victimes de mon art.

« J’espérai que ces rumeurs n’avaient pour fondement que des histoires grotesques destinées à vous nuire - à moins qu’elles ne vous ennoblissent ? Ma foi, si c’est ce que vous souhaitez…»

Je pris ses mots pour argent comptant, n'osant étendre mes tentacules de magie jusqu'à lui. Je craignais qu'il ne me corrompît de l'intérieur avec ses pouvoirs démesurés. Peu à peu, mes traits disparurent sous ceux d’une gamine qui ne devait pas avoir plus de cinq ans. Mes longs cheveux cascadaient avec indiscipline jusqu’au bas de mon dos. J’observai Elias de mes deux grands yeux bleus qui renvoyaient l’image d’un ciel sans nuage. Deux petites jambes battaient dans le vide, incapables d’atteindre le sol. Mon corps frêle, encore vierge de toute forme féminité, était couvert d’une robe tablier à la couleur de la neige. Je passai ma main minuscule dans ma crinière d’ivoire. Nos apparences reflétèrent désormais ce que nos auras révélaient déjà : j'étais fragile et malingre, il était fort et puissant.

« Vous pourriez sans doute apprendre des choses sur notre peuple par vous même, en effet, mais vous auriez bien mal à démêler le faux du vrai, raillai-je avec difficulté de ma petite voix fluette. Et qu’y gagnerai-je à ainsi vous révéler nos secrets les mieux gardés ? De plus, il ne me semble pas que cela faisait partie de votre proposition… »

La lettre que m’avait envoyée Elias - transmise par ce fripon de Dastan - apparut dans ma main gauche. Je fis mine de la parcourir quelques secondes dans le silence. Si je la connaissais par coeur, j’appréciai la mise en scène. En réalité, elle me permettait de gagner le temps nécessaire à ma réflexion. Pourtant, ma concentration était sans cesse perturbée par le malaise que m’imposait la présence de l’Ultimage des Ténèbres. Dans ma poitrine, mon coeur battait une chamade assourdissante pour compenser la fausse assurance qui ne trompait que moi.

« J’imagine que je peux au moins répondre à ces deux interrogations. En guise de bonne foi, bien entendu. Évidemment, les autres informations auront un prix, rétorquai-je avec aplomb avant de reprendre, avec davantage d’hésitation. Je me réserve le droit de ne pas vous répondre. Je ne suis pas un espion à votre solde. A terme, peut-être que si nous devenons ami, enfin partenaire... Veuillez m’excuser. »

Mes joues s’empourprèrent devant mon erreur de langage. Le terme ‘ami’ n’était pas adapté pour désigné la relation que je souhaitais tisser avec le Grand Chaos.

« Vous comprendrez que je préfère attendre que nous nous connaissions davantage avant de vous mettre au courant de certaines choses. Je suis certain qu’à ma place vous ne me révéleriez pas non plus vos secrets. »

La missive que m’avait envoyé l’Empereur Noir s’agitait légèrement, trahissant la difficulté avec laquelle je m’opposai à ses désirs. Je n’étais pas sûr d’être capable de tenir mes positions s’il se montrait insistant. Bien que le Rêve m’offrait une protection partielle, la réalité - elle - me mettait à la merci des caprices de cet homme.

« Pour revenir à vos questions,  j’ignore comment je suis devenue ce que je suis aujourd’hui. Je me suis réveillée, dans l’enceinte de mon palais, piégée par un sort que je ne connaissais pas. Il me fallut plusieurs semaines pour comprendre ce que je faisais là. Seule les images d’une idiote cédant à de vulgaires passions tourmentaient mon esprit déformé par l’oubli. »

Je m’étais toujours interrogé sur l’identité de cette femme. Je rejetai l’hypothèse selon laquelle il s’agissait du souvenir de ma transformation - préférant prêté cette candeur à l’ancien propriétaire des lieux. Je ne pouvais pas avoir été aussi sotte ; je ne me le pardonnerai pas.

« Je ne pense pas trop m’avancer en répondant que nous pourrions faire de vous l’un des nôtres. Cependant, je crains que notre statut ne puisse être intermittent. A moins que le Mârid ait d’autres projets pour vous ? »

Désireux d’éviter le sujet épineux des voeux, du Mârid et de mon peuple, j’essayai de rediriger la conversation vers d’autres considérations.

« Enfin, si votre curiosité est satisfaite - et que cela sied à vos attentes - peut-être pourrions-nous évoquer les termes du contrat qui nous unira ? Je vous avoue qu’il y a certains points que je souhaiterais étudier avec vous. »


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Kaahl Paiberym
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Kaahl Paiberym
Lun 13 Juil 2020, 18:02


« Hum. Je vois. » laissai-je échapper d’entre mes lèvres. Je me levai et admirai les rues désertes de Megido un temps. Je n’avais fait aucun commentaire sur son changement d’apparence. Je n’aimais pas lorsque les vils usurpaient des silhouettes infantiles. Pourtant, je savais parfaitement que les enfants pouvaient ne pas être innocents. Érasme possédait un caractère difficile qui laissait déjà envisager que, lorsqu’il aurait une conscience plus précise de ses actes, il prendrait un malin plaisir à détruire et faire souffrir autrui. Les bambins étaient parfois cruels. Cependant, leur développement n’était pas encore complet, ce qui excluait leur responsabilité pleine et entière. Les tenants et les aboutissants leur échappaient, tant que leur système cognitif n’était pas plus complet, du moins. « C’est décevant. » dis-je, alors que je me trouvais de dos. Un fin sourire apparut sur mes traits. Les habitations de la capitale des Orishas s’effondrèrent une à une. Le sol lui-même s’effrita. Je ne cessais de m’interroger. À quel point la Valse Destructrice pourrait détruire ce monde ? Avait-il une réalité ou n’était-il que chimères ? Y avait-il une entrée vers ce dernier, autre que celle du repos ? Car si l’entrée existait bel et bien physiquement, alors je pourrais peut-être la condamner. Je me retournai et changeai d’apparence, au profit d’une bien plus sorcière. Il aurait pu s’agir d’Elias, jeune. Il aurait pu s’agir d’Elias, tout court, au-delà des faux-semblants de son physique âgé.

Je fixai mes yeux dans ceux de l’enfant. Derrière moi, ce qui restait des demeures s’embrasa. Ce n’était pas un cauchemar, c’était simplement le reflet de mes volontés. Le rêve y répondait favorablement. Je n’avais néanmoins aucun goût pour la mise en scène, contrairement à mon interlocutrice en culotte courte. « Des artefacts, en ce monde, permettent de changer de race et, vous autres, Génies, comédiens et mages que l’on conte comme presque indestructibles, n’êtes pas capables d’accorder la même chose ? » J’étais grand, si bien que je devais baisser la tête pour admirer la gamine. Mon ton ne comportait aucun jugement. J’étais de ceux à constater froidement les choses, sans accabler inutilement, sans me donner en spectacle. Je n’aimais pas faire preuve d’une exhibition malvenue de mes prétentions et de ma supériorité. Je le devais, parfois, et j’avais dû l’entreprendre lors d’exécutions publiques, entre autres. Néanmoins, ça ne me plaisait pas, car j’avais beaucoup trop à cacher pour être la cible permanente des oreilles curieuses, et, quitte à choisir, j’aurais préféré un couronnement privé si l’on m’en avait laissé l’opportunité. « Bien. Si vraiment vous n’êtes pas en mesure de m’offrir ce que je désire, de ce côté-là du moins, je tâcherais d’acquérir par moi-même le nécessaire à la réalisation de mes desseins. » dis-je, d’un ton presque inaudible qui fut cependant porté jusqu’au Génie. « Vous l’avez dit vous-même : j’aurai bien du mal à démêler le vrai du faux. Votre peuple est suffisamment mystérieux pour qu’un mensonge bien ficelé puisse tromper mon esprit. Or, je ne suis pas une personne qui accepte facilement les incertitudes. J’aime savoir, être sûr. Il n’y a rien de plus efficace, afin de se mettre dans la peau d’un Vampire et de comprendre l’attrait excessif de ces êtres pour le sang, que de devenir soi-même une créature de la nuit. J’imagine qu’il en va de même avec les Génies. » murmurai-je.

Mes yeux se posèrent sur le sol inexistant. Je recréai la voûte céleste. Il n’y avait pas besoin de matière solide pour tenir en place ici. Dans l’attente de ma prochaine rencontre avec Daé, j’avais étudié les constellations de fond en comble et pensais même à faire installer un ciel magique dans la chambre de mes enfants afin qu’ils pussent admirer les étoiles. Après un instant de silence, je souris. « Nous pourrions peut-être devenir amis, oui. L’amitié chez les Sorciers demeure rare car son chemin est souvent bien trop pavé de trahisons. Néanmoins, je pense pouvoir rester courtois et disons… bienveillant, si vous respectez les termes de notre contrat de mariage et ne cherchez pas à me trahir de votre côté. J’ai suffisamment d’ennemis pour en avoir davantage parmi mes épouses, d’autant plus que votre incapacité à vous souvenir de qui vous étiez avant votre transformation me rend curieux, je l’admets. J’ai quelques fascinations pour le thème de l’identité. » Je bus. Le niveau d’alcool présent dans mon verre n’y descendait jamais. « Mais, oui, vous avez raison, parlons donc de ce qui nous intéresse. » J’étais en train de songer, d’un même temps, qu’il faudrait que je me penchasse plus en avant sur la malédiction que l’ancien peuple de Lagherta, que j’avais décimé, m’avait lancée. Je n’en sentais toujours pas les effets, ce qui pouvait signifier que la vieille femme avait simplement essayé de m’effrayer, avant de mourir. Cependant, rien n’était certain. « Dîtes-moi. » articulai-je, tout en m’amusant à créer de la musique. Le Monde des Rêves était parfait pour ça, également. J’avais pu composer plusieurs morceaux depuis que j’avais appris à être lucide en son sein.

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Lun 13 Juil 2020, 22:26




De comment détruire

les Orishas





Il se leva, me surplombant de toute sa taille. La peur au ventre, je m’enfonçai plus profondément dans le fauteuil de velours rouge. J’étais pétrifiée de terreur. Mes muscles - aussi illusoires soient-ils - ne répondaient plus à mes envies. Je voulais crier. Pourtant mes cordes vocales n’arrivaient plus à vibrer. Je regrettai d’avoir pénétré ce rêve, de m’être approché de ce sorcier bien trop puissant pour moi. Si elles avaient pu naître au coin de mes yeux, des larmes s’écouleraient le long de mon visage horrifié. Mais la magie ne palpitait plus, préservant ma figure d’une expression d’effroi. Lorsqu’il plongea ses yeux gris dans l’immensité des miens, je n’y lu nulle colère. Le ton de sa voix était calme et glacial alors qu’il me fit part de sa déception. Néanmoins, la destruction du paysage alentour était autant de coups qui me frappaient en pleine face. La violence de ses actions se répercutait jusqu’au tréfonds de mon âme apeurée. Je veux partir. Personne n’entendait les suppliques tonitruantes qui martelaient ma tête. Aucun être ne viendrait me libérer de mon tourment. Je me demandai un instant si certains de mes congénères observaient la scène tapis dans l’ombre. Oseraient-ils s’interposer face à l’Empereur Noir ? Je craignais que non. Je demeurai seule face à mon destin.

Je n’osai pas l’interrompre pour lui avouer mon ignorance. Des artefacts permettant de changer de race ? C’était la première fois que j’entendais parler d’objets si prestigieux. N’étaient-ce pas une légende transmise à travers les âges ? Peut-être pas. Après tout, nous étions tout autant légendaire au yeux du monde. Ses paroles achevèrent de me convaincre ; il semblait trop au courant - son exemple paraissait trop précis - pour qu’il ne posséda pas l’un de ces accessoires. J’aurai voulu l’interroger, envieuse d’acquérir un tel privilège. Mais je ne voulais pas paraître plus insignifiante que je l’étais déjà à ses yeux. Il était le chat, j’étais la souris. Notre jeu durerait tant qu’il me trouverait une quelconque utilité. Quelle était-ce ? Je n’en savais rien. Ma vie était pourtant suspendue à ce rôle qu’il m’attribuait. Je préférai ne pas lui donner l’occasion de se rendre compte de mon inanité.Sauvez-moi.

Son discours sur la trahison me fit sourire ; mais à nouveau, l’épouvante l’emporta sur la raison. La magie échoua à retranscrire mes émotions. J’affichai bien malgré moi un air impassible dont l’interprétation pouvait faussement être perçu comme exprimant une indifférence désinvolte. Pourtant, mes pensées faisaient écho à son palabre ; si j’avais accepté de le rencontrer, c’était pour l’amadouer, le manipuler. Je voulais qu’il servît ma cause. Cependant, j’avais goûté sa puissance - et connaissais désormais le véritable sens de notre relation : je me soumettrai à sa volonté ou périrai de sa main. Être ami ? Le sorcier reprit mes mots avec détachement évitant néanmoins d’exposer le fond du problème ; je n’étais pas son égal. J’étais convaincu qu’en l’état, mon statut était à ses yeux entre celui de l’esclave et du serviteur libre. Il me faudrait progresser afin de seulement prétendre pouvoir lui faire face. La noirceur de la rancoeur envahit mon esprit ; le Grand Chaos piétinait mon orgueil comme un enfant écrase une fourmi. Je ravalai ma fierté avec difficulté.

Lorsqu’il m’invita à parler, mes sens se mirent en alerte. Les mots s’entremêlaient dans ma bouche, chacun cherchant à exprimer ce que je m’interdisais de dire. Laisse moi partir, je ne veux plus de tout cela. Je les réorganisai dans ma tête, cherchant la meilleure manière d’exprimer mes réticences. J’avais peur de sa réaction ; s’en prendrait-il à nouveau au Rêve ? Ou tournerait-il sa magie dévastatrice vers moi ? Je l’ignorai mais ces deux possibilités m’effrayaient avec la même intensité. Il me terrifiait par sa simple présence. Son sourire malsain me mettait mal à l’aise. Si avant de le rencontrer, je voulais lui plaire. Désormais, je voulais fuir. Mais onques, je ne lui ferai découvrir le paysage dévasté de Somnium, Jamais, je ne lui montrerai la splendeur de la Porte des Songes. Ces belles intentions s’étaient envolées au moment où il avait libéré ses pulsions assassines.

La musique voluptueuse et magistrale apaisa quelque peu mes angoisses. Je me laissai porter par le son du piano qui martelait des accords harmonieux. Ma crainte reflua suffisamment pour me donner l’occasion de parler, prête à me dévorer au moindre mouvement de mon interlocuteur.

« Je voulais quelques précisions par rapport au mariage, commençai-je d’une voix pleine d’incertitudes. La comtesse Mayfair, c’est bien ça ? Nous a expliqué qu’une union avec vous excluait toutes les autres… Comprenez bien que ma… nature requiert une certaine… flexibilité ? Par rapport à cette règle, voici ce que je voulais vous proposer. Laissez-moi une liberté totale quant à mes relations. Point de restriction sur le mariage, l’enfantement ou l’oeuvre de chair. En échange, je me propose de vous dédier une identité. Vous choisirez son apparence - la psychologie qui vous correspond. Elle ne sera qu’à vous, vous serez son unique mari, son propriétaire. Qu’en pensez-vous ? »

Je ne lui laissai pas l’occasion de répondre. Profitant de mon élan d’assurance, j’avançai ma deuxième requête sur la table des négociations.

« Ah et… je souhaiterais que personne d’autres que vous ne connaisse mes origines. Personne ne doit savoir que je suis un Djinn. Je ne veux pas attirer les Rêveurs jusqu’à moi. Bien sûr, il faudra attendre que je puisse me matérialiser pour ne pas éveiller les soupçons… Si cela vous convient, il faudra retarder quelque peu le mariage… »

Repousser la cérémonie m’offrirai un répit bienvenu pour me préparer à le confronter dans la réalité.


927 mots. Pour ceux qui l'avaient lu le jour de sa publication, il y a peut-être des différences car j'ai merdé et j'ai dû le republier. Idem, je sais plus quelle musique j'avais utilisé donc j'en ai mis une autre. Désolé ^^"
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Kaahl Paiberym
~ Sorcier ~ Niveau VI ~

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Kaahl Paiberym
Mar 14 Juil 2020, 15:08


J’écoutai les propos tenus par mon interlocutrice, sans y répondre. Je sentais son malaise, même au cœur du Monde des Rêves. Je ne pouvais rien y faire, à part cesser moi-même d’exister en son sein, abandonner mon songe au profit de l’éveil. Je ne le savais pas encore mais un élément extérieur me tirerait bientôt de mon lit. Pour l’heure, le seul moyen de rendre la situation plus confortable était de créer quelque chose de plus bénéfique. Je n’étais pas dupe, face à l’humour exécrable des Ætheri. Peu de participants à la Coupe des Nations sorcière avaient la possibilité, actuellement, de me tenir tête. En ma présence, ils n’auraient d’autre choix que d’acquiescer et de se soumettre, ce que je trouvais malheureux, en un sens. L’Orgueil ne faisait pas partie de mes défauts. J’en avais énormément mais pas celui-ci. « Permettez que je joue pour vous ? » demandai-je, soudainement. Ce n’était là qu’une question rhétorique, un soupçon de politesse qui n’appelait aucune réponse autre qu’une affirmation. La négation n’était pas envisageable.

Je fis donc apparaître un piano et changeai de nouveau d’apparence pour revêtir celle d’un jeune homme bien plus accessible que celui que j’incarnais précédemment. Ses yeux étaient clairs, semblables à la couleur de ses cheveux mi-longs. Il portait des vêtements blancs et légers, qui n’étaient pas encore assortis à l’endroit dans lequel nous nous trouvions. Cela viendrait en temps et en heure. Je m’assis et posai mes doigts sur le clavier. « Vous savez, les rois d’aujourd’hui sont la poussière de demain. Ma race me rend cruel et maléfique aux yeux de beaucoup de monde mais ça ne veut pas dire pour autant que je suis insensible à la beauté et au bien. Ce sont des notions vagues, tout comme le temps, finalement. » Je me mis à jouer, optant pour une musique calme qui n’avait rien à voir avec l’image que l’on me connaissait. Néanmoins, je me trouvais actuellement dans un monde onirique, en face d’un Génie. Y avait-il une quelconque justification à apporter ? Je ne pensais pas. D’autant plus qu’un Sorcier, aussi puissant et malveillant que possible, ne pouvait passer la totalité de son temps à détruire. Si chaque Mage Noir le faisait, il n’y aurait déjà plus rien. « Le point est le suivant : aujourd’hui, je vous impressionne, demain, nous serons peut-être égaux et, après-demain, au crépuscule de ma vie, vous m’impressionnerez surement. Le plus important demeurera ce que nous aurons pu accomplir, ensemble, pour nos peuples respectifs. » Au fur et à mesure que mes mains couraient sur l’instrument, je recréais un endroit paisible, un jardin calme, entretenu par quelques animaux venant ici de temps en temps afin de brouter. La brise courbait les herbes et faisait danser les feuilles des arbres. C’était paisible, sans guerre, sans assassinat, avec pour seules musiques celles du piano et de la nature. Parfois, quelques oiseaux jouaient dans les airs et des écureuils bondissaient jusqu’à un tronc d’arbre avant de disparaître dans la verdure de ses branches. « J’ai mes secrets, comme vous avez les vôtres. Ne croyez pas que j’utiliserai forcément ce que je découvrirai. » J’aurais pu faire de l’Impératrice Blanche mon esclave au moment même où l’Impératrice du Miroir d’Alyss m’avait murmuré son nom. Depuis, je visualisais les identités d’une façon si nette que c’en était parfois surprenant. « Il y a beaucoup de choses que je sais sans jamais les révéler et, de toute façon, pour le moment, nous ne nous connaissons qu’à peine. »

Plus tard, lorsque j’eus bien avancé le morceau, je repris la parole sur ce qui nous intéressait. « La Comtesse Mayfair a dit exactement ce que je lui ai murmuré de dire pour des raisons bien précises. Cela dit, pour être franc, le traitement du cas de chaque épouse sera différent. Je suis moi-même bien trop occupé pour contenter toutes mes femmes. Je n’en ai d’ailleurs pas la moindre envie. Beaucoup de croyances ne sont basées que sur des illusions, mais j’imagine que je ne vous apprends rien. Aussi, tant que l’identité que vous me dédierait paraîtra fidèle, votre vie au-delà d’Amestris vous appartiendra et vos secrets seront bien gardés. »

Je sentis quelque chose de particulier ébranler le rêve. C’était intérieur. Ce monde m’était ôté par mon changement d’état physique. Le sommeil faisait place à l’éveil. Je tournai la tête vers le Génie. Quelques secondes plus tard, le piano était vide de tout pianiste. Je n’avais pas eu le temps de lui expliquer les modalités de notre prochaine rencontre mais ce n’était pas si grave. J’étais certain qu’il saurait où me trouver. Peut-être qu’en laissant un document à son attention dans mon songe à venir, il aurait la possibilité de le récupérer. Je devais également l’avertir quant aux fourberies de quelques autres. Puisque son corps était immatériel, lire ma missive avait sans doute demandé l’intervention d’un tiers. Ce tiers avait probablement faussé mes écrits. Dans quel but ? Je ne pouvais faire que des hypothèses.

J’ouvris les yeux. Du vacarme provenait du couloir. Je me levai, plaçai une robe de chambre sur mes épaules, la fermai et sortis, en prenant le temps de donner une mine épouvantable à Elias, de celle que personne n’avait envie de voir s’assombrir davantage. « Que se passe-t-il ? » « C’est Érasme, Majesté. Il s’est évanoui après avoir utilisé la Valse Destructrice. » Je m’approchai de la chambre de mon fils. L’enfant était dans l’inconscience. Les barreaux de son berceau étaient tordus. « Je vois. » Plus il grandirait et plus sa propension à la destruction serait problématique. Il me faudrait lui donner un cadre, pour l’empêcher d’assassiner ses frères et sœurs. Je devais y réfléchir, comme à beaucoup d’autres choses. J’avais tué l’Oracle du Chaos, ma mère, la mère de mon fils également. Jamais il n’aurait à coucher avec elle. Pourtant, un autre Oracle apparaîtrait forcément à l’avenir et le cycle recommencerait, inlassablement. La haine de Devaraj pour les Ætheri coulait partiellement dans mes veines. Pourtant, au-delà de celle-ci, je décelais des perspectives.

974 mots
Je vais prendre un point de magie pour Érasme. Je te laisse déclarer la quête quand tu auras répondu. Merci pour ce rp  [Q] - De comment détruire les Orishas | Léandra  943930617
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Ven 17 Juil 2020, 20:53




De comment détruire

les Orishas





Il s’installa au piano. Ses doigts longilignes frappèrent une première note - un sol - dont le son vibra longuement, prélude d’une nouvelle symphonie. La musique, empreinte de douceur et de légèreté, accentua la pureté de ses traits. Ses cheveux blond cendré tombaient en rideau devant ses yeux gris perle sans que cela ne gênât son interprétation. Il brillait d’une beauté céleste, d’un éclat presque angélique. Je me perdis dans la contemplation de cet être qui m’inspirait davantage la déférence que l’effroi. Hélas, mes craintes ne s’effacèrent pas complètement. Elles demeuraient, tapies dans l’ombre, n’attendant qu’un geste, qu’un mot pour ressurgir de plus belle. Autour de nous, le Rêve répondait à l’écho de sa grâce. De premières touches végétales vinrent briser la morosité du décor. Les brindilles émeraude tapissèrent le sol sablonneux, chatouillant les racines des arbres alentours. Érables, bouleaux et aubépines remplacèrent les vestiges des hautes bâtisses de la cité. Les gravats, eux, disparurent sous des buissons touffus que de magnifiques fleurs bleues et jaunes venaient sublimer. Le paysage bucolique me fit presque oublier la teneur de nos échanges.

La voix était elle aussi plus sensible, presque fragile. Je me laissai bercer par cette sonorité nouvelle, accueillant les paroles de mon interlocuteur avec une fervente admiration. Il me surprenait tant par la signification de ses propos que par son apparente gentillesse. Je remis en question tout ce que je croyais savoir de cet individu et de cette race auxquels j’avais attribué les pires méfaits. Ce pourrait-il que je me sois fourvoyé ? Les pensées se mêlaient dans ma tête. A cet instant plus qu’en tout autre, les notions de Bien et de Mal s’enlacèrent dans une étreinte ambivalente. Je ne songeai pas une seconde que la magie pût être à l’origine de ce soudain revirement de situation. Je perçus Elias Salvatore tel qu’il se présentait à moi et - une fraction de seconde - je voulus le suivre jusqu’au bout du monde - non pas parce que j’avais peur mais par complaisance.

Je lui donnai ma confiance, comme un enfant l’accorde à celui qui exhibe une sucrerie. Je le croyais sincère alors qu’il m’indiqua qu’il n’utiliserait pas les secrets de mon peuple. J’ouvris la bouche pour lui susurrer quelques uns de nos plus grands mystères avant de la refermer devant l’inconscience de mon geste. Ma trahison ne passerait pas inaperçue au yeux de mes congénères, surtout en leur domaine. A moins qu’il ne me protégeât de leur courroux ? A cette simple évocation, la petite fille en moi voulu se blottir contre le torse du pianiste.

Il accepta mes revendications sans aucune contrepartie. Un sourire illumina mon visage avant qu’il ne disparût, m’arrachant à mes tendres rêveries. Le Rêve se brisa, emportant avec lui le décor onirique. Un sentiment de tristesse m’envahit tout à coup. Le sol se déroba soudainement sous mes pieds. Je m’extirpai de l’illusion, laissant les flots me ramener à la Porte des Songes. Je me sentais vide et triste avec l’amère sensation d’avoir été privée de mon bien le plus précieux. La saveur de ce monde m’était devenue insipide depuis qu’Elias m’avait été enlevé. Je maudissais l’Eveil qui m’avait privé du réconfort de sa présence. Il était à peine parti qu’il me manqua déjà cruellement. Le chagrin m’enveloppa comme un linceul jeté sur un cadavre sans vie.

L’eau aux couleurs de l’arc-en-ciel me raccompagna jusqu’au seuil du domaine. Il me fallut plusieurs minutes avant de consentir à m’exiler dans le Palais qui m’avait vu naître. Je levai la tête vers les dômes familiers qui s’élevaient au-dessus des dunes de sable fin. Mes pas ne laissaient aucune trace dans ce désert illusoire. L’arche qui marquait l’entrée du bâtiment principal salua mon arrivée : j’étais rentrée. Je contournai le grand bassin d’eau turquoise, longeant les alcôves qui offraient leur protection à des statues de divinités oubliées, pour aboutir dans la cour intérieure. La végétation abondante de l’endroit tranchait avec la plaine désertique qui s’étendait à l’extérieur. Des lianes arbustives coulaient le long des murs, teintant de vert les murs blanchi par le soleil, tandis que des palmiers s’élevaient çà et là autour du pédiluve. Sur l’îlot central, un immense tapis rouge à motifs tribaux accueillait des coussins pourpre et blancs, formant un cocon douillet dans lequel j’appréciais me blottir. Lasse, je me laissai tombé sur le côté. D’un simple geste de la main, je révélai la lettre de mon futur mari. Mes yeux se perdirent dans son écriture soignée dont les lettres arrondies dévoilaient la délicatesse de ses gestes, me rappelant la tendresse de son doigté. Je la relus plusieurs fois avant d’être frappée de stupéfaction. La lucidité me revint soudain. J’étais telle la toxicomane libérée de la drogue qui coule dans ses veines. A nouveau clairvoyante, je tressaillis en songeant à l’influence que cet homme avait sur moi. Il me fallait prendre des précautions pour ne plus jamais me laisser berner par ses stupides manigances. Son beau discours, ses mirages fictifs, je les avais bu comme une assoiffée. Je maudis mon inconscience. J’avais presque failli me perdre en cédant à ses désirs. Je froissai la lettre de rage et la jetai loin de moi. Je haïssais ce menteur qui se jouait de moi… A moins qu’il ne soit sincère ? Je me mordis la lèvre inférieure pour faire taire ces idées saugrenues. Il me fallait m’endurcir. A notre prochaine rencontre, je me promis d’être prête.


894 mots. Merci pour le RP <3 Je fais la décla !
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