Des fleurs pour un démon

En réponse à la lettre de Deccio dans ce rp

Thème (merci Dede)

La curiosité dans ses iris céruléens, Raïm s'approcha à pas de loup de l'Ygdraë sous sa protection. Courbée sur la table, elle semblait plongée dans une profonde réflexion, une mèche rousse coincée dans sa bouche. Soudain, l'inspiration sembla la frapper et elle se mit à griffonner frénétiquement. Le Boräk se pencha pour voir ce qu'elle écrivait avec tant de passion mais ses cheveux formaient un rideau impénétrable. Il se racla la gorge. «Tu fais quoi ?» Astriid répondit d'une voix étouffée sans prendre la peine de le regarder. «Attends attends, je suis concentrée, chut sinon je vais devoir tout recommencer. Alors je disais, ma fleur préférée, c'est l'Orchidée. Comment s'en occuper ? Eh bien...» Le reste se perdit dans un murmure trop bas pour que Raïm puisse l'entendre et il haussa les épaules. Il avisa soudain une feuille volante sur le bord de la table dont il se saisit délicatement pour ne pas attirer l'attention de l'Eskët. La lettre était au nom d'Astriid mais loin d'inhabituel à ça car elle avait l'habitude d'échanger une correspondance avec ses amis et sa famille. Cependant, il ne la reposa pas, mû par un sixième sens, ou parce que la lettre sentait la fourberie à deux lieues, il décida de la lire. Ne pas demander l'autorisation d'Astriid pour lire son courrier ne semblait pas être un fardeau pour sa conscience et il s'installa sur une chaise aux côtés de l'Ygdraë. D'abord neutre, ses yeux bondirent bientôt à certaines phrases et ses jointures blanchirent tandis que ses doigts froissèrent les bords de la lettre au fur et à mesure de sa lecture.
Inconsciente de la colère du Boräk qui montait à côté d'elle, Astriid était sur la fin de sa réponse à cet intriguant admirateur.

 

❀ Cher Bi'll Hilly,

❀ Tout d'abord, je dois vous avouer ma surprise quand j'ai lu votre lettre. Mais je vous rassure, j'en suis tout à fait ravie (même si je n'ai pas tout compris, quelle est la signification du verbe bander ?) ! Toutefois, je me dois avant tout de vous faire partager ma déception car j'aurais grandement préféré que vous m'abordiez à Stenfek ! Nous aurions partagé une bière et serions devenus, j'en suis sûre, les meilleurs amis du monde ! ❀

❀ Cela dit, je saurais vous pardonner si nous nous rencontrons comme vous le proposez , je vous demanderez seulement d'éviter les flatteries et les déclarations amoureuses car je suis très mauvaise pour y réagir et maman dit tout le temps que la modestie est la plus belle des qualités (entre nous, c'est bien aussi de reconnaître sa propre valeur mais chut, ça reste un secret). De plus, même si vos mots ont su me toucher, ne vous fâchez pas mais mon coeur est déjà pris. Je vous offre cependant mon amitié avec grand plaisir et lorsque nous nous verrons, je vous offrirais avec joie les graines de ma fleur préférée : l'Orchidée. Comment s'en occuper ? C'est très simple, tout d'abord, de l'amour ! Pas trop d'eau, plantez là dans un lieu lumineux mais pas ensoleillé. ❀

❀ C'est à mon tour de devenir fébrile car nous abordons une de mes passions, ce qu'on pourrait appeler un plaisir coupable. Sachez que les Phranssés est un sujet cher à mon coeur mais je n'ai malheureusement personne avec qui partager ce centre d'intérêt, sauf Faendyr bien sûr (c'est mon grand-oncle, il vous plairait j'en suis sûre). Saviez-vous que les Phranssés furent pratiquement tous décimés lors de la pandémie qui a touché tous les insectes de la forêt de Briaryës ? La Kö'vyde. Nous avons frôlé la catastrophe mais heureusement, grâce à nos soins, ils sont en train de réapparaître même si je trouve que la férocité des Phranssés a été sévèrement entamée mais je garde espoir ! J'ai beaucoup d'autres anecdotes à partager avec vous et peut-être même qu'un jour, vous pourrez venir aux terres de Melohorë pour les observer ? ❀

❀ Astriid Cëlwùn❀

❀ PS : Massez longuement vos cheveux avec des huiles, ça fait des miracles, vous m'en direz des nouvelles !

Les yeux de Raïm lançaient des éclairs alors que l'Ygdraë chantonnait gaiement en dessinant des fleurs dans chaque espace libre de la lettre. Elle apporta sa touche finale en frottant délicatement des pétales d'orchidée sur sur la lettre pour l'embaumer d'un parfum douceâtre. C'était certain, avec son âme de poète, il allait a-do-rer. Elle avait grande hâte de le rencontrer. Pendant ce temps, le Boräk avait déchiré un morceau de feuille où il écrivit quelques mots.

Je vous trouverais. Et je vous tuerais.

Il profita qu'Astriid s'était détournée pour chercher des pièces pour payer l'envoi de la lettre pour dissimuler le morceau de papier dans l'enveloppe en compagnie de la lettre de l'Elfe. Un sourire mauvais, il frotta ses mains, brûlant déjà du désir d'arracher la tête de ce Bi'll truc machin.

816 mots