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 [Q] - Ingjaard

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Priam et Laëth
~ Ange ~ Niveau III ~

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◈ Parchemins usagés : 3806
◈ YinYanisé(e) le : 02/02/2018
◈ Âme(s) Soeur(s) : La bière et le saucisson | L'adrénaline et les problèmes
◈ Activité : Berger [III], traducteur [II], diplomate [I] | Soldat [III], violoncelliste [I]
Priam et Laëth
Mer 16 Sep 2020, 06:51




Ingjaard

Solo | Priam, Laëth & Dastan


Intrigue : Priam, Laëth et Dastan se rencontrent. Les deux aînés retrouvent leurs parents.

RP précédent : Thogii.


Comme un brouillard menaçant, le silence s’étendit, les étreignit et les engloutit. Entre eux, il y avait le temps, l’espace, et des gouffres plus conséquents encore. Les divergences, les croyances. Le racisme, l’ostracisme. Toutes les incompréhensions et les a priori qui conduisent les êtres à se haïr. Ils s’aimaient, pourtant, ou ils s’étaient aimés. Avec les Réprouvés, tout se révélait toujours plus compliqué. Rien n’était réellement manichéen, mais tout était extrême. Des nuances sans entre-deux.

Laëth et Priam dévisageaient l’enfant avec surprise et méfiance. Ils n’avaient jamais été mis au courant de son existence. Pourtant, la main protectrice de chaque adulte, sur chacune de ses épaules, laissait peu de place au doute. La benjamine leva les yeux vers ses parents. Elle avait peur de comprendre. Plus son cœur se persuadait de ce que son cerveau croyait, plus il se désagrégeait. Elle haïssait cette sensation, parce qu’elle reflétait ses failles. Elle traduisait son amour pour Asha et Vrael, son besoin d’être aimée par eux, son envie d’être unique à leurs yeux, irremplaçable et précieuse ; et la croyance ténue mais profonde qu’il n’en était rien. Son frère et elle étaient partis : un nouvel enfant avait pris leur place. C’était un Réprouvé. Cela tenait de l’évidence. Là où ils n’étaient que des Anges, lui arborait les ailes rouges. Là où ils avaient déçu leurs parents, il les rendait heureux. Par sa simple existence. Et cette constatation lui faisait l’effet de centaines de couteaux plantés dans l’estomac.

L’aîné était plus assuré de l’affection de ses géniteurs. Comprendre qui était le rouquin ne lui fendait pas la poitrine. Peu importait qu’ils eussent d’autres enfants : Laëth, déjà, lui avait succédé. Cela n’avait jamais empêché qu’ils l’aimassent ou le détestassent. Les Réprouvés avaient le cœur assez grand pour y accueillir tout un monde, dans l’amour comme dans la haine. Ses parents n’échappaient pas à cette règle. Depuis son arrivée aux Jardins, il avait poursuivi les correspondances avec son père – un des rares lettrés de Lumnaar’Yuvon. Son paternel lui avait relaté leur vie dans la ferme, aux champs, lors des festivités. Il lui avait parfois raconté chaque détail au point que le Belegad avait pu avoir la sensation d’y être. Jamais Vrael n’avait mentionné l’existence de ce gamin. C’était ce silence à son sujet qui avait planté les graines d’un sentiment de trahison et d’une amertume exécrables, qui désormais se fracassaient contre son âme.

Vrael et Asha observaient leurs deux aînés en silence. Ils avaient changé. Ce qu’ils avaient pu apercevoir lors de l’Odon do Dur se confirmait : ils n’étaient plus les deux faiblards qui avaient quitté Lumnaar’Yuvon. Leur musculature s’était développée – quoi qu’elle demeurât fine pour des Réprouvés –, leurs regards se paraient d’une intelligence plus acérée, et ils se dégageaient d’eux plus de charisme et de profondeur. Au fond des prunelles des parents tourbillonnait des émotions contradictoires. Ils avaient longuement espéré pouvoir les revoir. Ils l’espéraient encore, parfois, lorsque l’Ange en eux enlaçait leur palpitant. Ils souffraient de leur absence. À d’autres moments, ils les exécraient. Laëth sans doute encore plus que Priam, parce qu’elle était la première à être partie, celle qui avait entraîné son lâche de frère dans son sillage. C’était même pire. Ils l’avaient laissée partir. Ils avaient été d’accord. Ils avaient été complices de ce départ, puis de celui de l’aîné. La culpabilité les dévorait. Elle leur donnait envie d’être agressifs et méchants. Elle réveillait leur partie démoniaque, parce qu’elle était la seule à même de la supporter sans faillir. Le discours que venait de tenir les deux Immaculés n’arrangeait rien.

Dastan scrutait les faciès de Priam et Laëth – leurs noms délivrés ne laissaient aucune place au doute. Pour lui, ils étaient impressionnants. D’abord, grâce à leur aura. Ensuite, parce qu’il en avait souvent entendu parler, au point qu’ils étaient devenus une sorte de mythe. Sól et Máni les connaissaient bien. La petite Ange avait adoré Laëth, au point que son départ l’avait dévastée. Elle lui en avait longtemps voulu. Il s’en rappelait avec une exactitude troublante. La déception de l’adolescente l’avait marqué, tant et si bien qu’il avait imaginé tuer sa sœur pour elle, durant ce drôle de rêve. Il avait assassiné son frère, aussi. À cet instant, c’était d’ailleurs la seule envie qu’ils lui inspiraient. C’étaient des traîtres, et ils avaient fait souffrir ceux qu’il aimait le plus. Les doigts de ses parents pressaient ses clavicules. Il sentait dans cette étreinte toute leur animosité. Il avait envie de se jeter sur ses aînés pour les massacrer. Il serait sans doute assommé dès leur première parade, mais cette évidence ne suffisait pas à faire taire ses pulsions. Il voulut s’avancer mais fut retenu par la poigne des deux adultes. « Tahrodiis ! » cracha-t-il. « Tais-toi. » Vrael lui asséna une tape derrière la tête.

Asha toisa sa fille avec tout le mépris qu’elle lui inspirait. Elle avait du mal à regarder son fils. En un sens, s’il n’était jamais revenu, c’était aussi – avant tout ? – de sa faute. C’était elle qui avait dit qu’il était parti retrouver sa sœur, alors que tout le monde savait qu’elle allait s’installer aux Jardins. C’était une erreur qu’elle ne se pardonnait pas. Mais Laëth… Elle plissa les yeux. Elle l’avait laissée quitter le foyer. C’était une décision stupide. Elle aurait dû la battre jusqu’à ce qu’elle arrêtât de parler de ces foutus Anges, la coller entre les pattes d’un Réprouvé fort et vigoureux et demander à celui-ci de l’engrosser jusqu’à ce qu’elle n’eût plus jamais l’idée de partir ou jusqu’à ce que son corps rompît sous le poids répété des grossesses. La détruire aurait été préférable à la laisser s’enfuir. Quant à Priam, Vrael n’aurait jamais dû lui demander de veiller sur sa cadette. Elle devait assumer ses bêtises seule. Et si elle était morte, tant pis. C’était un peu de la faute de leur père aussi, s’il ne vivait plus parmi eux. Elle en voulait à tout le monde, et surtout à elle-même.

Le silence aurait pu s’éterniser, comme une mélodie douloureuse et haletante. Ils avaient à la fois trop et rien à se dire : tous les mots s’échouaient sur les rives de leurs hésitations. Ils s’observaient sans vraiment se voir, comme si leurs regards cherchaient à échapper à la scène. Ils n’avaient pas été préparés à ces retrouvailles. C’était le Destin qui frappait, surgissant et tonitruant.

Priam fit un pas en avant. Laëth eut un mouvement de recul. « On devrait part- » - « Je suis content de vous voir. » Muette, elle dévisagea son frère. Il avait l’air terriblement sûr de lui, et d’un calme à toute épreuve. Ses propres ressentis, parfois antagonistes, contradictoires, mais jamais cléments envers elle-même, bataillaient en son sein pour s’exprimer. Le tourbillon incompréhensible qu’ils provoquaient l’incitait autant au repli qu’à la confrontation. Elle se perdait dans leur pénombre, quand son aîné avançait avec la limpidité qui le caractérisait. Durant une seconde, elle l’envia. Elle aurait voulu pouvoir être aussi certaine de ses émotions, de ses sentiments, et quitter cette ambivalence qui la rongeait chaque jour un peu plus. Évoluer en pleine lumière plutôt que de lutter entre son éclat et la profondeur des ténèbres. « Débile d’Anges ! » - « Tais-toi. » La claque résonna dans le brouhaha ambiant. Priam fournit l’effort de rester de marbre. Laëth frémit au souvenir de ce son. « Qu’est-ce que vous foutez là ? » demanda Vrael en se tournant vers les Immaculés, tandis que son fils se frottait la joue entre deux lourds sanglots. « On est venus défendre le point de vue angélique concernant la scission des territoires réprouvés. » - « Vous êtes des injures à Lumnaar’Yuvon. » cracha Asha en s’avançant. Son compagnon tendit le bras pour l’arrêter. Elle le fusilla du regard. « Je ne leur ai pas donné naissance pour les voir trahir toutes les valeurs qu’on leur a inculquées. Je n’ai pas donné naissance à des putains de traîtres. » Laëth serra les poings et les dents. « On fait du mieux qu’on peut, maman. » répondit Priam avec tranquillité. Dans ses iris, il n’y avait aucune animosité, aucune haine. Tout était paisible. Ceux de sa cadette flambaient d’émotions destructrices. « On essaye toujours de faire honneur aux Zaahin, même en ne vivant plus parmi vous. » Les mots de sa mère l’avaient frappé, lui aussi. Il ne s’était pas attendu à une autre réaction, venant d’elle. Sa dureté la caractérisait. Elle n’avait jamais été très juste non plus. Parfois, il songeait que sa sœur et elle se ressemblaient plus qu’il n’y paraissait. Dès qu’elles allaient mal, elles manifestaient contre le monde une colère acerbe. Asha le toisa, puis cracha à ses pieds. Il pinça les lèvres et prit la main de sa cadette. Ses doigts étaient crispés et sa paume moite. « Je ne pense pas qu’ils soient aussi fâchés que vous à l’idée que nous ne vivions plus à Lumnaar’Yuvon. Ils nous ont appelés pour l’Odon do Dur. Tous les deux. Peut-être que les Réprouvés n’ont pas à se retourner contre les enfants qui les quittent. Peut-être que c’est comme ça que ça doit être, peut-être qu’on est là pour créer ce qui manque entre nos peuples. » Il l’ignorait. Les desseins des Héros ne se révélaient pas aisément. Peut-être ne croyait-il que ce qui lui faisait plaisir ? Toutefois, c’était une hypothèse qui pouvait faire sens. La filiation, l’éducation et l’amour rattachaient les enfants et les parents de peuples différents, qui s’étaient tant détestés et se rejetaient encore. Sa foi n’allait pas aux Ætheri, néanmoins, il était l’un des Élus de la fameuse Déesse de la Conciliation. Son nom reflétait celui de leur ère. Peut-être que ça faisait sens. Peut-être que c’était cela. La conciliation par le pont.

Après avoir déployé son Sanctuaire d’Ahena, il poursuivit, sans laisser à ses parents le temps de réagir : « C’est notre frère ? » Ses yeux glissèrent sur le petit roux. « Oui. » La prise de Laëth se resserra autour de sa paume. Elle sentait les effets de sa magie, mais ils peinaient à la calmer totalement. Elle activa aussi la sienne. Ce n’était pas une mauvaise idée. L’échange serait sans doute moins houleux. La sérénité et les Vertus les étreindraient tous. La magie blanche éveillerait l’Ange sommeillant en chacun des Bipolaires. « On devrait aller dans un endroit plus tranquille. » Il coula un regard vers sa cadette. « On a une propriété ici. On pourrait aller là-bas. Si vous voulez. » Ses prunelles sondèrent celles de ses parents. Il y eut un temps de suspension, un échange de regards, puis ils délivrèrent leur assentiment : « D’accord. » Laëth serra la main de Priam. Elle avait la sensation de revenir des années en arrière. Elle n’était pas l’Aile d’Acier, l’Olugbala Ti Fadaka, l’Isemssith, l’Élue des Portes, la Kendov do Silus ou tout ce qu’elle était devenue. Elle replongeait dans la fragilité de ses jeunes années, quand elle n’était rien d’autre qu’une gamine aux ailes aussi assorties que détestables. Elle se sentait fébrile. Priam n’en menait pas vraiment plus large. Le trouble le rongeait tout autant. Il s’avérait simplement plus doué pour valser avec des masques d’indifférence.



Message I – 1864 mots

Note : Tous les dialogues sont en Zul’Dov, mais j’avais la flemme /sbaf




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Priam et Laëth
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Priam et Laëth
Mer 23 Sep 2020, 16:21




Ingjaard

Solo | Priam, Laëth & Dastan



Dans une pièce isolée, Laëth tenait fermement le bras de Priam. « Pourquoi est-ce que tu leur as demandé de venir ici ? » Elle l’avait attiré jusque-là, à l’abri des regards et des oreilles de leurs invités. C’était sa chambre : seuls les meubles sauraient écouter ce qu’ils avaient à se dire – ou les indiscrets qui savaient se faire oublier. Priam la dévisagea, et durant cet échange qui se passait de tout mot, elle songea qu’il avait changé. Depuis le Fessetival, il n’était plus le même. Son altercation avec Ârès avait éveillé quelque chose qui était trop longtemps demeuré enfoui. Une force, une détermination, une puissance qui soufflait l’adversité avec une tranquillité désemparante. Elle marquait son visage de ce qui aurait pu s’apparenter à de la dureté, mais qui tenait réellement plus de la fermeté. Il baissa les yeux sur sa main cramponnée à son avant-bras, puis les releva vers elle. « Tu n’es pas contente de les voir ? » - « Ce n’est pas la question. » Dans ses iris verts brillait un orage mal contenu. « Si, parce que c’est pour ça que je les ai fait venir ici, parce que moi, ça me fait plaisir de les voir. Ça faisait trop longtemps… » Ses doigts se crispèrent autour du poignet de son aîné. « Mais si ce n’est pas ton cas, tu n’es pas obligée de rester. Je comprendrai, et eux aussi, j’imagine. » Elle le lâcha brutalement et recula. Son talon heurta la commode. Elle s’immobilisa. « Comment est-ce que tu fais pour faire comme si tout allait bien ? Pourquoi est-ce que tu fais ça ? » Le brun serra les dents. « Qu’est-ce que tu voudrais que je fasse ? Que je hurle et que je leur tape dessus ? » - « Arrête de faire comme si tu ne comprenais pas ! Tu as entendu maman. Nous sommes des traîtres, des injures, des saloperies d’Anges. » Il serra les dents et détourna le regard. Elle n’avait pas prononcé ces dernières paroles, cependant, elle les leur avait dites si souvent, avant, qu’elles étaient ancrées dans leur esprit comme une marque au fer rouge dans la chair. « On est partis, Laëth. Plus ou moins volontairement, mais on est partis. Ça l’a blessée, c’est tout. » - « Ça l’a blessée ? Et alors ? Est-ce que c’est une raison pour être infecte ? Et pour l’avoir été tant de fois avant ? Et c’est la même chose pour papa. » Il acquiesça doucement, sans la quitter du regard. « Tu ne t’en rends même pas compte, mais quand tu es triste ou énervée, tu es exactement pareille. » Dans un nouveau mouvement de recul, elle hoqueta de stupéfaction. Il ne lui laissa pas le temps de répondre. « Et pourtant, ils ont cent mille fois plus de raison d’être comme ça que toi. Ce sont des Réprouvés. C’est ça, que tu leur reproches ? De la même façon qu’eux te reprochent d’être une Ange ? » - « Non, ça n’a rien à voir ! Arrête avec tes conneries ! » - « Alors quoi ? C’est de ne pas nous avoir présenté notre frère ? » - « Ce n’est pas notre frère ! C’est un Kiir’Sahqon ! » En silence, il la scruta. « Peu importe. » finit-il par lâcher. « Il fait partie de la famille quand même. C’est un Belegad. Et je suppose que c’est exactement pour éviter ce genre de réactions qu’ils ne nous l’ont pas dit. Moi aussi, ça m’a blessé, de le voir et de comprendre qu’ils ont préféré nous cacher son existence. Je ne dis pas qu’ils ont raison de l’avoir fait, mais on peut comprendre pourquoi ils n’ont rien dit. » Le trajet jusqu’à la maison lui avait permis de poser les choses à plat. Si son amertume ne s’était pas totalement dissipée, il devinait les motivations de ses parents et pouvait les accepter. Les émotions de Laëth l’avaient jetée dans une spirale de souffrance qui n’admettait pas la raison. Il ignorait s’il devait être surpris de ses réactions. Il avait parfois pensé, peut-être naïvement, que le temps avait apaisé les plaies de son cœur. Il avait l’impression, à cet instant, qu’elles n’avaient jamais disparu. Elles étaient peut-être pires encore qu’au premier jour. Il ne savait pas que, sur Iyora, elle avait tenté de leur écrire une lettre. Il ne savait pas qu’elle avait été incapable de la terminer et que le courage de pardonner lui avait manqué au point qu’elle l’avait brûlée. « Ils auraient dû nous en parler. » - « Hum. Parce que tu leur as dit que tu te tapais un Magicien, toi ? Tu leur as dit que tu avais envisagé d’épouser l’Empereur Noir ? Tu leur as parlé de la mort d’Hena ? De la bataille en Terre Blanche ? Est-ce que tu leur as raconté ne serait-ce qu’un dixième de ce qu’il t’est arrivé depuis que tu vis aux Jardins ? » - « Ça n’a rien à voir ! » s’exclama-t-elle. « C’est exactement la même chose, Laëth ! » - « Non ! » Si. Elle le savait. « Tu ne peux pas exiger de quelqu’un qu’il te dise tout si toi-même tu ne le fais pas. » Sa mâchoire se tendit. C’était une attaque un peu trop douloureuse, un peu trop personnelle. Il n’en avait même pas conscience. Elle ne pouvait pas le lui dire. « Laisse-moi. » - « Je n’ai pas l’intention de rester. Tu viendras si tu en as envie. » - « Je ne viendrai pas. » La clenche métallique de la fenêtre s’ouvrit. Elle sortit ses ailes et bondit vers l’extérieur.



Assis sur un canapé, Dastan observait l’agencement du salon. Il osait à peine bouger. Il y avait quelque chose, chez son frère et sa sœur, qui l’exhortait à ne pas commettre d’impair. C’était sans doute encore plus frappant chez eux que chez ses parents. Peut-être parce que malgré leurs liens familiaux, ils demeuraient des étrangers. Il y avait autre chose, aussi. Il ne savait pas quoi. Il détailla le décor. Sur le trajet, ils n’avaient pas beaucoup parlé. Lui s’était évertué à oublier la douleur de la claque et à ravaler ses larmes. Les adultes n’avaient fait qu’échanger des banalités. Priam et Laëth avaient obtenu la maison à la suite de l’Odon do Dur. Le trio Belegad en possédait une à Sceptelinôst. Ils n’avaient pas encore eu le temps de s’y rendre. Le frère et la sœur, en revanche, avaient déjà bien investi les lieux. Des chaussures étaient rangées dans l’entrée. Des vêtements traînaient sur des accoudoirs ou des dossiers. La vaisselle n’avait pas été faite et on sentait encore l’odeur agréable de leur dernier repas. Sur la table de la salle à manger, des piles de feuilles, un encrier et une plume semblaient attendre qu’on leur témoignât de l’attention. Il y avait des livres, aussi. Beaucoup de livres. Il n’en avait jamais vu autant. C’était aussi intriguant que dégoûtant.

Un bruit de pas se fit entendre et Priam apparut dans l’embrasure de la porte. « Laëth nous rejoindra tout à l’heure. Elle avait quelque chose à faire. » Réfléchir, songea-t-il. Les regards de ses parents indiquaient clairement qu’ils ne croyaient pas à son mensonge, mais personne ne le releva. Sur un plateau, il avait disposé quatre bières et un verre de lait. Il déposa le tout sur la table basse. Le rouquin se rapprocha du bord du canapé et se pencha pour observer les liquides. Il plissa le nez, mais tendit quand même le bras pour attraper sa boisson. Vrael lui tapa sur les doigts. « Attends qu’on te donne l’autorisation. » Son aîné prit place dans un fauteuil et hocha doucement la tête. « Tu peux y aller. » Le Kiir’Sahqon se trémoussa de mécontentement puis attrapa son lait. « C’est du bicorne ou du cerfeuil ? » - « Du wëltpuff. » Il fronça les sourcils. « Goûte, tu verras. » Son père l’y encouragea d’une œillade. Il s’exécuta, avec une grimace pour la forme. En vérité, c’était bon aussi. Inhabituel, mais bon. Après que les adultes eurent trinqué, les discussions se tissèrent. On parla d’abord de banalités, puis de choses plus sérieuses, comme l’Odon do Dur ou les discours que l’on venait d’entendre. On évitait autant que possible les avis tranchés et les phrases polémiques. Pendant un long moment, on ne dit rien de ce qui brûlait les lèvres.



« Tu aurais pu essayer de rentrer… » Malgré la douceur du ton employé, la phrase était fracassante, à cause de ce qu’elle brisait : le silence qui avait précédé et le malaise qui planait depuis le départ. Priam détacha ses yeux de sa mère. Il regarda Dastan, qui s’était endormi contre l’accoudoir du canapé. Il reporta son attention sur ses parents. « Je suis venu. Tul m’a chassé en me disant qu’il me tuerait s’il me revoyait. » - « C’était il y a longtemps. Tu pourrais le battre, maintenant. Tu pourrais revenir. » C’était ce qu’Erza lui avait dit. Il baissa la tête. « Et avec l’Odon do Dur… tu as même le droit de revenir. » - « Je sais. » Le brun pensa à sa cadette, dont le regard pèserait sur lui si elle avait été là. S’il avait prêté l’oreille, il aurait peut-être même pu entendre son pouls l’appeler, le supplier de ne pas partir, de ne jamais l’abandonner. La vérité, c’était qu’elle ne constituait plus sa seule attache au monde des Anges. Il se redressa. « Je pense que c’est trop tard. J’ai pris des engagements chez les Anges. J’y ai construit ma vie, comme Laëth. Si je partais… » Il fronça les sourcils. « J’aurais vraiment aimé pouvoir rester chez nous. Je suis certain que j’aurais été heureux là-bas, mais la vie que j’ai maintenant me convient, et je crois que… » Il s’interrompit, pensif ou hésitant. « Après l’Odon do Dur, on a aussi reçu une propriété à Lumnaar’Yuvon. J’ai pensé à m’y installer, j’y ai vraiment pensé. Mais je crois que je n’ai plus envie de revenir là-bas. Pas comme ça, en tout cas, pas en tant qu’habitant. » Vrael serra les dents. Autour de son verre, ses jointures blanchirent. « Pourquoi ? Tu as une femme ? Des enfants ? » L’Ange s’esclaffa. « Non. Rien de tout ça. » Il pensa à Aliénor et au Lärtneesh. « Et Za ? » Son cœur manqua un battement. « Quoi, Za ? » - « Elle a dit à tout le monde qu’elle était enceinte de toi. C’est faux, non ? T’as pas couché avec elle ? » Le brun scruta les iris de son père. Il ne savait pas qu’elle répétait à qui voulait bien l’entendre qu’il était le père de son enfant. Le doute l’assaillit de nouveau. Il hésita. Finalement, il lâcha : « Si. » Le silence les écrasa. « Mais je ne l’ai pas revue, depuis. Je ne pense pas que ce soit le mien. Ça doit être Erek, le père… » C’était un sujet auquel il préférait ne pas penser. Le déni était plus confortable, d’autant plus après les révélations de son père. « Mais tu l’aimes ? Pourquoi tu n’es pas revenu avec elle, si tu l’aimes ? » Leur fils déglutit et se recala dans le fond de son fauteuil. Il se gratta la nuque. « C’est plus compliqué que ça. » Il hésita, puis leur relata l’histoire, de façon écourtée pour ne pas se perdre dans des détails inutiles. La conclusion fut la même du côté paternel et maternel. Il était préférable que Za ne les recroisât pas. Ils ignoraient, eux aussi, où elle se trouvait.



Message II – 1959 mots




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Priam et Laëth
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Priam et Laëth
Jeu 24 Sep 2020, 15:53




Ingjaard

Solo | Priam, Laëth & Dastan



Appuyée contre la barrière, les bras posés sur celle-ci et les mains pendantes, Laëth releva la tête vers son adversaire. Des mèches rebelles tombaient effrontément devant ses yeux. Sous l’un d’eux se répandait une large tache rouge et boursoufflée d’égratignures. Sur sa tempe gauche filait une coupure. Sa lèvre inférieure était fendue et le sang s’écoulait jusque dans son cou. Son goût métallique fourmillait dans sa bouche. La terre et le carmin maculaient chaque parcelle de peau à découvert. L’Ange se redressa et cracha sur le côté. Puis, elle quitta l’appui de la lice en bois et se rua sur son opposante. C’était une Réprouvée bien plus haute et large qu’elle. Elle arrêta son crochet du droit en enfermant son poing dans le sien. La torsion qu’elle exerça fit crier l’Immaculée de douleur. En guise de défense, son genou fila vers son entre-jambes. Déséquilibrées par ce mouvement, les deux femmes tombèrent sur le sol. L’Aile d’Acier roula sur le côté et se releva vivement. Comme l’autre était toujours à terre, elle en profita pour lui lancer un coup de pied dans le ventre. Elle répéta l’opération jusqu’à ce que du sang ne jaillît d’entre ses lèvres. Alors que son adversaire s’apprêtait à lui attraper la cheville, elle déploya ses ailes pour lui échapper. Les deux appendices portaient aussi la marque du combat : quelques plumes avaient été arrachées, et le vermeil souillait l’opale.

Les cris de la foule galvanisaient les deux combattantes. Çà et là, des gerbes de bière s’envolaient, comme pour saluer l’enthousiasme des spectateurs. La Belegad n’avait pas pris part à une lutte festive depuis le Naakar’Lus. Elle ne s’était pas vraiment battue depuis l’Odon do Dur, et avant cet événement, l’attaque en Terre Blanche. Elle n’avait fait que participer à des entraînements. C’était toujours organisé, millimétré, perfectionné. Ça n’avait rien à voir avec une bataille. Ça n’avait rien à voir avec l’adrénaline qui gonfle les veines, l’excitation et la peur qui aiguisent les sens, et la montée en puissance d’un instinct de survie salvateur. À l’instant où elle avait posé le pied dans la petite carrière aménagée pour l’occasion, elle s’était rendu compte que cela lui avait manqué. Elle était venue pour transformer en coups les émotions qui la brûlaient. Elle avait trouvé bien plus.

Le duel se poursuivit entre ciel et terre. Les lutteuses s’élevaient et se renvoyaient au sol dans de grandes bourrasques, parfois ponctuées de plumes égarées. La formation de Laëth au sein de la Compagnie de Yüerell l’avait spécialisée dans les combats aériens, quand beaucoup de Réprouvés excellaient les deux pieds ancrés dans le sable. Attirer son adversaire à quelques mètres de hauteur lui conférait un avantage non négligeable, au point qu’elle parvînt à reprendre le dessus. Si elle était moins forte, elle était plus agile et réactive. Sa partenaire fonça en piqué vers elle. L’Immaculée ne s’écarta qu’à la dernière seconde : la Bipolaire ne parvint pas à freiner sa course et s’écrasa brutalement dans un coin de l’arène. L’Aile d’Acier n’attendit pas pour fondre sur elle. Tandis qu’elle essayait de se retourner, elle se posa brutalement sur son bassin pour bloquer son mouvement. L’une de ses mains attrapa son poignet droit pour le remonter dans son dos, alors que la deuxième venait tirer ses cheveux en arrière. La position était inconfortable. Il était difficile de s’y soustraire. Après quelques secondes de lutte inutile, l’arbitre déclara victorieuse la fille de Réprouvés.



La porte s’ouvrit à la volée et une ombre passa dans le couloir. Priam s’interrompit et se retourna. « Laëth ? » Un éclat blanc attira son attention : une plume dansait sur le seuil. Il fronça les sourcils. Elle était tachée de sang. Il se leva. « Je reviens. » Asha grogna. « Elle est toujours aussi ingér- » - « Énergique. » la coupa Vrael avec un sourire crispé. Un nouveau grognement lui répondit. Priam ne réagit pas et s’éloigna. Il aurait peut-être dû la laisser seule, la laisser se débrouiller, la laisser décompresser. Le liquide rouge sur le duvet clair l’inquiétait, mais si elle avait véritablement été en danger, elle ne serait probablement pas rentrée de cette façon. Au demeurant, c’était toujours ainsi : si l’un s’éloignait, l’autre revenait. Les liens qu’ils entretenaient dépassaient ceux de la filiation pure et simple. C’était si évident que certains avaient cru voir en eux des jumeaux.

Il poussa la porte de sa chambre et entra. Devant son miroir en pied, elle détaillait sa cuisse nue. Un long hématome commençait à s’y former. Ses genoux étaient égratignés : le sang y perlait sans y couler. Elle se retourna et le toisa, silencieuse. Les sourcils froncés, il s’approcha et attrapa son visage tuméfié entre ses doigts. « Qu’est-ce que tu as fait ? » Elle balaya son emprise d’un revers de main. « J’ai participé aux duels. » La jeune femme le contourna. « C’est comme ça que tu te défoules ? » Elle ne répondit pas et retira son haut, avant de le jeter où elle avait laissé son pantalon. « Je vais me laver. » Elle s’inclina afin de retirer sa culotte, la lança à travers la pièce et disparut dans la salle de bains. Les dents serrées, Priam appuya son épaule contre la porte. « Laëth ? » De l’autre côté, l’eau coulait. « Je sais que je te l’ai déjà dit, mais ce serait bien que tu viennes. » Silence. « Papa et maman aimeraient bien te voir un peu. » - « Ah oui ? Tu leur as pas dit que je baisais avec un Magicien ? » - « Non, j’ai préféré leur annoncer que tu avais failli te faire l’Empereur Noir. » répondit-il avec ironie. Elle serra les dents. C’était pareil. Elle l’entendit soupirer. « Ils sont calmes. J’utilise le Sanctuaire d’Ahena depuis tout à l’heure et tout se passe bien. Ils ne se sont pas énervés autant qu’ils l’auraient pu. » - « Génial. C’est comme si tu parlais avec des drogués, en fait. » - « Putain mais t’es vraiment conne quand tu t’y mets. » - « Ouais, c’est de famille. » Silence. « Tu peux y aller, hein. » - « Hum. Ça sert à rien d’essayer de te raisonner, de toute façon. Mais réfléchis, histoire de ne pas avoir de regrets. On a laissé un verre de bière pour toi, si tu veux. » Elle entendit ses pas qui s’éloignaient. Appuyée contre le mur de la douche, elle se laissa lentement glisser jusqu’au sol. Elle avait longuement espéré pouvoir renouer contact avec ses parents. Pourtant, à cet instant précis, elle aurait préféré ne jamais les avoir recroisés. Pas comme ça, pas sans s’y être préparée, pas avec un Kiir’Sahqon à leurs côtés. Elle en venait à se dire qu’elle n’aurait pas dû rejoindre son frère sur l’estrade. Elle aurait mieux fait d’arracher Kaahl à toutes ses occupations, de le traîner jusqu’ici, de se blottir dans ses bras et d’attendre la fin de la journée. Elle passa une main sur son visage. Des larmes lui piquaient les yeux.



Dastan s’était réveillé. Plus à l’aise, il marchait dans le salon, laissant ses mains toucher les meubles et les affaires qui y traînaient. Sa position à l’égard de ses aînés avaient toujours été ambivalente. Elle était le reflet de celle de ses parents, et alimentée par les sentiments des autres habitants de Lumnaar’Yuvon, dont Sól. Néanmoins, chez eux, il se sentait bien. Une atmosphère apaisante l’englobait, et il trouvait cette sensation délicieuse. Il ignorait qu’elle était due à la magie de son frère. Ses doigts frôlèrent le manche métallique d’une hallebarde. Il était sculpté d’arabesques. « Ne touche pas à ça. » Le ton sec et net le fit se retourner brusquement. Laëth venait d’entrer dans le salon. Ses cheveux étaient encore humides et elle avait changé de vêtements. Elle portait un haut bleu et un pantalon noir. Une ceinture à la boucle d’argent ceignait sa taille. Ses ailes étaient apparentes. Elle arborait encore la trace des coups qu’elle avait reçus. Elle aurait pu se soigner, mais elle ne l’avait pas fait. Tous les regards étaient posés sur elle, pourtant, elle n’ajouta rien. Elle se dirigea vers l’arme et l’attrapa. Dastan s’écarta pour la laisser passer et l’observa. Là. C’était ça. C’était ça, cette autre chose dont il ne parvenait pas à se rappeler. Ça le frappa si durement qu’il ne pût en douter. « Tu m’as sauvé la vie ! » Elle se retourna, incrédule. « Quoi ? » - « Pendant l’Odon do Dur. C’est toi, l’Ange qui m’a poussé sur le côté. Tu as combattu un monstre qui essayait de me tuer. Tu lui as tranché le bras ! » Elle le considéra en silence. Chaque pair d’yeux s’était tournée vers eux. « Je suis sûr que c’est toi ! C’étaient les mêmes ailes ! Et les mêmes cheveux ! Et tu avais un haut bleu aussi ! Et même que c’était cette hache-là ! » Il pointa l’arme du doigt. Elle était suspendue au mur, au-dessus de la cheminée. Laëth détailla un instant la lame, puis pivota vers le gamin. Personne ne dit rien, si bien que le silence s’étira jusqu’à l’essoufflement. « Je vous dis que c’était elle ! » Les enfants avaient l’indélicatesse de dire ce que l’on n’aurait jamais voulu entendre, et c’était peut-être d’autant plus vrai pour les enfants de Réprouvés. Vrael se redressa. « Merci, alors. » Les yeux de la benjamine coururent jusqu’à lui. Elle le fixa, les prunelles tremblantes. « Remercie-la, Dastan. » Le gamin ouvrit la bouche pour protester, puis croisa les bras sur son petit torse. « Mais ça a servi à rien vu que je suis mort quand même. Puis c’était même pas vraiment mourir, et- » Le regard perçant de son père le dissuada de continuer. « Merci. » bougonna-t-il. Elle les observa tour à tour, en prenant soin d’éviter les iris de sa mère. « De rien. Je ne m’en rappelle même pas. » Toujours sur la défensive, elle se concentra sur sa hallebarde. Celle-ci disparut d’entre ses mains. L’Ailée s’assit dans l’un des fauteuils du salon.

Priam se racla la gorge. « Comme quoi, on devait être destinés à se rencontrer. » Un sourire gêné courba ses lèvres. Son père le lui rendit. Asha fixait sa fille avec l’intensité d’une panthère prête à bondir sur sa proie. Laëth scrutait le mur comme si une œuvre d’art y était accrochée. Elle trempait ses lèvres dans sa bière sans la boire. Son arrivée avait instauré une ambiance glaciale. Le Petit Pigeon, que son mentor entraînait à faire profit de toute situation, décida de prendre les devants. « Dis, Laëth… Papa me disait qu’un certain Kaazin Belegad avait emménagé à Lumnaar’Yuvon, récemment. » Il vit qu’il avait son attention au déplacement de ses iris vers lui. Elle ne bougea pas autrement. « Je ne me rappelle pas qu’on nous ait un jour parlé d’un Kaazin Belegad, et toi ? » Elle secoua la tête et but une gorgée d’alcool. « Ouais. Je sais pas qui c’est, ce type, mais si quelqu’un de ma famille portait un nom pareil, croyez-moi que je m’en rappellerais. Ça me tracasse. Je sais pas d’où il sort et j’ai pas encore réussi à lui mettre la main dessus. Pourtant, à ce qu’il paraît, c’est pas quelqu’un qu’on peut rater. Apparemment, il a fait un discours pour l’indépendance, mais je devais être en train de chercher ton frère… » Laëth jeta un coup d’œil à Dastan, qui se dandina. Jusque-là, il la scrutait avec des yeux dont l’expression oscillait entre l’admiration et la répugnance. Elle se détourna. Malgré elle, le sujet éveillait sa curiosité. Elle hésita, puis décida que si elle s’était traînée jusqu’ici, c’était au moins pour tenter de faire bonne figure. « Et il ressemble à quoi ? On l’a peut-être vu. » - « Hum… » Vrael se leva. « Il est grand, à peu près cette hauteur-là, je dirais, les cheveux clairs, des yeux bleu pâles- » La brune écarquilla les yeux et se mit à tousser vigoureusement. Elle se rappelait parfaitement des deux iris cristallins qui l’avaient dévisagée avec un désir si peu dissimulé.



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Priam et Laëth
Lun 05 Oct 2020, 23:40




Ingjaard

Solo | Priam, Laëth & Dastan



« Tu l’as vu ? » demanda Vrael. Asha l’observait avec intérêt. Dastan la fixait avec curiosité. Priam la dévisageait, sourcils froncés. Elle évita son regard et se massa la base du cou pour faire passer la sensation désagréable de la toux. Son cerveau tournait telle la roue d’un carrosse lancé à vive allure. Comme elle cognait contre les cailloux et les branches encombrant son chemin, il se heurtait durement à tout ce qui lui venait à l’esprit mais ne pouvait être dit. Son cœur s’affolait comme un oiseau entre les griffes d’un chat. Chaque pair d’yeux lui faisait l’effet d’un croc étincelant sous les feux du soleil.

La description collait. Elle aurait voulu croire à une coïncidence, mais son instinct lui soufflait qu’elle se serait trompée. Kaazin. Chaton. Pour quelqu’un qui haïssait les chats… Dans d’autres circonstances, elle aurait sans doute éclaté de rire. Sa réalité était bien moins amusante. S’il n’avait pas donné son vrai nom, il avait sans doute eu une bonne raison de ne pas le faire. L’originalité de celui qu’il avait choisi laissait à désirer puisqu’il devait déjà l’entendre assez régulièrement – les potins avaient connu un certain regain depuis leur arrivée, ensemble, au Fessetival. Toutefois, l’Ange doutait qu’il l’eût pris au hasard. Il était intelligent. Pourquoi se serait-il donné son patronyme si cela ne servait aucun dessein ? Étant donné la façon dont il l’avait abordée dans la rue, c’eût été stupide. Si quelqu’un les avait vus et reconnus… Elle ignorait si elle devait être en colère ou simplement désemparée. Le trouble dominait le reste. Pourquoi ne lui avait-il rien dit ? Plus encore, elle se souvint de sa mise en garde, et de la réponse qu’il lui avait faite. Elle se rappela en détails de son attitude cavalière – à défaut d’être chevaleresque. Sa révélation sur le moyen qu’il avait trouvé de se changer en Déchu pour se guérir de ses blessures lui revint, et elle se demanda s’il n’en avait pas trouvé un pour se transformer en Réprouvé. Les mots lui manquèrent. Rien n’était sûr et certain. Seule sa petite voix intérieure lui indiquait qu’elle ne se fourvoyait pas. Elle serra les dents.

« Tu l’as vu ou pas ? » - « Je crois, oui. » - « Où ça ? Il faisait quoi ? » Elle haussa les épaules avec une nonchalance feinte. « Dans une des rues pas très loin des zones de combat. Il m’a parlé de trucs pas très intéressants et m’a demandé si je venais défendre l’indépendance de Keizaal. » Puis il l’avait attirée dans un renfoncement, elle l’avait embrassé et ils s’étaient caressés, mais sa difficulté à mentir s’effaça juste en imaginant la réaction de chacun si elle le leur avait dit. Vrael plissa les yeux et passa une main sur son menton. « Tu crois qu’il sait qui tu es ? » - « Sans doute pas, sinon il se serait présenté, non ? Enfin, s’il fait partie de la famille. » - « Ouais, je sais pas. C’est quand même bizarre un Belegad qui s’installe à Lumnaar’Yuvon et qui vient pas nous voir. C’est pas très courant, comme nom. » - « Oui… Mais tu ne parles plus à certains de tes frères et sœurs, alors ça vient peut-être de là, et tu ne serais pas au courant de son existence ? » Elle savait pertinemment que c’était faux mais devait faire semblant. C’était difficile ; pourtant, elle tenait bon. Il est toujours plus aisé de mentir pour les autres que pour soi-même – surtout pour ceux que l’on aime. « Non. » Devant son ton péremptoire, Laëth se tut. Elle sentait peser sur elle le regard de son aîné. « Un de mes neveux ou petits-neveux de Keizaal…  Non. » - « Surtout que… il serait venu s’installer à Lumnaar’Yuvon ? C’est pas très courant non plus. » souligna Priam. Leur père grinça des dents. « Les gens de Keizaal, c’est tous des péteux. » Dastan se leva et, les poings sur les hanches et le menton relevé, scruta chaque adulte. « Je vais le cramer, moi, votre Kaazin. » Tous les regards se braquèrent sur lui. Après un instant de silence, Vrael éclata de rire et ébouriffa la tête de l’enfant, qui adopta un air bougon. « Bien dit, gamin. » Sa mère sourit. « Bon, gardez simplement l’œil ouvert. Si vous le recroisez, dites-lui que je veux lui parler. Ça m’intrigue, cette affaire. » Laëth acquiesça, soulagée de laisser ce sujet derrière eux. Comme elle se mordillait la lèvre, elle capta une œillade de son frère à son endroit. Il percevait son malaise. Ils passaient trop de temps ensemble pour se cacher tout ce qu’ils ne se disaient pas. Elle était trop transparente. Ses émotions coulaient sur son visage, limpides et claires comme l’eau d’une rivière sableuse. Il demeura silencieux, avec le sentiment horrible qu’elle leur mentait – ce sentiment qui sait noircir les cœurs les plus purs.



Entre leurs conversations, il y avait beaucoup de silences. Priam s’était imaginé des retrouvailles plus chaleureuses, ponctuées d’éclats de voix – et pourtant, c’était lui qui maintenait le plus son Sanctuaire d’Ahena. Peu à peu, il le relâchait, conscient de fausser leurs échanges. Laëth avait pensé aux éventualités les plus terribles pour ne pas être déçue, et aux meilleures parce qu’elle nourrissait continuellement un espoir criblé d’illusions. Asha avait songé qu’elle fondrait en larmes ou s’énerverait, sous le coup de ressentis contradictoires et aussi virulents que ceux que pouvaient éprouver les Bipolaires. Vrael s’était vu les prendre dans ses bras et les serrer contre lui, comme il le faisait lorsqu’ils étaient enfants. Dastan s’était toujours dit que le jour où ils rencontreraient ses aînés, il les tuerait. L’étonnement, la déception ou la gêne étaient donc au rendez-vous.

Le rouquin plissa le nez puis mut ses lèvres en une moue désappointée. Il se releva, fit le tour du salon, puis revint vers les adultes. « Bon, moi, j’ai des questions. » Il s’arrêta devant Priam. « Papa il a toujours dit que tu voulais être éleveur. Pourquoi tu fais de la diplomatruc ? » L’Ange ouvrit la bouche. Aucun son n’en sortit. Il regarda tour à tour ses parents et sa sœur, avant de reporter son attention sur le garçon. Les enfants posaient souvent des questions désarmantes. Les Réprouvés possédaient en plus l’incroyable capacité de ne s’encombrer d’aucune précaution. « Je fais un peu d’élevage aussi. » - « Des bicornes ? Des cerfeuils ? » - « Non. Des chèvres. » Dastan arqua un sourcil plein d’incompréhension. « J’ai deux chevaux, aussi. Peut-être qu’un jour je les ferai reproduire. Il y en a une qui vient de Lumnaar’Yuvon. Sa maman doit toujours être là-bas. » Il regarda leur père, qui acquiesça. « Et la diplomachin ? » - « En toute honnêteté, je pensais que ce serait chiant, mais c’est intéressant. Ça me permet de garder un lien avec les Réprouvés, aussi. » - « Mouais. Maman dit que ça sert à rien, que les diplomates c’est que des cons et qu’on règle pas mieux un problème qu’en menant une bonne guerre. » Un sourire s’invita sur les traits du brun, tandis qu’Asha hochait la tête et croisait les bras en se renfonçant dans son siège. « Ouais, elle me disait ça aussi. Laëth a dû mieux l’écouter que moi. » Dastan s’inclina légèrement pour dévisager la jeune femme. Elle l’observait, son verre à la main. « T’es une guerrière, toi, c’est ça ? T’aurais pu être une guerrière chez nous. Sól aurait été moins triste. » Elle se redressa, les traits crispés durant une seconde. « Elle t’a parlé de moi ? » - « Bah oui. » fit-il comme si c’était une évidence. « Elle va bien ? » - « Ouais. Elle apprend à se battre elle aussi, mais pour les Réprouvés. » La brune cligna des yeux, un peu surprise. La fillette avait toujours été d’une douceur et d’une tendresse exquises. Personne n’avait jamais imaginé qu’elle se lancerait dans la voie de la bataille. Les plus vils ou les plus irritables l’accablaient de toute la faiblesse du monde. « C’est vrai qu’on t’appelle l’Aile d’Acier ? Y’a un monsieur qui a dit ça à côté de moi, pendant que vous parliez. » Elle hocha la tête. « Pourquoi ? » Une perturbation fit vibrer ses iris. C’était un surnom à double tranchant. Elle le portait avec une certaine fierté, mais il lui rappelait sans cesse la douleur du combat. « Parce que pendant la bataille en Terre Blanche, j’ai recouvert mes ailes avec l’acier de mon armure pour me libérer d’un Démon. » - « Tu l’as tué ? » - « Je ne sais pas. Je l’ai blessé et il est tombé, mais j’ignore s’il est mort. » Le gamin fit la moue. « Et toi tu te bats ? » demanda-t-il à Priam. « Papa et maman m’ont dit que tu avais été Fus’Naakar’Lus. » - « Oui, il y a un moment. » Il sourit. « Ça fait quelques temps que je recommence à me battre. Ça me manquait. » C’était surtout nécessaire, mais il passa cela sous silence.

L’un et l’autre des aînés regardaient le cadet avec une franche curiosité. Ils n’étaient pas vraiment coutumiers des enfants. Lorsqu’ils étaient partis de chez eux, ils étaient encore jeunes. Priam ne s’intéressait pas du tout aux gamins, et Laëth entretenait avec Sól des rapports plus sororaux et complices qu’autre chose. Ils n’avaient eux-mêmes pas encore assez quitté l’enfance. Aux Jardins, ils pouvaient croiser majoritairement des fils et filles de Magiciens. Ils en connaissaient quelques-uns, mais c’étaient des liens superficiels. Celui qu’ils possédaient avec Dastan, bien qu’imposé, les surpassait. Il était plus complexe, aussi. Laëth ne parvenait pas à chasser tous les sentiments déplaisants qu’il lui inspirait. « Tu sais ce que tu veux faire, plus tard ? » - « Oui. Je serai Dovahkiin. » lâcha-t-il avec un grand sourire et toute la simplicité dont il pouvait faire preuve. « Rien que ça ? » - « Oui ! Je serai le meilleur guerrier alors je deviendrai Dovahkiin. » L’ombre d’un doute passa dans ses yeux. Il les plissa et scruta ses aînés avec défiance et hésitation. L’aura qu’ils dégageaient l’incitait à les prendre en référence, d’une façon ou d’une autre. Leur parole faisait foi. « Vous pensez pas ? » - « Si si ! C’est un bel objectif. Les Réprouvés ne pourraient sans doute pas rêver mieux qu’un Belegad à leur tête. » Le sourire de Dastan revint, plus affirmé.



« Et vous faites quoi aux Jardins, alors ? C’est pas trop chiant avec les Magiciens ? » - « Ces gros coincés du cul… Toujours autant de balais dans le fion ? » L’aîné sourit. Il n’y avait pas que du faux dans les clichés sur les Mages Blancs. L’étiquette leur tenait autant à cœur que la pudeur. « C’est toujours mieux que les Sorciers. » tempéra-t-il. La benjamine replaça une mèche derrière son oreille. Elle sentait pointer une envie de disparaître. Dastan choisit cet exact moment pour pivoter vers elle. « C’est vrai que tu tripotes l’épi de blé d’un Mago, Laëth ? » Lourd silence. « Dis pas de conneries. » - « Quoi ? C’est Priam qui a dit ça tout à l’heure ! » Tous les regards se tournèrent vers les concernés.



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Priam et Laëth
Jeu 15 Oct 2020, 14:06




Ingjaard

Solo | Priam, Laëth & Dastan



Son cœur frappait durement sa poitrine. L’adrénaline aiguisait tant ses sens qu’elle avait l’impression de ne plus rien percevoir. Ses yeux allaient de l’un à l’autre de ses parents, dont les expressions hésitaient entre la surprise, l’incrédulité, le dégoût et la haine. Elle eut l’impression d’être propulsée des années en arrière, lorsqu’elle n’était qu’une enfant indésirable et indésirée, rendue fautive par sa simple existence. L’envie de se recroqueviller dans son fauteuil la heurta. L’étau qui enserrait de plus en plus sa gorge paraissait filtrer sa respiration. Elle secoua la tête, muette. Ses prunelles tremblaient, brillantes. Des larmes affleuraient sa cornée, malgré tous ses efforts pour les contenir. Elle avait toujours su qu’aimer Kaahl poserait problème. Elle avait même tenté de lutter, et elle avait peiné à passer outre sa nature. La possibilité qu’il fût un Sorcier la répugnait d’autant plus. Que son père fût Jun Taiji, celui qui avait brûlé Lumnaar’Yuvon, n’arrangeait rien non plus. S’ils l’avaient su, ses parents n’auraient jamais compris. Ils les auraient sans doute tués tous les deux. Elle le savait. Pourtant, elle était là, cette vibration au cœur de son palpitant. Elle ne pouvait jamais la faire taire, jamais l’ignorer et jamais s’en défaire. Et à cet instant précis, elle était si douloureuse qu’elle aurait souhaité qu’elle n’eût jamais existé.

« Nutaar’kra. C’est vrai. » Dastan se tourna vers son père. Ses traits étaient rendus lisses par la stupeur. Durant une fraction de seconde, une pointe de culpabilité lui fouailla la poitrine. Encore une fois, il avait parlé trop vite. Il aurait peut-être mieux fait de se taire. D’un autre côté… Son regard glissa jusqu’à sa sœur. Elle secoua à nouveau la tête, toujours aussi silencieuse. Oui. Elle avait ce qu’elle méritait. Les Magiciens n’avaient pas le droit de poser leurs sales pattes sur les Réprouvés. Sur leurs enfants non plus, aussi angéliques et détestables fussent-ils. Un Magicien, c’était presque un Sorcier. Ça pouvait le devenir. Peu importe leurs airs amicaux, leurs grands sourires et leur aide bienfaitrice. Ils n’étaient pas des Bipolaires. « Rahjiin ! » Laëth sursauta en même temps qu’Asha se levait d’un bond. « Des années à t’éduquer, pour ça ? Des années à essayer de faire de toi une Réprouvée, pour ça ? Tu te fous de ma gueule ? » Priam se leva aussi. D’un geste des mains, il invita tout le monde à rester tranquille. « Maman, calme-toi. » - « Que je me calme ? » Elle fulminait. « C’est la putain d’un Magicien ! Et toi ! Tu l’as laissée faire ? Tu l’acceptes ? Tu ne dis rien ? Parce que vous ne comptiez pas nous le dire, hein ? Vous aviez l’intention de garder ça secret, jehestam ! » La benjamine serra les dents. Des sentiments contradictoires bouillaient en elle. La peur, la honte ; la colère, l’injustice. La révolte grondait, cramponnée à ses poumons enflammés par une respiration erratique. « Je savais comment vous réagiriez. » fit-elle d’une voix qu’elle aurait voulue plus forte et plus assurée. « Et alors ? Est-ce que ça t’a empêchée d’aller baiser avec ce type ? De l’aimer ? Parce que j’imagine que tu l’aimes, sinon, tu ne serais pas ici. » Elle ricana, comme elle savait le faire pour écraser toute rébellion. « J’aurais préféré que tu sois Déchue. Tu me dégoûtes ! » La phrase fit à l’Immaculée l’effet d’une claque : à son tour, elle bondit sur ses pieds. « Ça a toujours été le cas, de toute façon. » gronda-t-elle, les poings fermés. Ses glandes avaient lâché prise, et les larmes coulaient sur ses joues. « Laëth… » - « Quoi ? C’est vrai ! Elle m’a toujours détestée ! Combien de fois tu es venu me récupérer in extremis ? Combien de fois trois secondes de plus auraient suffi à me tuer ? Combien de fois toi tu as failli me tuer, nous tuer, Priam et moi ? » Vrael grogna et se leva. Il ne supportait pas qu’on lui rappelât ses fautes. Surtout pas celles-ci, qu’il avait tant de fois revécues lors d’insupportables cauchemars. Tenir les corps ensanglantés de ses enfants était sa plus grande peur. Il l’avait si souvent frôlée. « Et combien de fois on t’a serrée contre nous parce que tu étais triste ? Combien de temps on a passé à prendre soin de vous deux, à vous choyer et à vous aimer ? Je comprends que ça n’ait pas été facile tous les jours, et j’en suis sincèrement désolé, mais c’est comme ça que sont les Réprouvés, et tu ne peux pas ne parler que des mauvais côtés ! » - « Laisse, elle n’a pas changé. Déjà gamine, elle n’en faisait qu’à sa tête. Tout ce qu’elle nous reproche, c’est elle qui a fait en sorte que ça arrive ! » - « Non ! » - « Si ! Tu étais une enfant difficile, toujours dans la confrontation, toujours dans le conflit ! Toujours à hurler à la moindre contrariété, à baisser les bras face à la première difficulté et à chouiner à la moindre claque ! Mais tu les méritais toutes, toutes ! Tu étais infernale, et tu l’es toujours ! » - « Non ! C’est faux ! Je faisais de mon mieux ! J’ai toujours fait de mon mieux, mais vous, vous étiez incapables de le voir, parce que vous avez toujours détesté l’idée que je sois née, et que je sois née Ange ! Priam, passe encore, mais moi, moi, non, c’était trop ! C’était trop, parce que tu ne supportes pas d’avoir échoué ! » Elle sentit sa magie crépiter, lui échapper, virevolter. Elle tenta de la canaliser. Malgré tout, Asha se rua sur elle et la plaqua contre un mur, main sur sa gorge. « Sale petite garce. » Vrael se jeta sur sa femme pour la faire lâcher prise. « Tu vas me tuer ? Ça te démange à ce point ? Vas-y ! Après tout, il te restera tes deux fils préférés, dont un vrai Réprouvé ! » Les traits de sa mère étaient déformés par la colère. L’Aile d’Acier la sentait lutter contre elle-même, entre la Démone et l’Ange. Dastan était caché derrière l’un des fauteuils et tremblait, tant les cris et l’atmosphère lui étaient pesants.

« Arrêtez ! » L’aîné déploya son Sanctuaire d’Ahena si vivement qu’une lumière blanche pulsa depuis sa personne. Les emprises se relâchèrent. Laëth souffla par le nez, libérée mais désabusée. « Ça t’amuse, de les provoquer ? » Elle haussa les sourcils, avant de les froncer. « C’est une blague ? » - « Non, ça ne sert à rien de remuer le passé. C’est terminé ! » Une crevasse déchira sa poitrine. Elle dévisagea son frère avec incompréhension. Une seconde de silence passa, puis elle se détacha du mur en se décalant sur le côté. « Et c’est normal, de me traiter de salope et de putain parce que je suis tombée amoureuse ? » Il la scruta. Dans son regard, elle lisait tout ce qu’elle ne voulait pas l’entendre dire. « Laëth… » Elle pinça les lèvres. « Tu t’attendais à quoi ? » La fille de Réprouvés grimaça et renifla, en se détournant. « C’est un Magicien. Je t’ai dit que je respectais tes sentiments, mais tu ne peux p- » - « Tais-toi. » Elle posa sa main devant sa bouche et ferma les paupières. Elle sentait sur elle toutes leurs pupilles. Finalement, elle déglutit et se redressa. « C’est vrai. Je ne sais pas pourquoi j’espérais que tu me défendes. Tu as toujours voulu être un Réprouvé. Peu importe ce que te dit ton propre cœur, tu ne l’écoutes jamais… » Elle planta ses iris dans les siens. Personne ne pouvait comprendre, mais eux, ils savaient. Ils savaient de quoi elle parlait. De qui elle parlait. Il serra les dents. Quelques temps plus tôt, après le Fessetival, elle l’avait mis face à ses incohérences, comme le miroir n’épargne pas la vision des cicatrices les plus pénibles. Elle aurait pu les livrer, devant leur père et leur mère. L’espace d’une seconde, il crut même qu’elle allait le faire, et son cœur se crispa. Néanmoins, dans les yeux verts de sa sœur, la lueur vengeresse se dissipa aussitôt, et il y revit briller cette loyauté indéfectible et si importante pour elle. La culpabilité se rua sur ses remords.

La brune pivota vers ses parents. Peut-être que s’ils avaient tous été réunis ici, c’était parce qu’ils avaient des choses à se dire. Peut-être qu’il leur fallait juste un peu de courage. Juste assez pour relâcher tout ce que le cœur portait de non-dits devenus des blessures. « Je suis partie de Lumnaar’Yuvon parce que je ne supportais plus de vivre là-bas. J’en avais assez des remarques et des regards condescendants. J’en avais marre de ne pas être « assez » ou d’être « trop ». J’ai toujours, toujours essayé de vous satisfaire, de vous montrer que j’étais capable, mais ça n’a jamais suffi. Ma décision de partir, c’est la meilleure décision que j’ai prise de ma vie, parce que c’est la première fois que j’ai vraiment choisi pour moi, et pas pour tenter de faire plaisir aux autres. » C’est dur. De vider son sac. De regarder dans les yeux les gens qu’on aime et de leur dire la vérité. De pointer tous les torts qu’ils nous ont faits, tous leurs actes manqués et toutes leurs occasions gâchées. « Je suis heureuse, aux Jardins et avec les Anges. Je fais partie de la Compagnie de Yüerell, je combats le Mal, j’aide à l’exploration de nouvelles terres. Je me suis mise à la musique, j’ai récupéré une entreprise d’extraction de marbre, et je vais sûrement devenir Gardienne. J’ai une maison, des collègues, des amis. Et j’ai Kaahl. » Elle avait été malheureuse. Certains moments avaient été plus durs que tout ce qu’elle avait expérimenté au cours de sa vie. La mort d’Hena, les révélations sur le Mage, la bataille en Terre Blanche. Néanmoins, elle se sentait utile, parfois même importante, et généralement bien. « Je me fiche qu’il soit un Magicien. Ça n’a aucune importance. Et il se fiche que je sois une Ange, une Réprouvée, une Démone, une Sorcière ou tout ce que vous voulez. Il m’aime pour qui je suis, pas pour ce que je suis. C’est ce que vous, vous n’avez pas assez su faire. » Ses ailes se déployèrent délicatement dans son dos. « Et je vous en veux, pour ça. Je vous en veux tellement, et tellement profondément, que je suis incapable de vous pardonner. Et ça, ça vous rend encore plus détestables, et ça me rend aussi encore plus détestable parce que… » Elle déglutit, la gorge nouée. « Parce que je suis une Ange, et que rien que pour ça, je devrais être capable de le faire. » Elle inspira et essuya ses larmes à l’aide de sa paume. Un souffle saccadé franchit ses lèvres. C’était difficile, mais c’était aussi libérateur. Elle recula. Puis elle sauta sur le côté, prenant son envol par la fenêtre ouverte.

Sa mère cria un nom, qui avait été le sien, autrefois. Il résonnait encore, de temps à autre. Elle le détestait, autant qu’elle se détestait.



Message V – 1879 mots

[Q] - Ingjaard 1628  [Q] - Ingjaard 47
Laëth utilise sans le vouloir le pouvoir "Les Sauvages", qui fait ressortir les bas instincts des individus.




[Q] - Ingjaard 1628 :


[Q] - Ingjaard 2289842337 :
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Priam et Laëth
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Priam et Laëth
Mer 04 Nov 2020, 16:54




Ingjaard

Solo | Priam, Laëth & Dastan



Le silence était revenu comme un coup de tonnerre. Ils auraient pu en sursauter ; ils demeurèrent immobiles, comme pétrifiés par la lumière vive d’un éclair. Asha était appuyée contre le rebord de la fenêtre. Elle regardait s’éloigner celle qui n’était plus qu’un point dans le ciel. On aurait pu la confondre avec un oiseau. La mère avait l’impression d’avoir ouvert sa cage par mégarde. C’était un sentiment de culpabilité et de remords profond qui lui labourait le cœur. En même temps, il y avait cette colère, parce qu’elle était consciente du fléau de sa nature. C’était l’Ange, qui s’en voulait. La Démone se serait ri de la situation, comme elle se moquait de frapper ses enfants ou de les haïr avec toute la puissance de ses tripes. Elle ne doutait pas une seule seconde que s’ils avaient été différents, elle et Vrael, alors leur histoire n’aurait pas été si chaotique. Elle s’enorgueillissait d’être une Réprouvée ; pourtant, parfois, elle rêvait de goûter à la tranquillité d’une âme unifiée. Elle fantasmait son passé dans la paix, le respect et la joie, là où elle avait pu laisser les ténèbres se déchaîner.

Une main sur son épaule l’incita à se retourner. Son compagnon la scrutait. Ses yeux reflétaient sa propre douleur. Ses muscles se détendirent, et elle se blottit dans ses bras. Son étreinte la réconforta. Il suffisait parfois d’un rien.

Priam ne se sentait pas à sa place. L’excès de sa cadette avait provoqué chez lui un malaise certain. Elle n’avait pas tort sur tous les points. Il savait que si elle les avait exprimés de cette façon, c’était parce qu’elle les avait trop longtemps gardés enfouis au plus profond d’elle-même. Il aurait pu adresser des griefs similaires à ses parents ; cependant, là où elle explosait, il se renfermait. Il n’était pas un adepte des débordements. Il aurait préféré qu’elle prît la peine de dire les choses calmement et d’instaurer une discussion. Il aurait même préféré ne pas en parler du tout. Ils avaient tous les deux érigés des remparts : là où ceux de Laëth retenaient ses douleurs et ses ressentiments, ceux de Priam masquaient toute la négativité pour n’offrir qu’une surface lisse. Le passé appartenait au passé. Il taisait ses plaies, tel un animal blessé qui se cache pour panser ses blessures. « Désolé. » finit-il par lâcher. « Je ne pensais pas qu’on en arriverait là. » Et s’il avait maintenu son Sanctuaire d’Ahena ? Certes, c’eût été une forme de biais, mais tout se serait sans doute déroulé pour le mieux. Le relâcher avait été une erreur. Il le relança. « Tu savais, et tu n’as rien dit ? » Vrael s’était redressé. Des ombres dansaient dans ses yeux. Son aîné le détailla, puis répondit posément : « Non. Ce n’était pas à moi de le faire. » Il soupira. « Ça ne me plaît pas plus qu’à vous. Mais je ne vis plus à Lumnaar’Yuvon. Chez les Anges, c’est autorisé. C’est même bien vu, une union avec un Magicien. D’autant plus avec celui-ci, j’imagine. Le Baron Paiberym… C’est un homme apprécié. » Si on lui avait un jour dit que la gamine qui voulait chevaucher des bicornes et passait son temps à se rouler dans la boue en mimant des combats épiques tomberait amoureuse d’un noble Magicien, il ne l’aurait pas cru. Il avait encore du mal à y croire. « Et au fond, peu importe qui elle aime, c’est ma sœur. Vous nous avez appris à nous soutenir en toutes circonstances, alors c’est ce que j’essaie de faire. » C’était ce qu’il lui avait dit. C’était la ligne de conduite qu’il voulait tenir. Il avait peut-être failli, un peu plus tôt ; mais comment pouvait-elle s’étonner de la réaction de leurs parents ? La sienne avait été similaire. « Et toi ? » - « Moi ? » Asha le sondait. « Tu nous en veux ? » C’était ça, le fond du sujet. Il la considéra, silencieux, puis articula : « Le passé, c’est le passé. » Tant qu’il n’empêche pas d’avancer.

Dastan avait quitté sa cachette, et regardait les adultes avec un air penaud, comme s’il avait fait une bêtise. C’en était sans doute une, d’avoir parlé de l’homme qui avait su ravir le cœur de la fille de Réprouvés. Sur le moment, il ne s’en était pas vraiment rendu compte. Il n’avait pas réfléchi. « Pardon d’avoir parlé de ça. » La pointe du pied en appui sur le sol, il tortillait l’une de ses chevilles. Priam le scruta et inspira. Il n’était plus énervé. « C’est rien. Je parlerai à Laëth quand elle reviendra. Je suis sûr qu’elle ne t’en veut pas. » Il lui sourit. « Elle sait que les Réprouvés acceptent moins les métissages que les Anges. » Tant que l’inclinaison des compagnes et des compagnons allait vers le Bien ou que le couple respectait les alliances raciales. « C’est normal que ça t’ait surpris. Malheureusement, on ne décide pas de qui on tombe amoureux. Réprouvé ou non. » Le rouquin fit la moue. « Hum… Mais il paraît que Hugh, il aurait bien aimé que Laëth soit amoureuse de lui ! » La surprise créa le silence, puis le rire de Vrael résonna, bientôt suivi de celui d’Asha. Priam sourit. Sa cadette lui avait rapporté les propos de Brii concernant le Bipolaire. Les mois passants, il avait presque oublié cette anecdote : néanmoins, il semblait qu’à Lumnaar’Yuvon, le potin pût encore être d’actualité. Le temps s’écoulait si différemment, au creux des champs d’or coupés du monde. « Quoi ? » Devant les sourires de ses aînés, il fronça le nez et croisa les bras. « Je comprends rien. C’est trop compliqué, les filles. » Les garçons n’étaient guère mieux, mais il le comprendrait en temps et en heure – lorsque sa mauvaise foi se dissiperait.



Les abords de Stenfek rappelaient ceux des Jardins. C’étaient de vastes espaces où la végétation s’épanouissait sans l’ombre d’une menace. Les animaux apparaissaient sans crainte, et les créatures magiques embellissaient les lieux d’éclats inattendus. Laëth inspira profondément. Loin de l’agitation de la capitale, et loin de ses parents, elle retrouvait un semblant de sérénité. L’eau de la rivière rafraîchissait ses pieds. Les larmes qui séchaient sur ses joues apportaient aussi un brin de fraîcheur. Elle avait soigné les plaies que le combat avait laissées sur sa peau. Ses yeux étaient rivés sur le ciel. Sur son céruléen profond, des nuages blancs se découpaient. De temps à autre, un oiseau la survolait, libre et léger. Elle renifla et passa une main sur son visage. En arrivant, elle avait souhaité pouvoir se fondre dans l’eau. Ne plus exister. Noyer cette douleur qui étouffait sa poitrine. Oublier.

Puis, doucement, l’apaisement l’avait gagnée, et son cœur ne se serrait plus que de remords, de regrets et de peine. Le nom crié par sa mère ne battait plus seulement à ses tempes : il résonnait dans son palpitant, comme s’il était furieux d’avoir été tu si longtemps ; comme si le silence lui avait donné la force de hurler pendant des jours. Ce nom, c’était l’histoire d’une gamine qui voulait être plus que ce que l’on voyait en elle – ou plus précisément, que ce que l’on avait vu en elle à l’instant t. La raison, si elle n’ignore pas les passions, écarte facilement les incompréhensions. Chez Laëth, les émotions dominaient. Peu à peu, elles laissaient la place à la réflexion, mais le chemin de la guérison était long et pénible. Un jour, elle comprendrait. Elle comprendrait pleinement qu’elle n’était pas seulement cette indésirée, cette indésirable, bien qu’on le lui eût si souvent rappelé. Elle comprendrait qu’elle n’avait pas juste été aimée, mais qu’elle avait aussi compté, que ses actes et ses gestes avaient eu l’importance que les mots lui refusaient. Elle était comme tous les enfants de Bipolaires : comme tous ceux qui partaient, mais aussi comme tous ceux qui restaient. Elle comprendrait les maladresses, les fautes, les remords ; elle prendrait du recul sur ses propres ressentis, et elle pardonnerait sans doute, malgré les torts. Peut-être qu’elle reprendrait ce premier prénom. Il faisait écho à tant de choses, comme si les Zaahin ou les Ætheri avaient voulu s’amuser à tisser des liens que seule sa destinée pourrait faire valoir. Peut-être avait-elle déjà commencé à se le réapproprier ? Peut-être ne le détestait-elle pas tant que cela ? Après tout, elle l’avait placé au creux des mains de son aimé, comme une promesse secrète et silencieuse. Elle ferma les yeux. Freyja. Celle que l’on rejette, celle qui brandit la Foi, celle qui veut transformer les promesses en vérités. La gamine aux airs désenchantés, qui continue pourtant à rêver.



Priam passa le reste de sa journée avec sa famille. Ils retournèrent en ville, observer les combats, s’amuser des chutes de bicorne, manger et boire – sans excès pour lui, et sans modération pour eux. Ils parlèrent beaucoup de la vie à Lumnaar’Yuvon, et assez peu des Jardins et de son quotidien là-bas. Dastan posa beaucoup de questions, sur les duels, sur Bouton d’Or quand la fratrie y vivait, sur la bataille en Terre Blanche, sur les personnalités qu’ils croisèrent ou encore sur les spécialités de Stenfek. Il abordait tout avec mépris ou méfiance, tel un véritable Réprouvé de Lumnaar’Yuvon, mais sa curiosité était bien présente. Pour qui ne s’offusquait pas de son jugement, son attitude binaire était amusante. Durant toute la soirée, l’Ange se sentit dans un monde à part – comme si, le temps de quelques heures, il n’avait jamais quitté les terres de ses ancêtres. C’était à la fois source de confort et de nostalgie.

Lorsqu’il rentra, Laëth était revenue. Il le devina parce que la maison sentait le propre et parce que le fumet d’un plat chaud parvenait jusqu’à ses narines. Dans la cuisine, elle s’affairait autour d’une marmite. Il s’appuya contre le chambranle de la porte et se racla doucement la gorge, pour lui signaler sa présence. Elle pivota, et ses yeux s’ancrèrent immédiatement aux siens. Ses prunelles tremblèrent. Elle déglutit. Il s’avança, muet, et l’enlaça. Elle lâcha tout ce qu’elle tenait et se cala contre lui comme si elle avait voulu ne plus jamais s’en détacher. « Je… » - « Je sais. » Sa main remonta dans les cheveux de la jeune femme pour masser doucement son crâne. « Ne dis rien. On en reparlera plus tard. Là, tout de suite, ça ne sert à rien. » Il était calme, et elle avait l’air de l’être aussi, mais ils étaient tous les deux fatigués. Il baissa la tête et déposa un baiser sur le sommet de la sienne. « Merci. » souffla-t-elle en resserrant son étreinte autour de lui. Il avait raison. Elle avait besoin de repos, et de temps. Elle avait aussi contacté Kaahl par télépathie, pour lui dire qu’il serait compliqué de se voir à Keizaal, et qu’ils pouvaient convenir d’un autre rendez-vous. « Je peux dormir avec toi, ce soir ? » - « Seulement si tu ne me piques pas toute la couette. » - « C’est pas mon genre. » sourit-elle malgré ses cornées humides. « Nooooon, du tout ! Bon, c’est quoi, ton truc ? Parce que ça sent drôlement bon. » - « C’est du cerfeuil qui mijote depuis une heure, avec plein d’herbes et des patates. » - « Et tu as pas tout fait cramer ? Ouah, ça c’est un exploit. » - « Moque-toi et je rajoute du poison dedans. » fit-elle en tirant la langue. Il rit. « Et comment tu ferais, sans moi ? » Elle haussa les épaules, une lueur mutine au fond des yeux. « J’aviserais. » Ils passaient vite des larmes aux rires – une dynamique qu’ils entretenaient depuis toujours. Contre les malheurs du monde, l’humour était parfois plus efficace que cent sortilèges. C’était ce qu’on apprenait, à Lumnaar’Yuvon.

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