J'exhalai un souffle déterminé. J'avais reporté cet instant au plus que je le pouvais. Je n'avais pas envie de faire ce tri. Déjà parce que ça me prendrait un temps monumental. Ensuite parce que c'était aller contre ma Gourmandise, et c'était un sentiment assez étrange. Presque contre intuitif. Mais je savais au fond que c'était nécessaire, plus encore alors que le bonbon vert me revins en mémoire. J'enfonçai la clé dans la serrure de la maison de poupée et me trouvai instantanément téléportée dans le salon du manoir. Je retins un hoquet de surprise en voyant les artefacts étalées de manière ordonnée face à moi. Moins parce qu'ils étaient parfaitement rangés, mais bien à cause de la quantité. « Vous voilà de retour Madame. » - « Quillan. Tu as fais un travail formidable. » répondis-je à la voix qui m'accueillît. « Merci. » me remercia-t-il dans une courte révérence. « Est-ce que je peux faire autre chose pour vous aider ? » - « Non, je me débrouillerai seule pour la suite, merci. » lui répondis-je avec un sourire avant de m'approcher de la première montagne composée de nourriture, celle-ci disposée en un équilibre parfait sur une table. Je me saisis à nouveau du bonbon, au sommet de la pile, et l'envoya valser de l'autre côté de la pièce. Le même sort fut réservé à tout ce que je ne désirais plus, considérais inutile avec un peu de réflexion, ou n'avais jamais utilisé et n'utiliserai probablement jamais. Ce fut le cas de la ceinture du tueur de monstre, par exemple. L'engin était génial en soit. Mais je n'avais aucune raison d'utiliser pareille chose. Le miroir magique fut concerné également. Après tout cela faisait bien longtemps que la seule chose qui s'y reflétait n'était plus que ma propre image. Dans un réflexe et j'y jetais un œil avant de me préparer à l'ajouter à la pile à jeter. À cet instant, la clarté de mon reflet se brouilla pour laisser place à une autre silhouette. Une femme, blonde, les traits fins mais dont le regard trahissait la vilénie. Je papillonnai des yeux et me dirigea vers un fauteuil, continuant à fixer l'inconnue qui m'était apparue. « Quillan ! ». Quelques secondes s'écoulèrent avant que le domestique n'arrive. « Attrape-moi le carnet qui décrit tout se qu'il se passe alentours s'il-te-plaît. » demandai-je précipitamment en lui faisant un signe de la main, sans pour autant détacher mon regard du miroir qui venait de s'activer pour la première fois depuis le début de l'Ère. Lorsque je sentis la reliure de cuir sur la pulpe de mes doigts, je détournai enfin mon attention de l'artefact au profit du livre, ouvrant celui-ci à la dernière page. Mes iris parcoururent en vitesse les dernières lignes qui s'y étaient inscrites. "Mulan observe intensément le Miroir Magique qui lui renvoi un nouveau reflet : celui de la Cartomancienne". Je n'allai pas plus loin. « Je reviens. » fis-je en quittant mon fauteuil et les lieux.

Délaissant le miroir sur une commode, je me dirigeai vers la Bibliothèque. Cette personne n'était pas apparue par hasard dans mon miroir. Je devais trouver de qui il pouvait s'agir. Ce qui m'étonnait, c'était que je ne connaissais pas ce visage. Ou si ? Je n'en étais pas certaine. De même que pour ce titre. Il ne m'était pas totalement inconnu. Mais j'étais bien incapable de remettre un nom et j'aurai été incapable de le ressortir avant de le relire dans le carnet. Traversant les allées de connaissances, je lisais silencieusement le titre des ouvrages qui passaient sous mes yeux. J'ignorais si ça avait un rapport avec cela, mais les Magiciens utilisaient des cartes de tarots pour certains de leurs sorts. Il y avait aussi leur jeu de carte magique. Je décidai donc de commencer mes recherches dans cette direction. Pourtant, après plusieurs heures de recherche, j'en vins à une unique conclusion : l'inconnue. J'ignorais toujours qui pouvait être cette Cartomancienne. Je me dirigeai alors vers un autre rayon. Celui des personnes célèbres ou, a minima, s'étant fait un nom, et commençai à remonter le temps pour trouver qui pouvait porter un tel Titre et pour quelle raison. Je ne la trouvai pas dans l'Ere actuelle et je dus vérifier sur plusieurs Ères pour vérifier qu'il s'agissait de la même personne lorsqu'enfin je mis la main dessus. Vulpina Raagus. Une Sorcière. Je fronçai des sourcils. Les choses faisaient de moins en moins sens. Le temps de finir cette lecture, j'envoyai un clone récupérer un livre sur les lignées des Mages Noirs. « R... R... Raagus. » fis-je, un peu plus fébrile, laissant glisser mon regard sur l'index. J'avais l'impression de chasser un trésor dangereux et que je m'en approchais de plus en plus. Ouvrant la page, je fus surprise du peu d'informations qu'il pouvait y avoir sur cette famille. Ce qui prenait le plus de place c'était la confrontation qui existait entre elle et sa branche sœur, les Nadivh. Mon cœur manqua un battement en lisant ce nom. Il ne m'était pas inconnu. Jessica me l'avait donné lorsqu'elle était venue. Je refermai doucement le livre. Il était temps que j'offre une réponse à mon frère, et qu'il m'en offre en retour.

Je passais un long moment assise devant le parchemin, mordillant la plume sans trop savoir quoi y écrire. Je gardais en mémoire le dernier échange que j'eû l'occasion d'avoir avec Nefraïm. Celui qui me rappelât la fragilité de la vie et de nos liens qui nous unissez aux autres, qu'ils puissent être bénéfiques ou non. Cela remontait à quelques années déjà. C'était peu de temps après la prise de la Terre Blanche par les Démons et le Génocide perpétré sur les Anges. Peu de temps après la mort de mon père. Le temps passait si vite, je ne m'en était pas rendu compte avant ce jour. J'exhalai un souffle et me décidai à enfin commencer ma missive. Imbibant la plume de l'encre, je griffais le papier des mots pouvant atteindre et convaincre mon frère d'une rencontre en tête à tête, car je doutais qu'il accepte de quitter les Jardins de Jhēn uniquement pour me voir, quoi que je lui propose de se rencontrer en terrain neutre. De toute façon je ne pouvais pas retourner aux Jardins. Pas encore. Je ne pouvais pas non plus lui demander de venir à Avalon. Ce serai affreusement égoïste. Je relu le message une bonne dizaine de fois avant de m'en détacher, laissant le papier seul sur la table et l'encre sécher pendant que je récupérai un sac et préparai mes affaires. Je me saisis du miroir et jetai un nouveau regard à travers celui-ci. La Cartomancienne. Vulpina Raagus. Nefraïm devait bien avoir une idée de l'identité de cette femme. A défaut il pourrait toujours demander l'information à la famille Nadivh à laquelle elle était liée apparemment. Je rangeai finalement l'artefact avec le reste de mon pacage, puis je reportais mon attention vers la lettre que je pliai et scellai pour l'envoyer à mon frère, espérant qu'il prenne au moins la peine de la lire.

Le sac sur l'épaule, je rejoins l'appartement d'Oriane afin de lui faire part de mon départ et mon absence indéterminée. Toutefois je ne l'y trouvais pas. Rajiv non plus n'était pas présent. Je haussais donc des épaules - je n'allais pas leur courir après non plus - et me contentais à lui laisser un message sur la table contenant les informations nécessaires avant de faire demi-tour pour rejoindre le Cœur Vert. Avec de la chance Yshkar s'y trouverai et je n'aurai pas à faire le voyage. Sinon cela voudrait dire qu'il se trouverai sur le Plateau ou à Boraür. Dans l'un ou l'autre des cas, je pouvais faire une croix sur le gain de temps que m'offrait le Cerfeuil d'Od pour rejoindre l'île. Sympan soit loué, ce ne sera pas le cas. Aussi je m'approchais de l'animal lorsque je le trouvais enfin, lui tendant une main rassurante avant de lui caresser l'encolure.

Sous mes pas, la neige fraîchement tombée s'enfonçait dans de sourds froissements. Une fine buée s'échappait d'entre mes lèvres, s'échappant du col de mon épais manteau et de l'épaisseur de mon écharpe. Le temps de l'arrivée de mon frère, j'étais partie faire un tour au village voisin. La nuit était déjà tombée mais le chemin était bien éclairé par les lampadaires multicolores. De temps à autre un bruissement se faisait entendre à travers les pins. Un Cerfeuil d'Od qui pointait le bout de ses cornes ou quelques gnomes qui se baladaient, cachant leur chapeau rouge aux yeux de tous. Le calme avait déjà envahi les rues enneigés. Toutefois les lumières qui éclairaient les chaumières laissaient filtrer une vie active et pleine de bonheur. Un sourire se dessina sur mon visage tandis que les éclats de rire d'un jeune enfant parvinrent à mes oreilles à travers la vitre givrée de l'une d'entre elle. Ësse'Aellun avait totalement sa place en ces lieux, il fallait l'admettre. L'absence de magie était contraignante, mais l'ambiance que dégageait Boraür était agréable. Je pris une longue bouffée d'air frais. Un frisson glissa sur mon échine et descendit le long de ma colonne vertébrale. Je levais alors les yeux vers le firmament obscure ponctué de myriades d'étoiles étincelantes. Les constellations se dessinaient nettement, formant une cartographie aussi parfaite qu'on les trouvait dans les livres. J'exhalai un souffle et tournai mon regard derrière moi. En direction du château de Nikolas. Depuis le temps il devrait être arrivé, non ? Je me décidais à faire demi-tour pour rejoindre mes appartements et, je l'espérais, mon frère.

Le visage en appui sur le poing, tu fixes le morceau de parchemin d'un œil acéré. Tu ne saurai dire si tu est rassuré de recevoir des nouvelles de Kyra ou si tu est agacé de recevoir un mot de sa part seulement maintenant, qui plus est pour te demander de la trouver. Au moins elle avait eu le bon sens de ne pas te demander de venir à Avalon. Boraür. Tu avais entendu parlé de cet endroit. On disait que c'était un lieu de paix et où les résidents y étaient privés de magie. Oui, c'était le moins qu'on puisse dire, probablement était-ce le meilleur endroit qu'elle ait pu choisir pour une rencontre. Un lieu de non-violence où aucun de vous deux ne pourraient user de votre magie pour assujettir l'autre. « Tu penses qu'il peut s'agir d'un piège ? ». Tu te tournes vers Sora et te redresses sur ton siège. « Non. Ce serait étonnant tout du moins. ». Un silence suis tes paroles. « Tu comptes y aller ? » ajoutes ton Reflet. Nouveau silence. Soupir. Tu poses ton regard sur le message, la mâchoire serré. « Oui. » rétorques-tu franchement et sans une once d'hésitation. « Personne ne l'a mise au courant de mon mariage avec Shiva. Et encore moins de l'existence de cette Sorcière dans les rangs des Nadivh. » ajoutes-tu pour appuyer la raison de ce choix. « Je trouve étonnant qu'elle puisse évoquer la présence de cette dernière alors qu'elle sût se cacher de moi toute ces années. » continues-tu dans une inspiration agacée. Non pas à cause de ta sœur. Mais la simple évocation de la Cartomancienne te faisais te hérisser les poils. Son existence était une erreur et celui qui saurait effacer sa présence de la surface de la terre réaliserai l'une des meilleurs actions qui puissent se faire en ce monde. Sur cette pensée tu te lèves et quittes la pièce. « Je vais préparer mes affaires. Veilles sur Avetis pendant mon absence. » - « Comme chaque fois. ».

L'absence de magie te forces à prendre la voie maritime. Le bateau accostant sur les côtes de l'île, tu laisses un instant ton regard planer sur l'étendue immaculé qui te faisais face tandis que tu poses pied à terre. Alors tu raffermi la prise sur ton sac pour te diriger vers le village le plus proche. Tu te souviens que Kyra a évoqué un château dans sa missive. Les habitants sauront peut-être te guider. Ainsi leur demandes-tu le chemin du castel.

En plus d'être aisément trouvable, la bâtisse était facilement identifiable. Un immense monument qui s'élevait au milieu d'une vaste plaine enneigée, unique vestige de vie. Comme ta sœur te l'indiqua, le lieu était ouvert, tu n'avais qu'à pousser la porte. Ce que tu fis avant d'escalader les escaliers menant au troisième étage. Là où se trouvait les appartements de Kyra, d'après ses dires, ouverts également. Après une seconde d'hésitation, tu tournes la poignée et découvres les lieux. Un cocon chaleureux qui n'aspire qu'à l'apaisement. Toutefois, le silence qui régnait te fis deviner que ta cadette n'était pas présente. Tu poses alors ton bagage et te défait de ton manteau. Tu devais être arrivé en avance. Soit, tu l'attendrai dans ce cas-là. Tu te mis à faire un tour du propriétaire, pour t'occuper en attendant son arrivée que tu espères rapide. Un sourire s'immisce sur tes lèvres en passant devant la bibliothèque chargée de livre en tout genre. Elle n'avait pas changée en cela. Quoi qu'un peu tout de même. Sa passion semblait avoir prit plus d'ampleur encore qu'auparavant. Tu te saisis de l'un d'entre eux et le feuillette. Pas longtemps. Tu te retournes en entendant la porte s'ouvrir et fronce les sourcils comme tu refermes doucement le livre en découvrant la silhouette inconnue. « Nefi ! Je suis contente que tu sois venue ! ». Te lance pourtant l'homme aux longs cheveux roux. Quelque chose n'allait pas dans sa phrase pourtant. Contente ? « Je n'ai pas le souvenir de vous avoir déjà rencontré. ». L'inconnu arrêta sa course à ses mots et décocha une moue agacée. « C'est très amusant et instructif, mais pour les retrouvailles ça n'a strictement rien de pratique. » se mit-il à souffler sous ton œil dubitatif. « C'est moi. Kyra. Légèrement changée c'est vrai mais c'est bien moi. ». Tu n'étais toujours pas assuré. « Jessica t'en a pas parlé ? » ajoute-t-il. Tu te crispe à cette remarque. Bien sûr que non. Bien sûr que jamais elle ne t'évoquerai un quelconque voyage à Avalon. Tu t'étais toujours opposé à ce qu'elle se rende dans cette cité de dépravés malgré sa volonté de retrouver son aînée Déchue. Pourtant, tu savais que, peu importe tes contestations, un jour ou l'autre elle y aurait été. Apparemment ce voyage avait déjà été fait. « Que ne m'a-t-elle pas dit ? » l'interroges-tu tandis que l'inconnu s'installa sur un canapé une fois défait de sa cape. « Qu'elle est venue me voir. » - « Evidemment qu'elle n'a rien dit. A personne elle n'en a parlé. » répètes-tu tes songes à voix haute cette fois-ci cependant. L'homme marque un temps. « Hum. Probablement. » rétorque-t-il enfin avant de continuer « Mais également qu'elle a pût assister au phénomène de Mue Déchu. ». Tu le dévisages, perplexe. Alors il t'expliques en quoi cette "Mue" consiste. Tu te souviens soudain que Sora avait évoqué avoir croisé un homme roux aux cheveux longs ayant dit avoir changé de sexe au cours de l'une de ces fameuses "Mue". Un homme précédemment femme, une Déchue autrefois Ange et Gardienne. « Si ce n'est pas ton enveloppe d'origine, pourquoi la conserver ? » continuas-tu à le questionner. « Parce qu'avec la privation de magie je ne peux pas en changer. Et la Mue m'offre un nouveau corps sans que je n'ai à user de magie. C'est le mien, jusqu'à ma prochaine Mue. En bref, il va falloir que tu me crois sur parole. ». Il marque une nouvelle pause avant de soupirer. « Au pire, ça n'a pas de réelle importance. Pas pour ce dont je voulais te parler. » reprit-il en se relevant comme il se dirige vers une console. Tu le suis des yeux, sans bouger, rangeant seulement le livre où tu l'avais trouvé. Tu le vis alors en sortir deux objets. Un carnet et un miroir que tu avais déjà vu, il y a longtemps, chez Kyra, la fois où tu avais toi-même fait route chez elle pour lui annoncer le décès de votre père. Était-ce vraiment elle alors ? « Montre moi son visage. » dit l'homme-femme en portant son regard sur le miroir avant de le poser sur la table du salon. Enfin il ouvre le livre à la dernière page, semble lire les dernières lignes et te le tend. « Lis cette page et jette un œil au miroir, puis dis-moi ce que tu en penses. ». Tu prends une inspiration, méfiant, et te saisis du carnet afin de suivre ses indications. Alors tu écarquilles des yeux d'incompréhension, délaissant avec brutalité l'ouvrage sur la table pour attraper le miroir. Un souffle se bloque dans ta poitrine en y découvrant la silhouette qui s'y dessinait. « Qu'est-ce que ça veut dire ? » demandes-tu entre colère et espoir. « J'espérais que tu aurais su me le dire en fait. C'était un homme que je voyais avant. J'ai fait quelques recherches pour trouver qui était cette "Cartomancienne". Jessica m'a parlé de ton alliance avec cette famille Magicienne. C'est pour ça que je t'ai demandé de venir. ». Tu ne dis rien, fixant le miroir la mâchoire serrée. « Tout va bien ? » reprit-il, avec inquiétude. Alors tu tournes ton regard vers lui. « Oui. Non. ». Tu soupir et te laisse tomber sur le canapé. « Je ne sais pas. » conclus-tu en jetant le miroir aux côtés du livre. Alors tu fermes les yeux et expire profondément en te massant les tempes. Cet environnement. Ça n'était pas Amestris, clairement. Est-ce que ça valait le coup d'utiliser cette bague en sachant cela ?

Tu prends une longue inspiration et rouvres les yeux. pour fixer en silence l'inconnu qui n'en était peut-être finalement pas un. Puis tu poses une nouvelle fois ton regard sur le miroir et fronces des sourcils en y voyant la silhouette de Shiva. Ce n'était pas elle pourtant. Tu n'avais pas besoin de ce carnet pour le savoir. Shiva n'aimait pas l'alcool. Tu prends le miroir et le retournes contre le plateau de la table pour en cacher l'image reflété. Voir cette Sorcière abuser ainsi de l'enveloppe charnelle de ton épouse te révulsais. « Tu la connais ? » te questionne l'homme qui s'installe à son tour dans un fauteuil. Alors tu pousses un soupir. Non. Tu ignores tout de cette femme car personne n'avait rien voulu te dire sur elle. Tu en sais pourtant suffisamment pour savoir qu'elle ne méritait que de disparaître dans le néant et que c'était une chose que tu ne pouvais malheureusement pas réaliser. « C'est compliqué. » souffles-tu enfin en désespoir de cause. Un sourire compatissant se glisse sur le visage de ton interlocuteur qui rétorque, après quelques secondes de silence « Dans ce cas, commences par le début. C'est ce qu'il me semble être le plus simple. ». Tu le dévisages un instant, méfiant. « Pourquoi devrais-je te raconter cela dis-moi ? Pourquoi devrais-je te raconter si aisément une page de ma vie ? » le questionnes-tu. Avec une moue, il te répond « Pour savoir pour quelles raisons cette personne a fini par apparaître, après toute ces années de dysfonctionnement, sur mon miroir. J'ignore de qui il s'agit. Pour moi c'est un visage parmi tant d'autres, ce qui me paraît étrange. Sauf qu'il est lié à toi. Mais j'ignore de quelles manières. ». Il se tut, néanmoins tu ne réponds toujours pas, lui extorquant un soupir agacé. « Écoute, crois-tu sincèrement que je t'aurai fais venir ici si je cherchais le conflit ? C'est à Grimmrock que je t'aurai demandé de me rejoindre dans ce cas-là, là j'aurai été certaine de te mener à ta perte. ». Il expira à nouveau. « Si je t'ai demandé de me trouver ici, à Boraür, c'est justement parce que c'est une terre neutre et pacifique. Où même les velléités sont apaisées et les êtres maléfiques perdent leur besoin d'annihilation ». Une longue minute de flottement suivi ses paroles. Alors seulement tu pris la parole. « Soit. » fis-tu en balayant l'air de la main. « Tu as fais des recherches tu as dis ? Qu'as-tu trouvé ? » l'interrogeas-tu avant de te lancer dans quelques explications. « Pas grand choses en vérité. Seulement son nom, qu'il s'agit d'une Sorcière et qu'elle est liée à la famille Nadivh. » te répond-il avec un soupir. Rien de neuf sur ce que tu avais toi-même appris donc. Tu pousses un soupir, dépité. « Il y a quelques temps, j'ai épousé Shiva Nadivh, une Magicienne descendante de la lignée Nadivh donc. Shiva a eu deux fausses couches inexpliquées. ». Un détail anodin dit ainsi. Il avait pourtant sa part d'importance dans ton cœur maintenant que tu avais connaissance de l'origine de la mort de ces deux fœtus. « Un jour elle m'annonce qu'elle est enceinte. ». Encore un détail, qui est pourtant la source de nombres de tes cauchemars. « Ce jour-là, j'eus l'occasion de découvrir qu'une âme parasite le corps de celle que j'aime. Une âme corrompue par le Mal. Ce jour-là, j'ai perdu mon troisième enfant et ma femme. ». Un silence pesant s'installa dans la pièce chaleureuse comme tes mots tombèrent à la manière d'un couperet. « Perdu ? Comment ça ? » articule enfin ton vis-à-vis après ce qu'il semblât être une éternité. Tu ne lui réponds cependant pas. « La personne que tu vois dans ce miroir. Il s'agit de Shiva, parasitée par cette Sorcière. » dis-tu à la place. L'homme pose son regard sur le miroir retourné. « Je suis désolée. Ça a dû être douloureux de la perdre. » - « Ce qui le serait plus encore c'est qu'elle disparaisse totalement. » rétorques-tu en te passant les mains sur le visage. « Qu'elle disparaisse ? Qu'est-ce que tu veux dire par là ? » t'interroges le Déchu, surprit. « Tu n'as pas dit que... » - « C'est compliqué, je te l'ai dis, non ? » répliques-tu, agacé. Tu laisses finalement fuir un soupir avant de lever le regard vers l'inconnu. « Si cette Sorcière est capable de prendre en otage son corps, Shiva est toujours présente. J'ignore cependant où elles se trouvent et comment la sauver de l'emprise de cette femme. ». Un silence suit ta remarque. Ce fut ton vis-à-vis qui le rompu le premier. « Tu es certain qu'elle bataille son corps avec la Cartomancienne ? Ce n'est pas plutôt un vain espoir de la retrouver ? ». Tu fixes avec colère l'homme face à toi. « C'est une certitude. ». A raison d'une utilisation par jour du Conte du Sapin, tu avais pu voir qu'elle était toujours présente. Peu, certes, mais toujours là. « Garde-le. Je n'en ai aucune utilité. C'est une inconnue. Une Sorcière malsaine qui n'a fait que faire souffrir mon frère. Mais une inconnue malgré tout. Tu sauras en faire un meilleur usage. » fit le roux en ramassant le carnet, pour le ranger dans la console où il l'avait trouvé. « Reste un peu ici. C'est toujours apaisant, surtout lorsque l'on a tendance à broyer du noir. Boraür aura toujours les portes ouvertes pour toi ou n'importe qui d'autres de la famille. » conclut-il en te fixant avec tendresse. Les lubies de Kyra avaient atteint des sommets décidément.