Elle la tenait fermement par le bras gauche. A droite, Toki l’entourait de ses griffes, regardant l’insolente avec cruauté. Le Reflet avait gardé un œil au beurre noir de leur précédente altercation. L’Ygdraë était fine et plate comme une planche mais elle avait de la force et de la volonté. La petite, en pleurs, était toujours aussi paralysée par ce qu’il se passait, se laissant écarteler par les deux femmes. De l’autre côté, sur le mur d’en face, Kitoe préparait de nouvelles chaines. Elle en avait assez de voir cette idiote garder son enfant contre elle comme le doudou qu’elle-même tenait. Elle ne pouvait rien faire avec un paquet emmêlé. Et puis, ce n’était pas drôle, tout simplement. Il fallait montrer à cette femme qu’elle n’avait aucun pouvoir. User de l’un d’entre eux entrainerait forcément une réponse de sa part. La Démone avait beaucoup d’alternatives pour mettre fin à ses caprices. Beaucoup plus que ce que la mère pouvait imaginer.
-Fais un effort Toki.
Le fait est que Toki était au maximum de ses capacités. Sa faiblesse l’énervait. Elle lui prouvait sans arrêt qu’elle était loin d’être à la hauteur de son modèle. C’était humiliant, malgré tous les efforts qu’elle développait pour parvenir à sa hauteur. Kitoe termina son travail et dans un soupir exaspéré, vint arracher Koridwenn des mains de sa mère. Les deux Elfes poussèrent un cri, puis soudain, le sol se fissura pour laisser des tiges, invoquées par Fann, s’en échapper. La Démone prit le contrôle des flammes d’une torche murale pour y foutre le feu. Cela la brûla un peu, ainsi que l’enfant. Ça ne faisait rien. Elle éteignit.
-Lâchez-la !
-Toki, fous-lui une bonne grosse torgnole, tu veux bien ?
Ce fut fait. Cela ne tut Fann que quelques secondes, après quoi elle reprit ses protestations. Le Reflet ne frappait pas assez fort.
-Putain, c’est pas possible d’être aussi chiante !
Kitoe était patiente mais elle avait ses limites. Elle ne voulait pas avoir mal à la tête à cause de cette conne. Une fois qu’elle eut attaché les poignets de Koridwenn, elle dégaina son couteau et revînt près de Fann. Pressant ses joues avec son pouce et son index, elle la força à ouvrir la bouche. Toki vint l’aider.
-Tire la langue, tu me faciliteras le travail.
Elle enfonça sa main dans sa bouche et tira le muscle visqueux, enfonçant ses ongles dedans pour le maintenir. Fann hurla. Elle bavait, tentait de mordre alors qu’on lui découpait la langue. Son propre sang coulait dans sa gorge. Pour finir, Kitoe arracha les derniers tissus liés et brandit la langue avec un air victorieux.
-Et voilà !
Elle lécha le sang dégoulinant sur sa main. Par terre, Fann bavait une salive rouge et abondante, incapable de cracher correctement. Elle pleurait toutes les larmes de son corps. Elle n’était pas la mère de sa fille pour rien. Pitoyable.
-Tu peux partir pour la chasse, Toki. Je m’occupe d’elles.
-Je veux que tu me laisses les prochains. Répliqua la copie en croisant les bras.
-Ramène m’en un beau.
Ça serait la condition pour qu’elle la laisse torturer le suivant. Autrement, elle devrait travailler la marchandise pour l’améliorer. Toki acquiesça. Une fois que la porte de la cave fut claquée, Kitoe fit le tour de la pièce, observant ses proies comme un chat avec ses souris. Même si elles méritaient un petit régime de son acabit, elle n’avait pas l’intention de les engraisser. Aujourd’hui, la Démone était d’humeur joueuse.
-Hmmmm… par qui vais-je commencer ? … Par toi ? Elle désigna la mère. Elles se défièrent du regard. Ou bien par toi ?
Elle se tourna vers la fille et passa son couteau sous sa gorge. Aussitôt, Fann s’exclama. De nouvelles plantes s’échappèrent du sol, lui retirant l’arme des mains et lui liant les poignets. La Vile usa encore une fois des flammes pour se libérer. Elle alla asséner un coup de pied dans la tête de la mère, qui tomba au sol. Elle la prit par les cheveux.
-Si tu crois encore avoir une emprise sur ton destin, détrompe-toi. Tu aurais dû te tenir tranquille pour vous assurer une mort douce plutôt que de te foutre dans mes pattes. Elle attrapa une longue aiguille sur sa table de dissection. C’est la première fois que je vais faire ça alors avec un peu de chance pour toi, je vais me louper. Dans l’autre cas, prépare-toi à la plus atroce des souffrances.
Elle planta méthodiquement l’aiguille dans son cou, faisant fi des gémissements de sa victime, jusqu’à l’entente d’un craquement désagréable. En la retirant, elle reposa la tête de l’Ygdraë et la tourna en direction de sa fille. Couteau en main, Kitoe se redirigea vers Koridwenn. Fann regardait, impuissante. Elle ne ressentait plus rien. La Démone avait réussi. Elle avait détruit les nerfs qui connectaient son cerveau à ses membres. Il ne lui restait plus que ses yeux pour voir ce que ce monstre était sur le point de faire subir à sa fille. Sa mort serait lente.
-Je vais lui faire mal. Je vais lui faire bouffer chacun de tes membres jusqu’à ce qu’il ne reste plus que tes organes vitaux. Puis sûrement qu’une fois tout cela fait, son cerveau me servira à faire de la garniture pour des macarons. Je t’en ferai goûter si tu veux.
Un besoin vif de défigurer l’enfant lui vint. Koridwenn hurla. Le visage de Fann était trempé par les larmes. Sa respiration était incontrôlable. C’était insupportable, d’autant plus qu’elle savait que ce n’était que le début.
