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 [Q] Les épines du Lotus.

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Jeu 20 Aoû 2020, 22:12




Les épines du Lotus


Intrigue : Bellone va être reçue par la mère de Jämiel. Un entrevu stressant qui lui fera prendre conscience de la difficulté de sa nouvelle vie.

Bellone s’arrêta devant la porte close du petit salon où elle était attendue. Son cœur tambourinait dans sa poitrine, devenant presque assourdissant dans le silence de la demeure Arcesi. De l’autre côté de la porte se tenait Ailill. La mère de Jämiel. L’Orine avait eu l’occasion de la rencontrer le soir où elle s’était unie au Sarethi. La brune en retenait une image impressionnante : il s’agissait pour elle d’une Noble Dame, aux manières exquises et au charme envoutant. En la voyant pour la première fois, la jeune femme n’avait pu s’empêcher de vouloir devenir aussi belle et aussi distinguée qu’elle, un jour. Elle regrettait de ne pas pouvoir se targuer de l’être déjà : même si son éducation avait été rigoureuse, elle se sentait l’âme d’une sotte aux côtés de l’Alfar. Les rencontres suivantes, durant les quelques jours où elles avaient pu se côtoyer lors des repas, n’avaient fait qu’accroitre ce sentiment d’infériorité. Ailill était une femme exigeante, autant avec elle-même qu’avec ses enfants. Elle ne s’était jamais adressée à Bellone directement pour lui reprocher ses manières mais la concernée se doutait que ce jour arriverait. Le voilà. Le moment fatidique était finalement arrivé : après que son fils et le reste de la fratrie furent partis pour l’école, la mère avait fait porter une missive dans la chambre de l’étrangère. La lettre l’invitait à se rendre, à dix heures du matin, dans le petit salon pour une petite discussion entre femmes. La mise en scène n’avait fait qu’angoisser davantage l’invité : il y avait là quelque chose de très officiel, comme si l’elfe noire s’apprêtait à lui annoncer son renvoi. « Merci pour vos bons services mais nous nous passerons désormais de vous. Vous pouvez partir. Au revoir. » Heureusement, le lien ne fonctionnait pas de la sorte : rien ne pourrait jamais le briser, à part la volonté du Mars. Pourtant, Bellone ne pouvait s’empêcher d'imaginer des scénarios catastrophiques où on la congédiait. Où on l’expulsait de la cité. Pire : où son souverain faisait le chemin pour briser cette union qui n’aurait jamais dû voir le jour. La brune ferma les yeux et inspira profondément. « Mais non. Arrête de te faire des histoires. Et puis, si jamais c’est vraiment ça, je ne me laisserai pas faire. Je ne quitterai jamais plus Jämiel ! » Ces dernières pensées résonnèrent comme un cri de guerre dans sa tête.

L’invitée jeta un dernier coup d’œil à sa tenue. Pour l’occasion, elle avait revêtu l’un de ses plus beaux kimonos. La fabrique, en soie, rendait le vêtement fluide et autant agréable à porter qu’à observer. Il était d’un bleu nuit profond. En bas, un motif de serpent donnait une touche de couleur irisée qui rappelait son obi. Les manches se terminaient également avec cet animal. Bellone adorait cette tenue : c’était sans doute sa préférée. Elle avait longuement réfléchi quant à comment s’habiller pour l’occasion et avait opté pour ce choix. Elle avait également soigneusement brossé ses cheveux et y avait glissé une petite barrette enchantée où éclorait une rose violet foncé, en même temps que la journée s’écoulait. La brune fut prise d’un doute. Aurait-elle mieux fait de se maquiller davantage ? Pas du tout ? Sa tenue faisait-elle trop Orine ? Trop de questions sur son apparence avaient rendu la jeune femme peu sûre d’elle. Il était cependant trop tard pour regretter ses choix, désormais. Bellone vérifia une dernière fois l’horloge. Elle était arrivée avec cinq minutes d’avances. Son heure d’arrivée lui avait également posé beaucoup de soucis. À Maëlith, sa mère lui répétait sans cesse qu’arriver à l’heure, c’était déjà être en retard. Bellone avait donc initialement décidé de se présenter à Ailill avec vingt minutes d’avance. Mais un sérieux doute l’avait alors prise : et si la femme était occupée à autre chose ? Ce serait impoli de la déranger alors qu’elle ne requérait sa présence que plus tard. L’intruse ne voulait surtout pas l'importuner dans ses activités. Après de longues minutes de questionnement interne, la musicienne avait finalement tranché en décidant d’arriver avec seulement cinq minutes d’avance. Bellone prit son courage à deux mains et tapa enfin quelques coups discrets à la porte.

De l’autre côté du battant, la voix mélodieuse de la mère de famille lui répondit. « Entrez. » l’invita-t-elle. L’Orine s’exécuta. L’odeur des solvants lui prit au nez. C’était un parfum entêtant mais qui lui était familière : cela lui rappela sa cité natale, lorsqu'elle entrait dans l’antre d’une peintre. « Bonjour. » salua timidement la jeune fille avant de refermer la porte derrière elle. Ailill se tenait à l’autre bout de la pièce, près de l’une des fenêtres – sans doute essayait-elle de capter un maximum de luminosité pour voir son travail. La tête légèrement penchée sur le côté, l’artiste donna quelques coups de pinceaux supplémentaires avant de poser son attirail. Elle s’empara d’un torchon pour essuyer la peinture à l’huile qui s’était retrouvée sur ses mains. « Bonjour, petit colibri. » L’Alfaar se retourna, un subtil sourire sur les lèvres. Sa beauté coupa à nouveau le souffle de la plus jeune, qui ne put s’empêcher de baisser le regard. « Pile à l’heure. Comment vas-tu ? » « Je vais bien, merci Madame. » Bellone se pinça discrètement l’arrière de la cuisse pour se donner du courage. Elle releva les yeux. « Et vous ? » La mère fit une moue qui, sur son visage, était tout aussi exquise qu’un sourire. « Je n’arrive pas à arriver à un résultat satisfaisant avec ce tableau : la scène n’est pas assez vivante. » dit-elle d’un ton déçu. « En tant qu’Orine, tu as déjà dû voir des toiles bien plus sublimes… Aurais-tu quelques conseils à me donner pour m’améliorer ? » Bellone écarquilla légèrement les yeux. Elle n’avait jamais été douée dans cet Art. Son domaine à elle était celui de la musique, aucun autre. La boule au ventre, elle céda néanmoins à la demande – il aurait été très impoli de refuser – et elle s’approcha du tableau pour pouvoir mieux l’observer. La scène représentait un être sylvestre se faisant happer par des ronces meurtrières, tandis que le protagoniste essayait de se saisir d’une Amarante. « C’est… Magnifique… » souffla la musicienne. Le commentaire avait été sincère, spontané. Contrairement à ce qu’avait prétendu la peintre, la scène était très vivace aux yeux crédules de la néophyte. Sa remarque arracha un rire à l’artiste. « La flatterie est une arme redoutable, lorsqu’elle est utilisée avec subtilité très chère. » Bellone sentit le rouge lui monter aux joues. Elle n’avait pas essayé de la flatter : elle trouvait simplement la toile époustouflante et n’avait pas la moindre piste de conseil à donner à cette femme qui savait de toute évidence ce qu’elle faisait avec un pinceau.

« Trêve de bavardages : je ne t’ai pas fait venir ici pour ce genre de discussion futile. Assieds-toi, je t’en prie. » invita la maîtresse de maison d’un signe de la main. L’adolescente s’exécuta sans se faire prier – elle sentait ses jambes trembler sous elle à cause de l’angoisse. Une fois installées, un silence s’immisça entre les deux femmes. La plus mûre scrutait la seconde, d’un air indéfinissable. Incapable de deviner ce que l’on pensait d’elle, Bellone sentit à nouveau son palpitant s’emporter. Son sang sembla affluer dans ses jambes : une façon de lui signifier qu’elle préférait fuir plutôt que de rester ainsi sous le regard de cette femme. Pourtant, elle n’esquissa pas le moindre geste, se contentant de penser à respirer, les mains sur les genoux, un sourire crispé accroché sur le visage. « Du thé ? » demanda soudainement Ailill. Décontenancée, la brune laissa la surprise traverser ses traits. « Euh… Oui, s’il vous plait… » Un service apparut. Un doux fumet s’échappait de la théière. A la fixité de la Dame, Bellone comprit que c’était à elle que revenait la tâche de servir le thé. Sans doute une épreuve supplémentaire qu’elle devrait passer sous l’examinassions de la peintre. La gorge nouée, l’Orine remplit les deux tasses et parvint par miracle à ne pas en mettre de partout – si l’on omettait une goutte qui avait perlé sur sa propre soucoupe. Une fois sa tâche accomplie, elle s’empara avec empressement de sa tasse et commença à boire : le goût sucré l’apaisa légèrement.

« Que sais-tu faire, Bellone ? » demanda l’Alfaar. Elle n’avait toujours pas ramassé sa boisson. « Je vous demande pardon ? » « Vous êtes une Orine. Vous possédez donc un talent dans un domaine, quel qu’il soit. Vous n’êtes de toute évidence pas douée en peinture ni l’art de servir le thé. » Ses yeux acérés glissèrent sur la petite assiette que tenait Bellone. « Vous ne brillez pas davantage par votre éloquence et j’ai du mal à vous imaginer subjuguer les foules en vous dandinant dans l’une de vos… robes. Alors. Quel est donc votre talent ? » « Je… Euh… Hum. » bafouilla l’adolescente en reposant sa tasse. Sa gorge était nouée, et elle devait se retenir pour ne pas exploser en larmes disgracieuses qui n’auraient fait que lui attirer les foudres de son examinatrice. « Jämiel m’a dit que vous vous débrouilliez bien avec un instrument. » Un élan souleva son cœur : il était autant dû au fait d’entendre le nom de son Maître qu’à la gratitude qui l’inondait à son encontre pour avoir prononcé des paroles pour la soutenir. « Oui… J’ai surtout étudié la musique à Maëlith. » expliqua-t-elle d’une voix plus fébrile qu’elle ne l’aurait souhaité. « Dans ce cas, jouez-moi un petit air de piano. » Bellone eut l’impression d’avoir avalé une brique : un poids venait de lui tomber dans l’estomac. Sa respiration vacilla et elle eut besoin de toute sa concentration et ce qu’il lui restait de dignité pour oser annoncer : « C’est que… Je suis plus douée avec une flûte… » Cette réponse déplu à la matriarche : une légère ride de contrariété venait de déformer son front lisse. Elle croisa les jambes devant elle.


« Que vais-je donc faire de vous… » soupira l’artiste d’un air excédé en s’emparant enfin de son thé. Lorsqu’elle releva son regard sur la demoiselle en face d’elle, son regard était plus froid qu’un hiver en terre magicienne. « Comprenez bien une chose : je ne tolérerai pas que l’un de mes enfants soit rattaché à une potiche incapable de se tenir correctement. Une bonne à rien en plus d'être une étrangère. » Bellone se mordit la lèvre à pleine dents pour ne pas craquer sous la pression. « Je pensais que toutes les Orines étaient des êtres gracieux et parfaitement éduqués. Je me trompais. Vous êtes un fruit qui n’a pas assez mûris. Or, ce n’est pas à Drosera que vous pourrez prendre le soleil pour vous épanouir. Notre cité est cruelle. Bien plus que ce que vous semblez apte à encaisser. » Ailill marqua une pause. Sans doute était-ce sa façon à elle de soupirer d’exaspération devant le spectacle que lui offrait cette pauvre fillette en face d’elle. « Il est trop tard pour vous retirer des nôtres. Nous allons devoir faire avec vous. Mais il est impensable de continuer avec quelqu’un d’aussi peu raffiné. » A ce stade, Bellone avait la nausée. « Vous étudierez. Durement. Vous n’êtes pas diplômée n’est-ce pas ? Alors vous intégrerez une université lors de la prochaine vague de recrutements. D’ici là, j’attends de vous que vous ayez acquis des manières correctes, qui nous permettraient de vous sortir sans avoir honte. » L’Alfaar passa une main dans ses cheveux. « Vos frais scolaires seront assurés par ma famille. Mais rappelez-vous d’une chose, mon colibri : ici, rien n’est gratuit, et vous payerez cher de vos erreurs. » Silence. Il s’éternisa, un peu trop longtemps. Ailill esquissa un sourire ravissant, comme si elle avait discouru d’un sujet tout à fait banal. « Vous pouvez disposer. »

A peine la porte refermée derrière elle, Bellone se mit à courir pour regagner sa chambre. Là, elle explosa enfin en sanglots.

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Dim 23 Aoû 2020, 14:58




Les épines du Lotus


Bellone restait immobile, allongée sur son lit, les yeux perdus sur le plafond. Elle était épuisée. Elle avait oublié combien pleurer pouvait se révéler éreintant. Les paroles acerbes d’Ailill tournoyaient encore dans son esprit tandis qu’elle somnolait sans parvenir à rejoindre les bras d’Harabella – ou, plus probablement, à se perdre entre les griffes d’Elzédor. Avec un soupire, la jeune fille se força à se redresser. Elle devait se préparer : c’était aujourd’hui que Sun-Hi et leur gardien quittaient Drosera. Ils étaient restés quelques jours dans la cité comme ils l’avaient initialement prévus : le mercenaire avait payé une chambre pour le temps de la rencontre avec le maître désigné pour Bellone, ainsi que quelques jours supplémentaires pour se reposer et regarnir leurs vivres pour le long voyage qui les attendait ensuite – c’était au tour de la danseuse de rencontrer son futur maître. La décision de Bellone avait légèrement mis à mal leur plan, mais leur séjour n’en était pas moins resté agréable aux dires de la plus mâture des deux Orines : le premier Plateau restait très plaisant à visiter. Son accompagnateur tenait cependant un discours légèrement différent : il était un étranger et lui n’avait aucune valeur aux yeux du peuple Alfaar ; il avait subi de plein fouet le racisme ambiant de ses membres. Bellone avait passé ces derniers jours avec eux et, maintenant qu’ils s’apprêtaient à partir pour de bon, la brune voulait absolument leur dire au revoir – d’autant plus maintenant que ce prétexte pouvait l’éloigner de la maîtresse de maison.

Avec des gestes mécaniques, la musicienne entreprit de se refaire une beauté. C’était un bien grand mot : son visage expressif laissait transparaître son humeur maussade et piteuse. Ses yeux étaient encore rougis et gonflés. Son nez avait également subi une vilaine coloration et elle dû s’arrêter à deux reprises pour souffler dans un mouchoir.

Préoccupée, Bellone repensait aux paroles dures qu’avait prononcé Ailill. Elle n’était pas assez bien pour son fils. C’était douloureux à entendre : son cœur se déchirait à chaque fois que cette conclusion s’imposait à son esprit tourmenté. Les rudes commentaires étaient humiliants : même si elle n’était pas parfaite, son éducation lui assurait de ne pas ressembler à une pouilleuse pour autant. Pourtant… L’Alfaar avait-elle tort ? Pas vraiment. En voyant le nom de cet elfe noir à qui on l’avait réservé, la Hanatsu d’alors avait compris que sa vie prendrait un tournant compliqué si cet homme répondait correctement à cette énigme : elle avait entendu parler de l’élitisme de cette race intransigeante. Elle ne s’était simplement pas doutée de la quantité d’efforts à fournir pour atteindre les standards de la nouvelle société à laquelle elle devait s’intégrer. A partir de maintenant, elle devrait se montrer irréprochable. Comme l’avait sous-entendu la peintre, elle ne devait surtout pas devenir un poids mort pour son Maître. Au contraire. Son devoir était de le porter vers ses rêves, vers ses désirs. De l’aider à atteindre les sommets. Dans cet univers où le moindre faux pas pouvait vous faire chuter plus bas que terre, le plus petit des impairs était impardonnable. Cette mise en garde, bien que peu agréable, n’était en réalité que dans l’intérêt de Jämiel. C’était tout ce qui comptait. Elle-même passait après le bien être du Sarethi.

Bellone ne devait pas se concentrer sur ces remarques déplaisantes. Elle devait plutôt réfléchir à moyen de ne plus être la cible de ces reproches. Elle devrait travailler dur pour développer son talent de musicienne. Elle se débrouillait avec une flute et quelques autres instruments à vent, mais elle devait devenir une véritable virtuose, captiver son auditoire dès qu’elle jouerait la moindre note. Elle devrait étendre ses connaissances à d’autres instruments également. Le piano semblait être un indispensable, visiblement. Elle devrait penser à apprendre quelques morceaux. Il lui faudrait travailler son aisance à l’oral, veiller à ses manières, étudier dans une université prestigieuse… Et étudier quoi, exactement ? Elle n’en avait pas la moindre idée. Drosera regorgeait d’établissements prestigieux – mais elle devrait faire ses preuves pour pouvoir prétendre à intégrer l’une de ces académies. A la pensée de tout ce qu’il lui restait à accomplir, Bellone sentit ses épaules s’affaisser : la ligne d’arrivée semblait encore loin – en imaginant qu’elle soit un jour atteignable : il y aurait toujours de nouvelles choses à améliorer, un Alfaar ne se satisfaisait jamais de ce qu’il avait, il cherchait toujours à aller plus loin, et c’est donc cet idéal que devrait adopter la jeune Orine.

Bellone soupira. Il était temps qu’elle aille à la rencontre de ses anciens compagnons de voyage.



« Mmh… Tu as une mine épouvantable, Bellone. » la salua Sun-Hi avec un léger froncement de sourcils. « Ah… Désolée… » répondit vaguement la concernée. « Ce n’est pas notre départ qui t’a mise dans un tel état, n’est-ce pas ? » s’inquiéta la danseuse avec une mine horrifiée. La remarque arracha un léger rire à la musicienne. « Non, pas d’inquiétude. Je suis un peu triste c’est vrai, mais je sais que ton devoir t’oblige à partir. » La plus sage pencha légèrement la tête sur le côté. « Alors… Qu’est ce qui te tracasse ? » Bellone hésita une seconde à se confier. Elle n’était pas très à l’aise à l’idée de se plaindre auprès de son ainée : maintenant qu’elle était enfin liée, il aurait été mal venu de s’apitoyer sur les efforts qu’elle devait fournir. Surtout auprès d’une consœur qui n’avait pas encore connu la chance de se Lier. « Non ce… Ce n’est rien, vraiment. » Sun-Hi secoua légèrement la tête : ses cheveux déversèrent une légère odeur d’amande autour d’elle. Délicatement, elle entraîna sa camarade à part tandis que leur gardien préparait la charrette avec laquelle ils allaient partir. « Bellone, ce n’est pas bon pour toi de garder des choses sur le cœur : ton Maître le sentira, et il risque d’être impacté par ton trouble. S’il y a le moindre souci, tu dois être capable de le résoudre avant que Jämiel s’en aperçoive. » Sans s’en rendre compte, Sun-Hi venait d’ajouter un tracas supplémentaire sur les épaules de la Sœrei. Cette dernière n’avait pas songé un seul instant que son humeur pourrait altérer celle de son Maître. Réalisant ceci, Bellone plaqua sa main contre sa bouche. « Oh non… » murmura-t-elle. Sun-Hi se fendit d’un sourire compatissant. « Alors ? Qu’est ce qui te taraude l’esprit ? Je pourrai peut-être t’aider à résoudre tes soucis. » Bellone soupira. « J’ai eu une discussion avec la mère de Jämiel ce matin… Elle m’a fait remarquer que je n’étais pas assez… Assez bien pour son fils. Elle m’a traité de potiche et de bonne à rien. » admis la brunette en croisant les bras sur sa poitrine. « Elle m’a fait comprendre que je devrais entrer à l’université mais… Je n’ai pas la moindre idée de ce que je désire faire, ou de ce que je devrais faire pour aider Jämiel. » « Peut-être que le plus simple sera d’aller lui demander directement ce qu’il veut que tu fasses. Et en ce qui concerne ce que toi tu veux étudier… Pourquoi pas l’Architecture ? » proposa la danseuse. « Tu m’as confié aimer ce sujet. Ce n’est pas un mauvais métier : les bons architectes sont toujours demandés. Surtout dans ce genre de cité : l’espace et l’aménagement sera une question de taille dans le futur, si ce n’est pas déjà le cas. » Bellone fronça les sourcils. Il était vrai que ces derniers temps, elle s’y était beaucoup intéressée – surtout depuis son voyage à Avalon, mais leur voyage à travers le monde lui avait fait comprendre à quel point ce sujet était vaste et fascinant. « En tout cas, ne te laisse pas marcher sur les pieds, même pas par cette femme. Et n’oublie pas, ton meilleur allier restera toujours Jämiel. Si tu es prise d’un doute, n’hésites pas à te tourner vers lui et ses désirs. » Sun-Hi posa ses mains sur ses hanches, prenant un air faussement supérieur. « Et puis, je suis là aussi. En tant qu’aînée, j’ai de nombreux conseils à te donner. » plaisanta-t-elle, arrachant un rire à la tourmentée. « Voilà… J’aime mieux te voir comme ça. » La plus grande ébouriffa les cheveux de l’autre. Elles se donnèrent une étreinte.



Bellone entra dans la librairie. Elle avait retrouvé un peu plus d’entrain grâce à sa camarade. Sun-Hi avait raison : elle ne devait pas se laisser abattre, et surtout, elle n’était pas seule. Revigorée par sa discussion, l’Orine avait décidé de se renseigner sur les universités, la société Alfaar et leur langue : elle possédait quelques notions dans les deux derniers domaines, mais celles-ci restaient bien trop maigre pour la satisfaire – ou plutôt, satisfaire l’Arcesi. Curieuse, la brune se perdit dans les étagères de la boutique. « Une étrangère. » s’extasia une voix masculine, dans son dos. Bellone se retourna : il s’agissait du libraire – elle l’avait aperçu au comptoir en entrant. « Laissez-moi deviner : vous êtes l’une de ces Orines qui sont arrivées il y a quelques jours, n’est-ce pas ? » demanda l’homme en s’approchant lentement. Sa démarche était féline, gracieuse ; il dégageait quelque chose de magnétique qui empêchait la Sœrei de détacher son regard de sa silhouette. Pourtant, il la mettait également mal à l’aise : même s’il s’y prenait discrètement, Bellone avait remarqué qu’il lui coupait désormais toute retraite. Elle se sentait comme un lapin pris au piège dans un terrier. « Comment… » « Les nouvelles vont vite, ici. En particulier celles qui annoncent l’échec d’un adversaire… Ou la venue d’un groupe d’étranger. » La demoiselle sentit sa gorge se nouer. La pause que l’Alfaar avait laissé trainer en parlant de ses adversaires lui laissait sous-entendre que l’on savait déjà qu’elle ne s’était pas liée au Maître qu’on lui avait désigné. « Mmh… Ma pauvre, vous avez l’air bien perdue… C’est vrai que le monde d’où vous venez est bien différent de celui dans lequel vous vous retrouvez désormais propulsée. Vous aurez besoin de conseils pour réussir à vous en sortir en un seul morceau. » Un sourire carnassier de la part du libraire apeura légèrement la brune. « Passons un marché : je vous fournirai toutes les réponses et les conseils dont vous aurez besoin et… En échange, j’aurai besoin de vos services pour récolter quelques informations… » L’inconnu était très proche de sa cliente, à présent – il avait coincé la jeune fille contre le mur, lui barrant toute retraite de ses bras qu’il avait allongé pour toucher les étagères de chaque côté du couloir. Bellone fronça les sourcils. « Des informations… Sur mon Maître. » « Mmh, lui ou sa famille, je ne suis pas compliqué. Laissez traîner vos petites oreilles pour moi, et je vous assure que vous deviendrez une femme convoitée. » Bellone sentit ses jambes trembler sous elle. Le visage de l’Alfaar était aussi hypnotique que mesquin. Elle dû rassembler tout son courage pour réussir à articuler. « Merci, mais je me passerai de vos services. »
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