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 [Coupe des Nations Alfar] - La fleur au fond des bois

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Jämiel Arcesi
~ Alfar ~ Niveau II ~

~ Alfar ~ Niveau II ~
◈ Parchemins usagés : 760
◈ YinYanisé(e) le : 01/03/2019
◈ Activité : Étudiant à plein temps ; Luthier en parallèle
Jämiel Arcesi
Mer 01 Juil 2020, 19:14

La fleur au fond des bois


Crédit: Enchanted forest by Tomas Honz

Hidden Citizens – The Fog

Le regard du Tedalen parcouru rapidement les informations préliminaires qui leurs avaient été transmises sur les différents participants. Son regard s'attarda sur le nom de certains concurrents. L'un pour la disparition, suivie de la réapparition, aussi soudaine qu’inexpliquée du peuple qu'il représentait. S'ils avaient pu se cantonner à uniquement disparaître, le monde ne s'en serai pas mal porté à ne plus subir les états d'âme de ces sauvages. L'autre, pour l'identité de son Souverain. Lorsque l'Uravasa leur avait apprit son ascendance, il devait bien admettre qu'une idée avait commencé à germer dans les tréfonds de son esprit. Mais chaque chose en son temps. Car un dernier rappelait un changement que les enfants de Dothasi accepteraient, il le savait, avec difficulté. Les murmures que son Roi avait propagé au cœur de la Majestueuse, alors qu'il ne portait encore que le titre de Prince, en avaient été la preuve. Tant que ce ne sont que des murmures et non des cris. Toutefois, il n'est jamais bon de propager la discorde dans un peuple uni uniquement lorsque ça l'arrangeait, y compris dans les liens familiaux. D'autant que cette Coupe des Nations avait des chances d'être elle-même contestée. Mais il ne pouvait nier être satisfait de la façon dont les choses se soient déroulés. Ce serait une expérience intéressante que de voir ce qu'il se passerait si Drosera exposait ses pétales vénéneuses au monde. Exceptionnellement, les pontons chez les Magiciens étaient ouverts à tous et sans restrictions. Des membres de la Faction des Épines se relayaient également pour offrir un passage sécurisé pour ceux arrivant par les terres. Il se demandait à quel point le monde extérieur serait curieux de profiter de cette occasion, bien qu'il semblait évident que le peuple des ronces n'accepte que difficilement cette décision. Un rictus marqua son visage tandis que, d'un geste leste, un par un, le Lliryn jeta les feuillets au feu. Il avait encore un peu de temps. L'annonce de l'épreuve ne se ferait qu'en début d'après-midi.

Lorsque le soleil rejoint le zénith, Cíen rejoint Enedhgardh. Il aurait pu laisser un Senthandas se charger de cette tâche, mais il était curieux. Comment la population se comportait face au choix qui fût le leur ? Quelle était la proportion d'étrangers ? Il voulait savoir cela par lui-même. Ce n'était que le début d'un avenir qui, il l'espérait, arriverait un jour. Un sentiment profond lui disait que leur peuple avait besoin de changements. Qui plus est, cela faisait toujours du bien de se souvenir d'où l'on venait tout en rappelant à ces Alfars de bas étages que l'oisiveté ne paye jamais. Son regard balaya les concurrents qui avaient été réunis ici, assimilant, grâce à l'anneau qui leur fût donné à leur arrivée, chaque visage aux informations correspondante qu'il avait apprît plus tôt, les concernant. Un mince sourire esquissa ses lèvres comme il embrassait les participants d'un geste ample des bras. « Bienvenu à Drosera. ». Il suffisait de voir le visage de la population pour comprendre qu'ils ne l'étaient pas tant, bienvenus. Ce n'était qu'un détail. « Et bonne chance pour l'épreuve à venir. ». Ils en auraient probablement besoin. « Qui ne sera pas bien compliquée. ». Vraiment? « Il vous suffira de trouver l'Amarante de Glace, cachée quelque part, dans la Forêt des Murmures. » expliqua-t-il en faisant apparaître une copie de la fleur, une amarante semblant taillée dans un cristal gelé. Il marqua une pause afin de jauger les réactions de chacun. Oublia-t-il - ou peut-être était-ce volontaire - de préciser que certaines fausses avaient été dispersées à travers la forêt. « Vous aurez une journée et une nuit pour trouver l'Amarante. Passé ce délai, quelqu'un viendra vous retrouver grâce à la bague qui vous a été donné. ». Ou pour ceux se perdant avant même de finir l'épreuve. La forêt épargnait peu les étrangers. « L'épreuve ne commence officiellement que demain, aux premiers rayons du soleil. Pour ceux n'ayant pas eu le temps de profiter des festivités, vous pouvez encore prendre le temps de visiter la ville donc. », ajouta le Tedalen avec un sourire affable. Officiellement. Rien ne les empêchait de commencer l'épreuve dès maintenant, bien que cela réduise quelque peu leurs chances de survie. « Qu'Isemli vous porte chance. ».



Le dos droit, les mains derrière le dos et un rictus aux lèvres, Cor toisait les Nägs qui se tenaient face à eux, le regard pleins d'espoir et de crainte. Les Senthandas avaient été prié de désigner quelques Nägs parmi la population de Dannagardh. Une trentaine d'entre eux, hommes et femmes, anciens nobles ou Rararyn n'ayant jamais réussi à faire leur preuve sinon se montrer indigne de suivre la voie de Dothasi, patientaient, silencieux, un collier d'entrave au cou pour leur retirer toute idée de quitter le territoire Alfar. Car eux aussi participeraient à l'épreuve. Mais d'une toute autre manière. Un seul ordre leur avait été donné. Nuire aux participants. Les empêcher de trouver l'Amarante de Glace. Les guider vers les fausses sinon les ralentir par tout les moyens possibles et imaginables dans la plus grande discrétion. Et ils y mettraient toute leur volonté, le Déléis et tous les membres du Grand Ordre le savaient. Car la plus belle des récompenses leur avait été fait miroitée. Celle de quitter Dannagardh. Celle de redevenir un citoyen et de retrouver la possibilité de s'élever parmi la population Alfar. Le plus bel espoir. Deux jours et une nuit pour faire leurs preuves. Deux jours et une nuit également pour affronter la forêt et ses monstres alors plus dangereux qu'à l'accoutumée.


925 mots

Explications


■ Déroulement de l'Épreuve : Les festivités ont commencé depuis quelques jours. Votre personnage peut être arrivé depuis ce temps pour en profiter, ou seulement la veille s'il s'en moque complètement ou simplement parce qu'il a pas envie de rester au milieu d'une race comme les Alfars, c'est à votre bon vouloir. En fonction de sa popularité/rang, un habitation lui aura été prêté soit au Premier, soit au Deuxième, soit au Troisième Plateau (si vous avez un doute, hésitez pas à me MP o/). A votre arrivée, un anneau vous aura été remis avec une inscription dessus en Llandreri dessus. En fait, c'est le nom de votre race + votre nom à vous. On la récupérera à la fin de l'épreuve puisque c'est une sorte de traceur (vous l'apprendrai seulement plus tard, juste avant l'épreuve) et c'est peu probable que votre personnage veuille le garder en souvenir en apprenant ça xD.
L'épreuve vous est expliquée par le Titan de la Guilde de Galeri (cf. FICHE ALFAR) la veille du début officiel, soit le lendemain au matin. Officieusement elle commence après ses explications. Ça il le dit pas, mais vous pouvez comprendre le sous-entendu (ou pas, à vous de voir pareil). En fait, c'est une sorte de Chasse au trésor. En gros, votre personnage va devoir aller dans la Forêt des Murmures pour trouver une fleur, l'Amarante de Glace. Il y en a qu'une seule. Pour ceux qui tendent bien l'oreille, il le comprendrons, parce qu'il le dit pas ça non plus. Pas explicitement en tout cas. Donc, il y aura qu'un seul gagnant (mais vous inquiétez pas, je vous ferez quand même un podium <3). Votre personnage n'est pas téléporté, ni rien, il y va de lui-même, de son propre chef (donc si y en a deux, trois qui se suivent, c'est possible et autorisé, et vous pouvez vous mettre des bâtons dans les roues, vous serez pas puni 8D). Mais parce que ce serait trop simple, de fausses Amarantes de Glaces ont été dispatchés un peu partout dans la forêt. Ça non plus il le dit pas, vous le découvrirez sur place. Vous saurez que ce sont des fausses puisqu'elles prennent la couleur d'une amarante rouge lorsque vous les touchez. Aussi, le Grand Ordre a libéré quelques Nägs (des Alfars déchus, cf. FICHE DE RACE pour plus de détails) pour mettre des bâtons dans les roues de vos joueurs. A savoir qu'ils ne feront que les ralentir et les empêcher de trouver la véritable Amarante de Glace. Enfin, n'oubliez pas que vous vous trouvez dans la Forêt des Murmures, et en pleine saison de Llodien, je vous invite donc à checker la description du lieu ICI. Qui plus est, vous risquez de croiser de vilaines bestioles comme CA, CA, CA, CA, CA, CA, CA ou CA (et quelques autres, mais ça devrait suffire pour illustrer).

■ Échec de l'épreuve : Se laisser envoûter par la forêt, se perdre, dépasser le temps donné limite, mourir.
Note : La condition de victoire est de trouver l'Amarante de Glace. Néanmoins, étant donné qu'il n'y en a qu'une, donc une seule première place, vous pouvez à la limite sous-entendre que vous l'avez trouvé (c'est possible, entre les fausses, les illusions de la forêt, les Nägs...) mais ce sera au juge de décider qui l'a réellement trouvé.

■ Pour les visiteurs : Vous pouvez arriver via les pontons du Lac Bleu où les restrictions ont été levés, ou via les terres directement où un chemin vers la ville a été créé. Comme je l'ai écrit au-dessus, ça va faire quelques jours que les festivités ont commencés. Un peu pareil, en fonction de la popularité/rang de votre perso, vous serez, ou non, autorisé à accéder aux plateaux supérieurs. Il n'y a qu'à partir du Cinquième Plateau que vous ne pouvez pas allez, sauf cas exceptionnel (genre les Souverains ou les lvl V).
Vous pourrez assister à des spectacles itinérants, de nombreuses galeries d'arts, musées et salle de spectacles sont ouvertes même la nuit, et les rues et jardins sont décorées de plantes et différents ornements. Également, le jour de l'épreuve, les membres de l'Ordre du Lotus Rouge, avec l'aide de la Faction des Épines qui garde un œil et une oreille sur les candidats, représentent par des peintures vivantes ou des représentations théâtrales.
Pour les Alfars, vous agissez en conséquence du coup. C'est à dire que vous pouvez réagir à l'ouverture de Drosera, aux visiteurs etc. Ça ne vous empêche pas de participer aux différentes activités également o/.

■ Impact dans la zone : Drosera est exceptionnellement ouverte au monde o/ ! Il n'y a que le jour de l'épreuve où le chemin de terre sera fermé et la ville accessible uniquement via les pontons. Mais n'oubliez pas que ça reste un peuple raciste qui se considère au-dessus des autres. S'ils vous tolérerons parce que la Hiérarchie l'a décidé, la majorité d'entre eux vous regardera de travers sans complexe, même s'ils se montrent plus tolérant envers certaines races (les Sirènes ou les Orines par exemple) que d'autres qui sont carrément méprisés (les Réprouvés ou les Déchus).

■ Candidats PJs: Vous pouvez vous croiser à n'importe quel moment. Vous pouvez alors aussi bien vous aider que vous enquiquiner pour vous voler la victoire (ou l'inverse, vous pouvez vous aider s'ils vous les trouvez dans une mauvaise posture ou les pousser vers la défaite).
Pour vous inscrire c'est PAR ICI.

■ Candidats PNJs : Idem que pour les PJs. A la différence que les PNJs que vous pouvez les utiliser comme bouclier humains si vous vous faites agresser par une créatures 8D.

■ Chronologie : Je recopie Mitsu : CDN Déchue > Odon do dur > Couronnement d'Elias > RPPT Bisous > CDN Alfars > CDN Faes > CDN Génies > Thogii

■ Durée du rp : Un mois. Les inscrits auront donc jusqu'au 01/08/2020 pour poster.

■ Message : Un message unique entre 900 et 3 000 mots.

■ Pour les visiteurs :
Pour un post de 900 mots :
- 1 point de spécialité au choix OU 6 points de RPs ;
Pour 400 mots supplémentaires (soit 1300 mots) :
- 1 point de spécialité au choix

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Sam 18 Juil 2020, 21:54

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VISITOR IN COMING
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Pour la première fois depuis longtemps, Deccio faisait trempette dans un bain. Il ne s’était pas lavé de manière conventionnelle depuis… perpette. Mais c’était pour la bonne cause. Quelqu’un l’avait convié à se joindre à lui pour se rendre à Drosera. Comme bien souvent en cette période, la coupe des Nations battait son plein, et le Démon ne manquait pas une occasion pour s'autopromouvoir. Chaque opportunité méritait d'être concrétisée pour rencontrer du monde et développer des affinités. Affinités qui pouvaient parfois se transformer en alliés de circonstances, celles-là même en mesure de changer le cours d’une bataille. Il se devait de songer à toutes ces choses. Le renard n’avait pas l’intention de croupir à un poste de subalterne. Il espérait plus que quiconque se hisser parmi les leaders incontestés. Conduire des armées et les mener à la victoire avec le moins de pertes possible, voilà pourtant une aspiration contraire à la plupart de celle de ses confrères. Deccio était un visionnaire. Il ne souhaitait pas simplement se démarquer de ses tiers pour le principe de le faire, mais avait véritablement de nobles projets autour de sa soif de conquête. Les Démons – déjà fortement consumés par le génocide – ne devaient plus être sacrifiés à la pelle comme ce fut le cas par le passé. Peut-être était-ce dû à sa petite stature qu’il se laissait aller à de telles divagations, mais le fait d’avoir connu gloire et déclin le rendait particulièrement légitime pour envisager de prendre un tournant plus audacieux. Non pas qu’il blâmait ses supérieurs. Eux-mêmes étaient contraints d'obéir pour éviter de se faire exécuter. À ses yeux, les fautifs n’étaient autres que les Seigneurs, et plus directement le Roi en personne. Heureusement, pareil à ses semblables, il maitrisait la langue de la couardise, également appelé l’hypocrisie. Un dialecte universel qui ne se cantonnait pas seulement à la frontière et qui permettait de se libérer de trop lourdes responsabilités.

Quoiqu’il en soit, si le renard s’évertuait à paraitre le plus avenant et distingué possible en se préparant comme l’aurait fait son grand frère, c’est parce qu’il ne ferait pas le voyage accompagné d’un homme, mais bien d’une femme. Il ignorait comment définir cette relation, si ce n’est qu’ils étaient assez proches pour coucher ensemble, mais pas assez pour le réitérer constamment. En tout cas, il savait qu’il pouvait compter sur elle pour l’aider en toute circonstance, et rien que ça suffisait pour l'inciter à redoubler d’efforts. Et alors qu’il ôtait tout juste sa tenue usuelle afin d’enfiler son costume le plus seyant, sa partenaire choisit ce moment pour entrer dans la pièce. « Décidément. Toujours le zgeg à l’air. Tu fais bien partie de sa famille. » « Tu l’as fait exprès, avoues. Et puis tu exagères, j’ai trois fois plus de tissus sur moi. Regarde. » Il pointa l’écharpe qu’il portait à son cou. Un textile de qualité extrêmement onéreux. Il l’avait volé à Icare dans son sommeil une fois, mais il n’en avait jamais justifié l’utilité jusqu’à maintenant. « Je veux rien savoir. On n’a pas toute la journée, donc passe la vitesse supérieure. » Elle s’éclipsa en claquant brutalement la porte, générant une faible secousse qui fit tomber l’un de ses cadres à terre. Une œuvre d’art qu’il avait lui-même composé la veille, en prenant comme modèle les deux belles créatures dans son lit. C’est après avoir couché avec elles qu’il avait cédé à l’inspiration, son pinceau ayant fait tout le travail à sa place. Pour l’instant, il l’ignora et compléta son costume d’une légère touche en déchirant les manches. Voilà, à présent, il avait l’air d’un danseur des clubs qu’on trouvât dans certains quartiers chauds. Il rejoignit finalement Storm de l’autre côté. « Bon allez, on se bouge. On a déjà perdu assez de temps. » « Tu me cherches des noises ? » Le couple fraîchement créé ne gaspilla pas une seconde de plus et s’envola directement pour les terres bleues afin d’emprunter le ponton, l’un des endroits privilégiés leur permettant l’accès à la ville. Ils se chamaillèrent bien durant une bonne partie du trajet, mais au moins ils se présentèrent tous  deux en un morceau. Sur place, à Mornhîngardh, l’ambiance battait son plein. Des Alfars s’occupaient sensément de la sécurité tandis que des artistes de toutes sortes se plaisaient à dépeindre les participants sous leur meilleur jour.

Deccio s’amusa à chercher le représentant de sa race, mais son apparence seule le contraignait à ne corroborer qu'avec des hypothèses. « C’est très certainement lui, regarde. On dirait qu’il va tous les manger. » Storm tira la moue, bien moins catégorique. « Et pourquoi se serait forcément un homme ?  Moi je parie sur cette femme, elle a l’air d’en avoir dans le ventre. » « C’est possible, mais je maintiens que celui-ci est plus féroce, donc plus à même d’être un des nôtres. » « De toute façon qu’est ce que ça peut te faire ? Tu comptes lui faire un câlin s’il ou elle gagne ? » « Non, mais j'entends le pourrir s’il ou elle perd. La nuance est cruciale. » En dépit du fait qu’il n’était pas compétent pour juger qui que ce soit, Deccio demeurait un être ayant reçu une éducation élitiste qui ne pardonnait pas l’échec. Exigeant avec ses propres bêtises, il n’était pas plus indulgent avec ses pairs. « Oh, t’as vu ça ? Des artistes de rues ! » La Vile se précipita dans l’avenue voisine, où des saltimbanques aux talents divers et variés exprimaient toute l’étendue de leurs pratiques. Des jongleurs, des prestidigitateurs, des dresseurs d'animaux ; il y en avait pour tous les goûts. C’était plutôt plaisant – pour Deccio y compris – d’assister aux allégresses de ces petites fêtes. « Je dois reconnaitre que l’ambiance me donne du baume au cœur. » « De quel cœur parles-tu ? » Le renard désigna son entrejambe en mimant la taille de son instrument. « Celui-là bien sûr. Tu vois bien que je bande. » En effet, c’était le cas. Toutefois, elle le soupçonnait de recourir à sa magie pour la tromper. C’est pourquoi il se mangea une claque au niveau de la nuque. « Mais ça va pas bien non ! » C’était reparti pour un tour.

S’engageant une énième fois dans un déferlement injurieux, ils se calmèrent lorsqu’ils accédèrent au troisième plateau. « C’est donc ça, Enedhgardh ? Il faut reconnaitre que c’est pas mal. » « Et bien, je te trouve bien complaisant depuis un moment. » « Surement la faute à ces jardins. Ça me rappelle la nature et les nombreuses orgies auxquelles j’ai participé. » Et c’est vrai qu’ils étaient beaux ces vergers. Agrémentées de ces couleurs vives et chatoyantes, elles se mariaient à merveille avec les ornementations choisies. « Et puis il faut reconnaître que les Alfars ne sont pas dénués de bon goût. » Étonnée, sa partenaire se pinça la lèvre en adoptant un air interrogatif. « On croirait presque que tu les tiens en respect. » Il secoua la tête, le sourire béat. « Je n’ai rien contre ce peuple, bien au contraire. Peut-être même que je préméditerais de voler la couronne un de ces jours. » S’infiltrer dans leur rang pourrait lui être bénéfique. Du moins, plus qu’elle ne lui porterait préjudice. Et puis, ils partageaient beaucoup de similarités ; ils étaient des manipulateurs invétérés et ne juraient que par la méritocratie. Là où les Démons répandaient le mal par la brutalité et la perfidie, eux la distillaient avec plus de cérébralité et de raffinement. Des guerriers et des politiciens, voilà la seule vraie différence notable. Storm attira soudain son attention sur la présence renforcée des gardes pour se rendre au palier supérieur. « Tu crois qu’on est autorisé à y aller ? » « Impossible. Nous ne nous sommes pas encore assez démarqués pour avoir accès à ce privilège. Nous reviendrons quand nous serons prêts. » La déception se traduisait sur le visage de la brune. Elle aurait adoré pouvoir s’entretenir avec les plus érudits pour assimiler les différents traits de cultures dans une même cité. « Lorsque je le pourrais, j’aimerais avoir une discussion avec les Nägs. » « Tu penses pouvoir t’en faire des sympathisants ? » « Bien plus que ça, Storm. Bien plus. » Qui sait ce qui se tramait dans la tête du Démon. Il était trop tôt pour en avoir le cœur net. En attendant, il en avait terminé avec cette visite. Il lui manquait encore quelques informations, mais celles qu’il avait récoltées étaient précieuses. C’est sur cette bonne note que le binôme quitta le continent afin de retourner sous terre.


1400 mots
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Dim 26 Juil 2020, 20:30

La fleur au fond des bois


Crédit: Enchanted forest by Tomas Honz


C’était la première fois que la démone voyageait depuis son arrivée dans les Terres Blanches. De son point de vue, son séjour là-bas s’y passait plutôt bien pour Ariel et pourtant, il avait voulu quitter promptement la région. Le voyage promettait d’être long, car le maître avait pris énormément de bagages, mais il ne comptait pas partir définitivement car il n’avait pas vidé totalement son hôtel particulier non plus.
Dans les ténèbres au fin fond du ventre de ce navire, elle pouvait voir l’extérieur que par l’interstice de quelques planches. Malheureusement pour elle, placer son œil devant ce trou était l’assurance de se prendre un jet d’eau salée à la première houle qui frappait la coque. De plus, il n’y avait pas grand-chose à voir, si ce n’est une étendue d’un bleu céleste qui donnait l’impression à l’embarcation de voler au milieu des nuages. Nul doute que sur le pont, la vue devait être magnifique et à la fois hypnotisante. Mais pour Ássfriđr, c’était le fond de cal et rien d’autre, posée dans une cage au milieu des bagages des différents voyageurs et autres caisses de marchandises. Au final, elle n’était qu’un objet parmi tant d’autres.

Au terme d'un long voyage éreintant de plusieurs semaines pour la créature démoniaque, ils finirent par accoster aux Terres Bleus. En effet, là où elle se trouvait, personne ne se souciait d'elle et donc elle ne s'était pas nourrie ni même hydratée correctement, Pour elle, le périple ne s'arrêtait pas là, si les passagers avaient pu débarquer à peine la passerelle posée, il faudrait encore plusieurs jours pour décharger le navire, plusieurs jours pendant lesquelles Ássfriđr ne pourrait voir le monde extérieur que par ce petit trou, duquel elle avait pu observer la mer entre deux jets salés.
Lorsque sa cage fut déchargée et qu'elle toucha enfin le sol, la démone fut prise de nausée. Etait-elle devenue hyper sensible à la rotation de la terre ou alors était-ce le monde autour d'elle qui bougeait ? Après tout elle ne connaissait rien de ce monde et qu'on lui dise qu'un tel endroit existe ne la surprendrait pas vraiment. La réalité était tout autre, elle s'était simplement un peu trop habituée au roulement du navire et elle n'avait pas le pied marin, de fait lorsqu'elle toucha le sol, qui lui ne bougeait pas contrairement au navire, le choc fut important. Tellement important, qu'elle eut quelques nausées.

A peine avait-elle touchée le sol, qu'Ariel arriva pour la récupérer. Une chaîne autour du cou, il la traînait dans les rues sans ménagement sans qu'elle ne puisse s'habituer à nouveau à la terre ferme. Lui avait pu prendre ses marques dans la ville depuis quelques jours et il profitait largement des festivités.


- Dépêches-toi, on va rater les explications.

Lâcha-t-il sur un ton autoritaire, tout en donnant un coup sec sur l'entrave pour que la démone presse un peu plus le pas, alors qu'elle se trouvait déjà sur ses talons.
Une fois arrivée au lieu de rassemblement, l'esclave comprit enfin ce qu'elle faisait là. C'était pour une coupe des nations qu'ils étaient venues. Mais pour quelle nation pouvait-elle bien participer ? Etait-ce pour celle des sorciers ? Ou bien pour celle des démons ? Connaissant son maître, il devait surement participer pour les sorciers et elle pour les démons, ainsi il doublait leur chance de gagner. Ássfriđr regarda les autres participants. Ils étaient pour la plupart beau, grand et fort. Les odeurs n'étaient pas en reste non plus et elle sentit une odeur de jasmin qui émanait d'une des participantes. Elle était belle, bien habillée, elle attirait tous les regards et il était difficile de croire qu'elle allait participer à cette coupe des nations, c'était tout le contraire de la démone qui puait, était sale et portait des haillons au niveau de la poitrine et des hanches. Un coup dans le dos et le murmure d'Ariel dans l'oreille lui fit retrouver la raison :


- Sois attentive un peu.

Tous étaient plus ou moins attentifs aux explications. Certains étaient encore enivrés des festivités et d’autres l’étaient par les demoiselles qui participaient. Au final l’objectif n’était pas très compliqué, il suffisait de trouver une fleur dans une forêt.
Lorsque les participants se dispersèrent après les explications, le sorcier esclavagiste amena son esclave dans un coin à l’abri des regards, mais surtout à l’abri des oreilles indiscrètes.


- Écoutes-moi bien. Puisque je ne participe pas, on ne va pas attendre gentiment demain que cela commence. Tu vas aller dans cette forêt dès maintenant et me trouver cette fleur. Je compte bien gagner cette compétition et ramener la coupe à la maison.

Sur ses paroles, il lui retira la chaîne qu’elle avait autour du cou et il la poussa en direction de la forêt. La démone fit quelques pas, s’arrêta pour ramasser un peu de terre qu’elle frotta entre ses mains et qu’elle renifla ensuite. Puis, lorsque c’était un peu plus boueux, elle reprit une poignée pour se l’étaler sur le visage, à l’horizontale sur les yeux et elle reprit ensuite sa route en direction de ladite forêt.
Lorsqu’elle passa les premiers arbres, la démone se retourna pour voir si d’autres l’avaient suivi. C’est alors qu’elle se rendit compte qu’elle était entourée d’arbres, tous plus grand les uns que les autres. Elle fit quelques pas sur ce qu’elle pensait être son chemin dans l’espoir de revoir les bâtiments de la ville à nouveau, mais rien si ce n’est des arbres à perte de vue. Ássfriđr n’avait pas eu l’impression de marcher tant que ça et pourtant elle s’était déjà bien enfoncée dans au cœur de l’endroit.

Prisonnière de cet enfer mauve, la démone essayait tant bien que mal de se frayer un chemin. Elle devait trouver une plante dans une forêt. Rien de bien compliqué en soit. Mais elle aurait plus de chance de trouver une aiguille dans une botte de foin que de trouver cette fichue plante, il fallait bien le reconnaître. Elle ne connaissait ni l’endroit, ni à quoi ressemblait cette plante et clairement, elle n’avait aucun talent d’herboriste et elle n’allait pas non plus ramasser chaque fleur qu’elle allait croiser dans l’espoir que cela serait la bonne une fois le temps écoulé.
Elle passa donc de clairière en clairière. Elle se perdit dans des endroits un peu plus rocailleux et tout ça sans croiser personne ni même ladite plante. Après plusieurs heures à errer dans la forêt, elle en vint à se demander si toutes les clairières qu’elle venait de traverser n’était pas une seule et même clairière et que c’était simplement la forêt qui lui jouait un tour. Elle connaissait la fourberie des sorciers depuis bien longtemps, elle ne serait pas surprise d’apprendre que d’autres races l’étaient tout autant, si ce n’est plus.


Après avoir fouillé pendant plusieurs heures, elle commençait à tomber de fatigue. Elle était encore fatiguée du voyage et Ariel ne lui avait pas permis de se reposer non plus avant de la pousser dans la forêt. Il n’était pas là et de toute façon, tant qu’elle ramenait la plante à la fin de la compétition, c’était le plus important pour lui. Alors, elle se décida à se poser dans un coin entre quelques rochers afin de se reposer un peu. L’endroit semblait calme et était à l’abris des regards, si d’autres compétiteurs ou autres créatures de la forêt s’approchaient, elle les entendrait venir.
Elle s’allongea contre un rocher et ferma les yeux. En quelques instants, elle sombra dans un profond sommeil. Cependant, elle fut réveillée brusquement, lorsque son corps chuta lourdement au sol, le support sur lequel elle s’était appuyée venait de se dérober sous son poids. Lorsqu’elle ouvrit les yeux, tout était encore brumeux, y compris son ouï. Une fois reconnectée à la réalité, elle découvrit que les rochers autour d’elle bougeaient en cercle, qu’ils se suivaient les uns les autres dans un vacarme assourdissant. C’était comme si un insecte courait autour d’elle, mais dans des proportions bien plus importantes.

Soudain, l’un des rochers devant elle se souleva haut au-dessus de la démone.Elle découvrit alors des mandibules monstrueuses, de nombreuses pattes qui redescendaient jusqu’au sol et de petits yeux dorés qui la fixaient. En réponse les poils d’Ássfriđr se dressèrent et elle sentit un frisson lui parcourir le dos.
La démone recula lentement dans un premier temps en rampant à reculons sur le sol, tout en regardant la créature et très vite elle prit ses jambes à son cou, poursuivi de très près par cette immonde créature qu’était un centipède géant.
Elle courait aussi vite que ses guibolles lui permettaient, passant tant bien que mal chacun des obstacles que lui mettait la forêt sur son chemin. De son côté l’insecte géant n’avait aucun mal à se mouvoir dans l’endroit, il zigzaguait entre les arbres avec une aisance déconcertante. La démone n’avait pas besoin de se retourner pour savoir s’il était toujours derrière elle, car elle l’entendait très bien se déplacer.
Pour autant, par acquit de conscience elle finit par se retourner pour voir si elle gagnait ou non du terrain sur son poursuivant. Qu’elle ne fut pas son erreur, car en faisant cela, elle ne vit pas la racine qui se dressait devant elle. Le vol plané qu’elle réalisa alors était digne d’un record du monde du triple saut. Elle essaya tant bien que mal de se relever, une douleur à la cheville l’empêchait de s’appuyer sur sa jambe gauche. Alors que le centipède s’approchait de plus en plus d’elle, elle sentit le sol se dérober sous elle et elle fit une chute de plusieurs mètres. La chute lui coupa le souffle et ses forces ne lui permirent pas de se relever, sa vision se voila et elle perdit connaissance.

Combien de temps était-elle restée inconsciente ? Difficile à dire car maintenant elle se trouvait sous la litière de la forêt. Elle y voyait les énormes racines de certains arbres qui formaient un dédale ici-bas. La démone se redressa dans la douleur et elle regarda par là où elle avait chuté. Dans son état, il était impossible pour elle de remonter là-haut directement. Elle regarda autour d’elle et découvrir une multitude de fleurs à la couleur cramoisi. Son reflex à cette vision était de toucher son corps pour voir si elle n’était pas blessée, mais en dehors de quelques os brisés et articulations foulées, il n’y avait pas de sang qui coulait et donc les fleurs avaient naturellement cette couleur.
A la limite des fleurs rougeâtres, il y en avait qui avaient une couleur d’un bleu cristallin. Le vent qui s’engouffrait par le trou de sa chute, faisait danser les fleurs et lorsque les deux couleurs se touchaient le bleu virait au rouge tel des plantes sensitives qui se referment sur elles-mêmes.
La créature démoniaque détailla un peu plus l’endroit dans l’espoir de trouver une autre issue de sortie. C’était sans compter sur sa vision qui était encore embrumée par sa perte de connaissance. Elle se décida donc de suivre le vent car si ce dernier rentrait par l’endroit de sa chute, il devait bien sortir quelque part. Boitant, s’appuyant sur ce qu’elle pouvait saisir pour ne pas chuter à nouveau et surtout souffrant le martyr à chaque pas, elle avança dans un couloir composé par l'enchevêtrement de plusieurs racines. Sa progression était lente à cause des différents obstacles, mais surtout à cause de la douleur qu’elle éprouvait pour les passer à chaque fois, même les plus simples.

Alors que la fin de la compétition approchait, elle voyait au loin une lumière bleuté poindre le bout de son nez. A mesure qu’elle approcherait, elle finirait par détailler une nouvelle plante cristalline, seule trônant au milieu des racines. Aurait-elle cependant le temps de la ramasser et surtout sera-t-elle la bonne ?


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Jeu 30 Juil 2020, 17:09



" Bienvenue chez Madame Cheizirthad. " À peine qu'elle pénétrât au sein des lieux, deux employés de la sécurité refermèrent les portes derrière elles.

L'odorat de Léto s'activa en quelques reniflements. Un parfum envoûtant planait dans le hall, comme pour attirer les plus faibles d'esprit dans une spirale mortelle. Les Alfars s'y connaissaient en effluves, la Sùlfr eut son lot d'occasions pour le découvrir ; à ses dépens ou non. Cela lui était étrange de se retrouver ici alors qu'à l'extérieur, Isemli jugeait les concurrents. Elle aura tout le temps d'apprendre comment s'était débrouillé le représentant de son peuple, et peut-être de s'imaginer à sa place dans cette lugubre Forêt ayant assisté à son premier meurtre. Pour l'heure, sa curiosité voguait ailleurs.

Depuis son couronnement, Léto ressentait comme un besoin d'épanouir cette part d'elle-même ayant accepté sa féminité. Elle se souvint de ces jeux dangereux où le travestissement pouvait la faire plonger autant dans l'humiliation que le déshonneur. L'Orisha de l'époque comprit assez hâtivement que la place de la femme dans les sociétés demeurait prédominante, que son embarras ne fut qu'un grain de sable dans un désert d'hétérogénéité. Les Ætheri continuait de garnir la tapisserie du destin avec une malice nullement atteignable. Malgré tout, Léto ne put se résoudre à se dévoiler aussi tôt. La misogynie et l'emprise des hommes sur son corps continuaient de hanter son esprit. Il lui aura quand même fallu traverser d'horribles épreuves pour en arriver à se qualifier de femme, de chair et de sang. Les Chamans l'aidèrent alors à comprendre et canaliser ces émotions, à satisfaire ces envies primaires qui rongeaient son corps malmené et incompris. Récemment, le Fessetival d'Avalon avait justement dirigé sa conscience vers cette réalité. C'était pourtant bien ici, à Drosera, que tout avait commencé. C'était dans la Cité des Ronces que Léto Sùlfr offrit son corps de plein gré à Aëran. Pour la toute première fois.


" Madame Cheizirthad fut l'une de nos plus fidèles clientes. La patronne, Baimedre Krenalnanai, une ravissante Alfar, lui fit une visite guidée du hall, orné de diverses peintures qui semblaient marquées l'histoire de l'endroit. Autrefois, l'établissement se nommait "l'Aiguillon". Il se situait sur le plateau inférieur et ne connaissait pas la notoriété qu'on lui prête aujourd'hui. Un jour, Madame Cheizirthad découvrit l'Aiguillon et, très satisfaite de nos services, aida le précédent employeur à améliorer notre réputation. Elle revint à plusieurs reprises, parfois même plusieurs fois par semaine. Elle désigna une toile qui représentait cette fameuse cliente, en pleine séance bien épineuse. Un peintre, Oclyr Radra, assista à une "Effloraison" de Madame Cheizirthad et s'empressa de la peindre. Ceci est son œuvre. Depuis, nous rendons hommage à cette merveilleuse femme qui nous quittât, malheureusement, il y a quelques temps. "

Léto hocha doucement de la tête, hypnotisée par le tableau d'Oclyr. Aussi captivée par le contenu lui-même de la toile que la technique. Ces fameuses séances commençaient vraiment à la faire s'impatienter. Dommage que cette Cheizirthad n'était plus ; à moins qu'elle ne continuait d'hanter les lieux en espionnant les clients et clientes. La Chamane devrait vérifier à l'occasion. Quoi qu'il en soit, sans surprise, les Esprits lorgnaient beaucoup par ici, inévitablement attirés par la nudité et les plaisirs de l'interdit.

" Vous êtes la première étrangère à connaître cette histoire. Léto se tourna vers Baimedre, son empathie captait son dédain, même si l'Alfar ne pouvait pas faire grand-chose. D'une part, Léto reçut un laissez-passer exprès de la part d'Aëran Númendil ; qu'elle acceptât à l'unique condition qu'il ne tente aucunement de rentrer en contact avec elle. D'autre part, cela se voyait d'un coup d'œil qu'elle méritait ce droit ; elle était impressionnante, d'une prestance à la hauteur d'une Reine. Qu'était-elle réellement ? Baimedre ne sera sûrement pas la première à lui coller des espions pour comprendre. De toute manière, la peau de la Sùlfr semblait si solide qu'une dague traîtresse ne saurait l'atteindre. Puis-je connaître le motif de votre venue ? " La Chamane se replongea dans les tableaux.

" Jeune, j'ai quitté mon foyer pour découvrir le monde. Les premières personnes à qui je me suis adressé sont les vôtres, des Alfars du premier Plateau. "

" Les résidents de Mornhîngardh ne sont pas comme nous. "
L'Alfar était catégorique, ce qui fit sourire la Chamane. Elle les reconnaissait si bien.

" Je n'ai passé que peu de temps à Drosera, mais j'ai entendu parler de vos activités. Surtout ces derniers temps. Ses yeux vairons pivotèrent en sa direction. Y goûter que partiellement m'est insupportable. Me ferez-vous le plaisir de m'initier ? " La patronne joignit ses mains en avant, un sourire bien sombre, et si faux, collé aux lèvres.

" Pas personnellement… Suivez-moi. "

Krenalnanai l'enjoignit à emprunter l'un des couloirs annexes. La sobriété environnante l'étonnait, elle tranchait avec l'opulence qu'on prêtait à ce peuple. De discrets motifs serpentaient le long des murs, jusqu'à que son ouïe fine lui fit entendre quelque chose. Le son fut si étouffé que la Sùlfr ne parvint pas à l'identifier entièrement. Malgré tout, sa curiosité fut très vite satisfaite lorsqu'elle fit face à une porte, où une sorte d'hublot surmonté d'un fin voilage laissait entrevoir l'intérieur. C'était donc ça, ces fameuses pièces. Les "Alcôves", comme le lui avaient rapporté les défunts. Une Alfar profitait des services à l'intérieur.

La pièce était très étroite, juste assez pour ne laisser entrer qu'une seule personne. L'ensemble des murs, du sol au plafond, semblait couvert d'une matière à l'allure douce. Du velours, peut-être ? La cliente était partiellement nue, un critère ajusté selon le besoin, des dires de la patronne. Des lianes épineuses apparaissaient magiquement de nulle part et se glissaient à travers de ses interstices invisibles pour atteindre l'Alfar. Les ronces effleuraient l'épiderme et les épines s'insinuaient entre les pores à intervalles réguliers, tels des baisers. Le spectacle captivait totalement la Chamane. Lors de sa première fois avec Aëran, il avait lui aussi utilisé des ronces pour la maîtriser. Néanmoins, ce fut plus brutal, plus sauvage. Si elle en croyait son instinct de tantôt, peut-être que certaines Alcôves accueillaient justement des clients plus courageux.


" Nous appelons ces séances : "Effloraisons". Selon nos scientifiques, les ronces ont un pouvoir remarquable sur notre psyché. Leurs épines, si pénétrées sur la bonne partie de notre corps, peuvent extraire les maux qui nous rongent et les chasser. C'est pourquoi une Effloraison est toujours précédée d'un questionnaire préalable, afin de convenir ensemble de la séance la plus adéquate. Les épines sont plus ou moins épaisses, fines, solides, discrètes, profondes. Certaines Alfars – je vous avoue que notre clientèle est composée essentiellement de femmes – préfèrent de douces "caresses" pour s'affranchir des affres du quotidien. Elle désigna cette Alfar comme exemple. D'autres, en revanche, ont besoin d'une attention plus "forte". D'un signe de la main, elle l'invita à aller voir une Alcôve plus loin : un homme était couvert de ronces, gorgées de sang. Il serrait les dents, les poings, son regard injecté de rouge prouvait toute la tension qu'il cherchait à se débarrasser. Nous offrons des prestations plus conviviales également. Nos employés connaissaient les rouages du Bondage et Discipline, de la Soumission et de la Domination. On peut tout autant vous satisfaire avec un fouet de ronces que vous emprisonner dans un carcan épineux et… vous libérer. Après quoi, Baimedre enjoignit Léto à découvrir d'autres Alcôves, en lui précisant bien qu'elles sont bien évidemment publiques sur demande. Les plus privatives se trouvaient plus loin, interdites. Nous croyons réellement en cette thérapie, elle a permis d'efflorer de nombreux Alfars de renom. Je peux vous orienter vers certains de nos référents… "

Léto n'en avait nullement besoin. Il lui suffisait juste de le voir de ses propres yeux pour comprendre l'effet de ces séances. Les épines qui chatouillent, ou qui deviennent des intruses au corps, les ronces qui se resserrent et cherchent à libérer le sujet de ses démons… La Chamane caressa son bras, les souvenirs intimes avec le Númendil remontaient et hérissaient ses poils. Qu'est-ce qu'il cherchait à accomplir en l'amenant ici, lui faire comprendre qu'il était un meilleur parti pour elle ? Ce n'était pas le cas. Après tout, d'autres maîtrisaient mieux les ronces que lui. Puis, rien ne l'empêchait de se découvrir par elle-même. Baimedre devait être ravie d'avoir, tout de même, une sorte d'adepte entre ses murs ; l'Alfar avait bien remarqué que la Souriante fut aucunement embarrassée ou dégoûtée par les séances. Pas une trace de rougeur. Léto se contrôlait à merveilles.

" Vous piquez ma curiosité. Déclara-t-elle, sans faire gaffe au jeu de mot, involontaire. J'imagine que les ronces dans les Alcôves sont contrôlées par des intermédiaires ? On lui confirma bien évidemment cela. En soi, cela demeurait une expérience partagée. Pour moi, c'est simple : je préférerai expérimenter avec un partenaire, quelqu'un qui s'y connait. Généreuse, Léto tendit aussitôt son investissement pour cette cause. L'employeuse n'en crût point ses yeux tant la somme s'avérait colossale. Trouvez-moi cette personne et je reviendrai. "


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Kaahl Paiberym
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Kaahl Paiberym
Sam 01 Aoû 2020, 17:31



La fleur au fond des bois


« C’est vrai qu’il est préférable que Gustine reste à Boraür. » « Oui, un temps en tout cas. » répondis-je à sa sœur, qui tenait Ilias par la main. Je m’occupais de Rosalie. « La tempête l’a un peu ébranlée, même si elle a gardé sa joie de vivre. » constata Pauline. La magie de l’île enneigée aidait beaucoup. Ce n’était néanmoins pas pour cette raison que je souhaitais qu’elle y demeurât pour le moment, avec les enfants. Le sommeil aurait dû toucher de plein fouet une personne m’étant chère lorsque j’avais rendormi les Momies. Or, je n’avais pas encore trouvé cette dernière. J’avais supposé que la magie de Boraür avait arrêté le processus magique à ses frontières. Les quitter reviendrait à s’y exposer de nouveau. Néanmoins, je ne pouvais pas condamner mes enfants à y demeurer pour l’éternité. J’avais donc décidé de les faire sortir de l’île petit à petit. C’était la première fois et je ne m’étais que très rarement senti aussi anxieux, inquiet. Les choses s’étaient néanmoins déroulées pour le mieux et Rosalie était actuellement en train de tendre sa petite main vers un magasin. « Oui, nous allons y aller. » dis-je à la fillette. Elle ne s’exprimait pas encore très bien mais elle trottait partout. Elle adorait toucher les vêtements et les surfaces douces. Ilias, lui, semblait réfractaire à l’idée de découvrir le monde. Il marchait mais restait le plus souvent statique ou se déplaçait lentement. Il n’était pas dans l’action, il était dans la réflexion et l’observation. J’étais ainsi, enfant. Généralement, mes frères m’entraînaient dans leurs jeux stupides mais, seul, sans doute aurais-je passé ma vie à admirer les paysages et les gens, sans chercher à m’exprimer ou à me faire remarquer.

Je retournai mon attention sur Pauline. « Oui, Gustine a connu beaucoup de péripéties dans sa vie. Je suis sûr que ça ira. » Je lui souris. « Dès qu’elle se sera mis dans la tête que ce n’est pas de sa faute. » « Ce n’est pas de sa faute. » C’était de la mienne. « En tout cas, vous pourrez lui raconter comment est Drosera. Nul doute que vos amies seront étonnées que vous ayez pu en fouler le sol. » « J’imagine déjà leur tête ! » Même si Pauline souriait, je n’étais pas dupe. Elle avait perdu des êtres chers durant la tempête. Elle était ébranlée, peut-être même plus que sa sœur. Pourtant, elle avait un cœur pur et pensait avant tout à cette dernière. Peut-être était-ce aussi un moyen de se raccrocher à quelque chose de précieux, qui lui faisait oublier son propre malheur. La guérison pouvait se trouver dans le soin apporter à autrui, dans un comportement hors de soi, tourné vers l’autre et non plus égocentré. D’un geste doux, je m’approchai de la grand-mère afin de la prendre par la taille. À côté d’elle, je posai ma joue sur son épaule, en profitant pour apaiser ses troubles, avant de murmurer un « Merci d’être là, Pauline. » à demi-mot, qui la fit rougir comme un coquelicot. Je ris en m’écartant, ce qui provoqua le rire chez elle aussi. « Me… Merci de m’avoir amenée ici. Je… C’est très beau et… » Elle parlait d’autre chose. Certaines personnes n’étaient pas douées face aux compliments ou aux remerciements. « Je trouve ça vraiment triste que les Alfars vivent en autarcie. Cette cité mériterait d’être connue, même si nous n’avons pas accès à tous les plateaux. Cela dit, je trouve ça vraiment étrange de classer ainsi la population. Ce n’est pas très gentil. » « C’est une autre mentalité, même si je suis d’accord. » Je préférais essayer de tirer le meilleur de chacun par des encouragements. Néanmoins, tous les peuples ne se prêtaient pas à une méthode douce. Parfois, la menace était bien plus efficace.

Alors que nous marchions dans les rues de la capitale, sous le regard souvent peu amical des Alfars, je réfléchissais à bien d’autres affaires, tout en essayant de garder un sourire de circonstance et bénéfique sur les lèvres. Mon accession au trône des Sorciers avait changé les choses concernant mon souhait d’épouser cette jeune femme, Èibhlin. Le peuple des Elfes Noirs était opportuniste. Si les Ætheri avaient désigné Elias, j’en aurais sans doute profité pour lui rendre visite. Or, puisque j’étais ici en tant que Kaahl, je ne pouvais pas me le permettre. Quant au fait que l’Empereur Noir ait pu décider de faire le trajet jusqu’à Drosera, afin de profiter de l’ouverture de la ville, j’y avais pensé mais cela n’aurait fait qu’engendrer des complications inutiles. Je n’étais pas certain de pouvoir tirer quoi que ce fût de l’Alfare pour le moment. Elle était jeune. Aussi, si j’avais envoyé une lettre brève et conventionnelle à l’attention d’Aëran Nùmendil, sans relever le ton déplaisant du dernier paragraphe et en appuyant sur mon désir de voir, en effet, une alliance fleurir, j’avais fait l’effort de répondre plus amplement à Èibhlin.

Èibhlin

Ne vous inquiétez pas, je vous crois lorsque vous avancez que vous ne connaissiez pas les desseins de vos supérieurs. Vous êtes encore jeune et l’avenir vous appartient. Vous avez le temps d’être aux faits des intentions des puissants, avant de le devenir vous-même. Je ne compte d’ailleurs pas vous influencer d’une quelconque manière. En toute franchise, je me servirai de ce mariage pour essayer de rapprocher nos deux peuples, pour un bénéfice commun. Je suis opportuniste mais, hormis pour cette union, je ne vous obligerai à rien qui irait à l’encontre de vos désirs, du moment que votre comportement reste acceptable pour une Dame Noire. Vous aurez des privilèges et des biens à Amestris mais, si vous le préférez, vous pourrez rester vivre au sein de Drosera. Vous pourrez, bien entendu, me faire certaines demandes si vous nourrissez un quelconque projet. En ce qui me concerne, pour le moment, et jusqu’à ce que vous ayez reçu votre affectation au sein de votre peuple, je n’ai rien à exiger de vous en particulier. J’aimerais simplement que vous trouviez le temps de m’écrire sur ce que vous désirez. J’aimerais apprendre à vous connaître.

Elias

PS : Vous pouvez vous défaire des titres d’usage au cœur de vos lettres. Il en ira de même en privé.


« Et donc, l’épreuve, c’est de trouver une fleur ? » me questionna Pauline. « Oui c’est ça. Elle commence demain. » Officiellement. J’avais su déceler ce que je pensais être un encouragement silencieux à la fourberie. Qui de mieux qu’un Sorcier pour se rendre compte de ce genre de non-dits ? Néanmoins, et depuis un temps qui commençait à être long, je faisais semblant d’être bien plus limité que je ne l’étais réellement aux yeux des Mages Blancs. « Dans la Forêt des Murmures ? » En le disant, la Magicienne fit un bruit mimant l’épouvante. « Précisément. » « Vous n’êtes pas trop effrayé ? » me chuchota-t-elle. « Si, c’est un endroit horrible. » lui confiai-je sur le même ton. « Profitons de cette journée. Demain, je reviendrai sans doute écorché, boiteux et borgne. Je n’aurai plus qu’à m’engager chez le Léviathan. » Elle se mit à rire. « Je vous ferai un cache-œil. »





La Forêt des Murmures me plaisait. Je ne m’y étais pour ainsi dire jamais rendu mais j’avais entendu de nombreuses légendes sur cette dernière, sur ses brumes et ses arbres. Je me sentais proche de cet endroit, sans posséder la moindre magie liée à la nature effroyable. Je m’y serais bien perdu. Je souris, en imaginant les histoires qui en résulteraient. La disparition de Kaahl Paiberym… L’on dit que l’homme a pénétré la forêt et s’est perdu dans son brouillard à jamais. Ma fin serait tout sauf honorable. Elle serait simplement effroyable et figurerait sans doute parmi les contes destinés à apprendre aux enfants à ne pas s’éloigner de chez eux. Et dans l’hypothèse où j’aurais envisagé de me suicider ici, jamais mon corps n’aurait été retrouvé. La faune s’en serait occupée bien avant que quiconque ne commençât à me chercher. Pourtant, ce bracelet, lié à mon poignet, me questionnait. Il n’était pas anodin. L’épreuve avant tout.

La saison de Llodien rendait la forêt moins brumeuse. Je restais néanmoins sur mes gardes. Ça m’étonnait de la part des Alfars d’organiser une simple chasse aux trésors. J’avais accompagné Eméliana lors de la Coupe des Nations vampirique. À son occasion, j’avais dû affronter quelques Enfants de la Nuit afin de la sortir d’affaire. Outre les monstres qui rôdaient tout autour de moi, entre monstres nous nous sentions mutuellement, je me doutais que j’allais rencontrer d’autres déconvenues. Ces dernières ne tardèrent pas à se présenter, sous une forme prévisible mais inattendue. Le Maître des Masques, entendis-je, soufflé à mon oreille. Je m’immobilisai, ne sachant pas s’il s’agissait des Esprits, de Lux in Tenebris ou des effets de la forêt. Les murmures recommencèrent, suivis de rires éparses. Je serrai les dents. L’endroit jouait avec mes sens. J’inspirai. Normalement, j’étais capable de faire la différence entre la réalité et la fiction. Néanmoins, il m’apparut très vite que le côté sombre de ma personne, tout comme cette forêt, avait envie de jouer les trouble-fêtes. Mon plus grand ennemi n’était nul autre que moi-même. « Alors, Maître des Masques ? Tu es perdu ? » La voix semblait bien trop réelle pour n’être qu’une chimère de ma création. « Je vais t’aider… » recommença-t-elle. Je fis un pas sur le côté, soudainement, le souffle court, afin d’éviter un animal imaginaire. « Je vais t’aider si tu sacrifies le Bien. Sinon, je te laisserai mourir. » Je déglutis, dans l’objectif de me concentrer. Je ne devais rien laisser paraître du Mal qui se nourrissait de mon être, rien laisser paraître des ténèbres qui m’habitaient. Cependant, dans les situations difficiles, mon appartenance au peuple des Sorciers ressortait bien plus facilement. J’aurais pu supprimer cette forêt, laisser la Valse Destructrice ronger le bois de ses arbres et écraser ses épines pernicieuses. Je ne devais pas, je ne pouvais qu’utiliser Umbra in Lucem en espérant que le soin saurait faire disparaître mes maux. Je ne pouvais qu’utiliser mon cerveau, afin de faire la différence entre le rêve et la réalité. « Oh je vois. Tu te crois malin ? Plus que moi ? » Je ne répondis pas. Je suais à grosses gouttes, ayant soudainement chaud. Ma vision se troubla, jusqu’à ce qu’un voile ne se plaçât devant mes prunelles, un voile enflammé. J’avais l’impression que la forêt brûlait. J’avais envie qu’elle brûlât. Je ne devais pas. « Le Maître des Masques en change souvent, il se perd dans ses identités. Je vais lui faire vivre un tourment, parce qu’il l’a mérité. » chantonna la voix. Je passai une main sur mon front. Était-ce moi ou la forêt ? Je n’en avais aucune idée.

Alors que j’avais décidé d’ignorer les monstres chimériques, me contentant d’avancer, mon corps fut heurté par une bête bien réelle. La douleur au niveau de mon bas-ventre me donna encore plus chaud. J’avais l’impression que tous les pores de ma peau étaient en train de laisser passer un liquide brûlant et répugnant. Je baissai les yeux, visualisant quelques secondes mes entrailles, pendantes, rougeoyantes, sanguinolentes. J’inspirai. La vision s’estompa. Plus j’avançais, plus je voulais détruire la forêt, et ce qui se trouvait autour, et le reste. Le Monde. L’Univers. Les peuples bénéfiques chercheraient à m’arrêter et causeraient immanquablement ma perte. Tant mieux. Lorsque l’animal revint, je le paralysai sans effort. Ce n’était pas lui que je craignais. C’était l’union de la Forêt des Murmures et de la Magie des Ténèbres. « Hier, le Maître des Masques a mis son masque de Génie. Il en est sorti moisi. Aujourd’hui, le Maître des Masques a mis son masque de Magicien. C'est devenu un bon à rien. Demain, le Maître des Masques mettra son masque de Sorcier. Il détruira le monde sans sourciller. » La voix se mit à rire, folle, consciente que ça ne me plaisait pas, que je n’aimais ni l’entendre, ni ses rimes idiotes et sans saveur.

Soudain, un vol de corbeau faillit me heurter, des corbeaux imaginaires, symboles de la mort. J’ouvris ma magie aux Esprits. Ceux-ci chuchotaient des mots incompréhensibles, à moins que ce ne fût là encore que mon imagination. Ils semblaient m’appeler vers eux. « Le Maître des Masques va finir par se suicider. » continua la voix. Les murmures autour d’elle étaient inquiétants. Je faisais de mon mieux pour garder le sens de l’équilibre et avancer mais les choses devenaient de plus en plus délicates. Je fermai les yeux. Au lieu de rencontrer le noir de mes paupières, des formes s’imposèrent à moi. Je les rouvris, décidé à en finir avec l’ensemble de cette comédie. Je déployai l’Extinction autour de moi. Ma silhouette changea légèrement, deux fois rien. J’étais plus musclé, légèrement plus grand. Les voix cessèrent en même temps que le reste. Le silence revint, assez pour que je sentisse une brindille craquer. Je m’élançai, vif et précis, jusqu’à ce que ma main se refermât sur la gorge d’un Alfar, un Näg, même si je n’en savais rien. Agacé et sonné par la disparition de ma propre magie, je n’eus pas la moindre envie de m’adonner à une quelconque politesse. Mes yeux dans les siens, je murmurai quelques mots. « Tu vas me guider jusqu’à la véritable Amarante de Glace et sans fourberie. C’est compris ? » J’étais du genre à être convaincant et, face à un Näg, qui représentait l’échec de la société des Alfars, ma parole avait un poids prévalant. S’il ne le faisait pas, je la trouverais moi-même, d'une manière ou d'une autre.

Une fois que la fleur fut entre mes doigts, un sourire satisfait éclaira mon visage.

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Sam 01 Aoû 2020, 19:51



SIMPLE VISITEUR

Pour la famille Leone, les occasions de se réunir se faisaient rares. Habituellement, il fallait au moins qu'un être perde la vie ou l'obtienne pour que ses membres se pressent dans le salon. Un événement inattendu les vit cependant se rassembler : à l'occasion de la Coupe des Nations, les Alfars autorisaient les étrangers à visiter Drosera. Ayant participé à l'une d'elles _ et ayant avec bonheur remporté la troisième place _, Isahya avait demandé à son père la faveur de s'y rendre. L'enthousiasme au coeur, elle avait entamé les préparatifs du voyage. Quand bien même elle serait chaperonnée, elle brûlait de découvrir l'épreuve qui attendait le représentant Sorcier, et avant tout, de le soutenir par ses prières. Entre le couronnement d'Elias Salvatore, et sa victoire, elle sentait qu'enfin, la Mère du Chaos tendait l'oreille vers ses murmures nocturnes. Sa dévotion n'en était que plus grande, et elle avait même eu l'audace, dans le plus grand secret, de s'inscrire aux examens d'entrée. Son rêve ne l'avait jamais quittée, et elle se laissait volontiers aller à l'idée que, peut-être, elle pourrait bientôt arborer le blason de l'Université. Malencontreusement, quelques jours avant le départ, Grand-Mère avait frappé à la porte. De sa verve coutumière, elle n'avait pas manqué de faire un commentaire sur la prestation de sa petite-fille. « Tu aurais au moins pu finir en tête. Derrière le premier, il n'y a que des perdants. »  Sans émettre la moindre protestation, la jeune femme s'était contentée de serrer les dents. Sa sérénité de façade n'empêchait pas le découragement de poindre.

Cheminer jusqu'à La Majestueuse en compagnie de la vieillarde se transforma en un véritable calvaire. Lorsqu'il s'agissait de pourrir la vie de ses proches, elle possédait un savoir faire hors du commun. Terrassée par son mal de mer, la jeune femme bénéficia néanmoins d'un répit bienvenu. À leur arrivée, l’acariâtre créature souleva des regards empreints de mépris. Perpétuellement insatisfaite, elle désignait de son doigt crochu les infrastructures qui lui déplaisaient, et, à grand renforts de lèvres pincés, détaillait tout ce qui ne lui convenait pas. Muette devant sa mauvaise foi, la brune se gorgeait de la vision inédite qui s’offrait à elle. « Arrête de baver devant tout ce que tu vois. Un peu de tenue, bon sang. » Insensible au ton désapprobateur de la rabat-joie, elle s’emplissait les prunelles de visions végétales. Construite contre l’harmonie d’un arbre, Drosera étendait ses plateaux comme une fleur tournait ses pétales vers le soleil. Il fallait reconnaître qu’en dépit de l’amour qu’elle portait à Amestris, l’architecture des autres cités ne cessait de la surprendre, et l’étonnement disputait la lueur dans ses yeux à l’admiration. « C’est l’endroit où vivent les ratés. Je suis certaine qu’ils pourraient te faire une place. » Visiblement ravie de sa plaisanterie, Grand-Mère éclata d’un rire gras. Lui répondre ne menant jamais à rien, la brune crispa le poing en silence ; quelque chose en elle rêvait d’envoyer cet insolent débris aux ordures. Regrettant de ne pouvoir causer un accident fatal, elle se fit la promesse qu’elle ne parviendrait pas à ternir l’ambiance festive qui rayonnait aux alentours.

Ils ne tardèrent pas à délaisser le premier plateau, ainsi que le deuxième, les jugeant dénués d’intérêt. En revanche, parvenir à la passerelle suivante leur fit envisager la ville d’une nouvelle manière. À cette hauteur, le panorama délivrait un aperçu splendide de la Forêt des Murmures. Loin de leur inquiétante réalité, les bois se dressaient dans un carcan vaporeux. Le mauve y régnait en maître, et, sans les affreuses histoires contées à leur sujet, la jeune aurait presque eu envie d’y faire un tour. Cependant, le paysage urbain ne manquait pas de charme. De fougueux ruisseaux surgissaient entre les bosquets. Gagnés par une opulence inédite, les édifices s’arrondissaient comme des adolescents. Plantes et tuiles se succédaient sur les toits, et là où l’un faiblissait, l’autre prenait les devants. C’était de toute beauté. Un tel degré de synergie entre l’homme et la terre ne pouvait que témoigner d’une grande civilisation. Lorsque la brune eut le malheur de souligner le raffinement que manifestaient les Alfars, Grand-Mère la toisa d’un regard courroucé. Comment osait-elle louer ainsi ces êtres répugnants ? « Je ne serais pas étonnée que tu tournes mal, et que tu finisses par devenir une de ces sales petites Magiciennes. » Le rouge monta aux joues de la jeune femme. Qu’elle subisse les moqueries et sarcasmes de son aïeule était une chose. En revanche, qu’elle l’insulte de la sorte lui donna instantanément envie de la pousser par-dessus la balustrade. Avant qu’elle ne puisse faire un pas, son géniteur s’interposa. « Mère, je vais faire un tour plus haut. Économisez-vous, et allez donc faire un tour au marché que nous avons aperçu tout à l’heure. » Sans attendre la protestation de la vieille chouette, il s’empara de la main de sa fille et s’évanouit parmi la foule.

Surprise de son initiative, la jeune femme prit un air interrogateur. « Un peu d’air nous fera du bien à tous les deux. » Elle n’allait certainement pas le blâmer. S’éloigner de cette insupportable mégère la réjouissait, et, son père n’aimant pas faire la conversation, elle savait qu’elle serait bientôt tranquille. Cependant, une question la taraudait. « Qu’est-ce qu’elle a contre moi ? » César haussa les épaules. « Elle n’aimait beaucoup Gisèle. » Doux euphémisme que de parler d’un léger désamour alors que Grand-Mère avait multiplié les tentatives d’assassinat sur sa belle-fille. Par chance, elle avait une bouche immensément plus grande que son talent. Le poing serré, la brune leva la tête vers son paternel. « Un jour, je lui ferais ravaler ses paroles. » Promesse d’une réussite future, la détermination affermissait sa voix. La silhouette croulante de Grand-Mère ne tarda pas à disparaître des pensées de la Sorcière. À cette hauteur, il lui semblait que les habitants se pressaient moins entre les rues, et paraissaient sensiblement plus occupés. La concentration plissait la peau de leur front, et la plupart n’accordait pas même un regard aux visiteurs. Absorbée par la contemplation des chutes d’eau, elle s’interrogeait sur leur provenance. Bien que la hiérarchie des plateaux lui apparut clairement, elle ne déchiffrait pas le fonctionnement de la cité. Comment les bâtiments pouvaient-ils s’allier aux végétaux sans les briser ? D’où venaient ces somptueuses cascades ? L'arbre était-il une divinité ayant fait le sacrifice de son corps pour son peuple ? Lorsqu’elle héla ce qui ressemblait à s’y méprendre à un soldat pour en apprendre davantage, elle ne récolta que mépris et silence. Offusqué de le voir se détourner d’elle, elle retint la remarque désobligeante qui montait dans sa gorge.

Ayant repéré un spectacle qu’il jugeait digne de son attention, son géniteur lui désigna l’autre côté de la place. « Ce n’est pas le moment de poser des questions. Profite de ce que tu vois. Découvre, et retiens. » Interloquée par la note de fascination dans la voix de César, la brune s’approcha de l’endroit qu’il lui avait montré. Parvenue devant les tableaux qu’un groupe se plaisait à façonner, elle hoqueta. Les Alfars méritaient sans nul doute de se considérer comme des artistes. La splendeur de Drosera n'avait rien à envier à l'élégance qu'ils mettaient dans leurs gestes. En matière de peinture, leur don faisait pâlir. N'avoir jamais eu l'occasion de mettre les pieds dans les galeries d'art d'Amestris n'empêcha pas Isahya de songer que leur talent dépassait vraisemblablement celui des Sorciers. Des couleurs jetées sur les toiles donnaient naissance à des spectacles qu'elle aurait juré vivants. Illusion ou réalité, qui aurait pu le dire ? Sur un chevet à proximité, elle discernait une scène de tempête. Pris dans la fureur des flots, un navire se renversait. Dévoré par les vagues, ses passagers cherchaient à apaiser le courroux de l’Océan par le sacrifice d’un enfant. Debout sur une planche vacillante, l’écume lui léchait les genoux. Échappée de son univers pictural, la brise marine jouait avec les mèches d’Isahya. Sa caresse apporta des effluves salés, et le parfum charria avec lui la certitude du naufrage. En arrière-plan, le fracas de la mer cheminait jusqu’à ses oreilles, et la férocité du ressac la fit tressaillir. Croyant qu’un sortilège s’emparait de ses sens, l’impression dérangeante que la toile allait l’arracher au monde s’insinua en elle. L’angoisse se diffusa dans ses cellules. Par crainte de se retrouver piégée à jamais, elle poussa un cri. Le peintre ne détourna pas les yeux de son ouvrage.

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Mancinia Leenhardt
~ Humain ~ Niveau IV ~

~ Humain ~ Niveau IV ~
◈ Parchemins usagés : 11262
◈ YinYanisé(e) le : 01/05/2015
◈ Âme(s) Soeur(s) : Neah Katzuta | Ange | Compagnon
◈ Activité : Joaillière [Rang IV] | Médecin [Rang III] | Éleveuse de Vaches [Rang I] | Investisseur [Rang II]
Mancinia Leenhardt
Sam 01 Aoû 2020, 23:21


Illustration - Vrihedd
La Fleur au Fond des Bois

Observant l'air austère de Drosera dès sa sortie de l'établissement, l'Ange eu un sourire naissant sur la commissures de ses lèvres. Lors de son dernier voyage, les habitants de la Majestueuse l'avait observé de haut, avec mépris. Ces choses n'avaient pas changées, mais l'époque où on le considérait comme un déchet était révolue. S'étant hissé vers des sommets confortables, certains Alfars le dévisageait avec une envie malsaine dans les yeux. Probablement celle de l'égaler en lui arrachant la tête. Ça tombait relativement bien ... il ne les aimait pas non plus. L'ignorant de l'époque posait de temps en temps son regard sur un élément invisible pour avoir le plaisir de percuter leurs yeux. Quelques audacieux le soutenait, mal à l'aise. Il était peut-être un Ange, mais cela ne le rendait pas fragile pour autant. En poursuivant son chemin, il allât à la rencontre de Chÿsam, dont il s'était provisoirement séparé, à sa demande ... Le Capitaine le soupçonnait de courtiser une rescapée de la Terre Blanche et cela l'amusait de suivre l'évolution de son comportement. Il en venait à se demander si tout le monde n'avait pas vu ses sentiments pour Mancinia avant que lui-même ne les comprennent ?

Tu as trouvé ce que tu cherchais ?
Oui, merci.

Neah n'était évidemment pas venu seul, même si, officiellement, Chÿsam était en congés, il avait pour mission de garder les yeux ouverts. Si les Anges avaient bien conscience que les Alfars était des êtres retors et du peu de risque qu'ils auraient à s'en prendre à lui, alors que leur Capitale s'était exceptionnellement ouverte, c'était une sécurité qu'on lui avait demander de prendre. Ces créatures étaient des êtres du Mal et ils avaient la désagréable manie de menées les choses dans l'ombre, malgré les revers essuyés par les alliances de l'ère précédente et de la dépossession de leur puissance acquise sur le sang de milliers d'innocents. Il ne restait plus beaucoup de temps avant l'officialisation de l'ouverture de cette Épreuve. Le concurrent songeait que quelques heures avaient été suffisants.

J'y vais.
Maintenant ? Mais ...
Officiellement.

Neah avait mis son doigt sur sa bouche, avec un clin d'oeil. Son compagnon avait compris.



Un silence hostile émanait de cet endroit coloré, dont les allusions au danger suintaient de chaque recoin. Cela ne rendait que son Épreuve plus grisante encore. La Forêt des Murmures avait cet attrait aussi hypnotique que dévastateur. Est-ce que tout, ces derniers temps, devait inlassablement lui rappeler la dernière guerre ? Était-il trop accaparé par le passé, au lieu de regarder vers l'avenir ? Pourtant, ses souvenirs lui montraient à quel point tout en lui avait évolué. Il ne le mesurait pas vraiment, en général, mais c'était une réalité. Loin était le temps où il devait courir en se prenant des branches pour se vautrer au sol, essayant de fuir la moindre créature aux dents acérés. Neah se sentait moins idiot, avec une plus large maîtrise de son corps pour lui permettre de parcourir cet endroit. Une chaleur moite ne manquait pas d'augmenter sa sudation, mais elle demeurait bien moindre que ce dont il avait eu affaire dans le Désert, évidemment. Il se trouvait au beau milieu de la nuit, mais magie heurtant sa vision lui permettait de distinctement observer les environs, évitant les pièges tendus des ronces sur les arbres ou des racines ensevelies à moitié. Sa main vint près de son poignet, effleurant le bracelet remis par ses hôtes. En cas de doute sur le fait qu'ils puissent l'abandonner, il aurait brûler une partie de l'endroit et se serait envoler, tout simplement, mais pour l'instant, il progressait selon ses sens en essayant d'éviter de se retrouver à la merci des créatures sombres peuplant les bois.

L'Ange avait croisé une concurrente plus tôt, mais il s'était tenu à l'écart de cette dernière et avait choisi un chemin en parallèle pour poursuivre sa propre route. L'entraide ne le dérangeait pas, en temps normal, mais ce n'était pas une compétition pour rien. Irrémédiablement, c'est en songeant à celle-ci qu'un éclat bleu attirait son attention. Une fleur tombe du ciel, l'Ange est surprit et observe les alentours, mais il n'y a aucune réaction. Une sorte de lumière sort des pétales bleus, que ce dernier caressait avec prudence. Il ne connaissait que trop bien les dangers des environs et il doutât sérieusement qu'il s'agisse de l'Amarante de Glace, pour en avoir distinguée une copie dans les mains du locuteur. Bizarrement, son odeur lui rappelait quelqu'un, c'était si ... Fronçant les sourcils, Neah l'embrasât instantanément en protégeant bien son nez et son visage. Tout n'était que traîtrise, il ne devait pas l'omettre. Un cri strident émergeait des alentours, le surprenant. Son Hypersthénie pouvait lui permettre de déceler les bruits lourds venant dans sa direction. Il était évident que tenter de distancer un animal des environs était ridicule, mais sa trajectoire le tracassait ... Une ligne droite. Comment pouvait-elle le tracer aussi aisément ? En observant les reliquats de poussière, son esprit compris. La Fleur Bleue n'était pas un poison pour lui. Il avait marqué cet endroit ... en attirant une créature. C'était comme un signal d'alarme pour déceler la présence de proies ... plutôt efficace.

En la voyant se dégager de deux troncs d'arbre mort, sa respiration se coupait avec une grimace écoeuré. Deux longues pattes relativement minces et tordues supportaient un corps massif, rendant le pas lourd, au rythme dérangeant. Son être n'était qu'un mélange de branches cassées, d'herbe rouge aux éclats verdâtres, ainsi que des os à la violente dureté. Son ... visage ressemblait à celui d'un cadavre laissé sous eaux durant un moment, c'est en tout cas ce que traduisait son odeur. Ses longues cornes aux os piquants, ressemblaient à des mains désireuse de l'empaler. C'était ...

Tu es vraiment une créature dégueulasse.

Jamais il n'avait rien croisé de semblable, pas même lors de son ancienne escapade, lorsque les Alfars l'avaient poursuivit avec le reste du groupement. La créature le toisait, alors que l'Ange ne bougeait pas, essayant de rester calme pour ne pas exciter ses instincts, certainement meurtriers, mais son comportement le déroutait vraiment. En usant de sa puissance physique, ce monstre sautait dans les airs à une distance qui ne manquait pas de le surprendre, tout en balayant les légers obstacles qu'incarnait les branches, pour se poser sur l'une d'entre elles, plus épaisses, avant de reprendre une impulsion. Dans sa direction. Ses deux pattes en avant, prêtes à le réduire en bouillie. Sans bouger, son poing se refermant uniquement, Neah déployait un bouclier sur lequel les membres se fracassèrent. Seulement, si le choc aurait sans doute dû les lui brisées, cela n'avait pas été le cas. Dans d'autres cas, la Canine Blanche aurait sans doute salué la résistance, mais il l'avait clairement vu. Quelque chose avait amorti le choc. Était-elle douée de magie ? Un sourire étirait ses lèvres. Ses adversaires savaient que ce n'était pas bon signe. Et s'il broyait son essence avant de reconfigurer les os sur son horrible faciès ? En déployant l'Extinction, le concurrent n'avait pas été prêt à voir la mutation reprendre sa forme d'origine. L'Alfar, lui, paru éberlué de voir son illusion se disloqué devant sa proie. Passé la surprise commune, en voulant se mettre en retrait, il vit le poing refermer de l'Ange venir s'abattre contre le côté gauche de son visage, soulevant son corps pour l'envoyer un peu plus loin.

Tu as de la chance.
C'est une blague ? Cette claque a bien failli me tuer !
Il ne fallait pas me montrer tes crocs si tu n'étais pas capable de me tenir tête.

Il ne répondit rien, baissant les yeux vers le sol, les dents serrées devant son échec. Il n'osait même pas se relever. Craignait-il que l'Ange ne lui brisât le cou ?

On s'amuse à mettre des bâtons dans les roues des honnêtes concurrents ?

Il ne répondit rien, mais cela était l'évidence même. Ce n'était pas la première fois qu'il en était témoin, après tout.

C'était un très beau sortilège. J'aurais hurler de peur à une époque, mais tu as sous-estimé un Ange Gardien. En côtoyant les Humains, on apprends à maîtriser leur puissance ...

Relâchant Extinction pour retrouver l'usage de sa propre magie, il usait de Neutralisation presque immédiatement, s'assurant que son assaillant reste tranquille.

Tu vas rester ici.
... Je vais mourir en restant seul, gémit-il. Ayez de la pitié.

Un sourire apparut sur les lèvres de son interlocuteur. Essayait-il de profiter de sa corde sensible ?

Bien essayé, mais mon Épreuve n'est pas terminée.

Sa conscience lui disait néanmoins de ne pas laisser cet imbécile dans cet état. Il aurait du mal à expliquer le décès d'un Alfar s'il s'avérait qu'il eu agit de sa propre initiative - bien que cela ne trompait personne. En voulant établir une prison glacée, imperméable aux attaques extérieures, l'Ange comprit qu'il ne lui était pas possible de matérialiser sa magie élémentaire aux alentours. Était-ce une conséquence de la présence de l'Amarante ? En lui tournant le dos, Neah s'engageait sur le chemin qui devait le conduire là où il devait être.

Si tes comparses ne viennent pas à ton secours, prie les Aetheri de tenir bon jusqu'à mon retour ...

Tenir bon. Jusqu'à la fin de l'Épreuve.

1544 mots


[Coupe des Nations Alfar] - La fleur au fond des bois Chriss10
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Sam 01 Aoû 2020, 23:47

La fleur au fond des bois


Crédit: Enchanted forest by Tomas Honz

Thème.


e4oj.jpgNerveuse, la jeune femme tripotait l’anneau qui garnissait son majeur. Le champ de bataille, l’attaque des morts, la perte de ses ailes. Spectatrice impuissante d’un défilé de catastrophes, elle ne pouvait qu’espérer. L’anxiété en elle gagnait du terrain, n’attendant que l’opportunité d’éclore. Le répit accordé par le festival lui avait permis de retrouver un simulacre de confiance en l’avenir, anéanti par l’annonce de la Coupe des Nations. Joliel l’avait prévenue : les épreuves étaient rarement aussi douces que le concours de cuisine. Choisie pour représenter les siens auprès des Alfars, elle avait d’abord cru qu’il s’agissait d’une mauvaise blague. Malheureusement, il n’y avait pas eu d’erreur, et, le cœur serré, elle avait emprunté le chemin de Drosera. Exceptionnellement ouverte aux étrangers, l’accueil n’en demeurait pas moins glacial, et les regards qu’elle avait sentis couler sur elle ne l’avaient en rien rassurée. Osant à peine sortir de la chambre qu’on lui avait attribuée, sur le Premier Plateau, elle avait passivement attendu les explications. En l’occurrence, il fallait se rendre dans la Forêt des Murmures, et mettre la main sur une plante que l’on nommait l’Amarante de Glace. Graver son apparence dans sa mémoire lui étant impossible, elle s’était sue mal partie avant même que le coup d’envoi ne soit donné. En conséquence, elle avait passé une nuit épouvantable. À force de se débattre entre les draps, elle avait fini par se lever pour de bon, et par se servir un thé qui refroidissait sur la table. Mère du cauchemar, l’aube approchait.

À l’orée des bois, Calanthe envisagea l’abandon. Les troncs figés s’étendaient vers le ciel, cordes de violon tendues par une main invisible. Un frisson courut le long de son échine, charriant la peur sur son chemin. Quelques minutes s’écoulèrent sans qu’elle ne bouge d’un centimètre. Un individu passa à ses côtés, et, devant son manque d’hésitation, elle trouva le courage d’avancer à son tour. Son peuple comptait sur elle : même s’ils ne devaient pas s’attendre à un miracle, elle s’accrocha à l’idée qu’elle devait les honorer. Pour faire taire ses doutes, elle souffla jusqu’à chasser l’air de ses poumons et prit une inspiration profonde. Il ne fallait pas qu’elle se laisse submerger. Rien n’était encore perdu. Avec de la chance, la fleur possédait un éclat particulier, et elle la reconnaîtrait entre toutes. Ayant pénétré dans la Forêt, elle ne tarda pas à rencontrer son premier obstacle : les ronces. Sa maladresse risquait de lui porter préjudice. L’alternative lui vint naturellement. À sa connaissance, aucune règle n’interdisait de prendre de la hauteur. Ses ailes déployées, elle s’envola à une distance raisonnable du sol, et commença véritablement ses recherches. À perte de vue, les arbres criaient leur agonie vers les cieux. En réponse à leurs lamentations, il se teintait de mauve. Pas une touche de couleur n’attirait son regard. Déçue du panorama, et fatiguée par l’effort, elle finit par toucher terre à nouveau. L’épreuve présentait l’avantage inespéré de la préserver de son péché ; il n’y avait rien à envier ici.

Immobile, la jeune femme réfléchissait au meilleur moyen de dénicher la précieuse. Aucune idée n’effleurait ses neurones atrophiés, et, agacée de ne pas montrer davantage d’imagination, elle s’en remit au hasard. Incapable de prendre des repères, elle s’enfonça innocemment dans la Forêt. « Tu cherches l’Amarante, toi aussi ? » Surgie de nulle part, la voix la fit sursauter. Son propriétaire se détacha des ombres, le visage frappé d’un sourire. Une inquiétante cicatrice barrait sa joue. Troublée par l’atmosphère ambiante, elle porta par réflexe la main à sa lance. « J’ai aperçu des fleurs, par là-bas. » À la fois ravie et surprise qu’il lui donne ainsi des informations, elle fronça les sourcils, dans l’espoir d’arborer des traits menaçants. « Pourquoi êtes-vous là ? » Son timbre tressaillant la trahissait. L’autre s’écarta de quelques pas ; elle lui paraissait une proie facile, mais en ces lieux, les erreurs ne pardonnaient pas. « N’aie pas peur. Je m’appelle Jézabel, et j’ai été envoyé par les Anges. J’ai déjà trouvé ma propre fleur, mais je t’ai vu voler, tout à l’heure, et tu avais l’air perdue. Je ne pouvais pas me résoudre à partir sans donner un coup de pouce. Cet endroit fiche la trouille, pas vrai ? » Haussant les épaules devant la méfiance que lui opposait la blonde, il tourna les talons. « Attendez ! Vous voulez bien faire un bout de chemin avec moi ? Je ne suis pas très rassurée, toute seule. » Le Näg tâcha de dissimuler sa satisfaction. L’entraîner dans les profondeurs était synonyme d’élévation.

Loin de se douter des véritables intentions de son bienfaiteur, la jeune femme profitait de sa présence pour briser gaiement le silence. À mesure qu’ils progressaient, les lianes épineuses s’emparaient du terrain, et à plusieurs reprises, elle dut compter sur le Näg pour l’en dépêtrer. « Je suis désolée, je ne suis pas très agile. Heureusement que l’épreuve n’est pas plus difficile. J’avais peur de ne jamais revenir. » Certain de son échec à venir, il la rassura sur ses facultés. À sa place, il se serait davantage inquiété de la naïveté qui la poussait à suivre le premier inconnu qui se présentait à elle. Quand bien même la Forêt ne comptait pas au palmarès des lieux les plus sûrs du continent, il arrivait tous les jours de croiser des individus aux volontés écarlates. Sans la mission qui lui incombait, il se serait volontiers chargé lui-même de la faire disparaître. Au bout d’une heure de marche, il se confondit en excuses, prétendant qu’il ne savait plus où ils se trouvaient. Par bonté d’âme, il offrit même de lui donner sa fleur. Touchée par son attention, Calanthe ouvrit la bouche pour le remercier ; elle n’en eut jamais l’occasion. Dans les bois, les prédateurs aimaient à rappeler leur suprématie. D’un bond, la bête se jeta sur son ravisseur. Béante comme une fleur, sa gueule se referma sur la gorge du malheureux. Le liquide carmin éclaboussa le visage de la blonde. Son monde cessa de tourner.

Des pétales mortels qui s’agitent sur la chair. Des dents grouillantes, qui déchirent et lacèrent. Des gargouillis où se mêlent l’horreur et le plaisir. Avertissement bestial. Miraculée, la survivante s’éclipse devant la barbarie. De sa brise suffocante, la panique souffle sur elle. L’instinct efface le reste. Son cœur court aussi vite que ses jambes. Il faut s’éloigner. Vite. Ne pas penser, surtout. Ne pas penser à ce sang qui brûle sa joue, qui frappe à la porte de ses lèvres, qui l’étouffe d’abord. Ce sang qui n’est pas le sien, et qui, bientôt, va l’engloutir. Elle ne sera plus alors qu’un pantin fou, couvert de rouge, fantôme parmi les murmures. Ses prunelles succombent à des images saccadées. Complices du canidé, les ronces s’enroulent autour de ses chevilles. Leurs épines s’attardent sur sa peau, cherchent à percer ses défenses. La peur, immonde poison, se répand en elle. Elle se débat, elle griffe la terre. L’autre la poursuit, elle le sait. Elle sent son haleine fétide battre contre son cou. La pestilence rampe sur elle, prête à la dévorer. Chahutée par le duel de l’urgence et de la terreur, elle dévale une pente, s’immobilise, reprend sa course. Insensible, le temps s’accroche à son cauchemar. Les cris meurent dans sa gorge, cette gorge que des crocs vont faire taire à jamais. L’effroi rugit dans ses veines, et l’accable de son emprise. Sous ses pas affolés, des fleurs se fanent ; elle ne les remarque pas. Enfin, le calme.

C’est d’abord un sentiment fugace, une vague qui s’éteint avant d’avoir atteint le rivage.  L’horloge effrénée de ses palpitations cardiaques ralentit, libère la tension dans ses muscles. Puis, peu à peu, la frayeur devient un souvenir. La jeune femme réveille ses sens. La vue s’agite la première. Son corps a trouvé refuge dans une clairière. Maîtresse des lieux, la désolation enlace la végétation en une étreinte froide. Ronces et troncs se parent de nuances crayonnées. Pas un trait d’argent ne les effleure ; c’est un gris terne, déçu de sa propre teinte, qui dispute une royauté sordide au noir. Des touches de brume, ça et là, comme des nuages arrachés au ciel, que l’offense rend monstrueux. Du ciel descendent des lueurs mauves. Rien ne bouge. Sinistre élégance. Le silence tressaille, troublé par des voix qui n’en sont pas. Un parvis viride frissonne sur leur passage. Les chimères savent perdre les égarés ; parfois, elles savent aussi les rendre au chemin qui les attend. Le hasard les guide _ à moins qu’une main plus grande ne les dirige. L’intruse se retourne. Une pensée la prend : peut-être n’est-ce qu’un mauvais rêve. Ou peut-être sont-ce les hurlements des trépassés que la Forêt bâillonne. Elle refuse d’y croire. Sur le sol, une fragilité blanche capte son regard. À la vue du végétal, une réminiscence surgit. Une fleur ; c’est à elle de la ramener. Dans un élan fébrile, elle déploie les doigts vers son innocence, espérant que sa caresse lui offrira l’oubli.

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Lun 24 Aoû 2020, 17:58

La fleur au fond des boisChelae & Jadélynka


Ça se passe après l'annonce des résultats HAHAHAAAAA 8D /pan

-C’est un scandale, tu ne trouves pas ?

-Hm.

Buvant son thé, Chelae regardait par la fenêtre, l’air ailleurs. Jadélynka venait de faire irruption dans la pièce, les cheveux encore humides d’un bain qu’elle venait de prendre. Elle avait été surprise par l’avance qu’avait pris sa cousine sur l’heure à laquelle elles se retrouvaient d’habitude.

-Tu ne m’as pas attendue trop longtemps, j’espère ? Demanda la plus jeune en replaçant le coussin dans son fauteuil favori.

-Renata m’a fait entrer.

Ça ne voulait rien dire – Chelae avait attendu très longtemps, son thé était froid à présent – si ce n’était qu’on avait su l’accueillir. D’un signe de la main, Jadélynka renvoya la servante qui se tenait dans un coin de la pièce. Ainsi, elles seraient tranquilles.

-Très bien. Elle posa délicatement ses fesses parfaites dans son fauteuil puis se pencha pour se verser du thé elle aussi. Tu as entendu ce que j’ai dit ?

-Quoi donc ? Demanda Chelae en prenant place face à elle.

Elle remarqua que sa cousine avait changé quelque chose à son visage. Les sourcils ? C’était difficile à dire. Ces derniers temps, elle redécouvrait sa physionomie tous les mois.

-Que c’est un scandale.

-Ah, oui. Oui, c’est un scandale.

Si elle n’était pas aussi démonstrative, cela ne voulait pas pour autant dire qu’elle n’était pas moins déçue par les résultats de la Coupe des Nations. Simplement, Jadélynka s’était toujours montrée plus dramatique que sa cousine. Elle aimait les scandales. Ce mot la faisait frissonner.

Les résultats de la Coupe des Nations venaient d’être annoncés le jour-même. Bien sûr, la nouvelle avait fait grand bruit et elle resterait en travers des gorges pendant longtemps. Quelques impulsifs avaient déjà évoqué la possibilité d’une tricherie même si, compte tenu des consignes, la chose n’était pas envisageable.

-Estimons-nous heureux que l’Ygdraë n’ait pas fini sur le podium.

-Il ne manquerait plus que ça. Elle n’est pas morte, c’est déjà bien suffisant.

Sans compter le nombre d’étrangers qui avaient eu l’autorisation d’entrer dans la Majestueuse. Les deux cousines étaient sorties malgré tout. Par chance, la vermine était presque inexistante de par chez elles. Chelae était restée dans cette zone, observant l’effervescence de la capitale d’en haut là où Jadélynka, fidèle à elle-même, était allée s’aventurer à Enedhgardh. L’Alfar avait exigé que son Mur fût armé jusqu’aux dents pour se sentir en sécurité. Elle avait longuement jaugé ces nouvelles personnes, sans jamais leur adresser la parole. C’aurait été mal vu et de toute façon, elle n’en avait pas eu le courage. Jadélynka n’avait jamais quitté le territoire alfar. Le monde extérieur lui était aussi fascinant que monstrueusement bas. Elle ne connaissait les autres races que par les préjugés et son observation n’avait été qu’une tentative de les confirmer.

-Il y avait un homme avec son Orine… Elle afficha une mine dégoûtée. Affreux. Un Déchu qui faisait croire à tout le monde qu’il était le seul à savoir se tenir et s’habiller ici. Il avait peut-être cette femme, mais il n’empêche qu’il reste toujours originaire d’un monde de sauvages impulsifs sans limites. Il ne trompe personne.

C’était autant une envolée raciste qu’une expression de sa jalousie. La vérité est qu’elle l’avait trouvé très beau et que de le voir avec son Orine, encore plus radieuse, l’avait rendue malade. Jadélynka avait du mal avec cette race que les leurs côtoyaient également, car elle enviait profondément leur splendeur. Lorsqu’elle en croisait une, l’Alfar l’observait toujours pour déceler ce qui faisait d’elle une beauté pareille. En rentrant chez elle, elle s’efforçait de se souvenir des moindres détails pour les appliquer sur son propre corps. C’était généralement une réussite, mais il lui suffisait de croiser une nouvelle bombe pour de nouveau complexer sur son apparence.

-Tu n’as fait que t’attarder sur des personnes qui ne valent pas le coup ?

-Non, il y avait quelques marchands et des attractions, mais… c’est très déstabilisant, tu sais. J’ai croisé un chat qui m’a regardé avec insistance et je ne pouvais même pas savoir si c’était un vrai chat ou l’un de ces Evershas. Elle soupira. C’avait été une expérience fatigante. Ils étaient partout. J’avais presque l’impression de ne plus être à Drosera.

-C’est un peu ça, oui. Elle reposa sa tasse de thé sur la petite table basse devant elle, car après tout, elle n’allait pas boire quelque chose de froid.

-On ne devrait pas leur ouvrir les portes de cette façon, ce n’est pas un cirque ici. Jade fit la moue. Et toi, qu’as-tu fait ?

-Je me suis promenée. Je suis allée jusqu’aux terrasses, j’ai rencontré quelques amis.

Ils avaient parlé d’en bas et de leurs pronostics sur le vainqueur de la Coupe des Nations. Ils avaient tous eu faux.

-Hmm, peut-être aurais-je dû faire ça moi aussi. Cette sortie m’a plus agacée qu’autre chose.

Chelae eut un rictus, amusée par cette réaction qu’elle avait eu bien plus tôt au cours de sa vie. Et encore : ceux que sa cousine avait vus étaient probablement de classe sociale respectable. A Mornhingardh, elle aurait croisé un bien plus large panel d’individus, pour la plupart moins éduqués que des enfants en bas âge.

-Maintenant tu auras vu à quoi ça ressemble.

Jadélynka croisa les jambes et s’enfonça dans son fauteuil. La remarque ne lui plaisait pas vraiment. Cela la faisait se sentir plus petite, stupide et naïve, chose qu’elle n’était plus depuis longtemps. Elle perdit son regard dans sa tasse, qu’elle tenait entre ses deux mains.

-N’empêche, j’espère que les Nägs désignés pour cette épreuve ont été tués. Leur travail a été pitoyable. Dit-elle pour revenir au sujet initial, plus confortable.

Chelae acquiesça. La puissance de certains participants, qui étaient parvenus à déjouer leur magie, n’était en rien une excuse valable. Lorsqu’on voulait réussir, on faisait tout pour y arriver. C’était encore pire face à des étrangers, qui n’avaient aucune notion de leur art. Après, aurait-on pu s’attendre à mieux de la part des plus grandes ratures de leur société ? Ils ne vivaient pas au Dernier Plateau pour rien.


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Jämiel Arcesi
~ Alfar ~ Niveau II ~

~ Alfar ~ Niveau II ~
◈ Parchemins usagés : 760
◈ YinYanisé(e) le : 01/03/2019
◈ Activité : Étudiant à plein temps ; Luthier en parallèle
Jämiel Arcesi
Mar 25 Aoû 2020, 11:44

Enchanted forest by Tomas Honz
La fleur au fond des bois
Èibhlin accrocha une dernière épingle décorative dans sa tresse distraitement posée sur son épaule, celle-ci tenant la place grâce à une myriade d'autres pinces placées judicieusement afin qu'elles soient, elles, invisibles à l’œil mais puissent tout de même jouer parfaitement leur rôle de maintient. Elle se leva, posa un regard appuyé, les lèvres pincées, sur la missive exposée sur la commode, et s'échappa de son appartement. Son regard pétillait en se posant de part et d'autre du plateau. Elle avait l'impression de vivre Drarohi en plein milieu de l'année. En plus dynamique encore de par la présence de ces étrangers. Elle ne savait qu'en penser. Elle n'avait jamais eu l'occasion de voir à quoi ressemblaient les autres races, mis à part les Orines, lors de l'arrivée de Bellone, et les Sorciers, lorsqu'elle dût rejoindre Amestris. Et les Ygdraë également, mais là encore c'était différent. Aussi s'attarda-t-elle un moment auprès du portail afin d'y observer les visiteurs, faisant des paris avec elle-même sur la provenance du prochain arrivant ou à quelle race ce dernier pouvait appartenir lorsqu'il ne possédait aucun signe distinctif. Ils étaient nombreux en réalité. Du moins, plus nombreux qu'elle ne se l'était imaginée. Elle pensait que le retrait de Drosera au tréfonds de la Forêt des Murmures et les secrets qui s'y cachait, qu'ils proviennent de la ville comme de ses habitants, auraient refoulés le monde. Il semblerait que celui-ci soit bien plus curieux qu'elle ne le songeait. Le genre de curiosité morbide que tous possèdent au fond de soi mais que peu admettent et encore moins assument.

La Sarethi s'avança d'un pas léger vers l'un des jardin commun de la ville, se lassant finalement rapidement de son jeu de devinette. Elle s'arrêta cependant à l'entrée en voyant un couple assis contre le tronc d'un arbre, se cajolant comme s'ils étaient seuls au monde. Ils se croyaient où ceux-là ? Un instant elle eut envie de leur montrer que les papillons qui voletaient ici n'étaient pas ceux des forêts calmes que l'on peut trouver sur le reste du Continent. Non, ici ils sont aussi vils que les champignons si banal dans leur forme et pourtant vénéneux ou ces belles fleurs telles les orchidées mais qui n'en sont pas et dévorent l'insecte ayant le malheur de se poser sur elle. La tromperie est omniprésente en ces lieux, qu'elle provienne de la faune, de la flore ou de ceux qui cohabite avec elle, et ces deux tourtereaux l'auraient, semble-t-il, déjà oubliés. Pourtant la jeune Alfar se ravisa. A la place elle s'approcha du couple, la tête haute malgré une différence d'âge probablement significative, avant de s'adresser à eux. « Vous avez dû vous tromper en vous installant ici. Nous ne sommes pas à Avalon. » fit Èibhlin d'un ton sec. L'homme, d'une race qu'elle fût bien incapable de déterminer une nouvelle fois et devait bien lui mettre une dizaine d'année dans la vue - au moins, le physique était tellement trompeur et il pouvait très bien en avoir quarante de plus - la fusilla du regard. Qui était cette gamine pour s'adresser à lui de cette manière ? Du moins supposa-t-elle que ce fût là ce qui lui traversa l'esprit. La réponse était si simple pourtant. Aussi lui rendit-elle ce regard noir qu'il lui jetait. Après tout, qui était-il lui, cet inconnu, cet étranger, cette sous-race, pour se permettre de la prendre de haut ainsi. Si la concubine de ce rustre se contentait d'observer le duel de regard qui s'offrait à elle, lui finit par capituler le premier. Il n'était ni en terrain conquis, ni en terrain pacifique et avait-il facilement lu, lui aussi, ce que pensait la Sarethi à travers les prunelles ancrées dans les siennes. « Viens, il semblerait que nous dérangions. » fit-il donc à sa compagne en se levant. La jeune Alfar les observa s'éloigner jusqu'à disparition totale de ces derniers. Finalement, le monde était bien différents de Drosera. Trop, peut-être. Pourquoi l'Amarante et les Tedalens avaient-ils décidés d'ouvrir la Capitale à la totalité du monde ? C'était étrange. Certains étaient tellement... Elle fronça du nez, incapable de poser un réel adjectif pour définir ces êtres.

La journée était bien entamée et les quelques champignons de saison commençaient à s'illuminer pour certains ou dégager leur parfum si particulier pour d'autres. Les fleurs se refermaient ou s'épanouissaient suivant la variété. C'était l'heure où la faune et la flore diurne cédait sa place à celle nocturne, plus sauvage encore. Plus mystérieuse. Plus remarquable, dans tout les sens du terme. Èibhlin partie retrouver Eskil qui avait déjà refermé son volet. Lorsqu'il la vit entrer dans la boutique, et habitation, un sourire étrange vint se peindre sur son visage. « Èibhlin. Je te vois de moins en moins. L'illustration ne t'intéresse plus ? » - « Non, ce n'est pas ça. Je profite de la période hors cours pour parfaire tout ce que j'ai dû rattraper en vitesse. Mes dernières notes ont été catastrophiques et j'ai obtenu mon dernier diplôme de justesse. » - « Le prix de la gloire. ». La Sarethi fit une moue agacée. « Louper ses études ? Pour avoir la reconnaissance ? Si on peut appeler ça comme ça. Et je te rappelle que j'ai perdu en plus. Et puis, je n'ai pas connaissance d'Alfars idiots qui se sont élevés. ». Un rire bref échappa à l'illustrateur. « Il ne suffit pas d'être intelligent pour rejoindre les sommets. Même si ça aide, évidemment. ». Evidemment. « Toutefois, je parlais plutôt de l'autre conséquence de ta participation en évoquant la gloire. » ajouta Eskil avec un mince sourire malicieux. « C'est pareil. Tout le monde ne me vois pas d'un bon œil. Chacun pour ses raisons mais au final l'idée reste la même. » - « Et toi, qu'en penses-tu ? ». Èibhlin marqua un temps, repensant à la dernière lettre qui lui fût parvenu. On pourrait la croire écrite par un autre homme. « Je ne sais pas. ». La jeune Alfar porta son regard sur la table où se trouvait des dessin, récent à en voir la brillance de l'encre. Elle se saisit de l'un des feuillets. Un portrait. « Qu'est-ce que c'est ? » demanda-t-elle en le tendant à son maître, changeant de sujet. Elle n'était pas encore à l'aise avec l'idée de ce mariage et préférait éviter d'en parler actuellement. Portant son attention sur le dessin, il la rejoint pour récupérer une dizaine d'autres illustration du même acabit. « Les concurrents à l'épreuve d'aujourd'hui. » - « Aujourd'hui ? Ça ne commence pas demain ? » - « Officiellement. Prends note de chaque mot qu'un homme utilise. Même lorsque ce n'est pas réfléchi. Prendre conscience des mots pesés te permet d'en connaître le sous-texte ou l'humeur de la personne. Les paroles inconscientes sont les plus sincères et celles qui regorgent d'informations. ». Èibhlin papillonna des yeux comme elle écouta le Drielsha. Evidemment, maintenant qu'il le disait. Mais elle n'y avait pas prêté attention sur le moment. Finalement elle reporta son attention sur les portraits. « Il en manque. Mais les plus importants ont été faits. » ajouta l'illustrateur sans que son élève ne prononce un mot supplémentaire à ce sujet. Elle ne connaissait pas la plupart des visages Néanmoins, quelques uns retinrent tout de même son attention. Elle réfléchit où elle avait bien pu les voir auparavant. Ce n'était pas ici. Elle ne se souvenait pas les avoir croisé. Pas avant aujourd'hui du moins. Amestris ? Non-plus. Les souvenirs de l'Ygrdaë ? Il ne lui sembla pas. Ce devait être dans des ouvrages quelconques relatant des grands faits ou les grands personnages de ce monde alors. Elle ne voyait que ça. « Pourquoi ces illustrations ? » demanda-t-elle en fronçant des sourcils. « Parce que l'épreuve devra être retranscrite. Et, il est toujours intéressant de savoir à quoi ressemble ceux s'étant jeté dans l'antre de la bête avant d'y disparaître. ». Èibhlin haussa des épaules. Elle partait plutôt du principe que, si on ne connaissait ni leur nom, ni leur visage, ce n'était donc pas une grande perte qu'ils soient oubliés après qu'ils fussent dévorés par quelques créatures des ombres.
:copyright:️ ASHLING POUR EPICODE




Mots 1357 (alors non, moi c'est pas après les résultats. mais pas de panique, ils arrivent, je vous ai pas oublié <3)
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