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 ~ Rose n'a d'épines que pour qui veut la cueillir ~ [ ÉVENT - solo - Partie III ]

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Dim 16 Aoû 2015, 17:51


Il ouvrit ses paupières lasses, usées d'un langoureux sommeil, et éreintées par une garde trop longue, et peu agitée. Deux lunes, voilà qu'ils campaient dans la large superficie des landes, à l'affût d'une invasion qui jamais n'arriva. L'on n'est certes jamais trop prudent, mais de trop de défiance l'on s'était paré à la simple mention des versants maléfiques. Leurs actes, plâtrés derrière un un noir manteau, n'avaient pour logique que l'asservissement des mœurs, des vertus de ces dernières, pour les remplacer par un vice fauché dont ils avaient le secret. Trop imprévisibles, on craignait leur venue, mais il ne s'était agi que d'une boutade d'un humour questionnable. Inhérent à un esprit faible ou un dont on ne pouvait déterminer l'ampleur, il avait mobilisé des forces réprouvées, et ces dernières ne s'étaient quittées que quelques heures auparavant sous de regrettables civilités, amères salutations, des au revoir à foison. Sa large paume parcourut les draps blancs pour en apprécier la douceur, et une fraîche qui plaisait au corps en braises, toujours à la recherche d'une autre moitié. Ses doigts dessinèrent ses courbes, de hauts et de bas jonchées, jusqu'à rencontrer le corps, l'épiderme, que ce dernier recouvrait, avec pudeur. Il suivit le creux d'une hanche, traça les plaines ( avals et amonts ) de ses côtés, pour constater la rondeur d'un sein, avant de découvrir les traits d'un visage profondément endormi. Les rayons ensoleillés pénétraient à peine à travers les rideaux fermés, et il savoura tout juste la divine toile que celle-ci vint à perdre ses couleurs, pour se faner telle une fleur qu'on arrache et que les tiges ne transportent plus le nectar nourrissant. « Ir..ne.. Il est temps de.. se lever » , « Tu ne m'a pas l'air très convaincu toi-même.. » Étant tous deux des couche tard, plutôt que du petit matin pour apprécier ses grâces et sa saveur, le réveil s'avérait difficile. Toquaient encore dans leurs tempes, dans leur crânes entiers les douze coups de minuit que la veille ils avaient échappé par une absence de sobriété, toujours de cet ordre encore à cette heure. Coiffant une mèche pour en dégager le front hâlé de l'homme, elle se trouvait sur le côté, exhibant la nudité, toujours dans son petit nuage. Il se pinça les lèvres de ses dents ; elle cligna des cils, avidement. « Tu es.. » , « Toi aussi.. »

Se tournant sur le dos, il sentit ses deux petites mains effleurer son torse, nu, pour envelopper de ses dix doigts la nuque fragile du géant. Si le pouce se trouvait sur sa large mâchoire, trouvant le contact un peu rêche grossièrement agréable, l'index touchait son oreille, et les huit autres caressaient comme bon leur sembla la peau chocolatée. Trop sucrée, trop douce pour ses papilles gustatives, endurcies au contact constant d'un aigre poison. Avachie sur lui, elle vint trouver ses lèvres, et dès que le contact fut rompu, l'homme le réitéra en agrippant sa large chevelure d'un brun presque d'ébène, d'une main l'attirant toujours plus à lui. Le fluide humidifiait leurs bouches, et leurs yeux, s'ils s'étaient cherchés dans un début, s'étaient progressivement clos pour apprécier le geste. Un geignement de douleur interrompit le calme, et les deux corps trouvèrent de trêve à leur affrontement. Ils se cherchaient, s'envenimaient mutuellement comme pour occuper le coeur de ses pensées, le centre de son intérêt fécond qui pour l'heure, aucun ne voulait voir diverger. De la bouche du réprouvé, perla une goutte de sang. Il essuya la plaie de sa langue. « Petite garce » , « Crois-tu m'offenser ? » , «  La vérité ne saurait te blesser » , « Je prendrai cela pour des compliments. Tu veux prendre un petit déjeuner pour accompagner ? » , « Je te laisse régler la facture. Ça devrait palier à l'argent que tu m'a soutiré hier soir » , « Je vois que même ivre, ta mémoire ne te joue pas des tours. Tu n'avais presque rien sur toi. La soirée n'a pas été très prometteuse, ni la recette fructueuse.. » répliqua-t-elle d'un délicieux sourire, mêlée à une ironie inexplicable, estimant cette joute plus que de raison. L'homme enfila rapidement un pantalon ( traînant là ) et un haut de couleur noire, tandis que la femme jouait seulement avec le pan de tissu qui courait de son épaule à son avant bras.

De quelques pas ( bruyants pour une telle carrure ) il vint se poster derrière elle, saisit les bretelles pour les descendre, à leur paroxysme, s'offrant une vue imprenable sur le dos lisse d'imperfections de la dame, ce jusqu'au bas du dos qu'il ne voulut exposer davantage. Enserrant ses deux bras de ses paumes, il la tira lentement vers lui, déposant un baiser sur la chair rosée, à mi longueur entre le coeur et l'aveuglement du plaisir. « Je t'attends en bas. Prends pas trois heures » Aussitôt dit, aussitôt fait. « Regardez qui va là ! Le beau brun » , « Qui a visiblement perdu sa colombe » , « La ferme » , « Genre, y'a rien entre vous » , « Vous avez été bruyants hier soir ! » , « Vous n'avez aucun respect envers vos voisins ! Y'en a qui ont pas pu dormir de la nuit » , « Comme si. J'entendrais tes ronflements à des lieues d'ici » , « Mais vous avez pas arrêté de gu*uler, et jusque tard dans la nuit en plus.. Qu'est-ce qu'il vous a pris ? » , « Moi qui fumais déjà du crâne après la beuverie de hier.. » Il se frotta sa tignasse belliqueuse, recouverte d'une couche de cire particulièrement luisante, avant de s'effondrer sur la table basse. « Moi qui croyais que.. » Irëne le rejoignit au bout d'une dizaine de minutes, tout au plus, ayant bâclé sa toilette. « Elle arrive. On laisse tomber pour l'heure » fit l'autre en ricanant, plutôt amusé de leur petit numéro on ne peut moins discret. « Vous êtes toujours d'une aussi.. agréable compagnie » Les mains délicates, à la manucure soignée, n'avaient pas encore croisé le noir sur ses épaules qu'une autre voix se haussa, pour se superposer à la sienne, et l'égorger dans son cocon. « Bonjour ! Je suis à la recherche d'un certain.. David.. Le nom de famille n'est point stipulé. Quelqu'un saurait-il de qui il s'agit ? » L'homme leva une main, nonchalant, baillant à moitié sur l'autre bas qui servait d'appui. « J'ai un message urgent à vous transmettre ! Le destinataire n'est point mentionné ! » L'homme se munit du papier qu'on lui tendît, le dévisageant sous toutes ses coutures. Sans prononcer mot, il le rangea dans une poche intérieur de son manteau. Mais visiblement l'on attendait toujours de lui un petit quelque chose.. « Tient, garnement. Éclate toi, mais disparais » ..et cela ne pouvait autre que l'appât de l'or, simplement. « Une connaissance ? Laisse voir » Dès qu'il eut fini sa lecture, il broya le papier,, s'abstenant de le réduire en cendres pour l'heure. « Rien dont tu doives te soucier. Simple rapport de la part de l'armée pour nous avertir que tout n'était qu'un grand jeu, qu'il ait été question de nous leurrer hors de nos tanières, ou simplement s'amuser à nos dépends » Il étouffa une grognement, tandis que l'aubergiste s'approchait avec les maigres collations qu'il avait demandé, suffisantes pour deux.

L'achevant en écrasant presque le verre de fortune contre le bois ciré, il se précipita vers la chambre à l'étage qu'il avait louée, avant que la femme ne vienne le seconder, fort surprise d'un tel empressement chez cet homme qu'elle croyait dépourvu de toute émotion forte. Du moins, il s'en abstenait, et n'avait pas vraiment de principes outre sa propre justice. Faisant claquer la porte suite à ses talonnettes sur les planches grinçantes, elle s'approcha de lui, l'enserrant. « Pourquoi je te sens si nerveux ? » , « Un courrier » , « C'était un mensonge qu'il provenait de l'armée » , « Suis-je donc si piètre menteur ? » , « Tu déguises très mal le peu de sentiments dont tu fais preuve.. mais avant tout, c'était évident qu'elle ne te serait pas dirigée si réellement elle provenait d'un quelconque dirigeant réprouvé. Ça tombe sous le sens » Elle s'assit sur ses genoux, sans toutefois jeter le moindre regard à l'écriture manuscrite qui imbiba d'encre un jour le papyrus froissé. « Content que les gaillards d'en bas ne soient pas si futés » Elle sourit, flattée, mais s'enquit de suite du véritable contenu de la missive. Il lut un passage, celui qu'il trouva le plus pertinent. « Il se trouve que je ne suis pas du genre à y aller par quatre chemins, donc les consignes seront brèves, concises. En tant qu'homme main, tu as déjà su satisfaire plusieurs de mes quémandes, et je suis assez satisfait de ton efficacité. Le plan : Te rendre à la montagne de l'Edelweiss Enneigée et subtiliser des bijoux notamment, mais aussi quelques métaux que tu y trouveras. Mais pour plus d'informations, tu devras te renseigner sur place. La dose importe peu, pourvu qu'elle soit suffisante à nos projets. Je compte sur ton talent et ta discrétion quant à nos affaires personnelles. Cordialement » Il ne pouvait faire plus clair, et le papier empestait de chantage, à plein nez. « Tu n'as d'autre choix que le subir. Il a l'air de te prendre par les sentiments » , « Par certaines circonstances j'aurais dit plutôt, mais il est vrai que pour l'heure.. je ne puis lui désobéir » Il baissa les yeux, trahissant son propre caractère. « Il me faut devenir plus fort. Je n'ai aucun pouvoir »

Le départ était annoncé, et il n'avait d'autre choix qu'y céder. Rancunier à souhait, il n'oubliait pas de sitôt les affronts qu'on lui adressait, et les coups-bas qu'on pouvait lui infliger. Ce dernier ne serait pas une exception, et il en ferrait même une question d'honneur de trancher la gorge de celui qui osait le faire chanter, troubler la surface de l'eau d'espoir que des souvenirs enfouis surgissent au plus vite. L'on tentait de le mener à l'échafaud, et les menaces n'étaient que ruse pour user de ses services temporairement avant que son arrêt de mort ne soit signé. Si d'un pion l'on dispose, pourquoi ne pas s'en servir jusqu'au bout ? La logique était implacable, mais derrière une mentalité cruelle subsistait. Une qui voulait le voir mort, ou juste la corde au cou pour ne rien risquer. « Les bons hommes doivent faire preuve de patience, et attendre que leur proie se fourvoie le temps que leur piège soit en place. Il n'y aucune honte à être conscient de sa faiblesse » , « Entendre ça de ta bouche.. me fait pas vraiment chaud au coeur cela dit » Car les paroles qui lui étaient dirigées venaient d'une âme en peine qui pourtant, usant de ses charmes, déroutait le coeur des hommes, les induisant en erreur, et leur faisant mille promesses que jamais il n'était question pour elle de tenir. Elle avait beau être fragile, elle trônait, triomphante. « Je ne te savais pas si susceptible » Et lui rendit un baiser sur la joue, avant de se diriger vers la seule d'eau, sifflotant une brève mélodie.

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Dim 16 Aoû 2015, 23:22


« David ? » , « Entre donc » Il enserra le manche d'une poigne décisive, pour ouvrir dans un geste ample la porte comme faite d'ivoire ( par ses nuances d'un beige délavé ) et incrustée de joyaux d'une valeur si exquise, épurée qu'il cru les souiller d'un seul regard ( qui ne se voulut guère âpre ni vorace pourtant ). On put croire que le désert y régnait, qu'il y avait laissé une empreinte de ses belles plus couleurs, et qu'il y recouvrait toute la splendeur qu'il put un jour avoir perdu. Il voulut refermer la porte derrière lui, mais s'aperçut d'une présence qui lui fut étrangère, lui qui crut tout connaître de l'escroc qui, avachi sur un divan de couleur pourpre, ne put empêcher un ricanement imprégné de sens. « Fait comme chez toi » Toujours aussi libre de toute contenance, et de tout préjugé. L'homme eut, néanmoins, peine à exécuter ce qu'on lui consignait de faire. « Je crains ne jamais avoir eu la chance de me présenter à vous. J'ai beaucoup ouï parler de vos exploits de la bouche de votre.. ami ? Enchanté, Mr Andelhein » , « De même, Sire » , « Soyez à votre aise. Vous avez dû être inquiet pour votre ami. Voilà qu'il perd sa future femme, et faillit perdre la vie en l'espace de quelques jours.. » Il sembla réellement troublé à son chevet des désastres qui s'acharnaient sur son protégé, et fit preuve d'une bonté qu'on lui soupçonnait déjà. Il était loin de la vérité, et pourtant.. il était si facile de s'y attacher. « Mais trêve de bavardages. Je vais envoyer quérir un thé et quelques amuses gueule. N'hésitez pas à me joindre dans le salon pour une petite partie de cardes si vous vous sentez d'aplomb » Il quitta la chambre sans plus tard, débordant d'une bienveillance que l'invité eut, sincèrement, un peu de mal à digérer. Il vint, toutefois, prendre place. « Tu.. » , « C'est lui qui m'héberge à l'heure actuelle » , « Non mais.. Accouche. Et vite.. Car là, j'ai pas l'impression d'avoir zappé un chapitre, mais toute une trilogie. N'étais-tu pas supposé trancher la tête de l'espion et revenir pour conter l'histoire ? Lindorië se faisait un sang d'encre » , « Tu me croyais mort ? » , « Ni plus ni moins. Attend, tu n'as pas donné de nouvelles depuis plus d'une semaine » , « La raison est simple. Mais le principal : Travis est mort. De mes mains » , « Tu ne serais pas envie autrement. Merci, j'avais compris, mais il y a d'autres choses que tu devrais me dire d'abord » , « Tu sais pourtant que j'ai horreur des monologues.. » Notamment de ceux qui s'éternisaient, et lors desquels il s'ennuyait souvent à mourir par une rivière trop large, débordante d'informations. « As-t-il seulement conscience de ton identité ? Quel nom portes-tu ici ? » , « David » , « Oufff, dieu soit loué » Il ne voulut pas envisager, pour une seconde qui soit, qu'il ait pu être la raison de sa déchéance, un intrus majeur dans ce qui aurait pu être une situation des plus délicates. « Et donc.. ? Tu m'as fait venir pour ? »

« T'assurer de ma sécurité n'est pas suffisant ? » L'homme voulut répliquer, mais il sentit dans le timbre de l'acolyte que l'heure n'était pas aux plaisanteries, et qu'il s'apprêtait enfin à parler. « Je dirais que les choses ont pris une tournure favorable pour une fois. J'ai visité Linrell dès mon arrivée en ville. Tu dois bien savoir qu'elle était de loin ma favorite, et j'ai cru qu'il était temps que je retourne à son chevet. Or, je fus au mauvais endroit, au mauvais moment, et subit de nouvelles secousses qui provoquèrent l'effondrement de son logis. Arrivé dehors, avec seule Linrell à ma main, je faillis mourir, et cette dernière périt sous mes yeux » , « Je suppose que t'es pas resté pour entendre ses dernières volontés ? » , « Elle n'eut pas le temps de les prononcer, et même si c'était le cas, ayant vécu le trépas de ses deux parents, j'ai peine à croire qu'elle ait eu quoique ce soit à me dire. Elle était d'une riche famille, et son père m'avait conseillé de chercher l'appui d'un certain Andelhein si jamais des problèmes venaient à survenir. J'ai saisi l'occasion et me suis présenté en sa demeure, sachant par avance que Travis se trouvait être son majordome » , « Sans quoi tu n'y aurais pas songé deux fois, oui. Il te prit en pitié, t'abrita sous son toit, et tu profitas de quelques instants d'inattention, pour achever le truand et faire quelqu'un d'autre porter le chapeau. Typique » , « Exact. Les Masques d'Or tombaient on ne peut plus mieux pour le coup. Puis le lendemain, après avoir trouvé de quoi guérir mes blessures, je retournai ici pour effacer toute sorte d'indices. Je tombai tête à tête avec le propriétaire qui s'était chargé de recouvrir le corps d'un linceul et qui venait de contacter, de toute évidence, les proches du défunt. Je prétextai le fait de lui présenter mes plus sincères adieux, et déposai, dans une des poches de son riche tailleur, à la place du rapport concernant mon emplacement, un faux document qui aura très certainement attesté que je suis introuvable. Il faudra qu'ils réitèrent leurs recherches, c'est ce que je voulais. Un peu de liberté pour agir » , « Et ne me dit pas que.. » , « T'a tout deviné. Le corps a été renvoyé de retour à son village natal, et a eu un malencontreux accident en route. Résultat : plus de preuves de son existence, et nul ne saura ce qui lui est arrivé » , « Ils savent bien masquer leurs traces. D'autant plus qu'il était orphelin de ce que j'en sais. C'est le cas de beaucoup d'espions. Ils n'ont rien à perdre, ni rien à gagner. Il ne fallait rien espérer en tirer » , « Je n'avais aucune folle espérance. Juste qu'ils aient bel et bien reçu le message. Et je ne doute pas que ce soit le cas » , « Bien. Il y a déjà de quoi être rassuré »

« Tu veux le rejoindre dans le salon ? Ta femme ne t'attend pas pour ce soir j'imagine » , « Ma femme te connaît. Elle avait prévu cela à l'avance » Ils prirent tous deux la direction d'une grosse chambre au bout du couloir, s'extasiant devant la splendeur qui d'elle émanait, et ne s'apercevant toujours guère de toute la fortune que l'homme avait beau amasser, ou hériter de ses ancêtres. « Il y a toujours une place de libre j'espère ? » , « Bien entendu ! Je vous attendais en lisant quelques courriers » , « J'ai pu déguster une infusion. J'aimerais beaucoup un deuxième verre » , « Je vous sers cela de suite » Il claqua des doigts, et il ne fut nécessaire d'un autre geste, d'un autre clignement de cils pour que le message soit passé. Il se tourna vers ses interlocuteurs, et eut un sourire amusé, tout ce qu'il y a de plus charmant. Il devait être des plus aimés dans la cour, quoique des plus insensés également, de ceux qui tombent les premiers, de ceux dont on tire profit à la première occasion, et qui n'ont jamais gare de se prémunir. « Votre ami apprécie lui aussi énormément ce mélange » , « Nous avons toujours eu une dent pour le sucré. C'est ainsi. Il y a des choses que l'on ne peut changer » , « Comme le fait que l'on se connaisse depuis des lustres ? » , « Cet événement le premier » , « Vous êtes donc des amis d'enfance ? Je comprends donc pourquoi vous aviez de ces airs, comme si quelque chose de si fort vous unissait, incapable de briser le lien » Ils se regardèrent tous deux, effarés. Les secrets et complots pouvaient rapprocher n'importe qui, pourvu qu'ils se trouvent dans le même camp. Ils n'avaient jamais réalisé leur proximité, ni même jusqu'où ils étaient prêts à aller l'un pour l'autre, mais cette question.. risquait de présenter plus d'inconvénients que de vrais soulagements à leurs âmes. Ils étaient ni tout blancs, ni tout noirs. Et la vie présageait tellement d'obstacles que ne pas suspecter la trahison, se serait avéré mortel. Triste réalité. « Disons que le passé fait de ces choses.. » Par la suite, un silence incommode s'installa, et les yeux, jusque là vagabonds du compte, vinrent de nouveau se poser sur le tas de paperasse qui embourbait la table basse. On toqua, il fit ouvrir. « Des affaires urgentes ? » Il sirota son thé. « Je le crains.. Rien dont je puisse me charger, mais j'avais prévu de vous emmener voir la demeure que je vous avais promise, mais on dirait que les choses prennent une tournure d'autant plus étrange que les événements déjà notés » , « Vous inquiétez vous pour vos biens ? » , « Nullement.. Ce serait plutôt de vous dont il serait question, et de votre sécurité si cette situation venait à s'éterniser, voire à prendre de l'ampleur » , « Pas besoin de vous en faire pour si peu » , « Mais.. » , « Nous en parlerons une fois que les choses se seront calmées. Je ne vous permettrai pas de risquer votre peau dans un endroit pareil. Nous avons le temps » Il prenait moins d'aises en sa compagnie, et bien que certains domestiques aient pris ses mots, pleins d'une rude franchise qu'ils ne purent supporter, le maître de maison semblait prendre cela pour de la proximité. Il y avait un quelconque attachement envers le jeune réprouvé, et il ne pouvait s'empêcher de lui venir en aide. « Hélas.. j'ai à faire. Je pense revenir dans une semaine tout au plus » , « Cela vous dérangerait-il que je siège pour la nuit ? » , « Aucunement ! Je vais avertir les autres que j'aurai de la compagnie pour le dîner » , « Pouvez-vous me prêter une monture ? » , « Prenez celle qui vous sciera le mieux dans les étables. Sauf le blanc. J'insiste, il m'accompagne depuis enfant » , « Je n'avais pas de vues sur une couleur si tape à l'oeil » Il empila quelques affaires rapides dans un sac, avant de prendre la direction de la porte. Passant devant le logis, il fit une maigre révérence en guise de salutations. Il quitta la demeure, pour ne pas y revenir de sitôt, et non pas sans maints récits chevaleresques dont il pourrait nourrir l'homme pour les vingt lunes à venir, ce dernier friand de ce genre de récits.

*

« Nous y sommes ? » , « Il semblerait » , « La marche a été plus longue que prévu » Elle ne répondit pas, comme pour conserver le peu de souffle qu'elle avait réussi à emmagasiner jusque là, le visage blême, sa voix rauque, ses mains tremblantes comme il ne fut pas permis. L'air de l'Edelweiss lui perçait les poumons, et elle dut opprimer une forte envie de recracher son déjeuné tellement l'air de la montagne semblait peser lourd dans son système pulmonaire. Ses membres se raidissaient peu à peu, et non pas par un caprice ou une timidité nerveuse, mais bien par le froid extrême auquel elle n'avait été, dans toute sa maigre existence, très peu exposée. « Tu peux encore tenir ? » , « Pas de pitié entre nous. Je ne suis pas une donzelle en détresse » , « Mais tu souffres. Cette réalité demeure. » Son regard s'assombrit, tandis qu'il admirait les sols recouverts d'une couche glacée assez importante, et de la neige abondante qui tombait, par flacons, langoureusement, avant de recouvrir la lande de leur manteau de givre. Une petite lueur attira son regard, et il crut reconnaître ses nuances écarlates parmi d'autres milliers qui se seraient avérés de simples contrefaçons. « Vient là » chuchota-t-il presque immédiatement. Il la saisit par la taille, la collant à une paroi, la coupant du vent par sa carrure bien plus imposante que la sienne. Produisant plus de chaleur, et par une présence raccommodante, la petite crut fondre dans l'attache de ses bras, et crut se perdre dans les doux baisers qu'il déposa sur son nez, puis ses joues. « C'est bon.. Nous y.. sommes presque » , « Part devant. Je te rejoins. Je m'assure juste que l'on ne nous suit pas » La jeune femme, sans aucune énergie à revendre, s'exécuta, prenant quelques mètres d'avance sur le réprouvé. S'accroupissant pour fouiller le sol, il dénicha, comme il avait prédit, un collier de pierres, tout ce qu'il a de plus luisant, et de plus plaisant à la vue. Ces perles brochés, ces rubis entrelacés, appelaient le cou d'une dame, l'élégance d'une reine, la beauté d'une impératrice qui aurait l'honneur de les porter. Il l'enfoui dans la poche de son veston, reprenant rapidement la route, la belle l'attendant déjà au bout du chemin, ce qu'il restait de visible du moins. Nul ne les suivait, mais d'aucuns avaient pris cette route pour mener à bien un genre de trafic quelconque. Il ne put en être sûr, les marques dans la neige étant déjà presque évanouis sous la couche nouvelle, mais pas assez larges pour qu'il s'agisse d'une caravane, pas assez fines pour qu'il ait pu les confondre avec des traces de pas humains. Il était positif sur le fait qu'ils étaient passés par là, et à en croire leurs yeux, tout risquait de se résoudre dès qu'ils mettraient les pieds dans ce mirage désertique, cette vision du paradis qui se profilait à des lieues, et qu'ils croyaient pourtant à portée de main…

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Dim 23 Aoû 2015, 16:34


Le taudis respirait l'alcool et les mauvaises influences qu'on pouvait sûrement y trouver. Sur les murs, une sorte de résine s'était accumulée, et l'on ne puit dire que dans la pièce ne planât pas une odeur huilée, mariée à une transpiration abondante de la part des ivrognes qui s'attelaient dans le ménage. Les plats étaient pleins d'une graisse épaisse, trônant à quelques centimètres des légumes mal épluchés, et de la viande guère trop cuite. Cet excès de matière grasse rétablissait, certes, celle perdue à flâner dans la lande gelée, et entre les sentiers les plus escarpés, mais elle en devenait écoeurante à force, tellement elle pesait sur les narines des moins expérimentés. Leurs peaux ( qu'il était coutume d'extorquer aux bêtes les plus féroces pour une résistance assurée ) les empêchaient de cuire sous le givre cuisant, persistant, qu'en ces montagnes ( dans lesquelles ils étaient partis se condamner ) n'était que monnaie courante. Ce genre de tavernes s'avéraient plus récurrentes que les services respectables auquel les plus aisés pourraient s'attendre, perdus au coeur de la tempête, là où rien ne subsiste, outre le fort esprit de survie. Irëne prit place, grincheuse. « Rappelle moi de ne plus jamais te suivre » , « De quoi peut tu bien te plaindre ? Tu savais que nous nous dirigions vers les montagnes » , « Vous êtes toujours les mêmes décidément » Elle croisa les bras, détournant le regard, le poil dressé, le jeune homme s'étant attiré son courroux lui faisant face. « Et à qui essaies-tu de me comparer ? » , « Tous.. et personne à la fois. Vous êtes tous pareils, à aimer vous perdre dans tout genre de.. établissements douteux, aux effluves intenses, une puanteur nauséabonde et un bruit d'enfer capable de vriller les tympans du plus innocent des diables. Qu'est-ce qu'on fout ici quoi ? » , « J'imagine que la petite princesse ne s'est attardé dans des endroits si piteux pour son état, mais c'est les meilleurs pour obtenir des information. Tu supportes et tu te tais » , « On avait convenu rien de tout ça » , « Plutôt, on a rien convenu du tout. Tu m'as suivi, accompagné. Tu savais qu'on se dirigeait vers les montagnes, mais t'attendais-tu vraiment à y trouver ton petit café où on te sers comme une aristocrate de la haute ? Qu'on te lèche les pieds et qu'on te vénère partout où tu passes ? » La jeune femme avait un fort complexe de supériorité, et ce dernier semblait l'avoir prévenue à la simple vue de cet homme. Il était rustre, et peu concerné par son apparence. Il était beau, bien façonné, mais en aucun cas on ne devinait ses blessures à travers sa façade impassible, et les épreuves qui l'avaient forgé. Il avait sculpté son corps dans la pierre, et visiblement son coeur avait subi le même changement. « Quand t'arrêteras-tu de lire dans les gens comme tu le fais ? Je critique tes goûts moi peut-être ? » Ils jouaient avec les apparences, endossant des rôles menus, et promptes à mieux faire tomber la proie.. « Pfff. Je m'en accommoderai pour ce soir et.. » Mais devant l'un et l'autre, les masques tombaient. Ils s'étaient finalement tous deux spécialisés dans une survie impérieuse, car ils voulaient autre chose. Ils voulaient plus, et la vie, si elle ne leur eut promis que des malheurs, ils comptaient lui extirper bien plus. « Quelle amabilité » Elle s'était reconnue en lui, malgré toutes les divergences d'opinions. Il l'avait attiré, dans le premier instant, mais elle savait ce cadeau du ciel empoisonné, et en rien il ne lui suffisait d'être à ses côtés. « Qu'en est-il de ces lettres ? Sont-elles récurrentes ? » , « Oui » , « Et.. depuis quand te parviennent-elles ? » , « Quelques semaines tout au plus. Si au début il ne s'agissait que de quelques billets que j'avais rédigé à des amantes, bientôt on me fit livrer un portrait de celle que je protège, une esquisse de mes faits et gestes, un anneau qui était dans ma famille depuis des générations, puis.. Quelques manuscrits sur mon ancienne vie » , « C'est donc cette bague que j'ai trouvé dans des pans de tes habits l'autre jour. Je me questionnais sur sa provenance. Un nom y figurait. Tu la portes maintenant au doigt » , « Je ne pourrais me permettre que tu me la soutires en secret » , « Je ne suis point si frivole. Et donc, ils cherchent indéniablement à te faire comprendre qu'ils ont un œil sur toi » Elle nourrissait toujours les mêmes envies, et bien qu'il lui eut plut sans qu'elle ne s'en aperçoive, bien qu'elle eut trouvé en son sein cette sécurité dont elle avait soif, elle ne comptait pas s'y abandonner, et simplement se complaire dans un bonheur de courte durée qu'elle pourrait se permettre. « Visiblement. Tu pourrais même être en danger à l'heure qu'il est rien que de te tenir à mes côtés » , « Je ne connais la peur de ce qui n'est pas écrit » , « Pourtant tu devrais. On est jamais libres de douleur » L'homme partageait tant bien que mal ces pensées restées secrètes.  Ils étaient dingues. Vraisemblablement.

« Maître » L'air de qualifier le maître de maison d'autre chose qu'un simple tavernier. « Comment va-t-il ? » , « Mieux. Après une nuit calme, on pourra savoir si des séquelles sont à noter ou pas » , « Qu'en a dit le médecin ? » , « Que quelques contusions et engelures, rien de bien inquiétant. La tête a été touché donc il risque de n'avoir aucun réminiscence d'avant sa chute. Outre ce fait, il va bien » , « Le garderiez-vous dans votre auberge ? » , « C'est un grand service que vous me demandez là.. » , « Des bras jeunes pourraient vous être utiles dans vos tâches. Un jeune orphelin qui n'a nulle part où aller ne saura que vous être fidèle, et contre un toit et du pain, vous obéira au doigt et à l'oeil » Ça sentait le vécu, et nul autre que lui put savoir jusqu'où allait le poids de ses paroles. « S'il s'avère utile seulement. Mon établissement n'est pas une garderie » , « N'ayez crainte » Il les quitta sur cette note finale, pendant que la belle, la tête dans les nuages, ne semblait plus si méprise par les airs insalubres de l'endroit. « Songeuse ? » , « Que crois-tu qu'il lui est arrivé ? Il n'a pas pu parvenir à atteindre cette passerelle tout seul.. » , « Tu crois pas que tu réponds à ta propre question ? Cela ne peut que vouloir dire qu'il n'était pas seul » , « Il aurait été donc accompagné ? Il n'y avait personne quand j'ai regardé la falaise pendant sa chute.. Personne pour le pleurer en haut, sachant la mort inévitable qui l'attendait » , « Qu'en déduis-tu ? » Elle resta interdite quelques instants, avant de formuler quelques mots nonchalants, sachant que l'aide ne lui serait pas perçue. « Soit il est tombé de lui-même, soit on l'a poussé » , « Tout juste » Il sirota une gorgée, puis une autre, avant de déglutir face au fond de son verre qui devait marquer la fin de soirée.

*

« Nous avons bien fait de partir.. Tu n'as rien à t'en vouloir » , « Attends, mais tu te rends compte de ce qu'on a fait ?? » Sa main était blessée, et de cette dernière pendait un bandage crasseux, que recouvrait une couche de neige, et d'où perlaient encore quelques gouttes d'un mélange vermeil fort douteux dont on eut deviné facilement la provenance. « Et moi je te répète que n'importe qui aurait fait pareil à notre place ! Ce n'était qu'un ac-ci-dent ! Faut t'en convaincre à la fin ! » dit l'un des gaillards qui, à peine entré, laissa son camarade s'écrouler sur le comptoir qui faisait face à l'aubergiste. « Mais bon sang ! C'est clair que c'est de notre faute si.. » Ce dernier, fort surpris de leur intervention, mais toujours attelé à un essuyage de chopes exhaustif, s'enquit sur la raison de tels échanges pleins de non-dits et de faits qu'on voulait taire. L'ardeur se lisait sur leurs visages, et la neige qui n'avait point fini de fondre sur leurs capuches, laissait à entendre qu'ils s'étaient aventurés en montagne à l'heure plus courante des grandes chutes de neige. Leur souffle était lourd, et les égratignures sur leurs visages et corps attestaient du danger de leurs actes. L'autre demeurait profondément inquiet, tandis que son collègue tremblait d'une lâcheté qui lui semblait propre. Rien ne lui incombait, seuls les autres payaient les gages de sa couardise et de ses méfaits. Son acolyte semblait plus courageux, mais guère chevaleresque, ni même d'une quelconque valeur fondée. « Nous.. nous.. avons tué quelqu'un ! » Il fondit en pleurs, tandis qu'il serrait ses poings sur la chope de fer, rongé par la culpabilité. « Mais c'est fauuux ! Tu parles sous l'influence de l'alcool.. » , « Arrête de mentir imbécile ! On les a abandonnés.. Ces pauvres enfants.. » , « On les avait recueillis.. en toute bonne foi. Ils seraient morts autrement » , « Là, ils vont mourir à coup sûr ! Ils sont tombés d'une falaise !! » , « C'est ce qu'ils méritaient alors. Le sort s'est acharné contre eux, et nous a permis de nous en sortir. Tu devrais être en train de festoyer plutôt que de t'accabler de deux vies insignifiantes. Un a sûrement déjà crevé comme un rat » L'autre lui saisit le col, plein d'une fureur qu'on ne lui soupçonnait pas d'après ses pleurs incessants. « Mais c'est toi qui les a poussé ! » , « C'est de leur faute.. Tu as vu comment le convoi était gardé ? S'ils leur étaient rentrés dedans.. je suis sûre qu'on serait tous morts à leur qu'il est. Ils ont sauvé la vie de leurs sauveurs.. Ils doivent être contents à l'heure qu'il est ! Alors arrêter de chialer » Sur son visage, un brin de folie. Dans ses yeux, une peur qui l'aveuglait, cette peur de la mort, éternelle persécution que tout être vivant se devait de subir, et à l'image des pleutres et des plus grands froussards, celui-ci avait préféré achever celle d'un autre, plutôt que perdre sa vie au change. Il était repoussant, jusque dans ses orbes écarquillées qui soulignaient son bonheur et le pitoyable manque d'humanité. L'aubergiste comprit de quoi il en retournait, et épargna un regard plein d'une certaine panique à l'intention du réprouvé qui, assit encore à sa table, n'avait eu peine à entendre leurs paroles. Il saisit la fourchette qui avait rythmé son repas, qui l'avait repu d'un mélange trop gras avant qu'il ne se soit dans un breuvage plus exquis déjà. Il la planta sur la paume de celui qui d'un coeur manquait, même si pour lui de scrupules il était question. « Ordure » Et sur ce, il quitta le logis, laissant l'homme à ses cris de peine. La femme le suivit, mais par automatisme.

« On se tire » Il tira la jeune femme des nuages dans lesquels elle se berçait depuis tantôt, tombant visiblement de sommeil. « On.. quoi ?? Tu veux rire j'espère.. Tu as bien vu la neige qui tombe à foison dehors ? On va se faire enterrer vivants si on continue.. » , « Libre à toi de rester ici, et d'aller croupir sous les couvertures » Il n'insistait vraiment pas à ce qu'elle l'accompagne, étant donné la gueule du loup dans laquelle il s'apprêtait à se lancer.. Rien que l'ascension s'avérait d'un danger insoupçonné, et la visibilité décroissante, voire inexistante plus près du sommet, serait un net désavantage pour leurs corps faibles, déjà dévorés et pétrifiés sous des températures radicales. Il savait l'emplacement de la disparition, et l'autre corps étant absent lors de la chute, il présentait à ses yeux de claires preuves qu'il avait dû voir sa descente amortie par quelque obstacle qui soit. Le plus probable fut qu'il fut mort, mais peu importe. « Il y a quelqu'un ?? » Des dizaines de minutes qu'il vociférait la même chose, tandis que la demoiselle inspectait lentement le passage brumeux parsemé de milliers de flocons, et toutes les possibles cachettes où la vermine, qu'Irëne ne considérait pas autrement ( très peu aimante avec les enfants ). Il scrutait quant à lui le vide. « Heyyy gamin ! » Et à ce dernier cri, une petite voix répondit. Très faible, il leur fallut chercher, examiner, détailler les parois, pour comprendre qu'il sommeillait, au bord du précipice, indubitablement tombé lors d'un semblant d'altercation et ayant, par miracle, réussit à se rattraper, malgré les côtés fêlées. David voulut s'empresser de le sauver, mais il ne put empêcher d'entendre ce léger appel, cette prière qui non seulement implorait une aide qu'il ne crut jamais voir venir, mais aussi une peur que vu son jeune âge était compréhensible. Attachant une corde à quelques rochers non loin, il commença la descente, raide. « S'il vous plaît.. Vite.. J'entends.. quelque chose à l'intérieur »

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Jeu 27 Aoû 2015, 00:39


« Je t'attache cette corde autour de la ceinture, mais n'hésite pas à t'y accrocher très fort » , « Mer..ci.. mais.. mon.. », « En sécurité loin d'ici, sauvé le premier. Tu n'as vraiment pas de quoi t'en faire » Il s'attelait à son œuvre, vissant autour de la taille svelte, ou plutôt dénuée de toute chaire qui fut excessive et qu'il ne put perdre dans les durs labeurs auxquels on le forçait, le bout de corde qu'il avait préparé. Bandant ses doigts de quelques bouts de tissu rectiligne, et les enduisant d'une huile qui dut rendre le tout moins douloureux, il somma sa partenaire. « Tire le fort, mais sans le faire se heurter aux parois ! » , « Et comment je suis supposée faire ça ?? » , « Grande découverte » La jeune femme cracha entre ses dents quelques injures bien placées, mais se retint de toute autre, sentant ses mains céder sous la pression et les frottements d'une corde qui lui échappait sûrement. « Je continue de descendre. N'hésitez pas à retourner à l'auberge. Je vous rejoins plus tard, je fais juste une ronde » vociféra-t-il, tandis que de ses yeux il détaillait la roche des murailles solides, et de ses doigts sa consistance, voire celle de la neige légèrement jaunie dont ses pieds avait senti la douceur en atterrissant. Ses mots étaient prévenants, avisés, mais derrière se dissimulait un voile de méfiance qu'il voulut garder étranger à ses yeux, et mépris à ses oreilles. Il n'avait pas confiance, et comment aurait-il pu. Rien ne pouvait être d'une valeur quelconque, sans que ses doutes ne s'en amourachent et ne se mettent en quête de l'obtenir. Avides de trésors, de richesses, ils n'avaient ni foi ni loi à usurper à brave propriétaire son bien le plus précieux, comme la pierre la plus souillée du plus aisé des voleurs. Ses morales se trouvaient ailleurs, et les siennes ne lui permettaient d'en juger, et encore moins d'en douter. Il était prémuni, et ça lui suffisait. Elle pouvait piéger tout autre que lui, mais il savait être le dernier. Il savait être celui d'une longue lignée, et peut-être ne l'achèverait-il pas finalement. Peut-être avait-il une trop grande estime de lui-même, après qu'on l'ait douché de compliments, et qu'on ait fait trop d'éloges à sa personne, tandis qu'on le croyait tout autre. La sincérité des honnêtes gens, c'était une mœurs dont il se servait, et non une qu'il avait soif d'acquérir. Ça lui allait d'être un escroc, un voleur, tandis que sa justice était intacte. Elle lui était propre, mais c'était bel et bien sa vision du monde en jeu.

Ses pas ont épousé l'aigreur de la pierre, et sa surface rêche qui présageait au moins des bonnes prises. La descente ne fut que de courte durée, la pente s'avérant bien moins escarpée qu'il ne l'avait, de prime abord, imaginé. Celle-ci était vierge de tout soupçon, et n'aurait pu se voir que comme une fenêtre dans ce qui représentait sûrement un château fort regorgeant de richesses. Jamais l'on n'aurait envisagé qu'un voleur par cette dernière pénètre, et ne suive les traces humides qui sur le sol restaient encore. La tempête avait été longue, et ils s'en étaient vus parés plus que de coutume, leurs pardessus étant les premiers à se voir parsemées de cette couche épurée désormais aqueuse. Sa démarche se fit silencieuse, et pourtant scandée, bercée par la cadence des bruits qui l'entouraient pour s'y fondre le plus possible. Un petit feu de camp brisa le canevas de ténèbres qu'il ne crut jamais perdre de vue. Il dessinait la silhouette du parjure, découpant ses muscles saillants dans un marbre conséquent, et dans les flammes rougeâtres qui constituaient le feu. Une longue chevelure tombait sur son dos, par quelques tresses bien fines, éparses, ornées d'une plus épaisse, tandis qu'à ses hanches pendaient des poignards d'une riche parure. Se munissant de sa propre lame, il s'approcha de lui, au crépitement du feu, au gré de ses cris d'agonies, espérant étouffer également celui de la victime qui par sa gorge, ayant goûté au tranchant de sa lame, s'était échappé. Il soupira de soulagement, l'air dépossédé de toute approche adverse, ni même d'une quelconque trouvaille digne de ce nom. Il examina le corps, considérer ses formes, son ancienne respiration, pour s'attarder plus longuement sur les étranges motifs qui sa peau jonchaient, d'une couleur plutôt sombre qu'il mima par le charbon dont il avait interrompu la combustion. Il lui soutira les armes, maintenant à sa ceinture, apte à poursuivre.

*


Ses deux sacoches, pleines à ras bord, pendaient l'une sur son dos, l'autre au travers de son torse. Après maints détours ( auxquels il fut contraint par les tours de garde  qui semblaient ne s'alterner que trop bien ) et d'autres assassinats qu'il valut mieux ne pas mentionner, la salle ( où bon nombre de récoltes étaient entretenues ) lui avait fait don de son bien. Sans crier gare, sans crier famine, elle lui avait pardonné son geste, et il crut voir une lumière blanche l'attendre au bout du chemin qui s'éteignait presque. Il était à bout de souffle, et ses nerfs au point de lâcher. Il faillit subtiliser beaucoup plus qu'il ne lui eut fallut, mais se retint par œuvre divine dont il ne comprit pas vraiment la manifestation. Tout en lui était encore une découverte, et ce ne fut que ce penchant à ses deux moitiés qui lui valut un état plutôt normal en société, et qu'on ne se souciât pas trop de sa présence, malgré l'être abject qu'il représentait. Son 'lui' se satisfaisait parfois de simples vols, et d'autres de pensées macabres qui pouvaient le traverser. Il cédait aux deux, et ces derniers partageaient son corps sans relâche, sans que trêve ne les en abstienne. Ils n'étaient pas prêts d'en signer une, et peut-être n'auraient-ils jamais temps de se consacrer à cela. « As-tu trouvé ? » On l'aborda tandis qu'un silence de mort trônait dans la pièce, et il dut retenir un cri, l'étouffer, le perdre dans ses entrailles, pour formuler quelques bricoles guère si compréhensibles. Déposant la plus grande sacoche non loin, à l'abri, nonchalamment, il entreprit la conversation à laquelle on le sollicitait. « Quelques bêtes rien de plus. Il n'est pas l'heure du changement me semble » , « Un de nos gars a trouvé un des nôtres morts » L'expression de l'horreur sur son visage, mêlée à un dégoût surdimensionné reproduit aussi bien le déroutement qu'inspirait l'échec du réprouvé, que la consternation que l'homme devait ressentir face à telle nouvelle. Pour une fois, son masque était tombé, mais peut-être la chance lui souriait-il, en le rendant imperceptible aux yeux d'autrui. « Je n'en savais rien.. Et où cette canaille ? » , « Pas passé par ici visiblement » , « Je l'aurais égorgé sans faille » , « Rigueur est nécessaire au bon maintien de l'ordre » Il parlait d'un air hautain, tandis qu'il s'approchait de l'homme comme pour scruter chacun de ses traits, alors que ses yeux ne se posaient pas forcément sur lui. Il le dépassa, et David crut ses souffrances consommées. Comme pour fouiller la zone qui les trahissait, leur tournant le dos, l'autre resta inerte, le regard perdu dans le vide, comme perturbé par la perte soudaine d'un compatriote. Une petite voix s'était manifestée au loin, et ses yeux écarquillés n'avaient pris que plus de couleur à la vue déconcertante de l'humaine dans le bas des galeries par où il s'était immiscé. Lui soufflant de se cacher, il la vit se courber aux ordres, sans qu'il n'eut à faire de grand geste. « Raclure » Et la lame lui transperça les flancs, une, puis deux fois, venant se loger au final entre ses deux côtes.

C'était évident. Il ne pouvait se faire passer pour l'un d'eux. C'était son dernier recours, et il avait perçu sa veine tentative, peut-être à l'instant même où ses yeux se posèrent sur lui. Il s'était fait avoir comme un bleu, et à être trop gourmand, à trop vouloir s'approcher du soleil, on finit par brûler nos ailes de cire, et l'on se voit alors ( et de nouveau ) dans l'impossibilité de voler, et de côtoyer de dont jusque là on avait faim, on raffolait, car c'était la liberté. Trouvant le sol de ses mâchoires d'os et sa chair tendre, il entendit l'autre appeler des renforts, et sentit sa dernière heure arrivée. Irëne, toujours cachée, l'empêchait un effort futile, guère nécessaire, et lui permettait de se focaliser sur l'homme. Les deux poignards en main, il perça d'une lame le pied de l'homme suffisamment proche, et de l'autre sa jambe. Il alterna entre les deux, même une fois ce dernier à terre, et en vint à ses cuisses, puis à son abdomen, et son torse ne tarda guère plus que cela. Il trôna sur le sol des millièmes de seconds qui bientôt devinrent des minutes, profitant d'un maigre repos. « David ! Tu.. » Des pas se firent entendre alors qu'il sentait enfin une chaleur contre son corps, réchauffer ses membres pétrifiés, et ôter la souillure écarlate qui son corps avait recouvert. « Ils.. » Il scruta l'horizon, comme pour les chercher, et s'essaya à le relever. Presque touché de ses gestes doux, il vint à comprendre ce qui était réellement sa convoitise, et pourquoi tant d'attention à son égard, elle qui n'avait de compassion, elle qui n'avait de coeur, elle qui n'avait d'autre que sa fierté mal placée, et que sa passion inavouée et pourtant si omniprésente au nom de laquelle elle pouvait trahir, comme tuer. « Désolée » Mais elle ne l'était pas. Pas le moins du monde. Elle quitta la grotte, presque suivie des envoyés de l'homme qui gisait maintenant à même le sol. L'homme le suivit de son envol puissant, mais senti ses muscles l'abandonner, et vint à la rencontre d'une paroi escarpée plus d'une fois. Des plumes arrachées le firent gémir, et l'atterrissage forcé étourdit légèrement le passager. Le petit être qu'il avait sauvé vint néanmoins le retenir, et le forcer à s'allonger. « La dame.. Elle.. ? » Il ne comprenait pas. David pourtant si. Mais la déception était telle, qu'il ne voulut se l'avouer. Admettre qu'il avait été faible, et qu'il le lui avait montré. Elle en avait profité. Voilà le résultat. « C'est normal » Sa voix était monotone, et le petit comprit que quelque chose n'allait pas. « On rentre. Accroche toi » Et comme si sa vie en dépendait, il s'agrippa aux vêtements de l'homme. Ce dernier, même si c'était le contact de cet enfant, se vit faillir. Il était seul, depuis trop longtemps. Cela ne lui ferait pas tant de mal.

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~ Rose n'a d'épines que pour qui veut la cueillir ~ [ ÉVENT - solo - Partie III ]

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