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 [Q] - Les dommages du temps deviennent les dommages du coeur | Solo

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Shanxi
~ Ange ~ Niveau II ~

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◈ Parchemins usagés : 873
◈ YinYanisé(e) le : 06/01/2019
◈ Âme(s) Soeur(s) : Qui ?
◈ Activité : Architecte [Rang II]
Shanxi
Lun 10 Aoû 2020, 20:34


Partenaire : Solo
Intrigue/Objectif : Shanxi aimerait renouer quelques liens. Elle se met en quête de retrouver un ancien prisonnier de la Terre Blanche qu'elle a connu, ainsi que sa fille, qu'elle n'a pas revue depuis sa mort.




Assise sur un muret, la jeune femme donnait quelques coups de fusain sur un morceau de parchemin appuyé contre un petit support de bois. Le soleil réchauffait son dos dans sa descente en direction d’une chaîne montagneuse, derrière laquelle il pourrait se cacher pour la nuit. Cela faisait un moment que Shanxi ne prêtait plus attention à ce qu’il se passait autour d’elle. Il n’y avait plus que son parchemin, sa règle, son fusain, et la future maison qui remplirait le vide de cette parcelle de terrain, devant laquelle ses collègues architectes s’agitaient avec leur maîtres d’œuvres. « Alors, ces finitions ? » L’Okan relevait soudainement la tête de son schéma. « J’ai ajouté quelques mesures et annotations pour qu’on puisse y voir plus clair. J’ai aussi refait cette partie-là comme vous l’aviez demandé. » commença-t-elle expliquer en désignant les différents points de son index. « Bien. De toute manière, si les mesures ne conviennent pas, on rectifiera pendant la construction. Il faut juste pas faire d’erreur au niveau de ce cadre. Il maintient toute la structure du haut. » - « C’est le grenier, c’est ça ? » demanda le premier apprenti, qui les avait rejoint. « C’est ça. Si on se trompe, ça ne tiendra pas sur la longueur. Et si ça s’effondre, ça fera des dégâts sur tout ce qu’il y a en dessous. » - « Ce sera en bois, non ? » Nejaka acquiesça d’un geste de la tête. « Presque toute la structure sera en pierre, mais celle-là non. Elle sera effectivement en bois. » - « Donc il y aura les poutres du grenier et les fondations qui seront en bois alors. » conclut Shanxi, secondée par son supérieur. « Avec ce terrain, on a pas trop le choix. » Tous se tournaient alors vers la petite parcelle. « Il est loin d’être plat. On aura beau essayer d’aplanir le sol, ces fondations restent le meilleur choix. » expliqua l’architecte chevronné. « Bon… On fera rien de plus aujourd’hui. On est en train de perdre le soleil. On range les affaires au bureau, puis vous pourrez y aller. » Les deux apprentis n’avaient besoin de rien de plus pour s’activer. Ils s’attelèrent alors à rassembler le matériel dans le chariot, et une fois celui-ci chargé, le trio prit la route en direction des Jardins de Jhēn.


Ces derniers temps, les journées de travail de la jeune femme s’étaient rallongée. Elle passait bien plus de temps au bureau ou sur des chantiers, qu’auparavant. Pour le moment, Shanxi pouvait se réjouir de ne pas ressentir d’impact physique en lien avec ce changement de rythme. Bien sûr, le maître architecte la gardait à l’œil. Il avait choisi d’augmenter la cadence progressivement afin de préparer son apprentie pour des chantiers plus importants que ceux sur lesquels elle avait pu travailler jusqu’ici. Il avait besoin de savoir si elle était prête. Avec l’aval du corps infirmier des Jardins, il avait gonflé l’emploi du temps de l’ailée pour toute cette semaine. Il verrait bien ce que ça donnerait. Pour l’heure, tout allait bien. Il espérait que les choses demeureraient ainsi. Une fois de retour en ville, l’ancienne captive, plutôt que de rentrer directement chez elle, fit un détour par la grande place. Cela faisait un moment qu’elle y songeait. Depuis la prise de la Terre Blanche, en fait. La jeune femme avait retrouvé son amie, Helsinki. Mais ce n’était pas la seule personne dont elle avait croisé la route sous le joug des vils, et qu’elle aurait souhaité revoir. La vertueuse s’interrogeait depuis quelques temps sur le sort qu’avait subi la première personne qui lui avait adressé la parole après son réveil dans le fleuve. La première personne à se soucier des autres, d’elle.


Des tableaux furent installés au centre de la grande place quelques temps après que leur berceau fut libéré de cette vile emprise. D’un coup d’œil affûté, elle le cherchait au milieu d’une mer de noms. Sans succès. Cet échec lui laissait un goût amer dans l’âme. Elle ne voulait pas abandonner si vite. Shanxi décida alors de tenter sa chance directement auprès du personnel soignant. Elle ne savait pas exactement combien de temps Fergus avait passé enfermé, mais il avait été prisonnier plus longtemps qu’elle, cela ne faisait aucun doute. S’il était arrivé lui aussi aux Jardins, alors il ne pouvait être que là-bas. A peine avait-elle franchi le seuil de l’infirmerie, l’Okan se mit à balayer son environnement du regard à la recherche de Saëla. Fort heureusement, celle-ci n’était jamais bien difficile à trouver. « Ah vous venez de finir ? La journée s’est bien passé j’espère ? » La soignante avait beau être penchée sur son patient, elle avait aperçu l’ange s’approcher d’elle. « Oui, très bien. » répondit alors l’ailée, sans trop oser lui retourner la question. « Si jamais ça fait trop long pour vous, n’hésitez pas à me le dire, à moi ou Nejaka d’ailleurs. Il comprendra, vous savez. Il sait par où vous êtes passée. » La jeune femme tiquait toujours un peu lorsque l’on abordait ce sujet, même brièvement. Mais aujourd’hui ce n’était pas grave, puisqu’elle voulait y venir également. « Ne vous en faites pas, tout va bien. » la rassurait-elle alors, avant de reprendre : « Par contre je me demandais si vous pouviez éventuellement m’aider pour autre chose. » Saëla se décolla un court instant de son patient, visiblement surprise. Puis, elle se reprit en souriant chaleureusement. « Bien sûr, dites-moi. » - « Je suis allée voir les tableaux qui ont été mis sur la grande place. Je pensais trouver quelqu’un… Un ami. Mais je n’y ai pas vu son nom. » Les épaules de l’infirmière s’affaissèrent un instant tandis qu’elle signifiait sa compréhension d’un vif geste de la tête. « Ah oui, je vois. Son nom pourrait ne pas y être pour plusieurs raisons. » commença-t-elle alors, déposant ses instruments avant de s’éloigner du pauvre bougre alité. « Seuls les noms des personnes qui sont arrivées aux Jardins sont inscrits. Donc il pourrait tout simplement avoir été secouru par l’ordre d’Hébé, et donc se trouver à Arcadia… ou avec nos… autres alliés. » la soignante avait hésité sur cette dernière partie. Mais Shanxi voyait très bien de quel peuple son interlocutrice voulait parler. « Mais, vous savez… il pourrait aussi ne pas s’en être sortit du tout. » finit Saëla, une main sur l’avant-bras de l’Okan. « Tout ce que je peux vous dire… c’est que s’il a été aux Jardins, il est forcément passé par l’infirmerie. Je peux toujours vérifier s’il est effectivement arrivé ici, mais si ça avait été le cas, son nom serait sur le tableau. Enfin… On est jamais à l’abri d’un oubli. Si vous voulez que je regarde quand même, je peux le faire. Il est peut-être même ici. Nous avons tellement de patients. » La vertueuse hochait doucement la tête. « Merci. Je vous en serais très reconnaissante si vous pouviez vérifier s’il est arrivé aux Jardins ou non. » - « Je vais avoir besoin de son nom. » La jeune femme ne connaissait que son prénom et ce fut donc tout ce qu’elle put lui communiquer avant de sortir prendre l’air.


Shanxi avait alors commencé à marcher, sans destination en tête. La recherche prendrait probablement quelques jours, et même si l’ange avait envisagé la mort de son ami, entendre quelqu’un d’autre énoncer cette possibilité était totalement différent et bien plus douloureux que ce que l’on aurait pu penser. Si tel était le cas, ce serait loin d’être le premier à tomber sous les coups des vils, et ce ne sera certainement pas le dernier. Il n’y avait plus qu’à attendre. Deux semaines plus tard, l’Okan obtint une réponse. « Il n’est jamais arrivé aux Jardins. Apparemment, il serait à Arcadia. Si c’est bien lui… On ne peut pas vraiment en être sûrs qu’avec son prénom. La personne que j’ai contacté sur place va essayer de s’assurer qu’il s’agit bien de lui. On ne devrait pas tarder à avoir sa réponse. » expliquait alors l’infirmière. « Quand pensez-vous recevoir sa lettre ? » - « Sûrement dans la soirée comme ça fait un moment que j’ai envoyé la mienne. Je viendrai vous voir dès que je l’aurais reçue, d’accord ? » L’ange opina du chef, puis prit la route du travail. Elle brûlait de voir cette journée se finir, et d’avoir enfin une réponse quant au statut de son ami. Et elle eut sa réponse. « J’ai reçu sa lettre. Tenez, c’est pour vous. Je pense qu’il vaut mieux que vous la lisiez vous-même. » annonça Saëla en lui tendant un autre parchemin en plus de celui qu’elle tenait entre ses mains. Le visage de son interlocutrice lui avait déjà tout dit. Elle ne connaissait peut-être pas encore les détails, mais Shanxi avait compris. Fergus était mort.


Le parchemin que l’infirmière lui avait fait passer était une lettre d’un membre de l’Ordre d’Hébé. Un médecin semblait-il, qui s’adressait directement à l’amie qui avait demandé des nouvelles de ce martyr parmi tant d’autres. Il lui décrivait le triste état dans lequel ils avaient trouvé l’ailé lorsqu’ils l’avaient sauvé, le courage dont il avait fait preuve tandis que l’on soignait ses blessures, et malgré tous leurs efforts, Fergus n’avait pas tenu. Le manque de nourriture durant son séjour en Terre Blanche avait eu des conséquences désastreuses sur son corps, et bien que les chevaliers aient cherché à y remédier, cela n’avait pas suffit. La lettre faisait également mention du rituel funéraire qui avait été mis en place pour les vertueux qui n’avaient pas survécu à leur sauvetage. Toutes les formules d’usage y étaient, mais Shanxi ne lisait déjà plus. Son regard ne s’était pas encore décollé du parchemin, mais il était fixe et ne cherchait plus à déchiffrer quoi que ce soit. Finalement, l’ange releva la tête pour découvrir une expression sur le visage de l’infirmière qu’elle n’avait que trop vue depuis sa propre libération. « Je suis désolée, Shanxi. » lui dit-elle simplement. Il était bien rare que les mots viennent à lui manquer. Surtout qu’elle devait avoir l’habitude au vu du contexte actuel. « Je… vous remercie de votre aide. Sans vous, je ne l’aurais probablement jamais su. » Sa voix était faible. Brisée. La jeune femme s’était levée et voulut remettre la lettre à la soignante, mais celle-ci refusa. Pour elle, c’était à Shanxi de la garder. Elle lui revenait.


La vertueuse quittait l’infirmerie le cœur lourd de cette réponse qu’elle avait tant attendue, et qui contredisait pourtant tout ce qu’elle avait voulu. Quiconque l’aurait vue aurait juré que c’était ce même poids qui l’avait tirée vers le bas lorsqu’elle s’était écrasée contre le sol, au pied de son lit. Chaque sentiment que l’ailée ressentait semblait entrer en conflit avec les autres. La mort de son ami l’accablait bien plus que tout autre chose, et pourtant jamais elle ne s’était sentie aussi vide. Elle pleurait un homme qu’elle aurait voulu connaître, mais on le lui avait interdit. Qu’aurait-elle pu faire ? Tout le monde savait que pour se faire des amis, il fallait être en vie. Et en Terre Blanche, il n’y avait que des morts en sursis. Qu’est-ce que cela faisait d’elle à présent ?


1881 mots.


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Lun 10 Aoû 2020, 20:44


Comment pouvait-elle combler ce manque ? Peut-être était-ce le vide qu’il fallait combler avec du manque ? L’inverse était bien aussi. Il l’avait déjà séduite et lui avait même plutôt réussi lorsqu’elle s’était réveillée dans le fleuve et avait dû apprendre à vivre entre les cadavres de ses frères et leurs meurtriers. Elle ne voulait pas y retourner. Elle ne voulait pas être cette personne là. Elle ne voulait pas le redevenir.


Shanxi se demandait si tout le monde vivait le deuil ainsi. Ce n’était probablement pas le cas, mais penser à la misère des autres lui faisait l’effet d’une bouffée d’air en pleine noyade. Elle ne voulait pas être la seule. Et sa fille, alors ? Qu’avait-elle ressenti à sa mort ? Un manque ou un vide ? Peut-être même les deux. Il était facile des les confondre. C’était peut-être la pire association qui puisse exister. Mélangez un rien avec un autre et vous obtenez un allé simple pour l’enfer. L’Okan ne souhaitait pas voir son enfant, ou quiconque, souffrir de la sorte. Il était peut-être temps de faire le lien entre la vie qu’elle menait chez les Magiciens, et celle qu’elle vivait aujourd’hui chez les Anges ? Un nouveau sentiment venait s’ajouter à la masse qui nouait son ventre : l’appréhension. Shanxi s’était à maintes reprises interrogée sur la manière dont le temps s’était écoulé pour ses aimés. Elle espérait que cette question trouverait une meilleure réponse que la précédente. Il fallut quand même un certain temps à la jeune femme pour se décider à franchir le pas. Des jours durant lesquels son inquiétude et sa tristesse la privaient du réconfort que pouvait lui offrir Harabella. Puis, vint le temps du courage.


Voilà une chose que le temps ou la souffrance n’avait pas pu effacer. La vertueuse connaissait ce chemin. Elle savait qu’il l’emmenait vers un endroit qui lui était d’autant plus familier. Mais avant de poursuivre sa route, Shanxi devait s’assurer d’une chose. Une petite cloche retentit doucement tandis que l’ailée passait la porte de la boutique. Une voix nasillarde l’accueillait alors chaleureusement : « Qu’est-ce qu’il vous faut, ma belle ? » demanda la marchande derrière son comptoir. « Oh, euh… J’aimerais juste regarder pour le moment, si c’est possible. » - « Bien sûr, faites-vous plaisir ! Si vous avez besoin d’un renseignement ou autre je serais juste derrière. » Et elle s’éclipsa aussi vite qu’elle était arrivée. La jeune femme s’approchait d’une étagère sur laquelle elle avait aperçu l’objet de sa convoitise : quelques calendriers de facture Magicienne qui étaient empilés méthodiquement dans leur petite case. Shanxi se hissa alors sur la pointe des pieds pour en attraper un. Le bois était finement travaillé. La personne qui l’avait sculpté avait le sens du détail, cela ne faisait aucun doute. Le cœur avait été mis à l’ouvrage, si bien que l’Okan aurait presque pu avoir moins mal lorsqu’elle lu la date et réalisa alors le temps qui était passé. Le temps que sa fille avait passé sans mère. Ironiquement, celle qui fut le plus épargnée par ses dommages ne le fut guère par sa nouvelle vie. L’ancienne captive s’empressa de remettre l’objet à sa place, comme si celui-ci lui avait brûlé les mains. Puis elle se hâta, guidée par ce besoin qu’elle avait ressenti et qui se faisait plus pressant. Celui de savoir.


Shanxi ne s’était arrêtée que lorsque la demeure familiale était apparue dans son champ de vision, tel un mirage, un vieux souvenir, une espérance. Pourtant, elle n’osait pas aller plus loin. Elle commençait à penser que son retour pourrait ne pas engendrer que de la joie. Après autant de temps, sa famille avait sûrement dû panser la plaie. Et cette réincarnation pourrait être le couteau qui la rouvrirait. Peut-être finiraient-ils par être heureux, mais par quoi faudrait-il en passer avant d’en arriver là ? Son courage était entré avec elle dans cette boutique et s’il l’avait abandonné devant ce calendrier,  la jeune femme n’en était néanmoins pas ressortie seule. Non, ses vieux amis la peur et le doute étaient avec elle. Auquel des deux devait-elle sa motivation d’être arrivée jusqu’ici ? Peu lui importait, puisqu’à présent, ils lui criaient de s’en aller. Et l’Okan avait envie de les écouter. Pourtant, elle n’en fit rien. La jeune femme resta plantée là un moment avant de prendre sa décision. Elle n’allait pas frapper à cette porte. Mais elle ne rentrerait pas aux Jardins non plus. Shanxi voulait toujours savoir. Elle en avait besoin pour prendre sa décision. Elle prit alors la route du Duché d’Eliassen, vers une autre maison qui renfermait d’autres souvenirs. L’Okan était venue ici de nombreuses fois rendre visite à son frère aîné. Si Asra ne se trouvait pas chez ses parents, alors elle devait être ici. Plus les minutes passaient, moins l’ange pensait avoir une chance d’apercevoir sa fille. Finalement, elle décida de lever le pas et d’aller voir chez le dernier de la fratrie. Après tout, il n’était pas impossible que ce soit lui qui ait obtenu la garde de la fillette. Contrairement à son aîné, l’ancienne captive n’avait pas souvent eu l’occasion de passer du temps chez son jeune frère. Il avait emménagé peu de temps avant sa mort, après tout. Hélas, il n’y avait eu une fois de plus aucune trace d’Asra, peu importe le temps que la vertueuse avait passé à attendre.


Peut-être était-elle encore sur son lieu d’étude ? Elle pouvait être n’importe où, en réalité. Shanxi ne pouvait même pas être sûre de ne pas l’avoir déjà trouvée, puisqu’elle n’était entrée dans aucune maison pour vérifier. La jeune femme décida quand même de tenter sa chance au Sanctuaire de Coelya. Rien ne lui garantissait de trouver sa fille là-bas, car elle pouvait aussi bien étudier dans une autre école, mais l’inverse était également possible. L’Okan n’était pas vraiment familière avec le Sanctuaire, puisqu’elle n’y avait pas étudié, mais elle avait rejoint les Palais de Coelya pour un cursus universitaire. Sur la route, la jeune femme ne pouvait s’empêcher de remettre en question la manière dont elle s’y prenait pour trouver son enfant. Elle se trouvait lâche, mais n’arrivait pas à surmonter sa peur. Finalement, la conclusion qu’elle atteint lorsqu’elle arriva aux Palais de Coelya la poussa à rebrousser chemin presque immédiatement. Elle ne risquait pas d’arriver à quoi que ce soit si elle n’osait pas aller jusqu’au bout des choses. Sa peur lui avait coûté du temps, mais peut-être aussi des réponses. Elle en avait assez. La jeune femme ralliait alors de nouveau le Duché d’Eliassen, et interpella la première personne qu’elle avait croisé sur le chemin qui menait au hameau où habitait l’un de ses frères.


« Oh, vous voulez dire la petite Taiji ? Vous pourrez trouver la maison de son oncle si vous suivez ce chemin là-bas. Elle vivrait chez lui apparemment. La pauvre… il ne la laisse plus trop sortir depuis que les noms des Élus d’Hel’dra on été donnés. » L’ange sembla confuse un moment. « Que voulez-vous dire ? » - « Elle fait partie de ses Élus. Je crois que sa famille craint que ça ne lui attire des ennuis. Et vu les enjeux, ils n’ont peut-être pas tort. Tous ces jeunes enfants qui vont se retrouver mêler à tout ça… je ne sais pas ce que ça va donner. » Shanxi ne s’attendait vraiment pas à cela en venant ici. Elle avait observé le destin des élus d’Hel’dra d’un regard catastrophé, et savoir que sa fille en faisait partie, c’était le coup de grâce. L’Okan n’avait rien contre l’idée de conciliation en elle-même, au contraire, elle en était partisane. Mais lorsqu’elle avait entendu parler de la nouvelle Aether, et des ses élus qui devaient accomplir l’exploit de concilier toutes les races, elle n’y avait vu qu’un bain de sang futur. Cette nouvelle rendait sa décision encore plus difficile. En effet, si la jeune femme avait commencé à douter du bonheur que son retour pourrait engendrer, ce qu’elle venait d’apprendre complexifiait d’autant plus la chose. Si elle revenait, il ne faisait aucun doute qu’ils en souffriraient avant de pouvoir pleinement s’en réjouir. Mais elle pourrait être là pour sa fille. L’Okan se doutait bien que ses parents et ses frères avaient déjà dû prendre les choses en main concernant les élus de la déesse. D’un autre côté, elle ne pouvait ignorer tout le temps qui était passé depuis sa mort. Un temps qu’elle ne pouvait rattraper. Elle craignait de menacer la stabilité que sa famille avait dû instaurer pour l’adolescente. Ils ne pouvaient pas faire comme s’il ne s’était rien passé. Et si ça empirait les choses ? Et s’ils ne l’aimaient plus ? S’ils lui voulaient pour toutes années passé où n’était pas là ? Sa fille pourrait ne pas l’accepter. Elle avait grandit sans elle après tout. Quoi qu’il en soit, sa famille avait sans nul doute dû souffrir de son départ, et l’ailée craignait qu’en revenant, ils ne soient que de nouveau exposés à tout cela. Qu’elle ruine la paix durement gagnée. Il n’y avait de justice dans aucune de ces décisions. Shanxi n’avait pas choisi de partir, mais aujourd’hui, elle était décisionnaire. Elle voulait ce qu’il y avait de mieux pour eux. Mais elle avait aussi parfaitement conscience de sa propre faiblesse, et de sa potentielle instabilité, au vu de ce qu’elle avait pu vivre jusqu’ici. Ce qui était mieux pour sa famille n’était pas forcément ce qui était mieux pour elle. Cette réflexion pourrait paraître cruelle et égoïste, et peut-être l’était-elle finalement, mais il serait inconscient de prendre ces éléments à la légère. Finalement, n’était-il pas plus préférable, ou plus confortable, de faire valoir son choix sur une valeur sûre ? Celle qui ne pouvait nuire à personne. Celle du statut quo.


Quelle douce musique que la stabilité pour quiconque redoutait le ton du changement.  L’Okan était hélas pour son enfant et sa famille, de ceux-là. Il était temps pour elle de rentrer aux Jardins, une bonne fois pour toutes. La jeune femme avait conscience de la nature peu saine de ces actions au cours de cette journée. Elle en avait même honte. Comme l’apprenti chasseur qui ne voulait pas nuire à sa proie, elle avait blessé au lieu de tuer. Elle n’était allée que jusqu’au bout de sa couardise, et rien d’autre. Sa seule chance était que finalement, ses aimés n’en savaient rien. Mais si ça avait été le cas, l’Okan aurait-elle montré plus de courage ? Serait-elle allée jusqu’au bout de son geste ? Car finalement, qu’elle qu’ait été la conclusion, ils en auraient souffert de toute façon. Et elle aurait alors retrouvé, au prix fort, tout ce que la mort lui avait arraché. Qui aurait pu penser que l’ancienne captive, lorsque le choix lui serait donné, aurait préféré cette nouvelle vie de misère, à celle dont elle avait rêvé entre les barreaux de cette prison qui avait vu tant de morts ? Elle en tout cas, jamais elle n’y aurait cru.


1832 mots.


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