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 [Q] Le lion ne s'associe pas avec le cafard | Deccio

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Mar 30 Juin 2020, 11:51

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Intrigue : Abordée par un Avare qui lui demande de l’aide pour retrouver un objet qui lui a été dérobé, Calanthe part à la recherche du voleur. Alors qu’elle erre en vain dans les Quartiers Simples, elle tombe sur une cabane, où Deccio propose ses services.

Passer une journée au Coeur Vert en compagnie de Serena lui avait fait du bien. Réjouie par la gaieté contagieuse de sa demie-sœur, la jeune femme en oubliait presque le sentiment étrange qui effleurait son ventre. Résister à la tentation était plus simple, dans les champs, et malgré son passage par les Quartiers Simples, elle sentait déjà l’Envie poindre à l’horizon. Il lui suffisait de relever la tête, pour que son regard s’attarde un peu trop sur la devanture d’une maison, ou sur les vêtements d’un de ses congénères. Espérant naïvement se prémunir de son péché, elle gardait les yeux obstinément fixés sur les pavés. À plusieurs reprises, elle heurta des gens, et malgré leurs imprécations, elle murmurait de vagues excuses, et continuait ainsi. Il ne lui vint pas un instant à l’esprit que, pour se repérer, mieux valait regarder autour de soi. Perdue sans le savoir, elle n’osait s’attarder nulle part. Ici, le carmin effacé d’une pomme lui faisait de l’œil ; là, le froissement d’un manteau l’implorait de l’arracher. Elle voulait tout pour elle, et elle se retenait difficilement de dérober tout ce qui passait à portée de ses mains maladroites. Épuisée par les prémices d’un désir toujours inassouvi, elle avisa une fontaine. Pour se calmer, elle se pencha au-dessus de l’eau. Cette dernière lui renvoya l’image d’un visage aux traits crispés par la convoitise. C’était douloureux. D’un geste rageur, elle s’aspergea généreusement le visage de la fraîcheur du liquide. Quasiment dépourvue de passants, la place lui accordait un répit inespéré. Profitant du calme environnant, elle poussa un long soupir.

Un individu, cependant, s’adonnait à un curieux manège. Elle ne l’avait pas remarqué tout de suite, mais il s’apitoyait bruyamment. À grand renfort de mouvements exagérés, il désespérait à voix haute. « Mais que vais-je devenir ? Pauvre de moi ! » Touchée par sa détresse, la blonde s’approcha, sans se douter une seconde de l’arnaque dans laquelle elle s’apprêtait à tomber. Seule l’occasion de venir en aide à quelqu’un possédait le pouvoir salvateur de la détourner de l’Envie, et même sans cette bénédiction, elle aimait servir les autres. « Quelque chose ne va pas, monsieur ? » D’un air effondré, l’homme se tourna vers elle. Son chagrin ne faisait aucun doute. « C’est une véritable tragédie ! On m’a volé ! » Surprise de sa révélation, elle battit des cils. N’y avait-il pas des gardes dans les parages, en mesure de le secourir ? Un rapide coup d’œil aux alentours lui confirma qu’elle était sa meilleure chance. « Calmez-vous, je suis là. Que s’est-il passé ? » Pris dans un monologue poignant, il lui expliqua qu’il avait été bousculé par un enfant aux cheveux courts un peu plus tôt, et que, depuis, il ne trouvait plus la bague destinée à sa fille. Volubile, il lui donna une foule de détails, dont elle ne retint que les grandes lignes. « Si vous m’aidez à mettre la main dessus, je vous récompenserais. » Bien que la perspective d’un pactole ne fut pas la source de sa motivation, la jeune femme accepta sa proposition. Ils se donnèrent rendez-vous le lendemain pour exposer le fruit de leurs recherches.

Malgré sa bonne volonté, Calanthe voyait la matinée avancer sans parvenir à dénicher le voleur. Ignorante de la manière dont il était possible de retrouver quelqu’un, elle errait vainement entre les ruelles des Quartiers Simples, et elle s’était suffisamment éloignée de la fontaine pour ne pas réussir à la retrouver. Ses pas la menèrent à une ruelle déserte. En relevant les yeux, elle découvrit une modeste cabane. L’enseigne lui était curieusement familière. Égayée par sa découverte, elle se précipita à l’intérieur. Une silhouette blonde y attendait des clients. Elle n’avait pas eu l’occasion de le saluer pendant la Coupe des Nations. « Sebastian ! » Ravie de sa trouvaille, la jeune femme se laissa quelque peu aller et le serra contre elle. Elle ne parvenait pas à croire à sa chance. « Je suis heureuse de vous voir ! » Réalisant qu’elle se montrait un brin trop affectueuse, elle recula d’un pas et détourna le regard. Pourquoi ne savait-elle pas se retenir ? Son enthousiasme lui souffla l’envie de passer davantage de temps en sa compagnie. « Vous auriez une minute à m’accorder ? J’ai promis d’aider quelqu’un à retrouver une bague qu’on lui a dérobée, mais je n’arrive à rien. » Depuis leur dernière rencontre, il paraissait ne pas avoir beaucoup changé. Incertaine de la réponse de son interlocuteur, elle s’empressa de mentionner le marché conclu avec l’infortunée victime. « Je ne sais pas si l'aventure vous tente, mais il m’a promis une récompense. Nous pourrions peut-être la partager. » Une lueur de joie éclairait l’obscurité de ses prunelles. Peut-être allait-elle passer une bonne journée, en fin de compte.

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Mer 01 Juil 2020, 22:29




Deccio planait. Littéralement. En ce beau jour accueilli par les rayons du soleil, le démon s’habituait à voler avec ses nouvelles ailes récemment contractées. Aussi curieux que cela puisse paraitre, les ailes emplumées n’avaient pas la même résistance que les rachitiques. Ce modèle rétrograde — en tout cas pour lui — ne se manipulait pas de la même manière. Et en plus, ça lui démangeait l’échine. Sans doute une espèce d’allergie à la con qu’il trainait depuis qu’elles avaient poussé en lui comme de l’acné sur un adolescent. Le tableau semblait assez dérisoire : on aurait dit qu’un fil était semé dans son dos et qu’on le tractait pour l’élever doucement dans les airs. Il devait par ailleurs essuyer les nombreuses railleries des passants, mais ça lui importait peu. Jamais le ridicule ne blesserait le prestigieux chevalier blond. Fort heureusement, sans quoi il ne serait surement plus en état de poser un pied devant l’autre. Quoiqu’il en soit, il n’avait même pas osé réitérer l’expérience avec les deux paires en même temps. C’était un coup à se briser le coccyx, et il n’était clairement pas prêt à le céder maintenant. Son entrainement terminé, il entra alors dans sa vieille cabane délabrée. Elle faisait peine à voir, mais c’est bien là tout ce qu’il avait pu s’offrir en la louant pour la journée. Sa réputation en tant qu’enquêteur n’avait pas encore décollé, et pour cause, aucune besogne digne de ce nom ne s’était présentée à lui. Oh, mais on lui avait tout de même confié deux corvées : une qui avait consisté à retrouver une poule égarée sur une distance de deux pâtés de maisons et l’autre qui concernait une sale affaire de viennoiseries. Mais au final, tout s’était bien terminé. Deccio avait mis la main sur le voleur en le rouant de coups de genoux dans la face. Pas de pitié pour les croissants.

Si le renard s’était justement installé provisoirement à Avalon, c’est parce qu’il jugeait pouvoir apporter son aide aux citoyens plus facilement. L’Enfer regorgeait de crimes plus complexes, et les délits étaient monnaie courante là-bas. Tant qu’il ne serait pas promu au rang de super inspecteur, il n’envisageait même pas une seconde y aménager son cabinet. De toute façon, les déchus étant un peuple avec beaucoup de contrariétés, la chance finirait bien par lui sourire. Pour l’occasion, l’homme se rangea derrière son bureau, et en attendant d’éventuels clients, il ouvrit son carnet pour y gribouiller quelques dessins primitifs. Des bites et des seins, c’était toujours marrant à faire. Voilà à quoi se résumait son activité principale ; c’est dire à quoi point la misère aimait s’inviter chez lui. Il alterna cependant ses exercices ludiques, comme par exemple en jetant des pointes effilées sur les planches qui tenaient vaguement et sur lesquelles il avait noté un numéro ou en feuilletant un dictionnaire en Zul’Dov pour apprendre des injures. Le sens des priorités, c’est ça qui poussait Deccio dans ses retranchements. Mais alors qu’il imaginait sa prochaine lubie visant à tuer le temps, l’arrivée soudaine d’une invitée surprise manqua de le faire tomber de sa chaise. En fait non, il se ramassa sévère. Mais il se releva presque instantanément l’air de rien tandis qu’un visage familier se colla contre lui. Le trop-plein d’informations le fit bugger sur place de telle sorte qu’il n’eut aucune réaction. Normalement, son poing aurait tracé son chemin pour se loger naturellement dans les côtes de la sorcière, mais elle y échappa.

Il reprit ses esprits quand elle lui parla d’une affaire pour le moins intéressante. Enfin, le terme était relatif compte tenu des bouses intersidérales qu’il s’était payées depuis. Le célèbre Castellanos tempéra la donzelle visiblement galvanisée aux phéromones. « Attends, attends. C’est qui Sebastian déjà ? » Un bref coup d’œil à l’inscription branlante qui ne demandait qu’à se barrer lui rappela les faits. « Ah oui, c’est vrai. Bon, mais TU TE CALMES ! Tu veux bien procéder dans l’ordre s’il te plait ? Et puis qui te dis que j’ai que ça à foutre ? Je suis un homme très occupé, figure-toi. » Lança-t-il avec une once de fierté dans la voix alors qu’il ramena ses bras sur son torse viril pour les croiser. Au même moment, la plaque sur laquelle était inscrit son pseudonyme succomba. « Bon. Mais en l’occurrence j’ai que ça à faire. Allons-y. » Deccio happa un chapeau qui tenait sur un clou et le posa sur sa tête. Les choses sérieuses commencèrent enfin. « Dépêchons-nous, je n’ai que quelques heures. » Retrouver un chiard dans cette ville bondée, c’était comme de chercher du foin dans une botte d’aiguille. Il existait toutefois des endroits très prisés par les bambins ; les cuisines. C’est ainsi que quelques instants après, il posa ses fesses sur le siège d’un restaurant. « On va la faire courte. Avez-vous vu passer un enfant ici ? Si c’est le cas, répondez par “saucisson”, je vous prie. » Oui. Deccio ne s’y connaissait pas du tout en morveux. Pas plus qu’en langage codé.


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Dim 05 Juil 2020, 14:14

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Comme à son habitude, _ pour autant qu’on puisse parler d’habitude dès la seconde rencontre_, la jeune femme laissa Sebastian prendre les devants. Sans savoir où il l’emmenait, la joie de venir en aide à quelqu’un en sa compagnie supplantait le reste. Elle aurait presque pu en oublier son obsession. « Désolée de vous avoir dérangé. Je n’arrivais à rien toute seule, et en voyant votre enseigne, j’ai eu envie de passer du temps avec vous. Je regrette presque de devoir partir à la recherche de ce fichu gamin. » En vérité, son altruisme naturel l’empêchait de renoncer à cette dernière tâche. Il semblait que, même lorsque son péché la laissait en paix, un conflit traînait dans ses désirs. Avant de pénétrer dans le restaurant, elle se mordit la lèvre inférieure. « Peut-être pourrions-nous faire autre chose, ensuite ? » Sa proposition en suspens, elle hésita à s’installer. Face au regard peu amène du serveur, elle songea qu’il valait mieux rebrousser chemin ; elle ne comprenait de toute manière pas ce qu’aurait fait un enfant en ces lieux. « Je n’ai aucune idée de ce dont vous parlez, mais si vous ne comptez pas commander, barrez-vous. J’ai du travail. » Sans daigner leur fournir la moindre information, il tourna les talons pour aller récupérer des plats qui patientaient sur le comptoir et revint vers eux, d’un air exaspéré. Gênée par la tournure des événements, la blonde s’apprêtait à suggérer qu’ils s’en aillent, lorsqu’un client particulièrement tapageur fit son entrée. « Où sont les poulardes ? J’ai faim ! Où sont les veaux, les rôtis, les saucisses ? Où sont les fèves, les pâtés de cerf ? » D’une voix bourrue, il énumérait avec panache les délices qu’il souhaitait déguster. Se retrouver entre un Gourmand et son repas n’étant jamais une bonne idée, elle entraîna Deccio à l’extérieur.

Dans l’optique de prendre des initiatives, elle se décida à contourner le bâtiment. La théorie selon laquelle les enfants aimaient chaparder dans les cuisines ne lui paraissait pas incongrue, et elle se mit en quête de la porte qui y menait. Bien qu’indéfinissables, des odeurs alléchantes s’en échappaient, et elle voyait la silhouette grassouillette du cuisinier s’agiter près du fourneau. Insolente, elle entra sans y avoir été invitée ; la politesse l’obligea cependant à poser sa question dans les règles de l’art. « Excusez-moi, Monsieur, vous n’auriez pas vu un enfant passer ? » Sans même lui accorder un regard, l’homme essuya la sueur de son front avec un torchon et se remit au travail. Ses mains tournaient une pâte à une allure ahurissante. Détourné par une friandise, le regard de la jeune femme s’arrêta non loin de là. « Pas aujourd’hui, ma petite. Il est trop tôt. Essayez de voir du côté de l’école. » Un vague hurlement du serveur aperçut plus tôt le fit redoubler d’efforts. Délaissant sa préparation, il se précipita vers un outil qu’elle n’avait jusque-là jamais vu et y déposa plusieurs pièces de viande. Son attention reportée sur les carrés sucrés, elle se mordit la lèvre inférieure. Pourquoi ne lui appartenaient-ils pas ? Elle voulait sentir le cacao fondre sous sa poigne. Elle les voulait. Tout de suite. Ses doigts se tendirent vers eux sans qu’elle n’en ait réellement conscience. En les récupérant, elle fit tomber une bassine sur le carrelage. Sa maladresse allait la condamner. Fort heureusement, le capharnaüm de la cuisine empêcha le propriétaire de s’apercevoir de son larcin.

Essoufflée par la chaleur étouffante qui régnait dans la pièce, Calanthe ressortit à la hâte pour retrouver son acolyte. « Le cuisinier n’a vu personne. Par contre, il m’a parlé d’une école dans les parages. » N’ayant aucune idée de comment retrouver le bambin, les détectives en herbe partirent à la recherche de l’édifice en question. La culpabilité ne tarda pas à s’insinuer entre les méninges de la voleuse, et ce grain de poussière entachait sa moralité. Le ventre noué, elle avoua finalement son forfait. « J’ai volé du chocolat. Je n’en avais pas l’intention, mais il m’a fait envie. Vous croyez que je devrais aller le rendre ? » Honteusement, elle desserra les phalanges et montra au Démon les conséquences de son crime. Elle ne savait que faire de ces preuves déshonorantes. Quelle mouche l’avait piquée ? Nerveuse, elle décida que passer du coq à l’âne valait mieux. « Qu’est-ce que vous faites à Avalon ? » Leurs pas les conduisirent rapidement devant la façade de l’école. La cloche n’ayant pas encore retentit, une fenêtre ouvrait sur des élèves, en train d’écouter sagement leur professeur. Des bribes de sa leçon parvenaient à leur oreille. Une réminiscence lui revenant, la Déchue se frappa le front du plat de la main. « Attendez une minute. Je viens de me souvenir d’un truc. Nous savons déjà qu’il a les cheveux courts, et l’homme m’a dit qu’il porte un haut avec l’emblème d’un scorpion. » Bien qu'elle n'eut pas la moindre idée de l'apparence d'un tel animal, _ ni, d'ailleurs, du fait qu'il s'agissait d'un animal _, elle se sentait pousser des ailes. « Il me semble que pour trouver, il faut savoir ce que l’on cherche. Non, je pense que nous avons là un début de piste. » Satisfaite, elle reporta son attention sur la porte de l’école. Si le coupable en franchissait le seuil, elle l’accueillerait à bras ouverts.

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Mer 08 Juil 2020, 14:30


En dépit de son air renfrogné, Deccio était plutôt heureux de sortir de son trou pour résoudre un contentieux, quand bien même elle compromettait un gamin à deux balles qui méritait d’occire dans les flammes de l’Enfer. Du moment qu’ils lui accordaient une récompense, il se fichait bien de savoir qui étaient les protagonistes impliqués. Quant à Calanthe, il finirait bien par trouver quelque chose pour l'exclure de son business et rafler toute la mise. On ne marchait pas sur les plates-bandes d’un fin limier tel que lui. Sauf si elle s’avérait très profitable, ce qui n'était pas forcément gagné au vu de son attitude un peu… gauche. « Après le travail, c’est plus le travail. Évidemment qu’on va pas passer la journée à le chercher. Pour ce qui est des détails, ça dépendra de ton rapport qualité/prix. » Confia-t-il à la femme d’albâtre avec un grand sourire sarcastique. En sa présence, il savait toujours à peu près où ça commençait, mais jamais vraiment quand et où ça s’arrêtait. Si cette seconde expérience s’annonçait aussi désastreuse que la première, il disparaîtrait à jamais de la circulation en prenant soin d’effacer toute trace de lui. La convenance de cette vocation pouvait trouver racine n’importe où, après tout.

En tout cas, son associée était quelque peu distraite aujourd’hui. Elle s’engageait dans les bâtiments à proximité pour un oui et pour un non. Le Démon la perdit d’ailleurs souvent de vue tant elle ne savait pas rester en place plus de deux minutes, vraisemblablement trop exalté à l’idée de mener sa première investigation. Un caractère propre aux novices. « Tu devrais aller jeter un œil dans le cimetière. Si ça se trouve, c’est là-bas qu’il est en train de jouer. S’il est aussi finaud que toi, ça me surprendrait pas. » Et puis ça lui permettrait au moins de se focaliser sur le véritable itinéraire de ce garçon. « Je ne pense pas qu’il soit à l’école. » Un enfant qui volait quelque chose ne retournerait jamais dans une installation où des adultes étaient plus moralisateurs que nulle part ailleurs. Pour comprendre la psychologie d’un criminel, il fallait se glisser dans sa peau. Deccio prit donc littéralement l’apparence d’un minot pour devenir et interpréter le rôle avec plus de pertinence. Un petit blond à la mèche rebelle, idéal pour se fondre parmi les agneaux. Ses vêtements épousèrent la forme de son corps. Ils étaient conçus pour ça, justement car son espèce renouvelait très souvent leur enveloppe. Il tira alors sur un pan de la robe de Calanthe pour l'obliger à se pencher et lui dérober sa tablette de chocolat. « Donne-moi ça ! Les friandises sont réservées aux enfants. » Il lâcha un immense croc dans celui-ci, y empreignant une énorme marque de sa dentition. Puisque elle le désirait tant, il suivit la Déchue jusqu’à cette satanée école, sans la moindre conviction. Il manquait à toutes les subtilités, mais son intuition était véridique elle. « J’te dis qu’il est pas ici. Quel enfant serait assez demeuré pour revenir avec son larcin dans une institution ? Personnellement, si j’étais lui… » Deccio traça soudainement sa route en contournant le bâtiment. Il s’arrêta net, considéra le sol en remuant la tête de droite à gauche, puis relança de plus belle un rythme effréné sans faire attention à ce qui l’entourait.

Au bout de plusieurs minutes à galoper dans tous les sens, il s’immobilisa, les mains sur ses cuisses tandis qu’il reprenait son souffle. Ce gamin cavalait vraiment très vite. Ou alors c’est lui qui manquait de célérité. Allez savoir. Quoiqu’il en soit, devant eux se trouvait une majestueuse cabane surélevée, plutôt bien charpentée. Un enfant seul n’avait pas pu construire quelque chose d’aussi conséquent. Un tissu avec le motif d’un scorpion reposait sur l’un des échelons. Il le ramassa. « Calanthe, ça te dirait de servir à quelque chose pour une fois et de le ramener par la peau du cul ? De toute façon t’es mon assistante, je sais pas trop pourquoi je te demande ton avis. » Deccio n’éprouvait pas le vertige en temps normal, mais en étant haut comme trois pommes, c’était un peu différent des autres fois. Et comme il ne parvenait plus à regagner son apparence initiale, il ne pouvait s'arranger. Saleté de magie. Qu’est-ce qu’elle pouvait être teigne celle-là. « J’en suis sûr qu’il est là-haut, ce crétin en plus. Observe bien les barreaux de l’échelle. L’un d’eux détient des résidus de sucre. Et qu’est-ce qui mange du sucre ? Tout le monde oui, mais c’est pas la question. Disons que… et puis merde. » Dans tous les cas, il était préférable d’aller vérifier son contenu. Cependant, lorsque le vilain blondinet fut de nouveau esseulé, un homme débarqua en trombe en lui aboyant dessus. « Je t’ai enfin retrouvé, sale garnement. Tu vas venir avec moi, je vais te faire passer l’envie de me détrousser. » Sans que le renardeau ne comprenne quoique ce soit à son dialecte de vieux broussard, ce vulgaire porc le tira par les oreilles. Il se trompait manifestement sur sa personne. Il y avait méprise, il allait le regretter. Enfin, pas tout de suite, par contre. « CALAN… » Il se prit un taquet, l’interrompant net dans son appel au secours. S’il comptait sur elle pour le retrouver, il était mal barré. La fin était proche.


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Sam 11 Juil 2020, 19:05

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Conséquence directe de sa découverte, la cavalcade qui s’ensuivit les laissèrent tous deux essoufflés. Arrêtée devant une bicoque à la conception singulière, Calanthe prit un instant pour apaiser sa respiration, et songea que, depuis son arrivée à Avalon, elle n’avait pas fait beaucoup d’exercice. Pas le moins du monde piquée par la remarque de Sebastian, elle battit des cils avant de pointer une évidence. « Je te rappelle que c’est moi qui t’ait ramené une affaire, et en plus, j’ai trouvé l’indice qui nous a amenés ici. C’est à se demander qui de nous deux est détective. » Dépourvu de toute méchanceté, son commentaire se voulait factuel, et elle eut l’audace d’y glisser un sourire. Il ne parut pas prendre la mouche _ à moins, qu’absorbé dans ses réflexions, il ne l’entendît pas _, et lui délivra une analyse que seule la vivacité d’un esprit enfantin pouvait décrypter. « Hm. Ouais, c’est pas faux. » Rendue perplexe par sa déclaration, elle avait seulement qu’il voulait la voir grimper et dénicher le voleur dans sa propre maison. L’affaire lui paraissait complexe ; elle n’osait cependant envisager un abandon. Ce n’était pas pour elle qu’elle devait le retrouver, et la détresse de la victime l’avait sincèrement touchée. Prenant son courage à deux mains, elle posa le pied sur le premier barreau. Elle, qui n’accordait d’habitude que peu d’importance à la religion, murmura une prière, dans l’espoir de parvenir en haut sans tomber. L’escalade ne faisait pas exactement partie de ses points forts.

Par miracle, l’échelle se révéla complice, et, au lieu de la chute déshonorante à laquelle elle s’attendait, elle se retrouva à l’étage. Grande ouverte, la porte de la demeure s’ouvrait, non sur le bambin, mais sur un fouillis innommable. Au mépris de toute prudence, la jeune femme s'aventura à l'intérieur. Un tapis de poussière s'oubliait sur des bibelots. Négligés, ils s'étalaient mollement sur ce qui avait dû, un jour, une table de salle à manger. Corrompus par le temps, quelques meubles décrépissaient en silence. Les planches de bois sur lesquelles elle marchait, imprudemment, émettaient des craquements inhospitaliers. Rien n'indiquait qu'une présence humaine eut récemment pénétré en ces lieux. Un instant, elle envisagea de rebrousser chemin. Angoissée par l'ambiance étrange de la pièce, ce fut l'idée que Sebastian se mettrait en colère si elle revenait bredouille qui lui donna de la force. Après l'avoir entraîné dans une pareille affaire, elle ne pouvait pas le laisser tomber. Un rayon de soleil perça la saleté trouble d'une fenêtre, jetant des lueurs spectrales sur les murs. Le garnement ayant mystérieusement disparu, elle prit un moment pour flâner. Familière, la bête en elle ouvrit un oeil. Du regard, elle caressa les objets oubliés qui s'entassaient là. Certains lui paraissaient avoir un usage que son crâne trop étroit rendait obscur. D'où venaient-ils ? Pour quelle raison les avait-on rassemblé là ? À qui avaient-ils appartenu ? Et plus important encore, pourquoi n'étaient-ils pas siens ? Une plainte mourut sur les lèvres de Calanthe.

Le péché qui étreignait son coeur balaya sa raison. Emportée par une fièvre possessive, elle empoigna quelques babioles, et, d'un geste inconsidéré, les fourra dans ses poches. Malheureusement, ces dernières se trouvèrent vite remplies. La perspective d'interrompre son acquisition frauduleuse la désolant, elle s'apprêtait à déchirer sa robe pour en faire un sac de fortune, lorsqu'un cri parvint à ses oreilles. Surprise d'entendre son prénom, elle relâcha brusquement les trésors que sa main tenait. Que diable faisait-elle ? Horrifiée d'avoir cédé ainsi, elle secoua sa veste pour les délivrer sur le champ. Quelle mouche l’avait piquée ? Un tintement sur le sol attira son attention. N’osant croire à sa chance, elle s’empara du bijou avec empressement, sans se douter une seconde qu’il s’agissait là d’une bague bien plus précieuse que celle qu’elle cherchait. En toute hâte, elle sortit, et, apercevant un homme qui flanquait une rouste mémorable à Sebastian, elle descendit de son perchoir. « Qu’est-ce que vous faites ? Lâchez-le tout de suite ! » Inexplicablement en colère, elle ressentit le désir brutal de lui rendre ses coups l’un après l’autre. Sitôt qu’il libéra le Démon, elle se planta devant lui, les bras croisés. « Vous faites erreur sur la personne. C’est… Mon fils, et il a été avec moi toute la journée. Nous revenons juste des Halles. » « Et vous n’avez rien ramené avec vous ? » Ayant dit ce qui lui était passé par la tête, elle n’avait malheureusement aucune réponse convenable à lui fournir, et finit par ramener le sujet à ce qui les préoccupait. « Bref, je crois que celui que vous cherchez est là-bas. Il m’a dérobé une bague, que je viens d’aller récupérer. Regardez. » Ravie de son inespérée trouvaille, elle lui tendit la breloque. Souriante, elle désigna la cabane du menton. « Je n’ai pas trouvé le petit, mais il y a une foule de babioles, là-dedans. » Avant d’avoir eu le temps de réaliser ce qui se passait, la jeune femme sentit quelque chose écraser ses doigts. L’instant d’après, l’homme s’enfuyait à toutes jambes. Elle battit des cils avant de s’époumoner. « C’est un scandale ! » Furieuse qu’on lui jouait un tour pareil, elle attrapa la main de Sebastian et se mit à courir dans la même direction que le voleur. Ne pouvait-on pas faire deux pas dans le quartier sans tomber sur un filou ? « Viens, il faut qu’on le rattrape ! » Outrée, elle espérait bien lui mettre la main dessus. Crapahuter en tout sens commençait à l’agacer pour de bon.

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Jeu 16 Juil 2020, 20:52


Sa force réduite proportionnellement à celle de sa taille, se délivrer du mal à lui seul relatait d’un exploit peu commun. Avec des mains aussi frêles, c’est tout juste s’il réussissait à exaspérer son bourreau. C’était comme de se heurter à une immense muraille dépourvue de renfoncements qu’il devait franchir coûte que coûte pour ne pas se retrouver avec une armée entière sur le dos. Certes, le danger actuel se réglait plus aisément avec un coup de boule, mais l’infirmité d’un enfant était telle qu’il avait l’impression de subir un viol collectif. Il entreprit bien de tirer son bras dans tous les sens possibles dans l’espoir de lui glisser entre les pattes, mais ce type à l’allure de géant maintenait fermement sa prise. Avant que Calanthe n’intervienne, il se demandait à quelle sauce il allait être mangé. Mais avec son entremise — ô combien divine avec une bonne imagination — allait forcément changer la donne. Oui, elle allait vraisemblablement le faire rôtir sur place avec un sort de feu, ou encore lui sectionner la gorge avec une arme dissimulée. Dans l’attente d’un sauvetage épique, le blondinet écarquilla les yeux, le cœur palpitant. En sortant cette excuse de derrière les fagots et en s’approchant ainsi de l’homme, elle détournait probablement son attention pour lui enfoncer une dague dans le poitrail lorsqu’il serait le moins sur ses gardes. Encore un tout petit peu, elle y était presque. Ce moment de gloire qu’elle attendait tant, désormais à portée de mains, il… s’envola vers d’autres cieux avec ses larcins. Deccio tomba des nues, en témoignait son expression similaire à celle des enfants auxquels on privait de goûter. « Décidément, t’en loupes pas une, Cachiante. T’avais pourtant l’occasion de briller, mais la mèche semble usée. » Un loupiot qui sermonnait sa « mère », ce n’était déjà pas courant, mais quand ce dernier en rajoutait avec un coup de pied dans le tibia en guise de sanction, c’était carrément de la maltraitance animale.

Maintenant libéré de ce fardeau, le renardeau escomptait bien agir à sa façon. S’il reconnaissait un avantage à préserver cette taille, c’était celle de pouvoir s’immiscer partout avec aisance. Il lui suffisait d’emprunter des sentiers trop étroits ou inaccessibles pour son corps d’adulte afin de gagner un temps fou. Seul bémol ; un grillage trois fois plus grand que lui le coupa dans sa lancée. « Dites-moi pas que c’est pas vrai ! » Trop gorgée d’adrénaline pour s’arrêter en si bon chemin, il posa rapidement ses paumes sur la clôture pour écarter les fibres de fer et se créer un passage progressif de l’autre côté. Il reprit aussitôt sa traque en empruntant le plus de raccourcis possible. Et mine de rien, cela lui fut grandement profitable. L’homme qui était retourné se cacher dans sa demeure ne s’était pas méfié, mais dans la petite ouverture qui officiait en tant que fenêtre, le malandrin pouvait s’y glisser sans sourciller. Les mains fourrées dans ses poches, il se faufila discrètement dans son dos tout en libérant adroitement les effluves de la Tentation de l’Autre. « Tss tss tss tss. C’est malheureux de s’en prendre à la mauvaise victime. Je compatis, vous savez. » Visiblement surpris par son intrusion, le voleur manqua de trébucher contre son tapis immaculé. En le repérant, les lèvres de Deccio s’étirèrent en un vicieux sourire. « Espèce de sale morveux ! Qu’est-ce que tu crois bien pouvoir faire ? » Emporté par la colère préalablement présente et accru par son pouvoir, celui-ci accourut vers lui, la main levée dans l’intention de lui faire goûter des plaisirs de la chair qu’il n’avait pas l’habitude de consommer. Toutefois, il venait de commettre sa plus grave erreur. Renonçant à son costume de garnement, le Vicieux regagna son aspect d’origine. Depuis quand était-il incapable de modifier son apparence ? Il fallait être sot pour le croire.

Dans tous les cas, quand Calanthe retrouva le chemin de la maison, s’en était déjà fini. Assis sur le buste du vieil homme, son visage — mutilé de toute part — était méconnaissable. Son ventre bedonnant avait laissé place à la myriade d’organes qu’il renfermait, tandis qu’il avait été amputé d’une jambe. Et c’était sans compter sur le sang présent à profusion sur les murs qu’on pouvait lui décerner tout le mérite de ce carnage. Le tapis, rouge cramoisi, était désormais à son goût. « Referme la porte avant que ça nous porte préjudice. » Aucunement pris de remords, le Démon semblait à contrario très détendu. Léchant le liquide écarlate qui circulait sur son doigt, il s’adressa à Calanthe. « Tu sais ce que je déteste le plus chez les hésitants ? Cette frilosité persistante à franchir la ligne par peur d'aimer ça. » Le Saraṇi se releva en étendant ses muscles comme après une bonne sieste. « Tu as déjà tué, toi ? » C’était une question rhétorique. Elle n’avait pas le regard d’une personne qui semait fréquemment la mort. Il tourna les talons sans attendre de réponses. « L’affaire est résolue, cassons-nous. » Altérant de nouveau son apparence pour cacher les traces de sang et son identité, il émergea par la porte en sifflotant comme si de rien n’était.


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Jeu 30 Juil 2020, 18:48

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Ce que la jeune femme pouvait affirmer avec certitude, c’était que fréquenter un Démon ajoutait à son quotidien une pincée d’aventure. Considérant le coup qu’il lui administra comme une réprimande affectueuse, elle esquissa un sourire. Malgré sa mauvaise humeur manifeste, le voir prendre en chasse l’autre lui inspirait de grandes idées. Peut-être pourraient-ils parcourir le monde ensemble, à la recherche des voleurs et des assassins, pour les mettre sous les verrous. À ses yeux innocents, il apparaissait en véritable justicier, et, loin de se douter de la réalité, elle s’engagea à sa poursuite. Cependant, elle ne possédait pas un sens de l’orientation digne de ce nom, et, distraite par une devanture chatoyante, elle perdit un temps précieux. Derrière la vitre s’étalaient des étoffes au plissé soyeux. Le vert se déclinait en un carnaval de teintes. Depuis la rue, elle repérait aisément la soie et le coton, qui, indifférents aux usages, se côtoyaient fébrilement. Puisque son partenaire lui avait permis de résoudre son problème, elle songea qu’elle pourrait lui offrir quelque chose, en guise de remerciement. Il lui faudrait progresser avant de parvenir à coudre la tenue que son esprit façonnait déjà, mais l’idée suscitait son enthousiasme. Les points à tisser se matérialisaient devant ses paupières, froissant imaginairement les fibres. Pensive, elle détacha ses doigts du verre. Avant toute chose, elle se devait néanmoins de le retrouver. Nul doute qu’il aurait récupéré la bague, et que toute cette affaire se conclurait joyeusement. Elle n’envisageait pas de lui présenter ses connaissances ; elle voulait le garder pour elle. Sa possessivité ne faisait que s'éveiller.

Lorsqu’elle franchit le seuil de la maison où Sebastian avait trouvé refuge, la désillusion crispa ses traits. Accueillie par un spectacle macabre, elle n’entendit pas les quelques mots qu’il lui adressa. Ses yeux se figèrent devant l’horreur. Ayant manifestement récolté un traitement de faveur, le voleur gisait sur une chaise. D’une blessure qui lui tailladait le ventre s’étalaient des organes. « Il faut appeler la... » Parfaitement immobile, elle interrompit sa phrase. Il n’y avait personne d’autre dans la pièce. À la recherche d’une explication viable, ses neurones s’entrechoquèrent vainement. Son regard alterna entre le cadavre et le blond. Ce dernier savourait son forfait jusqu’à la dernière goutte. Sonnée, elle ne réagit pas quand il l’interrogea sur ses propres méfaits. C’était impossible. Ce ne pouvait pas être lui. Elle refusait d’y croire. Quand la vérité s’imposa, elle poussa un long soupir. Qu’avait-elle pensé, en laissant un homme capable du pire en compagnie d’un être qui l’avait lésé ? Contre toute attente, ce fut la culpabilité qui s’invita d’abord en elle. « C’est ma faute. J’aurais dû vous raisonner. J’aurais dû être là. » Détournée de la réalité par un ressenti qui lui serrait le cœur, elle le suivit hors de la pièce. Le rouge sur les murs persistait sur sa rétine. Loin d’éprouver la même chose qu’elle, le jeune homme sifflotait gaiement. Devant sa désinvolture, elle ne put se retenir. Les sourcils froncés, elle lui signifia sa désapprobation. « Félicitations. Vous venez de gagner un ticket d’entrée pour les geôles d’Avalon. » Avait-il pensé aux conséquences ? Pourquoi avoir corrigé le malfaiteur de la sorte ?

Sans qu’elle ne s’en rende compte, le diablotin venait de prendre le chemin du restaurant dans lequel ils étaient passé. Commettre un meurtre provoquait probablement une petite faim. Quelques minutes auparavant, elle aurait été conquise de dîner avec lui. Avant qu’il ne pénètre dans l’établissement, elle se planta devant lui. D’un geste imprévisible, elle le gifla. « À quoi pensiez-vous ? Êtes-vous complètement fou, ou seulement idiot ? » La colère faisait trembler sa voix. Elle ressentait le désir brusque de le rouer de coups : elle n’aurait su dire si cela venait de l’influence du Démon ou de ses actes insensés. « Comment avez-vous pu ? Ce sera un miracle si la garde ne tombe pas sur le corps. » Des larmes dont elle ne comprenait pas la provenance effleurait ses iris. Il ne méritait rien, sinon qu’elle aille le livrer aux autorités. Néanmoins, l’éclat dans ses pupilles fit retomber la rage qui montait en elle. Impuissante, elle lui administra une faible tape sur le torse. Avant toute chose, elle se devait de régler le sanglant problème qui croupissait dans la maison. En l’occurrence, elle avait la certitude que Sebastian ne ferait rien pour y remédier. Il fallait qu'elle s'en charge, et elle ne pouvait le faire seule. « Retrouvez-moi demain soir au Thym & Romarin. C’est une taverne, près de la porte Ouest. Vous la reconnaîtrez facilement ; il y a un a toujours un barde qui s’attire des ennuis avec toutes les femmes qui approchent. » Elle ne savait pas encore si elle aurait le courage de le retrouver sur place. Bien que son aide eût été douteuse, elle lui devait tout de même de l'argent. Malgré son innocence, elle se sentait profondément responsable des méfaits du blond. Désemparée, elle lui arracha presque la bague des mains, et, sans lui accorder un regard, elle s’envola. Il fallait qu’elle retourne à l’atelier. Joliel saurait forcément quoi faire.

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Sam 01 Aoû 2020, 19:14

Après cette belle action, la faim lui tiraillait l’estomac. C’était une sorte de rituel auquel il procédait au terme de chaque crime commis, car à l’instar des grands sportifs qui devaient maintenir leurs valeurs nutritionnelles au plus haut, son appétit se mettait souvent en marche dans ces moments-là. Probablement un caprice morphologique qui réagissait inconsciemment à ses besoins. En revanche, Calanthe ne semblait pas partager son point de vue, l’expression tétanisée sur ses traits fatigués en disant long. « Fascinant. Ça fait des lustres que je n’ai pas rencontré quelqu’un d’aussi innocent qui a survécu jusqu’à ce stade. Je croyais cette vertu disparue depuis l’ère qui nous précède. » En effet, un monde occupé par des Démons, des Alfars, des Sorciers, des Vampires et d’autres créatures similaires rendait cette crédulité assez fantasque à ses yeux. Seuls ceux nés avec une cuillère en argent dans la bouche ou les bambins étaient en droit d’être ignares à la cruauté permanente qui régissait la société. Toutefois, il était conscient du fait que la réalité n’apparaissait que tardivement chez certains individus. Qu’elle ait pu s'en sortir sans croiser quelqu’un de son espèce s’apparentait à une sorte de miracle. Elle avait tout intérêt à remercier la Déesse qui veillait sur elle. « T’en fais des caisses pour pas grand-chose. Ou alors tu me prends pour un amateur. Cet homme était isolé de la communauté, il n’a aucune famille et personne ne se rendra compte de sa mort avant des jours. Et puis même si c’est le cas, ils n’ont aucun moyen de savoir qui a fait ça. » La nonchalance du renard admettait une certaine rigueur lorsqu’il préméditait des actes incriminables. Contrairement aux apparences, il n’opérait jamais impulsivement. Ou très rarement.

En retournant à ce restaurant traditionnel, le Saraṇi fut particulièrement hébété lorsque la jeune femme lui administra une gifle quelque peu humiliante. Ça se vérifiait une nouvelle fois ; elle n’était pas du tout prédisposée à la survie. En tant que pionnière dans le domaine de la claque, elle pouvait se montrer fière d’elle. La réaction de Deccio se fit attendre, puisqu’il découvrit à son tour la sensation de vouloir entièrement dévorer quelqu’un. Malgré cela, il préserva un calme olympien, ce qui n’était pas plus rassurant pour autant. « C’est ta première grosse erreur, Calanthe. Et ta dernière. » Il passerait outre cette ineptie en prétextant une interprétation des émotions trop fortes, cependant il ne serait pas aussi clément à l’avenir. Son rictus éteint se raviva brusquement quand elle lui exigea un rendez-vous. Décidément, elle ne manquait pas de culot pour une personne si facilement anxieuse. Qu’elle daigne ou non lui pardonner ses transgressions, ça lui en touchait une sans faire bouger l’autre. « C’est drôle, car on ne reproche jamais au lion de s’attaquer à l’antilope. Ou encore au cafard de s’inviter dans les résidences contaminées. Dans ma langue, il existe un proverbe : ಏನೂ ನಿಜವಲ್ಲ ಎಲ್ಲವನ್ನೂ ಅನುಮತಿಸಲಾಗಿದೆ. Dans la langue commune, on pourrait le traduire littéralement par “Le nion n’a jamais eu de placard.” Ça ne veut absolument rien dire, sauf dans la mienne. Pour faire simple, il représente le tout et le rien, le noir et le blanc, ce qui reste et ce qui part. Cet enchevêtrement ne deviendra jamais homogène, mais les deux sont primordiales pour réguler l’équilibre. » Le détective se perdait parfois dans des pensées philosophiques excessives comme celle-ci.

Il aimait à réfléchir sur les notions acquises et non acquises ; savoir quand. Pourquoi et comment ? Deux facettes qu’il possédait d’ailleurs indiscutablement entre la brutalité qu’il invoquait comme c’eut été le cas plus tôt et la sérénité presque céleste dont il faisait preuve la plupart du temps. Il était capable du meilleur comme du pire. Quoiqu’il en soit, ils en avaient désormais terminé avec ces considérations puériles. Il avait d’autres chats à fouetter, et ces félins attendaient de lui qu’il utilise sa main pour répandre du plaisir. Après tout, sa dextérité ne servait pas que la coupelle de la violence. Il se leva alors de sa chaise, replaçant son col correctement. « Je t’épargne uniquement parce que je ne tirerais aucun plaisir de ta mort. Et aussi parce que j’ai hâte d’assister à ta transition. Quand tu deviendras comme moi sinon pire, crois-moi, je serais au premier rang. » La déchéance des autres était l’un des mets les plus succulents à se mettre sous la dent. Pour Calanthe en l’occurrence, la chute prévoyait d’être très rude. Cette dernière lui arracha ensuite la bague avant de s'en aller. Elle finirait par digérer et par s'adapter, il en était persuadé.


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[Q] Le lion ne s'associe pas avec le cafard | Deccio

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