Comment Solheim et Astriid vécurent ensemble et eurent beaucoup de plantes

Kingdom Dance

Astriid sautillait d'une marche sur l'autre, admirant la vue qu'offrait les hauteurs de Stenfek. Elle regardait avec envie les ailés voler avec aisance dans les airs. Elle aussi un jour, elle saurait maîtriser ses ailes et pourrait partir s'amuser avec le vent. Elle reporta son attention sur son entourage et partit s'extasier devant les cascades de végétaux qui décoraient les façades des habitations. Elle effleura avec émerveillement les végétaux, testant la texture de la pulpe de ses doigts. Elle rapprocha son visage en fermant les yeux pour sentir une large corolle orangée et éternua aussitôt quand son nez toucha le coeur de la fleur. Elle rit, amusée avant de se retourner vers ses compagnons. «Allez dépêchez-vous ! J'ai tellement hâte de découvrir l'appartement qui m'a été offert ! Ce sera mon premier chez-moi à moi, c'est merveilleux non ?»«C'est fantastique.» répondit platement Raïm sans pour autant accélérer. Il venait juste de manger une énorme côte à l'os et ne se sentait pas d'humeur pour une randonnée dans les hauteurs de Stenfek.
Une boule de poil indigo jaillit soudain et prit appui sur la tête du Boräk pour bondir dans les bras d'Astriid qui éclata de rire en serrant contre elle son Kinshäla. Extatique, elle frotta son visage contre le ventre duveteux bleu azur de l'animal, les deux roucoulaient à qui mieux mieux, heureux de se retrouver. Raïm fit mine de vomir avant de refaire sa queue de cheval. Un jour il noierait ce Kinshäla de malheur.
Finalement lassé de ces effusions, Piäh Nour sauta à terre pour monter les marches deux à deux, pourchassé par une elfe rousse poussant des cris bruyants pour le rappeler. «Ô Haziel, si tu m'entends, offre-moi la paix que je mérite.» murmura Raïm en replaçant son sac sur son dos pour rejoindre l'elfe qui avait disparu dans l'une des habitations.

«Beurk, c'est tout poussiéreux ici.» grimaça Aëvanna avec dégoût en  saisissant du bout des doigts une nappe qui avait du être blanche autrefois. Une souris surgit de sous la table et l'elfe aux cheveux blancs hurla de terreur avant de bondir sur une chaise. «Un rat ! C'est un rat !» Piäh Nour dressa la tête, ses deux oreilles tournées en direction du bruit et il se précipita vers la souris avec des petits grognements excités. Transformé en sphère bleue, il passa entre les pieds de la chaise qui bascula et Aëvanna poussa un nouveau cri en perdant l'équilibre. Astriid et Valÿn étaient pliés de rire mais tentaient de le dissimuler avec une main devant la bouche pour éviter les foudres de l'albinos. Celle-ci se redressa d'un bond, les poings serrés contre son corps. «Je refuse de rester dans ce taudis une minute de plus. Allons prendre une chambre dans une auberge.» Raïm, installé confortablement sur une chaise, se curait une dent avec une pique en bois. «Avec quel or ? À moins que tu ne veuilles vendre ton corps... Je suis sûr que des réprouvés aimeraient tenter l'expérience avec une petite Ygdraë ingénue.»
Quelques objets volèrent dans la pièce suite au malheureux choix de mots du Boräk. Plusieurs menaces furent aussi proférées à l'encontre de Raïm qui continuait à se curer les dents, une lueur moqueuse dans ses yeux tandis que l'Ygdraë s'égosillait. Il chercha du regard Solenn et Daràdir mais les deux Ildra qui l'aidaient à contenir les jeunes Ygdraë étaient restés dans le quartier commerçant. Il balança ses jambes en avant pour se relever d'un geste vif, coupant dans son élan les imprécations d'Aëvanna. «Bien. En attendant Solenn et Daràdir, je vais pisser moi, salut.» et il partit sans autre forme de procès.
Le silence s'installa dans l'appartement et les quatre Eskëts se regardèrent sans trop savoir quoi dire. Astriid retenait une folle envie de rire mais le regard de l'albinos était si noir qu'elle se retenu, se mordant les lèvres. Ils se remirent à nettoyer l'habitation, enlevant la poussière et réarrangeant les meubles au goût de la rousse. Indécise, elle courrait de gauche à droite, Piäh Nour sur son épaule, demandant aux elfes de tout changer de place pour voir si ce n'était pas mieux finalement le tabouret dans l'angle droit de la pièce.
Une fois l'Ygdraë enfin satisfaite, les elfes épuisés s'allongèrent à même le sol pour souffler. Le Kinshäla en profita pour tresser leurs cheveux entre eux, s'amusant avec les mèches de différentes couleurs. En réalité, il formait des noeuds plus que des tresses mais je ne souhaite pas vexer Piäh Nour alors nous dirons qu'il tressait joliment les chevelures des Eskëts. «C'est fatiguant d'emménager quand même.» soupira Valÿn. «Surtout qu'on s'en va bientôt.» nota avec aigreur Aëvanna. «Par Estella ! On a oublié de faire les carreaux !» Astriid se redressa d'un bond et des hurlements firent s'envoler les quelques pigeons qui picoraient le sol devant l'appartement. Les cheveux de la rousse et d'Aëvanna étaient emmêlés tant et si bien qu'elles se retrouvaient la tête penchée dans un angle inconfortable, chacune tirant vainement, aggravant la situation. Les deux autres elfes vinrent aussitôt à leur rescousse tandis qu'Aëvanna insultait dans un Hyriël coloré le Kinshäla qui s'était réfugié sous la table et ricanait de sa plaisanterie.
La porte s'ouvrit à la volée pour laisser entrer Daràdir et Solenn. Les deux Ildra disparaissant sous une montagne de plantes et de fleurs de toutes sortes. Ils les déposèrent au sol et Astriid, libérée de ses tresses, se précipita pour caresser les végétaux. Daràdir, les yeux plein d'étoiles, décrivait chacune des plantes à Astriid et lui expliquait comment s'en occuper. Solenn secoua la tête en riant. «Ces Erëlas je vous jure.» Un des elfes réfléchit. «Mais qui va s'en occuper en l'absence d'Astriid ?» La jeune elfe répondit d'un haussement d'épaules. «Oh bah on demandera aux voisins et en échange ils pourront utiliser mon appartement quand je ne suis pas là.»
La porte s'ouvrit à nouveau en grand et Astriid s'exclama. «Ah quand même tu es de retour !» Mais ce n'était pas Raïm qui se tenait dans l'embrasure de la porte.  

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