Partenaire : Solo
Intrigue/Objectif : Suite aux derniers événements Réprouvés, Pendrake reprend du service du côté de Sceptelinôst. Pour ce faire, il envisage de reprendre contact avec l'Empire du Spectre.

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Tyrfing galéra à gravir les marches avec cette cargaison dans les bras. Son patron n'a pas été commode avec lui : non seulement ces fameuses caisses pesaient leur poids, mais en plus ils les avaient désignés comme "fragile". "Fragile" ! Si ça se cassait, il n'aurait qu'à réparer ou racheter. Pendrake n'était clairement pas né à Lumnaar'Yuvon pour exiger une telle prudence. Les gars de Gein’Draakul avaient beau être sympas à côtoyer, certains d'entre eux pourraient presque être comparé aux péteux de Keizaal. Fort heureusement, le chef des Hrafninn n'était pas comme eux, juste un chouïa chiant sur les bords. En revanche, sa nouvelle demeure, vraiment un chouette joyau. Tyrfing aurait aimé habiter dans ces parages, avec si peu de voisins. Mais bon, ses propres géniteurs – enfin presque car Kiir’Sahqon – lui avaient botté le cul en dehors de la région. D'où son rapatriement à Gein’Draakul. Peut-être bien la seule bonne décision de ses parents.

" Et voilà, Kinbok (Chef), c'est la dernière. " Assura-t-il en déposant la fameuse caisse dans un coin de la pièce, le grenier de la maison.

Pendrake ne sembla pas le remarquer, trop absorbé par l'ouverture et le rangement d'autres affaires. Il venait de finir d'aménager son laboratoire, il paraissait juste bien vide sans son matériel et matières premières. Le jeune Réprouvé souffla du nez et retourna dehors afin de remercier et payer le bonhomme qui leur avait cédé sa charrette pour le voyage. Le brave repartit aussitôt ailleurs, tandis que Tyrfing retourna rejoindre son Kinbok. Ce dernier examinait le contenu de la dernière cargaison : un tas de papiers, parfois des bouquins. La fidèle recrue aurait pensé que cela servirait à alimenter la cheminée, néanmoins il avait affaire avec Pendrake Hrafninn, qui, sous les injonctions de Maître Merwin, conservaient des notes et procédés pour l'alchimie. Tyrfing ne savait pas trop quoi en penser : le Drem n'était pas du genre à utiliser la Lah (Magie), mais il ne l'avait jamais vu boire une seule potion. Que faisait-il réellement de tout ce savoir ?

" Eskel, Kul. (Merci, garçon.) Il s'empara d'une pile au hasard et la disposa sur une étagère. Tyrfing ne proposa pas son aide : tant qu'on ne lui disait rien, il ne bougeait pas un muscle pour autrui. Comme je te l'ai expliqué sur le chemin, je vais faire de cet endroit à la fois mon nouveau laboratoire alchimique, en tout cas le principal, et ma demeure de vacances. Donc, si tu connais des types du coin, aimables, qui n'ont rien à voir avec la dernière épidémie de Nemencla, je suis tout ouïe. Il lui avait en effet raconter cette histoire de bactérie qui avait ravagé des champs de Lumnaar'Yuvon, l'exploit du Hrafninn lui rapportait bien des éloges. Toutefois, cette histoire de Drem'lok (Anges) n'aida pas à valoriser sa réputation. Je vais tout de même garder mon petit atelier à Sceptelinôst, il peut toujours me servir en guise de tests ou en cas de d'urgences. Il lut rapidement une note qui traînait par-là et la jeta sur une paillasse. Juste que la dernière fois, on a quand même essayé de brûler ma baraque. Elle aurait limite explosé avec tous les produits inflammables… " Tyrfing plissa les yeux, des gouttes de sueurs perlaient sur son front.

" In… fa… ? "

" Arrête de réfléchir, j'ai encore besoin de toi. "

Le Réprouvé une sorte de grognement typique de son village natal. C'était vrai, il n'avait guère besoin de comprendre les intentions ou même le moindre mot provenant de la bouche du Hrafninn. Juste obéir à la moindre directive. Pendrake n'était pas de Stenfek : lorsqu'il avait besoin de se faire comprendre, ses ordres étaient clairs et concis. Avec la bande d'ignares qui le suivait, il s'était vite rabaissé à leur niveau. Au bout de quelques minutes à veiller sur la sécurité du Kinbok, le jeune criminel se lança enfin à l'eau.

" Kinbok, je veux te parler de quelque chose. "

" Vas-y. " Il écoutait sans s'arrêter de vider les caisses : pas de temps à perdre en besognes.

" C'est à propos de Kadlin. Cette Eirik. "

" Quoi ? Qu'est-ce qu'elle a fait ? "

" Rien… Pas encore. C'est juste… Elle pourrait te trahir, pour venger son défunt mari. " Pendrake rit tout bas. La possibilité était intéressante.

" "Pourrait" ? Il s'arrêta dans son ménage et fit bien face au jeune homme, moins assurant. Tu as couché avec Kadlin ? " Le coupable se mit à rougir.

" E-Euh, oui… " Comme les vingt-neuf autres criminels de la bande, finalement.

" Tu as pu donc la voir dans sa vulnérabilité la plus conséquente. Remémore-toi ça, sans bander si possible, et dis-moi si elle va vraiment me trahir. " Il baissa les yeux.

" Bah, euh… Je… ne sais pas trop… " Le Drem soupira et retourna à ses occupations.

La rébellion de l'ancienne Emaurri était possible, il en était bien conscient. Kadlin était encore jeune dans la bande, même si son âge plus avancé laissait place à une plus grande maturité. En réalité, Pendrake appréciait la méfiance de Tyrfing, cela signifiait qu'il était conscient des risques du métier. Mais vraiment, dans le cas de la Réprouvée, le Choucas ne s'en faisait absolument pas. Il fallait juste attendre afin d'évaluer. C'était tout. Il passa une main sur son visage : son argumentaire vis-à-vis de la libido de Kadlin ne le convainquait même pas. Il fallait croire qu'une certaine Démone avait fini par embraser davantage la Luxure en lui. Plutôt pénible.

" Demain, je pars pour Pabamiel. Tu ne m'accompagnes pas, j'y vais seul. " L'annonce surprit le jeune Hrafninn.

" Mais ! Tu ne vas pas à Stenfek ? Je pensais qu'on y allait pour le débat… " Pendrake se retint de cracher.

" C'est inutile. Tout ce que j'aurai à dire, c'est qu'ils ne sont qu'une bande de gros cons et qu'ils peuvent aller crever dans leur coin si la Dovahkiin accepte leur indépendance. Gein’Draakul s'est bien débrouillé durant tout ce temps, sans jamais chercher des noises à Lumnaar'Yuvon. Sans parler de Gona'Halv qui s'étend peu à peu. Franchement, je n'ai pas de temps à perdre avec ça, d'autres prendront davantage de plaisir que moi à leur rabattre leur caquet. Une pause. J'ai le sentiment que… quelque part… Pabamiel pourrait peser beaucoup dans l'avenir de notre cité. "

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Cette tenue soi-disant traditionnelle était serrée. Vraiment. Comment faisaient-ils pour se pavaner avec toute la journée ? Ces Spectres n'en manquaient pas une de l'impressionner. La Khæleesi ne l'avait guère conseillé pour rien. Sa dernière venue ne s'était soldée que par une impression de manquer quelque chose, d'une opportunité encore plausible mais inatteignable à l'époque ; puis, évidemment, par une merveille soirée en compagnie de Cælys, autant à table qu'au lit. Quoi qu'il en soit, Pendrake fit bien de rabattre le masque sur son visage. Ils étaient nombreux, à Pabamiel, d'entretenir le mystère de leur identité. Cette fois-là, il ne venait aucunement en tant qu'invité d'une soirée ouverte au monde extérieur. Il aurait été malavisé que le Réprouvé se pavanât à découvert. Il n'aurait peut-être même pas eu l'occasion d'aller bien loin, voire pire.

Où aller ? Là demeurait toute la problématique. Il ne savait point où se rendre, ni qui chercher en réalité. Traîner trop longtemps dans les parages lui serait préjudiciable, il en était bien conscient. Ainsi, le Drem s'adonna à un premier repérage dans les quartiers d'Esdrael. Il réajusta ses manches et laissa son regard voguer sur son passage. On l'espionnait. C'était pénible de croiser le regard inquisiteur de natifs. Sans le masque, son incertitude aurait fait de lui une proie. Devrait-il se confronter au premier passant, quitte à griller sa couverture ? Plus ses pas se multipliaient, plus il avait l'impression de foncer droit vers la Dilon.

" Signore. Il fit volte-face, réflexe de conscrit à Gona'Halv. L'autre ne parût guère impressionné par sa dextérité. Vous êtes attendu. Veuillez me suivre. " Suis-je déjà la proie ?

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" Signore Hrafninn, vous revoilà enfin. " Lui, il le connaissait.

" Vous… Vous êtes l'un des types avec qui j'ai discuté la dernière fois. " Le concerné fit un geste de la main pour congédier l'autre Spectre, guère accablé par la rudesse de son invité. Et encore, Pendrake fit des efforts pour utiliser les formules de politesse.

" Annibale Verrachia. "

Le Choucas n'avait pas bien suivi où le Spectre l'avait amené, tous ces quartiers se ressemblaient tellement. Riches, extravagants, indécents. Le manoir du Verrachia n'avait rien à envier aux demeures des plus fortunés de Sceptelinôst. Rien que son bureau, ci-présent, accueillait une multitude de bibelots et meubles de confection remarquable. Derrière le fauteuil d'Annibale, une gigantesque bibliothèque masquait le mur. Ces Spectres vivaient dans une opulence qui aurait tôt fait de lui mettre l'eau à la bouche dans d'autres circonstances. Annibale lui désigna un canapé afin de discuter de manière officielle et confortable. N'étant point en position de force, Pendrake se contenta d'obtempérer. Il était vrai que ce cuir lui fera le plus grand bien à ses pauvres vertèbres.

" Ce costume vous va à merveille. Sans parler du masque qui fait ressortir vos yeux et votre barbe, bien taillée par ailleurs. " Évidemment qu'il apprécierait la tenue, ses origines prenaient racine ici.

" Merci… "

" Ce remerciement en demi-teinte signifie deux choses : vous avez besoin d'un verre et de passer au sujet principal. Cette attitude d'omniscient lui déplaisait fortement, cependant il acceptait le verre de vin avec plaisir. Il en but une bonne grosse gorgée. Votre venue est une aubaine, je voulais m'entretenir avec vous de votre avancée concernant ces "mauvaises personnes". "

" Quelques têtes sont tombées. Moins que vous ne l'imaginiez. Je ne sais pas si vous êtes au courant que mon peuple a vécu quelques… péripéties. " Annibale buvait à chaque fois que son interlocuteur prenait la parole.

" Oh que si, vous connaissez déjà mon intérêt pour les vôtres. Comment trouvez-vous vos nouvelles ailes ? En avez-vous profiter pour avoir un nouvel enfant ? " Décidemment, le Verrachia suivait l'actualité avec une précision effroyable.

" Je dois encore prendre une sorte de stage pour m'y habituer. Quant à un enfant, ce n'est pas pour tout de suite. Il avait tant encore à apprendre avec Oria. En tout cas, cela a pas mal retardé mes plans. Mais mes prochaines cibles sont toutes désignées. "

" Ne vous précipitez pas trop, Signore, ou ils vous verront venir. Annibale s'adossa davantage contre le dossier. Vous pourrez prendre votre temps, surtout avec ma requête sur les épaules. Connaissez-vous la potion de Giovenizza ? "

" Vous connaissez le principe de la traduction ? " Curieusement, la répartie du Réprouvé ne dérangea pas le Spectre.

" Vous arrivez à cerner que c'est un mot et pas un nom, fascinant. Cela veut dire "Jouvence" en langage commun. " Pendrake but davantage car il ne savait guère quoi dire.

" Je ne connais même pas ce mot. Essayez en Zul'Dov. " Puisqu'il était si attiré par les siens, il devait avoir quelques bases.

" Il me semble que votre équivalent serait… "Vah" (Jeunesse) ? De ce fait, c'est une potion capable de rajeunir les traits physiques. On conte que son premier créateur passa d'un corps décrépi à un bébé à la peau lisse, lors de son premier test. " Pendrake en eut des sueurs froides.

" Effrayant. "

" Suffisamment diluée, cette potion pourrait servir à simplement reculer de quelques années. Mais il nous manque quelques ingrédients pour arriver au résultat final… Des ressources qui pourraient provenir de votre cité. Il laissa un blanc pour lui laisser prendre conscience de cette information. Puisque nous avons pris en considération vos conseils, vous accepterez de combler nos alchimistes avec vos talents, n'est-ce pas Signore Hrafninn ? " La voilà enfin, cette opportunité tant attendue.

" Marché conclu. Donnez-moi la recette. " Avant de préciser : En échange, vous me ferez entrer dans vos magouilles. Vous me serez plus utiles dans cette position et inversement. " Le Spectre caressa sa tempe, son visage ne laissait transparaître aucune traître émotion.

" Vous trouviez la potion de Jouvence effrayante ? Vous l'êtes tout autant. Remplissez votre part du marché et vous comprendrez davantage le Spectre de la Dame. "

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