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 [A] - Aärk ët ëjgsy | Miles

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Latone
~ Orisha ~ Niveau I ~

~ Orisha ~ Niveau I ~
◈ Parchemins usagés : 2293
◈ YinYanisé(e) le : 24/05/2014
◈ Activité : Horticultrice
Latone
Dim 14 Juin 2020, 17:54



Partenaire : Miles
Intrigue/Objectif : Ressuscitée par Jun et laissée sur une plage de Sorellis, Latone cherche à rentrer chez elle grâce à Miles. Insouciants que, pendant ce temps, une Aile de Dothasi usurpe l'identité de la Marcheuse à Ciel-Ouvert.

~~~

Ses crocs se refermèrent sur la chair fruitée, la peau arrachée d'un coup sec. Accoutrée de cette fameuse robe blanche – dont elle fut affublée durant son existence dans la Mort – Latone fixait l'horizon océanique, ses pieds nus mouillés de façon rythmique selon l'ondulation des vagues. Il fera bientôt nuit. Assise sur le sable, le poirier reposait à sa gauche dans son pot bien entretenu. Elle avait une faim de loup. Une autre conséquence du geste de Jun Taiji. Beaucoup d'Esprits auraient jubiler à sa place, mais pas elle. C'était étrange comment on accordait tant d'importance au Monde de la Vie. Malgré l'attitude malicieuse de l'Æther, Latone devait comprendre que ce cadeau n'était aucunement empoisonné. Il devrait l'aider. Et c'était vrai : son influence n'en sera que plus grande si elle se détachait de l'enveloppe de Léto, si elle embrassait sa propre vie avec panache. Si elle assumait un nom, son nom. À contrario, ce fut à double tranchant : si elle mourait, cette fois ce sera la dernière. Décéder ne l'apeurait point, perdre la rebutait. Elle pensait vraiment comme une Chamane – sûrement pour en avoir mimé une aussi longtemps – mais ceci n'était pas sa nouvelle nature.

Son corps, le sien, était différent. Elle se découvrait grande, vraiment grande ; pas aussi musclée que son ancien réceptacle, malheureusement. L'éclat de sa singulière crinière bleutée s'était assombri pour ne laisser place qu'à un bleu nuit bien prononcé, même si elle finira par découvrir que son bleue caractéristique pourrait ressurgir par moment. Dans le reflet de l'eau salée, Latone percevait des yeux dissemblables, des nuances opposées de bleu. Ainsi que – surprise – un troisième au milieu du front. Enfin, Latone ne l'identifia pas cette gemme translucide comme un œil, toutefois elle ressentait pertinemment son importance. Elle n'osait que trop peu l'effleurer, de prendre le risque de la détériorer. Tous ces indices pointaient vers une personne en particulier : Miles. Jun avait donc fait d'elle une Orisha. Elle ignorait fichtrement si c'était volontaire ou non, si elle mettra du temps à s'y habituer. En admettant qu'elle y parvienne. Quoi qu'il en soit… C'était son corps. Le sien. Intriguée, la jeune femme – après avoir traité l'instigateur de tous les noms d'oiseaux possibles et inimaginables, pour le coup de pied – prit du temps pour analyser les courbes musculaires, la résistance de son épiderme, constater d'un coup d'œil ses caractéristiques féminines évidentes. C'était un bijou, son bijou : Latone en prendra soin autant que celui de Léto autrefois. Enfin, à sa manière, car beaucoup de codes lui échappaient encore. Elle était une enfant, une gamine qui allait devoir faire ses preuves au monde.



Le bleu du ciel n'est pas le bleu de la mer
Ce bleu que moi je préfère
Sans vraiment savoir pourquoi

Sa Voix, la bleue la sentait encore plus proche depuis sa "renaissance". Latone n'avait pas osé l'utiliser alors que cela aurait dû être son réflexe le plus primaire en tant que Marcheuse. En tant que Linèsienne. Les vers filaient entre ses lèvres, aussi naturels que son souffle.

J'aimerais tant rester fidèle à ma terre
Oublier le vent éphémère
J'ai essayé tant de fois

Silencieuse pendant un court instant, un franc sourire s'esquissa sur son visage. Elle aimait ça, c'était dans son sang et ses gènes. En finissant vivement avec son fruit, son corps se redressa, toute son attention focalisée sur le panorama aquatique.

J'ai beau dire je reste, je n'partirai pas
Chacun de mes gestes, chacun de mes pas
Me ramène sans cesse, malgré les promesses
Vers ce bleu lumière

Elle se releva d'un coup, le Khitarr s'enclencha au rythme de sa Magie et de la musique qui tambourinait dans sa tête. Une aura bleutée épousa sa silhouette et l'eau de l'océan sembla se mouvoir sous sa volonté. En cet instant, la Marcheuse était radieuse, sa Voix aussi magnifique que celle de la cantatrice Lolaha Kirzor. Elle.

Je peux les guider, les rendre plus grands
Les accompagner, je prendrai le temps
Mais cette voix cachée pense tout autrement
Je ne comprends pas

D'un pas léger, l'Orisha s'avança vers l'horizon. Elle marchait sur l'eau, les courants dansaient tout autour d'elle et accompagnèrent son chant.

L'horizon où la mer touche le ciel et m'appelle
Cache un trésor que tous ignorent
C'est le vent, doucement, qui se lève et me révèle

Ses bras levés de chaque côté, l'Éclat fit détoner sa Voix en une puissante expression de sa Vie, s'enfonçant toujours plus vers le lointain.

Que j'ai le droit d'aller là-baaaaas !

Enfin, lorsque le dernier vers s'éteignit, son corps se laissa emporter les flots. Lors du plongeon, ses paupières se rouvrirent : elle était de nouveau sur la plage, à sa position initiale. Cet exercice lui avait rouvert l'appétit, elle piqua une nouvelle poire sur l'arbuste, consciente que l'économie sera de rigueur. C'était la première fois qu'elle utilisait sa Voix dans le seul but artistique, et non martial. À vrai dire, Lolaha s'était initiée aux deux aspects, pourtant sa prestance laissait davantage présager une créatrice plutôt qu'une guerrière. Que cachait-elle au fond, dans ses fameux souvenirs ? Latone tira tout à coup la gueule : les portes de l'Au-delà lui furent à présent interdites, Zyurm ne pourra plus jamais lui montrer le passé de la Kirzor. Ça, en revanche, c'était pénible. À moins que… elle cherchait par elle-même ? Avait-elle vraiment le choix au fond ?

" Bon, c'est parti. Se redressant sur ses deux jambes, elle s'épousseta sommairement des grains gênants avant de fixer le singulier poirier. Va falloir que je m'occupe de toi… Jun. Elle le saisit et le souleva face à elle. Ouais, je vais t'appeler Jun. " Même si l'idée de manger Jun la rendait perplexe.

Ainsi, l'insouciante battante choisit le meilleur moment pour voyager : la nuit. Sachant qu'aux dernières nouvelles, Latone ignorait encore où elle se trouvait et par où aller pour retourner à Ciel-Ouvert.



912 mots ~
(Sans les paroles. Chanson : Le Bleu Lumière - Cerise Calixte)



By Jil ♪
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Miles Köerta
~ Orisha ~ Niveau III ~

~ Orisha ~ Niveau III ~
◈ Parchemins usagés : 1157
◈ YinYanisé(e) le : 20/09/2014
◈ Activité : Traqueur [Corvus Æris] | Marcheur
Miles Köerta
Mar 01 Sep 2020, 06:25



« Halte, mademoiselle! »

Les quatre veilleurs dévisageaient l’inconnue à bonne distance, hésitant à montrer leur ébahissement ou à lever les épées face à cette inconnue aux habits singuliers. Plusieurs questions leur brûlaient les lèvres, sans pour autant qu’ils ne sachent par laquelle commencer. Tout s’était passé si vite… Deux d’entre eux étaient en train de débuter une troisième partie de Mẹio à l’intérieur de la station de surveillance tandis que les deux derniers patrouillaient sur les rives de la Plage de Roc, admirant les derniers rayons du soleil couchant. Cependant, un phénomène inattendu avait soudainement bouleversé leur tranquille heure de surveillance dès lors qu’une voix, haute et mélodieuse, s’était mise à secouer l’air environnant d’une vibration qui alla les remuer jusqu’au plus profond de leurs tripes. Tous quatre s’étaient alors figés, surpris et intrigués : y’avait-il une cinquième personne sur la plage? Ni une, ni deux, les uns étaient sortis en trombe de la station, armes au poing, tandis que les autres avaient aussitôt rebroussé chemin, leurs chaussures fracassant le roc et les galets qui recouvraient la surface du rivage.

Qu’est-ce qui se passait? Les patrouilleurs venaient à peine de quitter ce secteur de la plage, sans avoir perçu la présence de qui que ce soit, et les veilleurs qui étaient restés dans la station n’avaient rien vu, rien entendu : c’était comme si la jeune femme à la crinière bleue, debout au bord de l’eau, venait tout bonnement d’apparaître devant leurs yeux. Elle était grande, vêtue d’une longue robe blanche qui caressait ses mollets au rythme des éléments qui, quant à eux, s’éveillaient à son Chant. Ils n’en crurent pas leurs yeux, les premières secondes, lorsque les vagues de la mer se mirent soudainement à répondre à son appel. De son corps avait émané une auréole mouchetée d’azur et de bleu nocturne, et s’il ne s’était pas agi de ses premières esquisses de pas vers l'océan, le quatuor n’aurait peut-être pas osé bouger le moindre muscle. Cependant, elle s’était avancée jusqu’à l’eau de la mer, sa silhouette marchant à sa surface, l’écume et le courant valsant aux notes qu’elle expirait profondément. Ils avaient voulu courir jusqu’à elle pour l’empêcher de partir, pour lui réclamer des explications, mais cette voix, sa Voix, avait alors éclaté, tonitruante et vibrante, puissante et vivifiante : il leur avait semblé que l’électricité les avait parcouru intégralement, faisant battre un nouveau souffle de vie au creux de leurs poumons.

Mais tout d’un coup, tout s’arrêta. Comme ça. Comme la soudaine résonance de sa Voix. La bleue était revenue sur la plage tandis que leurs propres corps ne paraissaient pas avoir bougé d’un centimètre, malgré la course effrénée – ils s’en souvenaient parfaitement – qu’ils avaient entrepris de réaliser pour la rattraper.

« C’est vous qui avez causé cette… illusion? »

Celle qui semblât avoir pris le rôle de porte-parole s’avança de quelques pas jusqu’à la jeune et grande femme. Cette dernière devait la dépasser d’au moins une tête et c’est pourquoi, au moment où elle parvint à sa hauteur, qu’elle dû relever le menton pour pouvoir être certaine de capter son attention. Un drôle de silence s’installa alors entre elles, la vigile dévisageant l’intruse et l’intruse dévisageant, de ses mires dissemblables, le faciès de la vigile. Néanmoins, cela ne fût bien long avant que la sentinelle se permette une exploration plus minutieuse de l’indiscrète, s’attardant longuement sur le plant de poires qu’elle tenait en main.

« C’est la première fois que nous vous croisons à l’Archipel, commença-t-elle en reportant ses pupilles violacées dans le regard de l’intruse. Qui êtes-vous et comment êtes-vous arrivée ici, au juste? »

Son timbre était dur, mais curieux. Elle avait repris ses esprits, ses collègues aussi, leurs sens tous en alerte. Ils ne considéraient pas qu’il serait nécessaire de dégainer les armes, mais ils avaient conscience qu’il leur fallait tout de même être prudents.



« Oh! »

L’exclamation lui échappa naturellement alors qu’il reconnu mon odeur et ma voix.

« Miles! »

Contrôlant le rire que je partageais avec Skhare, je me retournais vaguement en direction de mon interlocuteur, notant immédiatement son identité par le seul parfum qu’il dégageait.

« Hey Riv’! L’appelais-je depuis ma table, agitant l’une de mes mains dans tous les sens pour l’inviter à nous rejoindre rapidement. Viens! Il faut absolument que tu entendes ce qui s’est passé durant la dernière Chasse de Skhare! »

Il n’en reviendrait pas, lui non plus, tant le ridicule de la situation était désopilant. Toutefois, cela ne me prit qu’une fraction de seconde pour comprendre que mon collègue Eversha n’était pas venu pour se joindre à notre petite conversation.

« T’as besoin de moi pour quelque chose?

- Ouais. Peux-tu me suivre jusqu’aux dortoirs des Maîtres, s’te-plaît? »

À sa demande, mes sourcils se redressèrent, aussi bien que ceux de Skhare.

« Quelqu’un te réclame et si tu ne te pointes pas rapidement, j’ai bien peur qu’il y ait des meubles qui passeront à la casse. »

Il était sérieux.

« Euh… D-D’accord? Mais c’est qui qui me demande comme ça? J’ai fait une connerie?

- Non, confirma le Loup en secouant sa tignasse obsidienne, me faisant aussitôt signe de me lever. Elle dit s’appeler Latone. Les vigiles de la Plage l’ont récupéré il y a une demi-heure environ et, depuis, elle demande à te voir. »

Rivière soupira.

« On sait pas trop d’où elle est tombée, en vrai. Elle est simplement apparue sur la Plage, comme par magie, et s'est mise à chanter pour... peu importe la raison. En plus, elle aurait commencé à contrôler la mer, à marcher dessus... Ça l’air d'être tiré par les cheveux comme histoire, hein? »

Mon confrère se tourna et me scruta brièvement.

« Ouais. À la tronche que tu es en train de tirer, tu la connais. Bon, au moins, c’est pas une arnaq– ... Eh! Pas si vi– Miles! »

Je le dépassais avec empressement, filant droit jusqu’aux dortoirs des Maîtres de la Confrérie.


1 004 mots | Post I | Tu peux jouer les vigiles sans problème ^^
À propos des dortoirs des Maîtres, il s’agit d’un établissement où les Maîtres Corbeaux de la Confrérie dorment durant leur séjour. Toutefois, il s’agit également de l’endroit où sont temporairement logés les voyageurs de passage ainsi que les invités de la guilde ♪





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Merci Léto ♪:
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Latone
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Latone
Dim 20 Sep 2020, 17:10



" Quoi, qu'est-ce que t'as ?! " Premier contact humain, première bourde monumentale.

Elle-même le savait. Latone réprima un grognement animal. Ces types ne lui disaient absolument rien et leur supériorité numérique lui cassa instantanément les pieds. Elle qui comptait s'aventurer dans les terres sauvages pour retourner à Ciel-Ouvert. Il faisait d'ailleurs assez chaud par ici, alors que la nuit s'abattait de plus en plus et que ses propres protections se limitaient à une simple robe en tissu. Ainsi présentée, Latone semblait être une touriste égarée, mais surtout une femme qui en avait dans les bras et de la gnaque au visage. Alertée par ces vigiles, son agressivité fut une réponse adéquate à son caractère. Même si elle n'était clairement pas bienvenue.

Une femme se désigna comme la porte-parole et chercha à lui faire face. Un sourire moqueur se dessina sur les traits de l'Orisha ; qu'elle soit Léto, qu'elle soit Lolaha, qu'elle soit elle-même, rien ne changeait à sa titanesque taille. Malgré tout, la miraculée ne faisait guère le poids face à la prestance et l'apparente puissance de la Chamane. Peut-être que ces quatre patrouilleurs pouvaient la maîtriser… Elle aurait aimé tester, si leurs intentions ne furent pas bienveillantes. Latone ne sut réellement quoi répondre au sujet du Khitarr, cette Magie s'avérait relativement nouvelle pour elle et les Linèsiens auront encore beaucoup à lui conter à ce sujet. Toutefois, la jeune femme esquissa un mouvement de recul et éloigna le poirier de leur portée, lorsque l'intéressée s'attarda bien trop sur lui.


" Ces poires sont à moi ! Une étonnante arriérée, tant pis. "Archipel" ? Comment ça "l'Archipel" ?! On est où ?! " Il n'y avait aucune île avoisinante à Ciel-Ouvert, pour la simple et bonne raison que la cité ne bordait pas la côte. Elle pensait qu'Ezechyel l'avait laissée sur une plage plus proche !

" Répondez d'abord à nos questions… "

" Mais pourquoi ?! Vous ne voyez pas que je suis perdue ?! Dites juste c'est quoi cet Archipel et vous les aurez, vos réponses ! "
Le ton commençait à monter, fort heureusement les vigiles étaient entraînés à contenir leurs pulsions.

" Ceci est l'Archipel de Sorellis, vous êtes sur le territoire de la Confrérie des Corvus Æris. " Autant le lieu ne lui évoquait strictement rien, autant la Confrérie lui rappelait quelques souvenirs flous.

Durant un instant, elle parut perdue dans ses pensées, à comprendre ce qu'il lui arrivait, et surtout les intentions de Jun Taiji. Pendant ce temps, les Corvus en profitaient pour échanger quelques notes à voix basse : cette femme ne semblait pas être une intruse dangereuse mais la prudence demeurait de mise. D'un hochement de tête, la porte-parole retourna au front en braquant ses mires violacées sur la chanteuse, implacable.

" Pourriez-vous décliner votre identité et nous raconter votre arrivée ici ? " Latone releva les yeux, paraissant plus calme.

" Je m'appelle Latone et… Pour le bien du Cycle, elle ne pouvait que mentir. Je suis tombée là. "

Un silence.

" … Tombée ? "

" Ouais, comme ça. Vous me laissez partir, maintenant ? "


Trop louche. Les patrouilleurs de la Confrérie préférèrent la ramener au quartier-général, afin que son cas soit étudié par les hautes instances. Leur tâche ne se cantonnait qu'à la sécurité du site. En outre, cette femme devait être étroitement surveillée et jugée en conséquence.

~~~

Compte-rendu : "Latone", une Orisha originaire de Ciel-Ouvert, n'a aucune répartie. Cantonnée au quartier des Maîtres sous étroite surveillance, les Corvus ignoraient fichtrement quoi faire d'elle. Cela relevait du miracle qu'elle ait acceptée de les suivre ; en même temps, Latone comprit très vite qu'ils étaient armés jusqu'aux dents, et elle non. Le témoignage des vigiles quant à son singulier Chant les laissa pantois. Ses propres explications n'aidèrent pas plus à élucider le phénomène, elle risquait par ailleurs de recommencer et d'en profiter pour s'enfuir. Et ce poirier ne laissait indifférent absolument personne dans la pièce. Enfin, même si elle était plutôt agressive, elle ne cédait pas à la brutalité. Deux idées trottaient dans sa tête : garder un œil sur "Jun" qui trônait fièrement sur une table adjacente et rentrer à Ciel-Ouvert. Forcée d'être assisse pour éviter tout déboires, l'Orisha tapait du pied à la recherche d'une échappatoire.

" On a quelques compagnons qui viennent de Ciel-Ouvert… " Finit par déclarer un guerrier.

" Tu penses à qui ? "

" Cyrion, Galagrim…
Il gardait un œil sur la Bleue pour capter un signe, toutefois ces noms ne lui disaient rien. Attend, il y a ce duo de Chasseurs là… "

" Darsil ? "
Tenta sa camarade.

" Non, l'autre… Köerta ! "

Les yeux de Latone s'écarquillèrent d'un coup. Mais bien sûr ! Miles faisait parti des Corvus, c'était de là qu'il tenait ses talents de traqueur et ses mutations ! La Marcheuse s'ébouriffa les cheveux, comment avait-elle pu omettre une telle information ? En même temps, avec son nouveau Corps, son Esprit peinait à sortir de son ébullition. La chance semblant lui sourire, la jeune femme se leva soudainement. Son manque de délicatesse alerta, évidemment, tous ses témoins.

" Miles est là ?! "

" Je l'ignore. Qui est Miles, pour vous ? "
La question la déboussola plus que prévue.

" C'est… quelqu'un. "

" "Quelqu'un" ? " Elle n'en finissait pas d'être étonnante.

" Allez me le chercher, lui au moins il m'écoutera et me sortira de là ! "

" Du calme, nou— … "
Elle sortit de ses gonds.

" Pourquoi je dois me calmer ?! Vous me retenez ici alors que je n'ai rien demandé ! Je n'en ai rien à faire de votre île ou de vos Corbeaux, je veux juste rentrer chez moi et tout ce que vous faites c'est de m'emmerder avec vos questions ! Ramenez-moi Miles ou je fais un carnage ! "

Un intermédiaire était déjà parti intercepter Rivière afin de lui conter l'incident imminent. Toutefois, le reste de la troupe se retrouvait désemparée face à cette boule de violence. S'ils tiraient au clair leur lame sur une désarmée, ils seront forcément fautifs. Et puis, la menace métallique suffira-t-elle ? Très probablement que non.

" Si vous… " Le téméraire n'aura guère l'opportunité de s'imposer.

" Si vous QUOI ? Durant un court moment, sa voix parut distordue et déploya un frisson dans la pièce. Je vais te dire "si vous quoi" : si vous ne me laissez pas partir dans la minute qui suit, il va y avoir du grabuge ! Vous savez chasser des monstres ?! Bwah ! Vous n'êtes bons qu'à traquer des Piliums ! Le poing resserré, son pas l'amena à provoquer davantage la bagarre. JE VAIS VOUS MONTRER, MOI, CE QUE C'EST UN VRAI MONST— … ! "

Toute la pression retomba lorsque le désiré se présenta sur le pas de la porte. Du fait de sa taille, Latone fut la première à le remarquer. Tout à coup, ses muscles se détendirent et son faciès laissa supposer un étonnement suivi d'un enthousiasme. Ses iris bleutées brillèrent d'un éclat d'espoir, alors que son corps ne souhaitait, apparemment, pas répondre à ses ordres. Tiraillée entre la soif du combat et la raison, l'Orisha profita de cette léthargie temporaire pour constater de ses propres yeux que : oui, c'était bien lui. Elle le reconnaitrait dans une foule, discernerait sa chevelure éclatante parmi tant d'autres, capterait son regard écarlate en un instant.

" Miles ! " Sa Voix résonna, forte et enjouée, alors qu'elle lui sourit.

Latone était vraiment contente de le revoir, surtout que leurs derniers échanges ne furent guère appréciés. Malgré tout, la Marcheuse était ravie de voir un visage amical depuis sa renaissance. Loin d'être idiote, elle était consciente qu'elle ne revêtait pas les traits de Léto Sùlfr, pas plus que sa forme spectrale. Il pourrait ne la prendre que pour une inconnue, même si elle se rapprochait encore diablement de la morphologie de la Chamane. Seule la Voix comptera.


" C'est moi, Latone ! Un silence et elle insista de plus belle : C'est vraiment moi ! "

Prudente, elle voulut se rapprocher de lui, mais elle ressentait encore les tensions de tantôt flotter dans l'air. Elle n'esquissa qu'un pas, sans vouloir chercher à bousculer – pour le moment – et continua de fixer l'autre Orisha, espérant qu'il finira par la croire. Le Köerta connaissait une partie des secrets du Cycle, néanmoins Latone ne pouvait blasphémer avec autant d'oreilles indiscrètes autour. Comment lui faire comprendre qu'elle était de chair, d'os, et de sang, face à lui ?

" R-Regarde mon corps ! Ses mains se portèrent sur son propre buste, comme pour jauger sa constitution, prouver sa tangibilité. Je ne suis plus une arme ! Je suis vivante, comme toi ! "


1459 mots ~



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Miles Köerta
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Miles Köerta
Lun 21 Sep 2020, 00:33



Dans mon dos, je pouvais entendre la course de Rivière à qui j’imposais une cadence éreintante pour que nous rejoignions la maison des Maîtres le plus rapidement possible. Mon cœur frappait l’intérieur de ma cage thoracique à un rythme effréné, la surprise et la panique prenant le dessus sur tous les autres sentiments qui me secouaient l’esprit. Comment était-ce possible? Comment ça, « Latone se trouvait ici? » C’était… Enfin, pourquoi? Qu’est-ce qu’elle faisait dans un endroit pareil, au beau milieu d’une île dont elle ne devait même pas connaître l’existence? Et comment elle était arrivée ici? Juste… Comment? Le dernier bateau à avoir accosté sur la côte était parti il y a plus de quatre heures vers le large! Et pourquoi elle s’était identifiée comme étant Latone? Elle se trimballait avec le corps de Léto, par tous les Dieux! À quoi jouait-elle?! Est-ce que je rêvais?! Est-ce qu’il s’agissait d’une mauvaise blague? Si c'était le cas, pourquoi Rivière aurait été mis dans le coup? De toute, il n'aurait jamais réussi à me mentir. Alors pourquoi? Il connaissait aussi bien que moi le visage de celle qui avait élue domicile dans la Vigilante, de celle qui avançait dans Linos afin de renverser le règne du Bleu Roi : « Léto » était une légende vivante, une force de la nature qui permettait à Ciel-Ouvert de prospérer malgré les divers tremblements qui venaient secouer ses fondations. Pourquoi n’avait-il pas reconnu une telle personnalité? C’était insensé!

Les interrogations se fracassaient à l’intérieur de mon crâne, brutales et décousues, tandis que, de mouvements et de pas de course ininterrompus, je me traçais un chemin dans l’établissement pour me rendre jusqu’à la pièce où ils avaient emmené la fameuse « Latone. » Je n’avais pas besoin des directives de Rivière pour me diriger, une concentration d’odeurs et d’octaves diffus convergeant jusqu’à mes sens aiguisés depuis une direction bien précise : il me suffisait de suivre les différentes traces pour me guider aveuglément jusqu’à la salle. Puis, plus nous nous rapprochions de la pièce en question, plus les effluves étaient agressifs pour mon sens olfactif, plus les voix étaient énergiques au creux de mes tympans. Une en particulier paraissait vouloir littéralement les briser tant son inflexion était puissante et – ne le cachons pas – acerbe. Elle s’était mise à crier à l’endroit d’un jeune homme qui s’était aussitôt muré dans un silence bouleversé, brusquement freiné par la violence qui transpirait de sa posture et de ses propos. Les battements de mon cœur, alors que je ne me trouvais plus qu’à quelques mètres de la porte d’entrée, ne cessaient d’accélérer, sans compréhension. Cette voix ne m’est pas inconnue, me surpris-je à penser en freinant sèchement mon pas, accrochant mes mains de chaque côté de l’encadrement de la porte. Directement, mes mires se figèrent sur son faciès. Paralysé, mon propre visage n’exprimait qu’une stupéfaction profonde et sans borne.

« Miles! »

Automatiquement, plusieurs paires d’yeux convergèrent jusqu’à tomber sur mes épaules, m’écrasant. Un frisson galopa le long de ma colonne, désagréable.

« C’est moi, Latone! »

Mes sourcils se froncèrent imperceptiblement. Je désirais bouger, mais c’était comme si tout mon corps me le refusait. Pourtant, au fond de ma poitrine, mon cœur continuait de battre à toute allure, c’était dément.

« C’est vraiment moi! »

C’était… Comment dire? Irréaliste. Absolument invraisemblable. Je ne comprenais pas le moins du monde comment cela pouvait être possible. Comment cela pouvait être possible, au juste? Pourtant, je savais, tous mes sens me le hurlaient. Je savais qu’elle ne mentait pas. Ma nature d’Orisha me permettait de percevoir les mensonges d’autrui, de connaître les impostures et les imposteurs qui désiraient me tromper sous de belles palabres ou de faux apparats. Mais elle, elle ne faisait pas partie de cette catégorie. Bien au contraire. Peu importe qu’est-ce qu’elle était… Il s’agissait bel et bien de… Latone?

« R-Regarde mon corps! Je ne suis plus une arme! Je suis vivante, comme toi! »

C’était pas possible. C’était pas possible. Comment était-ce seulement possible?

« Miles? De quoi elle parle? »

Mon buste se redressa instantanément, comme propulsé par des ressors. Rivière était à mes côtés, une main posée sur mon épaule. Comme tous les autres regards dans la pièce, j’avais l’impression qu’il me jaugeait, qu’il désirait éplucher mon esprit afin de trouver ce pourquoi je paraissais aussi choqué. Battant des cils, dégageant la brume de mes yeux, je finis par relâcher une longue expiration, reprenant petit à petit contenance sous le poids de leurs yeux de fauve.

« C’est bon, les gars, indiquais-je aux Corbeaux en me tournant dans leur direction, laissant flotter un sourire rassurant sur la commissure de mes lèvres afin qu’ils se calmassent et fassent baisser la température de la pièce : la tension était si palpable qu’il nous aurait été possible de la trancher au couteau. Je la connais. C’est une bonne amie. »

Je n’avais pas sourcillé en alignant ses vocables : c’est ce qu’elle était dans un sens. Cependant, malgré ma déclaration, quelques Corbeaux se jetèrent des regards en toute discrétion. Si nous étions amis, pourquoi avait-elle dit que je n’étais que « quelqu’un » pour elle? Sceptique, l’un d’eux s’avança jusqu’à ma hauteur, me prenant à part quelques instants, m’arrachant de la poigne de Rivière qui attendit, perplexe, au seuil de l’entrée. Je me laissais entraîner sans faire d’histoire, conscient qu’en étant docile, les choses s’arrangeraient plus facilement.

« Tu peux m’expliquer c’est quoi cette histoire? »

Je soupirais, malaxant ma nuque du bout de mes doigts. J’aurais tellement apprécié pouvoir lui répondre, sincèrement, mais je n’avais aucune idée de ce que pouvait être cette fameuse histoire. Par conséquent, je ne pus lui dire que la vérité :

« Si je savais moi-même…

- Et tu la connais vraiment? »

D’habitude, elle n’est pas comme ça, hein. Elle est un Esprit qui possède périodiquement le corps de ma femme, mais oui, il s’agit bien de Latone. Vous me voyiez vraiment lui balancer ça?

« Oui, absolument. C’est une amie. Je vais m’occuper d’elle, ne t’en fais pas.

- Tu l’attendais? Me questionna-t-il à nouveau, ce à quoi je lui répondis le plus honnêtement possible :

- Non.

- Et t’as une idée de comment elle a pu se pointer ici? »

Je haussais mollement des épaules, d’un air volontairement désintéressé, comme si la réponse était évidente.

« Vous n'lui avez pas demandé?

- Elle s’entête à répéter la même connerie : qu’elle est tombée là, sur la plage.

- C’est comme ça qu’elle est arrivée dans ce cas.

- Dans cette robe? Avec ces poires? »

Me rend pas la tâche plus compliquée qu’elle ne l’est déjà, s’il-te-plaît…

« Écoute, je… je ne peux pas t’expliquer quoi que ce soit, parce que je ne suis même pas sûr moi-même de ce qui s’est passé, m’exclamais-je en tournant brièvement mon regard vers Latone. Laisse-moi lui parler. Seul à seule. J’arriverai à lui tirer les vers du nez. »

Le Corbeau restât silencieux. Néanmoins, même s'il était toujours dubitatif et vigilant, plutôt que de me bombarder à nouveau de questions, il me scruta de son regard d’ébène, soufflant simplement ces quelques mots, comme pour conclure l’interrogatoire :

« T’es sûr de toi? »

Dans mon dos, je pouvais également percevoir l’œillade dont me gratifiait Rivière. Je ne pouvais affirmer que nous étions très proches, comme je pouvais l’être avec Darsil, mais nous l’étions suffisamment pour en connaître relativement beaucoup l’un sur l’autre. Pourtant, c’était bien la première fois qu’il m’entendait parler d’une certaine Latone dans mon entourage.

« Oui. Faîtes-moi confiance, je la connais et je me porte garant d’elle, okey? Déjà, je peux vous dire qu’elle ne ment pas. C’est bien Latone, mon amie, justifiais-je en m’extirpant de sa bulle personnelle, cherchant à me rapprocher de la Bleue. Puis, elle n’est une menace pour personne, encore moins pour la Confrérie, vous pouvez me croire. »

Même s’ils étaient incrédules et interrogatifs, je parvins enfin à faire sortir la cavalerie de la salle. Pourtant, même après la fermeture de la porte, je n’arrivais pas à formuler quoi que ce soit. C’était comme si mes lèvres s’étaient scellées en attendant que mon cerveau parvienne à s'échapper de ce mélange épais de trouble et de désordre. Si Latone parlait, je l’écoutais à peine, bouleversé par le phénomène que j’avais directement sous les yeux.

« … Comment est-ce possible? » Murmurais-je enfin en me tournant doucement vers la jeune femme, examinant son corps sous toutes les coutures, mes narines se dilatant au rythme de mes respirations alors que j’inspirais son parfum.

En même temps, je me rapprochais de sa silhouette, continuant de la renifler, inlassablement, pour y distinguer son odeur. Au moins, je pouvais confirmer une chose : il ne s’agissait pas du corps de Léto. Si elle avait changé d’apparence, je l’aurais immédiatement su par son effluve et par mes pouvoirs raciaux, mais… Je ne détectais aucune imposture, et son odeur était bien différente de celle de la Chamane, bien différente, même, de tout ce que j’avais pu un jour respirer. Son odeur semblait complètement vierge, dénuée de toute fragrance. Non, attendez… C’était autre chose. Elle possédait bel et bien un parfum, mais ce dernier était si ténu, diffus, qu’il m’était difficile de l’attraper, de l'analyser. Ça sentait le sable de la plage… l’air marin… la poire…

« Par Sympan et Edel… »

Instinctivement, je portais l’un de mes doigts jusqu’à sa joue, la tapotant gentiment, comme pour m’assurer que je n’hallucinais pas.

« Co-Comment… »

Les mots me manquaient, alors je me répétais, pinçant doucement son visage au passage.

« Qu’est-ce qui t’es arrivé?! »

Des centaines de questions voyageaient entre mes deux oreilles tandis que mon regard se portait vers le sien. Ses iris arboraient chacun une coloration distincte, une nuance de couleur froide qui s'amusait entre le bleu et le violet. Puis, entre ses deux yeux, sur son front, il y avait cette pierre, si reconnaissable.

« T’es revenue à la vie?! »

Non, non, ça ne fonctionnait pas comme ça. Enfin, je ne pensais pas?

« Ou attend… Tu possèdes quelqu’un d’autre à part Léto, c'est ça? »

Non, non, elle avait parlé de ce corps comme étant le sien.

« Je comprends pas du tout ce qui se passe, là. Qu’est-ce… Comment tu peux être… »

Vivante?


1 692 mots (Sans les paroles de Latone) | Post II

Miles utilise les pouvoirs suivants :
- Saäba’Lohu : […] il est très difficile de mentir à un Orisha ou de le tromper, car ils sont dotés d’une perception qui va au-delà des yeux. Ils ont une intuition hors du commun, une façon de voir différente des autres peuples des Terres du Yin et du Yang. Ils ressentent les impostures, les inventions et les sournoiseries. […] ils discernent la vérité des mensonges, et peuvent percevoir les maux du corps d’un individu, même ce qui ne peut normalement pas être vu ou encore les tourments de l’esprit.

- Hanha'Thü : Les Orishas sont d’excellents menteurs et manipulateurs, qui usent de leurs talents pour servir les intérêts de Delta. […] Ce pouvoir permet aussi d’inspirer plus aisément confiance, d’être plus facilement cru lorsque des fables peuvent être racontées.





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Latone
Lun 21 Sep 2020, 23:29



Une joie indescriptible put se lire en la personne de Latone, à partir du moment où l'Orisha acquiesça à ses affirmations. Son sourire grandit et la rajeunit, ravi, triomphant, provocateur un tantinet. Un peu plus et elle aurait très pu beugler sur les autres Corbeaux un franc : "Je vous l'avais dit !". Toutefois, la présence de Miles continuait de l'apaiser et elle se recroquevilla dans une étrange docilité alors que l'interrogatoire survenait juste sous ses yeux. Ses sourcils se froncèrent tout de même sous l'insistance du guerrier. Insinuait-il vraiment qu'elle mentait de bout en bout ? Pourtant, ce n'était presque pas le cas. Être dans les petits secrets du Cycle était pénible, surtout lorsqu'on avait la langue bien pendue et la violence facile. Elle croisa alors les bras, à défaut de croiser les doigts pour soutenir le Köerta. L'idée d'être seule à seul avec lui était fortement bienvenue. De sa propre initiative, cela aurait été bizarre. Latone ne le souhaitait pas spécialement, comme si cela la flattait que Miles le désirait aussi. Le temps passait trop lentement maintenant. Qu'ils se cassent une bonne fois pour toute ! Fidèle à elle-même, elle pourrait très aisément devenir cette fameuse menace que le pauvre Ashkaä cherchait à masquer.

Épargnés des oreilles indiscrètes – du moins, pensait-elle – la ressuscitée fixa son camarade qui, étonnamment, ne semblait pas enclin à se confronter à elle. Elle décroisa les bras en retour. Rien ? Décidemment, il était encore plus pénible qu'auparavant. Sa moue agressive et habituelle ternit le portrait, il fit entrer en scène la redoutée gueulante du Voile Blanc.


" Ta voix est partie avec eux ou quoi ? Bonsoir ? " Tenta-t-elle sans trop de succès, à croire qu'il était vraiment trop perturbé pour être réceptif à son ironie.

Impossible n'est pas Latone aurait sûrement été la meilleure réplique aux troubles du Köerta. Certes, elle s'attendait à un minimum de stupéfaction, mais sa chérie était une Chamane, elle flirtait avec la Vie et la Mort. Latone s'avérait être l'un de ses fruits les plus remarquables. Certes, revenir d'entre les morts étaient un concept aussi blasphémateur que les Ætheri véritables… Toutefois, fréquenter le Dieu de la Mort et de la Vie en personne ouvrait bien des portes à travers les mondes. Il finira par à la fois la croire et la prendre pour une timbrée.


" Quoi ? Il n'est pas à ton goût, peut-être ? Tu aurais préféré que j'en possède un autre plus musclé ? Un grand sourire moqueur étira ses traits, alors qu'elle bombait le torse et posait ses mains sur ses propres hanches. Fière comme un coq. C'est mon corps, à moi seule. Aussi étonnant que cela puisse paraître, je ne pensais pas revenir en tant qu'Orisha… " À quoi Jun pensait, au juste ? Le connaissant, elle le découvrira par elle-même, le questionner était purement inutile. De toute façon, il esquivait toujours les questions.

Ses bleutés disparates s'attardèrent sur son compagnon racial, qui n'en finissait pas de trouver une explication concrète ou palpable à ce phénomène qui le dépassait. Honnêtement, Latone non plus n'y croyait guère encore. Sa condition d'Esprit lui allait comme un gant et son passé, de toute manière, demeurait éteint en ses mémoires. C'était en quelque sorte le prix à payer lorsqu'on s'acclimatait trop à la dimension des Morts : on s'y attachait pour l'éternité. Toutefois, Léto lui fit goûter à la Vie, alors que Miles et ses enfants la tirèrent davantage vers des possibilités jusqu'ici inaccessibles. Ce jour-ci signait une seconde chance.


" C'est bon ? Tu m'as suffisamment touchée, là ? Elle imita une mâchoire prête à mordre pour éloigner la main envahissante. J'ai la faveur des Ætheri, voilà la version courte. Tu t'en contenteras ! Elle rit, si heureuse de pouvoir jouer sur le même terrain que lui. Hum hum, bref ! J'ai tellement de trucs à te dire ! La gestuelle de son corps servit à illustrer ses propos, de manière abstraite. En fait, j'ai découvert grâce à une magie antique que, vivante, autrefois, j'étais une Linèsienne ! Oui, Linos était bien peuplée avant, mais je ne sais pas encore de quand ça date, ni ce qui leur est arrivé ! Et puis c'est comme ça que j'ai su pour les Kangelas, car j'ai vu le parc dans les premiers souvenirs ! Et il y a aussi une histoire de tueur en série, cela revient souvent, c'est peut-être lié à la chute de Linos ! Même si je n'ai encore aucune idée de qui est le Bleu Roi… Ah ! Et j'avais plein de sœurs ! Si je me souviens bien, j'étais la troisième, et on s'appelait les "Lèvres Noires" ! C'est tellement maléfique, mwahaha ! En tout cas, je sais maintenant comment fonctionnent les pouvoirs du Bleu Roi, on peut enfin gagner ! " Finit-elle en levant les bras en l'air, telle une pose victorieuse.

Un silence, bien long. Le visage de Latone se décomposa face au manque de réactivité de son ami. Car oui, même si elle s'était retenue plus tôt, elle ne pouvait pas nier le lien de complicité nourri entre eux deux. Sous certains angles, cela la rebutait plus qu'elle ne l'appréciait, enfin, c'était comme ça. Ses mains retombèrent mollement le long de son corps, dépitée.


" Tu… n'as rien suivi, c'est ça ? Pour un peu, on finirait presque par la confondre avec la Sùlfr. Soudain, ses yeux pétillèrent à nouveau. Mais bien sûr, j'aurais dû te le chanter ! Car oui, écoute, j'ai découvert une nouvelle forme de Magie, c'est incroyable ! Elle se racla la gorge, comme pour se préparer à entonner le chant le plus violent. Malheureusement, une quinte de toux l'empêcha d'initier le Khitarr. Lorsqu'elle put se reprendre, la pauvre grogna fugacement de dédain. Un filet de sang coula du bord de sa lèvre, inconsciente du phénomène. Bon, ce ne sera peut-être pas pour tout de suite. Tant pis ! Je suis donc bien revenue à la vie et… Faut que tu me ramènes à Ciel-Ouvert, allez ! C'est par où ?! Je peux avoir d'autres vêtements ? Elle tira sur le tissu immaculé. Je déteste cette robe ! Ça se trouve je me la trimballe depuis des ères, par tous les Ætheri ! "


1142 mots ~



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Miles Köerta
Jeu 24 Sep 2020, 05:14



On était d’accord sur ce point : de toutes les races qu’elle aurait pu devenir à la suite de sa réincarnation, même si celle-ci n’était pas la plus surprenante – essayez de vous imaginer cette demoiselle en Orine, tiens – je trouvais cela tout de même étonnant qu’elle emprunte l’essence et les caractéristiques propres aux Orishas. Après tout, son caractère s’était toujours plus rapproché de celui des Réprouvés; son physique, emprunté à Léto pendant des années, arborait également plusieurs particularités du peuple bipolaire. Finalement, la seule explication qui me venait en tête reposait sur son esprit. Au-delà de ses manières rustres et de son fort parler, de l’attrait certain que lui inspirait les palpitations de la bataille et des affrontements, Latone avait toujours été un électron libre dans l’âme. Lorsque quelque chose ne lui plaisait pas, elle prenait aussitôt les rênes afin de créer son propre mouvement, sa propre vague, pour que celle-ci bouge et s’agite à son image.

« E-Eh! »

À la dernière seconde, je remarquais sa tentative d’offensive, le bout de ses dents se rapprochant bien trop dangereusement de ma main. Même si cette dernière pouvait supporter ce genre d’agressions, notamment en raison de mes mutations, je décalais instinctivement mes doigts de sa trajectoire.

« Ok, ok, j’te touche plus! Tu peux ranger tes crocs, l’enragée », souriais-je malicieusement.

Faisant acte de bonne foi, je tendis même mes bras dans les airs, reculant d’un pas pour lui donner un peu plus d’espace. Cependant, la suite de sa palabre effaça progressivement le rictus goguenard dont j’avais maquillé mes lèvres. En parallèle, l’un de mes sourcils s’arqua tandis que je me mis à ricaner nerveusement.

« … La faveur des Ætheri? Mais pourquoi? Tu veux vraiment pas me le dire? »

Elle se mit à rire à gorge déployée, dans une posture de grande fierté. Devant elle, je croisais les bras, les yeux désormais plissés.

« Tu peux pas me faire ça alors que tu viens de ressusciter! Sérieusement, qu’est-ce qui s’est passé?

- Hum hum, bref! J'ai tellement de trucs à te dire! »

… Et moi à te poser. Merde à la fin! Je grommelais dans ma barbe. Soit! Abandonnais-je en levant les yeux vers le ciel, mes épaules se redressant tout autant. Cela étant dit, je me promettais mentalement de ne pas la laisser partir sans qu’elle ait assouvi ma curiosité. C’est pourquoi je la laissais poursuivre sans m’approprier un instant de parole… le regrettant presque aussitôt la seconde suivante. C’était quoi une Linèsienne? Ah d’accord, un habitant de Linos. Mais de quel parc elle parle? Alors là… Aucune idée… Ah non mais attend, y'a un parc dans Linos, non? « Tellement maléfique, mwahaha! » Avoue, elle ferait une méchante d'exception avec ce rire. D'exception, ça oui…

Plongé dans mes réflexions, les alignant comme une véritable conversation de moi à moi, je me rendis à peine compte que Latone venait de conclure son monologue, fière comme un paon de ce qu’elle était parvenue à accomplir tout au long de ses trouvailles. Cependant, comme si j’avais inconsciemment perçu le silence qui s’était abattu sur nos épaules, je sursautais presque à la résonnance nouvelle de sa voix. Remontant mes pupilles à sa hauteur, je me mis à la contempler, les cils battant.

« Ah! Non, non, ce n’est pas la peine de chan– »

Un premier arrêt. Un deuxième, tout aussi agressif et rocailleux. La quinte de toux, pourtant, ne s’arrêta pas là, emportant brusquement son corps dans une secousse insoupçonnée et plus violente qu’escomptée. En la voyant galérer à ce point, je penchais légèrement ma tête sur le côté, inquiet.

« Eh, ça va? »

Non. Sa toux l’agita encore un certain temps. Cependant, une fois celle-ci calmée, elle releva la tête et je me figeais : je remarquais immédiatement la ligne écarlate qui coulait jusqu’à son menton. Aussitôt, je bondis jusqu’à sa position.

« Stop! Temps mort! Tu es mise sur la touche maintenant et tu te tais, l’apostrophais-je en l’invitant, d’une poignée ferme, à se rasseoir sur son siège. Avant de te soucier de cette robe, de Ciel-Ouvert, de Linos ou de je-sais-pas-quoi encore, pense un peu à toi. »

Je le sentais bien, qu’elle allait répliquer. C'est pourquoi, d’un signe de la main, que je lui désignais la commissure de sa lèvre inférieure, imitant le glissement d’un liquide qui s’échappait de sa bouche.

« C’est pas normal. Tu saignes. Attends… »

En me penchant au-dessus d’elle, je fermais les yeux un instant, laissant les Dons du Troisième Œil affiner mon sixième sens.

« Tu as goûté à la Vie à plusieurs reprises grâce à Léto, mais cette fois-ci, c’est légèrement différent. Ton corps n’est pas aussi fort que le sien, aussi résistant. Comprend qu’il est certainement plus fragile. »

Je marquais une courte pause, posant finalement mon regard vermeil sur son visage. Quelque chose irritait sa gorge. Maléfice ou simple conséquence d’un excès, je ne voulais pas prendre de chance.

« T’aurais pas abusé de quelque chose, par hasard? Cette « nouvelle forme de Magie » peut-être? »

Je me souvenais parfaitement des propos légèrement décousus de Rivière, lorsqu’il était venu me chercher à la cafétéria, à propos du chant de la jeune femme, de la mer qui semblait répondre à sa voix, et durant quelques secondes, je m’étais mis à fixer l’Orisha, attendant sa réponse.

« Je connais un gars, Venant, lui dis-je en me redressant, lui indiquant de rester à sa place. C’est un Alchimiste dans la Confrérie et il est pas mal doué pour tout ce qui est potion et concoction magique. Il saura certainement faire quelque chose pour ta gorge, poursuivais-je tout en ouvrant la porte de la chambre. Je reviens dans une minute. Les autres Corbeaux n’ont pas quitté l’étage à cause de toi. Je pouvais les sentir. Tu sais comment faire impression, en tout cas. »

Lui adressant un sourire, je fermais la porte dans mon dos, filant rapidement dans le couloir. Cela ne prit qu’une poignée de secondes avant que je croise le trio à qui appartenait les odeurs que je distinguais, depuis tout à l’heure, à proximité de la chambre. Parmi les trois Corbeaux se trouvait Rivière. M’approchant d’eux d’une longue enjambée, je ne fus pas surpris d’être instantanément criblé de questions, la perplexité de mes confrères ne s’étant pas, le moins du monde, adoucie. Sans pour autant satisfaire leurs interrogations, je leur expliquais rapidement la situation, mettant de l'avant le fait que Latone n’allait peut-être pas aussi bien que laissait supposer les apparences.

« C’pour ça que j’aurais besoin de ton aide, Riv.

- Bien sûr. Tout ce que tu veux. »

Visiblement soulagé, je lui fis aussitôt part de ma requête, le Traqueur n’attendant pas une seconde pour s’engager dans le couloir et disparaître. Je remerciais également les autres Corbeaux, qui semblèrent se détendre légèrement à la suite de cette nouvelle, avant de retourner auprès de la Bleue.

« Bon! Rivière est sur le coup. Il va nous ramener Venant ainsi que des habits pour que tu puisses te changer, et de la nourriture pour que tu te remplisses le gosier. Tu dois avoir faim, non? La questionnais-je en collant mon dos sur le battant de l’entrée. Puis, pour ta robe… J’te conseille de la garder pour la nuit. Ce sera plus confortable pour dormir. »

Me détachant de la porte, je m’approchais d’une seconde assise qui traînait dans la pièce, m’étalant dessus à la manière d’un cachalot échoué. Tu parles d’une soirée…

« Quoi? Pourquoi tu me regardes comme ça? Ricanais-je en captant, sans le vouloir, son œillade en biais. Ah! Mais il n’est pas question que l’on parte ce soir. Demain, un bateau quittera l’île pour rejoindre le Continent Naturel de toute façon. Faudra que tu te montres patiente. »

Je m'étirais sur la chaise à la manière d'un chat.

« Le Bleu Roi peut attendre quelques jours avant de se faire botter le cul, crois-moi. Puis, nouvelle forme de Magie ou pas, si tu es toujours à ça de cracher tes tripes à chaque utilisation, ça le fera pas, lui indiquais-je en plaçant mes coudes contre mes cuisses, détournant mon regard de sa silhouette, un instant. Tu veux que j'aille chercher de l'eau pour tes poires? »

Indirectement, j'espérais qu'elle délie de nouveau sa langue pour m'expliquer pourquoi elle avait ressuscité avec ça dans les bras.


1 449 mots (Sans les paroles de Latone) | Post III

La fiche pas du tout complète (8D) de Venant se trouve ICI.





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Dim 04 Oct 2020, 16:32



Éberluée, Latone ne pipa mot face à la prise de parole de l'Orisha et à son ordre à peine éteint de la rasseoir. Penser à moi ? Quel drôle de moment ! D'ailleurs, Jun aussi lui avait dit de faire attention. Qu'est-ce qu'ils cherchaient à lui faire comprendre à la fin ?! À peine eut-elle écarté ses lèvres l'une de l'autre que Miles répliqua afin de maintenir sa position. Sa révélation l'étonna et son index fila d'instinct vers la source du problème pour s'en assurer. Alors que ses doigts malaxèrent le peu d'écarlate récolté, la jeune femme se remémora que ce phénomène – la brûlure à la gorge – survînt lors de sa dernière confrontation avec le Bleu Roi ; juste avant de trépasser une ultime fois. Peut-être était-ce un contrecoup du Khitarr ou une mauvaise utilisation de sa Voix, la vérité restait inconnue… Sa denture se dévoila, difficile de rester de marbre lorsque l'autre vous traitait de fragile. Latone ne l'acceptait guère, Jun n'aurait quand même pas osé lui coller une enveloppe charnelle si peu compatible avec son Esprit ! Si ?

" C'est la première fois que je l'utilise avec ce corps… " Et ce fut bien tout ce qu'elle put répliquer.

Sous forme spectrale, l'affliction ne l'avait atteinte que bien plus tard. N'importe quelle explication pouvait convenir : sa Voix n'était pas assez entraînée, elle était rouillée depuis l'époque de Lolaha, son nouveau corps n'était pas encore habitué, et cetera… Son poing se resserra sous ses yeux. Elle se sentait pourtant si bien vivante : pas de poids, pas de calamité. Juste la Vie. La Vie de Latone et de Lolaha.


" Je voulais que tu m'écoutes, c'est tout. " Bouda-t-elle en détournant le regard. Puisqu'il cherchait à la restreindre, tant pis pour lui.

Malgré tout, elle comprit bien vite qu'il ne cherchait qu'à prendre soin d'elle, en mentionnant ce fameux alchimiste. Cela lui faisait étrange : Latone fut bien plus spectatrice de son bon cœur envers les enfants de Léto plutôt qu'à autrui. Il fallait croire que Miles pouvait être un vrai papa poule, même à l'égard d'étrangers. Plus rien ne la rattachait à lui ou à Kaine et Toesia. A partir de maintenant, tout le contrôle sur leurs liens lui revenait. Allait-elle s'en prémunir ou, au contraire, le réaffirmer ? Présentement, la réponse semblait bien évidente. Piquée à vif par l'initiative du Köerta, sa tête pivota vivement vers lui lorsqu'il commença à sortir.

" H-Hé ! Elle leva la main en sa direction en vain, pour n'avoir qu'à l'abaisser en tout pour tout. Idiot… " Siffla-t-elle tout bas. Il n'en faisait qu'à sa tête, cette irritation ne représentait qu'une infime souffrance de ce qu'elle était capable d'endurer !

Seule à seul avec Jun – enfin le poirier quoi – elle le fixa. Effectivement, Latone commençait à ravoir faim. Disons que les poires ne lui suffisaient pas, elle aurait dû s'en douter. C'était comme si elle sortait d'un long sommeil et que son estomac hurlait famine depuis bien trop longtemps. Celui-ci se fit entendre et fit écho à ses propres grognements. La bleue n'aimait pas cet endroit, elle ne connaissait pas ces types et il faisait trop chaud à son goût. À croire que, même ressuscitée, des rémanences de sa Vie, en tant que Léto, continuaient de substituer. L'unique différence étant que : Miles ne la regardait plus de la même manière. Latone l'avait remarqué quasi-instantanément.

Au taquet, son visage s'aligna sur l'arrivée inopinée du Köerta. Il revenait pourtant seul mais avec des nouvelles qui ne lui plaisaient guère. Au fur et à mesure, les sourcils bleutés de la demoiselle se froncèrent. Il avait le don de n'abonder en son sens. Il pouvait ramener qui il voulait et la bouffe qu'il souhaitait, la jeune femme n'en avait rien à carrer : cette robe était nulle et trop féminine ! Qu'est-ce qu'elle en avait à faire d'un bout de tissu aussi peu protecteur ?! Dormir avec, quelle idée ! Cela faisait des décennies qu'elle "dort" avec, son nouveau corps la rejetait, c'était inexplicable et, dans le même temps, parfaitement logique. Sans parler du fait que ce n'était pas du tout ça le problème principal.


" DEMAIN ?! Hurla-t-elle en désarticulant chaque syllabe. Avait-elle bien entendu ? Mais ça va pas ?! Il ne va pas attendre, je sais ce qu'il va faire, tu ne le connais pas, oh ! Elle se pencha en avant, sans pour autant quitter le siège. Et ton bateau, il va mettre combien de temps à me ramener là-bas, hein ?! Cracha-t-elle in fine en se raclant la gorge. Elle comprit bien dans son regard qu'elle ne devrait pas se laisser aller autant. Ce n'est pas juste des poires, ce sont des Jun. Souffla-t-elle plus calmement en se redressant. Je suppose qu'il a soif. " Tout comme elle.

" Bonsoir. " Une petite tête dépassa de l'encadrement de la porte.

La douceur dans cette voix eut tôt fait d'apaiser la furie. L'Orisha ne s'attendait pas à ce que le fameux Venant soit un enfant. Ce dernier tenait dans ses petits bras une pile de vêtements suffisamment colossale pour capter qu'ils étaient à sa taille. Sur ses pas, un chasseur lugubre ramenait un plateau garni de viandes séchées.


" Je m'appelle Venant Loog, alchimiste de la Confrérie. Il déposa les habits sur un coin de la table, la nourriture ne tarda pas à suivre et à chatouiller ses narines. Enchanté… ? " Un petit blanc ponctua sa présentation, Latone parvint à comprendre qu'elle devrait en faire tout autant.

" Latone. Enchantée. " Venant lui sourit.

" Votre voix est plutôt enrouée. Je vais vous examiner de plus près. Il se rapprocha et lui demanda de renverser la tête en arrière. Oula, c'est un méchant bleu… Ah non, ce sont vos cheveux ! Plaisanta-t-il en terminant d'examiner sa gorge. Latone ne put réprimer son propre amusement face à la candeur du jeune alchimiste. Ouvrez la bouche. Elle obtempéra, tout en lançant un regard en direction de Miles. Il avait une drôle de compagnie. Bien, je dois avoir… quelque chose… "

Alors qu'il fouillait dans une besace à la recherche du remède miracle ou d'un potentiel mélange à réaliser, la jeune femme repensa encore à ces fameux cheveux. Ils étaient si longs qu'elle pouvait les toucher et les admirer. Elle reconnaissait ce léger éclat bleuté de Lolaha à partir des racines, cette teinte qui se projetait jusqu'aux trois-quarts de la chevelure avant de virer sur le cendré caractéristique de Léto. Ce fut si particulier que cela lui allait comme un gant. En outre, cette disparité accentuait son nouveau sang d'Orisha.

Ses iris bicolores se relevèrent sur Rivière, qui semblait rester là comme pour surveiller. Peut-être attendait-il un mot de Miles pour bouger. Tandis que Venant faisait ses… trucs alchimiques, Latone retourna sur son camarade et soupira. Il voulait tant en savoir, c'était comme si elle le ressentait sans délier les lèvres. Elle ne pouvait pas, le Cycle et Linos conservaient des secrets trop précieux pour les Vivants. Pour eux.


" Est-ce que les enfants m'en veulent ? " La question la taraudait bien trop pour être réprimé davantage. L'interrogation sous-jacente fit tout autant écho : Est-ce que toi tu m'en veux ?


1267 mots ~



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Miles Köerta
Jeu 08 Oct 2020, 06:05



Évidemment qu’elle allait répliquer et crier. J’avais bien écouté sa plaidoirie, mais n'étais pas prêt à fléchir, borné.

« Hurle, gesticule; fais comme tu veux. Mais on ne partira pas avant demain. »

Est-ce qu’elle allait m’écouter? Les chances étaient minces, mais je m’y raccrochais néanmoins; oui, même en sachant que l’ire, qui flamboyait dans le creux de ses pupilles, avait toujours autant de vigueur et d’énergie agressive.

« Il prendra le temps qu’il faudra, le bateau. T’inquiètes, tu y seras avant la fin du mois, renchérissais-je en lui adressant un sourire railleur, jouant de sarcasme pour ne pas laisser son peu de patience effriter la mienne. Et c’est pourquoi je veux que tu te concentres sur toi. Au moins pour cette nuit, c’est compris? »

J’avais l’impression de sermonner Toesia Eses, c’est fou!

« Tu es vivante. Je ne sais pas comment, je ne sais pas pourquoi, mais tu as ressuscité, et peu importe le procédé qui t’as ramené dans notre Monde, mieux vaut nous assurer que tu ne subisses pas, en quintuple, les contrecoups de ce brusque retour à la vie. »

Cet enchaînement – toux et crachats de sang – ne m’avait pas le moins du monde rassuré. Je préférais encore savoir le Bleu Roi à l’intérieur de nos rêves, troublant nos nuits de sa mélodie chaotique, que d’apprendre que cette inconsciente s’était jetée, tête baissée, à l’intérieur de sa gueule alors qu’elle n’était peut-être pas au mieux de sa forme. Douce Edel, avait-elle simplement conscience de ce qu’elle venait de vivre en revenant auprès des Mortels, avec sa propre chair et son propre sang? Je veux dire… Le retour à la Vie ne pouvait pas se réaliser aussi facilement quand même! Il devait y avoir des conséquences, je ne savais pas lesquelles, mais n’y avait-il pas toujours un prix à payer pour ce genre de « faveurs », comme elle s’était plu à les appeler? Relâchant un soupir sur le bout des lèvres, je finis par la fixer, droit dans les yeux.

« Prends-toi une vraie nuit de repos. On s’inquiètera du Bleu Roi à partir de demain. »

Les octaves de ma voix s’étaient adoucies, tout comme la sévérité de mes traits. Je voulais simplement qu’elle arrête de faire l’enfant pour se considérer comme elle était vraiment : faillible. Toutefois, après avoir changé de sujet, l’air parvint à nouveau à s’infiltrer dans mes poumons… Pour se bloquer une fraction de seconde plus tard. Comme un mécanisme qu’elle venait d’actionner à la seule mention de ce prénom répugnant, une grimace hostile défigura mon visage abîmé. Mais pourquoi ce poirier avait le nom d’un putain de Sorcier?

« Tu lui as vraiment trouvé un nom de mer–

- Bonsoir. »

Il n’y avait pas à dire : Venant possédait l’art du timing parfait. Je fis un effort surhumain pour ne pas laisser cette désagréable impression rembrunir plus longtemps mon faciès, pivotant tout mon corps en direction de mes deux compagnons pour les saluer.

« C’est elle l'élue? » Devina le Labrador.

J’acquiesçais d’un signe de la tête, présentant ainsi sa future patiente. En retrait, après avoir déposé la nourriture sur la table, Rivière restait parfaitement silencieux, appuyé sur le mur juxtaposant la porte d’entrée. Je pouvais le voir, du coin de l’œil, poser un regard des plus inquisiteurs sur la Bleue. Cependant, à un instant, je finis par lui indiquer d’arrêter : la dernière chose que je voulais gérer, c’était un nouveau sursaut d’irritabilité de la part de la réincarnée.

« Avez-vous du mal à respirer? » Demanda le Wymeri Shua à Latone tout en plongeant ses mains à l’intérieur de sa besace.

Même s’il n’avait rien entendu qui pouvait lui faire suspecter que c’était bien le cas, il préférait toujours s’en assurer deux fois plutôt qu’une.

« À avaler peut-être? »

N’attendez pas une quelconque blague graveleuse à ce propos : nous savions nous tenir un minimum, même entre mecs.

« Est-ce que votre gorge vous brûle? Vous irrite? Comme si vous aviez envie de la gratter? Est-ce que vous avez, plutôt, de la difficulté à parler? »

Tout en récoltant les réponses à ses questions, le Loog avait aligné plusieurs flacons sur la table ainsi qu’un objet magique, façonné par un Enfant de Yanna, qui permettait de bouillir de l’eau rien qu’en lui insufflant de la Magie. Il invita également Rivière à placer ailleurs les vêtements de rechange de la jeune femme : il avait besoin de tout l’espace possible pour éviter de malencontreux incidents. Ainsi, l'Alchimiste se mit tout de suite à l’action, ses oreilles triangulaires et tombantes se balançant de chaque côté de son visage à tous les mouvements qu’il esquissait. Nous le laissâmes tranquille le temps qu’il s’occupe de la préparation, à l’exception de Rivière qui fût sollicité à deux reprises pour qu’il l’aide dans sa concoction. Brièvement, je fermais les yeux pour m’imprégner des nouvelles odeurs qui envahissaient désormais la pièce. Ses produits sentaient l’agrume, surtout le citron.

« Des fois, j’aimerais vraiment avoir quatre bras, pas vous?

- Ah… Tu retirerais ce que tu viens de dire si tu l’expérimentais vraiment. »

Croyez-en mon expérience. Enfin, pas la mienne, personnelle, mais celle des Kehaä. Ça ne devait pas être pratique à tous les jours de se trimballer autant de membres sur un seul corps. Rigolant avec candeur, Venant énumérait pourtant tous les bienfaits que cela pourrait lui apporter d’avoir des bras supplémentaires, surtout dans l’efficacité et la rapidité de son travail. Je souriais à son attitude, portant néanmoins une œillade en direction de Latone. Elle restait étrangement silencieuse et, momentanément, nos regards finirent par se croiser. J’avais encore mille questions à lui demander, mais je savais aussi que je ne pourrais obtenir d’informations tant et aussi longtemps que les deux chasseurs se trouvaient dans la même pièce que nous… Hum? Elle venait de murmurer quelque chose, non?

« Qu’est-ce qu’il y a? » Voulus-je m’assurer en la fixant plus attentivement, la reprise de ses paroles me glaçant sur place.

Le silence, comme une pierre dans la mer, vint troubler l’ambiance. Trois paires d’yeux retombèrent sur les épaules de la Bleue, mais les regards de Rivière et Venant se détournèrent plus ou moins rapidement – surtout celui de Rivière, « mon invitée » ne cessant de l’intriguer dès qu’elle ouvrait la bouche. Embarrassé, je frottais vigoureusement mes mèches de cheveux, les ébouriffant.

« Est-ce qu’on peut en parler plus tard? » Chuchotais-je d’un croassement nerveux.

Je n’aimais pas ça, surtout avec autant d’oreilles dans les parages. Ne vous méprenez pas : je faisais entièrement confiance à mes deux compagnons de Chasse. Ils n’étaient pas le genre de personnes à aller crier, sur tous les toits, ce qu’ils entendaient au coin d’une rue. Malgré tout, je ne me sentais pas à l’aise d’en parler ainsi devant eux. C’était… personnel. C’était entre moi et elle. Pourtant, lorsque je vins à recroiser ses iris, glacés par la tonalité de leurs colorations, une profonde lassitude m’envahit, remontant à ma gorge comme de la bile empreint d’une saveur de culpabilité. À mon tour, je baissais les yeux, focalisant mes pupilles sur le plancher. Est-ce que les enfants lui en voulaient?

« Non. »

Je repensais à Kaine, qui n’avait pas compris pourquoi leur « mère » avait senti le besoin de partir aussi vite, sans autre forme d’explication, mais qui s’était contenté de ce que je lui avais raconté : qu’il m’ait cru ou non, il savait que j’avais mes raisons, tout comme il savait que « Léto » avait les siennes. Mais si le jeune homme avait pris la nouvelle avec recul et objectivité, Toesia avait été un tout autre cas. Elle était… en pleine ébullition. Elle voulait savoir ce qui se tramait, elle voulait savoir pourquoi sa mère partait et revenait aussi abruptement que les tempêtes de Faugmi. Ce qui l’agaçait, c’était de savoir que derrière ces départs se cachaient des secrets inavouables, et découvrir leur nature lui faisait craindre le pire. Était-ce quelque chose que nous avions honte de leur parler? Était-ce des secrets qui pourraient briser la famille qu’elle chérissait? Était-ce des mensonges qui tentaient de maintenir un empire en ruine? Être dans l’ignorance la stressait – je le savais – et la blessait plus encore. Si elle pouvait au moins connaître les raisons de ses absences… Peut-être que la jeune fille se permettrait de respirer plus légèrement. Et malgré tout cela, lui en voulait-elle? Je ne le pensais pas.

« Non, répétais-je avec plus de confiance. Personne ne t’en veux. Les enfants se posent des questions, c’est certain, mais ils… ils comprennent. Ne t’en fais pas. »

Non, ils ne comprenaient pas, mais ce n’était pas à elle de régler ce problème. Je soupirais, Venant profitant aussitôt de l’instant pour s’incruster et détendre un peu la tension qui palpitait dans l’air.

« C’est prêt! »

Le Chien s’avança jusqu’à sa patiente, déposant un verre entre ses doigts. Il flottait dans celui-ci un liquide orangé, presque transparent et il était possible de distinguer des morceaux de fruits et quelques fragments de plantes, que je devinais, à l'odeur, être du thym.

« Buvez. C’est un thé fait à partir de citron et de zeste à l’orange dans lequel j’ai mélangé du miel et quelques fleurs de thym, lui confia-t-il en se redressant. La boisson vous aidera à soigner votre mal de gorge et préviendra des quintes de toux trop irritantes. »

Allant jusqu’à la table, il présenta un flacon à Latone.

« Avant d’aller vous coucher, n’oubliez pas de boire cette potion – et, de manière générale, de boire beaucoup d’eau. Je n’ai pas eu le temps d’en fabriquer plus que cela, mais dès demain matin, je vous en fournirai en plus grande quantité, nous apprit l’Eversha en souriant. J’ai utilisé les mêmes ingrédients que pour votre boisson chaude, mais j’ai enchanté ce mélange-ci pour qu’il agisse plus rapidement sur votre gorge. Parce qu’il semblerait que vous soyez atteinte d’une forme particulière de laryngite, dit-il tout en se retournant vers moi, moqueur. Par conséquent, s'il vous agace, ne l'engueulez pas : en revanche, vous avez la permission de votre médecin pour le frapper. »

Je roulais des yeux, marmonnant d'un air blasé.

« Dans tous les cas, je vous conseille de reposer votre voix. Évitez de l’élever, de crier ou de trop la solliciter pour un temps. Avec la médication que je vais vous prescrire, le problème devrait se régler en un rien de temps! Néanmoins, plaçons toutes les chances de notre côté, ça vous va? »

Le Wymeri Shua nous laissa contempler sa dentition alors qu’il nous adressait un sourire ravissant, rangeant les différents pots et outils qu’il remettait dans sa besace. Si sa patiente avait des questions à lui communiquer, l'enfant était tout ouïe. Autrement, il partirait immédiatement rejoindre le laboratoire pour confectionner le reste de la médication promise. Après tout, il sentait bien qu'elle et moi avions beaucoup à nous dire.


1 829 mots | Post IV | Défi de l’Inktober – Jour III : Thé.




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Sam 10 Oct 2020, 22:51



" Non, je veux maintenant. " Limite vindicative, Latone refusait de remettre à plus tard davantage de ses tracas. Miles aurait beau ériger plusieurs murs, elle trouvera toujours le moyen d'en franchir la moitié.

Et encore, la confrontation gardait des cendres froides, tant l'Orisha refusait d'échanger un seul regard. Attentive aux moindres interrogations du Chiot, la battante n'entendra que les réponses à ses questions. Pour le reste, ses iris valsèrent entre l'art de l'alchimiste et l'attitude inquisitrice de l'autre Chasseur. L'appât de la viande la fit difficilement tenir en place, habituée à avoir un appétit vorace avec le corps de Léto. Avec le sien, la demande sera plus atténuée mais pas moins insistante. Ses muscles rivalisaient que peu avec la Chamane et ne ferait pourtant qu'une bouchée de la Kirzor. Bien souvent depuis sa résurrection, ses doigts épousaient l'épiderme comme pour s'assurer de son authenticité, de sa consistance. Le toucher lui procurait plus de sensation que de simplement posséder une enveloppe étrangère. Quelque part, Latone avait hâte de faire face à son premier combat, à ses premiers échanges musclés.

Repensant soudainement à cette question de l'Eversha, la Bleue s'imaginait avec plusieurs bras. Ce serait à la fois bizarre et utile. Elle se voyait très bien pouvoir cogner plusieurs fois un type ou, à l'inverse, s'en occuper d'un plus grand nombre sans avoir à broncher. Cette idée lui arracha un sourire fier. Elle se massa la nuque, sa main désirant descendre plus bas, le long de son dos, sans pouvoir l'atteindre. Depuis la plage, la miraculée se sentait lourde. Alors avec des paires de bras supplémentaires… Peut-être était-ce de là que naissait la réflexion du Köerta. Il semblait confiant à cette idée. Elle fronça les sourcils : bien souvent, ce gars-là parlait avec une arrière-pensée inaccessible. Voilà une autre raison pour laquelle Latone peinait à ne pas s'énerver en sa présence. Des mots clairs, des phrases limpides ; était-ce si dur à pourvoir ?


" Non… " Répéta-t-elle, comme soulagée. Ce qu'il fit à son tour par la suite.

Ceci représentait un poids en moins mais ces chaînes demeuraient si nombreuses. La jeune femme fut égoïste ce soir-là : laisser un tel bazar chez les Köerta, s'en aller sans même dire au revoir, espérer silencieusement que Léto s'occupera des pots cassés… Hélas, s'en remettre à la bonne étoile était trop demandé. Latone exécrait les conséquences, d'autant plus quand on l'embarquait dans de telles histoires. Elle appréciait Kaine, elle adorait Toesia. Mais fichtre, elle n'était pas leur mère. L'Aäsho ne remerciera jamais assez sa bienfaitrice de lui avoir offert de telles pépites de la Vie, de l'avoir plus ou moins préparée à ce moment présent où le Souffle imprégnera son corps jusqu'ici inanimé et décomposé. Toutefois, cette Vie-ci était révolue, malgré le fait que le regard et le baiser du Köerta continuaient de hanter son Esprit.


" Oh.
Fit-elle lorsque le verre se logea entre ses mains. Il était chaud et procurait une sensation agréable. Merci. " Dit-elle en relevant le regard sur le jeune débrouillard.

Acquiesçant à chacune de ses directives, Latone commençait à s'étonner, elle-même, d'être aussi docile face à un adolescent. Peut-être finissait-elle par comprendre qu'elle n'était plus infaillible, ni inatteignable ? D'autant plus qu'elle ne comprenait quasiment rien à ses explications.


" Je ne l'oublierai pas, ô docteur. Ricaneuse, ses iris s'abattirent sur le fameux Miles. Sa légitimité à le frapper lui faisait bien plaisir. La gueulante commençait à capter la fraternité chez les Corvus, ce besoin de s'entraider et de se chamailler pour cultiver l'esprit de groupe. Ça me va. Vous… Elle baissa les yeux, les releva vers chacun d'entre eux comme pour mûrir ses propos. Gênée mais pas moins vaincue par la culpabilité, Latone laissa échapper un soupir avant de détourner le regard et d'atténuer sa mauvaise humeur. Merci de me loger et de prendre soin de moi. " Sincère.

Satisfait de la bienveillance de leur invitée, Venant décida de lui rendre la pareille en lui laissant de l'intimité. Rivière ne suivit guère de suite son camarade, plus préoccupé par le Molosse. Toutefois, leurs échanges silencieux finirent par le convaincre de céder à la demande de Miles et de refermer la porte derrière lui. Un bruit de déglutition vint couper le silence pesant, Latone manqua de se brûler les lèvres avec son thé mais elle avait tellement soif ! Les effets réparateurs furent presque immédiats et elle resserra si fort ses mains sur le récipient pour se réchauffer. Bercée par les vapeurs de la décoction, sa petite voix intérieure semblait vouloir la remercier de cette délicate attention.

Soudain, sans un mot, son attention vira vers la table garnie du fameux plat et, également, de deux carafes pleines d'eau. Elle se leva et usa de l'un des récipients pour abreuver le poirier. Latone tourna le dos à Miles durant cette opération : elle avait bien entendu qu'il n'appréciait pas le surnom donné à son protégé. Tss, il ne pouvait pas comprendre et ne saura sûrement jamais pourquoi. Il était déjà dans la confession en étant conscient de la précédente nature de la ressuscitée ; le noyer encore dans les secrets risquait de causer sa perte. Voire pire.


" Quel dommage pour toi. Railla-t-elle en ne pivotant qu'à moitié, son œil en biais éclatant de malice. Mon précieux médecin refuse que je sollicite davantage ma voix pour répondre à toutes tes questions. " Jun suffisamment cajolé, l'Orisha retourna à sa place.

Sa poigne alla attraper quelques morceaux de viande séchée pour les déchiqueter sous les assauts de sa mâchoire prédatrice. Subtilement salée, cette ration glissait avec aisance le long de son gosier. Sans cesser de mâchouiller et d'alterner avec son thé pour faire passer le tout, Latone fixa Miles avec grande attention. Il ne lui lâchera pas la grappe pour ce soir et elle ne comptait pas en faire autant. Ses pupilles bleutées se perdirent sur l'écarlate de son Troisième Œil. Maintenant qu'ils étaient, disons, plutôt proches physiquement, ce détail l'intriguait.


" Pourquoi il est rouge-orangé ? Son intonation était plus posée, de sorte que d'éventuelles commères ne les entendirent pas. Le mien n'a pas de couleur, comment ça se fait ? Sa main libre s'aventura sur son front et chassa quelques mèches envahissantes, comme pour lui montrer cet Œil translucide et si pur. J'étais une Alfar. Même en tant qu'Esprit, tu as dû le voir. Son bras redevint ballant. Je ne sais pas pourquoi je suis comme ça. La seule explication qui me vient, c'est parce que Léto est née Orisha. Ses épaules s'élevèrent, guère convaincue. D'une manière ou d'une autre, je suis liée à elle. Les Ætheri ont dû trouver cela amusant de me faire ça. Elle sourit en déchiquetant un énième bout de chair. C'est pas grave, tu vas pouvoir me donner quelques astuces d'Orisha. De toute manière, Orisha ou Alfar, elle n'aurait absolument aucune notion de base. Tu es déjà allé à Megido ? C'était un peu le point de départ pour Léto, tu sais. Partir de chez elle pour rejoindre son peuple, découvrir ses coutumes, ses gens. Elle but un coup. Je suis tout autant paumée. Je ne sais pas si… tout recommence pour moi ou si tout continue. " Tant de questions demeuraient en suspens, chacun de leur côté.

La nouvelle Orisha graillait à une cadence folle, au point où il ne restait plus quelques miettes pour terminer en beauté. Quasiment rassasiée, Latone voulut avant tout s'hydrater davantage – sous les bons conseils du Loog – après avoir terminé la boisson bienfaitrice. Les tics de son corps trahissaient une réelle envie de parler, ou du moins de se défouler encore verbalement. Comme si toute l'énergie emmagasinée durant ces années, ces siècles, secouait son nouveau réceptacle. L'Éclat se redressa sur son siège, mains sur les genoux.


" Honnêtement, qu'est-ce que tu en penses ? Elle ne le quitta pas des yeux, elle souhaitait vraiment lui tirer les vers du nez. Je veux dire de ça. Elle se présenta dans son ensemble. Tout ça. C'était surnaturel et cela aura forcément des conséquences sur leur relation. Ils ne pouvaient qu'en parler avant une éventuelle catastrophe. Cette nuit-là, après qu'on se soit battu dans ta chambre, tu m'as dit que j'étais quelqu'un de spécial pour toi. Un silence sans pour autant céder à la fuite, son regard démontrait une réelle appétence pour l'élucidation. Alors quoi, c'est toujours le cas ? " Qu'il parle !


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Miles Köerta
Dim 11 Oct 2020, 23:21



Si l’Eversha avait peut-être cru que ses quolibets n’étaient qu’une plaisanterie, j’aurais dû l’avertir que, dans la tête de Latone, ceux-ci n’allaient pas résonner dans le même écho. Il lui donnait son aval pour me frapper? Bien sûr qu’elle allait le faire sans hésiter – et même sans son autorisation, elle n’aurait pas raté une occasion. Mes lèvres se séparèrent distraitement afin d’échapper un soupir entre leur barrière, ne répondant pas tout de suite à l’inflexion moqueuse et provocatrice de la Marcheuse, alors qu’elle s’occupait de son… poirier.

« Eh bah, tu poses quand même beaucoup de questions pour quelqu’un qui est supposé reposer sa voix », répliquais-je à mon tour lorsqu’elle coupa son flot de paroles d’une pause qu’elle marqua d’une gorgée.

À cet instant, un sourire fendit mon faciès, alors que je me repositionnais confortablement sur l’assise de ma chaise, une main se glissant jusque sous mes cheveux afin de les soulever et d’y montrer la lueur flamboyante de mon Troisième Œil.

« J’sais pas pourquoi il est comme ça, lui avouais-je en portant mes pupilles vers mon front. Et pour tout te dire, personne ne semble connaître la signification de leur coloration, ce qui a fait naître pas mal de rumeurs au sein du peuple. »

Je laissais retomber l’épaisseur de mes cheveux sur le haut de mon visage, cachant ainsi la pierre et les fractures de ma peau.

« Plusieurs croient que la couleur de l’Œil représente notre Destinée : ceux qui auraient une pierre de couleur verdâtre seraient prédestinés à devenir des politiciens, par exemple, alors que ceux qui auraient une pierre de couleur pâle, comme le pastel, seraient voués à prendre le chemin de la religion, et cetera. »

Je les fixais, elle et la pierre diaphane qui gouvernait son front.

« Y’en a qui considère plutôt la couleur comme un gradient de puissance; d’autres pensent que la couleur n’a aucune importance, qu’il s’agit simplement de la reconnaissance des Dieux à notre égard; certains croient plutôt qu'elle aurait peut-être un lien avec nos affinités magiques; d’autres avec le Monde Invisible… »

Je me tus une fraction de seconde, fermant brièvement les yeux.

« Je te parlerai de ce Monde-là un peu plus tard. Déjà, je ne pensais pas qu’elle ait suivi la moitié de ce que je venais de lui confier; peut-être que ça lui passera par-dessus la tête aussi. Quoi qu’il en soit, tout ça pour dire que la nuance de couleur de notre pierre est encore un mystère, même pour nous. Puis, en ce qui concerne la translucidité de la tienne, ne t’en fais pas, elle devrait se colorer… Quand, par contre, c’est la question. La coloration du Troisième Œil n’est toujours pas comprise, elle aussi, mais elle survient à un moment ou à un autre de la vie de l’Orisha, ça, c’est certain, lui appris-je. Encore une fois, y’a une panoplie d’opinions et de conjectures qui circulent à ce propos, mais la plus populaire voudrait que ce soit Delta qui décide quand un Orisha serait prêt à embrasser sa voie. »

Mes épaules se soulevèrent, signe évident du peu de conviction que j’accordais à cette théorie.

« Franchement, je vois pas pourquoi ils accordent encore une quelconque attention à cette entité, peu importe ce qu’elle est. C’est le silence radio depuis la fin de la Guerre des Dieux et pourtant, les Orishas continuent de le vénérer comme une véritable Divinité… »

Ça me dépassait et en même temps, j’avais commencé à nourrir une indifférence éperdue à l’endroit de mes semblables. Surtout depuis qu’ils semblaient avoir rejeté l’intégralité des mœurs passés, ceux-là même qui, à mes yeux, faisaient des Orishas de véritables Libérés. C’est pourquoi, maintenant, je m’étais lentement mais sûrement détaché de mon peuple. Et je ne voyais toujours pas une raison de revenir auprès de lui. J’avais ma vie à Ciel-Ouvert, j’avais ma famille, et mes amis aussi. J’avais embrassé une toute nouvelle voie, celle qui m’avait sauvé, finalement, et qui me correspondait vraiment.

« Ah… Mon regard s’assombrit, son nouveau chatoiement jonglant entre la tristesse et la colère au rappel de ces souvenirs amers. Megido. »

J'avais chuchoté le nom, l'avais à peine fait vibré dans mes cordes vocales, et pourtant, comme un changement de cap radical, un sourire illumina les traits de mon visage. Cet éclat n’était peut-être pas authentique, mais il avait au moins le mérite de briller suffisamment pour dissimuler cette partie de moi que j’essayais d’étouffer, d’oublier, et de laisser moisir dans les ténèbres somnolentes qu’il m’avait été difficile d’évanouir.

« Ouais, j’y ai même habité durant une partie de mon enfance… Mais je n’avais pas envie d’en discuter maintenant : il s’agissait d’une très mauvaise partie de mon enfance. Chouette ville. Toujours dynamique et remplie de vie. Des thermes vraiment reposants, alignais-je, et ce, toujours avec le sourire. Ça te tenterait d’y faire un tour, un jour, pour le voir de tes propres yeux? »

Cela étant dit, je fus assez prompt à abandonner le sujet de la grande capitale des Orishas, écoutant avec attention les paroles de la ressuscitée. Durant un moment, je restais muet, mon regard se portant simplement jusqu’à la fenêtre qui s’ouvrait sur les décors nocturnes de l’extérieur.

« C’est surprenant de constater que, même dans cette vie, on dirait que tes pas t’amènent constamment sur ceux de Léto. »

Fermant les yeux, appuyant mon menton à l’intérieur de ma main, un discret ricanement fit trembler la commissure de mes lèvres à ce constat.

« Tu veux connaître mon opinion? Je pensais surtout que tu es devenue une Orisha à cause de ton esprit. T’es un électron libre, Latone, toujours en mouvement afin de créer ta propre vague. »

Même s’il lui était déjà arrivée de se sentir – et sûrement d’être – écrasée par les volontés d’autrui… Je soupirais. Néanmoins, je comprenais pourquoi elle ne cessait de comparer son être à celui de la Chamane, qu’il s’agisse de son essence raciale, de son corps, ou bien de son propre point de départ. Léto avait été la seule chose qu’elle avait connu pendant un temps. De fait, la blonde était devenue son repère, sa seule référence dans cette nouvelle existence. Peut-être le faisait-elle inconsciemment, peut-être le faisait-elle en parfaite connaissance de cause, mais elle avait certainement raison : ce n’était pas évident de savoir par où commencer, de planter ses propres jalons dans un monde duquel la vie ou le destin t’avait détaché, arraché. Je pouvais, dans une moindre mesure, me reconnaitre dans cette recherche d’identité.

« Hmm? Qu’est-ce que je pense de quoi? »

Je détournais mon regard de la fenêtre, le déposant sur les épaules de la Bleue. Elle était bizarre avec ses questions aujourd’hui… Surtout avec celle-ci.

« … Et pourquoi tu penses que ça ne le serait pas? Répliquais-je en haussant un sourcil, lui faisant volte-face. À moins que tu sois une très bonne actrice prétendant être Latone depuis le début, je ne vois pas pourquoi cela aurait changé, en fait. »

Je penchais la tête sur le côté tout en l’observant minutieusement, l’écarlate de mes pupilles analysant le moindre de ses tics et trépignements.

« Oh! J’ai compris! M’exclamais-je soudainement en tapant mon poing à l’intérieur de ma main. Tu veux un baiser comme preuve, c’est ça? »

Je souris, mutin et insolent, alors que la réponse était en chemin : le verre traversa la pièce en une fraction de seconde, mais avant qu’il ne se fracasse sur le mur dans mon dos, je tendis mon bras pour le rattraper au vol.

« Blague! Humour! »

En abaissant la main, je me mis à éclater de rire.

« Je plaisante, hahaha! T’aurais dû voir ta tête! »

Exhalant les derniers souffles d’hilarité dans ma gorge, je finis par abandonner mon siège pour m’avancer jusqu’au sien, n’oubliant pas de me débarrasser du verre qu’elle venait de me jeter à la figure, ce dernier rejoignant la carafe d’eau vide sur la table de la chambre.

« Sincèrement, tu penses que je m’essoufflerais à essayer de te rentrer un peu de bon sens dans le crâne si tu n’étais pas quelqu’un de spécial pour moi? »

Je me penchais à sa hauteur, pliant des genoux, tout en contemplant son visage.

« Pourquoi cette question, tout à coup? Tu penses qu’avoir le corps de Léto était le seul lien qui nous unissait, toi et moi? »

J’étirais mon bras vers son visage afin de lui envoyer une gentille pichenette à proximité de la tempe, ancrant le vermeil de mes iris dans le bleu, magnifié par la Vie, des siens. Je lui souris avec douceur.

« Eh, rappelles-toi : je te vois, Latone. »

Puis, à nouveau, mes lippes se tordirent pour dessiner un brin d’espièglerie sur mes traits.

« Et ça sera difficile de te manquer avec le corps que tu as maintenant! »

Je me redressais dans un rire, ne lâchant pas pour autant son visage des yeux.

« Dis, histoire que je sois fixé, est-ce que tu ne peux pas me parler de ta réincarnation ou tu ne veux pas? »

À son aveu, je relâchais un soupir tout en hochant de la tête pour lui signaler que j’avais bien compris ce qui se tramait.

« Très bien. Je ne vais pas insister alors. »

J’aurais dû m’en douter après tout : il y avait certains secrets qui ne devaient pas être déterrés. Reculant de quelques pas, je commençais à ranger un peu la chambre. Le lit, immobilisé à l’un des coins de la pièce, était déjà fait, mais les chaises de la table avaient été déplacées par les Corbeaux lorsqu’ils avaient pris en main l'interrogatoire de Latone. Décidément, à défaut de les comparer à des charognards, ils s’étaient vraiment jetés sur elle comme des cannibales en manque de chair humaine. D’ailleurs, faudrait que je trouve une bonne excuse pour justifier sa présence ici, et une autre qui expliquerait les raisons de notre départ. Ah… Pas un instant de répit, hein?

« Besoin d’être éclairée sur d’autres « astuces d’Orisha? »

Mon regard tomba alors sur son assiette, que je ramassais pour le rapporter sur le plateau.

« D’ailleurs, le repas t’allait? T’as encore faim? »


1 699 mots | Post V | Défi de l’Inktober – Jour XI : Cannibale.

J’ai considéré qu’à ce moment-là, la révélation comme quoi Delta n’est pas un Dieu n’a pas encore été faite xD





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Jeu 22 Oct 2020, 18:07



Volontairement théâtrale, la Bleue esquissa une gestuelle faussement innocente. Elle ne put guère retenir un sourire amusé devant les remarques bien trop vraies de l'Orisha.

" Oh, il fallait que je repose ma voix ? J'avais déjà oublié. "

Plus sérieuse, la conversation dévia sur ses préoccupations auxquelles Miles apporta des réponses au moins complètes, sinon sincères. Latone appréciait cette attention, car même si elle dégageait une aura de fierté, elle n'en restait pas moins encore toute bouleversée de cette nouvelle expérience. Une "expérience" qui durera des années, des siècles peut-être, si le sort lui sera encore favorable. Au final, même en côtoyant le Dieu de la Mort en personne, elle ne pouvait pas affirmer si la fin de cette Vie sera de son bon vouloir à lui ou simplement sujette à ses choix à elle. Attentive, Latone dévora les informations du Köerta comme ces tranches fibreuses, une à une et sans s'arrêter. De son retour découla de nouvelles interrogations, dont l'une plus intrigante l'interloqua.

" Le Monde Invisible… ? " Répéta-t-elle, comme pour comprendre ce qu'il en était réellement.

Malheureusement, l'Orisha ne comptait pas lui en parler davantage. Soit c'était beaucoup trop compliqué, soit une occasion plus propice se présentera. Dans tous les cas, Latone n'attendit pas son aval pour y réfléchir de son côté. Comme présenté, ce Monde Invisible ne devrait rien à voir avec le Monde des Esprits. Elle l'aurait su depuis longtemps si les Orishas étaient liés au domaine d'Ezechyel. Pourtant, c'était bien la première fois qu'elle entendit parler d'un tel Monde. Existait-il une autre dimension, encore inaccessible ? Incroyable.

Le mysticisme voilé sur le Troisième Œil n'en demeurait pas moins curieux. Novice d'à peine deux heures, Latone ne pouvait pas donner un avis constructif sur cette curiosité de la nouvelle ère. Un jour, sa pierre se colorera aussi. Elle trépignait déjà d'impatience de savoir ce que cela impliquera. Toutefois, la mention de la divinité effaça toute trace d'euphorie sur son visage. L'espace d'un instant.


" Delta. Elle fronça les sourcils, se remémorant d'un événement dont elle fut témoin en tant que Hozro. J'ai ressenti toute sa puissance le jour où le Continent du Matin Calme sombra. Ce qui devait être un accord politique avec le Luxna se transforma en un effondrement pour Léto Sùlfr. Le même jour, son foyer d'origine coula dans l'Océan et les Ætheri s'entredéchiraient juste au-dessus de leurs têtes. Un frisson la parcourra et lui colla quelques sueurs froides. Honnêtement… je n'en sais pas plus que toi. " Termina-t-elle pour conclure le sujet. Pour tous les deux, la religion s'avérait être délicate à aborder.

La description de Megido fut courte, pourtant satisfaisante. D'emblée, la jeune femme apprit qu'il y avait vécu étant enfant. Où était-il allé ensuite ? Voyageait-il ? Jusqu'où ? À partir de quand s'était-il installé à Ciel-Ouvert ? C'était ironique : en tant qu'Esprit, elle aurait pu connaître toute la vie de Miles rien qu'en discutant avec quelques commères spectrales, en se rendant aux bons endroits. Maintenant qu'elle voulait en savoir plus, cet atout lui fut enlevé. Comme quoi, cette résurrection apportait son lot de regrets.

" Ouais… ça me tenterait bien. Elle planta ses yeux dans les siens. Tu seras mon guide ? Lui proposerait-il un jour ? Je n'y suis jamais allée avec Léto. Elle préfère toujours s'y rendre seule pour visiter sa mère. " Et la voilà une nouvelle fois à mentionner son ancienne maîtresse Chamane.

Miles le nota bien vite, et le fait que cela vînt de lui apportait une étrange appréhension. Et si sa Vie continuerait d'être sous le joug de Léto ? Comme si elle le lui avait supplié, l'Ashkaä lui apporta une réponse rassurante : elle était perdue, au beau milieu de nulle part ; et alors ? C'était à elle de retrouver son chemin. Créer sa propre vague. Elle aimait ça. Cette perspective l'inspirait et lui accordait de l'espoir. Telle une artiste en manque de sa Muse.

Malgré tout, l'Aäsho se rendit bien compte qu'elle ne devait absolument pas baisser sa garde avec le Köerta. Comme toujours, il pourrait profiter de la moindre occasion pour la faire tourner en bourrique. En commençant par cette proposition de bécotage. Sans trop comprendre comment, le corps de Latone s'était mû de son propre chef. Le lancer ne fut pas bien calibré et, de toute façon, rata sa cible, celle-ci bien trop dextre pour la brute qu'elle était. Grogneuse, la Guide détourna le regard afin de mettre un terme à cette mascarade. Miles ne l'entendit pas de cette oreille et son attitude fut bien singulière. Puisqu'il se rapprocha, Latone se mit sur ses gardes et ses iris le suivirent à la trace. De sa proximité générait un resserrement de son poing, juste au cas où il osait engager le mauvais geste… Autant dire que même avec ses précautions, elle ne vit pas venir la pichenette.


" Hé, je vais te mordre ! " Réagit-elle en refermant la moitié d'une paupière. Même si dans un sens, il disait vrai.  

Puis, cette phrase revint. Cette association de mots qui l'avait clouée sur place la dernière fois. Je te vois. "Je te vois." C'était si profond que sa portée n'atteindrait pas n'importe qui. Dans le cas de Latone, ces mots la touchaient plus qu'elle ne le pensait. Ils la faisaient taire. Ils la faisaient réfléchir. Ils la faisaient prendre conscience sans pour autant mettre quoi que ce soit en forme dans le creux de ses pensées. Si Miles ne s'était pas enfoncé dans son espièglerie, cela aurait pu devenir incommodant. En tout pour tout, elle ricana à son tour en terminant son assiette.

" Alors c'est bien ça, ce corps te plait ! Aucune fierté de ce côté-là, simplement elle avait vu juste et cernait de mieux en mieux ce plaisantin. À la première occasion, je le teste contre toi. " Un sourire carnassier apparut sur son visage. Il savait pertinemment ce que cela voulait dire : demain sera une dure journée.

La Marcheuse reprit un air plus neutre lorsque le Molosse tenta une nouvelle fois de comprendre son manque d'éclaircissement. Cette fois, désolée, Latone tenta de trouver une parade plus convenable, pour les deux partis. Elle avait beau retourner le problème dans tous les sens, elle ne pouvait pas plus lui apporter davantage.

" Je ne peux pas. Cela était une certitude. Puis, après une brève réflexion : Et dans un sens, je ne veux pas non plus… " Que ce fût le Destin ou non, sa nouvelle Vie prenait le relais d'une écrasante défaite, encore, face au Bleu Roi. Tel un aveu de faiblesse.

D'une traite, la potion préconisée par l'alchimiste fut engloutie. Un puissant bâillement s'empara d'elle ensuite, qu'elle ne pût réprimander sans être bruyante. Alors que Miles s'attardait à arranger son chez-soi d'infortune, Latone le regardait faire, appuyée contre l'assise. La fatigue s'avérait plus problématique quand on était vivant, elle ressentait bien plus sa lourdeur et son incapacité à faire quoi que ce soit d'autre. L'affliction au creux de sa gorge ne lui faisait presque plus rien, à moins qu'elle ne fût trop anesthésiée pour s'en rendre compte. Lasse, la jeune femme fixait le poirier. Aussi droit et productif que Jun en personne.

" Si tu veux, tu peux prendre une de mes poires… Pour au moins le remercier de l'aide, à noter que c'était une attention précieuse. Je parle du fruit, idiot. " Histoire d'anticiper une nouvelle espièglerie de sa part.

Secouant négativement la tête, Latone quitta la chaise pour se rendre sur le lit. Le moelleux de celui-ci commençait à vouloir la happer. Si elle s'écroulait dessus, le sommeil la rattraperait aussitôt. Pour un instant, elle demeura assise et fixa une dernière fois l'Orisha. La faim n'était plus d'actualité. La combinaison de la digestion, des effets de la potion et du contrecoup de la résurrection s'abattit sur ses épaules et la plongea dans un mutisme qui ne lui ressemblait pas. Puisqu'il ne restait plus qu'à se coucher, la demoiselle affublée de la robe immaculée obtempéra. Elle lutta une dernière fois pour le retenir.

" Comment on dit "je te vois" en Arshalà ? Sa réponse fut entendue et, de son accent imparfait, elle répéta : Aärk ët ëjgsy… " Les paupières vaincues, closes, Latone s'immergea dans sa première somnolence.


1439 mots ~



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Miles Köerta
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Miles Köerta
Dim 25 Oct 2020, 22:45



« E-Eh attends! Tu pourrais au moins… »

… Te coucher sous les draps. Mais il était déjà trop tard, le sommeil l’entraînant inexorablement dans les bras d’Harabella. Sa nouvelle chair rencontra le moelleux de la couche et, sans plus de résistance, la Bleue ferma les paupières, visiblement exténuée par son éprouvante journée. À cette vue, je libérais un soupir tout en dessinant un sourire sur la bordure de mes lèvres, mi-amusé mi-impuissant. À pas feutrés, je me dirigeais calmement jusque dans sa direction.

« Je vais quand même pas te laisser comme ça. »

Par mille délicatesses, surtout pour ne pas la réveiller et me prendre un grand coup sur le nez, j’approchais mes bras de son corps, les glissant successivement derrière sa nuque et sous ses genoux dans l’intention de la soulever. Bandant mes muscles, fléchissant légèrement les genoux, je parvins à la décoller brièvement du lit, faisant aussitôt appel à mes pouvoirs élémentaires pour que ceux-ci façonnent et accomplissent ce que je désirais. Ainsi, je me mis à visualiser plusieurs mains en Métal qui, dans une valse désordonnée, s'agrippaient à l'ourlet des draps afin de les dégager jusqu'aux pieds du lit. Dans le même temps, je me penchais de nouveau au-dessus de la couche, déposant précautionneusement le corps de la nouvelle Orisha avant de rabattre les couvertures jusqu’à la hauteur de son cou. Si elle bougea un instant, comme pour se réinstaller confortablement dans le creux du matelas, elle finit par reprendre un état statique, les yeux clos, le souffle régulier. J'hochais de la tête, sincèrement content.

« Douce nuit, lui souriais-je affectueusement. Fais de beaux rêves, Latone. »

Je me décalais d'un pas vers l'arrière, détournant le regard quelques secondes pour observer le poirier. Elle devait être ignorante de l’Histoire, d’où le choix plus que discutable de cette appellation douteuse, mais… ce n’était pas le nom qui faisait le goût, n’est-ce pas? Hésitant, malgré la permission de la Marcheuse, je finis par cueillir l’une des poires de l'arbre, me demandant toujours pourquoi elle était apparue avec ce truc entre les mains, pourquoi, de tous les noms qu'elle aurait pu trouver, elle s'était satisfaite de ce dernier… Je pris une bouchée du fruit, mâchant lentement la chair tendre et sucrée de celui-ci. Hum… C’était pas mauvais en tout cas. Refermant la porte de sa chambre, la mâchoire en plein travail de broyage, une pensée fugace me traversa l'esprit alors que je m'engageais dans le couloir. Je me demandais si, en tant que spectre, il lui avait été possible de rêver. Comment était-ce de dormir pour la première fois depuis tant d'années, de décennies, de siècles? Je jetais une dernière œillade en direction du battant, me disant finalement qu'elle pouvait profiter de cette Vie qu'elle avait tant voulu embrasser. Qu'elle pouvait désormais en profiter pleinement. Cependant, malgré toute la joie que je pouvais partager avec elle à la suite de cet événement, une réflexion ne cessait de me hanter, de tourner à l'intérieur de mon esprit, ternissant inévitablement cet enthousiasme candide. Léto. Les enfants. Je déglutis. J'étais égoïste, mais en même temps, je ne pouvais m'empêcher de craindre les conséquences que cette nouvelle réalité puisse engendrer au sein de ma famille. Qu'est-ce qui allait se passer maintenant?



~ Bonjour, Miles ~



Quand mes paupières se soulevèrent de nouveau, seules quelques vagues souvenirs des réminiscences que j'avais exploré cette nuit persistaient au creux de mon âme. Toutefois, je n'eus le temps d'y repenser, l'éclat scintillant et agressif du Soleil assaillant presque aussitôt la rétine de mes pupilles. Maugréant quelques paroles épaisses et incompréhensibles, je remontais mes couvertures jusqu’à mon visage. Cependant, mon mouvement fut soudainement interrompu par l’intervention de Darsil, qui rejeta sans pitié le drap, qui me couvrait, jusqu'à la hauteur de mes cuisses.

« Debout feignasse! Tu comptes dormir encore longtemps?

- Mmm… Expirais-je en enfouissant mon visage dans l’oreiller. Ta gueule, Skhare. Juste cinq petites minutes, tu veux? »

Si j’adorais le Fennec en temps normal, le matin, en revanche, c’était une toute autre histoire. Sa voix me paraissait dix fois plus détonante que d’accoutumée; son énergie, j’avais l’impression qu’il la puisait directement de mes veines, tant il consommait ma vitalité.

« Comment tu peux être autant fatigué alors que t’es allé te coucher bien avant moi?

- C’est peut-être toi qui n’est pas normal, à te réveiller avec autant d’énergie dans le corps et de mots dans la bouche.

- Toujours aussi grognon le matin, dis donc.

- Chuuut… Je m’en fous. Je veux juste reposer mes yeux cinq minutes, alors baisse d’un ton, s'il-te-plaît. »

Quoi qu’à présent, je n’étais plus du tout étreint par les délices du sommeil, l’embrun créé par ce dernier s’étant progressivement dissipé au fil de la conversation. Ma poitrine se souleva exagérément jusqu’à ce que je relâche la respiration. Une longue journée m’attendait à la sortie de ce dortoir et c’est pourquoi il me fallait emmagasiner toute la vitalité qu’il m’était possible d’accumuler.

« Ah oui, d’ailleurs… »

Le silence se prolongea et je poussais un soupir, tournant légèrement la tête sur mon coussin pour planter l’une de mes pupilles dans sa direction. C'était quoi ce suspens?

« … Tu peux continuer, tu sais, je suis réveillé.

- Venant voudrait que tu le rejoignes dans les laboratoires pour qu'il puisse te donner euh... les potions. Il m'a dit que tu saurais de quoi il parle.

- Ouais, les potions pour Latone.

- C'est vrai ce qu'on raconte sur elle? »

Cette fois-ci, l’entièreté de mon visage se tourna dans sa direction, un sourcil relevé et un air confus rajoutant à la surprise que cette déclaration déclencha chez moi.

« Hein?

- Bah, tu vois, l’histoire d’hier a fait un peu le tour de la Confrérie et on est plusieurs à être curieux, pour tout t'avouer. »

- Elle n'est pas un animal de cirque, allez!

- Tout de suite! Tu sais qu'est-ce que je veux dire! Puis, personnellement, ça me rend d'autant plus curieux, étant donné que j'étais pas au courant de son existence. Rivière non plus d'ailleurs : ça le travaille un peu, on dirait.

- Et qu'est-ce que tu veux savoir? Expirais-je, sans protester.

- Où vous vous êtes rencontrés? Vous couchez ensemble, c'est quoi? C'est ton amante secrète? »

Je battais rapidement des cils, à défaut de plaquer ma paume sur mon front. Par les Dieux…

« Vous êtes intenables. Puis, c'est pas d'vos oignons.

- Hum. »

Je pouvais sentir son regard, rempli de malice, sur mes épaules. Si j’avais réussi, par miracle, à faire entendre raison aux Corbeaux qui s’étaient occupés de son cas, hier, j’aurais espéré que cette histoire ne fasse plus trop parler d'elle. C'était peine perdue. Avec plus de force encore, je rentrais mon visage dans le moelleux du coussin, étouffant une nouvelle exclamation de résignation avant de relever la tête :

« J’ai compris. Je sors du lit et je me prépare.

- C'est un oui ou un non?

- Non. Je ne couche pas avec elle. C'est... »

Je me tus, ne trouvant pas les mots justes pour définir notre relation. Nous étions des partenaires de crime? Des confidents? De bons amis? Le Fennec, à mes côtés, étira un large sourire, amusé par mon embarras évident.

« T'en fais pas. On sait tous à quel point t'es fidèle à ta femme. Un vrai petit chien. »

Avec toute la hargne du matin que je pus concentrer dans mon bras, je lui balançais l'oreiller au visage.


1 245 mots | Post VI | Défi de l’Inktober – Jour XXII : Rêve.

Si tu veux, pour moi, Latone est libre de ses mouvements, maintenant que Miles a plus ou moins réglé le souci avec les autres Corbeaux xD Si elle a besoin d'aller manger, la cantine se trouve dans un bâtiment annexe aux dortoirs : les Corbeaux seront ravis de lui indiquer le chemin ^^ Si tu veux continuer de jouer dans la chambre (c'est drôlement dit comme ça... /sbaf/) et si tu en as besoin, tu pourras jouer Miles comme s’il est arrivé dans la chambre de Latone, aucun souci 😉

Miles utilise les pouvoirs suivants :
- Création du Métal
- Contrôle du Métal





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Latone
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Latone
Dim 01 Nov 2020, 18:45



Soudainement éveillée, les paupières de Latone s'ouvrirent brutalement. Ce fut sa première nuit en tant qu'humaine, une première expérience aussi légère que troublante de sa nouvelle Vie. Aucun rêve, aucun cauchemar. Simplement le Néant. Ses sourcils se froncèrent, comme si quelque chose clochait. Le concept de Rêves lui échappait encore, alors qu'autrui en parlait avec une telle précision. Ni Harabella, ni Elzédor ne semblait vouloir d'elle. Pour le moment. La jeune femme n'en était pas moins déçue. En vérité, consciente que ses pouvoirs de Conservatrice ne lui appartenaient plus, Latone pensait que la piste de la Nuit pourrait la renouer avec Lolaha. Cette fois était un terrible échec, mais peut-être que la prochaine sera la bonne… Sinon, comment fera-t-elle ? Comment dépasser le Bleu Roi, comment comprendre Linos ?

Toutes ces interrogations la saoulèrent hâtivement. La Bleue poussa sur ses coudes pour remonter, s'extirper de cette couverture dont elle oubliât l'existence. Elle bailla, alors que ses iris disparates balayèrent pour constater l'absence d'individu. Plus particulièrement de Miles. Un rideau ondulait face à une ouverture sur l'extérieur, de doux et chauds rayons solaires envahirent la pièce pour lui souhaiter la bienvenue. Bienvenue dans cette nouvelle journée. Quelque part, Latone était foncièrement mécontente de ne pas être accueillie par quiconque si ce n'était les phénomènes naturels. Où était Miles ? Elle quitta le lit et s'étira. Ah oui, cette robe… Enfin le temps de s'en débarrasser ! Sans sommation, elle la passa par-dessus sa tête et la jeta dans un coin de la pièce. Ils n'auront qu'à la brûler, elle s'en foutait. Durant quelques secondes, Latone observa une nouvelle fois cette enveloppe charnelle qui lui était sienne. Pas de cicatrices, pas de muscles aussi développés, juste… le corps d'une femme un peu robuste. Elle se sentait à la fois déconcertée et familière avec. Difficile à décrire. Elle jaugea la force de ses mains en formant un poing, à répétition. La Marcheuse se rappela alors que n'importe qui pouvait pénétrer en ce lieu, à tout moment. Elle attrapa la pile de vêtements offerts et commença à trier pour y aller étape par étape. Les sous-vêtements étaient trop serrés à son goût, tant pis ! Le reste de la tenue était assez légère, plutôt ample, rien qui se rapprochait des gros manteaux ou des fourrures de Ciel-Ouvert. Un haut beige, sans manche, mettait en valeur ses bras et comprimait ses abdominaux naissants, il laissait une vue plongeante sur son cou et le tout début de son buste via les lacets censés maintenir en place le tout. Le bas contrastait par ses teintes foncées, son chemin s'étendant jusqu'aux bottes à talons, guère hauts. Une longue veste attendait son tour sur la table, Latone ne s'en équipa point encore.

De plus grandes préoccupations hantaient son esprit : à commencer par son appétit.


~~~

" Je voudrais une grande carafe d'eau. Et ça, ce sont des pâtisseries… aux fruits rouges ? Je prends aussi. " Le plateau commençait à être bien garnie. Pourtant, rien d'étonnant : grande fille, grande faim.

Latone tenait fermement son déjeuner entre les mains. Méfiante, elle jeta des regards sans gêne. Bien évidemment, les Corvus l'épiaient avec attention, certains en parlaient à voix basse. Elle ne parvenait pas à les entendre mais leurs yeux en disaient longs. Tant qu'on ne lui barrait pas le chemin, elle n'aurait qu'à gueuler pour se détendre, rien de plus. Ce serait dommage de gâcher un si bon repas… Enfin, même si la plupart pouvait se montrer indiscret, ils s'étaient présentés comme aimable à son encontre. À peine sortie de la chambre qu'elle fut abordée par l'un d'eux, qui lui indiqua gentiment la cantine. Ils étaient nombreux, attablés à discutailler et boustifailler. Dans un sens, ils lui rappelaient les Marcheurs. Une ambiance qui l'apaisait, au fond.


" Salut. Latone se tourna vers la patrouilleuse, celle de la veille. Un regard amusé s'illumina chez cette dernière, après avoir remarqué la phénoménale quantité de nourriture. Cela vous dirait de manger avec les gars ? " Elle désigna un groupe plus loin, la Bleue reconnut, en outre, le collègue de cette femme.

" Non. L'Orisha fronça les sourcils, consciente que c'était un peu sec pour pas grand-chose. Je… En fait, je dois retourner à la chambre. Il y a ce petit, euh, Venant, qui doit me donner des potions. Mal de gorge, quelque chose comme ça. " Elle toussota pour de faux, malgré tout on discernait, il était vrai, un certain mal. De plus, hors de question de laisser Jun sans protection !

" Compris. Je vous raccompagne ? Histoire qu'on ne vous importune pas davantage. " L'invitation la séduisit alors elle acquiesça, reconnaissante.

Portia, la patrouilleuse en question, ne l'interrogea sans réelle insistance. Juste les fondamentaux comme la santé de l'Orisha, si aucun Corvus ne la dérangeait, etc. À vrai dire, le chemin pour rejoindre son cocon était bien court, ce qui ne laissa guère de temps à la Corvus de sympathiser avec la Marcheuse. Puis, cette dernière était très intéressée par le futur carnage qu'elle fera avec son petit-déjeuner, cela se remarquait aisément par son regard obnubilé par son acquisition et ce début de bave qui s'agglutinait dans un coin de sa lèvre.


" Vous avez une telle hargne que les Corvus Æris seraient ravis de vous compter parmi eux. Cela ne vous dirait pas de chasser des monstres ? "

" J'ai mes propres monstres à chasser. Et ceux-là sont souvent des Hommes. Des ordures.
Portia se remémora qu'elle venait de Ciel-Ouvert, ainsi donc affiliée avec la Marche Terne. De toute façon, je pars aujourd'hui avec Miles. "

" Ah oui, Miles.
Un sourire amusé se dessina sur les lèvres de la patrouilleuse, avant de lui chuchoter : Entre nous : Miles, c'est qui pour vous ? " Encore cette question ?!

" C'est quelqu'un…
Le regard de Portia, déstabilisant, l'obligea à approfondir cette fois. Que j'apprécie ? " La chance, on arrivait devant sa porte.

" Ça a l'air compliqué. Mais d'accord, je vous laisse. À une prochaine fois peut-être ? " Et Latone resta dubitative.

En rentrant dans la chambre, la jeune femme se demandait vraiment pourquoi elle devrait préciser leur relation. Tant qu'ils se connaissaient, surtout parce qu'ils étaient limite voisins, c'était suffisant, non ? Tss, on avait encore le don de la saouler, même dans cette Vie. Puisque son estomac manifestait son intention d'être relou, Latone fila s'attabler pour dévorer dans un ordre bien désordonné son repas tant attendu. La faim vorace semblait être une autre conséquence de sa renaissance. La Bleue doutait être aussi gourmande que sa comparse blonde, difficile de suivre l'appétit de la Chamane. Enfin, elle ne s'en plaignit pas, drôlement accaparée par le goût des aliments qui se succédaient. Le sucre lui apportait une nouvelle dose d'énergie, un regain de vigueur fort appréciable. Quant aux boissons chaudes qu'elle commandât, leur pouvoir mystique redonnait une seconde jeunesse à sa gorge malmenée.

Au bout d'un certain temps, sans avoir terminé sa besogne, la porte s'entrouvrit sur un visage familier. Une tignasse immaculée, des yeux injectés de sang, et un rictus qui avait le don de la sortir de ses gonds.


" Bonjour, Miles. " Elle croqua son dernier morceau de pâtisserie.

L'Orisha albinos lui rapporta lesdites potions, un geste qu'elle remerciât silencieusement en saisissant l'une d'elle. Cet alchimiste semblait s'être surpassé étant donné la quantité de médicaments. Une potion avant de dormir, c'était noté. Cela étant, Latone fixa le Köerta. Un souvenir bien pénible revint en surface.


" Tu ne m'as pas embrassée quand je me suis endormie, cette fois ? Parce que je suis en forme pour te casser les os. Avant d'enchaîner sans transition sur : Il manque une poire. Elle pointa l'index en sa direction, accusatrice. T'as goûté. Alors ? T'aimes bien ? Soudain, son visage s'illumina d'enthousiasme. Oh ! Et le bateau ? C'est bon ? On rentre ?! "


1315 mots ~



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Miles Köerta
Dim 08 Nov 2020, 22:53



« Salut Latone. »

En pénétrant à l’intérieur de la chambre de la nouvelle Orisha, mes yeux naviguèrent naturellement jusqu’au repas qu’elle venait d’engloutir. L’odeur alléchante qui persistait à l’intérieur de la pièce me rappela que mon propre ventre était bien vide. Dès mon réveil, je m’étais directement dirigé jusqu’à l’Althiass afin de rejoindre les laboratoires des Alchimistes et récupérer les potions de Venant. Puis, me voici à présent, pauvre chasseur indigent qui n’avait eu la brillante pensée de faire un crochet à la cantine pour attraper quelque chose à manger. Bon, ce n’était pas si pressant que cela de toute façon : j’avais encore un peu de temps devant moi avant que nous quittions le terrain de l’Althiass pour nous enfoncer dans la Forêt des Hauteurs et rejoindre la plage sur laquelle nous attendait notre bateau de voyage.

« Je suis allé aux laboratoires chercher ta prescription. Tiens, voilà. Et pas besoin de me rembourser : Venant nous a fait un prix d’amis », lui dis-je en la gratifiant d’un clin d’œil.

Déposant ma besace magique sur l’une des chaises inoccupées de la table, je présentais les fioles à la Bleue, dont l’une d’entre elles finit entre ses mains.

« Pour l’instant, on pourra les garder là-d’dans, à l’intérieur de mon sac. Elles ne risquent pas de se briser au moins, lui dis-je tout en lui expliquant les propriétés magiques de ma besace. Tu m’attends quelques minutes? J’aimerais aller me chercher quelque chose à manger à la can–

- Tu ne m'as pas embrassée quand je me suis endormie, cette fois? »

Mon pas se suspendit devant la porte de la chambre en même temps que mon corps, dans un pivot rapide, lui fit volte-face. Mes paupières clignaient follement devant mes yeux tandis que ma bouche se tordait dans une drôle de grimace, comme pour refréner le rire nerveux qui était en train de me brûler les lèvres.

« Q-Quoi? »

L’une de mes paumes remonta jusqu’à mon visage pour en cacher une partie, un gloussement s’échappant d’entre mes doigts, pendant que mon regard ne se détachait plus du faciès de la jeune Orisha.

« Et risquer que tu détruises une nouvelle chambre? »

J’étirais un sourire malicieux à son endroit.

« Ne t'en fais pas. Je ne t'ai pas embrassé. Alors tu peux ranger tes muscles, ils ne te seront pas utiles pour le moment. »

Ayant complètement tourné le dos à la porte cette fois, je m’y appuyais nonchalamment, les bras croisés.

« Ah oui, la poire, exhalais-je simplement en me redressant afin de regarder dans la direction de l’arbre fruitier. Pas mauvais, contrairement au nom que tu lui as choisi. Tu sais qu’en Zul’Dov – c’est la langue des Réprouvés – ça veut dire « laid » ou « hideux », quelque chose dans ce style? Et que c’est également le nom porté par un ancien Empereur Noir? »

Qu’elle sache, au moins, l’erreur stupide qu’elle avait fait en donnant un nom pareil à cette plante.

« Il est pas trop tard pour changer, lui conseillais-je en haussant des épaules face à l’évident entêtement de l’Orisha, cherchant, après coup, à capter l’éclat du Soleil qui traversait le verre de la fenêtre. Ouais, on rentre aujourd’hui. Tu devrais commencer à préparer tes affaires, par ailleurs. On a de la marche à faire avant de rejoindre la plage. »

Ça me donnait tout juste le temps de paqueter mes propres bagages et de manger un rapide morceau avant de quitter le terrain de l’Althiass. En portant une œillade sur les différents éléments de la pièce, je remarquais également que les préparations de la Bleue ne devraient pas prendre trop de temps, compte tenu du peu d’objets et de vêtements qu’elle possédait.

« J’me suis renseigné, et on mettra les voiles avec quelques-uns des groupes de Chasse qui ont été appelés à rejoindre le Continent Naturel pour différentes missions. Ça te permettra de parler à des gens, et de voir l’Océan aussi. »

Mes yeux pétillaient, une question dansant sur le bord de mes lèvres.

« Excitant, hein? C’est quand la dernière fois que tu as fait un voyage en bateau? »

J’étais curieux, et elle aussi. Nous parlâmes ainsi pendant plusieurs minutes, alors que je lui racontais certaines anecdotes de mer que j’avais vécu au cours de mes propres affectations. Cependant, à un moment, je m’arrêtais brusquement, mes oreilles percevant quelques agitations à l’extérieur. En me rapprochant de la vitre, je remarquais le mouvement d’un premier groupe de Corbeaux, et je compris rapidement qu’ils devaient être, eux aussi, des passagers de notre navire.

« Ouhla! Par contre, on parle, mais le temps file. Je pars à la cantine avaler un truc et on se rejoint devant les portes de l’Althiass? Lui proposais-je en désignant, depuis sa fenêtre, l’immense manoir aux toits pointus et aux couleurs sombres que nous étions en mesure d’apercevoir. Ça te va? Parfait! Assure-toi de ne rien oublier surtout. On se retrouve dans vingt minutes devant l’Althiass. À tantôt! »

Attrapant ma besace magique d’une main, je quittais la chambre tout en la saluant de la main, filant droit vers les cuisines. Dans le pire des cas, si je sentais que le temps me rattrapait, je n’aurais qu’à fourrer un peu de bouffe emballée dans mon sac. Ça nous fera également quelques collations.



Comme convenu, nous nous retrouvâmes devant les portes de l’école des Corvus Æris et, comme escompté, Latone n’avait que peu de bagages à emmener pour le voyage. Tout en lui adressant un sourire, je lui fis signe de me suivre : nous allions rejoindre l’un des groupes de Chasse pour nous rendre jusqu’à la plage.

« Je les ai croisé en chemin et ils ont accepté que l'on se joigne à eux. »

Saluant, au loin, les quelques individus du groupe qui nous attendaient à l’orée de la Forêt des Hauteurs, je finis par me tourner vers Latone, l’examinant du regard pendant un instant.

« Et la robe? » Demandais-je soudainement en reportant mes yeux dans les siens, curieux.

Lorsque j’entendis sa réponse, un rire s’échappa de mes lèvres, hilare.

« Tu ne l’aimes vraiment pas, dis donc! Elle n’était pas si mal pourtant. »

Léger, mon rire finit par s'essouffler de lui-même à l'intérieur de ma gorge, à l'instant même où nous nous arrêtâmes en arrivant à la hauteur de nos compagnons de voyage. Ces derniers tempérèrent le flux de leurs conversations ainsi que la portée de leur voix dès que nous fûmes à leurs côtés et, dans un sourire, je tendis l'une de mes mains en direction de Latone afin de l'introduire à mes comparses.

« Salut tout le monde! Je vous présente Latone. C'est une amie à moi, et elle fera le voyage avec nous jusqu'au Continent Naturel. »

Tapant gentiment sur l'épaule de la Bleue, je l'invitais à leur dire quelques mots, histoire de marquer officiellement le contact. Chacun autour d'elle la salua chaleureusement en retour, d'un signe de la main ou du menton; d'un sourire ou d'une simple et brève introduction, et ce, jusqu'à ce que le chef du groupe nous avise qu'il était l'heure d'avancer.


1 194 mots (sans les paroles de Latone) | Post VII




[A] - Aärk ët ëjgsy | Miles Signat16
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Latone
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Latone
Sam 14 Nov 2020, 16:52



Yeux plissés, Latone n'avalait que guère les allégations de Miles. N'importe où, il serait capable de profiter d'elle et de la sortir de ses gonds. Malgré tout, cet esprit de camaraderie, animant les Corvus, lui fit prendre conscience du respect de leurs liens. Il n'aurait jamais essayé de la pousser à bout au point de détruire le mobilier ; après tout, il avait bien réussi à la calmer la veille. Ses épaules se détendirent sous l'injonction de l'Orisha et se contenta d'accepter qu'elle n'eût aucun souvenir d'une nouvelle tentative d'embrassade.

Durant un très court instant, un sourire ravi se dessina sur son visage. Lui aussi aimait bien ces poires. Toutefois, le Köerta perdit aussitôt des points en remettant en cause le nom choisi par ses soins. Elle croisa les bras et afficha un air grognon, plus ou moins silencieuse. Cette attitude était typique chez Latone : quand elle refusait de répondre totalement et qu'elle n'était pas contente. Exactement comme la fois où il insistait pour comprendre les tenants et aboutissants de sa résurrection.


" Tu ne peux pas comprendre. " Encore une fois, c'était juste pour le protéger.

Tout cet inconfort fut balayé par l'imminent départ. Latone serrait déjà les poings à l'idée de partir, toute excitée. Comment les Marcheurs réagiront ? Comment les Guides l'accueilleront ? Sera-t-elle encore plus réceptive aux Chants, à présent Vivante ? Qu'est-ce que cette Vie lui réservait ? Tant de possibilités se dessinaient devant elle, malgré toutes les contraintes et l'unique chance que l'Æther lui offrait. Aussitôt annoncé, Latone cherchait déjà à préparer ses affaires. Son attention virevoltait partout dans la chambre : oui, le poirier, bien sûr, mais quoi d'autre, hmm…


" En bateau ? Répéta-t-elle, éberluée, pour se recentrer sur la conversation. Ses yeux se levèrent au plafond, elle se souvenait effectivement de quelques anecdotes. La première fois, j'étais dans le corps de Léto. Littéralement, son Esprit n'existait pas à proprement parler. Iris fixés sur lui, elle continua son histoire. En gros, je me suis frottée à des pirates à Sceptelinôst. À l'époque, j'avais encore un certain contrôle, du coup j'en ai profité pour me faufiler dans un navire et je suis allée dans la cale, car je me disais "hé, il doit y avoir un trésor là-dessous !" et ben pas du tout. Là, Léto a repris ses esprits et elle s'est retrouvée coincée avec les pirates, en pleine mer ! Sauf qu'ils ont reconnu sa trogne et ont voulu l'inviter à une fête sur une île nommée "Nériona", genre un endroit où des pirates se réunissent pour une grosse beuverie. Je crois que l'île flotte sur la Mer de la Méduse. Bref ! Léto, ne pouvant pas faire grand-chose d'autre, a accepté. Et avant qu'ils débarquent, finalement, elle a décidé de me laisser faire, parce que selon elle : "Latone s'intégrera bien mieux dans une foule de flibustiers que moi." Ah ! Sur le coup, je me suis sentie flattée et j'ai fait ce qu'on attendait de moi : être moi-même. Alors j'ai gueulé : "À L'ABORDAGE !", j'ai frappé le capitaine et pris la barre ! J'ai dirigé le bateau tant bien que mal parce que ces imbéciles se ramenaient un à un pour me faire déguerpir. Et enfin, j'ai fini par faire échouer le bateau sur une plage de Nériona, parce qu'on n'était vraiment pas loin lorsque je suis apparue. La Descente ! Voilà ! " Terminant son récit par un levé de bras théâtrale, l'Orisha sourit de pleines dents pour témoigner de sa fierté.

Oh bien sûr, il y eut quelques autres occasions, mais celle-ci fut la plus marquante. En plus, c'était aussi à Nériona qu'elle rendit honneur à son titre. Irruption soudaine et inattendue, consommation excessive d'alcool malgré les conséquences néfastes sur l'enveloppe de la Sùlfr. Elle n'était pas forcément fière d'avoir été une calamité pour la Chamane, même elle en riait encore.


" … Et toi ? " Curieuse, elle fut on ne peut plus attentive aux histoires de l'autre Orisha, se sentant davantage en confiance en sa compagnie.

Plongée tout autant dans le fil de l'échange, Latone ne capta guère de suite qu'ils feraient mieux d'écourter ce moment. Elle approuva les instructions de Miles et le laissa partir. De nouveau, son regard balaya cette chambre qui ne serait plus sienne. On lui avait laissé un sac pour le voyage. Un jour, elle songera à remercier leur bonté.

Les premiers êtres à être témoin de la résurrection de Lolaha Kirzor.


~~~

" Chouette. " Émit-elle à la nouvelle du Köerta.

Les sangles resserrées sur ses épaules, la Guide fit attention au moindre mouvement brusque pour ne pas affoler le pauvre Jun qui étouffait à l'intérieur du paquetage. A vrai dire, étant donné la nature divine du fruitier, elle doutait qu'il crèverait du voyage. Malgré tout, connaissant les manigances de son propriétaire de base, Latone demeura méfiante.


" Quoi "la robe" ? Lorsqu'elle comprit enfin de quoi il parlait, elle s'exclama. Oh, celle-là ! Je l'ai balancée dans un coin de la pièce. J't'avais dit que je ne l'aimais pas. Sans cesser de le suivre, elle le fixa se marrer avec un air grognon. Pourquoi tu rigoles comme ça ? Sa réponse la déconcerta, la jeune femme ne pensait pas qu'il aimait ce genre de lingerie sobre. Elle baissa la tête, sans rien dire au début, avant de confier plus bas : J'en aurai d'autres… si tu veux. " Il était spécial après tout.

Arrivée à hauteur du groupuscule, Latone les darda dans l'ensemble de par sa taille colossale. Pourtant, une bonne partie des effectifs ne la craignait guère, elle n'imposait pas forcément par rapport à tout le monde. De nombreux cas pouvaient s'opposer à son ascension, et la Bleue en prenait chaque jour conscience. Elle fixa de biais la main de Miles sur son épaule, s'étant résolue à ce qu'il ne la touchât pas maintenant qu'elle n'était plus Léto. Le contact, voilà un aspect qui la décontenançait encore, en tant qu'ex-défunte.


" Salut, je rentre à Ciel-Ouvert, c'est pourquoi je vous accompagne. Sans rompre le visu, sa main opposée alla chercher celle de Miles sur son épaule, pour l'agripper du bout des doigts et la retirer. Elle fit comme si de rien n'était, ce qui amusa quelques Corvus. Merci de me laisser embarquer, et voilà, au bateau ! " Son manque d'expérience pour la communication se faisait cruellement ressentir. Au moins, personne ne lui en tint rigueur.

Le glas du départ sonné, Latone resta aux côtés de Miles. Point une question de méfiance envers autrui, simplement habituée à se tenir auprès de lui. Elle écouta les sujets fusés le temps de la marche, sans y participer volontairement. Car, en tout premier lieu, un détail retenait constamment son attention : la Forêt des Hauteurs. Lorsque les patrouilleurs l'avaient repêchée sur la Plage de Roc, ils étaient forcément passé par ce biome pour l'escorter. Maintenant qu'il faisait jour, Latone pouvait admirer de ses propres yeux toute la singularité de cet endroit. De grands yeux émerveillés cherchaient à capter l'apex des arbres.


" Tout est immense ici ! " S'écria-t-elle alors, attirant l'attention sur elle.

Sans plus attendre, elle questionna notamment sur la faune locale, se demandant spécifiquement si elle suivait le gigantisme de la flore. Néanmoins, la Confrérie s'était si bien implantée dans la région que tout risque de mauvaise rencontre serait fortuite. Après tout, même la veille, Latone n'avait pas fait gaffe si des créatures sauvages rôdaient non loin. Elle observa les fougères géantes, suivit le cours des racines pour ne pas se vautrer de manière pitoyable. L'oxygène animait ses poumons d'une énergie toute particulière. Pour un peu, Latone ne refuserait pas de s'aventurer davantage dans ces terres sauvages, pour le restant de la journée.

Cependant, ils finirent par arriver à la démarcation où leur voyage continuerait par les flots. Latone contenait bien son enthousiasme, comme si elle renaissait en tant que femme forte, en ce jour bénie. Un nouveau jour. Un nouveau départ.



1387 mots ~



By Jil ♪
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