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 [Q] - Découvrir | Isiode

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Sam 02 Mai 2020, 22:51



Découvrir



« Hé ! On va fermer ! » Le tavernier fixa la touffe de cheveux brune qui reposait sur le comptoir. La main de l’homme qui était affalé là tenait un verre de whisky mollement. « Hé ! Tu m’entends ? » Jun releva la tête, la pencha sur le côté et esquissa un sourire effronté. « Malheureusement oui. Tu ne voudrais pas rester ouvert toute la nuit ? Parce que ça m’arrangerait, vraiment. J’ai un rendez-vous avec une bande de trous du cul bientôt. » Les Esprits du Temple, autrement dit. Bientôt, c’était relatif. Il pouvait bien décider que ledit rendez-vous aurait lieu dans un millénaire s’il le désirait. « J’ai déjà retardé l’heure de la fermeture. » soupira l’homme en essuyant un verre. L’ancien Chaman regarda autour de lui. « Ah… » Il était tout seul. « Ça fait longtemps que je n’ai pas bougé ? » « Deux heures au moins. » Il grimaça. Entre temps, il s’était occupé de différentes choses à différents endroits et dans différents Mondes. Peut-être un peu trop. Normalement, il faisait ça en quelques secondes mais il avait dû perdre le fil, encore. L’Univers ne voulait pas se donner entièrement à lui. C’était agaçant, toutes ces zones d’ombre. Que faisait-il ici déjà ? En réfléchissant, il leva ses fesses du tabouret avant de finir son verre. « T’as une sacrée descente. » commenta le professionnel. « Et une sacrée vessie aussi. » « Je suis plutôt sacré, oui. » répondit-il dans un sourire amusé qui se termina en un rire léger. « Tu as un endroit où dormir ? » « Autre part que sur ton comptoir ? Oui, je devrais pouvoir trouver ça quand j’irai me coucher. Là j’ai quelque chose à faire. » Il était ivre sans être ivre, un état un peu intermédiaire. Le Monde dans lequel il était allé l’avait légèrement déphasé. Il n’était même plus rasé. Parfois, il se demandait s’il ne devrait pas se laisser pousser la barbe et attacher des breloques dedans pour rire, avant de se rappeler qu’il était maniaque et que tous ces poils le dégoûtaient profondément. « À cette heure ? » « Il n’y a pas d’heure pour rapprocher deux glands. Si seulement l’un d’eux pouvait se servir du sien, ça arrangerait tout le monde. » Lui, en fait. Pourquoi insistait-il autant ? Il avait simplement fait un pari avec Méli. Ils s’étaient interdits mutuellement de regarder plus en avant. Lui pensait qu’ils allaient finir par conclure et elle non. Autant dire qu’ils étaient tous les deux particulièrement attentifs à ce qu’il se passait dans la vie des deux Mortels. Peut-être trichait-il un peu mais elle en faisait autant. Tout ce qui les séparait était de son fait à elle. Pour l’Æther liée aux Faes, elle était décidément bien fourbe.

Jun apparut à Orhmior. Il prit une grande inspiration, marcha un peu, se téléporta, joua avec le temps et fit même quelques pas de danse, destinés à Méli lorsqu’elle se rendrait compte qu’il était intervenu. « Hé oui, ma vieille. C’est moi qui commande. » En réalité, ça ne se faisait pas trop. Cela dit, vu qu’il avait déjà été un très vilain garnement et que les Esprits du Temple devaient lui taper sur les doigts, un peu plus, un peu moins, ça ne changerait pas grand-chose à son existence. Quand il fut las de son petit numéro, il finit par aller droit au but, à savoir le corps nu d’Isiode Yüerell. Il puait le bouc, à force d’entraînements, et s’apprêtait à se laver. C’était dommage ça, vraiment. « Bonsoir. » dit-il sans préavis, un clin d’œil pour toute excuse. De toute façon, c’était trop tard, il l’avait déjà transféré sur le Continent des Glaces. Lui, allait prendre une bonne douche pendant ce temps-là. Tout était prêt, ça aurait été dommage de ne pas en profiter.

« Que faîtes-vous ? » demanda Tsadqiel, en haussant un sourcil. Le Roi était assis sur le lit de la Reine des Magiciens. Torse nu, sa tête reposait précédemment contre le mur. « J’ai fait tomber quelque chose… » dit-elle, embêtée, la tête à moitié sous le meuble. À quatre pattes, elle essayait d’attraper le fameux objet inconnu. L’homme s’était un peu redressé, juste pour pouvoir mieux la regarder, un peu perplexe. Inévitablement, son regard tomba sur ses fesses. Il pensa brièvement qu’elle s’était un peu trop habituée à lui. Elle sortait de son bain – lui allait prendre le sien après – et était très peu vêtue. Les cheveux mouillés, sa serviette lui arrivait à mi-cuisse. Heureusement, ils avaient tous les deux une magie importante, qui leur permettait de chauffer leurs chambres. « Vous savez que je ne suis pas votre Orine, n’est-ce pas ? » lui fit-il remarqué, sans relever les yeux. « Hum ? » Il croisa les bras sur son torse, en pensant brièvement qu’elle avait de la chance d’être avec lui et pas un autre. Il s’amusa de la situation, jusqu’à remarquer la présence d’un autre homme. Un peu surpris au début, il se détendit. « J’avais une vue plutôt moyenne mais je pense que lui doit se faire plaisir actuellement. Et vous aussi d’ici quelques secondes j’imagine. » « Quoi ? Qu’est-ce que vous dîtes ? » « Vous devriez relever la tête. » Ce qu’Edwina fit. Elle fixa Tsadqiel qui lui fit un petit signe du menton en direction de l’invité. Elle tourna les yeux et tomba sur une partie anatomique inattendue. Elle entrouvrit les lèvres de surprise, ce qui n’empêcha pas son regard de regarder et de remonter le long de la silhouette jusqu’à atteindre des yeux qu’elle connaissait un peu trop pour avoir ne serait-ce qu’un doute sur l’identité de l’homme qui se trouvait nu devant elle. « Isiode ? » questionna-t-elle, soudainement cramoisie.

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Isiode et Isley
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Isiode et Isley
Ven 08 Mai 2020, 14:47


Découvrir

~ La scène se passe après le douzième post des Gardiens des Cieux ~

« Isiode, on rentre! » Hélait une voix dans mon dos alors que je me redressais pour observer le porteur de celle-ci.

Non loin, Hiddleston me faisait de grands signes de la main pour m’inviter à les suivre, lui et nos autres partenaires d’entraînement, mais d’un mouvement léger du menton, je déclinais son offre en leur proposant plutôt de prendre les devants.

« J’aimerais m’exercer encore un peu, me justifiais-je calmement lorsque je sentis la brûlure de son regard me grignoter le visage : il n’aimait pas spécialement que j'abuse des entraînements, à l’image d’un drogué qui avait constamment besoin de sa dose pour se sentir vivant.

- Ah la la la… Tu vas vraiment te tuer au travail. »

Et malgré l’évidente réprimande qui pouvait être perçue dans les notes de son accent, le Fantassin m’adressa un sourire avant de bloquer ses mains sur ses hanches et de porter son faciès vers le ciel.

« C’est compris, céda-t-il enfin, un nouvel air narquois prenant bientôt possession de ses traits. Mais ne t’angoisse pas avec cette histoire. Même s’il s’agit de ton premier apprenti, je suis sûr que tu seras un bon mentor. »

Silence. Mes paupières papillonnèrent quelques secondes devant mes yeux et une sorte de grommellement profond se mit à naître au fond de ma gorge. Cependant, avant même que je ne puisse répliquer, Hiddleston attrapa nos partenaires par les bras et les entraîna rapidement dans son sillage, me laissant seul au beau milieu du pseudo terrain d'entraînement, avec la lueur des Lames Fantômes qui bleuissait mes environs. Lorsqu’ils ne furent plus que des ombres au loin, je me permis de détourner les yeux, exhalant une forte expiration tout en jouant une fraction de seconde avec le pendentif que je portais au cou.

« Une heure encore… » Me motivais-je avant de fermer brièvement les yeux et de les poser, après un certain temps, sur les deux Armures Enchantées qui me faisaient office d’adversaire.

Chacune prit en main une Lame Fantôme. J'inspirais une grande bouffée d'air, agrippant le manche de l’une des armes translucides, alors que celle-ci se déposait à l’intérieur de ma paume. Les hostilités étaient ouvertes. Et en même temps, les tracas, qui se heurtaient entre mes deux oreilles, étaient lentement poussés dans un coin de mon esprit.



Les bâtiments de briques et de pierres remplaçaient désormais les tentes en toiles, soutenues par les supports en bois, qui avaient couverts pendant des semaines, la surface herbeuse des plateaux de l’Île d’Orhmior. Un semblant de centre médical avait vu le jour, tout récemment, dans la hâte que nous connûmes après l’assaut de la Terre Blanche, et l’inauguration de la première auberge avait été célébrée, hier soir, par les travailleurs magiciens et angéliques du détachement. Orhmior prenait forme sous nos yeux et, entre nos mains, passait d’un petit campement, simplement cantonné à la lisière d’un lac immense, à un village fixe plus solide, durable et résistant. Une concrétisation, en bref, qui n’avait de cesse de nous emballer et de nous émerveiller, étant donné que la saveur de notre labeur se sentait et se goûtait à chaque instant à l’intérieur de notre palais. Quelque chose prenait forme, quelque chose prenait vie, et elle commençait, lentement, à faire entendre les battements de son cœur.

C’est au milieu de ce réseau pavé que je me faufilais, silencieux, pour rejoindre mon appartement. Délaissant mes armes sur le bord de mon lit et mes vêtements dans un panier d’osier, en attente d’être lavés à ma prochaine journée de lessive, je venais d’étendre mes ailes pour les délier un instant, sentant encore la brûlure du dernier affrontement me piquer les plumes. J’y suis allé un peu fort… Constatais-je en portant, une fois de plus, attention aux ecchymoses qui violaçaient certaines zones de ma peau. Départi de toute adrénaline, je sentais, en exponentielle, la douleur vriller et tordre chaque morceau de mon être : ce n’était pas si étonnant que ça si j'avais eu autant de difficulté à retirer mes vêtements. Le mal était lancinant et je le sentais courir dans l'ensemble de mes muscles. J’étirais une grimace de déplaisir tout en commençant à m'avancer vers ma petite salle d'eau.

Avant de sentir une présence à l'un de mes flancs.
Et, au même instant, d'entendre un « Bonsoir » qui me surprit et me figea dans un étau étouffant.

Je pivotais rapidement sur moi-même, mais n’eus aucune opportunité pour m’échapper de sa poigne. Et encore moins de temps pour analyser l’entièreté de la situation, si ce n’était de ce sourire et de ce clin d’œil taquin qui eurent rapidement l’effet d’une bombe dans mon estomac lorsque je reconnus, durant une poignée de secondes, les traits de son faciès. Cependant, il était trop tard et en un clignement d’yeux, Orhmior venait de disparaître devant moi, laissant plutôt place à… à…

« … »

Mais qu’est-ce que je faisais ici?

« … »

Et encore plus dans une telle condition?

« … … »

Et pourquoi… sa Majesté se tenait… aussi près?

« … »

J’étais paralysé. Je n’avais pas de mots pour décrire ce qui venait de se produire. Et j’avais encore moins de mots pour décrire ce qui se passait maintenant. Dès que nos regards se croisèrent, pourtant, c'était comme si mon corps reprenait lentement conscience. Ma gorge devint pâteuse, sèche, et d’un mouvement, je détournais mon menton sur le côté. Mes jambes, dans une évidente tentative de recul, m’entraînèrent vers l’arrière : un premier pas, qui s’enchaîna sur un deuxième, puis sur un troisième, pour finalement m’arrêter à une distance acceptable entre elle et moi.

« J’ai été… »

Je n’arrivais pas à continuer le reste de ma phrase. Tout ce que j’avais à l’esprit était cette voix et ce sourire. Mes jointures craquèrent pour former des poings tandis que mes dents se limaient entre elles, signe explicite de mon agacement. Mais pourquoi… Mais pourquoi cet homme avait-il fait ça? Et surtout, pourquoi maintenant? Pourquoi comme ça?! Horripilé jusqu’à la moelle, je me mis à balayer la pièce des yeux avec scrupule, parti en quête de l’énergumène, mais il n’était pas présent. Ou il se cachait.

« … Où se trouve Jun Taiji? »

Je poussais un grognement, mon regard s’arrêtant finalement sur la Reine Blanche et ce… second moi, qui était confortablement assis à la surface de son lit – je savais qu’il s’agissait du lit de sa Majesté et ce, même si c’était définitivement ma première venue en ces lieux. En réalité, la pensée s’était naturellement infiltrée à l’intérieur de mon esprit, sans que je ne lui accorde une quelconque attention et, pourtant, après quelques secondes de réflexion, mes sourcils s’étaient plissés et ce n’est qu’à l’instant où mon regard s’attarda sur le visage de ce faux jumeau que l’alarme se mit à résonner dans ma tête. Un nom, que je n’aurais pas du connaître aussi bien, s’insinua dans mon subconscient : Tsadqiel, Roi des Rasväar. Je déglutis. Je baissais les yeux jusqu’à la Reine, mais cela ne prit qu’une fraction de seconde avant que j’évite discrètement de nouveau son visage. Ce n’était que des Rêves… Tout ce que j’avais dans cette tête… Ce n’était que des Rêves…

« … Qu’est-ce qui se passe? Croassais-je, énervé, la voix étranglée par un malaise que je tentais de cacher, tant bien que mal, derrière une irritation palpable. Je suis désolé. Je n’avais aucunement l’intention d’apparaître de la sorte devant vous… »

Je poussais une longue expiration avant de laisser mon corps s'échoir jusqu’au sol, ramenant mes jambes jusqu’à ma poitrine tout m’entourant de mes ailes. Je n’étais pas du tout à l’aise. Cette situation avait comme un arrière-goût de déjà-vu, mais dans ce scénario, c’était « nous » qui avions débarqué dans la chambre de mon frère. Je plaquais finalement l’une de mes mains sur mon faciès, camouflant tout le haut de mon visage à l’intérieur de ma paume.

« Avez-vous une serviette à me prêter? » Finis-je par demander dans un murmure.

Je n’avais rien d’autre à demander. À part peut-être une douche, éventuellement, mais dans la situation actuelle, l’idée ne me traversa même pas l’esprit.


1 360 mots (Sans les paroles de Jun) | Post I



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Mer 13 Mai 2020, 19:42



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Celle qui était connue comme étant Edwina fit entrer de l’air lentement dans ses poumons, avant de le relâcher sur le même rythme. Elle sentait ses joues brûler, sous la surprise, sous le spectacle qu’elle avait eu devant les yeux – rien de bien impressionnant vu la situation – mais également sous l’apparition d’un certain possible. Elle resta immobile, le temps pour le blond de s’expliquer, contrôlant petit à petit ses émotions pour que ses joues reprissent une teinte normale. Elle verrouilla ce qu’elle ne cessait de se répéter de garder enfermer. Si ce rêve était… Elle détourna le regard à son tour. Elle avait eu le temps de détailler son anatomie, les ecchymoses qui marquaient sa peau et les autres morsures d’un entrainement qu’elle savait excessif. Il puait, la sueur et, plus que tout, il était entièrement nu. Que faisait-il ici ? Il n’avait pu se téléporter tout seul à cette distance. Elle avait envoyé des Magiciens travailler sur la géographie afin d’installer des pontons dans un futur proche. Ils n’étaient pas encore opérationnels et tout ce qui fonctionnait pour l’instant était un système appartenant aux Sorciers, hors du continent. Ces derniers ne partageaient pas et il était tenu secret. Elle savait néanmoins qu’il existait. Pourtant, pour l’instant, elle ne souhaitait pas trop s’avancer concernant la géopolitique de l’endroit. Les relations y étaient tendues malgré la coopération qui aurait dû s’installer normalement. Les Mages Noirs, dénués de leur magie, avaient du mal à concevoir que les Blancs la possédassent encore. « Jun ? » demanda-t-elle. « Il n’est pas ici, non. » répondit-elle, après avoir fait le tour de la pièce du regard. Le nom du coupable de cette mascarade ne l’étonna pas. Que dire ? À part que l’homme dont il était question n’en était plus un et qu’il avait l’habitude de faire ce que bon lui semblait ? Ni elle ni lui ne l’en empêcherait. Il fallait accepter. L’Impératrice Blanche prit néanmoins acte de la colère qui perçait le regard de l’Ange. Essayant de ne plus fuir ses yeux bleus, elle l’observa, lui et ce médaillon qu’il conservait autour du cou. Elle bloqua ses pensées. Le rêve avait été tellement précis qu’il ne pouvait s’agir d’une simple invention de son esprit. Il n’était pas le seul qu’elle avait fait, les concernant tous les deux. Il y en avait un où il avait fini par planter ses dents affutées dans sa gorge. Elle se mordit la lèvre inférieure et détourna de nouveau le regard. Ses traits la fascinaient et ce n’était pas à cause des sentiments qu’elle éprouvait pour lui. C’était autre chose. Il lui semblait attirant, d’une autre manière. Elle avait envie qu’il la mordît. « Oh… Ce n’est pas grave. Inutile de vous excuser. Je sais bien que vous ne vous seriez jamais présenté ainsi devant moi. Moi non plus d’ailleurs… » fit-elle pensive. Elle en avait presque oublié l’indécence de sa tenue. Devant Tsadqiel, ça ne la dérangeait pas. Ils avaient été bien plus intimes que ça. Devant Isiode, c’était très différent. « Veuillez pardonner ma tenue. » finit-elle par souffler à mi-mots.

« Vous n’avez qu’à prendre la sienne. » commenta soudain le Rasväar, après la demande de l’Ange, en désignant la serviette qui couvrait les formes de la Magicienne. Il fixait son modèle d’un regard légèrement amusé, comme si le voir accroupi par terre, à cacher sa nudité, lui paraissait drôle. « Tsadqiel. » murmura l’Impératrice Blanche. « Cassandre. » répondit-il. Ils se regardèrent un instant. « J’ai compris. Je vais chercher une serviette. » Il se redressa, avant de s’arrêter. « Non, en fait, si vous voulez mon avis, il a plutôt besoin d’un bain. Vous ne pourriez pas utiliser cet artefact que vous possédez ? Ce serait plus pratique que si l’eau de la baignoire devait servir pour nous trois. Je sais que vous aviez plutôt dans l’idée de sauvegarder votre magie pour la mission de demain mais votre am… i pue tellement que je le sens d’ici. » Edwina se pinça les lèvres, songeuse. Elle avait décidé de ne pas relever l’hésitation sur le mot à employer pour désigner l’Ange. C’était mieux, moins suspect. « Bien. Ça me paraît préférable, en effet. » Elle fit apparaître un savon dans sa main qu’elle laissa tomber par terre, après avoir vérifié qu’il y avait assez d’espace d’un coup d’œil. Un bain en bois apparut dans un bruit assourdissant. L’eau était fumante. « Parfait. Yüerell, je vous prierais de quitter votre position fœtale, de vous redresser et de me suivre dans l’eau. La Reine a déjà vu plusieurs pénis dans sa vie et puisqu’elle vient de faire connaissance avec le vôtre, j’imagine que vous n’avez plus rien à cacher. » lâcha-t-il tranquillement, en se déshabillant. Nu, il montra l’exemple en escaladant le petit escalier qui menait à l’eau. « Majesté. » « Oui ? » « Vous n’allez pas nous laisser en tête à tête dans l’eau. » « Je viens de prendre mon bain. » dit-elle, espérant pouvoir échapper à l’épreuve. Il la fixa, ce qui la fit soupirer. Elle escalada à son tour le bain, avec sa serviette autour d’elle, et se plongea dans l’eau. Elle était bien plus chaude que celle de son précédent bain. Une odeur d’amande s’en dégageait. Tsadqiel reprit la parole, le temps que l’Ange se décidât. « Jun Taiji est un homme taquin. S’il vous a téléporté ici, il ne vous laissera pas repartir avant un certain temps. Peut-être même souhaite-t-il que vous nous accompagniez dans la mission de demain. À moins qu’il veuille que vous preniez ma place. » Edwina lui avait raconté les rêves qu’elle avait fait, ceux qu’il avait été possible de décrire du moins. « Une mission d’exploration des Terres Glacées vous plairait-elle ? » Il meublait. L’Impératrice Blanche s’était murée dans une sorte de silence gêné et refusait de regarder Isiode. La chaleur était au moins une bonne excuse à ses éventuels rougissements à venir. « Je trouve que la Reine devrait enlever sa serviette, pas vous ? Ce n’est pas très équitable que nous soyons nus et pas elle. » Elle le fusilla du regard.

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Isiode et Isley
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Isiode et Isley
Lun 18 Mai 2020, 00:16


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Elle n’avait pas à demander pardon pour sa tenue. Elle pouvait s’habiller comme bon lui semblait : après tout, elle était chez elle, dans ses droits et sa vie privée entre ces quatre murs. J’étais celui qui avait fait irruption au cœur même de son intimité… L’intrusion en elle-même n’avait pas été de mon ressort, m’avait complètement échappé – surtout en raison des sournoises manipulations de ce Taiji, dont la seule pensée suffisait à réveiller une pointe de l’ire que je m’efforçais à canaliser – mais les faits restaient simplement inchangés et ne pouvaient être réécrits malgré mon extrême volonté à les vouloir effacés. Je me trouvais désormais dans cette inconfortable situation, que je le veuille ou non, plié en deux sur moi-même, à tenter de trouver un raisonnement logique qui puisse justifier une telle action de la part de l’énergumène.

« Ne vous en faîtes pas pour cela, votre Majesté », lui indiquais-je en reportant brièvement mon regard dans sa direction.

Cependant, l’interruption du Rasväar m’amena à abandonner la contemplation du visage de la Reine afin de faire peser toute mon attention sur les épaules de mon sosie. Je le dévisageais, d’une œillade critique et réprobatrice, sans pour autant soulever un vocable tant son intervention me parût immature et ridicule. Et c’était sans compter le regard dont il me couvait, à l’image d’un parent qui s’amuse de la timidité d’un enfant. Je pris une grande inspiration, l’expirant presque aussitôt.

« Non », soufflais-je finalement en réponse à sa « proposition », la Reine Blanche reprenant rapidement le flambeau en l’interpellant elle-même.

Je ne pouvais m’empêcher la réflexion, tant cela m’apparaissait flagrant : il était comme dans ces Rêves, agaçant et envahissant. Il ne s’agissait pas uniquement de son physique, de son accent ou de sa verve : même son caractère, en tout point, collait à la chimère qui jouait, de temps à autre, dans mon esprit. Il était parfaitement identique aux souvenirs qui s’incrustaient dans ma tête. Je l’observais méthodiquement, alors qu’il esquissait ses premiers pas pour aller me chercher la fameuse serviette, et lentement, cette réalisation commençait à me tordre l’estomac. Si, au tout début de leur relation, l’homme m’était apparu plus posé et carré à l’égard de ce « nous » que représentait ce troublant mixe entre l’Ultimage et moi, plus le temps s’était écoulé et plus les rapports entre ces deux êtres s’étaient complexifiés, rapprochant ces derniers dans des privautés insoupçonnées, comme avait pu l’illustrer ce tableau insolite dans lequel j’avais été catapulté sans rien demander.

Une fois de plus, je plongeais mon visage dans le creux de ma main, craignant de mettre le doigt sur une vérité que je repoussais depuis, peut-être, le tout début. Tout avait été si réel dans ces Rêves… Si précis et clair que… Bon sang! Pestais-je intérieurement, n’allant, pourtant, pas plus loin dans ma pensée, alors que Tsadqiel reprenait la parole. Je relevais la tête, regardant sans bouger la formation du bain au beau milieu de la chambre, me pinçant l’arête du nez lorsque le Rasväar m’invita à le suivre. C’est une plaisanterie, j’esp… … Non, il est sérieux, constatais-je en le voyant insister pour que sa Majesté plonge, elle aussi, à l’intérieur des eaux chaudes. Je n’en croyais pas mes yeux et pourtant, je savais à quel point ces deux-là étaient proches et qu’ils s’étaient retrouvés dans des positions bien plus intimes que celle-ci.

« Une mission? » Répétais-je, sans véritablement comprendre pourquoi le Taiji aurait voulu que je devienne l’ersatz du Démon Déchu.

J’avais la désagréable impression d’être le pion de cet homme, sa marionnette. Mes ailes frémirent sous l’impulsion du mécontentement. Et comme si cela n’était pas suffisant, Tsadqiel rajouta une couche dans la catégorie « Tout pour ne pas améliorer la situation. » Je le jaugeais sévèrement.

« Si vous avez décidé de vous déshabiller, que grand bien vous fasse, mais cela ne vous donne pas le droit de lui forcer la main comme cela. »

Ce n’était pas drôle, même pour une blague. Je soupirais, me soulevant lentement de ma position.

« Quoi qu’il en soit, ne vous embêtez pas pour la ser… »

Je me figeais, les yeux écarquillés, m’effondrant de nouveau au sol, plus rudement que précédemment. Là où, il y quelques minutes, la stupeur et l’adrénaline de l’instant avaient été des réducteurs au phénomène qui m’étreignait, c’était une toute autre forme de surprise qui venait de me jeter par terre, à l’instant. Tremblant de la tête jusqu’aux pieds, je considérais l’intérieur de mes paumes avec étonnement, un étranglement me prenant la gorge. Je savais ce qui se passait. Pourtant, je ne l’avais jamais ressenti aussi puissamment, pas depuis le réveil des Ridères, l’avènement de ce continent des glaces, alors que ma jeunesse et mon inexpérience m’empêchait de comprendre tous les tenants et aboutissants de ce monde. Ma Magie… Constatais-je en reprenant lentement mes esprits, un néant rarissime envahissant mon être.

J’avais froid, plus qu’habituellement, et j’entendais distinctement et plus fortement mon cœur battre au fond de ma poitrine, mais dans une grande inspiration, je parvins à canaliser les sensations, à les réduire au mieux, sans pour autant me départir, pendant quelques secondes, de ma posture. Je savais ce qui se passait et pourtant, je tentais d’invoquer les Lames Fantômes, d’appeler la Glace ou l’Électricité, en vain. Évidemment.

« T-Tout va bien », assurais-je après un certain temps, me redressant de nouveau, les jambes tremblantes, le corps lourd malgré le vide que je ressentais au creux de mon ventre.

Je comprenais pourquoi les autres races méprisaient et préféraient s’éloigner des Humains : la sensation était tout bonnement déplaisante, horripilante.

« Où sont vos serviettes? »

Je les cherchais à vue, balayant la pièce des yeux, avant de me paralyser. Je me rappelais. Les bains, les serviettes… Les autres familles qui se trouvaient dans l’établissement… Je me pinçais le nez. C’est vrai. Nous ne sommes pas seuls ici. Le bâtiment était habité par plusieurs familles, qui se partageaient une salle de bain commune ainsi que les serviettes, qui étaient mises à disposition de tous. Et qui ne se trouvaient pas dans cette chambre. Et que je ne pouvais décemment pas chercher dans mon état. Ma gorge émit un grognement.

« Vous le faîtes exprès… »

Ce n’était pas une question. Je déglutis, j’avançai lentement, une enclume dans l’estomac.

« Et qui se dévouera pour aller chercher les serviettes jusqu’au bout du couloir? »

Je soupirais. La situation devenait une farce. Je m'arrêtais à la hauteur du bain en bois, conscient de n'avoir d’autre choix que de plonger dans celui-ci si je voulais délier mes muscles et m’éviter des courbatures désagréables au cours de la nuit. Pourtant, j'hésitais, mon regard allant et venant de l'eau au visage de la Reine. Je finis par passer par-dessus l'installation, plongeant doucement à travers les vapeurs, sans lui adresser une œillade.

« Pour cette mission, ne seriez-vous pas à même, tous les deux, de l'accomplir? Je reposais mes yeux sur Tsadqiel : Après tous, vous êtes bien mieux adapté aux conditions de ce continent que... »

Je me tus. Les mots étaient sortis de ma bouche sans crier gare.


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Mar 26 Mai 2020, 15:33



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« Il est tendu un peu, non ? » fit remarquer Tsadqiel, en jetant un coup d’œil à Isiode qui essayait de se dépêtrer de la situation. Edwina ne répondit pas et détourna les yeux lorsque l’Ange escalada le bain. Elle songeait à la situation. Cette pudeur étrange lui semblait fausse, comme la plupart du reste. Ce rêve n’en était pas un et, si elle avait pensé, au préalable, être la seule à l’avoir vécu, elle comprit rapidement que ce n’était pas le cas. La question d’Isiode, arrêtée en plein milieu, lui indiqua clairement qu’ils se trouvaient tous les deux dans une impasse. Si ce qu’elle savait de lui s’appliquait en miroir alors… Elle soupira et relâcha doucement son corps pour s’enfoncer dans l’eau. Ses lèvres entrèrent en contact avec la chaleur. Comme le silence venait de s’installer et semblait être voué à perdurer, le Rasväar se râcla la gorge. « Pas forcément. » Il n’avait aucune idée des conversations que la Reine et l’Ange avaient pu avoir à son sujet. Il savait qu’ils s’étaient revus depuis l’arrivée de l’Impératrice Blanche sur les Terres Glacées. Dans le doute, il ne préféra pas relever. « Le continent est réellement mystérieux. Il y a peut-être des choses qui ne sont décelables que par les Anges, par exemple. » Il était redevenu sérieux. « Quand bien même, il reste difficile de savoir ce que les Ætheri ont prévu pour vous deux. » Ses yeux se plongèrent dans ceux d’Isiode. Edwina ne disait toujours rien. Tsadqiel se pinça les lèvres et haussa rapidement les sourcils en inspirant bruyamment, l’air de dire qu’il s’ennuyait ferme dans cette ambiance particulièrement « agréable » à vivre et qu'ils n'étaient pas sortis de l'auberge si les choses continuaient ainsi. « Vous savez quoi ? Je vais aller chercher les serviettes. » dit-il, en se levant sans prendre la peine de cacher quoi que ce fût de son anatomie. Il enjamba le bain, attrapa ses affaires et disparut par la porte. En réalité, il n’allait pas revenir tout de suite. Il allait laisser les deux coincés ensemble et, lui, il irait dans le salon commun bavarder avec quelques résidents. Peut-être même ferait-il quelques parties de cartes en buvant une boisson alcoolisée importée, de l’eau de vie de préférence.

Le regard d’Edwina resta un instant fixé sur la porte qui venait de se refermer, avant que la jeune femme ne se redressât un peu. Ses yeux se tournèrent vers Isiode. Ils descendirent de son visage au pendentif qui entourait le cou de l’homme. Elle se rappelait parfaitement de son escapade dans cette maison de plaisir et de sa rencontre avec l’Ygdraë. Ce n’était pas un rêve. Si elle avait vécu sa vie et s’il avait vécu la sienne, alors ils n’avaient rien de plus à se dire. Ils savaient, tous les non-dits, les silences. Ils savaient ce que chacun d’eux n’aurait jamais dû savoir. Elle n’avait pas l’intention de passer des heures à discuter de ça. Ce serait gênant et inutile. Il ne pouvait pas lui offrir ce qu’elle désirait sentimentalement parlant et elle le savait depuis longtemps. Quant au reste, que dire, hormis qu’il s’agissait là d’une violation non souhaitée de l’intimité de chacun ? C’était fait et Erwan ne l’avait pas éduquée pour qu’elle s’apitoyât ou s’immobilisât sur une telle question. Elle n’était pas importante. Ils savaient, point. Si ce qu’elle pensait était véridique, à quoi bon se cacher ? À quoi bon continuer à se taire ? Il la connaissait, mieux que quiconque, ses qualités et ses défauts, ses forces et ses faiblesses, chaque erreur qu’elle avait pu commettre et les tourments que son cœur avait pu lui faire subir. Il connaissait des secrets qu’il n’aurait jamais dû connaître. S’il avait réellement vécu sa vie dans ce Rêve alors… Il était autant Empereur Blanc qu’elle. Il avait gravi les échelons, avait assisté à tout ce qui l’avait façonnée, elle. Il ne pouvait y avoir de faux-semblants. Ils s’étaient vus et son amour pour lui n’était clairement que le cadet de ses soucis, eu égard à tout ce qu’il possédait à présent d’elle et sur ceux qu’elle avait pu côtoyer. Quant à cette histoire de mariage… C’était ridicule.

Elle inspira avant de se redresser totalement. Ses pieds frôlèrent ceux de l’Ange sans magie. Il avait vécu bien des atrocités récemment. « Soldat ? » demanda-t-elle pour attirer son attention. Elle lui tendit sa propre serviette, en essayant de ne pas réfléchir à la situation dans laquelle elle se trouvait. Ça n’avait aucune importance. Il l’avait vu nue des milliards de fois, comme ça avait été le cas pour elle. « Debout ! » Elle attendit qu’il s’exécute, avant de continuer. « Vous comme moi souhaitons la même chose : une paix durable. » Le reste n’avait aucune importance. « Ce continent en est la clef. Ici, je bâtirai les fondations d’un futur sécurisé pour les générations à venir. Il est important que je découvre cette terre en attendant d’être prête à acquérir plus de puissance. » Puisque l’Æther Passeur n’avait pas encore daigné se montrer. « Je vous demande donc de venir avec moi, demain. Nous partirons à dos de dragon pour nous rendre profondément dans les terres. Apparemment il y a un réseau de galeries, creusées dans la glace. Peut-être mènent-elles quelque part ? Les Ridere ont vécu ici et des vestiges doivent s’y trouver. » Elle posa sa main sur son bras. « Ce soir, vous dormirez avec Tsadqiel. Demain, nous partirons tous les deux. Êtes-vous d’accord ? » Elle avait renforcé sa magie afin que sa volonté ne flanche pas. C’était la seule solution. Elle ne voulait pas avoir cette conversation stupide qui leur pendait au nez, ni hésiter, ni même faire preuve de faiblesse. Oui, elle l’aimait, oui, elle avait vécu quelques aventures qui n’avaient pas dues plaire à l’Ange mais elle n’était pas désolée. Si ça ne lui convenait pas, il pouvait partir. Ses yeux dans les siens, elle restait consciente de l’attraction qu’elle ressentait, une attraction qui n’avait rien à voir avec ses sentiments et qui était nouvelle. C’était comme dans ce rêve, lorsqu’il avait fini par la dévorer. Elle essaya de n’en rien montrer.  

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Isiode et Isley
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Isiode et Isley
Jeu 04 Juin 2020, 04:34


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« Merci », lui dis-je avant qu’il referme la porte dans son dos, visiblement ennuyé par l’ambiance qui ne volait pas bien haut.

Ainsi, à la suite de son départ, il eut un long flottement durant lequel ni sa Majesté ou moi-même ne prononçâmes de palabres. L’ambiance était tendue, nous pouvions la percevoir jusqu’au plus profond de nos tripes, alors que le silence, toujours plus persistant, n’était brisé que par les quelques clapotis que nous produisions dans l’eau. Cependant, après un certain temps, je me permis enfin de bouger plus librement, cherchant le savon du bout des doigts afin de le frotter entre mes paumes jusqu’à ce que la mousse s’accumule dans mes mains. Finalement, sans plus de cérémonie, je commençais à faire ce pourquoi j’avais consenti à embarquer dans ce bain : me laver. Passant mes mains le long de mes bras, de mes épaules et de ma nuque, avant de frotter vigoureusement mon visage et la racine de mes cheveux, je me concentrais d’abord sur cette tâche plutôt que de considérer, dans une spirale infernale, les autres préoccupations qui prenaient d’assaut mes pensées. Entre la masse qui écrasait mon estomac en raison de l’absence de Magie et ces visions oniriques, c'était garni…

Les rêves me revenaient en tête, à la chaîne, implacables et d’autant plus incontestables maintenant que je me les remémorais sous un tout nouveau projecteur. Il y avait eu celui où sa Majesté et moi étions amis, tranquilles et sereins, à partager un pique-nique au cœur de cette plaine sans commencement ni fin. Elle m'était apparue comme une personne de confiance, au point où je lui avais remis tous les secrets de ma vie entre les mains. Désormais, pourtant, je ne saurais dire si je regrettais le geste ou si, au contraire, je le gratifiais de m'avoir ouvert les yeux. À cette réflexion, je notais le silence plus que palpable qui nous enveloppait, ainsi que les œillades qu’elle m’adressait, et que je lui retournais discrètement. Si j’avais bel et bien vu – et vécu – son existence, quand était-il de la réciproque? Nous avions chacun notre idée.

Il y avait également eu celui où, dans un tout autre registre d’ambiance, je m’étais retrouvé à m’abreuver de son sang avec avidité, ne cachant, sous un loup, l’attirance qu’elle et son odeur éveillaient en moi. Elle était ma proie. Je voulais la faire mienne, éperdument, et si ce rouquin, avec son tic de langage agaçant, avait osé poser la main sur elle, je ne saurais décrire dans quelle rage je me serais laissé emporter et dans quelle violence je l’aurais arraché de ses griffes. Plus rien n'avait véritablement eu d'importance, si ce n'était qu'il me la fallait toute entière. À moi et à moi seul. Rien que d’y songer, un frisson agressif se répandit dans tout mon être.

Et, au tout début de cette chaîne chaotique, il y avait eu ce songe, le tout premier dont je me souvenais clairement et qui remonte, pourtant, à si longtemps. Mes sentiments pour la Reine, alors simple paysanne au milieu d’un paysage champêtre, étaient tous aussi nébuleux que brouillons, un rixe singulier d’admiration, de passion et d’affection se bataillant les uns les autres pour se faire entendre. Cela étant dit, ce fut l’irritation à la savoir aux prises avec un autre qui m’avait poussé, tête baissée, à la défier en duel et, malgré une défaite complète, le rêve s’était conclu… il s’était conclu…

Je pris énormément sur moi-même pour ne pas laisser transparaître le malaise évident qui était sur le point de barbouiller l'intégralité de mon faciès. Immédiatement, je plongeais mes mains dans l’eau, recueillant un peu du liquide translucide avant de me le renverser sur la figure, mouillant à grandes brasses mes cheveux dans le processus. Cependant, l’injonction soudaine de la jeune femme suspendit brièvement toute réflexion dans mon esprit. Pourquoi usait-elle d’un ton aussi distant? Non. Pourquoi me tendait-elle sa serviette, plutôt? Hésitant, je finis par lui prendre le tissu tout en me relevant et tandis que mes oreilles écoutaient ses propos, je tordais machinalement la serviette dans mes poings, lui redonnant cette dernière, poliment, lorsqu’elle eut terminé de parler.

« Conservez-la, lui assurais-je en soutenant son regard, prenant sa main pour y déposer l’épais tissu. Il reviendra bientôt avec d’autres serviettes de toute manière. »

Je crois? Je le souhaitais silencieusement.

« Vous savez que je ne vous refuserais pas une requête, repris-je en passant une main sur mon visage, histoire d’en retirer l’eau qui commençait à brouiller ma vision. Cependant, s’il est possible, je voudrais dormir par terre, ce soir. D'un geste de la main, je lui présentais le plancher. Quelques plaids au sol devraient suffire. »

Je portais alors mes yeux jusqu'à la ligne de ses traits, les observant longuement, peut-être plus que nécessaire, comme à l'attente d'un ressenti intérieur, d'un instinct, qui m'insufflerait quelque chose au plus profond de mon être. Parce que plus je subissais les contrecoups de ces rêves, et plus je prenais conscience que leurs effets s’étendaient à bien plus que le partage des affres et bonheurs du passé, des envies de protection et de possession, de la gratitude et de ce besoin expressif de le lui témoigner par un service. À certains moments, j’avais littéralement l’impression que son cœur à elle était connecté au mien. Ça ne cessait de me perturber, les sensations étant toujours plus fortes au fil du temps. Pourtant, actuellement, je ne ressentais aucune de ces impressions. Cette terre dénuée de Magie en était-elle la cause? Ou était-ce directement lié à la Reine? Je finis par détourner le regard, plongeant de nouveau mon corps dans la chaleur du bain, terminant de me laver. Et si les prochaines heures s'étaient déroulées un peu plus dynamiquement, c'était difficile de se soustraire au malaise ambiant.



La nuit nous appelait enfin. Tsadqiel avait fini par revenir dans la chambre – après plus de deux heures d’attente, quand même – avec les fameuses serviettes ainsi que des vêtements adaptés pour me changer. Après m’être séché et avoir essuyé mes plumes, je m’étais rapidement vêtu, le froid relatif de la demeure ne pouvant être supporté bien longtemps par mon corps seul. C’était agaçant, surtout lorsque je savais qu’avec un peu de Magie, je pouvais me réchauffer par moi-même. Par chance, il y avait un foyer dans l'édifice, et devant lequel je m'étais reclus. Seuls les bruits de la braise qui éclate brisaient le silence environnant et cette douce sonorité parvenait à me calmer. Seulement, après un certain temps, des pas attirèrent mon attention. Naturellement, je tournais mon visage, croisant les pupilles opale de l'Ultimage.

« Bonsoir, votre Majesté. Vous allez vous coucher? »

Ayant jeté mon dévolu sur l’un des canapés de la salle commune, j’étais assis en tailleur, une couverture sur les épaules. La majorité des résidents du bâtiment étaient partis s’enfermer dans leur chambre pour la nuit. Je songeais à faire de même, mais pas dans l'immédiat.

« J’ai beaucoup en tête, en ce moment, et je ne crois pas que je pourrai fermer l’œil. »

Car venait s’additionner à la surréaliste situation dans laquelle je me trouvais, mes fonctions à Orhmior. Combien de temps serais-je coincé ici? Et qu’en sera-t-il de mon absence, sur l’île? Comment pourrais-je l’expliquer à mes supérieurs? Je fermais les yeux, inspirant une grande bouffée d’air. Le Général Vaughan me tuera, pensais-je brièvement.

« Votre Majesté, repris-je après une courte pause, j’espère que cette situation n’altéra pas notre relation et que nous pourrons continuer de travailler ensemble, main dans la main. Nous savons tous les deux ce qui se passe et, avec du recul, je comprends un peu mieux certaines choses, ressassais-je à voix haute, me permettant finalement de la regarder droit dans les yeux. C'était particulièrement ennuyant tout à l'heure, mais je n’ai aucune idée de comment réagir à tout ce flux. »

D'informations. De souvenirs. De sentiments. De vérités. Jaugeant un certain temps les courbes de son visage, je repris sur le même ton :

« C'est… gênant de s'être ainsi incrusté dans l'intimité de l'autre, mais je suis en même temps… »

Qu'est-ce que j'étais? Exaspéré? Anxieux? Soulagé? Ravi? Confus devait être le mot le plus juste en réalité.

« Je ne sais pas. Je vous vois sous une toute nouvelle lumière, mais je ne saurais dire par quelle couleur elle m'éblouit. »

Je détendis les traits de mon visage.

« Rien ne vous oblige à rester debout. »

Je me décalais un peu sur les coussins du canapé, lui laissant la place nécessaire afin qu’elle puisse s’asseoir si elle le voulait. Tout en retirant le plaid sur mon dos, je l'invitais à s'y glisser, par politesse. La couverture était suffisamment grande de toute façon pour nous deux. Dans ma main, inconsciemment, le pendentif roulait entre mes doigts.

« Pensez-vous que nous devons suivre Leurs directives, suivre cette destinée? »

Le murmure s'était échappé inconsciemment, écho des troubles qui s'agglutinaient entre mes deux oreilles, alors que j'abandonnais la pierre du collier.


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Ven 24 Juil 2020, 16:48



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« Je pensais simplement que vous en profiteriez pour vous rapprocher, tous les deux. » Tsadqiel était allongé sur son lit, le regard tourné vers la Souveraine. Il savait qu’elle ne pouvait pas tout lui dire. Elle lui cachait des informations. Pourtant, elle lui avait déjà expliqué l’importance que l’Ange accordait à sa mission, ainsi que ce besoin, qu’elle ressentait chez lui, de gommer ses sentiments. Quant à ce qu’il pouvait bien éprouver pour elle, elle avait toujours été claire : rien ou, du moins, rien de ce qu’elle aurait pu désirer qu’il éprouvât. Le Roi n’arrivait pas à doser le degré de subjectivité de ce commentaire. Il la suspectait de ne pas vouloir savoir par peur de souffrir. Il la suspectait aussi de minimiser l’intérêt de l’Ange, par peur de ce qu’il se passerait s’il s’avérait qu’il ne fût pas tant insensible que ça. Peut-être était-elle dans le vrai : peut-être qu’il ne la voyait que comme une figure du Bien qu’il respectait simplement. Dans ce cas, il comprenait que ça pût être douloureux. « Il a simplement accepté de m’accompagner, demain. » « Vous devriez lui dire que c’est dangereux, qu’il pourrait mourir et qu’il ferait bien de profiter de sa dernière nuit en votre compagnie. » « … » Il sourit, devant l’expression de la jeune femme. « Allez le retrouver, sinon je vais devoir jouer les entremetteurs et ça va vous gêner. » Elle soupira. « Je n’avais pas envie de vous faire la remarque mais si, physiquement, vous êtes un clone d’Isiode, je n’ai aucun doute sur le fait que votre créateur ait laissé sa marque dans votre esprit. Vous êtes infernal. Isiode est un Ange et je n’ai pas envie de… » Elle s’interrompit et souffla sur les quelques mèches de cheveux s’étant invitées sur son front. « Qu’importe. » Bien sûr qu’elle l’imaginait dans ses bras, transpirant et essoufflé, mais de là à penser une seule seconde que ses fantasmes pussent devenir une réalité, il y avait tout un gouffre. Pourtant, les Rêves qu’elle avait fait en sa compagnie… Chut.

L’Impératrice Blanche entra dans la pièce, en essayant d’être discrète. Les habitants de l’endroit avaient tous regagné leur chambre et elle ignorait l’état d’Isiode. Il aurait pu s’être endormi au coin du feu. Il n’en était rien. Elle l’observa en silence, quelques temps, une couverture sur les épaules. Elle n’arrivait pas à déterminer ce qu’elle ressentait exactement. Il y avait un mélange de sentiments contraires. Elle avait autant envie de s’amuser de la situation que d'en soupirer. Elle avait envie de lui et envie qu’il s’en allât loin d’elle. Pourtant, leurs Destins étaient liés, d’une façon qu’elle n’avait probablement pas le pouvoir de contrecarrer. Elle devait laisser ses émotions se faner, garder la tête froide. Pourtant, lorsqu’elle le faisait, elle avait l’impression de se parjurer en se plongeant dans une forme d’apathie qui faisait tout sauf arranger les choses. Mais comment faire autrement ? Il la repousserait quoi qu’elle fît et il ne lui restait plus que ce statut intermédiaire et délicat à entretenir. Pouvait-elle être son amie ? « Oui, nous n’allons pas tarder. » Elle sourit. Elle avait envie de lui crier dessus. Peut-être que la possibilité qu’il eût vu la totalité de son existence l’agaçait ? Peut-être que ça lui était insupportable qu’il sût tout d’elle, de ses fantasmes, de sa vie, de ses failles ? Elle avait bien plus à cacher que lui. Elle avait vécu bien plus de situations honteuses ou immorales. Lui n’avait que cette escapade dans une maison de plaisir, en compagnie de l’Ygdraë. Et encore, il était sous l’influence d’une drogue. Ce n’était pas vraiment lui. Elle avait envie de le frapper. « N… Non. Bien sûr que non. » Peut-être mentait-elle légèrement. Elle se sentait bien trop nue devant lui pour que ça n’altérât pas leur relation. Elle avait peur qu’il partît. Elle se demandait si ce qu’il savait sur elle – car ça ne faisait aucun doute : il savait – était ce qui le plongeait dans cet état méditatif, ce qui l’empêchait de dormir.

Edwina se plongea dans le silence. Elle l’écouta, jusqu’à ce qu’il lui propose de s’asseoir. Elle hésita. Plus loin de lui elle se trouvait et mieux c’était. Elle n’avait pas envie de faire un impair. Elle ne voulait pas le perdre, même si, d’un côté, elle ne pouvait s’empêcher de penser que ce serait pour le mieux. Il la tentait trop, ce qui était un comble pour un Ange. Elle finit par s’approcher de lui. Elle prit place dans le canapé et plaça la couverture sur ses épaules, de façon à ce qu’ils la partageassent. Elle tourna la tête vers lui. Ils étaient proches et, déjà, son esprit était en train de chercher une solution pour se sortir de ce pétrin. Elle ne pouvait décemment plus se montrer directive, comme elle l’avait fait dans le bain. L’ambiance ne s’y prêtait plus et, surtout, elle n’avait plus rien à lui demander. « Non, je ne pense pas. » susurra-t-elle, sa phrase ponctuée par le crépitement du feu. « Sauf si c’est ce que vous voulez. » ajouta-t-elle, en évitant de le regarder. « Mais je ne crois pas que ce soit vraiment… Et puis… » Elle préférait faire les questions et les réponses. De toute façon, elle savait ce qu’il allait dire. « Qu’importe. Je pense que les Ætheri peuvent se tromper et, de toute façon, ça irait à l’encontre de vos traditions et de votre espèce que de m’épouser sans m’aimer. » Elle préféra changer de sujet, ayant une capacité spectaculaire pour sombrer dans le déni. L’une de ses épaules rencontra celle de l’Ange en un geste complice. « Vous comptez la revoir ? L’Ygdraë ? » Celle qu’il avait plaquée contre le mur d’une douche. Celle qui avait été violée par Zane. Celle dont il tripotait le médaillon. « Et hum… Vous devriez dormir quand même. Demain ce sera périlleux. Je peux vous y aider. » Peut-être qu’elle pourrait l’endormir sans même lui demander son avis, histoire d’éviter cette conversation de plus en plus gênante, dans laquelle elle faisait semblant d’aller parfaitement bien. Il devait se demander ce qu’il lui arrivait au juste.

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Isiode et Isley
Dim 06 Sep 2020, 23:23


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À l’entente de ses paroles, je n’avais pu me résoudre à détourner mon visage du sien, observant avec un rictus étrange, sa propre expression. Toutefois, après une poignée de secondes, je finis par reporter mon attention sur les arcs de feu dont se composaient le foyer. À quoi ai-je pensé? Mon sourire s’effaça, transposition de mon état à la suite de cette réalisation. L’interrogation s’était rapidement incrustée jusqu’au cœur de mon cerveau et pourtant, sa réponse était limpide. À quoi avais-je pensé en lui disant que j’aimerais conserver notre ancienne relation? Ce n’était pas possible, pas complètement. Elle savait des choses sur moi que peu connaissait; je connaissais des choses sur elle que personne ne savait. Nous avions vécu la vie de l’autre, nos sentiments, nos sensations… Le moindre instant de bonheur et d’affliction qui nous avait transporté dans notre existence avait également été goûté par l’autre en toute impunité. C’était bouleversant et incroyablement ennuyant, comme pouvait en témoigner son expression, ses tics nerveux et l’émeraude de ses yeux… C’était se connaître, comme deux êtres spirituels, tout en découvrant un parfait étranger : c’était horriblement complexe.

« Merci, mais ne vous en faîtes pas pour moi, lui confiais-je avant de baisser le visage sur le pendentif qui se balançait à ma gorge. Je ne veillerai pas trop tard. »

Je n’avais pas tout de suite relevé son commentaire concernant l’Ygdraë, mon esprit ayant eu énormément de difficulté à saisir – et surtout à accepter – l’information qu’elle venait de me communiquer. Parce qu’elle savait. Bien sûr qu’elle le savait. Comme je savais tous de ses tares et de ses mensonges, tous de ses jeux et de ses hontes, elle était au courant des miens ainsi que de me plus grands regrets. Je déglutis, ma pomme d’Adam héritant du mouvement, alors que je me redressais pour apporter mes mains à ma nuque.

« Et pour répondre à votre question. »

Méthodiquement, je détachais le fermoir du collier, le laissant alors tomber dans le creux de ma paume afin que la Reine puisse l’examiner, si elle le désirait. La pierre était d’un bleu pur et cristallin, un bleu d’Omije dont il était possible de reconnaître le liquide translucide qui y était emprisonné. Des histoires racontaient que le nom commun de ces pierres – les Larmes d’Ange – n’était pas uniquement dû qu’à la forme brute et singulière du minerai, mais aussi en raison de ce liquide que nous étions en mesure de distinguer dans leur cœur. Car, ce fluide clair, chuchotaient les dires, serait les véritables larmes de sel, de douleur et de joie des Ailes Blanches. C’était étrange de les considérer de la sorte, sachant que nous les possédions et les exploitions afin de fructifier nos pouvoirs angéliques.

« Oui, je compte la revoir afin de lui remettre son bien. »

À quoi bon le nier? Puis, de toute façon, je ne comprenais toujours pas pourquoi la sylvestre m’avait offert un tel présent. Il s’agissait de l’unique objet qu’elle possédait à ce moment-là alors pourquoi me l’offrir? Qu’est-ce qu’il représentait? Un cadeau? Je peinais à concevoir cette alternative, sachant que je l’avais repoussé encore et encore et encore : je ne méritais pas ce collier. En plus, elle avait agi alors qu’elle n’était même pas en pleine possession de ses moyens. Par conséquent, je ne pouvais me permettre de conserver cet objet. Il lui appartenait; il lui était peut-être même extrêmement précieux. Je devais le lui remettre en main propre le plus tôt possible. Je me l’étais promis.

« Cependant, elle vit sur l’Île Maudite et je n’ai aucun moyen de la contacter. Je ne sais même pas pourquoi elle m’a donné ce pendentif, c’est insensé… »

Je m’arrêtais un instant. Je savais que la Reine était au courant de tout cela, mais en parler normalement pourrait sûrement détendre la tension de l’atmosphère. Reprenant le pendentif après un temps, je le rattachais à mon cou. La situation était étrange, bien trop inconfortable. Le sujet sur la Fugitive n’était pas qu’en faute, je pouvais vous l’assurer. Cependant, ressentir ce malaise entre nous m’exaspérait plus que tout. Je désirais vraiment que l’on conserve notre relation, nos atomes crochus, et malgré cela, voilà où nous en étions. C’était épuisant.

« Désolé, je vous ai mis mal à l'aise. J’ai certainement été maladroit vis-à-vis mes propos concernant le mariage. »

Je poussais un soupir, mes ailes, rabattues contre mon dos, frémissaient légèrement.

« Mais vous avez raison. Les Ætheri peuvent se tromper. »

C’est ce que j’avais pensé la première fois que j’avais entendu les paroles de l’oiseau, moi aussi : que c’était insensé, inutile, même si cela paraissait obligatoire… La Reine des Magiciens et un soldat? Ce n’était que dans les contes de Fæ que de telles fantaisies se réalisaient. Pas dans la réalité. Toutefois, les Rêves avaient une étrange façon d'influencer la réalité.

« Puis, il y a plusieurs moyens de s’unir, sans mariage, pour atteindre notre objectif, n’est-ce pas? Avisais-je en la gratifiant d’un sourire embarrassé. De toute façon, en forçant les choses, il se peut que l'on recule plus que l'on avance. »

Dans notre cas, c'était bien ce qui arrivait. Je lui offris une nouvelle œillade en coin, avant de baisser les yeux sur mes mains. Quoi que je fasse, il y avait cette tension et l'Ultimage n'était clairement pas dans son assiette. Je pouvais me douter du pourquoi.

« Votre Majesté? Avez-vous peur que je vous tourne le dos? »

Je pouvais sentir que quelque chose n’allait pas – pour elle comme pour moi. J’avais vu et pris conscience de bien des choses en me plongeant dans sa longue et éreintante existence. Toutes n’étaient pas très glorieuses – loin de là même –, certaines m’avaient autant répugné que révolté et énervé, et elle le savait parfaitement. On la surnommait l’Ingénue, mais elle aurait dû perdre ce titre depuis longtemps. Elle avait suffisamment valsé avec le danger, jonglé avec les mensonges et les illusions pour en perdre définitivement sa naïveté et candeur d’antan. Pourtant, même si le goût de bile ne s’était dissipé du fond de ma gorge, je savais qu’elle pouvait changer; je savais qu’elle avait changé.

« Vous n’avez pas à vous en faire. Je vous ai promis d’être votre soutien et de vous prêter toute la force que je peux vous fournir. Je veux vous aider parce que je sais que vous avez changé, en bien. »

Mais cela ne voulait pas dire que je lui pardonnais, et que je tournais un œil aveugle sur ses actions passées. C’est ce que je pensais, incapable de savoir que les impacts du Rêve adouciraient mes répugnances, mes doutes et déceptions. Je la respectais, mais voir sa vie et ses penchants avaient brisé bien plus que l’image dont je m’étais fait de la souveraine. La confiance que je lui avais, un jour, accordé semblait s’effriter. J’avais l’impression de douter d’elle. Encore. Comme avant. Mais peut-être n’était-ce que de l’aveuglement, de la mauvaise volonté de ma part, la déception et la désillusion éveillant la méfiance que je lui avais autrefois nourri. Elle avait changé pourtant; changé en bien. Vraiment? Je serrais les dents. Je doute. Je secouais la tête. Non, elle n'est plus la même. Toutefois, cela n’excuserait jamais ses erreurs et folies du passé. C'est ce que je croyais, alors que mon regard vint finalement s'accrocher au sien. Je la scrutais en silence pendant un certain temps, consciencieusement, d'un visage indéchiffrable.

« Nous devrions peut-être retourner dans la chambre », finis-je par lui adresser tout en lui ajoutant un maigre sourire.

Je me redressais, étirant mes ailes un instant avant de les rabattre de nouveau. Vouloir conserver notre ancienne relation... À quoi avais-je pensé? Je ne savais même pas sur quel pied danser désormais.


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Lun 21 Sep 2020, 21:00



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Les yeux sur le médaillon, Edwina écoutait Isiode lui avouer vouloir revoir l’Ygdraë. Le liquide à l’intérieur de l’Omije représenta une distraction bien dérisoire. Elle avait envie de poser des questions, ce genre de questions stupides que seule une femme jalouse, à tort, pouvait poser. Était-elle réellement jalouse ? C’était difficile à dire. Elle savait qu’il ne s’était rien passé de consenti entre l’Ange et l’Elfe. Pourtant, la petite créature lui avait confié ce qu’elle avait de plus précieux. Pourquoi ? Elle l’ignorait, autant que son interlocuteur. Elle se battait contre des sentiments contradictoires. D’un côté, elle ne pouvait s’empêcher de penser que le blond était sans doute naïf quant à ces choses-là, qu’il ne voyait pas la réalité d’une affection aussi inattendue que profonde à son égard. De l’autre, elle n’avait pas le droit de penser que l’Olori fût ignorant. Comment devait-elle procéder ? Oublier ce qu’elle savait pour se concentrer sur ce qu’elle aurait dû savoir, c’est-à-dire uniquement sur ce qu’il lui avait un jour confié ? Le déni qui en résulterait serait particulier. Elle ignorait comment faire et avait envie de se réfugier dans un lieu que l’Ange, jamais, ne pourrait fouler. Pourtant, elle était trop attachée à lui et, aussi invraisemblable que cela pût paraître, elle ne pouvait s’empêcher de croire que tout ceci n’était pas arrivé pour rien. Peut-être ne devaient-ils pas être ensemble ? Ou peut-être devaient-ils l’être ? Elle l’ignorait. C’était délicat d’aimer quelqu’un en le connaissant à ce point. L’étrangeté de leur lien, le fait qu’elle marchât sur des œufs, n’était pas pour favoriser l’expression de quoi que ce fût. Aussi, elle savait qu’il ne l’aimait pas. On lui avait retiré son choix, le choix de lui avouer ou non ses sentiments. Maintenant, il savait et, finalement, elle se sentait trahie par une entité qu’elle ne pouvait montrer du doigt. Le seul sur lequel elle pouvait éventuellement reporter sa colère était assis à côté d’elle. Mais à quoi bon ? Ce n’était pas le seul rêve étrange qu’ils avaient fait et elle se rappelait aussi très bien leurs deux corps, ensemble, et du plaisir qu’elle en avait ressenti. Sans doute avait-ce été la première et la dernière fois. Elle sourit nerveusement.

« Oui. » Oui, les Ætheri pouvaient se tromper. Elle préférait le croire. Elle ne voulait pas l’épouser, pas en sachant que rien de ce qu’elle nourrissait à son sujet n’était partagé. Elle soupira. Ça n’avait aucun sens. « C’est vrai. Il vaut mieux ne rien forcer du tout. » Dans leur cas, le blocage venait surtout de lui, de l’absence de réciprocité. S’il l’avait aimée, peut-être que les choses auraient été différentes. Il n’y aurait pas eu ce silence gênant. Le rêve aurait révélé les non-dits et sans doute lui aurait-il pardonné ses erreurs du passé, celles qu’elle avait commises avant sa mort. « Je… » commença-t-elle, en levant la tête vers lui. Oui, elle avait peur qu’il lui tournât le dos mais ce n’était pas seulement ça. Elle se dit qu’elle l’exprimerait sans doute maladroitement si elle lui en parler. Elle était blessée de ce qu’il savait et, ce qui avait un jour été des « Peut-être qu’il ressent la même chose », s’étaient éteints dans la certitude. Elle n’avait pas souhaité l’accabler sous une déclaration mais ça ne l’avait pas empêchée de nourrir des espoirs insensés. C’était son jardin secret qu’il avait violé sans le vouloir. C’était une réponse négative qu’il lui avait fournie sans la formuler. Elle n’avait pas eu l’intention de dire quoi que ce fût mais elle avait rêvé, peut-être, qu’à un moment, dans leur mission de paix, leurs lèvres s’effleurassent naturellement. « Je pense que… » continua-t-elle, sans exprimer davantage d’idées compréhensibles. « Ce n’est pas important. Allons dormir. »




« Allez, debout ! » déclara Tsadqiel, en s’asseyant sur le torse d’Isiode. Si la non-gêne avait porté un prénom, ça aurait été le sien sans l’ombre d’un doute. « Je suis déçu que vous n’ayez pas dormi avec moi. » En réalité, il était plutôt déçu qu’il n’ait pas dormi avec la Reine. Il fit un clin d’œil à l’Ange avant de le libérer du poids de son corps. « Vous avez de la chance, il va faire beau aujourd’hui. J’espère que vous aimez vous déplacer à dos de dragon. Elros n’est pas très patient mais c’est le moyen de locomotion le plus sûr pour traverser les étendues glacées. » Il s’arrêta avant de répondre en avance à une question que l’ancien endormi ne s’était peut-être même pas encore posée. « Cassandre ? Elle a préféré dormir dans le salon commun. Je crois qu’elle n’arrivait pas à fermer l’œil avec vous dans les parages. Je ne sais pas ce que vous vous êtes dit ni ce que vous lui avez fait mais ça faisait un moment que je ne l’ai pas vue souffrir d’insomnie. » Il fit une pause et reprit. « Elle est partie s’entraîner au combat dehors. Je pense qu’elle avait besoin de décompresser. L’Apakan l’a bien formée. Vous devez être content d’avoir une alliée comme elle. » C’était sincère, même si Tsadqiel ne savait pas exactement ce qu’il se passait actuellement entre les deux protagonistes. L’amour de l’Impératrice Blanche pour Isiode n’était pas un mystère pour lui mais il sentait bien que quelque chose avait changé récemment. « C’est une cavité que vous allez devoir explorer. Les Terres Glacées restent un grand mystère et, à vrai dire, personne ne sait ce qu’elles ont à offrir. »

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Isiode et Isley
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Isiode et Isley
Mer 23 Sep 2020, 01:36



Lorsque les premiers rayons de l’Oorunilà (du lever de Soleil) vinrent chatouiller la surface de mon visage, les doux reflets qui se transmirent jusqu’à mes paupières eurent tôt fait de m’extirper de mon repos. Le regard comme engourdi, incapable de se concentrer sur un point en particulier, je reprenais doucement conscience à la suite de ma nuit. Je savais que cette dernière fût agitée, troublée par mes pensées et pourtant, une fois réveillé, plus aucun souvenir de mon passage dans le domaine d’Harabella ne faisait surface jusque dans ma mémoire. Des impressions, toutes aussi confuses qu’hasardeuses, envahissaient mon esprit, mais impossible de donner une origine à ces sensations intérieu– … … Pardon?

« Allez, debout! » S’exclama un Tsadqiel volontairement enjoué.

Je battais des cils, légèrement incrédule, à sa vue. Est-ce que je rêvais? Est-ce qu’il venait vraiment de s’asseoir sur moi?

« Je suis déçu que vous n’ayez pas dormi avec moi », continuait l’hurluberlu tout en me gratifiant d’une œillade taquine par-dessus son épaule.

Mais comme si cette simple démonstration d’espièglerie venait d’activer une commande dans mon subconscient, une vive réaction prit possession de mon corps, à l’image des cellules du système immunitaire qui détectaient et neutralisaient les indésirables; elles devenaient alors extatiques et incontrôlables.

« PAR LES…! »

DIEUX! À quoi cet imbécile pensait?!

« Poussez-vous de là! »

D’un geste brusque, je voulus le faire basculer au sol afin de me dégager de son poids, tendant l’un de mes bras dans sa direction pour le chasser, de sorte qu’il rencontrât bien violemment le plancher. Cependant, ce scénario – à ma grande frustration – ne se réalisa pas, le Rasväar ayant été plus adroit en se redressant de lui-même dès qu’il perçut mon agitation. À bonne distance à présent, je me permis de le fusiller des yeux, m’évadant lentement des couvertures qui m’emmitouflaient.

« Quelle déception, en effet », ironisais-je tout en m’asseyant à travers les plaids dans lesquels j’avais passé la nuit.

Les deux mains contre mon visage, je ne pus que soupirer à la reprise de sa palabre. Dès le matin… Je n’étais pas du tout prêt à gérer ce genre de gamineries dès le matin. Ce qui était d’autant plus perturbant et agaçant lorsque « la gaminerie » en question portait le même visage que soi. Pourquoi les Ætheri – et pourquoi Jun – m’infligent-ils cela?

« Hum, hum. Elros. À dos de dragon. Oui, oui. »

Je ne l’écoutais que d’une oreille distraite, revenant peu à peu de ce réveil brutal. Je ne comprenais pas pourquoi cet homme, soudainement, avait voulu me prendre pour sa chaise. Ses réflexions, quelques fois, allaient bien au-delà de ma compréhension, mais je me demandais finalement si je voulais vraiment savoir ce qui lui avait traversé l’esprit. Il l’avait sûrement fait pour l’excentricité, quand bien même il n’avait pas besoin de me le prouver, à moi ou à qui que ce soit. Surtout que nous étions désormais seuls dans la… Intrigué, je me mis à balayer l’intérieur de la chambre des yeux. Où se trouvait sa Majesté?

« Oh, je vois, expirais-je faiblement à la réponse un peu trop bien ajustée de Tsadqiel, qui, néanmoins, eut tôt fait de me sortir complètement des embruns du sommeil. Vous m’en voyez désolé pour sa nuit. Ce n’était pas voulu. »

À cette réalisation, mon visage s’était presque instantanément assombri, la passivité de mes traits se devinant aux lueurs de l’aube. Puis, fatalement, mes paupières se refermèrent, ma gorge repoussant une expiration. Il fallait se faire une raison : ce n’était pas aujourd’hui que nous parviendrons à passer outre les frontières de ce trouble. Cette pénible impression était en train de nous consumer vivant. Je désirais sincèrement revenir à un état où elle et moi pouvions discuter de nos aspirations communes sans craindre de briser les œufs sur lesquels nous marchions actuellement.

« J’ai de la chance, effectivement. »

Cependant, je n'arrivais pas à agir en ce sens; et le penser ne suffisait pas. Agacé par moi-même, je me redressais complètement, cherchant aveuglément les habits que l’on m’avait prêté pour la tâche qu’il nous faudra réaliser au courant de la journée.

« Dois-je me méfier de quelque chose en particulier, une fois là-bas? »

Cette fois, pleinement concentré sur les propos de mon clone, j’hochais vaguement de la tête à ses réponses tout en portant attention à mes doigts qui lassaient mes bottes. Cela étant dit, à un instant, je finis par relever mon buste scrutant fixement un point dans le vide.

« Tsadqiel. »

Ce ne fut qu’un murmure, que j’emportais dans mon mouvement pour lui faire volte-face.

« Que savez-vous de la Reine Nilsson? »

Les souvenirs que j’avais partagé avec l’Ultimage ne comprenaient pas l’intégralité des moments qu’elle avait passé avec mon sosie. C’est pourquoi une grande partie de leurs aventures ensemble m’était complètement inconnue. S’était-elle confiée à lui, à un certain point? Si oui, qu’avait-elle bien pu lui raconter? Comment faisait-il abstraction de tout ce qu’elle avait, un jour, fait en amont?

« Pourquoi la suivez-vous? »



« Zok kaas, key! (Plus vite, cheval!) Entendis-je résonner puissamment au creux de mes oreilles tandis que les talons du jeunot se mirent à frapper brutalement le haut de mes hanches.

- Doucement. J’ai accepté de te porter, mais pas d’être traité comme un animal. »

L’enfant ne parût pas s’en soucier, hilare, avec son panier de victuailles sous le bras. Il s'amusait comme un fou. Je poussais un soupir, excédé, un contraste violent si l’on le comparait à l’enthousiasme du jeune Ànúczír (Réprouvé). En chemin pour me rendre sur le site où se trouvait la Reine, je l’avais croisé alors qu’il avait échappé quelques-uns des aliments, soigneusement emballés de son panier, dans la neige. En le questionnant, je compris qu’il était, lui aussi, à la recherche de l’Ultimage afin de lui donner ces vivres. Le garçon avait fini par m’accompagner, sautant sur mon dos sans aucune gêne tout en me commandant, dans son dialecte, de devenir son destrier là où il revêtirait les apparats factices d’un brave et fort guerrier. Je ne savais pas ce qu’ils s’étaient tous dit, ce matin, mais il semblerait que je n’étais plus du tout considéré comme un être humain.

« Rek los het! (Elle est là!) »

L’exclamation que le gamin poussa dû attirer son attention, puisque la Magicienne suspendit l’enchaînement de ses coups, tournant son regard dans notre direction. M’abaissant vers le sol pour permettre à l’enfant de poser pied à terre, je me relevais rapidement pour la saluer convenablement.

« Bon matin, m’introduisais-je auprès de la Souveraine en la gratifiant de la salutation militaire usuelle tandis que l’enfant, en trombe, courut jusqu’à sa hauteur pour lui donner le petit panier de victuailles. Il semblerait que vous soyez partie tôt pour vous entraîner. Sa mère voulait s’assurer que vous vous alimentiez comme il le faut avant le départ. »

À ses côtés, le garçon continuait de s’extasier en gesticulant dans tous les sens, expliquant à la jeune femme comment il avait été mandaté pour accomplir sa mission et comment, durant sa courte aventure, il était parvenu à dompter sa fidèle monture. Plus il déblatérait ses fantaisies et plus ma main remontait le long de mon visage pour le dissimuler.

« Quand vous serez prête, soupirais-je, visiblement épuisé par cette énergie enfantine, nous pourrons y aller.

- Hein? Vous partez aussi à l’aventure? Ensemble? »

J'acquiesçais, l'enfant ouvrant déjà la bouche pour proposer sa participation, mais je le coupais dans son élan.

« Tu peux oublier.

- Mais pourquoi?! »

C’était peine perdue. D'un geste, j'attrapais le gamin par la taille, le bloquant sous mon bras.

« Ta mission s'arrête ici. Je te ramène auprès de ta mère.

- C'est moi le guerrier, et c'est toi le cheval! Tu dois m'obéir!

- Effronté… Grognais-je, une veine se devinant sur ma tempe.

- Ma Dame! Vous avez pas à avoir peur! Cria le gamin d'une voix qui se voulait courageuse et solennelle. Je vais tabasser cette méchante créature pour vous! »

Et aussitôt dit, aussitôt fait, les poings du gamin se mettant à cribler mon ventre de coups énergiques et bestiaux. Voyant, pourtant, que cela ne me faisait rien, l'enfant approcha alors sa mâchoire pour me mordre et immédiatement, je le relâchais pour qu'il tombe au sol.

« Gon worr!! (Pour vaincre!!) » Beugla le garçon en se remettant immédiatement sur pied, fonçant droit dans ma direction.

Même s'il avait atterri tête première dans la neige, cette dernière n'avait en rien refroidit ses ardeurs guerrières. Cependant, je freinais instantanément sa course en posant ma main contre son front, les gardant, lui et ses dents, loin de ma personne. Désolé, j'adressais à la Magicienne un sourire.

« Navré de vous avoir déranger au beau milieu de votre exercice.

- RAAAAH! »

Je baissais les yeux dans sa direction. Ses bras tournaient comme des moulins sur chacun de ses flancs. Je pouvais au moins lui donner une qualité : il était persistant, ce petit.


1 485 mots (Sans les paroles de Tsadqiel) | Post V

Traduction :
Kaas = Vite/Rapide

Et hop! Défi : Isiode jouera avec un enfant. Accompli




It's a little price to pay for salvation
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[Q] - Découvrir | Isiode Signat20
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Mar 10 Nov 2020, 23:30



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« Les Terres Glacées ne sont pas faciles. » commença Tsadqiel, légèrement plus sérieux. « L’absence de votre magie va vous pénaliser, sans parler de vos ailes qui resteront feuilles mortes. Le froid risque de vous brûler la peau. Aussi, des créatures se trouvent peut-être dans les cavités. Pourtant, ces terres sont le berceau de l’humanité entière. C’est important de les découvrir. C’est important pour elle. » Il croisa les bras sur son torse. « Vous n’êtes pas fait comme moi, Isiode Yüerell. Vous êtes faible en ce lieu. » Il ne le disait pas par orgueil. Il le disait parce qu’il s’agissait d’une vérité. Il inspira, ce qui produisit le soulèvement de sa cage thoracique. Elle s’affaissa juste après. « Sur la Reine Nilsson ? » Il sourit. « Pourquoi ? Elle vous intéresse ? » Il n’avait pas pu s’en empêcher. Il n’était pas sérieux. Il le taquinait, c'est tout. Il était le Roi d’un peuple qui prônait l’équilibre et l’équité. Il connaissait les Vertus. Il n’y avait qu’à regarder son interlocuteur pour comprendre qu’il en était le digne représentant. Son sourire s’estompa doucement, signe qu’il allait répondre plus docilement que précédemment. « Je la suis parce que j’ai été créé pour elle. » finit-il par avouer. « Comme ceux de mon espèce. Je suis, en quelque sorte, son représentant, à elle et Väaramar. Ou je le serai. En attendant, je fais attention à ce qu’elle n’attrape pas froid. » ajouta-t-il en plaisantant. « Mais je ne peux visiblement pas l’empêcher de tombez nez à nez avec les parties de certains Anges aventureux. » Son sourire s’accentua. Il connaissait le corps d’Isiode par cœur, pour avoir le même. C’était une expérience étrange que celle de s’admirer d’un point de vue extérieur. « Le reste, j’imagine qu’elle vous le dira elle-même. » Il ne savait pas ce qu’il pouvait expliquer et ce qu’il devait tenir secret. Il avait donc décidé de doser ses déclarations. « Je ne peux pas tout vous avouer, notamment parce que je ne sais pas de quel Temps vous venez exactement. La connaissance peut avoir un prix lorsqu’elle n’intervient pas au bon moment. » C’était une certitude. Tsadqiel se doutait qui était à l’origine du transfert d’Isiode mais il ne comprenait pas pourquoi. L’Impératrice Blanche devait-elle absolument être mise en relation avec l’Ange ? Pourquoi ? Quel était le but recherché derrière la manœuvre ? Une plaisanterie ? Une réelle volonté de créer une conséquence ? « Vous devriez aller la retrouver. » conseilla-t-il, pour marquer la fin de l’échange. Il regarda par la fenêtre. Il avait annoncé du beau temps mais il avait un mauvais pressentiment.





Un sourire amusé courba les lèvres d’Edwina lorsqu’elle vit Isiode. « Bon matin. » répondit-elle, en se baissant pour attraper les vivres que lui tendait le garçon. « Merci. » Ses yeux se firent taquins. « Est-ce que le soldat Yüerell est une bonne monture ? » s’enquit-elle. L’enfant répondit que oui et commença à raconter le trajet de fond en comble, inventant quelques anecdotes au passage qui firent rire la Souveraine. La gêne de l’Ange ne fit qu’accentuer la lueur dans son regard. Elle n’aimait pas spécialement les gamins mais celui-ci avait au moins le mérite de détendre l’atmosphère. À vrai dire, peut-être qu’elle pourrait se laisser convaincre d’en avoir, des enfants, si elle tombait enceinte de la bonne personne. Elle y pensa brièvement mais chassa l’idée. C’était idiot, étant donné la situation. L’homme qu’elle aimait ne l’aimait pas. C’était ainsi. Après des siècles d’existence, elle n’avait pour ainsi dire jamais véritablement vécu d’amour réciproque. Peut-être était-ce ça, la malédiction qui allait avec le pouvoir et les responsabilités ? Un lit vide, froid et un cœur serré en permanence ? L’amour était-il important ? Elle ne savait pas. Erwan ne l’avait pas élevée pour qu’elle fût seule mais il avait préféré faire passer le combat contre le mal avant tout. Penser à lui la fit se sentir bizarre. Il lui manquait.

La fougue du garçon la sortit de ses pensées. Elle rit devant l’audace dont il faisait preuve. Elle n’aurait pas osé, petite, se frotter à Isiode. Elle le regarda, lui, son corps, son visage et ses yeux céruléens, en prise avec la volonté du Réprouvé qui faisait au moins cinq têtes de moins que lui. Elle avait envie de l’asticoter ainsi, de le provoquer pour obtenir son attention, pour qu’il l’empêchât de l’attaquer et qu’il finît par être obligé de l’enfermer au creux de ses bras. L’envie de sentir sa peau contre la sienne la tint un instant. « Ce n’est pas grave. » finit-elle par dire en s’approchant. Elle regarda le Bipolaire. Elle connaissait une technique imparable pour faire fuir les individus de son âge. « C’est que, le soldat Yüerell et moi-même ne partons pas réellement à l’aventure. Normalement, c’est un secret mais je te pense digne de confiance. Tu ne diras rien, pas vrai, si je t’en parle ? » « Non ! Rien ! Sur l’honneur je le jure ! » déclara-t-il. « Bien. Alors… » Elle se baissa jusqu’à son oreille pour y murmurer quelques mots. Non seulement il arrêta de se débattre mais il prit également une mine dégoûtée. « Berk ! » « Cela dit, si nous partons vraiment à l’aventure, la prochaine fois, nous ferons appel à tes services. »

Lorsqu’Isiode et Edwina furent de nouveau seuls, elle le regarda. « Ne m’en voulez pas pour ce que je lui ai dit. » Elle sourit, ne sachant pas s’il avait entendu. « Ici, on ne vous connait pas alors vous n’avez pas à avoir peur pour votre réputation. » Elle leva les yeux vers le ciel lorsque le soleil disparut d’un coup. Les Terres Glacées étaient capricieuses mais jamais elle n’avait vu un changement si brutal. « Qu’est-ce que… ? » L’air s’engouffra dans ses cheveux qui se mirent à voleter violemment. À quelques mètres de là, l’horizon se flouta sous l’effet de la tempête de neige qui se rapprochait. Un brouillard anormal apparut, en même temps que Jun. Il fixa l’Ange. « Changement de programme. On rentre à la maison. Et vous… » Il ramena le Boucher chez lui avant de finir sa phrase. C’était trop dangereux à présent. Il n’était pas le seul Æther à s’amuser sur le continent.

1045 mots

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Isiode et Isley
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Isiode et Isley
Mer 18 Nov 2020, 05:37



Une pensée fugace me traversa, alors que j’assistais à l’échange entre la Reine et le petit Réprouvé. Malgré la nuit agitée qu’elle aurait éprouvée, sa Majesté semblait être en forme. Toutefois, je savais aussi que cela pouvait n'être qu’une façade qu’elle s’obligeait à ériger afin de garder la face, et le sourire. Pourtant, en dépit de mes appréhensions, elle paraissait bien s’amuser auprès du Bipolaire, le visage de ce dernier s’étant brusquement décomposé pour arborer une grimace de dégoût profond et d’extrême écœurement lorsqu’elle finit de lui partager le suspicieux secret. À ce constat, l’un de mes sourcils se redressa, et je devinais presque aussitôt la nature de cette fameuse confidence. Le gamin, quant à lui, sans se départir de sa mine renfrognée, finit par souffler bruyamment du nez à la proposition de l’Ultimage, incertain.

« … Mouais. Vous me le promettez, hein? »

Il l’espérait, autant espérait-il que nous ne passerions pas tout le prochain voyage à nous faire des bisous baveux et à rire comme les couples niais des contes que lisaient les enfants magiciens – c’était vraiment pas amusant, des rendez-vous d’amoureux, et ça servait à rien. C’est pourquoi, ni d’une, ni deux, le garçon partit au pas de course pour retourner à l’établissement où l’attendait ses parents. L’aventure, il la vivrait une autre fois! Ainsi, portant une œillade en direction de la Reine, je finis par secouer légèrement de la tête à ses paroles, lui faisant ainsi signe que cela m’allait.

« Cela ne serait pas la première fois que des rumeurs circuleraient sur vous et moi, mais je suppose que nous pouvons nous assurer de sa discrétion », laissais-je tomber d’un ton qui acceptait cette réalité, sans pour autant s’en amuser, même si, désormais, les clameurs à notre sujet s’étaient essoufflées depuis longtemps.

Cependant, notre échange se coupa violemment lorsque les rayons du Soleil, littéralement aveuglants il y a quelques secondes à peine, disparurent d’un coup. Redressant la tête vers le ciel, je scrutais l’épais rideaux de brume qui se soulevait, prenant conscience de la levée des vents, de l’éveil de la tempête. Et du Taiji. Soudainement, mon corps se figea, mon menton se suspendit, laissant ma bouche entrouverte, sans qu’aucune syllabe ne franchisse mes lippes, et je clignais une fois des yeux.

« Isiode?

- Tout va bien, ōrákun? (Mon frère?) »

D’un mouvement vague, je fis pivoter ma tête à gauche, puis à droite, puis à gauche, et encore à droite, afin de considérer le nouvel environnement dans lequel je venais d’atterrir. Il s’agissait de mon salon : je me trouvais dans mon appartement. Tout aussi lentement, mes yeux se posèrent sur les épaules des deux protagonistes qui me faisaient face à présent. Sa Majesté et Jun Taiji n’étaient plus là, Isley et Muramasa se tenant, cette fois, auprès de moi.

« Tu t’es brusquement arrêté au milieu de ta phrase et… Poursuivit mon frère avant de marquer une pause, soucieux. Tu es sûr que tu vas bien?

- … »

Le silence qui lui répondit l’inquiéta davantage.

« Isiode?

- Pourrais-je avoir un verre d’eau, s’il-vous-plaît? »

L’Orine et mon frère se jetèrent un regard en biais, jusqu’à ce qu’Isley se porte volontaire. La rouquine, quant à elle, ne bougea pas d’un pouce, son regard scrutant simplement mon faciès. Hésitante, sa main vint se coller contre sa nuque, la frottant légèrement.

« Tu es à la maison. »

Mon visage se releva soudain, assez rapidement pour voir le doux sourire qui s’était dessiné sur la commissure de ses lèvres.

« C’est ce que tu voulais savoir, non? Tu es à la maison. »

Je ne pipais toujours mot, la dévisageant au lieu de lui accorder raison, parce qu’elle savait, certainement mieux que quiconque, ce qui se tramait dans mon subconscient. C’était son privilège en tant qu’Orine, de connaître et d’interpréter au mieux le moindre de mes désirs, des plus oppressants aux plus insignifiants. Je détournais distraitement les yeux sur le côté, songeant que Muramasa devait connaître bien plus de choses que je pouvais me l’escompter jusqu’à maintenant. Cependant, pour le moment, il me fallait comprendre ce qui venait de se passer, mon esprit cherchant aussitôt à recollecter tous les souvenirs de ma mémoire. Je me trouvais sur l’Île d’Orhmior, à l’intérieur de mon appartement avec mon frère ainsi que Muramasa, et j’étais en train de leur communiquer, comme promis, les informations nécessaires à la réalisation de notre prochaine opération en collaboration avec la Confrérie des Corvus Æris. Je me souvenais de les avoir mis au courant de la zone qu’il nous faudra couvrir au cours de cette mission, des effectifs que nous avions pu nous permettre de réquisitionner avec un budget toujours plus serré, et puis, en aparté, je les avais informé de ce qui s’était produit avec le Thekēra blessé.

Mais en même temps, au même moment, ne me trouvais-je pas aux côtés de sa Majesté, emmitouflé de la tête jusqu’aux pieds afin de prévenir le froid de me brûler? N’était-elle pas en train de sourire, quelques minutes plus tôt, des bêtises de ce petit Bipolaire? Puis, au départ de ce dernier, le ciel s’était brusquement assombri, le Soleil s’était complètement éclipsé de notre vue et il y avait eu Jun Taiji qui…

… …

Qui m’avait ramené à la maison. Je me pris la tête à deux mains, poussant un long soupir. Cela ne faisait aucun sens. Combien de temps étais-je resté sur le Continent des Glaces? Je n’y avais passé qu’une journée à peine et ici, pourtant, plusieurs, plusieurs semaines s’étaient déjà écoulées…

« Hum… »

J’extirpais mon visage de mes phalanges, croisant instantanément mon reflet déformé par le verre d’eau que me tendait mon frère. Cela faisait déjà une bonne poignée de secondes qu’il se tenait là, sans bouger, à attendre une réaction de ma part. Je pris le verre, en bu le contenu d’une gorgée, avant de le déposer sur la table à proximité.

« C’est vraiment pas drôle du tout. Qu’est-ce qui te pr– »

Mais Muramasa l’empêcha de terminer sa phrase en posant une main sur son bras. Leur regard se croisèrent et l’Orine lui fit signe d’attendre un moment.

« Il est revenu de… quelque part, je crois.

- De quelque part?

- Des Terres Glacées, pour être plus exact. »

Pris par surprise, mes deux compagnons se retournèrent dans ma direction.

« Les Terres… Commença Isley avant que l’un de ses sourcils ne se redresse, sceptique. Tu t’es cogné la tête. Ou alors l’eau était plus froide que je le croyais…

- Je reviens des Terres Glacées, insistais-je. J’y ai rencontré l’Ultimage et…

- C’est impossible », souffla la rousse d’une inflexion basse et hésitante, parce qu’elle savait, paradoxalement, que je ne leur mentais pas.

Et c’est ce qui la troublait d’autant plus.

« Mais comment tu…

- Jun Taiji. »

Isley se paralysa à l’entente de ce nom, qui devenait beaucoup trop familier à son goût ces derniers temps.

« Tu n’es pas sérieux.

- Je suis sérieux. Ce n’est pas la première fois que cela m’arrive… Que l’on me téléporte contre mon gré à des lieux inusités, je voulais dire, et Isley le savait parfaitement, ayant complètement paniqué en apprenant ma soudaine disparition à la suite du Lux In Caelum. Mais de cette manière, je ne connaissais pas encore, ironisais-je.

- Pourquoi t’envoyer là-bas?!

- Une mission d’exploration avec sa Majesté. Toutefois… »

Je me tus. Mon frère palpitait. Il ne comprenait pas pourquoi le Prince des Cauchemars s’intéressait à ce point à l’Ultimage, à moi, à lui, à nous. Et Muramasa le sentait également, avec une précision effrayante : tout cela le tracassait énormément, pour ne pas dire que ça le terrorisait. Le Taiji possédait des pouvoirs extraordinaires et savoir qu’il en jouait pour nous tourner autour, à l'image d'un vautour, ne pouvait que le marquer d’une désagréable impression.

« … Toutefois, nous n’avons pas eu le temps de la réaliser. Le climat s’est soudainement agité, puis il est apparu, et m’a renvoyé ici, à la maison… »

C’était tout bonnement incompréhensible.

« Isiode. Quand es-tu parti aux Terres Glacées exactement? »

Je fermais les yeux afin de me remémorer.

« C’était bien avant que vous reveniez de votre expédition. Je venais de terminer un entraînement avec Hiddleston et d’autres frères d’arme. Je me préparais pour me laver quand on m’a… Un détail, soudain, s’imposa à mon esprit, que j’enfonçais très profondément dans un coin obscur de celui-ci. … quand on m’a envoyé là-bas.

- Mais tu étais ici!

- Je le sais. Je m’en souviens également. »

Les yeux de mon frère étaient gros, écarquillés, une confusion pure et brute se devinant sur chaque ligne de son faciès.

« Tu te trouvais à deux endroits en même temps? »

Je ne pouvais qu’hocher de la tête, exhalant un soupir.

« Il semblerait. »

Le silence nous tomba brutalement dessus. Ce dernier persista, perdura, durant un long moment sans que lui, elle ou moi daignâmes souffler le premier mot qui le briserait. Tous, nous nous étions plongés dans une sorte d’état méditatif, à ressasser les différentes informations que nous possédions, mais une seule réflexion revenait sans cesse dans le creux de nos pensées : que gagnait le Taiji à faire tout cela, à entrecroiser nos chemins de cette façon? L’esprit en ébullition, je finis par me redresser, quittant mon assise, tournant le dos à mon frère et à la rouquine.

« Je vais aller m’étendre un moment.

- Et pour la suite du brief? S'exclama Muramasa en se redressant légèrement.

- Nous pourrons en reparler demain », lui dis-je en leur adressant un vague sourire par-dessus mon épaule, me retournant pour m’engager dans le couloir qui m’amenait directement dans ma chambre.

Et à chaque pas que j’esquissais, les derniers propos du Rasväar rejouaient dans mon esprit, en boucle. « Je ne peux pas tout vous avouer. » Pourquoi? Qu'avait-il à cacher? « Notamment parce que je ne sais pas de quel Temps vous venez exactement. » Ses paroles commençaient à faire sens à présent. « La connaissance peut avoir un prix lorsqu’elle n’intervient pas au bon moment. » Et doucement, je fermais la porte de ma chambre derrière moi, m’enfonçant, tout habillé, dans le moelleux de mes draps.

Non loin, je perçu les pas de Pepito, qui bondit agilement sur le coin de mon lit. Je venais à peine de me réveiller dans… l’autre temporalité, mais ici, la nuit régnait, l’œil de Phoebe illuminant le ciel légèrement couvert. Je n’étais pas fatigué, loin de là même, et pourtant, j’avais l’impression qu’il me serait possible de dormir pendant une ère entière à partir de maintenant. La connaissance avait un prix lorsqu’elle n’intervenait pas au bon moment… Alors pourquoi étais-je devenu le propriétaire d’autant de mémoires et d’informations? Plaquant l’un de mes bras sur mon visage, je me permis de soupirer. Bien avant de partir à l’entrepôt dans lequel reposait le Thekēra, j’avais accosté mon frère quelques minutes afin de lui demander, à mon tour, pourquoi n’avait-il pas parlé à qui que ce soit de tout ce que la Reine lui avait confié. À ma connaissance, il n'était restreint par aucun sort. Pourquoi avoir gardé tout cela secret? Pourquoi ne pas avoir averti nos supérieurs? Notre peuple avait besoin de savoir ce qui se passait, j'en étais persuadé. Pourtant, la seule réponse que m'avait fourni Isley avait été ceci :

« Ce n'est pas le bon moment. Les explorations, la reprise de la Terre Blanche, et nous devons maintenant nous occuper de tous les rescapés qui ont été sauvés. »

J'avais froncé les sourcils. Il avait poursuivit :

« Notre situation se redresse, mais nous continuons de nous débattre dans la fange avec tout ce qui s'enchaîne, et les conséquences que cela amènent. Ce n'est vraiment pas le bon moment. Mais lorsque ça se calmera, j'irai voir nos supérieurs, l'Imperio Vaughan ou Astaria, et leur en parlerait. Promis, Isiode. »

Je dégageais lentement mon bras de mon visage, Pepito se roulant dans le creux de mon cou. Pour une énième fois, un soupir résonna.


1 992 mots (sans les paroles de Tsadqiel) | Post VI | FIN



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