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 [Q] - Lorsque la Tour échoua à garder sa Reine

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Mar 20 Aoû 2019, 15:28



Lorsque la Tour échoua à garder sa Reine


Partenaire : Solo
Intrigue : Sur les Terres Glacées, une légende est murmurée ici et là, celle d'une tour se trouvant dans le lointain, perdue dans les glaces. Une femme y aurait été enfermée jadis et des voyageurs se seraient enfoncés au plus profond du continent pour la délivrer, ne revenant jamais. C'est l'histoire d'une Reine du passé qui fut enchaînée là pour avoir soutenu le mauvais parti. C'est l'histoire d'une Reine du passé qui envoya son bourreau se faire foutre.

_______________________________________

« C’est une question de probabilités. » Elle sourit à son interlocuteur. « Ce n’est pas au vieux singe que l’on apprend à faire la grimace » répondit-il, amusé. « Ce que je ne comprends pas, cependant, c’est cette volonté d’aller jusqu’au bout. Je sais que tu ne penses pas que les Ætheri rebelles gagneront cette guerre. Alors pourquoi ? » « Allons, tu me connais trop pour jouer les ingénus. » « Le fait que tu aimes prendre des risques est une chose mais là… ce ne sont plus des risques, c’est du suicide. » Il marqua une légère pause avant de soulever un nouvel argument. « Il le vivra mal. » Elle savait parfaitement de qui il parlait. Elle se déplaça dans la pièce pour s’approcher du brun. « Tu le vivras mal. » Il rit brièvement. « Heureusement, ma femme sera là pour me consoler. » « Pourquoi restes-tu auprès d’elle ? Elle a l’Éternité d’après le Phénix. Elle ne risque plus rien. » « Je sais mais cela m’amuse et puis, outre cette mission qui consiste à la protéger, j’ai quelques idées en tête pour le futur. » « Comme ? » « Une nouvelle lignée de Taiji. » Elle soupira. « Comme si nous n’étions pas assez nombreux. » « À qui la faute ? » dit-il, taquin. « La science appelle souvent des cobayes. » « Aria a longtemps été contrariée de voir son sang se mêler à celui d’impurs. » « Tant mieux. » « Qu’en as-tu tiré ? » « Le fait que le sang des Taiji n’est pas plus sujet à la réussite que celui de n’importe quelle autre famille. Bien sûr, certains facteurs génétiques aident, comme la faculté à développer une magie puissante de génération en génération, mais c’est en grande partie l’environnement qui facilite l’élévation sociale. » « Et le nôtre, de sang ? » « C’est différent. Nous sommes élevés dans un unique objectif. Il n’y a pas de bâtards qui n’embrasseraient pas la cause. Cela étant, Clauswitz a décidé de rejeter les préceptes. Nous ne sommes pas exempts d’anomalies même si une méthode expérimentale serait impossible dans notre cas. » « Plus difficile, en effet. »

« Que penses-tu que Sympan te réservera lorsque la Guerre sera terminée ? » « Prévoir la décision du Créateur – si tant est qu’elle vienne réellement de lui – est impossible. » « Tu devrais te rétracter et le soutenir. Les Mortels se battent encore, certains Ætheri aussi, mais la fin devient inévitable. » « Hors de question. Tu sais, jadis, Ismérie m’a murmurée que de son Enfer, il me regarderait me rendre au Paradis. Pourtant, le Paradis reste introuvable et ce que je vis actuellement est l’Enfer le plus sombre que je n’ai jamais connu. Je ne sais pas ce que me réservera Sympan – ou la chose pour qui chacun se bat – mais, quoi que ce soit, cela sera toujours mieux que mon existence actuelle. La Divinité n’est pas pour moi. Je veux pouvoir mourir. » « C’est étrange. Tu aurais pu de nouveau ne faire qu’un avec lui… » Elle sourit. « Tu sais ce que j’en pense. » « C’est cruel. » « Oui mais c’est le seul moyen. Lui échapper le pousse à devenir bien plus puissant. Il va vouloir s’étendre, encore, et encore, jusqu’à la finalité. » « Tu le veux vraiment ? » « Oui. Un jour, il sera ce Dieu, au milieu de son jardin de roses, à observer le monde qu’il aura créé d’après ce souhait si précieux. » « Ils ne sont que trois à avoir été le Sympan parmi les Mortels. » « Je sais. Aucun des trois ne semblent s’en souvenir. » « Cela m’interroge aussi, figures toi. Le temps n’a pas d’emprise alors pourquoi ? À l’instant où Jun a été le Sympan, il aurait pu faire ce qu’il souhaitait. Je ne crois pas en cette histoire de malaise dû à ta mort. Seulement, le cristal a fini entre les mains d’Aria. Pareil, là encore, elle aurait pu faire ce qu’elle souhaitait, en dehors de mettre le monde à feu et à sang. Ismérie l’a vaincue mais le Sympan des légendes ne pourrait pas connaître une telle défaite. Celle de jadis, contre les autres Ætheri, semble également fausse. Comment réussir à enfermer le plus puissant des Dieux, le Créateur, celui qui a façonné le Tout dans les moindres détails ? » « Sympan n’est peut-être pas un Dieu. » « C’est ce que je me suis déjà dit. Seulement, cette théorie est impossible. » « Je ne sais pas. »

« Que vas-tu faire, alors ? » « Quand le moment sera venu, je tomberai enceinte. Il y a un pourcentage de chance non négligeable pour que cela me fasse gagner du temps. Il serait presque impensable de faire payer à un enfant non encore né les choix de sa mère, surtout lorsque le père a soutenu Sympan. » « À qui penses-tu ? » « Le Monarque Démoniaque. Ses spermatozoïdes ont un taux intéressant de réussite lorsque la femme est dans une période propice et une longévité supérieure à la moyenne. Ses gènes sont excellents. » « Tu le cherches, en fait. » « Je sais mais je n’ai pas choisi cet homme au hasard. Jun sera agacé mais, sans connaître le futur puisque la période est bien trop troublée, il y a un calcul stratégique à ne pas manquer. Jun a convaincu Zane de soutenir Sympan, ce qui place les Démons en contradiction avec la vision des Anges, qui, eux, soutiennent les Ætheri. En prenant en compte les récentes guerres entre les deux races, c’est impossible que celle qui en sortira vainqueur n’en profite pas pour tirer son épingle du jeu. Je suis convaincue que Sympan gagnera, ce qui placera les Démons dans une position dominante. Les Anges devraient plier car Zane n’est pas un homme qui laisse passer de telles opportunités. Seulement, je ne suis pas favorable à un quelconque déséquilibre entre ces deux races. Ce n’est jamais bon signe. Jun finira par craquer, peu importe la menace que représente le Dieu de l’Enfer. » « C’est pousser extrêmement loin le champ des possibles. » Elle sourit. « J’y suis obligée, si je veux survivre, et la possessivité de Jun est une constante sur laquelle je peux m’appuyer sans crainte. » « Sans aucun doute. Il est bien plus jaloux que je ne le suis. » Il déplaça un pion sur son jeu et se dirigea vers un meuble pour se servir à boire. Ils jouaient au beau milieu de la discussion, réfléchissant à la meilleure stratégie à adopter sur le plateau tout en pensant à celle qu’il convenait d’engager dans la réalité. « Et ensuite ? » « J’ai déjà commencé à placer mes pions un peu partout, tu sais. Les possibilités ne sont pas infinies. Le fait qu’il s’agisse d’une punition réduit également le champ. Les Terres du Yin et du Yang ne sont pas toutes explorées mais il y a des limites, je pense, à la géographie. Si je devais réprimander quelqu’un, je l’éloignerais de toute possibilité d’aide mais pas de manière absolue pour qu’il puisse y avoir une notion d’espoir à jamais déçu. Là où je gagne, c’est si je prévois les actions en ma faveur à l’avance. » « Cela fera beaucoup de sauveurs inutiles. » « Oui. Des êtres se déplaceront pour rien mais certains finiront par tomber juste et par contribuer à la réalisation de mes desseins. » « En admettant une telle punition, les probabilités ne vont pas en faveur d’un maintien de ta divinité, ou sous tutelle mais ce serait risqué. » « J’ai pensé à ça. Je ne sais pas ce que je serais mais j’ai… » Son sourire s’agrandit. « J’ai dupliqué les Couronnes raciales et ai créé celle des Chamans. » Il rit. « Je vois. Et, laisses-moi deviner : tu as fait en sorte d’être la seule à pouvoir les dénicher ? » « Exactement. » « Et dans le cas où tu perdrais la mémoire ? » « J’ai prévu ce cas aussi. Je suis en train de créer certains objets qui me rappelleront le principal. Certaines personnes clefs auront des indices en leur possession, également. Seulement, peu importe le cas, Jun est mon ancre. Il ne le supportera pas. Il fera en sorte de m’insuffler de nouveau ce dont je ne me souviendrais pas. » « Malin. » « J’ai également organisé quelques phénomènes, qui interviendront en temps et en heure. » « Et l’enfant te servira à parfaire ton jeu. Tu espères même que ta sentence te soit révélée avant son application, n’est-ce pas ? » « C’est une possibilité qui arrangerait grandement mes affaires. » murmura-t-elle. « Les Ætheri doivent savoir. » « Ils sont bien trop occupés. Ils se battent tous pour survivre. Je me bats par amour du danger et par goût du défi. » « Ce sera peut-être ton dernier acte. » « Le spectacle n’en serait que plus éblouissant. »

« Et les Humains ? » « Le Roi a pris sa décision. » « Je pensais que tu interviendrais pour faire pencher la balance du côté du Créateur. » « J’espérais une réaction de ses sujets mais, visiblement, celle-ci n’aura pas lieu. » « Pourquoi ne pas agir alors ? » Elle sourit, sans répondre à son interrogation. Nul doute qu’elle avait un avis sur la question mais, curieusement, elle ne semblait pas prête à le partager. « Tu verras bien. » finit-elle par articuler. « C’est très vilain de me faire des cachoteries. » « Il s’agit plutôt de ne pas t’enlever tout le plaisir. À force de te faire des révélations, tu n’auras plus aucune surprise. Nous savons tous les deux ô combien c’est déplaisant et ennuyant. » « Je ne m’ennuie jamais. » « Ta chance est immense » dit-elle, amusée. Il s’approcha du corps de la blonde et la regarda un instant. « Dire que tu vas laisser cet homme te toucher… » Il attrapa l’une de ses mèches de cheveux et l’enroula autour de ses doigts. « Tu devrais réellement penser à récompenser la patience de Jun un jour. » « C’est déjà fait, il n’en a pas encore conscience, c’est tout. » « Intéressant. Était-ce plaisant ? » « C’est indiscret. » « Certes mais tout ce qui concerne Jun me concerne aussi. Je finirai par le savoir. » « C’est amusant que tu ais renoncé à l’appeler par son vrai nom. » Le silence retomba lorsqu’il s’éloigna sans justifier ce choix.

« Et toi ? » demanda-t-elle après quelques minutes. « Quoi moi ? » « Que comptes-tu faire ? » « M’occuper. Il y a toujours des Grands en mal d’amusement, prêts à se lancer dans un défi grandeur nature. Je t’inviterai si tu veux. » « Hum… Je préférerais que tu m’en dédies un, un jour. » « Pourquoi pas. Il faudra te choisir un adversaire. » « Si je trouve quelqu’un à la hauteur, je te ferai signe. » dit-elle dans un sourire non équivoque.

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Jeu 12 Sep 2019, 16:53



Lorsque la Tour échoua à garder sa Reine



« Peut-être me trouverez-vous égoïste. Seulement, je ne pouvais pas décemment laisser une entité me contraindre sans rétorquer. J’ai toujours aimé jouer mais, dans cette situation, il s’agissait de tellement plus que cela. Trouvez-vous ça juste, vous, que des Mortels soient punis pour le fruit de décisions qui ne leur appartenaient pas ? Les Ætheri sont mauvais. Ils sont mauvais parce qu’ils sont puissants et irresponsables. Et comme ils ne peuvent pas s’affronter directement, ils cherchent à contourner les Lois de l’Univers autrement. Ils abusent leurs fidèles pour les amener à entreprendre ce qu’ils désirent. Les probabilités pour que le Créateur l’emporte étaient grandes. Pourtant, il n’y aurait pas eu de Guerre si l’ego des uns n’avait pas heurté les valeurs des autres. Il suffisait que chaque Divinité fasse le même choix pour apaiser la situation. Delta n’est pas un Dieu. Delta est sans doute, même, un menteur. Mais qui ne voudrait pas croire à la légende du Sauveur ? Car, après tout, si Sympan a créé ce monde, sans doute est-il le plus apte à le comprendre et à l’élever vers le Merveilleux. Argument irréfragable. Seulement, c’est oublié qu’il n’est en rien responsable de la naissance de tous les peuples. D’autres Ætheri ont modelé ce Monde, sans lui. C’est oublié aussi que s’il était vraiment si puissant, jamais il ne se serait laissé enfermer. L’Histoire aussi est une menteuse. Et quand on s’élève, on comprend que la réalité est bien plus complexe, que les Univers sont liés entre eux et que chaque Monde comporte son Histoire, aussi pernicieuse que les autres. L’amour est universel. Il touche les Mortels, il touche les Dieux, il touche les autres Monde. Il n’y a pas de Sauveur. Il n’y a que des sentiments qui poussent à agir, à créer, à magnifier. Sans émotion, les êtres sont voués à disparaître, perdus dans le Néant. Sans émotion, il n’y a pas de combat parce que c’est pour ce que l’on aime que l’on se bat. Je me suis longtemps demandé ce qui me poussait à continuer. La Légende raconte souvent l’Histoire de l’homme aussi âgé que l’est l’Océan. Je suis la femme faite de la même matière que les Rêves et s’il me surnommait comme ceci, jadis, ce n’était pas dans l’objectif de me murmurer que j’étais le sien. Les Rêves, lorsqu’ils sont éveillés, entraînent l’Espérance et font naître la Force. Tout au long de ma vie – et beaucoup savent que j’ai essayé d’être rationnelle – je n’ai jamais pu m’empêcher de prendre le chemin de traverse, celui qui me criait que j’allais peut-être tomber et m’écorcher. Pourtant, c’est ce qui est excitant. Le danger motive, le danger donne l’impression d’être vivant. Si le Monde était calme, il deviendrait ennuyeux. J’ai toujours contrôlé mes émotions, toutes mes émotions, sauf celle-ci, ce sentiment d’adrénaline étonnement grisant précédant les choix décisifs et dangereux. Et c’est pour cela que ma vie a toujours valu la peine d’être vécue. J’aime le danger, j’aime désirer l’impossible et le voir naître de mes mains. Rien n’est impossible. Peut-être est-ce aussi la raison pour laquelle je fuis Ezechyel. Je désire, ardemment et pour toujours, avoir peur de la Mort. Parce qu’elle seule a le pouvoir de nous rappeler que tout ce que nous vivons peut s’arrêter, là, comme ça. Penser à la Mort signifie penser au moment présent. Elle ne doit pas paralyser car elle est une amie, une amie qui nous rappelle qu’il faut profiter de chaque instant. Tous ces instants, je veux les passer à défier les Lois, à défier l’Ordre, à défier les Dieux. Alors, certes, peut-être me trouverez-vous égoïste de sacrifier la vie d’autrui pour sauver la mienne mais il est hors de question que je perde cette partie. Ce jeu, qui a débuté, n’est pas une Guerre opposant les Ætheri entre eux. Ce jeu sera celui qui marquera le début de l’effondrement des Dieux. »





Les yeux bleus de Tsadqiel n’avaient jamais paru aussi clairs. Il marchait dans l’étendue glacée, Elros à ses côtés. Les deux créatures brûlaient de cette même lueur bleutée. Le Rasväar tenait dans ses mains deux objets : le carnet d’Erwan et le pendentif. Il alternait les moments de vol et les moments sur le sol. Ses yeux étaient froids, fixes, déterminés. Il devait lui obéir et il le savait. À vrai dire, ça ne lui déplaisait pas, au contraire. Il était la création d’un Dieu. Il savait où était sa place. Il voulait qu’elle le guide et qu’elle lui montre la voie. Il voulait qu’elle s’affirme et s’élève vers ce qu’elle devrait être, avec plus de force que jamais.

Il se questionnait, ne savait pas où avaient pu s’égarer ceux qui étaient partis depuis les rives du continent. Pourquoi avaient-ils décidé de se perdre ici, loin de tout ? Quelle force mystérieuse les avait poussés à risquer leur vie ?

Il s’arrêta, admirant le Dragon. « Sois gentil. » lui dit-il simplement. C’était la troisième fois qu’il essayait d’amadouer la bête. L’animal, à chaque fois, émettait un son qui semblait être un rire moqueur et s’envolait ensuite pour le laisser là. Cette fois, les yeux de Tsadqiel se plissèrent. Il le poursuivit et une sorte de course débuta, une danse aérienne où l’homme chercha à s’accrocher au dos de l’animal qui, par des gestes habiles et puissants, l’envoyait paître plus loin. Le Rasväar savait pourtant que la bête lui ferait gagner du temps. Il se défendit comme il put, écopant de plusieurs plaies qu’il soigna, sans se poser une seule fois. « Allez ! » hurla-t-il en direction d’Elros. Ses muscles se bandèrent. Il était taillé pour le combat. Sa magie filtra par les pores de sa peau. Il prit de l’élan et retenta, se faisant battre en brèche par la queue du Dragon qui le projeta sur une bonne centaine de mètres avant qu’il ne puisse se contrôler de nouveau. L’abdomen douloureux, il serra la mâchoire. Il disparut et se téléporta juste devant la face du Pur. Il le regarda avec un air déterminé, attrapant une partie de sa gueule avec ses mains pour l’empêcher de continuer son chemin. « Si tu ne le fais pas pour moi, fais-le pour elle. » L’animal aurait pu le détruire d’un coup de crocs bien placé. Il était gigantesque. Tsadqiel sentait la chaleur dégagée par son haleine fétide. Il n’était qu’un pantin, un petit rien, pour la majestueuse créature. Le Rasväar avait été étonné par la dextérité de sa Reine à se faire obéir du monstre. Seulement, il comprenait. Il avait beau être ferme, il avait du mal à s’imaginer s’opposer à ses volontés. Il se demandait ce qu’il se passerait si cela arrivait, s’il trouvait qu’elle faisait le mauvais choix. Il ne resterait pas soumis. Il le lui dirait. Il se placerait devant elle pour l’arrêter dans sa folie, pour discuter. Pourtant, il n’était pas certain de rester de marbre si ses yeux venaient à le fixer impérieusement, si sa voix se faisait ferme et directive. Il espérait ne pas avoir à la confronter. Il espérait qu’ils travailleraient toujours ensemble, main dans la main, côte à côte, à façonner un Monde meilleur, plus équilibré et juste. Dans ses yeux, il y avait une Force prodigieuse. Il était fait pour être un pilier, un socle. Il était fait pour la soutenir et jouer les garde-fous. Ce fut peut-être cette puissance d’esprit qui convainquit le Dragon. Peut-être que ce Mortel était digne. Ses ailes se calmèrent. Il se mit en vol stationnaire pour permettre à cet insecte d’agripper fermement son dos rugueux avant de reprendre de la vitesse. Elros aimait les défis. Il aimait particulièrement tester les limites de ces petites choses qui gigotaient sans cesse dans tous les sens. Tsadqiel dut utiliser sa magie pour se maintenir, le vent glacé venant le frapper violemment. Il s’aplatit contre le Dragon et plaça ses ailes de façon à se protéger en faisant glisser l’air sur celles-ci.  




Une fois arrivé à destination, le Rasväar dégaina son épée sur laquelle il s’appuya un instant. Elros s’était envolé, le laissant là, face à une cruelle vérité. Il déglutit. « Par les Dieux… » murmura-t-il. La tour était immense, haute de plusieurs mètres. Il n’aurait su les compter. Pourtant, ce n’était pas ce qui lui retournait l’estomac. Il passa son index et son majeur entre ses sourcils, se massant la zone un moment avant de fouiller dans ses vêtements pour en sortir le carnet. La Magie Bleue agit et, quelques secondes plus tard, Cassandre se trouvait à côté de lui. Elle le fixa et sourit. « Quels sont vos désirs, ô Maître ? » dit-elle pour le taquiner. Il lui jeta un petit coup d’œil qui lui fit comprendre tout de suite qu’il n’était pas d’humeur à ça. Il semblait blanc. Elle n’aurait jamais cru. Ses yeux changèrent de direction pour se porter droit devant lui. Elle suivit son regard, son sourire s’effaçant instantanément. Elle resta silencieuse mais s’il l’avait regardée, il aurait pu noter un très faible mouvement de crispation sur ses lèvres. « Bien. Je suppose qu’il nous faut escalader, à présent. » dit-elle après quelques secondes. Ils venaient de trouver ces aventuriers, égarés sur les Terres Glacées. Tsadqiel s’approcha un peu, se baissant sur les bases de la pyramide. Ils étaient morts ici. Ils avaient attendu, ici, immobiles, jusqu’à ce que le froid les glace pour de bon. Le Rasväar n’aimait pas ça. Il ignorait ce que renfermait cette Tour mais… « Je me dis la même chose. Pour que des centaines d’hommes et de femmes soient capables de s’allonger là afin de former une colline de cadavres, ce que contient cette Tour doit être important… » « Ou ce qu’elle contenait… » Il expira, cherchant les réponses possibles. Elle le devança. « Quelque chose ou quelqu’un qui ne pouvait pas descendre de lui-même, déjà. » Il n’y avait pas de porte touchant le sol, à moins que celle-ci soit dissimulée par les cadavres. Elle en doutait. Lui aussi. Ses yeux se levèrent pour essayer de distinguer le toit mais des nuages glacés lui barraient la route. « Il doit y avoir une ouverture en haut sinon je ne vois pas à quoi tout ceci aurait servi. Ils sont disposés tel un escalier… » C’était incompréhensible. Tsadqiel l’admira un instant. Elle était songeuse. « Plus que ça, je ne vois pas comment une créature aurait pu appeler des êtres depuis cette Tour. Ils sont sans doute venus des continents civilisés. Un sort d’hypnose si puissant supposerait une magie divine. Un Æther aurait pu sortir de là tout seul et une chose capable d’utiliser la magie tout court aurait trouvé le moyen de s’échapper. Ça n’a aucun sens. » Ça n’en avait réellement aucun. Une montagne de cadavres s’étendait juste devant eux, organisée avec une perfection chirurgicale. Ils ne pouvaient pas deviner si facilement. Personne n’aurait pu, avec si peu d’informations, comprendre que ces suicides n’étaient que la partie émergée d’un énorme iceberg ; car la femme qui avait résidé dans cette tour avait prévu énormément de possibilités. Elle avait tissé soigneusement les fils de sa libération, de façon à ce que les probabilités finissent par faire tomber sa punition, quelle qu’elle soit. Dans le Monde, depuis le début de l’Ère de la Conciliation, il s’était passé une infinité d’événements. Des navires avaient disparu, des êtres étaient partis en pèlerinage sans jamais revenir, des lieux s’étaient effondrés. Elle n’était pas responsable de tout mais les effets de ses plans avaient doucement envahi les Terres jusqu’à ce que, enfin, elle puisse toucher de nouveau la terre ferme.

« Ne craignez pas Ezechyel. Je vous l’ai dit. La Mort est une amie. »

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