Partenaire : /
Intrigue/Objectif : / essaie de comprendre comment utiliser ses pouvoirs en suivant un groupe de sangliers.

J’ai appris beaucoup de mots. J’ai, entre autres, appris la liste de mots suivants : sanglier, errance, solitude, brume, fumée, brouillard, tristesse, ennui, chevreuil, chien, animal, magie, Sympan, races, Rehlas, patate, rire, enfant, pomme de terre (je crois que c’est la même chose que patate, mais c’est encore à confirmer) et auberge. Beaucoup de concepts qui m’étaient…obscurs ? Oui, obscurs, me sont maintenant clair. Comme celui du jour et de la nuit, du haut et du bas, de l’enfant et de l’adulte et quelques autres. Certains concepts restent flous, comme celui de l’homme et de la femme, j’ai la…sensation que ce sont des…catégories inutiles. C’est encore à confirmer. Je ne retrouve plus les autres brouillards, je ne retrouve plus le lac, en fait je me retrouve beaucoup dans les mots solitudes, errances et brume. Ah et ennui. Ce que c’est ennuyant la vie de la brume. Mais j’ai trouvé une activité. Oui oui. Je vous promets. Une vraie activité comme celles que font les enfants qui ont l’air amusantes. Pas comme celles que font les adultes, je ne comprends pas les activités que font les adultes. Une fois j’ai vu un adulte assise pendant tout le jour, et iel a signé (vous savez ce que c’est « signer » ? Non parce que je sais dans la pratique, mais je n’ai pas compris pourquoi on signait des choses ni vraiment comment faire.) des papiers pendant tout ce temps-là. J’ai décidé ce jour-là que les activités d’adultes ne m’intéressaient pas. Et j’ai donc trouvé une activité d’enfants. J’ai entendu beaucoup de noms ! J’ai entendu que ça s’appelait le loup, le chat, la puce, le chat perché, mais comme j’ai joué à ça avec un sanglier depuis plusieurs jours j’ai décidé d’appeler ça le sanglier. J’ai donc joué au sanglier avec un sanglier pendant des jours et je me suis beaucoup amusé. Le…comment on dit ? problème ? Oui ! le problème c’est que je crois pas qu’il a compris que nous devions jouer les deux.
J’ai donc joué seulex avec un sanglier au sanglier pendant des jours. Et je me suis quand même amuséex. Un peu. Pas beaucoup. Enfin si, je ne m’étais jamais autant amusé, mais je ne faisais pas la tête que font les enfants quand iels ont l’air de beaucoup s’amuser. Iels font ce truc étrange où iels parlent, mais très très très fort et iels sautent dans tous les sens. Et après, quand les adultes viennent leur dire stop, iels continuent, mais en faisant couler de l’eau de leurs yeux et de leur nez et de leur bouche. Ça je crois que c’est quand on s’amuse vraiment énormément, mais pour l’instant, je me suis amusé le plus de toute ma vie sur une échelle personnelle et un peu sur l’échelle des enfants. Comme je n’ai pas encore le visage pour faire le truc où on coule de partout en hurlant et que je ne vois pas vraiment comment faire pour avoir ce visage, j’ai décidé de me concentrer sur mon camarade de jeu.

Ah oui, j’ai été introduit à la notion de prénom, mais c’est encore assez obscur et flou pour moi. J’ai donc appelé ce sanglier : sanglier. J’espère que c’est bien. J’ai fait de mon mieux. Voilà donc, l’introduction (c’est comme ça qu’on appelle le début où on met le contexte et tout, non ?) étant finie, comment j’ai réussi à jouer à sanglier avec sanglier. (je reconnais que la ressemblance entre le nom du jeu et le nom du camarade est frappante, je suis désolé de ça.)

En partant du Lac, que je ne retrouve plus, je vous en parlais dans l’introduction, j’ai découvert qu’il y avait pleins pleins d’autres choses et j’ai beaucoup beaucoup observé. Jusqu’au jour où tous les matins je pourchassais un sanglier, le fameux sanglier, et où j’avais l’impression que ça le faisait rire. Je lui courrais après parce que parfois il essayait de foncer en moi et je me séparais. C’est là que j’ai cru comprendre que nous jouions à sanglier avec sanglier, mais en fait, assez vite, j’ai cru comprendre qu’il ne voyait pas vraiment que j’étais là. Parce qu’il faisait aussi ça avec l’autre brume. (L’autre brume c’est celle qui ne fait pas partie des brumes qui sont nées dans le lac). Alors j’ai été triste et j’ai commencé à le regarder jouer sans moi avec les autres. J’ai essayé de parler avec les autres, mais c’était comme si…attendez j’ai appris une expression pour ça je crois. C’était comme si je faisais du pipi dans les trompettes. Voilà. Et du coup j’ai ressenti une émotion, vous savez ce que c’est une émotion ? Moi là j’ai ressenti ce que j’ai enregistré comme étant de la tristesse. Alors avec la tristesse, j’ai continué à observer mon ancien ami. Je ne sais pas encore pourquoi maintenant, mais sanglier m’intéressait beaucoup. Je le trouvais intéressant parce qu’il pouvait marcher sur la terre, manger les choses par terre et qu’il avait une langue et des dents. Moi je n’ai jamais eu de langues et de dents, par conséquent, ça m’a donné envie.
Ce petit manège (c’est ce que disent les adultes quand les enfants crient trop longtemps pour des raisons qu’iels décrivent comme « pas valables ») a duré des jours. Des jours à se suivre sans raison et au bout d’un certain temps : j’ai arrêté. Je suis partie. Je suis allée voir le reste de ce gros gros groupe de…ah. Si si ! C’est brun et vert (j’ai beaucoup travaillé les couleurs), c’est…roh…les arbes ! Je suis allé voir dans les autres arbes, autour des autres arbes. Je me suis rendu compte que sanglier n’était pas seule. Il y avait en effet pleins d’autres sangliers. Le problème était que touxtes ne s’appelaient pas sanglier. Pour pouvoir me repérer (et ayant vraiment compris l’importance capitale des prénoms dans la société), j’ai décidé de les nommer touxtes avec un nom d’animal différent. Ainsi il y a eu sanglier, le sanglier (celui que vous connaissez déjà) ; loup, le sanglier ; tulipe, le sanglier ; chien, le sanglier et dragon, le sanglier. Ce système audacieux de nom m’a permis non seulement de les reconnaître (même si le problème du fait qu’iels ne comprenaient pas que j’existais restait), mais surtout de les observer mieux. Je n’avais pas à ma disposition juste sanglier, mais toute sa famille et touxtes ses amiexs. C’était extrêmement précieux. J’aurais aimé comme cet adulte avoir de quoi écrire et avoir les compétences de le faire. Mais étant donné que je n’avais ni main, ni stylo : la manœuvre s’avéra plus que compliquée, impossible. Je fis donc un exercice de mémoire et entre les arbes (…j’ai la sensation que je ne me rappelle pas exactement de ce mot…abres ? Où va ce r ?) j’ai observé chaque mouvement de sanglier, loup, tulipe, chien et dragon les sangliers. C’était fascinant. J’ai découvert des choses importantes. J’ai eu l’occasion de comprendre ce que les adultes entendaient par le mot « communauté » par exemple. Mot dont on ne parle que trop peu. J’ai compris que leur fonctionnement était basé sur des choses extrêmement pratiques : survivre, manger, dormir, mais que quand le temps le permettaient, loup aimait bien jouer avec dragon ou faire le sexe avec sanglier.


…Je me demande si les adelphes brumes ont déjà fait le sexe…j’ai vu tellement d’adultes (et aussi de ces enfants bientôt adultes, mais pas encore) faire le sexe. Je n’ai pas compris si c’était agréable ou pas. La tête des adultes ressemblait souvent aux cris de l’enfant qui refuse de partir des jeux. L’enfant dont je parlais tout à l’heure. Je crois qu’il n’y a pas de lien.

La phase finale allait donc pouvoir commencer.

J’ai commencé par les poils. Il y en avait une infinité, mais je me suis dit que ça valait le coup de tenter parce que j’ai imaginé un sanglier sans poils et je me disais que les gens de l’extérieur verraient la différence entre un sanglier avec poils et un sanglier sans poils. Poil par poil, j’ai créé ça à la place de la brume. Un matin une enfant se promenait dans la forêt et après ses hurlements de terreur à la vue d’un nuage de brume enrobé de poils plus ou moins longs, j’ai compris qu’il fallait que je m’isole. Alors ma brume est allée se mettre dans un recoi de la forêt où les animaux ne venaient plus à cause de choses que je ne comprenais pas bien et je me suis entraînéx d’arrache-brume. Aux poils a succédé la forme, puis les détails. La couleur, le museau, les dents, les oreilles. Tout était bien, mais la forme était encore aléatoire au point tel que lorsque je m’essayais à me promener dans la forêt, les autres animaux me regardaient avec effroi. J’étais encore brume. Je sentait cette sensation de ma vraie forme, une forme constamment changeante et qui pouvait se déplacer, mais lorsque j’essayais d’être sanglier (pas sanglier, le sanglier, mais un sanglier en général), alors la brume n’avait plus sa place. Effort mental. Je réussis, enfin, à me stabiliser. Je n’avais toujours pas compris ce concept de noms, mais cette fois, pour sûr j’étais un sanglier.

Je vérifiai la sûreté de mes tests, sanglier, loup, tulipe, chien et dragon se mirent à m’apprécier, à croire que je faisais partie des leurs et je compris à ce moment-là que peut-être je ne serais pas brume toute ma vie. Je jouais pendant des mois, dans l’insouciance la plus totale. Un jour une partie du groupe décida de partir, une autre partie décida de rester. Je partis. J’avais envie de voir le reste du monde. Je partis avec tulipe et dragon en direction d’un autre endroit du monde. Le voyage fut long et plaisant. Plein de rires et de chasses. Une vie formidable. Nous étions arrivé•e•x•s aux portes de terres nouvelles quelques mois après, je ne savais pas où nous étions, mais au loin s’élevaient de grandes tours magnifiques et nous étions sorti•e•x•s d’une forêt pour arriver vers une forme de .... ville ? Oui je crois que c’est le mot. Je n’osais pas m’y aventurer. Je ne savais pas comment faire. Je dis à tulipe et à dragon de m’attendre ici et j’allais explorer cette ville. Je ne savais pas pourquoi, mais…j’avais la sensation que quelque chose ou quelqu’un m’y appelait. Et mon instinct était un peu tout ce que j’avais dans ce monde encore si inconnu.

Des gens ont parlé de cette ville. Iels ont dit le nom. Lula Lelyel. Quelque chose comme ça. Pourquoi les sangliers n’ont pas la compétence de noter des choses ? J’espère un jour pouvoir faire ça.

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