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 Niveau VI | L'un est le Corbeau, l'autre est la Colombe. Ensemble, ils ne forment qu'un.

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Jun Taiji
✞ Æther de la Mort ✞

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Jun Taiji
Mar 07 Juil 2020, 11:38



L'un est le Corbeau, l'autre est la Colombe. Ensemble, ils ne forment qu'un.



Circë se promenait nue dans une forêt si dense qu’elle n’y voyait rien. Des ronces venaient mordre sa peau et des épines s’enfonçaient dans ses pieds. Elle allait quelques part, mue par une volonté inébranlable. Elle déboucha soudainement au lac d’Unega. L’Ygdraë en avait entendu parler mais ne l’avait jamais vu, encore. L’on disait ses eaux turquoise et visqueuses. Beaucoup de rumeurs couraient sur Awaku No Hi. Les activités des dernières lunes avaient été particulièrement intenses. Les Ætheri semblaient sourire aux Chamans, bien que Devaraj semblât en subir les contre-coups. Les bruits désignaient Souw comme la prochaine Reine mais rien dans les signes n’indiquait la destitution du blond. Deux Souverains… La chose ne s’était jamais vue sur l’Île Maudite. Circë s’approcha du lac, un sentiment étrange enserrant son petit corps. Elle plissa les yeux, apercevant, sur la surface, un corbeau en train de féconder une colombe. Elle ne comprenait pas. L’oiseau noir tourna la tête vers elle et croassa d’un air lugubre. Elle frissonna. Malgré l’étrangeté de la situation, à savoir deux volatiles d’espèces différentes en plein accouplement sur de l’eau, comme s’il s’agissait de la terre ferme, elle ne la nota pas. Elle sentait autre chose, quelque chose retourner ses tripes. Elle se sentit nauséeuse et sursauta lorsque l’eau du lac commença à trembler doucement. Elle recula d’un pas. En son centre, une tête émergea soudain : celle de Léto. La titanide s’éleva progressivement, puissante et musclée. Elle dominait Circë par sa hauteur. Elle était impressionnante. Depuis son dos, des liens en cuir se perdaient dans les eaux du lac. L’Ygdraë se réveilla, en sueur. Entre ses cuisses, du sang tâchait ses draps.

Djoulhya avait fait le voyage depuis la Terre d’Edel jusqu'à Awaku No Hi. Il y avait deux raisons à cela. Ragnar avait été plongé dans le sommeil et elle désirait le constater de ses propres yeux. Ensuite, le Couronnement était pour bientôt. Elle avait été approchée par les Kaori peu de temps auparavant, parallèlement à sa rencontre avec l’un de ses frères. La fille de Jun avait souvent fait des rêves étranges, presque réels, étonnement palpables. La nouvelle ne l’avait presque pas étonnée. Elle vivait sur l’Île Maudite depuis trop longtemps, de toute façon, pour qu’il pût en être autrement. Lentement, elle caressa son ventre. Elle allait accoucher bientôt. Ce n’était qu’une question de jours. Si les Ætheri étaient cléments, ils la laisseraient festoyer avec les autres et attendraient la fin de la cérémonie pour voir naître les enfants de Devaraj. Après leur naissance, elle devrait se tourner vers les rituels Kaori afin de voir. Elle l’ignorait mais sa famille comportait beaucoup d’Oracles. Entre les Rehlas et ceux qui voyaient sans appartenir à cette race, la tendance ne faisait que se confirmer avec elle. Pour l’instant, elle ne serait qu’une apprentie. L’avenir la ferait sans doute remplacer Kaori elle-même, ce qui serait parfait. Révéler les desseins des Ætheri à son frère et amant et à cette… Djoulhya expira lentement. Les Dieux avaient choisi Léto pour accompagner Devaraj dans son office. Sans doute étaient-ils condamnés à former un triangle interdépendant et malsain, finalement ? Elle l’ignorait.

Lorsqu’elle arriva aux abords de Zaowa, le son des percussions fit vibrer son corps entier. La vie avec Delawam était bien trop arythmique à son goût. Elle était partie d’Awaku No Hi pour se ressourcer, se calmer et s’apaiser par rapport à Devaraj, mais elle avait fini par s’ennuyer. Momo, l’Orine de Léto la sortit de ses pensées. Celle-ci semblait ravie. Elle passa devant Djoulhya en lui adressant un franc sourire, tout en jouant de son tambour avec une quasi-perfection. L’Orine s’était épanouie sur l’île et s’était acclimatée à la vie des Chamans sans problème. Les mœurs devaient être bien différentes entre Maëlith et l’Île Maudite. La Chamane reporta son attention sur son propre chemin. C’était pour bientôt. Tout le monde le murmurait. Les augures allaient en ce sens. Tous rêvaient du Couronnement. Tous voyaient en Léto une future Hǫfðingi. L’idée s’était propagée petit à petit et était devenue virale, bien plus que l’apparition de nouveaux Esprits. C’était miraculeux et incompréhensible. Les Ætheri n’étaient pas avares de signes, bien au contraire. Deux Élus. Deux Rois. Pourquoi ? Quels étaient les desseins derrière ce choix ? Quelles en seraient les conséquences ? Beaucoup d’hypothèses circulaient. Certains évoquaient la survenue d’un nouveau territoire, d’autres la scission du peuple en deux voies. Certains y voyaient le signe de l’expansion à venir des Chamans, d’autres parlaient d’un projet concernant les Ombres. C’était impossible de savoir le fin mot de cette histoire, pour l'instant du moins.

Quelques heures plus tard, un gigantesque corbeau apparut, suivi d’une colombe du même acabit. Il était temps. Le test des Ætheri allaient commencer. Le choix d’Edel et Ezechyel semblait sans appel. Pourtant, il faudrait que Souw prouve son mérite face à la douleur du rituel car être Maître des Esprits était un chemin pavé de souffrance.

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Mer 08 Juil 2020, 17:48



Il était temps. Les doutes ne persistaient plus, l'évidence se métamorphosait en une réalité. Draaskag vit les Anciens, un à un, quitter Souw'Gar. Depuis plusieurs jours, les tambours résonnaient inlassablement. Le Köerta avait assisté à l'endiablement de l'Orine, Momoko. Comme tous les autres, elle honorait l'évolution de cette ère, la venue des Ætheri sur leurs terres. Le fils de Léto avait prié, prié encore et encore. Il pensait n'être pas digne de leur sagesse, les Dieux refusaient de lui montrer ces signes pointés sur sa mère. Il était par plusieurs phases : l'incompréhension, l'impatience, la rage, et le dépit. Puis, plus le jour fatidique semblait se rapprocher, plus il comprit que ce n'était pas sa foi qui lui faisait défaut. Ce n'était pas non plus une inexpérience en l'interprétation des signes divins et oniriques. Non, rien de tout cela. En vérité, ce fut bien plus simple que cela : il baignait déjà, et ce depuis longtemps, dans l'aura écrasante de sa mère. À ses yeux, Léto Sùlfr était déjà la Reine de son monde. Être un enfant de cette femme, c'était se confronter à une destinée bien étrange, auréolée par une battante qui n'avait de cesse de se raccrocher aux valeurs de sa Vie. Couronnée ou non, Léto conservera cette image dont aucune représentation lui sera digne. Ils comprenaient enfin, tous sur Awaku No Hi. Il fut bien inutile de l'appeler comme n'importe quel bambin : il savait pertinemment où se rendre et où regarder. À chacun de ses pas, il espérait voir planer au-dessus de lui une plume noire ou blanche.

~~~

Dans la pénombre, ses mirettes ocre et rouge fixèrent l'impressionnant palais de Zaowa. L'Oracle avait vu juste : depuis sa sortie du Temple de Raanu, Léto se sentait complète. Il n'y avait plus de dissension, plus de mensonge à partager. La Déesse l'avait sûrement bénie en ce sens pour ses propres desseins, mais la Chamane la remerciait davantage pour le geste en lui-même, ainsi que le sursis accordé aux siens. Ses derniers moments en tant que Souw furent jonchés de difficultés et d'hérésie, comme si les médiateurs s'égaraient sous l'œil avisé du Hǫfðingi. Ces imprudents furent tout bonnement jugés par la Justice, dont Léto était la Main. Sous sa juridiction, aucune âme n'aura le loisir de se détourner des Ætheri sans en payer les conséquences. Fanatisme ou véritable dévotion, Souw faisait fi de leur avis : elle agissait au nom de ses valeurs, elles-mêmes guidées par les préceptes de son nouveau peuple. Elle tourna son regard vers les réserves colorées : le récipient pour le brun était scellé comme jamais. Dans d'autres circonstances, dans une autre Vie, Léto aurait très bien pu être comme ces dévoyés. Ce n'était pas un parcours envisageable, ni même supportable : pour avoir vécu dans les ténèbres, elle savait bien plus qu'eux les afflictions. Les Ætheri lui laissaient une chance et elle s'y pliait. Lorsque Jeriel traça sa route vers le zénith, son voile lumineux éclaira l'imposante silhouette de Léto Sùlfr. Sa peau nue parée de rouge – le rythme de sa vie – d'orange – les honneurs de ses exploits – et de violet – sa résolution à glaner la place qui lui est due.

Les animaux légendaires trônèrent sur le gigantesque cercle de la foule. Tous les Chamans n'auront pas la chance d'assister de visu au rituel. La plupart redoublait d'ingéniosité pour avoir une meilleure vue du terrain, surtout les enfants. Même si l'Île ne sera pas entièrement témoin de sa réussite ou de sa déchéance, l'ensemble du peuple ressentira l'issue du test. Comme si l'aura de la Sùlfr enserrait leur esprit depuis tout ce temps. Souw s'avança, bercée par le rythme des percussions. Les Chamans la laissèrent passer, respectueux, impatient de voir une nouvelle tête être bénie et couronnée. Léto reconnaissait la plupart des spectateurs, consciente que son emprise sur le peuple passait avant tout par sa connaissance la plus totale. Elle ne souriait pas, comme l'une des rares fois. Son regard brûlait de cette flamme si attisée et vorace. La majorité se souvenait de son discours passionné à Souw'Gar. S'élèvera-t-elle en tant que Juge au nom d'Edel et d'Ezechyel ?

Au centre du cercle, les pieds nus de Léto s'imprégnaient du sol sableux. Ces grains récolteront son sang bleu et seront marqués à jamais par sa lutte. La Chamane n'adressa aucune œillade à l'attention du Corbeau ou de la Colombe : elle gardait la tête baissée, se préparant mentalement à entrer dans la danse. Un à un, les prêtres s'approchèrent d'elle pour accrocher les anneaux à même sa peau. Ils furent placés le long de son dos, de manière disparate. Ceci fait, elle osa lever le regard en arrière et suivit le cuir se joindre en un seul lien. Enfin, ses yeux vairons se posèrent sur les oiseaux géants. Elle acquiesça : c'était le moment. Les tambours s'adaptèrent alors à l'instant et redoublèrent de puissance. Léto était une femme grande, forte, sa danse équivoque s'apparentait à un combat solitaire. La plante de ses pieds martelait le sol à l'en creuser. Ses bras se balançaient tout autour de sa silhouette, ses mains ou ses poings frappaient à rythme régulier un ennemi imaginaire. Elle ferma les yeux et ses hanches se mouvèrent dans une grâce plus insoupçonnée, accentuant sa féminité qu'elle mît des ères à accepter et dompter. Belle et menaçante, Soa'Lêtó'Ha montrait toute sa détermination dans cet art qu'elle ne maîtrisait point. Soudain, les avatars d'Ezechyel et d'Edel entamèrent leur lutte, leur envol tira sur les cordes et Léto resserra les dents pour supporter cette charge. L'étape décisive démarrait, les tambours et hurlements chamaniques se firent plus intenses. Enhardie par la douleur, la Chamane se débattit contre cette dernière en affinant ses pas, ses mouvements volontairement dirigés à l'opposé des invocations. Elle avait beau être une titanide, elle n'était point aussi incroyable que les deux oiseaux. Si elle ne voulait pas se faire emporter et échouer – ce qui était inconcevable – elle devait traiter cette épreuve comme le point culminant de sa destinée. Lors d'une fougue brusque, elle criait, mais ne pleurait que des larmes de sang le long de son dos. Plus elle luttait à parfaire sa danse, plus les avatars lui donnaient du fil à retordre. Les anneaux arrachaient peu à peu les couches de son épiderme, dans l'espoir de la vider du souffle et du flux de la Vie. Souw ouvrit soudainement les yeux : les Chamans – tous – devaient voir sa flamme dans l'iris. Elle devait aussi les voir, les entendre et bientôt les toucher. La danse macabre la fit entrer dans une transe comme elle n'en avait jamais vécue. Le cuir devint du métal, les nœuds des maillons. Léto hurla, des mots tus dans sa gorge, un cri pourtant imprégné de toute son ardeur. Implacable, la femme réajusta sa pose. Durant les prochains pas, c'était comme si elle dansait de nouveau avec Aëran, le visage de celui-ci devint celui de Miles, puis de sa propre chair. Successivement, ses liens se consolidèrent pour adoucir la souffrance. Ce n'était pas que son combat : c'était le leur. En un élan, Léto Sùlfr insuffla toute sa Force dans la traction.

D'un coup sec, la corde se délia, au même moment où les anneaux arrachèrent une partie de son échine. L'Élue aurait voulu rester debout, toutefois il lui fut impossible d'être ménagée par le test de leurs Ætheri. Un genou à terre, l'écarlate coula le long de son corps, mêlée à la sueur et à son souffle vaporeux. Léto ne semblait plus rien entendre durant plusieurs secondes, hermétique au moindre toucher de son monde. Malgré tout, il lui restait encore à rendre son héritage au Corbeau et à la Colombe. Ainsi, elle rassembla ses dernières ressources pour se relever et tendre les bras bien parallèles au sol. Regard aux Cieux, Léto était prête.



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Jun Taiji
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Jun Taiji
Jeu 09 Juil 2020, 00:38



L'un est le Corbeau, l'autre est la Colombe. Ensemble, ils ne forment qu'un.



Les mains de Momoko étaient frénétiques sur son tambour. L’Orine de celle qui était Souw et qui serait Hǫfðingi si les Ætheri le désiraient était entrée dans un état second. Elle ressentait les sentiments de sa Maîtresse parcourir ses veines. Ses yeux se révulsèrent alors qu’elle se mit à pousser des cris de douleur, mais pas seulement. En effet, alors que Léto exécutait sa danse, en l’honneur des Dieux, Momo sentit couler en elle un intense sentiment de puissance et de fierté. Les poils de ses bras se hérissèrent tant ce moment était important. Les larmes chatouillèrent ses yeux, les mouillèrent avec force. Son corps en entier vivait les mouvements de la Descente. Le flux émotionnel souleva sa cage thoracique de plus belle. L’épuisement de la danse saccadait une respiration déjà bien erratique du fait de son jeu. La jeune femme, portée par les cris des Chamans, par les sons des percussions, avait l’impression d’être en dehors de son propre corps, offerte pleinement aux Dieux, dans un autre monde, de souffrance entêtante et, au fond, plaisante. La douleur amenait le pouvoir. La fatigue s’accumulait mais la détermination de Soa'Lêtó'Ha la maintenait à flot. Il n’y avait rien de plus important pour elle que cette femme, qui était testée par les Dieux, qui se donnerait jusqu’au bout. Momo savait qu’elle le ferait, car elle était ainsi. C’était une battante, une Titanide à la force impressionnante. Elle ne ploierait pas. Elle la soutiendrait. Elle tiendrait pour elle, comme un appui extérieur à son supplice. Elle voulait partager sa peine, partager sa fureur, partager son art, tout. Alors l’Orine continuait à battre son tambour, en serrant les dents, en hurlant ; des hurlements qui se perdaient dans la foule des Chamans, certains en transe, d’autres exaltés.

Plus loin, un adolescent vomi. Le peuple était habitué au sang, à la mort, qui n’était qu’une continuité de la vie. Pourtant, la pression exercée, cette tension dans tout son corps, accentuée par les vibrations entretenues par les musiciens et les chanteurs, par la présence des Ætheri, incarnés par leurs symboles, eut raison de son estomac. À côté de lui, Circë n’avait jamais été aussi blanche et fascinée. Elle fixait Léto danser, se battre face à l’imbattable. Ce serait aux Dieux de décider si oui ou non le lien lâcherait, si oui ou non sa peau s’arracherait encore une fois. Ce serait eux qui jugeraient quel moment serait opportun. L’Ygdraë commençait à comprendre. Elle faisait des liens, entendait les légendes, vivait comme les Chamans. Djoulhya, non loin, ne bougeait pas. Immobile, son épiderme était néanmoins parcouru de frissons qu’elle ne pouvait pas réfréner. Le respect teintait ses yeux. Au sein de son ventre, elle sentait les enfants bouger, comme déjà entraînés par la fièvre ambiante. Elle savait que son père était ici. Elle ne le voyait pas mais il avait choisi d’élever Soa'Lêtó'Ha, comme il l’avait fait avec Devaraj avant elle. Dans cette ambiance presque apocalyptique, les corps se frôlaient, s’enlaçaient et se prenaient. La véritable fête débuterait après le couronnement. Les silhouettes s’enivreraient pour fêter l’événement, un événement encore jamais vu.

Jun lévitait en l’air, assis en tailleur, invisible. En kimono, ses longs cheveux d’ébène cascadaient sans son dos. Dans une main, il tenait un verre d’alcool de maïs, dans l’autre, un gâteau de riz gluant au thé vert. Il observait Léto en silence, danser pour lui. Il aurait pu abréger ses souffrances mais ce n’était pas envisageable. Elle devait faire ses preuves car les Dieux, jamais, ne laissaient de répit au Hǫfðingi. Une pensée fugace s’imposa à lui : il aurait aimé que Devaraj pût avoir la paix, qu’il ne fût pas obligé de subir les caprices de tous les Ætheri de passage. Recevoir les signes des Divins était un lourd fardeau, bien plus douloureux que des anneaux plantés à-même la peau, que des mouvements frénétiques finissaient par arracher. Ce traitement avait fini par déposséder en grande partie son fils de sa Foi. Sans doute était-il l’homme en ce monde à haïr le plus les Dieux, alors qu’il était, paradoxalement, celui qui se devait de les vénérer le plus. Ce fardeau devait s’alléger. Il n’était pas vivable pour un Mortel. Soa'Lêtó'Ha apaiserait l’existence de Wom'Zaïkam'Yé. Ensemble, ils seraient plus forts, plus endurants, jusqu’à ce qu’il annihile la plupart de ces parasites à son profit unique. Il n’était sans doute pas mieux que les autres. Il savait faire souffrir, comme il avait lui-même souffert jadis. Néanmoins, les cultes unifiés, les guerres divines ne seraient plus. Alors, oui, il la fixait se débattre, continuer sa lutte, dans la sueur et le sang, attendant le bon moment, le pic de sa détermination, annonciateur d’une longue descente future vers l’abandon et le désespoir. Léto tenait bien. Elle s’accrochait de toutes ses forces. Il le voyait à ses muscles contractés et couverts de sueurs. Il était désolé de l’horreur de sa condition actuelle mais c’était ainsi. Endurer maintenant afin d’être certain de comprendre de quoi l'avenir serait fait.

Lorsqu’il en eut assez, il but son verre et se redressa, toujours invisible. Il fusionna avec les deux animaux symboles de la Vie et de la Mort. Les liens lâchèrent. Un sourire en coin flotta dans le néant, car il n’avait plus les traits d’un homme. Il prit une inspiration et le Corbeau et la Colombe fusionnèrent en un animal nouveau qui se dirigea vers la silhouette de Léto. Ses ailes épousèrent les bras ouverts de l’ancienne Souw, devenue Hǫfðingi et il la traversa, lui faisant ressentir les affres de sa puissance. Sur Awaku No Hi, des millions de croassements et de roucoulement se firent entendre, surpassant le son des percussions et des acclamations, dans un son entêtant à en avoir la migraine. Des milliards d’oiseaux prirent leur envol d’un même temps, teintant le ciel de noir et de blanc dans un ballet habité d’une magie puissante. Lorsque les volatiles s’écartèrent, l’Au-Delà se trouvait exceptionnellement juste au-dessus de l’Île Maudite. Les bâtiments éthérés étaient à l’envers par rapport au sol des Vivants. Pour les jours qui suivraient, Esprits et Chamans festoieraient ensemble, car le couronnement d'un deuxième Hǫfðingi emportait également celui d'un deuxième Souverain des Trépassés.

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Latone
Jeu 09 Juil 2020, 15:35



Ezechya (Corbeau) et Edelya (Colombe) ne formèrent qu'un, une entité comme jamais vu auparavant. Cet instant incroyable restera à jamais gravé dans les mémoires. Il était d'emblée si rare que les deux divinités s'accordent sur le choix du Souverain. Léto n'arrivait pas à se sentir honorée sur le moment : le phénomène grandissant sous ses yeux lui coupait le souffle. Malgré tout, elle maintint sa posture, en hommage aux Ætheri. L'oiseau d'ivoire et d'ébène illuminèrent ses contours, une aura à la fois chaude et caustique se dégagea de l'ancienne Souw. Durant ce court moment, Léto ressentit Jun Taiji en elle ; dans la moindre fibre musculaire, à travers l'ensemble de ses circuits sanguins, Ezechyel et Edel – l'Unique – lui firent découvrir le plan particulier du Maître des Esprits. La quintessence de la catabase. Des larmes coulèrent sur ses joues. Ainsi soit-il. La parade céleste des volatils les plongea dans les ténèbres, comme pour les libérer de leur coquille trop étroite. En ce jour, les Chamans s'engouffreront dans une époque pavée de brumes et de sang. Point comme auparavant, ils auront besoin de toute l'aide possible des Esprits. Les bras de la titanide redevinrent ballants, ce simple mouvement fit retomber les regards sur elle. Elle fixa l'Au-delà n'être qu'à portée de main. La Souriante fit honneur à son titre, enfin. Il était temps d'embrasser cette voie qui était, tout simplement la sienne.

" MIYE HCA SOA'LÊTÓ'HA'HǪFÐINGI ! " Sa voix porta plus loin que la foule plongée dans une félicité sans précédent, leurs cris accompagnèrent la montée sur le trône d'une nouvelle Reine. Sa force, épuisée, finit par lui faire défaut et à la mettre à genoux, alors que ses blessures dorsales marquèrent peu à peu son esprit. Éreintée, Léto se demanda où était Devaraj à ce moment-là.

~~~



Front collé au sol, celui connu pour avoir été maudit par le Kurbus accepta de régner aux côtés de Khaal. À l'instar de sa Maîtresse vis-à-vis du Souverain chamanique, Oberon Mohr ne sera point de trop dans l'immensité de Zterbiuh'Oshi. Il lui fut rapporté que la Reine des Trépassés commençait à avoir le tournis avec les Hiningàs. Maintenant que les Bángs se rajoutaient à l'équation, nul doute que l'ascension de l'Hozro sera la bienvenue. Pourquoi lui plutôt qu'un autre Hozro ? Car il était l'Originel, celui qui fut le premier à fusionner avec la fameuse Maîtresse des Esprits. Il avait prévu de remettre de manière officieuse les Tokashras à Midos Rasheniir Khuntashtra, l'autre Hozro. Puis, il était plus indispensable sur le terrain des Mortels, aux côtés de la Reine-Guerrière, que dans l'Au-delà. Les Bángs se passeront bien de lui et il y retournera de temps en temps pour leur rappeler leurs obligations, une simple formalité. Oberon se releva et constata par lui-même l'importante masse d'Esprits autour de sa personne. Le Temple des Ætheri était bondé, alors que les ruelles de la cité principale se vidaient au profit d'Awaku No Hi ; et inversement. Même si le présent fut en proie aux festivités, le couronnement de Léto impliquait beaucoup de travail de son côté. Il en était déjà las ; fort heureusement, il avait toute l'éternité face à lui. Si les Ætheri le souhaitaient bien. Les clochettes sur son couvre-chef teintèrent alors qu'il s'avança en direction de la sortie.

" Nous devrions user des festivités pour consolider la bonne entente entre les Esprits et les Mortels. Il semblait discuter avec Midos qui le suivait de près, encore plus géant que sa Maîtresse-Chamane, mais se fit entendre de sorte que tous les témoins ne ratassent pas son discours. Les Bángs commencent tout juste à s'implanter au sein du peuple, mais les Hiningàs demeurent une chimère. Léto tient à ce que les nouvelles Fusions soient connues des Chamans, surtout des plus jeunes. Il s'arrêta à mi-chemin et se tourna vers le titan ; les autres demeuraient de sacrées commères. L'heure n'est pas aux expériences explosives ou cognitives. Les nôtres devraient toutefois en profiter pour goûter un peu plus à la Vie. Surtout avec une Reine avide de coalescence, elle encouragera beaucoup des leurs à s'unir en cette période bénie. Soit le bras qui la soutiendra, Midos, soit cette poigne que j'ai échoué à lui offrir quand elle en avait le plus besoin. " Lucide comme jamais, l'Hozro comprit son souhait et sut que là sera son devoir. Le Báng annihilera les ennemis de la Sùlfr dans un souffle ô combien destructeur. Juste pour cette fois, les deux Hozros se tiendront aux côtés de la nouvelle Souveraine sur son trône.

~~~

Léto reprit comme pleinement connaissance lorsque Raoni se présenta à elle. L'épreuve des Ætheri l'avait plongée dans un état second où elle respirait mais ne voyait rien. Un contre-coup de la douleur, supposa-t-on. En plongeant dans cette léthargie, la Reine accepta les conséquences de son couronnement. On ne soigna pas son dos, il en était hors de question : elle devait supporter et vivre avec ces blessures durant tout le long des festivités, afin que les Chamans voient son exploit, qu'ils voient son sang s'écouler par-ci par-là, le début de son emprise sur le peuple. Ses paupières papillonnantes, la Souriante reconnaissait la cour principale, où on l'avait installé sur un trône. Son trône. Zaowa devra sûrement être réaménagé pour accueillir la nouvelle Reine, juxtaposer les sièges respectifs de Devaraj et de Léto… Cela attendra et prendra le temps qu'il faudra. Pour l'heure, Léto essayait de passer outre sa fatigue pour comprendre pourquoi Raoni lui avait déposé un objet singulier dans les mains.

" C'est un Eemæ. C'est Déchu. " Le sex-toy en question était colossal, sûrement calibré pour elle. Le Draugr aurait sûrement voulu qu'elle lui dît des nouvelles avant d'essayer ?

" Merci… Raoni. " Se retrouver avec un phallus factice entre les doigts était de loin le "réveil" le plus étonnant qu'elle n'ait jamais eu. Cela lui donnerait presque envie de faire une halte à Avalon.

Le fameux chef de tribu lui rendit ses derniers hommages avant de retourner dans l'ivresse festivale. C'était du devoir des Draugrs – et des résidents qui le souhaitaient – de se présenter un à un à elle pour l'honorer à leur manière. Raoni ne l'avait pas déçue. Alors qu'elle déposa le jouet dans un coin, ses moyens revinrent peu à peu à elle. Toute son attention fut happée par les festivités qui démarraient enfin.


1113 mots ~



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Jun Taiji
Ven 10 Juil 2020, 10:20



L'un est le Corbeau, l'autre est la Colombe. Ensemble, ils ne forment qu'un.



« Je ne sais pas encore ce qu’il attend de vous. » dit Lhéasse. « Tout ce que je sais, c’est que je vais devoir vous surveiller malgré ma nouvelle fonction. » Aliénor l’observa quelques instants. « Et ça vous déplaît ? » osa-t-elle demander. Il la regarda. Un sourire étrange apparut sur son faciès. « Je commence à m’habituer à vous, comme je me suis habitué à mon chat, enfant. » Elle fut surprise. « Val’Aimé l’a pris, mis dans un sac et cramé. » « Pa… Pardon ? » Le Chancelier des Ténèbres laissa son corps tomber légèrement en arrière sur le lit de la Magicienne, se rattrapant avec ses mains pour ne pas tomber. « C’est ainsi que la guerre entre nous a commencé. » conclut-il. Aliénor se détourna de lui, pensant vaguement que les Sorciers étaient des monstres et que, pour rien au monde, elle ne voudrait retourner à Amestris. Elle admira le paysage pour tenter de se changer les idées. Le soleil s’était couché quelques minutes auparavant. « Ah ! » cria-t-elle, alors que ses yeux s’écarquillaient de stupeur et d’horreur. Une seconde à peine après le cri, Lhéasse était déjà devant elle, entre sa silhouette et la fenêtre. Il ne vit rien. « Quoi ? » demanda-t-il, en se retournant vivement vers elle. « J’… J’a… » La Magicienne se décala et fixa de nouveau le jardin. « Quoi ? » fit le Mage Noir, avec plus de force. « J’ai… Je vous assure que j’ai vu une silhouette ensanglantée marcher là-bas ! » dit-elle en pointant la direction du doigt. « Il n’y a rien. » « C’est… Elias, c’est ça ? » continua la Magicienne, dans son délire. « Certainement pas. Le Couronnement est terminé et l’objectif était juste de prévenir, pas de continuer durant des jours ! » « Mais alors… Je suis folle ? » demanda-t-elle, en relevant le regard vers lui. Les yeux de Lhéasse s’étaient fixés sur le lit de la Magicienne. Là, il voyait une flaque de sang. Il était trop intelligent pour la croire réelle mais l’illusion était parfaite et, surtout, qui que fût celui qui la produisait, la personne en question était puissante. Il ne sentait aucune présence étrangère dans la maison ou le jardin, ni aucun lien magique qui aurait pu lier le phénomène à son lanceur. « Non, vous n’êtes pas folle… » murmura-t-il. « Quelqu’un d’autre nous fait passer un message, visiblement. » Qui ? Il l’ignorait.

-

Jun sourit en voyant l’Eemæ entre les mains de la Reine. Il n’était plus en kimono. Il portait simplement un pagne. Son corps était peint et entraîné dans une danse tour à tour sensuelle et endiablée. Sa peau épousait les formes de celle d’autres Chamans. Il était là sans être là. Personne ne faisait attention à lui. Ils savaient qu’il était ici mais c’était comme si un filtre les empêchait tous de trouver la chose étrange. Il faisait partie de la masse et ne s’en distinguait pas. Ses yeux se posèrent sur Circë, qui dansait plus loin. Il la fixa et grimaça. Cette manie d’avoir un physique semblable de mère en fille était affreuse. Un sourire en coin apparut sur son visage et il s’approcha d’elle, provoquant le mouvement d’une autre danseuse. Ce soir, les Ætheri s’étaient mêlés aux Mortels. Raanu le regarda et il sourit. Sa mère se croyait-elle vraiment plus puissante que lui ? Il se rappelait les roustes qu’il avait pris petit mais, qu’elle ne se fourvoie pas : aujourd’hui, c’était lui qui pouvait lui en mettre une s’il le désirait. La mère et le fils délaissèrent l’Ygdraë pour danser ensemble. « Demain, elle quittera Awaku No Hi. » murmura la Connaissance. « J’ai déjà arrangé son escorte. » « Bien. » Elle changea de sujet. « Pourquoi un deuxième Roi des Chamans ? » « Pourquoi pas ? » répondit-il, peu enclin à dévoiler ses raisons. « Regarde-la. » susurra-t-il en tournant les yeux vers Léto. « Elle est faite pour être Reine. » Raanu suivit le mouvement. « C’est vrai. »

-

« Durcinie a vu le corps de son mari se recouvrir de sang ! Elle a appelé les secours mais… rien ! » « J’ai entendu une histoire similaire au marché ce matin ! » « C’est fou… » « Les Archimages disent que ce ne sont pas les Sorciers mais je ne sais pas trop. Ils ont la Magie du Sang… » « Si les Archimages le disent, c’est que c’est vrai ! La Lune Noire serait réapparue en plus de ça ! » « Mais c’est quoi alors ? » « Les Vampires ? » « Mais pourquoi ? Ce serait étrange… » « En même temps, c’est étrange ! Mais il n’y a qu’eux qui ont la Magie du Sang sinon ! » « Peut-être que ce sont les Ætheri qui essayent de nous faire passer un message ? » « Quel message ? Et cette silhouette féminine ? Qui est-ce à votre avis ? » « Je ne sais pas. Tout ce que j’ai entendu à propos d’elle la désigne comme non identifiable… Une nouvelle Déesse ? » « C’est très flou tout ça mais ça m’angoisse… » avoua l’une des femmes. Elles étaient en train de faire des gâteaux pour se changer les idées. « D’abord les Sorciers puis maintenant ça… Ça n’annonce rien de bon… » « Ou alors… Peut-être que c’est une sorte de réplique au Couronnement ? Un peuple s’est dit qu’il pouvait aussi s’illustrer et faire trembler le monde ? » « Mais… » « Oui c’est peu probable… Ça doit être les Dieux… » « Oui… » « Peut-être ne sont-ils pas contents ? Peut-être les a-t-on offensés sans faire exprès ? »

958 mots

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Latone
~ Orisha ~ Niveau I ~

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Latone
Ven 10 Juil 2020, 19:57



Lorsque Kole termina son affaire, il reboutonna son bas et dégagea la prostituée d'un coup de pied dans les fesses, alors qu'elle n'eut même pas le temps de remettre sa culotte.

" Allez, dégage de là avant que je reprenne mon pognon ! " Elle ne se fit pas prier : ce n'était qu'une miséreuse. Mais pas autant que lui.

Comme à chaque excès de colère, le Lyrienn ne tarda pas à s'éloigner des lieux de son méfait. Il redoublait d'aigreur décennie après décennie. Megido, soi-disant meilleure cité du continent, mon cul ! Depuis que son affaire portuaire avait coulé – tout ça à cause de cette connasse qui hantait ses nuits – il n'avait fait que survivre chez les Orishas. Ils étaient devenus de plus en plus bizarres depuis la dernière guerre, mais bon, il s'en contrefichait pas mal : tant qu'ils lui fichaient la paix. À part la connasse, il n'y avait eu que cette gamine blondinette qui l'avait limite réduit en esclavage durant quelques temps. De ce qu'il avait compris, c'était la fille de la connasse. Hors de question que cette dernière le retrouvât. Il exécrait les blondes au plus haut point. D'ailleurs, c'était une pute blonde qu'il venait de se taper. Elle avait bien mérité de se faire botter le cul, tiens ! D'un sourire radieux – qu'est-ce que c'était bon le sexe – il s'en alla dans un autre quartier. D'autres opportunités l'y attendaient. Peut-être que bientôt, la balance finira par pencher en sa faveur.

" Qu'est-ce que ?! " Il avait failli glisser et se viander face contre terre. Il était déjà bien assez crasseux comme ça.

Une matière gluante s'agglutinait sur sa botte rapiécée. Un effleurement lui fit identifier immédiatement le liquide écarlate. Il devint livide lorsqu'il se rendit compte que le sang s'écoulait en dehors du mur adjacent. Comment était-ce possible ? À moins qu'il existât un si gros espace dans les fondations, ce qui était peu probable… Il ferait mieux de ne pas rester ici. Ce coin de Megido n'était pas réputé dangereux, malgré tout il ne valait mieux pas traîner lorsque cela sentait le roussi. Sans s'arrêter, il fit glisser le liquide vital entre ses doigts. L'espace d'un très court instant, il crut y voir un visage. Cela le stoppa net, et heureusement : à quelques mètres de lui, une femme très grande dont le visage était couvert de sang – au point de croire que c'en était un véritable gouffre – se postait au coin de la ruelle déserte. Kole jura toutes les insultes qui lui passèrent par la tête. D'autant plus lorsqu'elle s'approcha de lui, à pas de loup. Le sans-abri fut paralysé par la peur. Il venait de comprendre, ou de croire, l'identité de cette "chose".

" Tu es… ! " Son cri strident se fit entendre à plusieurs pâtés de maisons. C'était la dernière fois qu'on entendait la voix rauque de Kole le démuni.

Aucune trace de sang fut retrouvée sur les lieux. L'autopsie conclura à une crise cardiaque.

~~~

La célébration de la jeune Reine atteignait un point culminant. Les jours heureux et bénis par les Divins s'ensuivaient dans l'ivresse de l'euphorie. Tous les Draugrs avaient fini par se rendre auprès d'elle pour lui confier leur vie, leurs convictions. Sa tribu d'origine devra accueillir un nouveau Souw parmi le cercle des chefs. Léto eut déjà quelques candidats en tête avant son couronnement, elle ne s'inquiétait aucunement de l'avenir de la tribu des justiciers. Avachie bizarrement sur son trône de fortune pour les fêtes, la Hǫfðingi fumait la pipe sous les recommandations quasi-dictatoriales de Delawam. Celui-ci tenait à ce que leur seconde cheffe se remît dare-dare des douleurs pour ne se concentrer plus que sur sa félicité. Elle semblait en forme, costaude, comme toujours. Elle ne participait que rarement aux activités, préférant la causette en privée ou petit comité. Parfois, elle se levait et venait danser. D'autres fois, elle fixait les Chamans s'accoupler, à la fois sensuels et brutaux. Comme elle. Leur pic démographique n'avait pas atteint de telles extrémités depuis son avènement. Les Ætheri furent formels à ce sujet : Léto Sùlfr apportait la prospérité en leur nom, pas la désolation au sein de son peuple. Pour le reste… les Esprits continuaient d'être des commères, les fameuses rumeurs d'outremer leur furent déjà parvenus. Sa saignée s'étendait jusqu'aux confins des civilisations.

" Maintenant… Les danses et percussions cessèrent, tous les présents dans la cour se tournèrent vers la Reine. Léto n'avait, en effet, pas pipé mot en public depuis son couronnement. Elle s'était levée de son siège, sa main caressant le tatouage chamanique sur son ventre. Un serpent blanc se mordant la queue, autour de son nombril. Maintenant, vous êtes mes Enfants. Elle leur adressa un regard à tous, hommes comme femmes, guerriers comme artistes, défunts comme bambins. À ce titre, je vous protégerai. Tous. Par tous les moyens. "

~~~

Mo'Gowanii'Udo remarqua le passage d'une domestique. C'était une Raya, qui sortait tout juste de la nouvelle chambre de la Reine. Au fil de ses patrouilles, il avait fini par assimiler l'avancée des travaux. Apparemment, ce n'était pas aisé de transférer la nouvelle couronnée dans le palais. Le fait que ce soit, entre autres, une Raya'Ni qui s'occupât de cette tâche n'avait rien d'anodin : on connaissait les passions de la Souriante, son chez-elle devait être à son image. Coloré, suggestif, passionné. Bien évidemment, le garde ne cherchait pas à déranger Ré'Tiva'Wo, la fameuse Raya. Il leur arrivait malgré tout de discuter des dernières nouvelles, la plupart concernant Léto Sùlfr. Cette fois, la Raya'Ni s'arrêta auprès des Raoni'Ba. Mo'Gowanii'Udo ne les appréciait guère : elles n'arrêtaient pas de chercher à le détourner de son devoir. Il préférait discuter plutôt que perdre son temps avec leurs lubies.

" Cela finira par accélérer : la Reine est réputée célibataire sur l'Île. Les prétendants vont s'agglutiner à Zaowa. " Entendit-il en arrivant à leur hauteur. Les jeunes femmes le saluèrent silencieusement, Ré'Tiva'Wo lui accorda un sourire fugace.

" Ils vont être déçus. La Reine a un amant de longue date, je crois que c'est un Orisha. J'ai rencontré leur fils, je sais de quoi je parle ! " Assura une autre Raoni.

" Ah bon ? Kewa'Enre'O n'est pas le fils de Zawa'Kar ? " Elle pouffa de rire.

" Mais non ! Zawa'Kar n'est qu'un candidat, comme beaucoup d'autres. "

" Il me semble que cet Orisha fait parti des Corvus, on devrait demander aux Mior pour être sûres. "

" De toute façon, même si la Reine se marie, elle va devoir constituer son Harem. Et là aussi, il y aura de la queue. "


Mo'Gowanii'Udo n'écouta pas la blague qui stipula qu'il y aura même "des" queues, il venait de remarquer le teint blême de la Raya'Ni. Ainsi s'empressa-t-il de l'interpeller dans son mutisme. Elle parût gênée et cela attira l'attention.

" Ce n'est rien, je… Elle joignit ses mains, pensive. J'ai vu la Reine. Le garde comprit enfin : cette femme était diablement impressionnante, cela pouvait apeurer les plus chétifs d'entre eux. J'ai cru… Que son dos continuait de saigner. Ce qui était inconcevable, Léto se remettait assez vite de ses afflictions physiques. Ses appartements ne sont pas encore aménagés, mais je lui ai tout de même préparé un bain. J'ai eu l'impression que l'eau était devenue rouge. Encore une de mes rêveries. Elle rit, la seule. Si rouge… "


1303 mots ~
Fin ♪

Chronologie : Couronnement d'Elias > Couronnement de Léto & Festivités > RPPT Fessetival

Pour les Chamans : Vous pouvez réagir au test des Aetheri, au couronnement, et aux festivités. Elles durent plusieurs jours donc vous avez de quoi faire ♫
Pour tous ceux hors de l'Île Maudite (non-Chamans) : Des phénomènes hallucinatoires se produisent en parallèle des festivités. Ils sont des conséquences de l'épreuve qu'a subi Léto et s'apparentent tous à l'apparition inexpliqué de sang. Mitsuko et moi-même les avions illustrés dans nos derniers posts, vous pouvez y réagir. Les Chamans sont un peuple secret donc ne pouvez pas faire le rapprochement si vous n'en avez pas les connaissances ; vous avez le droit de théoriser sur les origines (Aetheri, peuple maléfique, magie chimérique, etc). A noter que ces apparitions ne sont pas réelles, ce sont des illusions parfaites. Il n'y a pas réellement de sang, ce ne sont que des hallucinations, qui peuvent s'étendre sur plusieurs jours, jusqu'à la fin des fêtes chamaniques.
En vrac, les phénomènes dont vous pouvez être témoins:

Les réactions se font à la suite de ce post ou dans un sujet à part. Pas de gain, sauf si vous faites 1800 mots ici ou en quête à part.

Au plaisir de vous voir délirer ♪




By Jil ♪
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Kaahl Paiberym
~ Sorcier ~ Niveau VI ~

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Kaahl Paiberym
Mer 22 Juil 2020, 23:35


« Avez-vous besoin de quelque chose, Monsieur ? » Mes yeux se levèrent pour fixer le domestique. Celui-ci appartenait à la Maison de Poupée. Il savait se montrer discret lorsque la situation l’exigeait. Il n’avait, jusqu’ici, jamais fait le moindre commentaire déplacé. L’artefact me préservait des regards extérieurs et des magies pernicieuses. Je trouvais refuge dans la demeure de façon ponctuelle en temps normal mais, depuis mon couronnement, j’y passais un temps non négligeable. Les secondes s’écoulaient différemment à l’intérieur des murs protecteurs et me permettaient de traiter un maximum d’affaires. C’était comme jouer avec les minutes, pour en faire des heures. C’était plaisant, bien que la fatigue ne cessât jamais de s’accumuler. Je pouvais dormir dans la Maison de Poupée, lorsque mes pensées me laissaient faire. « Vous n’avez pas mangé depuis un certain temps. Vous devriez penser à vous hydrater aussi. » articula-t-il, après un silence suspect de ma part. Je clignai des yeux plusieurs fois et amenai mon pouce et mon index autour de l’arête de mon nez. « Oui. Oui, vous avez raison. » J’avais anéanti mon précédent repas. Il avait simplement disparu, la matière se dissolvant en fines particules. Celles-ci avaient ensuite donné naissance au néant. J’aimais la sensation de propreté qui m’habitait à chaque fois que je supprimais un objet. « Je vous apporte ça tout de suite. » « Merci. » répondis-je. Mes yeux me piquaient. J’avais l’impression d’être malade, d’avoir un début de fièvre. Pourtant, il n’en était rien. C’était différent. L’épuisement me tenaillait de toute part mais j’avais peur de m’endormir pour le moment. Je finirais par lâcher prise mais les murmures de Lux in Tenebris m’effrayaient. Ils auraient dû me ravir. Ce n’était pas le cas. Même si j’avais déjà senti auparavant cette pente, glissante et mortelle, ça n’avait jamais été avec autant de violence et de force. J’avais l’impression qu’un simple relâchement de ma part créerait l’occasion idéale pour la magie ténébreuse. La folie s’installerait et, avec elle, le début de l’apogée de ma puissance et de ma déchéance.

« Voici. » « Merci. » répétai-je à quelques minutes d’intervalle. Je fixai mes mains. Les veines noirâtres n’avaient toujours pas disparu. Je plaçai mes coudes sur le bois de la table et enfonçai mon front dans mes paumes. L’odeur du plat me donnait la nausée. J’inspirai. Je devais couper les Ténèbres. Je fis apparaître la potion angélique et la bus en quelques gorgées seulement. Le mal se disloqua, lentement mais surement, au fur et à mesure de la transformation. L’appétit ne revint cependant pas. La vision bénéfique de la situation me retourna l’estomac. Je finis par vomir véritablement. Je me dégoûtais et, d’un même temps, je voyais se profiler des opportunités. Quoi de mieux pour assassiner le mal que de lui porter un coup fatal depuis l’intérieur ? Petit à petit, l’esprit de l’Ange prenait une place prépondérante dans mes idées. Il demeurait dans un coin, comme le Vampire, comme tous les autres, mais il ne disparaissait jamais totalement. Mes envies se mélangeaient. Seule Lux in Tenebris empêchait ce petit monde de m’inspirer davantage. Elle venait d’être réduite au silence. En m’essuyant les lèvres, je me dis que pour détruire le Mal, je disposais à présent de tous les outils nécessaires. Il me suffisait d’ordonner.

Je me levai et croisai mon reflet dans la glace du salon. Je plissai les yeux, laissant mes ailes se déployer autour de moi. Je n’avais presque pas changé d’apparence. Mes traits étaient néanmoins plus doux. Mes mâchoires étaient moins marquées. Ma pomme d’Adam était plus discrète. Ce n’était pourtant pas ça qui m’avait fait tiquer. Je me rapprochai. Mes doigts se posèrent sur ma joue. Une goutte de sang maculait celle-ci. C’était impossible. Pourtant, malgré mes idées rationnelles, je vis celle-ci grossir. Bientôt, elle fut rejointe par d’autres. La blancheur de ma peau disparut sous le liquide. Je fermai les yeux et les rouvris, sans que rien ne changeât. La Magie du Sang ne me répondait plus et aucun de mes dons ne fonctionna pour mettre un terme à cette apparition. Il s’agissait d’illusions, des illusions qui perçaient les murs de la Maison de Poupée. Mes ailes rougirent et je vis mes plumes se détacher, puis tomber au sol, pour nourrir une flaque d’hémoglobine de plus en plus dense et poisseuse. J’imaginai un instant des cadavres, ceux des engeances maléfiques, répandus sur l'asphalte. Le sang du mal coulerait, au nom de la paix.

741 mots

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Astriid
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Astriid
Sam 29 Aoû 2020, 22:09

Niveau VI | L'un est le Corbeau, l'autre est la Colombe. Ensemble, ils ne forment qu'un. N5ik
Image par Far High

L'un est le Corbeau, l'autre est la Colombe. Ensemble, ils ne forment qu'un.




Astriid se réveilla barbouillée. Elle se frotta le visage pour décoller ses paupières encore lourdes de sommeil et s'assit sur son séant en baillant. Le lit tangua sous elle et elle hoqueta de frayeur avant de se rappeler qu'elle était sur le bateau, en route vers Avalon. À tâtons, l'Ygdraë chercha sa couverture qui avait glissé au sol pendant la nuit. Elle s'en enveloppa et quitta sans bruit sa cabine où dormaient les autres Eskëts. L'esprit encore embrumé de rêves déjà oubliés, elle marcha jusqu'au pont, les yeux mi-ouverts pour se protéger du lever de soleil. Frissonnant sous la brise matinale, l'elfe rousse resserra la couverture autour d'elle et cacha un énième bâillement derrière sa main. Quelques marins se mettaient déjà au travail et la saluèrent. Elle répondit d'un grognement, c'était le maximum dont l'Ygdraë était capable au réveil. Sa bonne humeur s'éveillerait avec le soleil.
Elle rejoignit le bastingage d'un pas hésitant sous le plancher fuyant et s'y accrocha, le coeur au bord des lèvres. Elle n'avait habituellement pas le mal de mer mais le matin, les nausées tordaient son estomac et, par sûreté, elle ne s'éloignait pas trop du bord pour éviter de vomir dans le bateau. Les yeux rivés sur les flots qui s'écrasaient sur la coque du bateau et aspergeaient son visage, Astriid laissa ses pensées dériver pour tenter d'oublier ses crampes. Sa blessure au flanc reçue à la Coupe des Nations la faisait toujours souffrir mais elle serrait les dents, préférant montrer un sourire pour cacher les tourments des abysses que lui rappellaient sa cicatrice encore gonflée. Elle n'avait échappé au monstre que par une bonne dose de chance et cette idée continuait de la faire frémir, comme le souvenir de ses dents acérées, mordant sa chair. Désormais, une angoisse diffuse logeait dans ses entrailles, éteignant l'enthousiasme qui avait suivi sa victoire. Elle avait tant redouté de ne pas y arriver. Pire, elle avait été persuadée de ne pas en avoir les capacités. Son succès lui semblait illusoire et elle avait encore du mal à y croire. Elle songea à Seïh, lui aussi aurait eu ses chances, il était bien plus fort qu'elle, bien plus confiant. Elle n'était qu'une pâle copie de son frère si brillant. Mais nul ne savait où il se trouvait. Elle avait eu tord de paniquer, maintenant qu'elle avait elle-même quitté Melohorë, elle réalisait à quel point il était illusoire de pouvoir envoyer de ses nouvelles fréquemment. Il était à une partie de sa vie importante et son devoir en tant que membre montant dans la branche Eorbeth, devait lui prendre suffisamment de temps pour qu'il n'ait pas les moyens de rassurer sa petite soeur. Pourtant, l'absence de contact avec Seïh la troublait et elle ne parvenait pas à faire taire ses inquiétudes. Astriid fronça les sourcils et se cogna le front sur la rambarde laquée du bateau. Elle s'enfonçait dans une attitude morne et pitoyable dès le matin et comme disait son père, c'est mauvais pour la peau de se poser trop de questions. Ce n'est pas comme si elle pouvait y faire quoi que ce soit là tout de suite. Et il était bien plus capable de se débrouiller qu'elle ne le pensait. Du moins c'est ce qu'elle espérait du fond du coeur.
Elle reporta son attention sur les vagues tumultueuses et blêmit soudainement mais son mal de mer n'en était pas la cause. Sous ses yeux, le joli camaïeu de verts, de bleus et de gris souligné du blanc de l'écume avait fait place à un rouge sombre et inquiétant. Les jointures de ses doigts blanchirent de la force utilisée par l'Ygdraë pour s'accrocher au parapet. La mousse rougie de l'écume grimpa jusqu'à son visage et elle tressaillit violemment à son contact mais elle n'osait pas lâcher le parapet pour s'essuyer le visage. Elle sentit avec dégoût les gouttes de sang couler le long de son visage pour aller se loger à la commissure des lèvres. Presque par instinct, elle lécha l'importune et fronça les yeux. C'était salé. Astriid se pencha un peu plus, comme fascinée par les eaux cramoisies, l'Ygdraë ne parvenait pas à en détacher son regard, le coeur étreint d'un sourd pressentiment. Le peuple ondin lui avait promis une sécurité presque totale parmi leurs présents avant qu'elle ne quitte Port Diraella alors que signifiait cette mer de sang ? Presque couchée sur la rambarde désormais, elle se tenait sur la pointe des pieds pour tenter de percer les fonds sombres, cherchant une explication. Le soleil dardait ses premiers rayons lumineux sur la surface de l'eau, transformant la houle en une floraison de rubis brillants. Alors qu'elle était sur le point de basculer par dessus bord, la poigne solide d'un des marins la ramena en sécurité et elle expira lourdement en reprenant contact avec le plancher de la réalité. L'elfe souffla, les yeux vagues. «Du sang, l'océan est plein de sang... » Le marin haussa les sourcils et se frotta sa barbe en regardant pensivement l'Ygdraë. «De quoi ? Qu'est-ce tu racontes petite ? C'est le mal de mer qui te fais halluciner ? Vrai que j'ai moi-même cru voir du sang sur le pont quand je le lavais tout à l'heure mais... Les temps sont bizarres en ce moment. Allez viens boire un coup de liqueur, ça te remettra sur pied cocotte !»
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Dorian Lang

Race : Vampire (Douria)
Taille : 185cm
Âge apparent: 25
Niveau : I | Rahzdens

Spécialités :
- Agilité : 6
- Force : 7
- Charisme : 7
- Intelligence : 7
- Magie : 7
«T'as une gueule affreuse, serais-tu enfin en train de crever ?» la voix odieuse de Selyne me vrilla les tympans et je lui répondis d'un majeur levé en son honneur. Elle ricana, l'insulte glissant sur elle comme de l'eau. «T'es vraiment un gamin. Tu me répugnes.» Je répondis d'une voix lasse. «C'est ça, moi aussi je t'aime.» L'amour fraternel était si fort entre nous qu'il était presque palpable. D'autre part, j'étais d'humeur irascible, plus que d'ordinaire, après les cauchemars qui m'avaient assaillis sans relâche toute la journée au point que j'aurai préféré l'insomnie. Je soupçonnais une malédiction ou un sortilège face à tant d'acharnement et je glissais un regard suspicieux à Selynne. La garce en serait bien capable.
D'un commun accord, nous choisîmes de cesser notre querelle en entrant dans la cuisine. Laysa n'aimait pas nous voir nous chamailler. Et nous n'aimions pas la contrarier. Enfin moi j'aimais bien, jusqu'à un certain point. Je testais sans cesse les limites et comme tout petit dernier de la fratrie qui se respecte, j'étais l'enfant adoré et Laysa passait plus aimablement sur mes erreurs qu'avec ma soeur aînée. J'en profitais, parfois avec excès et j'admet que c'était principalement pour faire rager Selyne. Assise à la grande table de la cuisine, notre Créatrice nous attendait pour ce que j'aimais appeler "le petit déjeuner". La soleil était déjà couché et la cuisine était plongée dans la pénombre, illuminée uniquement par les lampadaires qui s'allumaient un à un dans la rue commerçante. Une nouvelle nuit de travail pour les vampires. J'ouvris un placard, à la recherche d'une tasse. Il n'en restait qu'une, le fond du placard empli uniquement de bols d'une horrible teinte rose. J'échangeais un bref regard avec Selyne et nous engageâmes un combat silencieux pour obtenir la tasse. Les bols roses étaient une fantaisie de Laysa qui ne nous faisait pas rire et je refusais de boire du sang dans cette monstruosité. Ce fut ma soeur qui gagna, évidemment.
Quelques minutes plus tard, le nez dans le bol rose, j'évitais avec application le regard narquois de Selyne ce qui me donna le loisir de remarquer les dessins de bébés bicornes tracés avec une mièvrerie navrante sur le récipient. Je grinçais des dents et fomentais ma revanche en silence. Je reposai le bol, vidé en quelques secondes et matais avec envie la carafe encore à moitié remplie de sang. «Sale vorace va» lâcha Selyne ce qui lui valut immédiatement un claquement de langue agacé de Laysa. Notre Créatrice n'était pas du matin, ou plutôt du soir et elle appréciait le silence pour commencer sa nuit à la Maison de Jeux. Avec un sourire insolent à l'adresse de ma soeur, je me resservais un bol et elle leva les yeux au ciel. Je la détestai mais il était certain que la vie serait bien ennuyeuse sans cette teigne au visage de poupée.
Je m'apprêtais à rapprocher le bol de ma bouche quand un mouvement à l'intérieur arrêta mon mouvement. Je fronçais les sourcils et reposai le bol pour en examiner la surface. La vision avait été si fugace que je n'étais pas sûr si c'était encore mon esprit qui me jouait des tours. Après les cauchemars dont j'avais été victime, ça n'aurait pas été une surprise. «Quoi tu cherches à voir ton reflet ? C'est pas la peine, je vais te le décrire, c'est une face de cake.» Je la fis taire d'un mouvement méprisant de la main car la forme s'était révélée à nouveau, plus visible. L'ombre d'un visage s'était dessiné dans la surface vermeille, ses grands yeux vides me fixant avec un large sourire morbide. Méconnaissable, j'attendais de voir ce que le visage allait faire, voir s'il pouvait me donner un indice sur son identité, m'indiquer quel était son objectif. Le visage ne fit que disparaître. Déception. Je relevai la tête pour regarder Laysa et Selyne. «Vous avez vu ?» Les yeux de ma soeur brillèrent d'une lueur mauvaise à la perche que je lui tendais. «Quoi donc ? Ta mère en train de se faire...» Elle ne finit jamais sa phrase car je perdis soudainement le contrôle pour me jeter sur elle par dessus la table, renversant tasses et carafe. La suite m'échappa car je crois que Laysa nous assomma littéralement de colère.

Ce moment quand le rp avec ton personnage bénéfique est plus sérieux que celui avec le personnage supposé maléfique /sbaff
Mais bravo Léto pour ton couronnement


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Niveau VI | L'un est le Corbeau, l'autre est la Colombe. Ensemble, ils ne forment qu'un.

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