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 Il rembobine

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Jun Taiji
✞ Æther de la Mort ✞

✞ Æther de la Mort ✞
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◈ YinYanisé(e) le : 02/02/2012
Jun Taiji
Mar 28 Avr 2020, 01:02


Il rembobine



Akito jouait du piano. Il était concentré sur sa tâche, précis. Ses doigts glissaient de façon limpide sur les touches de l’instrument. Il aimait la musique et, contre toute attente, alors qu’il n’avait plus aucun souvenir de son existence passée, il avait rapidement pris ses marques sur les touches ivoiriennes. Il avait dû être pianiste dans une autre vie, avant sa réincarnation en Ange. Sa mémoire lui faisait défaut. Depuis peu, il apprenait les bases de la médecine. Son peuple l’avait accueilli avec bienveillance. Certains individus revenaient à la vie, vides de toute histoire. C’était son cas. Pourtant, et malgré le travail du temps, il ne se sentait toujours pas stable. Il lui manquait quelque chose, il le présageait. Il n’était pas entier. Là, dans sa poitrine, il manquait quelque chose, quelqu’un. Dans son oubli, une petite voix intérieure lui criait qu’il devait impérativement chercher et trouver cet élément. En attendant, il jouait, parce que la mélodie avait l’avantage de l’apaiser. L’air s’envolait pour toucher les passants autour de lui. Les alentours du Lac Bleu – qui était à l’époque surnommé le Lac de la Transparence – était grouillant d’individus et, à vrai dire, à cette époque, Caelum n’existait pas encore. Les Mages Blancs résidaient tous autour du gigantesque point d’eau. Des pierres bleutées brillaient déjà en son sein, sans que personne n’ait pu les y dénicher. C’était alors un aussi grand mystère qu’aujourd’hui. L’instrument en plein air permettait à quiconque le souhaitait de s’entrainer. Lui, le désirait. En ces temps-là, la Citadelle Blanche n’avait rien à voir avec la terre du même nom. Elle n’y serait transposée que bien plus tard. Le jour perdait de sa superbe pour faire place à la nuit. Il songea qu’il avait du mal à maîtriser les dons des Anges. Cela viendrait, à force d’entraînement. Il fonctionnait comme une horloge, si bien que certains de ses comparses se moquaient gentiment. Le matin, il se levait aux aurores, faisait son lit, s’habillait et sortait s’entraîner pendant près de deux heures. Il désirait un corps athlétique, plus qu’il ne l’était déjà. Au fond de lui, il sentait un désir profond et intense de protéger. Ça lui paraissait vital. Il voulait être la main qui aide, l’épaule sur laquelle on s’appuie. Il rentrait chez lui, se lavait – parce qu’il détestait la substance même de la transpiration et les odeurs désagréables – et se rendait chez le médecin qui le formait pour quatre heures d’apprentissage. Il rentrait, se préparait à manger pendant au moins trente minutes, mangeait, puis retourner étudier. Il était payé pour apprendre, moins qu’un professionnel mais ça lui permettait de vivre. En fin d’après-midi, il rentrait, mangeait les restes du midi et passait du temps à se cultiver sur divers sujets – ce que n’importe qui n’ayant plus aucun souvenir faisait sans doute. Puis, une fois que le ciel commençait à s’assombrir légèrement, il sortait de nouveau afin de jouer du piano jusqu’à la nuit. Enfin, il rentrait, se lavait et allait au lit.

Alors qu’il finissait une musique, son regard tomba sur une silhouette non loin de lui. Une femme se tenait là, devant son chevalet. Elle était en train de peindre. Il s’arrêta et la regarda. Ce n’était pas commun de pratiquer de nuit. Cette dernière n’était pas complète mais presque. Le soleil s’était couché et il n’en subsistait qu’un souvenir plus bleu que rosé que le ciel avait bien du mal à oublier. Akito observa la toile. Au début, il avait cru qu’elle était en train de peindre le paysage – ce qu’une personne sortant de chez elle faisait, généralement – mais ce n’était pas le cas. Il ressentit une forme de curiosité. « Je préférais lorsque vous jouiez. » dit-elle en se tournant vers lui. Elle était petite, blonde, avec des yeux verts qu’il avait du mal à distinguer du fait de l’obscurité naissante. Au fond de lui, il était convaincu qu'ils étaient émeraude. « C’est amusant que vous ne me remarquiez que cette nuit. Je viens souvent ici, pour vous. » « Ah oui ? » répondit-il, calmement. « Oui. J’aime beaucoup vous écouter. Vos mélodies inspirent mon travail. » Il reporta son attention sur le tableau quelques secondes avant de la rejoindre de nouveau. « Vous êtes peintre ? » « C’est un hobby seulement. » « Vous peignez bien pour une amatrice, je trouve. » « Merci, c’est gentil. Je m’entraîne dès que j’ai un moment, depuis des années. Je joue du violon aussi, et un peu de piano, comme vous. » L’Ange la regarda et eut une idée. « Je ne sais pas si vous en avez envie mais… » « J’aimerais beaucoup jouer avec vous, oui. » « Vous avez lu dans mes pensées, c’est ça ? » dit-il, avec un sourire en coin. Elle lui sourit à son tour, sans répondre à la question, et délaissa sa toile et ses instruments pour venir s’asseoir à côté de lui.

Jun fixait la scène en silence, invisible, assis sur un banc tout aussi immatériel. Il aimait bien remonter le temps, parcourir sa propre existence. Il y découvrait souvent de nouveaux éléments. La femme qui jouait à ses côtés serait bientôt l’Impératrice de la Nuit. Elle savait qui il était, malgré ce prénom qui différait du sien véritable. Il avait souvent eu des identités factices, à cause de ses pertes de mémoire régulières. Il sourit, un peu mélancolique. À l’époque, il n’en savait rien mais lorsqu’elle avait été transformée en Vampire et qu’il avait été éjecté de son Âme, elle n’avait jamais cessé de rester à ses côtés. Le vide en lui était celui que leur séparation avait causé et, alors qu’il cherchait des réponses, il n’avait compris que bien plus tard qu’il les avaient eu juste devant les yeux un temps considérable. Parfois, il avait envie de réécrire l’Histoire, de ne pas se contenter de lui proposer de jouer avec lui. Il avait envie de s’observer se lever, marcher vers elle et juste… lui demander de boire son sang, pour qu’ils puissent partager le baiser et la jouissance qui en découlait. Ce serait tout ce qu’il pourrait faire.

Maintenant qu’elle n’était plus « là », il avait la mauvaise habitude d’observer tous leurs moments ratés, ces instants voilés où leurs chemins n'avaient fait que se croiser brièvement. Il s’enfermait parfois dans les scènes où ses doigts finissaient par caresser ses cheveux. Il passait des semaines à regarder en boucle le jour de la conception de Devaraj. Il espérait y trouver… quelque chose, des indices, il ne savait pas quoi. Il soupira et rembobina la rencontre pour la dixième fois consécutive.

1044 mots – Fin

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