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 [RD - Artefact] - Un conte pour aimer | Solo

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Priam et Laëth
~ Ange ~ Niveau III ~

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◈ Parchemins usagés : 3861
◈ YinYanisé(e) le : 02/02/2018
◈ Âme(s) Soeur(s) : La bière et le saucisson | L'adrénaline et les problèmes
◈ Activité : Berger [III], traducteur [II], diplomate [I] | Soldat [III], violoncelliste [I]
Priam et Laëth
Mar 28 Avr 2020, 20:56



Trouvé sur Giphy

Les Portes II

En groupe



La jeune femme se jeta à plat ventre sur son lit. Par à-coups, de longs sanglots crispaient les muscles de son dos. Les doigts serrés autour des couvertures, elle regardait par la fenêtre. Une brume poisseuse encombrait l’air, si bien que l’on distinguait à peine le paysage qui s’étendait par-delà les grilles rouillées de la bâtisse. Quelque part, là-bas, il y avait son village, son père, et puis le prince Éric. Parviendrait-elle à le rejoindre, un jour ? Chaque fois qu’elle s’approchait trop près de la sortie du domaine, quelqu’un venait l’interrompre pour la ramener dans la demeure. Plus tôt, dans l’écurie, elle avait encore fait part à son cheval de son désir de fomenter des plans d’escapade, et pourtant, à cet instant, tout cela lui paraissait bien vain. Elle renifla, puis un long soupir lui échappa. « Allons… » souffla une voix derrière elle. La brune attrapa un oreiller et enfonça sa figure dedans. Elle ne voulait voir personne. « Partez. » Des cliquetis et des grincements de bois se firent entendre. « Que s’est-il passé ? » - « Il est infâme ! » s’exclama-t-elle en relevant la tête pour regarder par-dessus son épaule. Madame Samovar et l’Armoire – qui quittait parfois la garde-robe – la dévisageaient, l’une légèrement penchée vers le lit, l’autre à même le sol. « Lumière organise un bal. La Bête veut me forcer à y aller avec lui. » Les deux objets échangèrent un regard. L’ingénue soupira. « Je n’ai jamais vu quelqu’un d’aussi impoli et acariâtre. » - « Oh, ma chère. » La théière bondit sur le matelas et s’approcha du visage de Belle. « Ne soyez pas si dure avec lui. Il… eh bien… C’est qu’il est sous cette forme depuis si longtemps que… » Elle s’interrompit et s’inclina un peu vers l’avant, comme si elle baissait la tête. « Parfois, il n’est pas facile de se rappeler que l’on a été humain, un jour. » Le profil posé contre l’oreiller, la jeune femme détailla l’ustensile de cuisine. Elle déglutit puis plissa les lèvres, avant de planter ses yeux sur les broderies du couvre-lit. Comme elle ramenait une main vers elle, elle essuya ses larmes. Doucement, elle souffla : « Mais qui aimerait une telle bête ? » Les anciennes humaines ne répondirent pas.

Elle se tourna sur le dos, soupirant à nouveau. Les tentures du lit à baldaquin captivèrent un instant ses rêveries, avant qu’elle ne soufflât : « Si ce n’est pas lui qui me tue, je mourrai d’ennui. » - « Voyons ! Ne dites pas de bêtises ! Le Maître ne lèverait pas la main sur vous. » Belle lui jeta un regard dubitatif et serra les dents. L’Armoire se redressa un peu et dansa sur ses pieds de bois, gênée. « Que pourrait-on faire pour vous distraire ? Nous pouvons jouer à quelque chose, discuter de votre tenue pour le bal, ou… » Comme elle voyait la brune prête à protester, Madame Samovar interrompit son amie : « Je suis allée chercher quelques livres dans… hum… il y en avait quelques-uns dans les quartiers des domestiques. » mentit-elle, bien consciente qu’il n’aurait pas été avisé de dire qu’elle les avait empruntés à la bibliothèque, située tout près des appartements de la Bête. « Vous m’aviez dit que vous adoriez lire, alors… » Le regard de son interlocutrice s’était illuminé et un sourire naissait sur ses lèvres. « Oh, merci, c’est vraiment adorable ! Vous n’étiez pas obligée… » - « C’est mon travail, de prendre soin des invités, ma chère. » Une expression amicale et incongrue pour une théière égayait la morphologie de l’objet. Belle sourit franchement. « Où sont-ils ? »

Il y en avait cinq. Rien qu’à l’idée de pouvoir faire courir ses doigts sur les épaisses reliures de cuir, puis sur la douceur des pages noircies d’encre, elle frémissait d’émerveillement. Les yeux comme ceux d’un enfant devant un nouveau jouet, elle grimpa sur le lit, la pile dans ses bras. Assise en tailleur, le dos calé contre les oreillers, elle observa brièvement le premier. Le titre était inscrit en lettres d’or : La Chronique de la Forêt des Rêves Bleus. Dès qu’elle l’ouvrit, sa réalité s’évanouit au profit d’une autre.



« Belle ! Belle ! Pssst ! » La jeune femme, allongée dans l’herbe d’une prairie, un livre ouvert posé sur la poitrine, se redressa, la main sur la couverture. Une petite luciole s’agitait devant elle, qui prit bientôt un aspect plus humain. Elle portait une robe faite de pétales de rose, aux couleurs estivales, et une couronne de boutons d’or ceignait son front. Dans son dos, deux ailes saumon s’étiraient. « Il a disparu ! » - « Qui ça ? » - « Votre amour de toujours ! La Méchante Sorcière l’a enlevé ! » Elle se figea, stupéfaite, le trouble irradiant dans ses prunelles. Belle avait toujours eu une capacité terrible à se couler dans ses lectures et à se fondre dans la peau des personnages. Poser les yeux sur les premières lignes lui suffisait pour s’immerger dans un monde qui n’était pas le sien. Elle n’avait pas besoin que la Fae la poussât à coopérer ou se répandît en explications. Elle savait qui elle était, qui elle aimait et qui elle exécrait. Elle savait parfaitement ce qu’elle devait faire. « Il faut vite rentrer. Je dois partir. Préviens mon frère, il est aux champs ! » dit-elle en se relevant, avant de s’éloigner en courant. La Fae sourit, puis disparut.

Parvenue chez elle, la brune enfila son armure, prépara son cheval, puis mit le pied à l’étrier et détala à vive allure. La Méchante Sorcière vivait sur un bateau de pirates, actuellement stationné près des côtes est. Pour y parvenir, il lui faudrait traverser la Forêt des Rêves Bleus, qui contenait bien des dangers. Puis, elle devrait négocier un droit de passage avec les Sirènes. Enfin, le combat avec la diabolique femme pourrait s’engager. Depuis sa plus tendre enfance, elle cherchait à lui nuire. Elle avait essayé de la maudire à maintes reprises, et seule la persistance des bonnes fées l’avait sauvée d’une malédiction incassable. Toutefois, cette persévérance faisait enrager la Méchante Sorcière : par tous les moyens, elle tentait de mettre son bonheur en péril. Quelques jours plus tôt, Belle avait avoué son amour à l’homme de son cœur. Elle n’ignorait pas le risque, mais s’était trouvée incapable de garder plus longtemps ce secret. Tout son être hurlait d’affection et plus les secondes s’égrenaient, moins elle parvenait à imaginer sa vie sans lui. Elle devait le sauver pour cela, et parce que s’il était captif, c’était entièrement de sa faute. Il n’était qu’un pion supplémentaire dans les plans machiavéliques de la mage.

La Forêt des Rêves Bleus était trompeuse. C’était un lieu maudit. Tout y était d’un bleu triste et mélancolique et tout y avait un aspect chimérique. On racontait qu’elle était le fruit du désespoir d’un Génie. Il était né empli d’espoirs : sa vie n’avait été qu’une série d’avortements irréels qui l’avait conduit à la folie. La dépression l’avait cueilli, et dans sa peine et sa haine du monde, il avait façonné cet endroit. Il éveillait dans les âmes les plus grandes douleurs ou les folies les moins saines. La seule façon de s’en sortir était d’avancer les yeux bandés afin d’être aveugle aux illusions, comme lui aurait voulu être aveugle aux horreurs du monde. Les mains cramponnées aux rênes de Philibert, la Belle, à pied, faisait avancer le cheval en tâtonnant. Elle ne voyait rien. Tous deux butaient sur les racines ou les cailloux, heurtaient les arbres ou les buissons. L’autre difficulté résidait dans la possibilité de se perdre. Certains ne ressortaient jamais de ces bois. Elle crut être rendue à cette extrémité lorsqu’enfin, après des jours de marche, elle sentit les rayons du soleil caresser sa peau. Souriante, elle retira le tissu qui cachait ses iris.

La côte s’étendait devant elle : elle voyait la grande embarcation de la Vile. Les pirates s’y activaient. Un regain de courage l’assaillit, et elle se dirigea aussitôt vers les Sirènes. Charmeuses, celles-ci tournoyèrent autour du rocher sur lequel s’était posée la Belle. Elles chantonnaient, décochaient des œillades appuyées ou des sourires meurtriers. « Jolies sirènes. » les interpela-t-elle. « J’ai pour vous une proposition qui saura vous ravir. » Les contes ne sont pas toujours exempts de violence et les héros de vices. L’amoureuse était prête à tout pour parvenir à ses fins, et voici donc ce qu’elle promit : « J’aimerais que vous me laissiez passer jusqu’au bateau de la Méchante Sorcière. En échange, je vous livrerai les pirates, que vous pourrez dévorer. » - « Comment comptes-tu les pousser jusqu’ici ? Depuis toujours, ils nous évitent. » - « Je connais bien L, le crocodile. Elle m’aidera. » Après quelques vifs échanges, les créatures de l’eau acceptèrent. Elles conduisirent la jeune femme jusqu’au navire pirate. L, qui attendait dans l’ombre, sortit de sa cachette. Jouant de son tic-tac entêtant, elle hypnotisa les marins, qui sautèrent tous à l’eau : les Sirènes, ravies, les attirèrent et les dévorèrent.

Belle bondit sur le pont. Il ne restait que la Méchante Sorcière, avec son tricorne à plumes et son cache-œil, et l’homme de ses pensées, bâillonné et attaché au mat. Le combat fut trépidant, bondissant, haletant. Son amoureux fut libéré de ses chaînes en quelques coups habiles et se joignit à ses efforts pour vaincre l’ennemie. La Méchante Sorcière, transformée successivement en crocodile, en renard, en poule, en éléphant, en tigre, en serpent à sonnette, en rhinocéros, et finalement en dragon, faillit les tuer plusieurs fois et causa des dommages irréparables à son cher navire. Finalement, elle mourut étranglée par la longue chevelure que la Belle avait déployée, car l’Amour et les problèmes capillaires triomphent toujours.

La brune se tourna vers celui qu’elle aimait. Un grand sourire aux lèvres, elle se jeta dans ses bras. Elle glissa une main dans ses cheveux, le regard nourri de tendresse et de soulagement, puis l’embrassa.

Ensemble, ils rentrèrent à cheval jusqu’au village, où ils se marièrent, avec la bénédiction des Sirènes et du crocodile. Ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants.



La Belle ouvrit des yeux ensommeillés. Sa tête reposait sur son épaule et le livre était encore ouvert entre ses cuisses, à la dernière page. Elle battit des paupières et bâilla en posant une main sur sa bouche. Elle avait fait un rêve si étrange… Comme elle baissait le regard vers les pages manuscrites, un « oh » surpris lui échappa. L’ouvrage était magique. Le texte de la dernière feuille attira son attention. Il était indiqué que, grâce au livre, elle pourrait connaître l’exacte position d’Éric, suivre ses déplacements et l’attirer à elle durant la nuit. Le cœur fou, la fille de l’inventeur releva vivement la tête. Comme elle comprenait le pouvoir qui résidait entre ses mains, elle pinça les lèvres d’excitation. Elle allait pouvoir le rencontrer ! Ce soir, peut-être ! Un large sourire aux lèvres, elle tourna la page. Une carte des royaumes y figurait, et un petit point, sur le palais de Mufasa, indiquait la présence du prince de ses rêves. Transportée de joie, elle referma le livre d’histoires, ouvrit le tiroir de la table de nuit et l’y glissa, à l’abri des regards. Son cerveau fourmilla, à la recherche de la meilleure manière d’agir. L’impatience précipitait ses pensées. Si elle voyait Éric cette nuit, elle saurait si elle était bien éprise de lui. Si elle ne l’était pas… Un pincement serra son cœur. Ce serait pénible, mais elle serait fixée. Elle pourrait s’organiser pour s’enfuir sans d’autre but que celui de rentrer chez elle, au village. Ainsi, elle retrouverait son père… et l’insupportable Gaston. Une grimace défigura ses traits. Elle n’avait aucune envie de revoir cet imbécile qui la pourchassait. Des deux, elle préférait encore côtoyer la Bête et son ignoble caractère.



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