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 Le conte dans le conte | Artefact (Solo)

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Sam 25 Avr 2020, 20:07


Château de la Bête

LE CONTE DANS LE CONTE



« Je vais avoir besoin de tes services. »

Je m’adressai à l’ombre qui copiait chacun de mes mouvements.

«J’ai eu connaissance de l’existence d’un livre qui permettrait d’invoquer le prince du royaume de Grraaaa. Je veux que tu me l’apportes au plus vite. Il me sera nécessaire pour mener à bien mon plan»

L’ombre hésita un instant, ne sachant probablement pas par où commencer ses recherches. Le monde était vaste et cet artefact pouvait se trouver n’importe où. Je ramassai une poignée d’herbe fraîche et murmurai quelques mots dans une langue oubliée de tous en frottant les végétaux entre mes mains. Une fois l’incantation terminée, j’ouvrai les paumes en forme de livre et soufflai sur les brindilles broyées qui voletèrent dans une direction.

«Par là» indiquai-je à mon laquais

L’ombre n’avait fait que quelques pas quand je remarquai un étrange insecte lumineux suivre la même direction. Les ombres et moi n’aimions pas vraiment les lucioles, elles nous remémoraient certaines mauvaises expériences passées. Cependant, celle-là semblait un peu différente des autres. Je me détournai de la scène et continuai mon chemin vers le campement de Charmant.
Séparateur
L’ombre poursuivit son chemin au nord vers le Royaume de Hi-Hi-Hi. Elle traversait la campagne et les plaines verdoyantes sans y prêter attention. La créature se focalisait sur la direction indiquée par l’herbe depuis longtemps dispersée. Sur son sillage, la luciole émettait une lueur agaçante. A plusieurs reprises, elle chercha à la semer, en vain. La bestiole paraissait connaître sa position, même lorsqu’elle se fondait dans l’obscurité. Mis à part ce désagrément, la silhouette ne s’attira pas d’ennui ; elle esquivait avec brio chacun des paysans et des voyageurs sur le point de croiser sa route.

Ses pas la menèrent jusqu’à un immense château délabré. Les murs extérieurs étaient rongés par l’humidité qui dessinait des auréoles sombres sur la brique autrefois blanche. Les arabesques et sculptures qui ornaient les hauteurs des diverses tourelles s’effritaient par manque de soin. L’ombre se tenait devant la grille rouillée qui laissait entr’apercevoir un jardin à la végétation luxuriante ; les plantes s’étaient propagées de manière anarchique, chacune luttant pour une place au soleil. Sur l’enceinte de la demeure, ronces et lierres faisaient la course jusqu’au sommet. L’endroit ne semblait plus habité - ou, s’il l’était, le propriétaire ne paraissait pas s’inquiéter outre mesure de la détérioration apparente de la bâtisse.

L’obscurité se glissa à l’intérieur de l’édifice, accompagnée de la vermine scintillante. Elle découvrit un vaste hall dont les tomettes étaient recouvertes d’une fine couche de poussière. En face, un imposant escalier d’honneur menait aux étages supérieurs, tandis qu’à gauche et à droite, des portes décorées de feuilles d’or proposaient des passages vers les salles du rez-de-chaussée. Se perdant quelques minutes dans la contemplation des lieux, la créature observait le plafond qui représentait des scènes antiques qui avaient marqué l’histoire du Royaume. La pénombre du lieu était une aubaine pour la silhouette qui se fondit dans les ténèbres.

La luciole survolait la masse sombre. Elle clignotait à la manière d’un stroboscope, cherchant à attirer l’attention. Son manège dura quelques secondes avant qu’elle ne se résigne à effectuer des aller-retours entre l’escalier et l’ombre. Cette dernière se sentait agressée par la douloureuse lumière de l’insecte. Bien vite, elle perdit patience et se précipita sur la bestiole qui s’engageait alors au premier étage. Une fois arrivée sur le pallier, elle se rua sur l’indésirable. Le parasite traversa aussitôt la serrure de la double porte à sa gauche, la silhouette à sa suite.

L’ombre pénétra l’intérieur de la pièce. Il s’agissait d’une vaste salle tapissée de livres ; sans doute la bibliothèque. Comme le hall principal, elle était plongée dans la pénombre, la lumière extérieur ne s’infiltrant que par le grand dôme qui gouvernait les lieux. La créature n’oubliait pas son but premier mais, pour l’heure, elle souhaitait vivement se débarrasser de cette satané luciole. Elle arpentait la pièce tous sens aux aguets. L’endroit était tellement silencieux qu’il conférait un air malsain à l’ambiance générale. La silhouette scrutait chaque recoin. Les murs couverts de manuscrits montaient hauts et des échelles de bois coulissantes permettaient de grimper sur les rayonnages et d’atteindre les ouvrages autrement inaccessibles. L’insecte pouvait s’être dissimulé n’importe où.

Soudain, un bref scintillement pénétra le champ de vision de la créature qui  serpenta vers la lumière. Le parasite était là, à quelques mètres d’elle. Il se reposait en haut d’un piédestal, sur un livre poussiéreux. D’un bond, elle arriva à sa portée mais, malheureusement, la luciole s’était évaporée. Le regard de l’ombre fût immédiatement attiré par l’ouvrage. Il semblait refermer un étrange pouvoir qui l’attirait, la séduisait. Il ressemblait à un recueil de Contes de Fées ; la couverture de cuir reliaient entre elles des pages colorées qui devaient - sans aucun doute - contenir de magnifiques illustrations. Sur la jaquette, le titre apparaissait en lettre d’or, entouré de subtiles fioritures à l’aspect floral. Instinctivement, la silhouette comprit qu’elle avait trouvé ce que son maître recherchait. D’un geste vif, elle s’empara du livre avant de quitter la pièce - sa proie avait de la chance : elle venait de gagner un sursis.


Post I | 850 mots | Résumé:
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Sam 25 Avr 2020, 21:40


Château de la Bête

LE CONTE DANS LE CONTE



L’ombre était au milieu de l’escalier quand elle perçut des bruits venant dans sa direction. Alerte, elle cherchait un abri pour se dissimuler ; elle ne pouvait emmener les objets physiques dans le plan des ombres. Elle se rua en bas des marches et se planqua contre le mur d’échiffre, à sa gauche. Les sons provenaient du couloir d’en face et se faisaient de plus en plus distinct.

«Mais quelle est mignonnette comme tout cette petite luciole !»

Une expression de haine passa sur le visage de la silhouette. Le parasite venait de refaire surface et, de surcroît, il semblait guider les occupants du château vers sa position. La créature passa discrètement la tête à travers la rampe. Quatre objets avançaient en file vers l’entrée de la demeure ; en tête, il y avait une théière de porcelaine, suivie de près par une petite tasse ébréchée, se tenait ensuite une pendule miniature - dont les aiguilles indiquaient huit heures et vingt minutes - et, fermant la marche, un chandelier qui illuminait les environs. A sa vue, un sentiment de peur secoua les entrailles de l’ombre. Elle balaya les environs du regard à la recherche d’une cachette plus adaptée quand ses yeux accrochèrent une porte derrière elle. Sans hésitation, elle quitta sa position et s’engouffra dans la pièce suivante.

Il s’agissait d’une salle de bal aux dimensions démesurées ; elle pouvait facilement accueillir une centaine d’invités. Au fond, un piano attendait patiemment l’arrivée d’un artiste qui le réveillerait de son trop long sommeil. La silhouette longeait le mur dont les somptueuses tapisseries de laine, d’or et de soie n’étaient désormais plus que des lambeaux à rapiécer. Elle avait follement envie de se débarrasser de la luciole mais sa priorité était de quitter ce château pour apporter le livre à son double. Néanmoins, cette sale vermine lui avait bloqué l’entrée principale ; il fallait qu’elle trouve une autre sortie. Peut-être trouverait-elle une fenêtre par laquelle se faufiler ?

A sa droite, la créature remarqua une petite porte en bois. Elle décida de laisser le livre sur place et d’aller voir d’abord par elle-même ; elle ne souhaitait pas être repérée. Elle glissa dans les ombres et serpenta sous la porte. A l’intérieur, ses yeux se rivèrent sur un fauteuil dans lequel se tenait une bête hideuse et poilue. Sans attendre plus longtemps, elle quitta le salon et revint dans la salle de bal.

Elle trouva deux autres issues ; l’une semblait mener vers le hall d'entrée et la seconde vers un petit salon dont la plupart des meubles avaient été détruits. Après une rapide inspection, l’endroit semblait désert. La créature entrouvrit la porte et s’y déplaça, emportant avec elle l’ouvrage magique. Malheureusement, elle n’était pas plus avancée ; la pièce n’avait qu’une seule sortie praticable qui, d’après le sens d’orientation de la créature, devait retourner dans le couloir ouest du château. N’ayant pas d’autres choix, elle abandonna le livre entre les débris et continua à explorer les autres pièces.

L’ombre finit par repérer une fenêtre qui lui offrait une sortie vers l’extérieur. Par chance, la salle dans laquelle elle devait se rendre était juste à côté du petit salon. L’ombre fit demi-tour pour récupérer l’objet de sa quête.

«Écoutez, arrêtons de papillonner à suivre cette luciole ou le maître ne va pas être content !»

«Calme-toi, Big Ben»

Les voix provenaient de la salle de bal. Il fallait faire vite. Elle agrippa le manuscrit et se hâta pour rejoindre la salle adjacente. A peine eut-elle ouvert la porte, que le lustre suspendu baigna la pièce d’une puissante lumière jaune. La créature s’immobilisa un instant, étourdie. Une puissante musique funèbre s’éleva du gigantesque réseau de tuyauterie, ébranlant jusqu’au fondation même du château.

«Je vous attendais, mon m…»

La voix gutturale suspendit sa phrase. Sa mélodie se mua en un air plus suspicieux.

«Eh bien, eh bien… Je n’ai jamais eu vent d’un domestique transformé en livre.»

La silhouette s’était cachée dans l’ombre du livre. Pour la mission d’infiltration, c’était loupé. Avec le boucan qui s’élevait du colosse en face d’elle, toute la demeure devait être aux aguets.  

Dans le couloir, les bruits se rapprochaient à pas de course. Plus le choix, il était temps de partir. L’ombre reprit sa forme et commença à courir vers la fenêtre. Malheureusement, le loquet était fermé. Alors qu’elle se débattait avec le mécanisme, la luciole fonça sur elle pour lui mettre des bâtons dans les roues.

«Comment ? Un intrus dans le château ?! Il faut prévenir le maître !»

Les notes s’échappaient de l’orgue dans une musique angoissante qui s’amplifiait à mesure que l’artiste parcourrait sa partition. L’étau se resserrait ; elle n’allait sans doute pas réussir à s’enfuir avec son larcin. A nouveau, le château trembla sous l’impulsion des accords de l’organiste. Une idée fit son chemin dans l’esprit de l’ombre.

«Arrêtez-vous !» hurla la pendule alors que la silhouette se précipitait vers le clavier, maintenant fermement son emprise sur le recueil de contes.

Du coin de l’oeil, elle visualisait le candélabre qui s’avançait vers elle : il fallait faire vite. Elle serra les poings et les abattit frénétiquement sur les touches, agrémentant la mélodie de violents à-coups perçants.

«Oh, non, arrêtez» braillait l’harmonium alors qu’elle s’acharnait de plus en plus vite et de plus en plus fort sur le clavier.

Les murs et les fenêtres s’agitaient sous la terrifiante désharmonie. L’agressivité de la tonalité attaquait le verre qui céda enfin sous les saccades répétées. Le chandelier n’était plus qu’à quelques centimètres quand la créature se précipita vers l’ouverture. Avec un dernier regard noir à l’insecte maudit, elle disparut dans l’immensité de la végétation entourant la demeure.


Post II | 926 mots | Résumé:
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Dim 26 Avr 2020, 00:05


La Forêt des Rêves Bleus

LE CONTE DANS LE CONTE



Les nuages noirs obscurcirent le ciel, vomissant un torrent de gouttes. Je m’arrêtai un bref instant, surpris. Ce n’était pas de l’eau mais des insectes jaunâtres qui se déversaient sur les terres de Hou-Hou. La nuée rebondissait dès qu’elle atteignait le sol, saccageant tout ce qui se trouvait sur son passage.

L’ombre arriva peu de temps après que le cataclysme ait commencé à déferler sur le royaume. Dans sa main droite, elle tenait fermement un livre dont je pouvais percevoir les effluves magiques. Dès qu’elle fut à portée, elle me tendit l’ouvrage afin que je m’en empare.
Séparateur
La lumière du soleil filtrait à travers mes yeux fermés. J’ouvris les paupières et m’étirai longuement ; j’avais l’impression de me réveiller d’un très long sommeil. Le décor ne me rappelai rien de ce que j’avais quitté. J’étais assis contre un arbre dans une espèce de forêt aux couleurs pastels. Le ciel ensoleillé était teinté d’un bleu azur qui dégageait un sentiment de paix et de sérénité.

«Que s’est-il passé ?» demandai-je autant pour moi que pour mes amis de l'au-delà.

Mon ombre… Elle n’était pas avec moi. Pas plus que le livre d’ailleurs. Qu’avait-il bien pu se passer ? Je n’en savais rien mais il fallait que je découvre comment quitter ces lieux. Après tout, j’avais une rencontre avec Charmant à préparer.

Au loin, j’aperçus un arbre dont les racines semblaient former une maisonnée atypique. Il y avait une porte, une fenêtre et même un conduit de cheminée ; pourtant, toute l’habitation était contenue dans le végétal. Je m’approchai de l’habitation dans l’espoir de rencontrer quelqu’un qui pourrait m’aider à comprendre ce qu’il m’était arrivé. Soudain, la porte s’ouvrit et un petit être potelé sortit en trombe. Il s’élança difficilement dans les airs et papillonna vers moi grâce à ses petites ailes jaunes translucides.

«Hé vous, Monsieur ! Enfin ! Vous êtes là ! Vous devez nous aider !» hurla l’homme

J’ignorai complètement son interjection pour poser mes propres questions.

«Où suis-je ? Il y a un instant j’étais dans le royaume de Hou-Hou et je me retrouve dans ce lieu bizarre. Savez-vous ce qu’il s’est passé ? »

«Hou-Hou ?» s’interrogea la fae «Jamais entendu parler»

Il se posa près de moi et haleta bruyamment. Il semblait avoir des difficultés à rester longtemps dans les airs. Ce n’était pas étonnant vu son embonpoint. Je le laissai reprendre son souffle quelques instants, espérant apprendre davantage d’informations.

«Vous êtes ici dans la Chronique de La Forêt des Rêves Bleus, chapitre un : Le Destin du Héros.»

«Pardon ? Vous vous foutez de moi ?» répondis-je, surpris.

Je remarquai à son air choqué que ce n’était pas le cas.

«Et comment je retourne chez moi ?»

Il fit mine de réfléchir un instant avant de déclarer joyeusement : «Le chapitre quatre s’appelle : Le Grand Départ, donc j’imagine que ça correspond à ce que vous cherchez.»

Je soupirai. Je compris assez rapidement ce qu’il venait de se passer : en touchant le livre, j’avais dû me faire aspirer à l’intérieur. J’aurais dû me méfier davantage, la magie n’était pas gratuite après tout. Enfin, je n’avais plus qu’à avancer dans l’intrigue afin de pouvoir rentrer chez moi ; au moins, je savais ce qu’il me restait à faire.

«Et pour vous aider, qu’est-ce que je dois faire ? Et tu t’appelles comment déjà ?»

«Je suis Winnie, Monsieur. Il faut que vous sauviez ma fiancée Porcinette, nous devons nous marier avant la fin de la semaine, sans quoi le mauvais sort que la Malveillante Sorcière Hibou m’a lancé ne se lèvera jamais… Oh Porcinette, elle doit être tellement terrifiée…»

«Le mauvais sort ?» répétai-je, l’enjoignant à me donner plus de détails.

«Oui. J’irai bien sauver Porcinette moi-même mais je ne peux pas. La mégère rapace m’a maudit ; je suis condamné à rester près de l’Arbre-Miel. Enfin… techniquement, la malédiction consiste à me nourrir toutes les heures mais ça ne change pas vraiment beaucoup»

«Bah… Tu pourrais manger autre chose que du miel, non ?»

«Quoi ?! Ah ça non, c’est inconcevable ! Je suis Winnie, le Nounours enfin !»

«Le Nounours ?» riai-je «T’as rien d’un ursidé, t’es une Fae»

Les pommettes du bonhomme se teintèrent d’un rouge proche de l’écarlate de son t-shirt bien trop petit pour lui. Il ne semblait pas avoir apprécié ma remarque.

«Bien.. J’ai compris, je vais t’aider… De toute façon c’est pas comme si j’avais le choix…»

Son expression changea du tout au tout et c’est d'un air enjoué qu’il sautilla autour de moi.

«Ouaiiiiis ! Allez, passons au chapitre deux : Les Épreuves de la Sorcière!»

Une petite voix au fond de moi m’indiqua que je n’allais sans doute pas vraiment apprécier cette histoire…


Post III | 764 mots | Résumé:
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Lun 27 Avr 2020, 10:42


La Forêt des Rêves Bleus

LE CONTE DANS LE CONTE



«Ouais, ouais, passons. Alors, faut aller dans quelle direction pour voir ta sorcière là ? C’est que je suis un homme occupé moi.»

Le fae secoua la tête.

«Non, non et non ! C’est pas comme ça que ça doit se passer ! Tu dois d’abord allez voir les trois sages ! C’est ce qu’il est écrit dans le livre !»

«Je m’en fiche de ton livre, gamin.»

Il croisa les bras et se mura dans le silence. Derrière ses airs de bouffon, c’était une sacré tête de mule. Il voulait absolument que tout se déroule tel que cela était écrit dans cet ouvrage stupide. Et dès que je le contrariais, il se vexait et attendait que je change d’avis. A nouveau, je cédai.

«Bon… D’accord. Alors, je dois faire quoi ?»

Ses yeux étincelèrent d’une lueur espiègle ; son manège avait fonctionné, encore.

«Il te faut rencontrer les érudits qui t’aideront au cours de la quête. Il y a Bourricot, Chocho-Lapin et T-Graou.»

«Et je les trouve où ?»

Le petit être ne me donnait jamais l’entièreté des informations ; c’était comme s’il lisait des lignes de dialogues et attendait que je pose la bonne question pour obtenir les détails manquants.

«Bourricot se trouve un peu plus au nord, près d’un étang. Chocho-Lapin habite un potager au nord-est et T-Graou… Il devrait aussi être aux abords du potager.»

«Bon, j’y vais...»

«Bon courage ! Reviens me voir quand tu les auras rencontrés !»

«Ouais, ouais…» marmonai-je

Je me dirigeai d’un pas pressé vers la direction que Winnie m’avait indiquée comme étant le nord. Je me demandais si tous les habitants de ce monde étrange étaient aussi insupportables. Je regrettai déjà d’avoir accepté cette mission ridicule. Après tout, acquérir le livre d’histoire n’était pas vraiment une nécessité ; cela me permettait simplement de réunir plus facilement les deux princes. Malheureusement, il avait encore fallut que je me laisse aller à la facilité… Franchement, je devrais apprendre de mes erreurs parfois.

J’aperçus au loin une créature grisâtre qui ronchonnait. Elle se tenait assise, près d’un tas de bois désordonné, l’air contrarié.

«Mais c’est pas vrai… Cette maison est encore tombée ! Va falloir la reconstruire… encore…Hum ?»

Il se releva pour me faire face.

«Vous êtes qui, vous ?»

«Je suis le Docteur Facilier, et vous ?»

«Je suis Bourricot, troisième du nom.»

«Ah c’est vous ! Winnie m’a dit que je devais vous rencontrer pour pouvoir libérer son amie de la sorcière»

Bourricot tourna autour de moi d’un pas lent et pénible puis retourna s’asseoir.

«Je suis fatigué, on reparlera quand j’aurai reconstruit ma maison»

«Non mais je suis pressé et…»

Trop tard, des ronflements sonores s’échappaient déjà de la bouche de l’âne. C’était bien ma veine ! Bon eh bien, autant lui construire une hutte pendant son sommeil, ça serait toujours du temps gagné. Je saisis un premier bâton que je coinçai entre deux arbres pour faire une poutre de soutènement ; j’avais vu suffisamment d’indigènes de Hou-Hou construire leur baraquement pour savoir que cet élément était essentiel. Je continuai à dresser la structure de la maison, enfonçant le bois dans la terre pour maximiser la stabilité. La cabane serait rustique mais elle devrait suffire à l’animal - après tout, ce n’était qu’une vulgaire bête de trait.

Quand j’eus fini l’assemblage, je réveillai Bourricot. Il ne pensait quand même pas que j’allais patienter sagement durant des heures entières. Sa cabane étant érigée, il aurait tout le loisir de s’y reposer après avoir répondu à mes questions. Je secouai l’âne qui ronchonna un peu avant d’ouvrir un oeil. Son regard tomba immédiatement sur sa nouvelle demeure et il se releva aussitôt.

«Quoi… mais… ma maison ! Qu’est ce que vous avez fait ?!»

«Bah vous aviez dit que vous me parlerez quand vous auriez terminé. Comme ça, s’est fait. On peut discuter maintenant ?»

Il tourna autour de l’ouvrage, l’inspectant d’un air suspicieux avant de hocher la tête.

«Ça m’a l’air solide.»

J’ignorai sa remarque.

«Bon, il paraît que vous êtes un des trois sages que je dois rencontrer ?»

Il se retourna vers moi, surpris.

«Moi, un sage ?»

«C’est ce que Winnie a dit.»

«Je l’aime bien mais il est devenu un peu… taré depuis quelque temps…»

«Ah bon ?» demandai-je moins par étonnement que par curiosité.

«Oui. Le pauvre souffre d'un trouble dissociatif d’identité. Il se prend pour une sorte d’ours et mange du miel toute la journée. Nous avons peu à peu fini par le laisser à l’écart dans son délire. Franchement… j'ai rien d'un sage»

«Et Porcinette ?»

J’espérais que ce n’était pas une invention de ce fae à l’esprit dérangé.

«C’est l’amoureuse de Winnie. Elle est très gentille.»

«Vous savez où je peux la trouver ?»

«Oui, elle doit sans doute être au chevet de notre gardienne, la Mage Hibou.» déplora-t-il

Cela semblait logique ; Winnie avait dû s’inventer une histoire sur base des éléments qui se passaient autour de lui. Son amour n’avait pas été enlevé par la rapace, elle en prenait juste soin - sans doute depuis longtemps. Il faudrait sans doute que je fasse un tour chez cette Mage : si j’arrivais à la soigner, peut-être Porcinette pourrait-elle m’aider à rentrer chez moi.

«Vous pouvez m’indiquez comment atteindre la maison de votre gardienne ?»

L’âne hésita un bref instant à me donner l’itinéraire.

«C’est un peu plus au nord, dans un grand arbre. Vous verrez, vous ne pourrez pas le louper.»


Post IV | 893mots | Résumé:
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Lun 27 Avr 2020, 11:02


La Forêt des Rêves Bleus

LE CONTE DANS LE CONTE



Je marchai durant un long moment sans réussir à trouver l’arbre du hibou ; je commençai à croire que l’âne m’avait menti. Alors que j’allais rebrousser chemin, je remarquai sur ma gauche une échelle de cordes serpentant le long d’un tronc. Je la parcourrai des yeux jusqu’à une cabane, cachée dans les branchages. Mû d’une énergie nouvelle, je me dirigeai vers l’endroit en espérant trouver la fae que je recherchais.

«Hé beau-gosse !»

Je me retournai pour découvrir un grand lapin au pelage crème et au ventre blanc. Il m’observait d’un air coquin, un léger sourire aux lèvres.  

« Ça te dirait que Chocho-Lapin t’emmène au septième potager ?»

Tout en parlant, il attrapa une longue carotte dans son sac pour expliciter ses dires. Sa langue effleurait docilement le bout du légume dans des mouvements fluides et sensuels. D’un coup, il goba entièrement son jouet avant de le ressortir, indemne. Son spectacle était le truc le plus malsain et le plus dérangeant qu’il m’ait jamais été donné de voir. Les personnages du conte étaient décidément tous plus loufoques les uns que les autres.

« Impressionnant, hein…»

«Euh… Ouais, sans doute. Je dois aller voir la Mage Hibou là, j’ai pas le temps.»

«La vieille chouette, c’est ça ton type ? Alors que tu pourrais avoir le jeune et beau lapin que je suis ? Franchement, tu me déçois…»

Il avançait d’une démarche langoureuse vers moi, secouant le pom-pom qui lui servait de queue, tandis que je reculais lentement vers l’échelle.

«Elle est malade en plus, alors que je suis en pleine forme et disposé à te satisfaire» prononça-t-il d’une voix qui se voulait érotique. Il avait commencé à se caresser le corps de ses petites pattes poilues.

«Non mais, vraiment, ça va aller.» marmonai-je avant de me précipiter sur les échelons qui menaient vers la cabane. Je les montai quatre à quatre, espérant que le bouquin en chaleur ne chercherait pas à me suivre.

Finalement, j’arrivai dans la pièce. C’était un cabanon rustique, dépourvu de décoration. Dans un coin, un fatras de livres, de potions et de plantes en tout genre étaient étalés sur une petite table ronde. A côté, une cheminée offrait le gîte à une grande marmite noire dont un liquide transparent remuait à gros bouillon. J’entendais provenir des sons de ma droite où un épais rideau avait été tiré ; probablement la fae qui s’affairait au chevet de la souffrante. Je m’y dirigeai pour découvrir une nouvelle scène grotesque : un tigre orange bondissait tout autour du lit, articulant des mots incompréhensibles en tapotant sur un tambour. Au centre, un hibou aux yeux jaunis par la maladie paraissait à l’agonie. Mes yeux continuèrent un instant de balayer la pièce à la recherche de la dénommée Porcinette sans être capable de la trouver ; moi qui pensait mettre un terme à cette saugrenue aventure.

«Bonjour, je cherche Porcinette. On m’a dit qu’elle était ici.»

Le rapace ne bougea pas, pas plus qu’il ne s’exprima. Par contre, le tigre lâcha son tambour et me rejoignis d’un bond.

«Youhouhouhou, qui es-tu toi ?» m’interrogea-t-il.

Il ne tenait pas en place, un vrai surexcité. Les sautillements sur place étaient si fréquents qu’ils réussissaient presque à me donner la nausée.

«Je suis une… connaissance de Winnie.»

«Ohohoho ! Un ami de Winnie !! Moi je suis T double Grrrr aou, T-Graou !»

«Hmm.. Très bien mais où puis-je trouver Porcinette ?»

«J..j..je su…su…su…is là.»

Je suivis la direction de la voix chevrotante et frêle pour découvrir, caché derrière la masse de plumes étendue, une minuscule fée aux ailes rosées. Elle ressemblait à un petit cochon avec son nez retroussé. Je m’avançai vers elle, esquivant le félin qui continuait de rebondir.

«Bonjour madame, je suis à votre recherche car je viens d’un autre monde et il semblerait - d’après Winnie - que je doive vous ramener à lui pour pouvoir retourner chez moi…»

La fée me scruta un long moment, perdu dans ses réflexions.

«V…vous ête..te..tes un vi..vi..visi..siteur du..du..du li..livre ?»

Ca y est, il fallait que je tombe sur une bègue. N’y avait-il personne de sain dans cette histoire ?

«Il semblerait» répondis-je

«J…je  suis dé..dé..solé p…pour v…vous m..mais seule la ma..mage hib..bou p..peut v..vous ai..d..der mais elle..»

«Je sais, elle est malade» la coupai-je.

C’était bien ma veine. Ma seule porte de sortie était à l’agonie devant moi.

«Vous permettez que je l’examine et que j’essaye de la soigner ?»

Porcinette hésita un long moment avant secouer la tête de haut en bas.

«D..de t..toute façon n..nous avons essayé t..tout c..ce q..que n..nous p..pouvions»

Je m’approchai de l’oiseau et l’étudiai. Elle avait l’air vraiment mal en point. Des bruits rauques se mêlaient à sa faible respiration qui soulevait légèrement son corps massif. Je remarquai ses yeux jaune vitreux dont les pupilles étaient dilatées. Son plumage était en sueur. Elle me rappelait certains drogués des bas quartiers que j’avais déjà eu l’occasion de pigeonner par mes tours de passe-passe. Sans dire mot, je m’emparai d’une des plumes de la magicienne et retournai dans la salle principale. Je connaissais un rituel vaudou de magie blanche mais je ne l’avais jamais utilisé ; les ténèbres m’avaient toujours plus attiré que la lumière. Néanmoins, je ne voyais pas d’autre moyen de sauver la vieille et il était hors de question que je reste enfermé dans ce vieux bouquin avec ces guignols. Je m’approchai de la table en espérant trouver tout ce dont j’avais besoin pour créer une poupée. Cependant, il me manquait de la cire.

«Vous auriez de la cire ?»

«W…W…Winnie d..doit en avoir» murmura Porcinette.

«Vous pourriez allez en chercher.» demandai-je à la fae

Il était hors de question que je retourne voir cet abruti. D’autant plus que c’était super loin !

«Vous irez sans doute plus vite que moi» continuai-je pour la convaincre

«Whouhouhou ! Je vais y aller, je bondis plus vite que l’éclair !» intervins le tigre.

«Si vous voulez, ramenez-moi l’équivalent de deux grosses louches de cire, cela devrait suffire.»

Je préparai le reste du matériel nécessaire à la création d’une poupée. L’avantage d’être en forêt était que je n’avais pas de problème à récupérer des brindilles et des glands pour composer un semblant de squelette. Le plus compliqué allait être de fabriquer une marionnette représentant le hibou ; c’était la première fois que j’allais user de mes pouvoirs sur un être non humanoïde. Lorsque T-Graou revint, tout était prêt. Je n’avais plus qu’à modeler la pâte de sorte à recouvrir le pantin et à marmonner quelques formules rituelles pour lier la poupée au corps de la magicienne.

«Je suis prêt» annonçai-je aux débiles qui m’accompagnaient.

Tenant fermement la poupée dans la main gauche, je pressai des endroits de son corps ; la malade réagissait instantanément aux stimuli que je lui envoyais. Au bout d’un moment, elle semblait avoir retrouvé une respiration normale. Je continuai néanmoins le rituel jusqu’à son terme, extirpant du pantin une grosseur que j’avais estimé être la maladie. Un cri de douleur s’échappa du corps alité.

«Ar..r..rêtez ! V…Vous allez la t….tuer !» cria la fae apeurée, les larmes ruisselants sur ses joues colorées

Pourtant, derrière elle, la Mage Hibou venait de se relever.

«Ne t’inquiètes pas Porcinette, je vais bien.»

«Youhouhouhou» cria le tigre tandis que la fae se jeta dans les bras du rapace.

«Bon, c’est bien beau ses retrouvailles mais moi j’aimerais bien rentrer chez moi…»

La Mage Hibou se dégagea de l’étreinte de son amie et avança vers moi.

«Vous avez raison. Vous avez bien mérité que je vous renvoie dans votre monde.»


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