Par le Feu il purifie pour mieux les souiller

Objectif : Après la réouverture de l'Enfer, une réunion de tous les Seigneurs des Péchés a lieu. Elle ne se passera pas comme prévu et sera, de toute façon, interrompue par un problème plus urgent.

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Duniya. Le Bhūta Rāja apparut. Pour le moment, il était seul. Sa silhouette aurait pu paraître petite au sein de l’arène s’il ne dégageait pas une prestance particulière, extrêmement imposante, comme s'il était soudain le centre de l'Univers. Les ténèbres l’englobaient avec un amour inconditionnel. Il était les Vices et les représentait. Il ouvrit ses ailes, noires, rachitiques et gigantesques. Elles semblaient presque irréelles. Lui, l’homme, avait une silhouette finement musclée. Il était imposant mais bien moins que la plupart des Démons qui lui avaient succédé. Ses muscles étaient taillés mais sa carrure n’était pas si large. Peut-être n’était-ce là que la résultante de sa seule volonté ? Il était difficile de savoir quoi que ce soit. Le Monarque Démoniaque était un tricheur, un menteur. Il donnait aux principaux intéressés ce qu’il voulait bien qu’ils voient. C’était la théorie. Certains hommes et certaines femmes, à cette place, ne restaient guère longtemps. Il ne semblait pas s’en inquiéter outre mesure. Il n’était d’ailleurs pas très grand, un mètre soixante-dix environ, deux bonnes têtes de moins que celui que tous appelaient la Bête. Il n’avait d’ailleurs aucun goût pour la mise en scène ou, du moins, pas autant que son homologue du passé à crinière violacée. Il n’était pas très bavard. Il ne passait pas cinq heures dans sa salle de bain, pour être présentable. Il puait même. Il s’en foutait. Il était un Démon et savoir qu’il provoquait la nausée par sa simple présence, lorsqu’il le désirait, l’amusait. Quand il ne le désirait pas, il sentait bon, une odeur tentatrice et envoûtante, citronnée ou sucrée selon les jours. Il préférait l’acidulé, cette fragrance éveillant les papilles et l’attention. Le Bhūta Rāja était, en temps normal, bien plus stoïque qu’expressif. Sa colère était, le plus souvent, froide et calculée. Rarement, elle était brûlante et dévastatrice. Il était précis et, à vrai dire, il tenait cette caractéristique de sa vie antérieure. Avant de devenir un Démon, il avait appartenu aux Ailes de Dothasi. C’était un Alfar, ayant pour mission d’infiltrer le peuple des Sorciers. Il avait fini par arriver à ses fins et par développer Lux in Tenebris. Celle-ci l’avait grignoté à petits feux, comme elle le faisait toujours lorsque la magie de son ôte était puissante. Il avait fini par en mourir et par retrouver son apparence véritable, une apparence qui, il l’ignorait, était celle d’un Réprouvé : Pendrake Hrafninn.

Lorsque les premiers mouvements apparurent dans son champ de vision, un sourire naquit sur son visage. Il semblait avoir gardé des manières que sa réincarnation démoniaque n’avait pu effacer. Il ne fallait cependant pas être dupe. Il se fichait de la politesse et de toute cette étiquette ridicule qui émanait des Mages. Il avait appris à haïr les Elfes Noirs au fil des décennies qu’il avait passé à fouler le sol de l’Enfer, à éliminer la concurrence pour gravir les échelons. Le Génocide avait été l’opportunité ultime et il avait tué le précédent Roi, celui-là même qui avait pris la place de Zane Azmog dans un secret écœurant. Lui-même aimait entretenir quelques mystères mais il n’avait pas l’intention de garder son identité pour lui seul. Non. Le Monde le connaîtrait, et apprendrait à se méfier.

Il fit le tour des Kāmada Byāran qui lui étaient liés. Tous avaient survécu à l’attaque, hormis Hēḍitana, le Seigneur de la Lâcheté ; un comble. Ceux-ci lui étaient fidèles. Jamais ils ne le trahiraient et, à vrai dire, il avait même le droit de vie et de mort sur leur être. Qui pouvait être assez fou pour accepter un tel pari ? Il attendit un peu, d’une patience semblant infinie. Les Kāmada Byāran non liés étaient bien plus têtus et désobéissants. Certains ne devaient pas encore reconnaître sa Royauté. Cela viendrait ou, plutôt, il ferait en sorte de rabattre les cartes de jeu pour que le Lucifer, le Mammon, le Léviathan, le Satan, l’Asmodée, le Belzébuth et le Belphégor soient bien plus dociles, à l’avenir. Le fait est qu’il avait aussi eu vent de quelques… disparitions dans les rangs des non-liés. Il avait dû mener l’enquête, puisque les Royaumes, avant le Génocide, continuaient de fonctionner. Son regard se posa sur la responsable de ce tri sélectif. Il espérait qu’elle comprendrait le message. Il ne lui faisait pas confiance mais s’il souhaitait que la race perdurât, il lui faudrait des alliés. Sa seule chance la concernant résidait dans le fait qu’elle ne fût pas connue pour souhaiter le trône. La question était la suivante : que voulait-elle, hormis sa queue ? Parce que, oui, il pouvait lire un désir certain dans les yeux de l’Asmodée. Ça ne lui déplaisait pas. Il aimait beaucoup les serpents.

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