Nymeria s'empara de la masse de boucle que formaient ses cheveux et les entortilla autour de son doigt. Avec dextérité, elle les enroula en chignon qu'elle maintint en place à l'aide d'épingles à cheveux. Une fois terminé, elle s'empara de son tablier qu'elle passa au-dessus de sa tête puis noua derrière son dos. Elle s'approcha ensuite de son lit et commença à glisser les pieds dans ses souliers, s'aidant du sommier pour tenir debout en équilibre. « Bouh ! » Ça n'avait été qu'un murmure, prononcé tout contre son oreille. Le simple souffle lui arracha un frisson qui dévala sa colonne vertébrale tandis que la surprise la faisait crier et sursauter. « Elyanna ! » rouspéta la magicienne en continuant de se préparer tandis que la Luxurieuse s'allongeait de tout son long sur le lit de sa collègue, riant avec bonne humeur. « Oh arrête de râler ! J'ai quelque chose pour toi qui, je suis certaine, va vite te dérider ! » La brune avait effectivement froncé les sourcils. Elle détestait qu'on la mette en retard alors qu'elle se préparait pour aller travailler. « Oh vraiment ? Et qu'est-ce donc ? » voulut savoir la concernée sans pour autant se retourner vers la Déchue. Cette dernière avait dégainé une enveloppe encore cachetée. Elle était plutôt petite mais l'on pouvait sentir au touché qu'un petit objet accompagnait la lettre. « J'ai, à l'attention de mademoiselle Nymeria Vaughan, une lettre de la part d'un certain... » La femme s'arrêta un instant pour relire le nom qui était inscrit. « ...Rajiv Oesman. » La réaction de la destinataire ne se fit pas attendre. Elle arrêta subitement son geste, les yeux écarquillés, puis pivota pour faire face à sa camarade. Le rouge avait intensément pigmenté ses joues. Ses yeux sautaient de la Luxurieuse à l'enveloppe avant de ricocher en sens inverse. Récemment, la domestique avait demandé à ce que le courrier qui lui était livré à son appartement soit directement redirigé au palais. Elle ne rentrait pas si souvent que ça et le seul courrier qu'elle recevait habituellement était celui que lui envoyait sa famille. Rien de bien intéressant pour les potins de ses camarades. Elle n'avait donc pas hésité à participer au planning de ramassage du courrier : à tour de rôle, chacune des employées allait chercher le courrier de toute la bande, le redistribuant chaque matin. Ce jour-là, c'était sur Elyanna que la corvée était tombée... Quoi qu'il ne fut plus certain qu'elle considéra cette tâche comme une corvée : la brune lisait dans son regard qu'elle se régalait de la situation. « Est ce que tu veux me parler de ce mystérieux correspondant ? » interrogea la femme avec un sourire coquin qui enflamma davantage le visage de son interlocutrice. Cette dernière se mordit la lèvre avant de foncer sur la ravisseuse : sans gêne, elle monta à califourchon sur elle pour lui bloquer toute retraite puis visa la main qui tenait fermement la lettre. Elle ne se rendait pas compte qu'à cause de son pêcher, la Luxurieuse appréciait bien trop cette position. « Rends-moi ça ! » ordonna l'innocente, sa voix partagée entre l'amusement et la panique. « Mmh, dominatrice... Je n'y avais jamais pensé mais j'aime quand tu me donnes des ordres ! » taquina celle qui se trouvait sur le matelas avec un sourire aguicheur. Une fois en possession de son bien, la petite magicienne lui répondit en lui tirant la langue et roula sur le côté. Pendant un instant, elle pensa à renvoyer sa camarade hors de sa chambrée mais se ravisa. Cela lui demanderait trop de temps et d'énergie et elle était pressée – son service commencerait incessamment sous peu. Il aurait sans doute été plus sage d'ouvrir la missive plus tard, à l'abri des regards, mais la jeune fille était trop impatiente.

Avec un mélange d'excitation, d'appréhension et de curiosité, la demoiselle décacheta l'enveloppe. Elle en renversa le contenu sur ses genoux. Elle s'empara d'abord du petit collier. Un sourire naquit sur ses lèvres. « Que c'est joli... » murmura-t-elle en le détaillant. Par-dessus son épaule, la Déchue observa le pendentif et un sourire énigmatique étira ses lèvres tandis qu'elle fronçait les sourcils. Elle sentait quelque chose de familier émaner du bijou. « Ah ça, oui. » lâcha-t-elle simplement en essayant de le prendre pour pouvoir l'inspecter à son tour. Nymeria referma les doigts dessus avant qu'elle ne puisse s'en emparer et prit la lettre qu'elle commença à lire. Son sourire ne fit que grandir à mesure que ses yeux parcouraient les lignes. Lorsqu'elle eut fini de lire, elle porta le parchemin à sa poitrine, là où se trouvait son cœur, et elle laissa échapper un rire rêveur avant de se coucher en arrière. Elle ressemblait à une adolescente qui venait de rencontrer un garçon, ses yeux brillants d'une lueur avide tandis qu'elle se mordillait les lèvres. A ses côtés, sa collègue écarquilla les yeux. « Oh toi... Toi, tu nous fais des cachotteries ! » Nymeria ne chercha pas à démentir, son sourire ne voulant plus se décrocher de sa figure. « Allez, dis-moi tout ! » insista la femme en pinçant affectueusement le bras de sa camarade. « Je... Je crois que j'ai rencontré quelqu'un et... Il se pourrait peut-être que... que je l'apprécie... » Elyanna écarquilla les yeux. « Quoi ?! Comment ça ?! Qui c'est, ce Rajiv ? Où est ce que tu l'as rencontré et quand ? Qu'est-ce qu'il s'est passé ? Tu l'as embrassé ? Il t'a fait des avances ? Allez, racontes ! » Nymeria secoua la tête avant de se relever. « Non... Non, je me fais probablement juste des idées... » Le souvenir d'un rêve qu'elle avait fait au sujet du blond lui était revenu et l'avait troublé plus que de raison. Elle se sentait soudainement nerveuse. Qu'est-ce que tout ça signifiait, déjà ? Est ce qu'elle l'aimait vraiment ? Non. Elle n'en savait rien. Peut-être ? Elle ne parvenait toujours pas à comprendre. Elle ne parvenait pas à défaire ses sentiments de ceux du garçon. Il était certain qu'il ne la laissait pas indifférente mais... Y avait-il quelque chose de plus ou était-ce simplement l'effet de l'attention qu'il lui avait porté ? Si ce n'était que cela... Elle ferait mieux de se remettre les idées en place. De l'attention, il devait en donner à beaucoup d'autres filles... C'était un Luxurieux, après tout. Alors quoi... devait-elle refuser ce présent ? C'était un très joli bijou. Il l'avait sans doute payé cher. Elle ne pouvait pas accepter... Pourtant... Elle se sentait si contente à l'idée qu'il lui ait répondu et, surtout, qu'il eut pris le temps de choisir ce pendentif pour elle...

Le visage visage de la brunette s'était soudainement teinté de contrariété, ce qui n'échappa pas à son amie. Elyanna se leva du lit et rejoignit sa collègue. Avec fermeté et tendresse, elle s'empara du médaillon et le glissa autour du cou de son amie, ses yeux s'attardant sur sa nuque plus longtemps que de raison. « Oh je... Je ne sais pas si je devrais le porter. Je vais peut-être le renvoyer... » balbutia la Vaughan. « Quelles sornettes ! C'est hors de question ! » riposta la Déchue. « Il t'a tapé dans l’œil. Ça se voit comme le nez au milieu de la figure. » « Non, c'est faux ! » protesta dignement la Magicienne. Sa remarque fut superbement ignorée. « Alors accepte son présent et porte-le fièrement ! Tiens, regarde... Il te va si bien ! » murmura-t-elle en attrapant son amie par le menton. « Allez file, si tu veux pas te mettre en retard ! »

Merci merci merci pour ton cadeau !