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 [Q] - Colocataires involontaires | Siruu, Ragnar & Momoko

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Siruu Belhades
~ Sorcier ~ Niveau III ~

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Siruu Belhades
Sam 27 Juil 2019, 16:06

Partenaire : Ragnar
Intrigue/Objectif : Siruu veut en savoir plus sur les chamans. Il tente le tout pour le tout en réalisant une rune qui devrait téléporter l'un d'eux chez lui. Les choses ne vont pas se passer comme prévues, et Ragnar et Momoko se retrouveront impliqués.


Jorderunn tendit son bras. Ils étaient deux, au milieu de la cave vide : le maître, et enfin l’esclave. « Bien. Trois, deux, un… » Le coup ne fut pas sec et rapide. La lame avait dû s’émousser, et manquait de tranchant. Tant pis si l’autre avait mal. Tant que ça saignait, ça irait. « On en aura largement assez. Compresse la plaie. » Siruu lui tendit un tissu, nonchalamment. Il était plus préoccupé par ses pensées.

Le sorcier commença à tracer la rune, suivant le modèle qu’il avait recopié un peu plus tôt. Il n’y avait pas de symbole correspondant aux chamans, mais Siruu avait trouvé un moyen de contourner cet obstacle. Il suffisait de cibler un endroit. L’île maudite était cachée depuis un certain temps déjà, mais cela n’avait pas d’importance. Pour ce sort, il n’aurait qu’à traduire le nom du lieu en Obien Syliath.

L’esclave, quant à lui, tournait de l’œil. On l’avait déjà forcé à offrir de son sang il y a quelques jours de cela, et l’infection qui s’en était suivie l’avait affaibli. Certes, c’était un enfant du phénix – ou quelque chose qui s’en rapprochait, mais ça ne le rendait pas invulnérable. Il ne faisait que souffrir, mourir, revenir, souffrir, mourir, revenir, et ce dans un cycle qui lui semblait sans fin. Mal nourri et fatigué, il fléchissait. Sa force frôlait le néant. Il n’arrivait plus à appliquer de pression suffisante sur sa plaie. Quelques gouttes de sang glissaient le long de son bras. Que faisait-il et pourquoi ? Il n’en savait rien. L’envie d’exprimer ces questions vint en son esprit. Malheureusement, il était uniquement capable répéter des bouts de phrases, sans réellement en comprendre le sens. Sans doute un jour apprendrait-il à parler.

« Arrête, tu saignes partout ! » Siruu poussa l’esclave, dans un geste peu violent, mais suffisant pour le faire tomber à la renverse. Le sang continuait de se déverser au beau milieu du symbole. « Tu gâches mon travail, imbécile. » Le sorcier, excédé, prit le temps de déplacer le corps à peine vivant qui gisait désormais à ses pieds, le déposant en dehors du cercle. « Si la rune ne fonctionne pas par ta faute, je la dessine sur ton front. » C’était faux. Siruu, en bon utilitariste, ne perdait pas de temps à infliger un supplice. De toute façon, ce n’est pas comme si Jorderunn le comprenait réellement. Il réagissait surtout aux intonations et aux mouvements.

Le mage noir essaya de réparer la rune, raffinant ses courbes avec le sang qu’avait laissé son esclave. Une partie avait coagulé. La magie était capricieuse, et exigeait souvent la perfection. Maintenant que le tracé était contaminé, il y avait des chances pour que le sortilège ne fonctionne pas. Et dire qu’il faisait tout cela pour pouvoir parler à un chaman… au vu des heures d’études qu’il avait dû endurer afin de reproduire cette téléportation, tout ce cirque avait intérêt à payer. Ne croyez pas que Siruu n’avait pas envisagé des dizaines d’autres solutions, avant cela. Seulement, il voyait bien que son seul esprit ne lui en ferait pas apprendre plus sur cette race mystérieuse. Nementa Corum comme Valera Morguis contenaient des dizaines de bibliothèques. Dans ces dernières, l’on pouvait trouver tout autant de carnets de voyages, de notes et d’ouvrages sur le peuple de l’île maudite. Aucun n’apportait plus de lumière sur ce qu’avait pu vivre le sorcier. Il grinçait des dents. On le disait victorieux, mais Siruu n’avait jamais été aussi à cran que cette semaine.

La rune paraissait aussi prête qu’elle aurait pu l’être. Ses traits étaient maladroits, et le point censé représenter la personne invoquée n’avait pas réellement terminé là où il devrait être. Si le sorcier en avait eu l’occasion, il l’aurait perfectionnée, mais l’essentiel de la forme avait coagulé. Modifier constamment son tracé interférerait avec la magie. La seule chose qu’il pouvait faire était conjurer tous les aetheri, et les prier avec l’espoir que le sort fonctionne.

Jorderunn se relevait péniblement, dans un coin de la pièce. Il gémissait, risquant l’anémie. « J’ai des bandages, en haut. » Siruu n’osait pas quitter la rune des yeux, mais se doutait que son esclave aurait besoin d’être soigné. « Allez. Des bandages. En haut. » Puisque Jorderunn n’avait visiblement pas compris, le blond se répétait, illustrant cette fois son propos par le geste. Après tout, si le blessé s’amusait à repeindre les murs avec son hémorragie, l’appartement allait empester. « Dépêche-toi. » Le sorcier congédia Jorderunn d’un signe de main. Il espérait sans doute que, une fois seul, la rune se mette à fonctionner et téléporte un chaman en son centre.

Jorderunn montait lentement les marches vétustes de l’escalier, peinant à garder les yeux ouverts. Ses pieds nus avaient fini par s’habituer aux aspérités de la pierre. Il saignait toujours, et n’allait probablement pas tenir longtemps. Heureusement, il était bientôt à destination.
Un bruit de collision résonnait dans la maison du sorcier, tandis que la porte s’arrêta à mi-parcours. C’était étrange. Un objet devait bloquer l’entrée. Jorderunn insista, reposant son poids contre le bois, avant d’enfin réussir à la pousser suffisamment pour pouvoir entrer.

L’esclave fit quelques pas dans la petite pièce principale, à la recherche de bandages. Sa vision périphérique était inexistante, mais en se retournant, quelque chose finit par l’interpeller. C’était un peu écrasé contre le mur, derrière la porte maintenant ouverte. Il ne l’avait pas remarqué avant. Sa vue s’ajusta, moins trouble. Ce n’était pas un objet, mais un humain. Une femme, en fait.

Siruu, lui, attendait toujours que quelqu’un apparaisse dans sa cave. Ses espoirs s’effilochaient. De toute évidence, la rune n’avait pas fonctionné. Tant d’efforts réduits à néant. Dépité et fatigué, il se retourna, commençant à monter les marches de l’escalier.


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Lun 14 Oct 2019, 19:13

Ragnar était assis en tailleur. Il priait les Ætheri, inquiet quant à son avenir. Son père avait beau lui accorder un semblant d’attention – ou quelque chose y ressemblant – il se savait en retard. La plupart des jeunes de son âge avaient déjà un Hozro. Lui n’en possédait pas encore. Il n’était qu’un Raoni’Ni, toujours en plein apprentissage. Il soupira, la concentration semblant ne pas vouloir rester avec lui. Au loin, il entendait le bruit des tambours et, même en y mettant toute la volonté du monde, il n’arrivait pas à se concentrer sur ses prières.

Pourtant, quand il ouvrit les yeux, il n’était plus seul. Un homme qu’il était inutile de lui présenter se trouvait là, nu, dans la même position que lui. Les paupières closes, il ne sembla pas noter le trouble qui s’immisça dans le cœur du jeune homme. Le temps passa. L’attente lui sembla être une éternité. Quand son futur interlocuteur posa ses iris marronnes sur lui, il voulut presque instantanément qu’il n’ait jamais changé de posture. Cela dit, l’effet de puissance qu’il dégageait s’estompa progressivement, jusqu’à ce qu’il puisse de nouveau respirer normalement. Jun lui sourit avant de déployer des ailes d’un blanc immaculé qui firent sursauter le Chaman. « Vous vous… » commença-t-il, totalement confus. « Chut. » fit l’autre avec un petit sourire. « Écoute ce que je vais te dire. » Il laissa passer quelques secondes avant de reprendre. « Toi et moi allons nous recroiser à l’avenir mais tu devras faire comme si cette discussion n’avait jamais eu lieu. » Il passa sa langue sur ses lèvres. « Tu me rappelles moi à un moment de ma vie où je semblais perdu. J’avais été séparé de l’Âme qui m’accueillait jusqu’ici en son sein à cause d’un abruti de Vampire. Je me suis alors réveillé Ange et sans aucun souvenir de ma vie passée. Raanu est joueuse, comme tu peux le constater. » Il ricana brièvement. « Il me fallut un moment avant de comprendre que mon Esprit était si bon que la décision avait été prise en faveur d’une réincarnation angélique. Pourtant, ce n’était pas ce qui répondait à mes questions. J’avais l’impression de passer à côté de quelque chose d’essentiel. Cette chose, je finis par la sentir au fond de moi : je n’étais pas complet. Il me manquait ma moitié et je devais la retrouver coûte que coûte. Je le fis. » « Je ne comprends pas. » « Tu sais pourquoi tu es fait au fond de toi. Il suffit de t’écouter. Ne te contente pas de ce que tu crois être ainsi. Ressens ce que te dictes tes intuitions, apprends à te connaître et tu verras qu’il ne suffit pas de partir vite. L’important est de prendre le bon chemin. » Ragnar avait du mal à suivre mais acquiesça tout de même. « Que faites-vous là ? » finit-il par demander. « Tu fais bien de demander. Je suis venu placer cent-mille Ridere dans le Labyrinthe. Ils sont pour Souw. » Il se tut un instant. « Quand le moment sera venu, je compte sur toi pour le lui dire. » « Moi ? » « Oui, toi, Raguä'Ragnar'Ok. » « Comment saurai-je ? » « Je te ferai un clin d’œil à ce moment-là. » « Mais… » Curieusement, ce ne fut pas Jun qui disparut, mais Ragnar. L’Æther rit brièvement et resta là. Il était hors de question qu’il laisse Ragnar vénérer Edel. Il valait mieux qu’il embrasse le Destin de la guerre et finisse par embraser le monde en son nom, à lui, Haziel.

Lorsque Ragnar reprit connaissance, il se trouvait au milieu d’une pièce qui empestait le sang. L’odeur était caractéristique et il avait assisté à bien trop de sacrifices dans sa courte existence pour en oublier la flagrance. Pourtant, ce ne fut pas ça qui attira son attention mais plus le cri qui fut émis depuis l’étage. Il ne reconnut pas la personne à qui il appartenait mais l’insulte qui le suivit faisait partie du dialecte chamanique.

Momoko, l’Orine de Souw, était apparue dans une pièce qui ne ressemblait en rien à celles qu’il était possible de trouver sur l’Île Maudite. Coupant presque instantanément sa respiration, elle avait réussi à cacher sa présence quelques secondes à l’étranger avant qu’il ne se retourne et la voit. C’était à cet instant très précis qu’elle avait poussé un cri de guerre, sorti sa hache et l’avait jeté dans la direction de l'homme, faisant frémir les os d'animaux qu'elle portait en bijoux sur ses habits en peaux.

Ragnar, en bas, se sentait nauséeux. Il finit par vomir sur le sol et par s’essuyer brièvement avec ce qu’il pouvait. Il appela dans ce qu’il pensait être du langage commun mais qui n’en était pas. Effrayé, mais surtout en colère, il jura entre ses dents, sur la défensive. Quelqu’un se trouvait dans l’escalier, quelqu'un qui hérissait les poils de ses bras dénudés.

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Siruu Belhades
~ Sorcier ~ Niveau III ~

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Siruu Belhades
Ven 22 Nov 2019, 16:43


Le sorcier eut trop d’émotions en même temps pour en laisser paraître une en particulier. La déception, tout d’abord. Puis la surprise, quand il entendit du vacarme en haut. Ce n’était pas Jorderunn. Cependant, l’instant d’après, il fut aussi saisi de joie en remarquant l’apparition d’un étranger à ses côtés. Il n’avait pas l’air citadin. Habitué au format utilisé par ses carnets, le journaliste nota dans un coin de son crâne qu’il faudrait écrire « Conjecture : les runes d’invocations activent le réflexe nauséeux » sur son calepin dédié aux expériences. La rune avait vraisemblablement eu quelques effets secondaires, mais au moins, il pouvait se réjouir qu’elle ait fonctionné. Sans doute était-ce cette histoire de nom qui, ajoutée au trop-plein de sang, impactait la précision du sort. Siruu verrait cela plus tard, quand il aurait plus d’éléments de réponse. Ce n’était, de toute façon, pas le moment pour réfléchir. L’inconnu déversait le contenu de son estomac sur le sol, et des bruits peu rassurants résonnaient depuis la pièce principale.

« Je suis… » Il semblait déphasé avec son propre discours. Sans doute était-ce que son cerveau était trop lent pour assimiler toutes les informations qui s’offraient à lui. Cependant, il fallait garder bonne mine. Enfant, on lui avait dit de toujours faire bonne impression, alors l’apôtre obscur inventa son plus beau sourire. Quel dommage, que l’apparence qu’il avait choisie ce matin possédait des dents aussi petites et angulaires. Sans doute aurait-il fallu y penser avant de ressembler à un tueur en série. « Je suis heureux de t’avoir ici. » Non, ça n’allait pas du tout. Le décalage entre ce qu’il disait et la situation donnait l’impression qu’il comptait s’amuser à découper le chaman en petits morceaux. Il devait reprendre par les bases.

« Bonjour, donc. Tu parles le langage commun ? » Le blond réajusta sa veste, partant du principe que la réponse serait positive. Après tout, quel genre de sauvage pouvait bien ne pas connaître la lingua franca de ces Terres ? Les chamans, peut-être. Dans ce cas-là, le sorcier trouverait un moyen de poser ses questions autrement. Cela étant, s’il voulait continuer son interrogatoire, il faudrait partir d’ici. Il faisait un peu froid, dans cette cave, et les exhalaisons de sang n’aidaient pas non plus à se sentir bien accueilli. « On va prendre un thé à l’étage, et je t’expliquerais tout. » Il fit signe à l’inconnu de le suivre. Le sorcier doutait que ce jeune homme-là lui obéisse. Si le dialogue n’arrivait pas à s’installer… eh bien, il verrait cela en temps voulu.


Jorderunn crut recevoir une hache dans le ventre. Au lieu de cela, et grâce à un étrange mouvement d’esquive raté dont lui seul avait le secret, ce fut son adducteur droit qui prit le choc. C’était douloureux, bien que ce concept n’ait plus autant de sens de son point de vue. Sa vie était constituée majoritairement de ça : de la souffrance, encore et toujours. Certains attribueraient ça à son statut d’esclave, mais c’était partiellement faux : beaucoup d’entre eux s’en tiraient à plus ou moins bon compte. Certains gardaient les enfants, étendaient le linge ou ciraient les parquets. Cependant, lui avait eu droit au rôle de banque de sang sur pattes : une fonction qui le plaçait en dessous de l’esclave moyen, quand bien même il était capable de survivre à la mort. Quoi qu'il en soit, il devait réagir. Son assaillante possédait une vigueur surprenante, qui imposait le respect. L'attaquer serait impossible, vu son état. Restait alors une solution, sa préférée.

« Bandages en haut ! » C’était sa stratégie de toujours : répéter les derniers mots entendus. Il ne le faisait pas par pure innocence. Certes, on ne lui avait jamais appris à parler, mais il avait fini par absorber quelques règles quant à la manière de prononcer les phrases. En l’occurrence, le prisonnier savait que ce ton-là, il fallait le prendre quand on était désolé. Il n’avait rien fait de particulier, mais espérait que cela suffirait à calmer l’ire de la jeune femme. « Bandages en haut ! »


Siruu commença à monter les escaliers, jetant quelques regards derrière lui pour vérifier si l’inconnu le suivait. À en croire le tonnerre qui semblait avoir lieu à l’étage, celui-là n’avait certainement pas été le seul à subir la téléportation. Si cette hypothèse était vraie, un problème se posait : il ne pourrait pas simplement utiliser une potion d’inversion pour annuler la rune et faire rentrer tout ce beau monde chez eux. Trop chaotique de nature, la magie n’avait jamais pu être régie par des lois. Toutefois, il était possible de comprendre une partie de ses rouages, à force d’expérience et de patience. Le blond avait accidentellement invoqué plusieurs personnes avec un sort censé n’en faire venir qu’une seule. Les forces occultes ne réfléchissent pas, pour n’être que les outils des mages. Elles ne prennent pas ce genre d’anomalies en compte et, dans ce cas-ci, la magie partirait du principe que la masse téléportée équivaut à un seul individu. Inverser ledit sort, c’était donc prendre le risque d’avoir à l’arrivée un monstre Franken-chaman étrange, amalgame des personnes téléportées par la rune. Le résultat serait amusant à voir, mais Siruu doutait que le peuple de l’île maudite réagisse avec humour à ce genre d’offenses. Il faudrait trouver une autre solution pour les renvoyer chez eux, ou cette histoire allait mal finir. Lui-même n’aurait pas l’énergie de les téléporter à nouveau : les amener ici avait déjà été assez épuisant.

Une fois en haut des escaliers sombres, le sorcier enclencha la poignée avec appréhension. Puis, il poussa lentement la porte. Sans doute aurait-il dû forcer le chaman à rentrer en premier, pour servir de bouclier humain.

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Sam 11 Jan 2020, 17:29



« Raguä’Ragnar’Ok, tu devrais me choisir. » souffla une jeune femme à côté de lui. Le Pion du Roi Fou la regarda. C’était une guerrière, blonde, tatouée, maculée de peintures de guerre. Elle parlait la même langue que lui, avec un accent néanmoins, ce qui lui indiquait qu’elle n’était pas une native de l’Île Maudite. Elle avait dû mourir des siècles plus tôt et profiter de son nouvel état pour se cultiver davantage. C’était une ancienne Réprouvée en réalité. De son vivant, la culture des autres peuples ne l’avait jamais intéressée. Le Chaman était sur la défensive, toujours nauséeux mais prêt à combattre. C’est ce qu’il aurait aimé croire. En réalité, il était habité d’une peur farouche qui le clouait presque sur place. Cet homme, blond, étrange, avec ses habits moches et trop stricts ne lui disait rien qui vaille. Il ne comprenait d’ailleurs par un traitre mot de ce qu’il lui disait. Il se revoyait, enfant, lorsque Lilith essayait de lui apprendre des mots du langage commun. Il aurait dû écouter et retenir. D’un autre côté, comment aurait-il pu se douter qu’il se retrouverait dans une cave avec un homme inconnu, dans un endroit inconnu ? Peut-être était-ce un rêve, d’ailleurs ? Les Ætheri voulaient-ils lui souffler des volontés ? Non. Il était bien trop inexpérimenté pour ça. Il n’était pas son père. Il n’était pas un Draugr. Il n’était rien. « Je comprends ce qu’il dit. » ajouta l’Esprit. Les yeux de Ragnar allaient de l’homme inconnu à l’Esprit. Elle n’était pas la seule ici. Pris de court, il finit par parler directement à la blonde. « Qu’est-ce qu’il dit ? » Elle lui sourit d’un air carnassier. La folie de la guerre se lisait sur son visage. Elle l’effrayait un peu. Lui était plutôt habitué à l’art et aux orgies, pas vraiment aux combats. Il avait sans doute été légèrement protégé, notamment par Lilith avant qu’elle ne devienne à moitié folle et malsaine. « Choisis-moi et tu le sauras. De toute façon, ce n’est pas avec tes maigres forces et ton corps rachitique que tu vas pouvoir faire quoi que ce soit contre ce Sorcier. » Ragnar ne savait pas. D’un côté, il ne la connaissait pas. D’un autre côté, la situation ne jouait pas en sa faveur. « Dis-moi ce qu’il dit et quoi répondre et je ferai de toi mon Hozro. C’est dans ce sens que ça marchera et pas autrement. » Il devait paraître dément à parler au vide. Il n’avait aucune idée de qui était l’étranger au juste. « Tu devrais commencer par le suivre. Il t’a dit qu’il était heureux de te voir. Il veut boire le thé avec toi. Je n’en sais pas plus. Les Sorciers sont tous des connards. Ils sont fourbes alors fais attention. » Ragnar hocha la tête et suivit Siruu dans les escaliers. Il y avait du bruit à l’étage.

Momoko fut interloquée par les dires de cet homme étrange. Elle fronça les sourcils. « Bandages en haut ? » répéta l’Orine en se demandant s’il s’agissait d’une incantation ou d’une prière bizarre. Il fallait qu’elle récupère son arme. S’il continuait comme ça, elle devrait le tuer. Où était-elle ? Où était Léto ? Quand la porte s’écarta, la brune bondit sur l’inconnu qui se trouvait derrière, venant chercher son cou avec l’une de ses mains. « Momoko ! » cria Ragnar, pris entre la surprise de la voir ici et la stupeur quant à ses agissements. L’Orine était bien plus puissante que lui et s’il avait cherché à la canaliser, il n’y serait pas arrivé. « Momoko arrête ! » dit-il quand même. « Peut-être que ça concerne Léto ! » « Léto ? » Si le Chaman avait posé l’argument sans réfléchir, il fit son chemin dans la cervelle de la fille de Maëlith. Sa poitrine dénudée contre le Sorcier, elle n’en semblait pas le moins du monde gênée. Elle connaissait pourtant les us et coutumes des peuples en dehors de l’Île Maudite. Ses yeux se figèrent dans ceux du Mage Noir. Elle parla en commun. « Ce que vous avez à dire concerne Léto ? » demanda-t-elle. Elle sentait la puissance magique de son interlocuteur. Ses propres agissements n’étaient pas très sages. Il aurait été sans doute préférable qu’elle se méfie davantage mais sa colère était bien réelle. Cet homme venait de la tirer de son Île. Il venait de la tirer de son office. Elle voulait le lui faire payer, le faire sacrifier au rythme de son tambour. Ragnar, lui, avait de nouveau envie de vomir. La tournure des événements lui retournait totalement l’estomac et l’horrifiait.

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Siruu Belhades
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Siruu Belhades
Sam 11 Avr 2020, 23:30


Crédits de l'image : Jean-Claude Claeys

Les chamans devaient avoir quelques cases en moins. Ces deux-là se connaissaient au moins de nom. La folle s’appelait Momoko, à en croire les cris du jeune homme. Ce genre de détails était difficile à retenir, tant l’action s’était déroulée rapidement. Siruu se contentait de jouer les statues pour ne pas offenser celle qui le menaçait. Quelle démarche devrait-il suivre ensuite ? Cela restait brumeux. Apaiser les tensions serait un bon début.

« Ravi de vous rencontrer. » Le sorcier expulsa ces mots rapidement, comme s’ils lui brûlaient la gorge. On lui avait appris à toujours mettre les formes, mais ces circonstances-là ne semblaient pas être un contexte favorable. « Je ne sais pas de quoi vous parlez. » Le mage noir avait entendu distinctement « Les taux » plusieurs fois, mais avait préféré éliminer cette hypothèse de son esprit. Les chamans n’avaient probablement aucun intérêt à s’exciter autant à l’idée de parler de statistiques ou de finances. Ou alors, ils étaient un peuple de banquiers fous. L’idée était drôle à imaginer, en tout cas.
« Veuillez lâcher mon cou. » Il aurait pu se défaire de cette étreinte en traversant la matière, mais préférait éviter les démonstrations de magie. Dans un premier temps, il valait mieux compter sur la politesse et l’amabilité de chacun.

« Bandages en… » Jorderunn parlait doucement, toujours fixe. Il était loin d’être stupide, mais avait trop subi de maltraitances pour pouvoir développer ses capacités intellectuelles sainement. Le sorcier se racla la gorge, quelque peu embarrassé par le comportement du prisonnier. « C’est mon domestique. Ne faites pas attention à lui. » N’importe qui aurait pu deviner qu’il s’agissait d’un esclave, mais Siruu avait pris la route de l’euphémisme. En attendant, son servant avait servi de réservoir de sang pour la rune, et commençait à être sévèrement anémié.

Le journaliste essayait de construire un récapitulatif en son esprit. Il y avait deux chamans — le journaliste n’avait pas envisagé l’hypothèse d’une orine — et aucun d’entre eux ne semblait coopératif et bavard. Il fallait garder le contrôle des événements, mais les astres semblaient s’aligner en sa défaveur. Quelles solutions envisager ? Essayer de sortir son bagout pour désenveminer cette Momoko semblait être une bonne idée, mais il n’y avait pas de garantie. Tenter de tuer l’un d’eux pour intimider l’autre et le forcer à révéler les informations ? Cela pourrait marcher, mais il n’y aurait aucun moyen de vérifier que le savoir transmis est correct. En plus de cela, offenser une race aussi mystérieuse que les chamans n’avait pas l’air d’être une excellente idée. Les tuer les deux et faire comme si rien ne s’était passé, alors ? Non, il n’avait aucune idée des moyens dont disposaient les autorités de l’île maudite. Le gouvernement sorcier était adepte de différentes potions de localisation, et il n’était pas rare d’entendre parler de la Trace utilisée sur les esclaves Valciel. Dans un trait d’arrogance, Siruu imaginait que les chamans ne pourraient pas faire mieux, mais il se ravisa bien vite. Prudence était de rigueur, et même en étant discret, il ne pouvait pas prévoir les retombées de son acte.

Ne restait donc que la première solution. Essayer de convaincre et de pacifier ces deux-là — particulièrement Momoko — ne serait pas simple, mais l’expérience valait d’être tentée.

« Je vous ai téléporté. Je vous présente mes excuses pour tout dérangement occasionné. » Le blond n’avait pas exactement l’air sincère, mais partait du principe que ce serait suffisant. « Je voulais rencontrer l’un des vôtres. » Son regard se balançait entre le jeune et la sauvage. « Visiblement, tout ne s’est pas passé comme prévu. Quoi qu’il en soit, je n’avais pas pour projet de vous faire captifs. Promis. » Dans la bouche d’un bénéfique, cela aurait sans doute sonné comme une blague innocente. Lorsqu’un sorcier le disait, c’était une défense. « Vous êtes libres de partir à tout moment… enfin, je ne vous le conseille pas. Nous sommes au milieu d’Amestris et, sans vouloir vous offenser, vous êtes trop mal habillés pour vous mêler à la foule. » Cette phrase aurait sans aucun doute pu être formulée de manière à ne pas insulter la culture chamane, mais Siruu évita de trop y penser. De toute façon, l'un d'eux avait l'air de ne rien comprendre, donc le choix exact de ses mots avait peu d'importance. Le journaliste préféra continuer sur sa lancée.

« Les larbins des Mayfair vous prendraient pour cible, et vous pourriez être faits esclaves. Des gardes pourraient aussi vous arrêter, dans la ville comme aux portes. Et si par miracle vous arriviez à quitter la ville, il vous resterait encore la périphérie et Nementa Corum. Je n’ai aucun doute sur vos capacités, vous m’avez l’air fort... robustes, ou quelque chose comme ça. Mais ce serait peut-être plus simple si nous collaborions, non ? » Est-ce que ce discours sonnait faux par endroits ? Certainement. Seulement, c’était tout ce que Siruu avait été capable d’improviser. Il s’était imaginé qu’un chaman docile apparaîtrait dans sa cave, et répondrait à ses questions comme un conseiller touristique avant d’être congédié d'un geste dans sa petite île perdue. En effet, tout ne s’était pas passé comme prévu.

850 mots.
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