" Ah, ce n'est pas trop tôt ! Pendrake détala les marches à vitesse grand V, exécrant plus que tout les retards injustifiés ou les hésitations intempestives. D'une poigne forte – décidemment, il se surprenait de jour en jour – il fit balancer le battant. L'astre solaire se présenta à son zénith, pile dans l'angle de son entrée. Les reflets vifs de la rouquine lui arrachèrent presque la rétine. Allez, entre, j'ai des choses à faire, aujourd'hui ! Il l'agrippa par le bras pour l'attirer à l'intérieur. Hum, bonjour. Ajouta-t-il tout de même, c'était une amie, pas le péquenaud du coin. Il referma la porte derrière lui et s'engouffra dans le salon. Ce que tu m'as demandé n'était pas facile à trouver, en fait je ne m'attendais même pas à ce que tu connaisses son existence. Enfin, ce n'était pas mon cas non plus. J'ai dû retourner voir le vieux débris, alors que la dernière fois, il a failli nous tuer tous les deux juste pour m'inculquer une "leçon". On vit vraiment une époque de dingue, et encore : pas une seule cité engloutie à l'horizon. Peut-être que la prochaine menace viendra du ciel ? Le Réprouvé fouilla dans de grandes étagères ce pourquoi la Rousse s'était présentée à lui, en le prévenant à l'avance cette fois, ce qui était une première. Pourquoi n'es-tu pas passée par la fenêtre, cette fois ? Tu aurais pu te servir dans mes affaires, je ne t'en aurai pas voulu. Puis, bon tu étais si insistante. Enfin, il tira sur l'objet de sa convoitise et le déposa sur la table. Les prunelles de son invitée semblèrent s'illuminer, fugace, avant de se dérober à son regard. Et tu sais, tu seras toujours la bienvenue ici. Quoiqu'il arrive… La timidité de celle-ci le piqua enfin à vif. Pendrake la darda froidement, rassuré qu'un certain périmètre de sécurité se dessinait entre lui et… cette femme. Une minute. Elle releva la tête, les sourcils arqués en une certaine gêne. Vous n'êtes pas Carmine. "

~~~
" D'accord. Je vais me servir un verre. Je crois. Nutaar'Kra (Putain de merde). " Déclara-t-il finalement en se levant de la chaise, farfouillant dans ses multiples dessertes pour trouver le breuvage qui accompagnera son mal de crâne. D'un œil discret, le Réprouvé observa plus longuement la fameuse Déchue. Peu importait les angles, il reconnaissait toujours sa plus fidèle camarade "Carmine". Et quand bien même elle mentait, elle semblait si perdue, fragile. Il pourrait s'en débarrasser sans grand mal. Et plus que tout : il doutait très fortement que cela soit une blague de la rouquine. Enfin, il ne restait qu'une seule solution pour vérifier : le Reflet devra être dans la même pièce. Quel casse-tête.

" Navrée… Le Hrafninn venait à peine de saisir sa camarade sous verre, qu'il se retournât vers son invitée du jour. Encore une fois, c'était bien sa voix, son intonation. Et puis, cette manière d'entortiller sa tignasse autour de son index lorsqu'elle réfléchissait… Je sais que je me répète, mais les Reflets ne peuvent pas entièrement nous comprendre, contrairement à ce qu'ils affirment. Je ne la déteste pas ; au contraire, je pense que c'est grâce à elle que j'ai décidé de faire un premier pas. Je ne sais pas où cela nous mènera… Il se rassit, présentant deux coupes de vin. La Déchue sourit et accepta volontiers le verre. De ce que j'ai compris, tu es l'un de ses amis les plus proches. Si ce n'est le plus proche. Je me suis dit que tu méritais de savoir. Elle fit valser la robe pourpre dans le verre. Décidément, il n'en pouvait plus : il leva le verre en sa direction.
- À notre amitié, alors. Son initiative la surprit, peu habituée à la gestuelle du Réprouvé. Pour autant, les dires de son Reflet à son sujet lui rendit parfaitement honneur. Ainsi, l'aliénée accepta de trinquer : le voilà, son premier pas. Je ne sais toujours pas pourquoi tu as besoin de ce tissu "spécial". La Rousse fixa, effectivement, cette demande à laquelle répondit l'ami de son double.
- C'est pour faire un cadeau. Sa mèche s'enroula de nouveau autour de son index. Pour Isley Yüerell. " Pendrake recracha son verre.

Bonne Saint-Valentin, Isley ♫: