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 [Événement] Les Enfants des Cieux - Partie I

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Mancinia Leenhardt
~ Humain ~ Niveau IV ~

~ Humain ~ Niveau IV ~
◈ Parchemins usagés : 11258
◈ YinYanisé(e) le : 01/05/2015
◈ Âme(s) Soeur(s) : Neah Katzuta | Ange | Compagnon
◈ Activité : Joaillière [Rang IV] | Médecin [Rang III] | Éleveuse de Vaches [Rang I] | Investisseur [Rang II]
Mancinia Leenhardt
Sam 30 Nov 2019, 13:30

[Événement] Les Enfants des Cieux - Partie I En-tzo12
Les Enfants des Cieux
Partie I

La Reine Scylla Taiji observait la Cité en contrebas. Elle fourmillait d'activité et de rumeurs, comme d'ordinaire, mais l'atmosphère semblait assez tendue. Les nouvelles devaient avoir atteint la population et cette dernière ne tarderait pas à vouloir des réponses à ses questions. Ce matin, une Prêtresse de Väaramar était repartie pour annoncer sa décision et c'était celle qu'elle annoncerait bientôt à ses collaborateurs. Ça lui paraissait être la meilleure solution pour l'avenir. S'il restait en nombre similaire, les Humains s'éteindraient dans quelques ères et ce, malgré une démographie grimpante grâce à une politique assez agressive. Ils n'étaient pas à l'abri pour autant, les maladies les touchaient bien plus que les autres, une épidémie aurait vite fait de les réduire de moitié à nouveau et les précédents conflits les avaient ravagés de plus en plus. Refuser ces Enfants des Cieux serait une bêtise sans nom et Haute-Terre ne pouvait pas en assumer la charge, pas tout seul, en tout cas. Bien entendu, il était assez flou d'abandonner leur plus ancien culte au profit d'un autre, mais qu'elle soit encore en vie ou non, Drejtësi comprendrait. Scylla était certaine qu'elle comprendrait. Une seule autre chose pouvait s'avérer problématique quant à leur intégration, c'était leur particularité physique. Ils avaient tous, sans exception, des ailes naissantes dans le dos. Des choses assez déformantes et handicapantes, à bien des égards. Seulement, devant les dires de la Prêtresse de Väaramar, ces dernières deviendraient aussi longues, puissantes et ivoirine que celles des Anges dans les années à venir. Quelle ironie. Cela les ramenait à nouveau devant leur proximité avec les Anges. Un sourire illuminait ses traits. L'heure était venue.

Dans la Salle du Conseil s'était réuni ses représentants les plus éminents, ainsi que quelques étoiles montantes à la cause des Humains. Un silence respectueux régnait depuis l'entrée de la Souveraine. Tous attendaient sa décision définitive quant à la situation extraordinaire qui s'abattait sur eux, à savoir, l'apparition de milliers d'enfants offerts par un Aether dont personne n'avait entendu le nom. Ils étaient bien au courant de tout ce qui avait circulé à Haute-Terre. Convoquée dans le cadre d'une réunion sur ces miraculeux êtres, Mancinia restait en retrait. Elle était relativement secondaire, mais son investissement au sein du culte religieux ces dernières années et sa proxémie avec les Magiciens lui donnait une place de choix quant à l'annonce de la décision. Dans un sens, son coeur était mitigé. Ces enfants que l'on présentait comme un don de l'Aether de la Justice et de l'Équité, Väaramar, étaient-ils un cadeau empoisonné ? Il se présentait comme le frère de Drejtësi, leur Aether Protectrice, prétendant d'ailleurs que cette dernière s'était éteinte lors du précédent conflit, suite à un assassinat pour usurpé une partie de sa fonction. Mais cela leur semblait tellement inconcevable. Ils savaient que les Aetheri n'étaient pas infaillibles, la Guerre des Dieux leur avait prouvé, seulement nombreux avaient alors murmuré qu'il s'agissait de la raison de leur malheur. Sans Protectrice, comment auraient-ils alors pu combattre ? Si les reproches à son encontre avaient été nombreux, ils trouvaient désormais une réponse. L'Humaine levait les yeux au ciel. Comme si cela excusait leur incapacité et leur couardise.

Mancinia venait aussi à se demander si elle n'était pas la responsable de leur sommeil. Une manière de les protéger. Elle ne savait pas de quoi précisément, mais cela serait une explication logique. Sympan se serait alors venger d'eux en faisant vieillir le reste de la population de manière accéléré, tandis que les derniers fragments de la magie divine de leur illustre Protectrice veillaient sur ceux qui ne vieillissait pas. Où était la vérité là-dedans ? Peut-être n'était-ce qu'un fantasme pour donner le beau rôle en celle en qui ils croyaient depuis des siècles et lui donner la fin glorieuse qu'elle méritait. Les desseins des Aetheri étaient impossibles à savoir pour le commun des mortels. Ces interprétations diverses les ébranlaient tous et faisait suite à la demande improbable des Prêtres de Väaramar : abandonner le culte de Drejtësi au profit du sien. Est-ce que cela était seulement concevable pour eux d'abandonner leur plus ancien culte ? Était-il seulement possible d'oublier aussi vite tout ce que l'Aether avait fait pour eux, que ce soit en bien, ou en mal ? C'est la décision qui serait également prise ici. Car là était une condition du Dieu pour accueillir ces enfants particuliers. Et les conséquences de leur arrivée. Autant d'enfants, à vous en donner le tournis. Un discret sourire illuminait les traits de la Matasif. Elle avait une idée sur la question depuis longtemps, cela lui donnerait l'envie de la mettre en pratique. Pour le moment, la décision devait être rendue.

Chers amis, débutait doucement la Reine. Je reviens vers vous pour vous faire part de ma décision après avoir entendu les propos de la Prêtresse de Väaramar.

Un silence plus tendu se fit, laissant peu de temps au doute.

J'ai accepté leur proposition. Je compte dès lors sur vous pour organiser au mieux l'accueil de nos nouveaux résidents, ainsi que des volontaires qui souhaiteront les prendre en charge. La Royauté s'engage à fournir du matériel et un montant qui sera déterminé rapidement pour faire face au nouveau coût pour les familles. Qu'elles sachent également que nous n'obligeons personne, mais qu'il est fort probable que tout le monde doivent contribuer à l'expansion de la race et dans son éducation, que nous exigerons de l'aide de tous ceux sans emploi pour venir en aide dans les orphelinats. Je compte également sur vous pour montrer l'exemple.

Cette conclusion était inévitable, mais elle fût très bien accueillie. Quelques conversations rapides donnaient le temps sur l'engouement que cela suscitait. La mine de la Reine se fit plus sombre un instant. La seconde nouvelle serait moins appréciable.

J'ordonne également l'arrêt immédiat des financements royaux aux Temples de Drejtësi et le début des projets de construction de ceux en l'honneur de Väaramar. Nous allons également faire détruire les éventuels temples de Luftë et fermerons ceux dédiés à Édel progressivement.

Dès la finition de sa tirade, la Souveraine s'exposait alors à la vive opposition de certains. S'ils pouvaient encore se faire une idée pour Drejtësi, si Luftë n'était pas le culte le plus dominant de la Cité, Édel, par contre, jouissait d'une réputation et d'une dévotion certaine. Elle était l'Aether de la Vie. Elle était celle qui leur permettait d'enfanter et de faire prospérer la race. Jamais Ezechyel ne pardonnerait se revers. Ils seraient maudits et stériles ! Une Divinité usurpatrice, certes, mais qui avait le pouvoir de la vie, littéralement, sur leur peuple et pouvait le conduire à l'extinction, à terme. La Souveraine s'était attendue à cette levée de boucliers, avec des élucubrations diverses. Elle levait la main qui fit instantanément taire l'assemblée.

Mes amis. Je comprends votre peine, mais nous ne pouvons pas idolâtrer des Aetheri qui veulent notre perte. Drejtësi à disparue, nous devons l'accepter.
Majesté.

La Souveraine relevait  son regard vers la Matasif Leenhardt qui venait d'intervenir. Elle s'était avancée de quelques pas pour se montrer au-devant des autres.

Vous ne pouvez pas suspendre la dévotion même des Humains pour Drejtësi. Vous risquez de vous heurter à un mur d'incompréhension, surtout si cette mise en application est si rapide. Il faut laisser le temps au peuple de faire son deuil pour celle qui nous a si longtemps protégé. Nous devons encore lui rendre hommage, à notre manière. Son frère ne saurait nous en vouloir de faire une telle transition, au contraire.

La Reine Scylla l'observait en plissant les yeux. Ce serait probablement une idée de faire une transition plus douce que radicale. Ou Väaramar n'aurait aucune chance dans le coeur et l'esprit des Humains de Qaixopia, surtout si c'était pour écraser un culte aussi vieux que le renouveau de leur civilisation.

Si vous avez envie de prier une divinité creuse, c'est votre problème. Vous vous en occuperez donc seule.
Bien, Majesté.

Mancinia s'inclinait respectueusement et ne fit plus aucune intervention. Elle masquait un petit sourire dans ses cheveux, avant de se redresser, redevenue impassible. Elle venait de récupérer une gestion qui lui tenait à coeur. Elle n'attendait que ça. Les conversations reprirent, sur d'autres sujets, mais l'Humaine écoutait distraitement. La Justice doit dominer la Vengeance. Malheureusement pour Väaramar, ils étaient nombreux à crier vengeance au sein des murs de Qaixopia. S'il voulait que Luftë s'éteigne, ce serait le seul capable de réagir et de leur donner ce qu'ils voulaient. Mais en avait-il seulement le pouvoir ?

1410 mots
Explications

Salutations, mes petits Humains !

Même si vous ne participez pas, merci de prendre le temps de lire ces explications, qui impacteront la race. Lorsque ce chapitre sera clos, je ferais une annonce générale, mais vous pouvez ainsi d'ores et déjà vous en servir en RP. Cet événement est réservé aux Humains et aux Anges, ainsi qu'a toute personne désireuse de prendre un enfant en Compagnon - vous pouvez y incarner une Famille Humaine en PNJ. Ils resteront chez les Humains.

Concrètement, une Prêtresse de Väaramar est venue discuter avec la Reine de Qaixopia, qui fait part de sa décision au membre du Gouvernement et des acteurs politiques importants de la Cité.

Si vous avez suivi l'actualité raciale, vous êtes au courant qu'un nouvel Aether est apparu, son nom est Väaramar, Aether de la Justice et de l'Équité. Il se présente comme le frère de Drejtësi, l'Aether de la Justice et Protectrice des Humains et dénonce l'usurpation des fonctions d'Edel, l'Aether de la Vie, par un être vil et mauvais qui aurait également anéanti sa soeur. La demande est simple : cesser de prier Drejtësi, qui n'existe plus, tout en remplaçant son culte par celui de Väaramar. D'abandonner Luftë, Aether de la Vengeance, ainsi qu'Edel, qui est une fausse divinité. En échange, des enfants sont offerts.

La conversation tourne ensuite sur le nombre d'enfants possibles d'accueillir au sein du Royaume, car l'Aether en a fait parvenir aux Humains de manière très élevée ! Ces derniers ont d'ailleurs la particularité d'être ailés. Pour l'instant, leurs ailes ne sont que des protubérances informes, mais deviendraient, d'après les dires des Prêtres, des ailes semblables à celles des Anges. De façon logique, étant donné que les Humains n'ont pas de Magie, ils ne pourront pas voler avec, à moins d'avoir une grande force et une grande agilité, et ne pourront pas non plus rentrer ces ailes, qui seront toujours visibles. Au début, ce sera donc plutôt un handicap. Il faut compter 25 en Agilité et en Force pour que ces dernières puissent les porter.

De ce fait, à Qaixopia, la Royauté prend la décision d'abandonner le Culte de Drejtësi, dont les financements sont reprit par Mancinia pour faire une transition en douceur. Pour rappel, elle était l'Aether Protectrice des Humains et c'est un énorme chamboulement. Beaucoup d'Humains vont avoir du mal à l'accepter, il peut y avoir énormément de protestions, avec le spectre de la Guerre des Dieux en toile de fond. Ceci dit, la Reine demande un délai en ce qui concerne le remplacement d'Edel, très vivement appréciée par les Humaines, dont certaines pourraient craindre la perte de leur enfant. N'oubliez pas que nous sommes dans un monde très croyant.

Seulement, cela apporte aussi son lot de conséquences, à savoir que désormais, un tiers de la population Humaine est composée de bébés, ailés de surcroît ! Les orphelinats sont débordés et il est demandé à chaque Humain capable d'adopter un enfant de le faire. Une partie de cet accueil est financé par la Royauté et de nombreux métiers sont en pénurie dans le domaine.

Cette première partie se concentre donc sur l'annonce, les chamboulements religieux - Mancinia reprend la gestion des temples de Drejtësi, de Luftë et d'Edel, les plus grands seront anéantis dans quelques temps, restera les plus petits pour les réfractaires, comme elle - et de la répartition des enfants. Certains sont présents, mais pas tous. Vous pouvez être encore dans l'indécision, vous êtes aussi mis au courant que vous serez peut-être dans l'obligation d'en avoir un à charge. Les Anges peuvent très bien commenter cette décision depuis les Jardins et vouloir s'y investir pour en adopter également, vu que ce sont des enfants divins, ou depuis les Explorations, vu qu'ils bénéficient d'un excellent système de communication, autant sur l'abandon des cultes que l'étrangeté des Enfants des Cieux.

Concernant les autres Royaumes ;

- Grimvarr - il a été choisi que les enfants ne soient pas envoyés là-bas

- Muharkel - il existe la possibilité d'en adopter, mais ce sera au choix de la famille d'accueil vu la complexité du lieu à en accueillir en grand nombre

- Babelsba - possibilité d'en adopter, mais ce sera au choix de la famille d'accueil vu la complexité du Royaume, majoritairement nomade - et donc délicat de se balader avec autant d'enfants

- Haute-Terre - ils ont été les premiers à accepter, l'évolution démographique étant leur maître mot, les résidents ont d'ailleurs l'aide à portée de main avec les Magiciens et les Anges [les Magiciens de Haute-Terre peuvent donc discuter de ces étranges enfants]

- Alaithiad - il est impossible que les enfants y soient, le Royaume est en construction et Taelora est un endroit dangereux

Durée du RP - vous avez jusqu'au 30-01-2020 pour poster.

Bonne écriture !

Gains

Pour 900 mots - Un Compagnon Humain - Niveau I avec le titre "Enfant des Cieux" - pour rappel, c'est un enfant avec des ailes et ces dernières ne seront utilisables qu'a partir de 25 de Force et d'Agilité
Pour 450 mots de plus, soit 1350 mots - 1 Point de Spécialité supplémentaire

OU

Pour 1350 mots - Un Métier - Rang I, en rapport avec le sujet de votre RP [cela peut-être religieux - Prêtre, Gestionnaire d'un Temple - ou concernant les enfants - Éducateur, Professeur, Gardien, Médecin, etc.] uniquement
Pour 450 mots de plus, soit 1800 mots - Un Compagnon Humain - Niveau I avec le titre "Enfant des Cieux" - pour rappel, c'est un enfant avec des ailes et ces dernières ne seront utilisables qu'a partir de 25 de Force et d'Agilité

Vous pouvez obtenir un Compagnon en jouant sa Famille en PNJ, si vous le désirez. De préférence, se seraient des Humains.


[Événement] Les Enfants des Cieux - Partie I Chriss10
Art by Chrissabug

Meuh:
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Priam et Laëth
~ Ange ~ Niveau III ~

~ Ange ~ Niveau III ~
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◈ Âme(s) Soeur(s) : La bière et le saucisson | L'adrénaline et les problèmes
◈ Activité : Berger [III], traducteur [II], diplomate [I] | Soldat [III], violoncelliste [I]
Priam et Laëth
Jeu 26 Déc 2019, 19:43



Au début du voyage…

« Tu as vu l’apparition, pendant la soirée, la veille de notre départ ? » Hena releva la tête. « Hum ? » - « La sorte de… de Démon ? Mais avec des ailes blanches. Enfin le truc qui avait des ailes de Démon mais blanches. » - « Oh. » Elle acquiesça. « Oui… J’avoue que je ne sais pas trop quoi en penser. » Laëth se mordilla la lèvre. « C’était… » De sa main libre, elle se gratta le crâne. « Tu crois qu’on devrait en avoir peur ? Se méfier ? » Sa mentor s’arrêta dans l’escalier et lui jeta un coup d’œil par-dessus les rouleaux de papier qu’elle tenait entre ses bras. La jeune Ange, en contrebas, serrait contre elle plusieurs armes rangées dans leurs fourreaux. « Peur ? » Un sourire mutin courba ses lèvres. « Non. Ça ne mène pas à grand-chose. A mon sens, ce n’était qu’une simple démonstration. » Elle se tourna et reprit son ascension. « En revanche, se méfier, oui. Face à ce que tu ne connais pas, il faut que tu restes sur tes gardes. » Une fois parvenues sur le pont, grâce à la télékinésie, elle déplaça un tonneau jusqu’à elles. « Face à ce que tu connais aussi, d’ailleurs. » Elle posa les parchemins sur le dessus du baril, puis attira deux sièges, qui se placèrent derrière chacune des deux Anges. « C’est souvent ainsi que l’on se fait avoir. On pense connaître quelqu’un ou quelque chose, et finalement… pas tant que ça. » Elle accorda une moue désolée à sa disciple, qui la regardait, attentive et un peu troublée. « C’est un peu triste à dire, mais une confiance aveugle peut avoir de terribles conséquences. » La brune s’assit, et son interlocutrice l’imita. « C’est un peu pessimiste, non ? » Elle pinça les lèvres. « Je veux dire… si tu penses comme ça, tu ne crois jamais tout à fait les gens… tu es toujours en alerte. Ça signifie aussi que tu penses qu’on ne peut pas te faire confiance… » Hena ne dit rien. La Recrue tira doucement sur son pouce. Elle réfléchissait. Une idée la taraudait. « Mon frère ne me trahirait pas. » La guerrière sourit. « Je n’en serais pas si certaine. » Laëth eut un mouvement de recul vif, motivé par un désagréable pincement au cœur. « Pourquoi ? C’est mon frère, mon sang. On ne trahit pas son sang. » Pourtant... une petite voix, stridente, lui sifflait qu’elle l’avait fait, elle. « On peut trahir pour toutes les raisons du monde, et elles ne sont pas toutes fondamentalement mauvaises. J’espère que vous ne connaîtrez jamais ça, mais ce n’est pas à exclure. « Jamais », c’est un mot qu’on devrait interdire… » Jamais était un menteur. Il ne pouvait pas tenir la moitié de ses promesses ; il les trahissait comme les hommes se mentent entre eux. La fille de Réprouvés scruta les iris de l’Ange, puis reprit sa position initiale, le buste légèrement incliné vers le tonneau et les avant-bras posés sur celui-ci. « Hum. Je ne peux donc pas avoir cent pourcent confiance en toi ? » Elle lui adressa un sourire provocant ; elle lui en renvoya un de connivence. « C’est ça. Ne te repose pas trop sur moi, on ne sait jamais. » - « Bon à savoir. » La blonde lui sourit à nouveau puis déroula l’un des papiers. C’était une carte. « Cela dit, pour en revenir à cette créature aux ailes démoniaques blanches… Certains les ont associés aux Anges Déchus… Des Démons Déchus. Ce serait complètement fou, hein ? » Ses pupilles se perdirent sur l’océan. « Quel drôle de monde. » La plus jeune dévisageait l’aînée, dans une tentative de conceptualisation de cette possibilité. Néanmoins, Hena revint brutalement à leurs préoccupations. « Bon, ce n'est pas tout mais ce monde-ci requiert plus notre attention. » dit-elle en tapotant sur la carte à l’aide de son index. Laëth se pencha au-dessus, le sourcil arqué et l’œil intrigué. Elle n’excellait pas en lecture de cartes. Là où la maîtresse d’armes repérait immédiatement les points importants, elle se perdait dans les détails insignifiants. L’aisance viendrait sans doute avec la pratique. Elles passèrent de longues minutes à étudier les cartes des Terres d’Iyora. Il fallait savoir s’y repérer, connaître un minimum le terrain, pour pouvoir s’y engager avec une sécurité maximale.

***

« Huile bien. Plus que ça. L’eau salée oxyde l’acier, et toutes les armes ne sont pas magiques. » Laëth replongea son chiffon dans la matière grasse et répéta l’opération. A Lumnaar’Yuvon, elle avait participé à l’entretien des outils de travail et des armes de nombreuses fois. Elle connaissait les gestes et les techniques bien qu’elle n’eût, en effet, pas prises en compte les facultés destructrices de l’air marin. Les deux femmes étaient concentrées sur leur tâche. A mesure qu’elles polissaient le métal, Hena posait des questions à son apprentie, sur les mesures de sécurité à respecter sur le terrain. « Comment est-ce qu’on aborde un nouvel environnement ? » - « On observe, on écoute… » - « Et ? » - « On reste attentif à tout ? Sur ses gardes ? » Elle acquiesça. « Si jamais il y a un problème ? » - « Je ne joue pas les braves et j’appelle le supérieur le plus proche. » répondit la Recrue, en bougonnant presque la première partie de la phrase. Elle n’avait pas l’orgueil de croire qu’elle pouvait s’en sortir seule, mais elle avait l’impression de rendre des comptes à ses parents, et ce sentiment l’agaçait. C’était comme si son indépendance chèrement acquise se trouvait brimée. « Bien. » L’interrogatoire se poursuivit jusqu’à ce toutes les leçons fussent répétées ou enseignées. A côté d’elles, le tas d’armes entretenues grandissaient peu à peu. Bientôt, il faudrait passer aux armures. Ensuite, elles poursuivraient avec les corvées relatives à la vie en communauté sur un navire.

« Ces Démons... ça me fait penser à cette histoire d’Humains ailés. » Laëth releva la tête de son ouvrage. « On m’a dit que les Humains allaient abandonner le culte de Drejtësi, et que c’était l’une des... contreparties ? » Hena sourit, amusée. « On peut dire ça comme ça. C’est un cadeau de Väaramar, le nouvel Æther. Mais je pense que ce sera difficile, pour les Humains, de délaisser Drejtësi après tant d’années à la prier… C’est une Déesse fondatrice pour leur peuple et leur identité. » L’apprentie sembla réfléchir. « Hum. Comment est-ce qu’on sait qu’un nouvel Æther apparaît et qu’un autre disparaît ? Chez les Réprouvés, c’est le peuple qui consacre les Zaahin, en général. » Le regard de sa mentor la convainquit de ne pas poursuivre son explication. La qualité des relations actuelles avec les Bipolaires laissait à désirer, et de ce qu’elle avait compris, la blonde ne les estimait pas beaucoup. « Les Ætheri trouvent toujours un moyen de nous faire savoir ce qu’il advient d’eux. Il est vrai que l’on peut se tromper ou être trompés… comme c’est le cas avec Edel, apparemment. » Cette idée paraissait la perturber, ce que la brune comprenait aisément. La Déesse de la Vie touchait tous les peuples. Si l’Æther de la Justice et de l’Equité avait raison quant à l’usurpation de son rôle, cela devait bouleverser et bouleverserait beaucoup de choses. Des choses dont la plupart n’avait même pas conscience, comme ces deux Anges dans un navire en partance pour l’aventure. « Ces Humains, ils pourront voler ? » La guerrière secoua la tête. « Je ne pense pas. Il faut de la magie, pour ça. Ou alors, beaucoup de force et une bonne maîtrise… » Laëth opina. « Bon, même si ça risque d’être handicapant, c’est une bonne chose pour les Humains. J’imagine qu’il vaut mieux des bébés un peu… patauds, que rien du tout. » Les Anges auraient aussi bien eu besoin d’une intervention divine sur le plan démographique, toutefois, il fallait croire que les Dieux avaient préféré se tourner d’abord vers les Enfants de Sympan. « Oui. Même si, en toute honnêteté, ça me fera étrange de croiser ces Enfants des Cieux. Des Humains avec des ailes blanches, comme les nôtres… Je ne peux pas m’empêcher de me questionner sur le message divin caché derrière cette apparence. Ça ne peut pas être le hasard. » - « Tu crois que Väaramar voudrait que les Anges et les Humains se rapprochent ? » Certains royaumes souhaitaient garder leurs distances avec les Ailes Blanches ; certains Ailés grimaçaient à l’idée de devoir se lier à ces êtres sans magie, quand les leurs avaient plus besoin de leur protection que jamais. « Peut-être… J’imagine que nous le saurons rapidement. » Plus tôt dans la journée, Laëth avait entendu d’autres Anges discuter de ce sujet. Les avis divergeaient. Certains se faisaient leur propre avis, bon ou mauvais ; d’autres espéraient un commentaire de la royauté angélique, celle que Kahel incarnait à nouveau. Cette régence elle-même était la source de nombreux débats. Comment un homme si affaibli par les Vils, un perdant quand ils avaient besoin de figures puissantes, pouvait-il gouverner ?

1422 mots
Merci nastae




[Événement] Les Enfants des Cieux - Partie I 1628 :


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Ven 27 Déc 2019, 11:56





« Que penses-tu de ces enfants ? » La question flotta un instant dans leur chambre partagée. « Je ne pense rien, c'est très mauvais de penser, pour un soldat. Je me demande seulement comment va réagir le capitaine.» répondit Ludwig alors qu'il s'approchait de la bassine d'eau tiède pour faire sa toilette. Marîd était encore affalé sur son lit. Le blond continua. « Bôram, tu vois. Le maître-archer choisira ce qui lui semble le plus juste. Sa voix compte beaucoup dans les décisions que prendra la caserne. Je sais seulement que certaines grandes familles d'Utopia ont acceptés d'adopter ces bébés. » Le brun étouffa un soupir. «Super. Du boulot en plus pour les protéger, ils ont qu'à déménager à Qaixopia s'ils veulent donner libre court à leurs fantasmes ! C'est de la folie de faire venir ces enfants ici ! Pas plus tard qu'hier, une autre gamine de riche s'est faite détrousser en allant au marché. Il y a des vols, des cambriolages, des meurtres, nous ne sommes même pas protégés comme les autres villes par le Secret, ici c'est chacun pour sa pomme et-» Ludwig l'interrompit après s'être aspergé d'eau le visage. « Oui merci Marîd, je suis bien au courant de l'état criminel de la ville. Que veux-tu... Nous devrons faire en sorte de protéger ces irresponsables. Et puis peut-être que cela redorera le blason de la cité, si nous pouvons prouver que des familles peuvent y élever d'aussi importants personnages en toute sécurité. » La situation était évidement très tendue. Même dans la rue, on trouvait des habitants lambdas pour débattre du sujet, voire se chamailler sévèrement. «Tu rêves... Il faudrait qu'on soit dix fois plus. » Quoiqu'ils fassent, ils manqueront toujours d'effectifs. Etait-ce une raison pour rester apathique ? «Pas forcément si nous changeons nos priorités. Et puis nous recevrons peut-être de l'aide de la Royauté. » Il passa ses doigts sur ses joues en se demandant s'il allait se raser. Son colocataire lui, venait de s'extirper à contre-coeur de ses couvertures. « Grouille-toi, le rassemblement est dans trente-minutes. »

«Il paraît qu'ils ont des ailes moches dans le dos.» souffla Marîd en lorgnant son petit-déjeuner : une brioche encore chaude et un bol de café. Ludwig se renfrognât brusquement. «Enfants des Cieux, pffff. Nous n'avons pas besoin de ressembler aux Anges. Je suis sûr que la moitié d'entre eux nous haïssent autant que les Démons, c'est pas la sainte charité qui pourrait les empêcher de se détourner de notre peuple s'ils finissent par nous mettre dans la case du Mal ou des boulets trop lourds à porter, ce que nous sommes actuellement à leurs yeux. » La bouche pleine, son camarade était pensif. « Hum.... Moi j'aimerai bien voler. » «Toi, t'es con. » Le brun ferma les yeux, exaspéré. « Ça va, Ludwig ! Détends-toi, je suis du même avis que toi, c'est une mauvaise idée de s'enchaîner plus que nous le sommes déjà aux Ailes Blanches, cela ne nous a jamais réussi par le passé. Je suis pour une forme d'indépendance qui nous permettrait de nous développer sans avoir besoin d'aides extérieures. Je ne sais pas ce que veux ce Väaramar, je n'aime pas ça... » Exactement, ce changement de direction était brutal mais surtout inattendu.  Ludwig avait bien du mal à y comprendre quelque chose. « Au moins, il nous donne des enfants. » Marîd haussa les épaules. « Et Drejtësi ?» La question la plus épineuse de toute cette histoire, à vrai dire. Le brun connaissait parfaitement l'attachement de son ami pour l'Æther de la Justice. Il en avait vécu, des injustices, et ne s'en était sorti que grave à elle, disait-il souvent. « Je... Je ne sais pas. Toutes mes armes sont gravées à son nom, que veux-tu que je te dise ? » Un sourire débile annonça la couleur de la réponse. « Que ça va te couter très cher pour tout mettre à jour... » Ils explosèrent de rire sous les lueurs de l'aube brûlante.

La court d'entraînement était traversée par un vent poussiéreux qui empêchait à la fois de respirer normalement et de tirer droit dans la cible. « Le dos droit, Ludwig, les épaules en T, ne levez pas votre coude. Vous êtes mous, c'est pitoyable ! » Bôram était un monstre, du point de vue extérieur. Il gueulait beaucoup, cependant les soldats n'avaient jamais connus de meilleurs résultats que sous ses ordres. Ludwig s'était mit comme les autres sur la ligne de tir, placé comme le Maître d'armes venait de lui crier. Il leva son arc et prononça la salutation habituelle du code d'honneur de ce sport de combat. « Archers, je vous salut.» Ce à quoi les autres répondaient. «Salut.» Il banda alors son arc et tira sur la corde. «Gardez votre tête droite, voilààà.» Non content de crier, l'homme venait de poser sans douceur sa main sur la tête du jeune homme afin de l'aider à se positionner correctement. Il fallait une bonne dose de sang froid pour ne pas faire de crise de nerfs en sa compagnie, mais finalement, n'était-ce pas là la qualité indispensable que tout archer devait apprendre ? «Lâchez et amenez votre main votre cou en arrière dans la continuité de vos épaules, pas sur le côté nom d'un chien ! Arrêtez de crisper votre main sur la branche de l'arc, il ne pas va s'envoler je vous assure ! Ah ! En plein dans le jaune, vous voyez quand on vous stresse ça marche mieux !» C'était surtout que Ludwig commençait à avoir suffisamment de contrôle sur lui-même pour faire abstraction des cris et de la présence envahissante du Maître pour se concentrer uniquement sur ses conseils et sur lui-même. Bôram s'en alla voir d'autres élèves qui tiraient pendant que Ludwig continuait sa volée en essayant de reproduire au millimètre près les bons gestes. Quant tout le monde eut fini, il cria «Flèches !» et ils s'elancèrent vers les cibles pour aller récolter leurs points. En deux heures d'entraînement, on pouvait tirer entre cent-cinquante et deux-cents flèches, dix par dix à chaque volée, qu'il fallait ensuite aller chercher en courant. Ce n'était pas moins épuisant qu'une leçon d'escrime, ni plus reposant qu'une course d'endurance, simplement la fatigue n'était pas la même : psychologique et moins physique.

A la fin de la séance, le petit groupe se rassembla autour du Maître Archer. Quant il n'était pas en train d'entraîner, cet homme terrifiant redevenait normal. Un des soldats posa une question qui leur brûlait tous les lèvres. « Est-ce-que l'on sait quand est-ce-que les bébés vont arriver ? » En effet, la nouvelle avait été annoncée de façon officielle au rassemblement du matin, quelques jours auparavant. On leur avait demandé d'y réfléchir et de se porter volontaire pour la protection de ces nouveaux arrivants. « Les familles concernées sont allées les chercher avec une escorte. Elles reviendront dans quelques semaines. Les volontaires seront détachés de la caserne comme les autres réservistes, vous dormirez dans leurs domaines et vous serez à la fois garde du corps de l'enfant et gardien de la maison, en trio. Même si l'arc est votre première discipline, la principale, vous allez devoir suivre d'autres cours dans le mois pour être capable de vous défendre et de défendre les autres au combat rapproché. Vous allez rester avec ces familles autant de temps que nécessaire et seule une grave alerte pourra nous autoriser à vous rappeler dans les rangs de l'armée. Cependant, vous serez à l'essai pendant quelques mois afin de pouvoir vous assurer que ce rôle vous convient et pour que nous puissions vérifier que vous êtes à la hauteur. Disposez. »

Deux silhouettes se détachaient de la nuit de jade, sur les remparts. « Bon alors, dernière patrouille ensemble ?» Marîd avait l'air morne. « Tais-toi, imbécile. » Ludwig expira longuement. « Tu pourras toujours rejoindre les volontaires plus tard... Et puis je suis à l'essai.» Pourquoi pas ? « Je ne comprend pas, c'était toi le plus réfractaire à l'arrivée des Enfants des Cieux et voilà que tu te mets à leur service ! » Ce qui l'énervait était surtout leur séparation très prochaine. Ils s'étaient liés d'amitié dès leur entrée dans la caserne, qui remontait déjà à plusieurs années. « C'est bon, on se dit pas adieu pour la vie, je serais pas loin. Je me dis qu'être proche d'eux me permettra de mieux comprendre cette histoire avec Drejtësi et Väaramar. Et puis, t'es pas au courant Marîd ? Les volontaires auront une prime. » La bouche du concerné s'ouvrit de stupeur. « Quoi ?! »

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Mancinia Leenhardt
~ Humain ~ Niveau IV ~

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◈ Parchemins usagés : 11258
◈ YinYanisé(e) le : 01/05/2015
◈ Âme(s) Soeur(s) : Neah Katzuta | Ange | Compagnon
◈ Activité : Joaillière [Rang IV] | Médecin [Rang III] | Éleveuse de Vaches [Rang I] | Investisseur [Rang II]
Mancinia Leenhardt
Mer 01 Jan 2020, 20:00

Ambiance

Neah était impressionné par l'oeuvre architectural souterraine. Les Humains étaient toujours aussi habiles dans les domaines de la construction et ce, même en l'absence de Magie. Une fierté. L'Ange eu un petit rire, Mancinia en était la pure incarnation. C'en était même devenu difficile de remettre en cause quoi que ce soit tant elle répliquait à tout, maniant les mots avec habilité pour tourner en ridicule son opposant. Le Capitaine avait laissé une après-midi à ses subordonnés. Ils avaient veillés à l'arrivée sans encombre de nouveaux Enfants des Cieux et la chaleur les accablait. Ils repartiraient demain matin et la nuit ne tarderait à tomber, ce n'était pas la peine de les affaiblir encore plus. Surtout qu'ils allaient faire cette route plusieurs fois. Pris d'une crainte sourde, il serrait dans sa main ce que sa poche dissimulait. C'était trop précieux pour être perdu. Le bruit d'une masse abattant du marbre se fit entendre. Une statue qui se dressait de toute sa hauteur vacillait alors sous un énième impact, s'effondrant en morceaux sur la place, sous les vives contestations de la population. Quelques Gardes maintenaient l'ordre dans l'éventualité où cela dégénèrerait, mais les habitants se contentaient de crier au blasphème. L'Anjonù n'eut pas besoin de s'approcher pour comprendre qui était l'Aether ainsi malmenée. Drejtësi. Neah avait toujours eu une relation particulière avec l'Aether depuis sa rencontre avec l'Humaine. Il avait vu l'Injustice en ce monde à son travers. Elle qui avait connu le malheur et la douleur bien avant lui et la dévotion de cette dernière avait déteint sur lui-même. Il aimait croire être devenu un fervent défenseur de cette Justice et de se battre pour la Gloire du Bien.

L'Endormissement des Humains lui ayant fauché Mancinia l'avait fait vaciller. L'Ange s'était donc mis à la prier intensément, pour qu'on lui rende sa Protégée tout en le laissant poursuivre son chemin. Il aimait croire que c'était elle qui lui avait rendu. L'abandonné devait être une déchirure pour tous les Humains et certainement qu'on exigerait cela d'eux un jour. Mais Väaramar n'avait pas encore eu une telle exigence en leur offrant un cadeau impossible à refuser. Neah peinait à croire qu'ils en venaient à contraindre les Prêtres et Prêtresses d'Edel à cesser toutes leurs activités. Si l'accueil des Enfants des Cieux avait été bien accueilli, l'abandon des cultes étaient, à l'inverse, presque responsable d'un soulèvement populaire. Une catastrophe avait été évitée par la Matasif Leenhardt, qui avait repris les financements des temples secondaires permettant à tous de continuer de prier les Aetheri visés par cette décision. La grandeur de Mancinia avait été louée, mais celle de la Reine s'en était retrouver amoindrie. Encore un peu et son Gardien penserait qu'elle l'avait fait exprès. C'était peut-être le cas. Drejtësi. C'était dans ce Désert qu'on pouvait voir ses temples les plus importants. C'est pourquoi il était ici aujourd'hui, pour rendre hommage à celle qu'il croyait être responsable des bénédictions dont il a été comblé ces derniers mois. Il n'était pas le plus pieu, mais il croyait que de venir ici et d'avoir une pensée pour elle était suffisante. Seulement, ce n'était plus possible. Celui-ci était en train de l'abandonner au profit de celui qui était son frère. Selon les dernières nouvelles, elle avait péri dans la Guerre des Dieux. Certainement pour défendre ce en quoi elle croyait.

L'Anjonù ne voulait pas se mêler aux éventuelles querelles. Il était un Ange qui plus est, qu'aurait-il eu à dire ? Étrangement, la demeure vers laquelle il se rendait était très calme. A l'écart des autres avec quelques serviteurs, dont un qui vint à sa rencontre pour le guider vers son bureau. Il connaissait le chemin, mais il n'était qu'un invité. Mancinia devait détester. Elle trouvait être mieux servie par elle-même et avait réduit son personnel au strict minimum. Elle n'avait évidemment pas le temps de tout faire, c'était ainsi. L'Humaine ne pouvait pas aspirer à être une figure importante de sa hiérarchie et aspirer à une vie calme. Elle faisait de son mieux pour concilier les deux.

Neah !

L'exclamation était à demi-étouffée pour ne pas surprendre et brusquer qui que ce soit. A peine la porte du bureau refermée, elle se précipitait dans ses bras pour le serrer dans les siens, avant que celui-ci ne relève le visage et ne lui vole un baiser. Ça manquait presque de le faire vacillé tant son coeur était au bord de l'implosion de la sentir à nouveau près de lui. Ils restèrent quelques instants ainsi, sans rien dire. Neah ressentait bien la fatigue qu'elle avait accumulée. Plus que d'habitude. Et elle était résistante.

Tu as l'air épuisée, Mancinia.
Le travail, tu sais comment c'est. Et les petits ont été souffrants.
J'ai cru l'entendre.

Neah plissait des yeux, inquisiteur.

J'ai aussi entendu dire que la Fille du Soleil les avait soignés avec une nouvelle méthode.

En quittant ses bras, son petit sourire s'était terni.

Tu t'en es servi ?

Mancinia massait sa main comme si une douleur invisible la démangeait.

Oui. Je sais bien que je n'aurai pas dû, mais j'avais tellement peur. Ce ne sont que des enfants.
Je ne vais pas te blâmer de t'être attachée à eux et de vouloir préserver la Vie. Surtout vu la situation démographique de ton peuple. Je veux seulement de la prudence.
Ne t'en fais pas. Personne ne sait rien.

Neah lui sourit en signe d'apaisement, mais intérieurement, il désapprouvait. On ne savait pas quel était l'impact de son utilisation sur son corps. Peut-être que cela raccourcissait sa vie. Il était égoïste, mais il ne voulait pas la perdre. L'homme essayait seulement d'être compréhensif sur la situation. Mancinia aimait les enfants. Elle voulait avoir les siens et prenaient soin de ceux des autres. Elle avait fini par adopter. L'Ange posait son regard sur les deux berceaux installés l'un à côté de l'autre. Mancinia l'avait averti depuis longtemps qu'elle prendrait sous son aile des enfants dans le besoin, surtout depuis l'annonce effective concernant les Enfants des Cieux. Elle était relativement riche et avait choisi de s'occuper de deux d'entre eux. Elle avait eu de la chance de tomber sur des Jumeaux qu'elle ne désirait pas séparer. Rien qu'à la lecture de sa dernière missive, l'Ange avait compris le coup de foudre évident que son Humaine avait eu. Un garçon et une fille. Neah était un peu fébrile, c'était la première fois qui les voyait. S'il épousait la femme qui était retournée à son bureau pour souffler, ces enfants seraient aussi les siens. C'était amusant. L'Aether Väaramar était décidément très généreux. Son regard se posait sur un bébé qui se reposait tranquillement. Elle était si mignonne avec son physique potelé et son doux sourire que beaucoup de mamans voulaient lui pincer les joues dès qu'elles la voyaient. Mancinia l'avait mise de sorte que ses ailes ne l'incommodent pas. Voilà qui ne serait pas très pratique, surtout que ces dernières paraissaient assez difformes. En grandissant, elles seraient comparables aux leurs, mais en attendant ...

Idril.

Au son de sa voix, l'Anjonù se retournait en direction de la Kaaezi. Un léger sourire aux lèvres.

C'est le nom de ta grand-mère maternelle, n'est-ce pas ?
Oui. Merci d'avoir respecté mon souhait.

Lors de leur conversation concernant le nom de l'éventuel enfant qu'elle adopterait, Neah lui avait demandé s'il pouvait nommer ainsi leur possible fille. Mancinia lui avait dit que ce ne serait pas son héritière légitime, mais il s'en moquait. Peut-être ne pourrait-il pas avoir d'enfant angélique dans ses bras, mais il ne pouvait pas concevoir de donner ce nom à un enfant sans ailes. C'était une opportunité, un compromis acceptable et il l'avait saisi. Sans regrets. Sa fille était très belle avec ses petits cheveux blanchis et ses airs adorables. Elle semblait fatiguée et dormait à poings fermés. Probablement la maladie étrange qui avait saisi quelques-uns d'entre eux, décolorant leurs cheveux et leur donnant un teint plus blême que la moyenne. Mancinia n'en avait pas dormi. Elle avait pris soin d'un grand nombre d'entre eux, mais la maladie qui étreignait ses enfants avait visiblement eu raison de sa patience. Mieux valait ne plus y penser. Quant au second enfant, il ne savait pas. Elle ne lui avait pas dit son choix, hésitante sur plusieurs appellations.

Et pour notre fils ?

Ils s'étaient mis d'accord sur un point. Il avait choisi le prénom féminin, elle choisissait le prénom masculin.

Isley.

Autant dire que cette annonce le déroutait allègrement.

Pardon ? souffla-t-il en écarquillant les yeux.
Notre fils s'appelle Isley.

Neah était aussi interloqué que la première fois que son nom avait franchi ses lèvres. Son regard passait de sa fille vers sa compagne qui avait un regard très sérieux, assise derrière son bureau. Sa réaction l'amusait quelque peu.

Par Ahena ! Pourquoi Isley ?
Pourquoi pas ?

L'Ange relâchait un soupir, volontairement bruyant en se pinçant l'arête du nez.

Je ne sais pas la raison, Neah. J'avais une préférence.
Pour le prénom ou la personne ? bougonna-t-il.
Les deux.
Quoi ?

Son ton était plus haut qu'il ne l'aurait voulu.

C'est quoi votre problème avec l'amour, vous autres, les Anges ? Je peux l'aimer comme un frère ou un ami, tu sais ? Ça ne veut pas dire nourrir des sentiments amoureux à tout va.

Neah ne savait que répondre à cette véracité, préférant ravaler d'éventuelles paroles malheureuses qui serait signe d'une dispute. Il n'en avait guère envie, surtout pour un motif aussi ridicule et il s'en voudrait si Mancinia tombait d'épuisement après un emportement de sa part. Isley était un prénom comme un autre, après tout. Quoique. Non, pas tellement. Ça l'embêtait, d'une certaine manière. Il ne se serait pas cru autant jaloux d'un camarade, mais les faits étaient là. Il se retournait à nouveau vers Idril et regardait son fils du coin de l'oeil, ce dernier se reposant doucement. Aussi mignon et adorable. Désormais, Isley était devenu une petite chose baveuse et gluante, autant dire qu'on repasserait pour le charisme du guerrier !

J'aurais aimé que tu n'aimes que moi.

Sa voix n'était qu'un murmure, mais à peine suffisant pour qu'elle ne l'entende pas.

Navrée, Monseigneur, mais il y a des enfants dans ma vie maintenant ! répliqua-t-elle d'un ton taquin.
Bon. Si tu n'aimes que notre Isley, ça me va.

Mancinia pensait bien lever des protestations quant à son choix, mais elle n'aurait jamais cru qu'il puisse être aussi bougon. Jaloux ou inquiet quant à sa place dans son coeur ? Elle ne savait pas si c'était adorable ou vexant, mais était consciente que rien de mauvais ne sortait réellement de ses propos. Ils avaient été séparés longtemps et il était conscient de ses sentiments, cela n'empêchait pas le reste. Neah reportait bien rapidement son attention sur sa personne, essayant d'esquivé quelque peu la situation. En vérité, elle était bien loin de détenir la véritable raison de sa réaction.

Tu m'as aussi appeler pour autre chose ?

L'Ange s'était approcher de son bureau et elle l'invitait à prendre place d'un geste de la main. C'est vrai qu'ils pouvaient s'amuser à être une Famille normale, mais ils avaient aussi des missions plus officielles. Et Neah tentait une esquive assez évidente.

J'ai une demande à faire à Yüerell, débutait-elle. J'ai obtenu l'accord de la Reine Scylla concernant l'implication de Qaixopia. Haute-Terre s'est également montrée favorable à cette négociation impliquant tous les Enfants des Cieux.

Mancinia lui tendit un paquet qu'il prit. Elle ne faisait que lui expliquer une partie de son contenu, qui l'intriguait fortement.

Il s'agit d'une demande officielle concernant l'entraînement de ces enfants lorsque sera venu le temps de faire leur service militaire.
En quoi cela concerne les Anges ? Les Humains ont leur propre armée.
Ne nous leurrons pas, Neah. Notre semblant d'armée n'est fait que pour maintenir l'ordre au sein de nos cités et, éventuellement, aux frontières. Elle nous offre une chance de nous défendre et de sauver nos vies, mais nous demeurons la race la moins apte à assurer sa défense seule. Quant aux excellents guerriers, nous les dénombrons aussi rarement que les nuits de pluie. Ce sera suffisamment difficile de nous occuper de toutes ces recrues lorsqu'elles arriveront...

Mancinia regardait ouvertement ses enfants endormis, avant de reporter son regard vers lui.

Les Enfants des Cieux ont également des ailes. Je présume que cela est suffisant pour comprendre que nous ne pourrons pas assurer leur entraînement. C'est notre demande. Que les enfants qui auront les ailes suffisamment développées au moment de leur entrée en service soient formés en grande partie par la Compagnie.
Je présume que nous pourrons demander à des professeurs de...
La Compagnie de Yüerell, Neah.

L'Humaine avait ainsi tranché dans ses paroles, à sa stupéfaction.

Pourquoi cet intérêt soudain ? Des professeurs de vol expérimenté seraient tout à fait convenables.
C'est toi qui a dit que Yüerell avait des lacunes. Nous pourrions les combler, d'une certaine manière, en leur proposant ce marché.

Ces lacunes étaient les Pacifistes. Mancinia en avait conscience et ils s'étaient plusieurs fois confronter concernant sa vision de l'extrémisme. Elle n'approuvait pas tous ses choix, ce n'était pas son rôle que de le suivre comme un mouton, mais de là à ouvertement les soutenir au sein d'une institution où elle n'avait pas sa place, c'était une première.

Tu veux former une nouvelle branche armée aux Humains. Des combattants aériens vous seraient probablement ... appréciables. Les Magiciens...
Il n'est nullement question des Magiciens quant à leur formation. Nous n'avons pas d'autres choix que de nous en remettre à eux pour élever une partie de nos nouveaux arrivants et ces familles seront triées sur le volet, avec l'obligation de nous les remettre le moment venu pour suivre leur service et venir évoluer au sein des leurs, ma qualité de Marquise de Nylmord en sera la garantie et je veillerais personnellement à ce que personne n'y déroge ou je les ferais enfermés pour outrage envers un Aether. Ce n'est pas un crime anodin. Seulement, Neah, notre Lien avec vous prime sur tout le reste.
Tu...
Tu saisis ? Cela nous donne le temps de renouer avec notre alliance. Elle périclite et nos deux races se fourvoient l'une l'autre. Nous n'y arriverons pas si nous ne renouons pas le dialogue. S'il doit commencer avec les Enfants des Cieux, il n'y a aucun problème.
Nous pourrions créer une force conjointe entre Yüerell et l'armée Humaine, s'entraîner de manière annuelle les uns avec les autres dans l'éventualité d'un conflit ou même d'une bataille. Et faire en sorte que les Gardiens évoluent de pair avec leurs Protégés. Hum.

Devant le sérieux de la situation, les nerfs de l'Humaine craquaient et elle se mit à rire nerveusement.

Pourquoi tu ris ?
Je risque de casser la Canine Blanche au cours d'un affrontement amical.
Cela reste à prouver. L'Imprévisible peut aussi perdre une dent.
J'ai tellement hâte de te faire mordre la poussière devant toutes tes recrues.

Le Capitaine et la Matasif se souriaient l'un à l'autre, l'orage derrière eux.

Sous réserve d'une acceptation de notre côté. Que se passerait-il en cas de refus ?
Rien de particulier. Nous demanderons à vos professeurs. Cela n'empêcherait cependant pas les langues de parler de votre mépris continuel quant à notre progression.

Avec des conséquences néfastes s'ils persistaient dans cette voie. Neah avait compris le message. Son Humaine lui donnait des opportunités pour entamer un dialogue. Neah baissait son regard vers le paquet, en le reposant sur le bureau.

Est-ce que tu veux faire de nos enfants des Soldats ?
Si cela peut leur sauver la vie, oui.

Neah ne pouvait pas le lui reprocher. Lui-même avait pris la voie des armes pour la défense. Se défendre. Protéger les siens. Pour le Bien.

Nous ne pourrons pas être toujours là, Neah.
J'en ai bien conscience. Je peine assez à te protéger, alors que tu es parfaitement apte à résister à n'importe quoi.
Tu sais que ce ne serait pas pour tout de suite, c'est seulement pour le Service Militaire ! Ils pourront faire ce qu'ils veulent ensuite. Nous serons là pour eux, non ?

Mancinia s'était redressée sur sa dernière demande, allant observer les enfants, Neah la rejoignit.

Eh bien, on est réveillé ?

Isley ne bougeait pas, se contentant de hausser et froncer les sourcils en regardant les deux personnes penchées au-dessus de lui. L'Ange comprit bien vite que c'était sa présence qui suscitait une telle réaction. Il était père, d'une certaine manière, mais ses enfants, il ne les verrait pas aussi souvent que son envie le souhaitait. Ils étaient destinés à demeurer au sein du Royaume Humain, conformément aux souhaits de Mancinia et du peuple. Pourtant, son coeur se serrait d'une certaine fierté. Son fils avait les yeux bleus, une telle nuance qu'il croyait voir les siens. Ça le touchait. Mancinia tendit les bras et prit son enfant dans les bras pour le serrer contre elle. Son sourire était tant empreint de tendresse que remettre en doute ses sentiments auraient été une insulte. Elle le berçait doucement dans ses bras. Il était si calme. Neah tendit son bras pour caresser sa joue, mais Isley l'interceptait dans un mouvement incontrôlable. Le bébé tenait son doigt de toute sa main. Ce simple geste eu raison de ses dernières résistances.

Neah ?

L'Humaine était surprise de voir des larmes couler sur les joues de son partenaire. Il se rapprochait d'eux, la serrant contre lui tout en évitant de blesser son fils, le visage contre son épaule. Elle sentait ses larmes contre sa peau, il tremblait sans en avoir conscience. Cette réaction la perturbait autant qu'elle la touchait, prenant conscience que son Gardien était plein de cicatrices. Certaines ne se refermeraient sans doute pas, conséquences des affres vécu par son peuple. Voir un enfant devait ravir son coeur. Ils étaient devenus tellement rares et précieux au sein du peuple Angélique que voir des bébés ailés devait relever presque du miracle. Neah relevait son visage vers elle, essayant de se reprendre entre deux sanglots, mais il n'eut pas l'occasion de parler qu'elle l'embrassa. Un petit baiser pouvait cacher une grande passion. Mancinia souriait vraiment en s'écartant tandis qu'elle lui soufflait son amour. Elle n'avait pas besoin d'une explication. Isley gesticulait dans ses bras. Neah sourit en séchant ses larmes. C'était bien le seul endroit où il pouvait se laisser aller.

Tu n'es pas d'accord que j'embrasse ta maman ?
Je crois qu'il veut les bras de son papa.

Sans attendre une réaction de sa part, sa compagne lui mit l'enfant entre les bras. Il n'avait tellement pas l'habitude avec les bébés qu'il crut un instant lui faire mal rien qu'en le tenant, mais Isley fit aller ses bras en avant comme pour lui dire qu'il pouvait y aller et qu'il voulait un câlin. Neah le serrait contre lui avec délicatesse et le gratifiait d'une longue embrassade sur le front, tout en tenant sa petite main dans la sienne.

Toi, fils, tu es vraiment adorable.

3144 mots


[Événement] Les Enfants des Cieux - Partie I Chriss10
Art by Chrissabug

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Mancinia Leenhardt
Mer 01 Jan 2020, 20:00


Cette scène était sans doute la plus touchante qui lui ait été donné de voir, Mancinia ravalait sa salive en essayant d'ignorer les picotements sur ses yeux. Neah avait besoin d'une personne forte pour le soutenir, surtout en cet instant suivant un laisser-aller qu'elle ne lui connaissait plus. Depuis son retour, il s'était montré tour à tour fort, avant qu'elle ne fissure sa carapace et ne révèle toute sa fragilité. Il se laissait volontiers aux confidences depuis lors. Encore une fois, ce n'était que la conclusion d'un concours de circonstances entre sa présence, ses demandes pressantes et ses enfants, que son Gardien voyait pour la première fois. Des enfants qui, en raison de leurs sentiments partagés et de leur envie commune de faire leur vie ensemble, étaient aussi les siens. C'était très important pour elle. Mancinia se souvenait de la première vague qui était arrivée au sein de Qaixopia, elle avait voulu voir cette petite centaine de nouveaux arrivants et n'avait pas vraiment choisi lesquels seraient les siens. Elle ne voulait pas avoir l'impression de faire des achats avec des êtres vivants. L'idée même la répugnait. Seulement, ces deux enfants côte à côté avaient ébranlés tous ses sens lorsque son regard avait croisé le leur. Un véritable coup de foudre. C'en était presque improbable et pourtant, elle les avait voulus. Hélas, en quelques jours, certains des Enfants des Cieux étaient tombés malade. Les médecins avaient parlé du climat, plus délicat après avoir été habitué à Haute-Terre, cela pouvait aussi être une maladie qui leur était propre ou encore une mauvaise alimentation. Comment savoir ? En remettant leur vie aux mains de l'Aether. L'Humaine y avait vu une épreuve, surtout que les Jumeaux étaient souffrants. Tant pis. Elle avait fait une cure à base d'eau et de plante, distribuant ce remède miracle aux concernés. Sa main contre leur tête. Et ils avaient été guéris, lui créant un nouveau succès.

Que Sympan soit remercié. Sans la découverte de ce fragment à la puissance curative, cela aurait été impossible. Elle n'aurait jamais cru se faire au Dieu-Roi, mais les choses avaient évolué favorablement et il était temps d'enterrer les vieilles querelles, alors que son peuple lui était redevable. Mancinia avait mal à la tête et portait sa main contre son crâne. Cela avait eu des répercussions, mais elle ne désirait pas affoler son Gardien. Son rôle était de créer un foyer où Neah aurait envie de rentrer. Ce serait son souhait égoïste. Un lieu de sérénité. Qu'elle aurait aimé que tout soit officiel. Qu'on la laisse tranquille et concentrée sur des affaires plus urgentes. Des enfants avant le mariage, rien que l'idée aurait foudroyé quelques personnes. Comme tous ceux qui critiquaient Laëth Belegad. Si ce n'était pas si problématique, l'Humaine s'en serait probablement amusée, mais l'Amour et le Mariage avaient une importance rare chez les Anges. Ceux qui n'y prêtaient guère attention étaient des ignares, ironique pour des personnes qui se voulaient au courant de tout, mais pas de l'évidence. Le Capitaine Katzuta ne quittait pas vraiment son fils des yeux, avant de souhaiter remettre dans son berceau. Ce dernier protestait, refusant catégoriquement de dormir en gesticulant, menaçant de pleurer, alors Neah le reprit contre lui et l'enfant se mit à toucher son uniforme. Obnubilé par sa nouvelle passion. La Kaaezi observait tout cela d'un air attendri. Seulement, derrière ses sourires et le bonheur se cachait une longue fissure. Neah le voyait bien. Il le ressentait très bien.

Tu as l'air contrariée, nota-t-il. Il s'est passé quelque chose ?
Ce n'est pas contre toi, reprit-elle en continuant sa tâche.
Mais cela à avoir avec moi.
Ils ont été très stricte sur ma vie privée, lâcha-t-elle. Encore une fois.

Son sourire trahi son amertume. Ils n'avaient rien eu à redire suite à son retour, lui laissant probablement le temps de l'adaptation. Elle avait ensuite couru après les succès plus vite qu'un mari. Suite aux récents scandales ayant éclaboussé les structures Magiciennes, on lui avait dit d'être prudente dans ses relations suite à diverses preuves menant vers des personnes malintentionnées, le mieux étant de n'avoir aucune aventure amoureuse au cours de son mandat actuel, de crainte d'un événement incontrôlable n'éclate. Malheureusement, lorsque l'avertissement avait été donné, ils étaient en couple depuis un moment. Elle n'avait rien dit, mais le moindre faux pas risquait d'avoir de lourdes répercussions.

Je comprends, reprit-elle. Je comprends réellement l'utilité de me marier. J'en ai extrêmement envie. Je veux fonder une famille à mon tour, tout le monde le sait, alors pourquoi me rappeler une énième fois d'être prudente comme à une enfant ? Croient-ils que mon amour pour un homme me rend inapte à commander s'il n'y a pas d'anneau à mon doigt ? C'est une véritable insulte à l'encontre de tout ce que j'ai réalisée, seule et célibataire !

Neah aussi le comprenait. Mancinia voulait construire sa vie avec lui, construire une famille dans laquelle il serait, mais son compagnon devait accepter ce qu'elle était : une dirigeante dans l'âme, une guerrière à la langue aiguisée, peu présente, souvent épuisée en rentrant. Ce serait leur quotidien. Ils s'étaient habitués à ce nouveau rythme de vie, sans que cela n'affecte leurs fonctions respectives. Idril et Isley venaient seulement remettre un peu de bonheur dans leur existence. En la voyant aussi démunie et soumise aux critiques de son propre camp pour une raison aussi absurde lui fit serrer son âme. C'était de sa faute.

Peut-être est-ce parce que je suis une femme. On m'a déjà fait comprendre que je dirigeais avec mes sentiments, mais et alors ? Qu'est-ce que les gens se fichent de savoir que j'ai un homme dans la même chambre que moi tant qu'il y a les résultats derrière.
Peut-être sont-ils jaloux de nos performances.
Peut-être, dit-elle avec un sourire crispé.

La Fille du Soleil avait encore des remarques à revendre, mais s'arrêtait là en retournant à son bureau, essayant de se vider l'esprit. En vérité, elle comme lui savait la véritable raison. Il était courant que Mancinia ramène du travail à la maison, ses tracas quant à une décision, les paroles liées à son travail, les affaires militaires en cours qui l'empêchaient parfois de dormir. Cela faisait partie intégrante de leur existence ensemble. Neah était son épaule, son conseiller lorsqu'elle ne savait pas comment réagir devant une situation. C'était là un pouvoir que son Gouvernement ne souhaitait pas mettre dans les mains d'un étranger, tout aussi charmant et adorable soit-il. L'inverse était également très vrai. On lui en avait touché deux mots avant même qu'il ne prenne sa décision. L'Ange eu un sourire, se moquant bien de la confiance qu'on lui accordait. Il allait un peu profiter de sa présence, égoïstement, ce soir. Tant pis pour le reste.

Je suis ravi que tu défendes notre amour, sache-le. C'est important pour moi.
Je serai toujours là pour toi, Neah. C'est mon devoir d'aider mon peuple, mais aussi mon devoir de protéger mon compagnon des critiques de mes propres collaborateurs. Ils vont devoir apprendre à composer avec toi, désormais. Qu'ils aiment ou non les Anges demeure secondaire.

Neah avait le coeur qui battait doucement à l'entendre ainsi prendre sa défense, à la regarder, devant lui, tout en serrant Isley dans ses bras, ses vêtements soulignant ses courbes, son regard électrisant d'un bleu métallique et envoûtant, alliant tout son être, avec sa petite mine renfrognée qui s'acharnait contre le papier.

Et si on se mariait ?
Ce serait une idée.

Un sourire tendre avait germé sur son visage tandis qu'elle le regardait, sans pour autant se laisser décontenancer par une telle annonce. Neah manquait d'éclater de rire. Sans doute, alors, parviendrait-il à tourner cela à la plaisanterie, mais il n'en avait guère envie.

J'étais sérieux.
Moi aussi.

Le faisait-elle exprès ? Ce n'était pas impossible qu'elle ne comprenne pas ses véritables intentions après des semaines de vaines tentatives de sa part. Neah repose son fils dans le berceau, ce dernier se prenant dans une certaine contemplation pour ta tapisserie, sur ces quelques minutes de calme, l'Ange contournait le bureau pour venir se mettre à aux côtés de la femme, Mancinia cesse son activité alors que son compagnon saisit délicatement sa main pour l'aider à se relever. Elle se tourne vers lui, plongeant ses yeux dans les siens. L'amour qu'elle y lit la fait trembler de bonheur. Personne ne l'avait jamais regardée comme cela avant lui. Elle soutien son regard, espérant lui transmettre l'amour qu'il lui donne.

Mancinia, tu sais que je t'aime, mais tu n'imagines pas à quel point.

Soudainement, c'est comme si elle était victime de la situation, comprenant que les propos tenus étaient véridiques, sans oser y croire et en sentant doucement le contrôle lui échapper, ce qu'elle n'appréciait guère en temps normal.

Je suis sérieux.

Mancinia entrouvrit la bouche, interloquée.

Est-ce que tu veux m'épouser, Mancinia ?
Oui.

C'était un souffle. Sa réponse immédiate était un souffle rempli d'émotions. Une évidence, comme si la question ne devait pas être posée. La continuité de ce qui était. Elle serrait la main de son compagnon dans la sienne, puis le regardait droit dans les yeux. Il eut le souffle coupé devant une telle intensité. Le temps avait suspendu son cours, tandis que l'Humaine lui adressait un merveilleux sourire. Cette demande n'avait rien d'anodine, surtout dans sa situation. Et pourtant, cela semblait être le plus beau cadeau qui soit. Neah sourit et sortit de sa poche un écrin.

Oh.

Son acte était prémédité, mais depuis combien de temps ? Un nouveau chapitre de sa vie pouvait s'ouvrir à présent, ce n'est que maintenant qu'elle le comprenait, en le voyant sortir l'élégante chaîne d'argent dont le pendant était une note de musique dans le même alliage. Neah était un pianiste. Cela ne pouvait venir que de lui. Il le saisi délicatement dans sa main après que Mancinia eu rompu leur contact physique, sans un mot, se retournant dans un sourire, tout en relevant sa longue chevelure pour qu'il le place autour de son cou. Ainsi nouaient-ils les promesses chez les Humains. Mancinia mit sa main contre le collier, suivant la courbe de son cou, avant de se retourner vers lui. Son fiancé. Chez les Humains, la coutume était différente que celle pratiquer chez les Anges. C'est le collier qui incarne une demande en mariage. Une fois noué, personne ne peut le défaire. Si ce n'est l'époux, lors de l'union et lorsque l'anneau était mis au doigt de l'épouse, scellant définitivement leur engagement. Lorsqu'elle se retournait vers lui, les yeux brillant, le corps de Neah tremblait d'émotion. Sa fiancée.

J'ai un peu hâte de devenir ta femme maintenant, dit-elle, la voix tremblante d'émotion.

Son fiancé l'attire à lui et l'embrasse avec passion, scellant ainsi la promesse d'un avenir à ses côtés. Elle savoure ce baiser plus que jamais, la tête remplie de bonheur. Aucun mot ne saurait exprimer ce qu'elle ressent. Puis, ils restent un long moment dans les bras l'un de l'autre. Cette étreinte où elle se sent en sécurité, ressent son amour, où elle sent battre son coeur un peu plus fort, où ils étaient uniques. Tout cela lui rendait le sourire, loin des tourments de leur hiérarchie respective.

J'essaierai d'être le meilleur compagnon qui soit, dit-il en l'embrassant sur le front, ému.
Tu l'es déjà.

Mancinia saisi le col de Neah pour l'embrasser à son tour.

Wah ! dit une voix à côté d'eux.
Ouh ! reprit une autre voix.
D'accord, d'accord, vous deux. Vous êtes nos témoins. Pas un mot.

Les deux fiancés allèrent près de leurs enfants éveillés. Ils étaient d'un calme, comme s'ils savaient, inconsciemment, que ce moment était important.

Tu veux conserver le secret ?
J'aimerais mettre mes parents au courant. Je sais que ce collier va faire énormément parler de lui si tu sors avec lui après mon passage. Je veillerais à le faire rapidement pour que la nouvelle tourne. Tu seras ainsi déchargée de ta hiérarchie. Elle ne pourra pas te reprocher de vouloir améliorer notre alliance.
Et la Compagnie ?
Elle n'a pas à ingérer dans ma vie privée.

Ça l'étonnait quelque peu, mais si Yüerell comptait énormément pour lui, sa vie à ses côtés lui paraissait visiblement plus importante. Ça lui faisait plaisir, dans un certain sens.

Allons le dire à ta mère, Mancinia. Je suis certain que la nouvelle lui fera plaisir !

Assurément. Sa mère était celle qui la pressait le moins, ce devait d'ailleurs être l'ironie de la situation. En général, c'était les parents qui s'inquiétaient, mais cette dernière essayait d'être un soutien plus qu'un point de pression dans une vie chargée. Le couple descendait les escaliers en riant ouvertement. Mancinia n'eut pas à chercher bien loin sa mère qui était assise à l'ombre, près d'un point d'eau, tout en essayant de recoudre une pièce. Sylvia n'avait aucun mal à reconnaître la voix de celui qui la saluait.

Oh, Neah ? Je ne savais pas que tu étais là ! Bonjour, mon garçon ! On est venu voir ma fille en cachette ?
C'était un peu l'idée.

Les deux fiancés se lancèrent un regard et un sourire avant de reporter leur attention sur Sylvia.

Maman, nous avons quelque chose à t'annoncer...

2192 mots


[Événement] Les Enfants des Cieux - Partie I Chriss10
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Ven 24 Jan 2020, 13:57



Les enfants des cieux



« Pauline ! » « Gustine ! » Les deux sœurs tendirent leurs bras et s’enlacèrent avec un bonheur qui se lisait sur leur visage. Je souris, tout en essayant de reprendre mon souffle. Monter à Haute-Terre était fatiguant et nous avions dû faire beaucoup de pauses, pour la vieille femme mais également pour moi. Nous avions fini par utiliser la magie de la Magicienne pour aller plus vite. Sans elle, je ne serais jamais arrivée. J’avais envie d’une chaise. Mes jambes tremblaient et je me mis à sourire en pensant à ces petits pantins en bois qui faisaient des bruits caractéristiques. Mes genoux auraient été pareil s’ils avaient pu se toucher. Gustine se tourna afin de me présenter. « Voici Cendre. » « Enchantée Madame. » « Enchantée tout autant. » me répondit la concernée avec un grand sourire. Je n’avais pas de famille. J’étais apparue comme ça, par enchantement. Cependant, en m’attardant sur les deux femmes, j’eus réellement envie d’en faire mes grands-mères. Pour Gustine, c’était déjà un peu le cas. Pauline me paraissait tout aussi délicieuse. « Oh suis-je bête ! Mais entrez donc ! » « Ne t’inquiète pas, Pauline, il fait beau. Nous pouvons rester dehors un instant. » « Non non. Regarde cette pauvre chérie. Elle est toute fatiguée ! Il faut faire attention à la jeunesse, Gustine, tout le monde n’a pas des mollets aussi musclés que les tiens ! » Elle rit. « Oh c’est vrai que j’ai des bons restes. » Elle rit à son tour. Je me mis à sourire. Elles avaient l’air de beaucoup se connaître, ce qui était normal pour des sœurs. Je ne savais pas ce que ça pouvait faire. J’avais tellement envie d’avoir une sœur... Ou un frère… Ou les deux ! Je me demandais si Kaahl voudrait bien être mon frère ? Ça me paraissait un peu idiot, une fois formulé dans ma tête. Il était bien trop sérieux, de toute façon. Il n’allait pas me chatouiller et me poursuivre dans tout le château, même si Gustine était convaincue qu’il le ferait sans hésiter une fois que ses enfants sauraient marcher.

Pauline porta son visage vers le soleil de ce début d’après-midi. C’est vrai que le temps se radoucissait. La présence de l’astre du jour était rassurante, pas comme cette lune rousse qui était apparue peu de temps auparavant. Personne ici ne savait comment interpréter ce signe. Certains s’étaient précipités vers les temples de Phoebe. Pauline tapota plusieurs fois dans ses mains, ce qui me fuit sursauter. « Rentrons ! Je vais vous préparer ma dernière création, un thé aux baies de goji ! Je vous ai fait un gâteau au citron, vous m’en direz des nouvelles ! Mes amis adorent ! D’ailleurs, deux jeunes femmes devraient venir un peu plus tard pour me montrer leur bébé ! J’ai tellement hâte ! » Elle s’activa en nous désignant le canapé. Devant, il y avait une table basse où des tasses avaient été posées au préalable, en prévision de notre arrivée imminente. Je ne me fis pas prier pour m’asseoir. Pendant que Pauline préparait le tout, Gustine se pencha un peu vers moi. « Lorsqu’elle était jeune, ma sœur avait beaucoup de succès avec les hommes. Elle a failli me piquer mon mari ! » « Non ? » « Non. On en rigole souvent mais elle n’avait aucune chance ! Il était fou amoureux de moi. » Elle rit, visiblement très fière d’elle. Pauline avait cependant eu quelques vues sur lui, rien de bien sérieux mais de quoi l’inquiéter un peu, au début. Puis, quand il s’était avéré que l’homme n’avait aucune attirance pour elle, elle s’était fait une raison, surtout en voyant le comportement fleur bleue de Gustine dès qu’il était à proximité.

Lorsque Pauline revint, elle souriait toujours. « Alors Gustine, comment ça va ? Toujours au service de ton Baron ? » « Oh ça va tu sais, la vieillesse mais tu connais. J’essaye de marcher régulièrement pour m'entretenir. C'est le médecin qui me l'a conseillé. Les jours se ressemblent un peu mais, heureusement, je suis bien accompagnée. J’ai un peu mal aux articulations quand il va pleuvoir… Moi qui pensais que ce n’était qu’une fantaisie de grand-mère, me voilà bien punie de mes moqueries ! » Elle sourit. « Et oui je suis toujours au service du Baron avec Minou. Tout se passe bien ! Il a adopté des enfants et j’ai eu l’occasion de rencontrer une jeune femme très gentille de qui il est amoureux. Je suis sûre que tu en as entendu parler ! » « Laëth, n’est-ce pas ? Forcément. Elle est connue. C’est une des Élues d’Hel’dra, non ? Mais une guerrière… quand même, ce n’est pas raisonnable… » « Ne m’en parle pas. Quand le Baron m’a dit qu’il voulait aussi s’engager dans l’armée, j’étais tétanisée. Parfois, je n’en dors plus de la nuit ! En plus, il a mal à une jambe maintenant. Ce n’est vraiment pas raisonnable de s’entraîner comme un forcené ! » Gustine prit sa tasse de thé et en but une gorgée, bien trop chaude à son goût. J’observais les deux sœurs discuter, écoutant en essayant de suivre ce qu’elles se disaient. « Que veux-tu… Il a vécu la Guerre des Dieux, il sait que les soldats sont vitaux en cas de conflit. » « Mais quand même… Il aurait pu rester professeur et prêcher la paix. Laëth m’effraie un peu. Et s’il lui arrivait quelque chose ? Je suis certaine qu’il ne s’en remettrait pas. Et s’ils ont des enfants, plus tard ? » « Gustine. » commença sa sœur en posant sa main sur l’un de ses genoux. « Ne mets pas la charrue avant les bœufs. Je sais que tu veux que ça marche mais ici, l’on raconte que Laëth est toute à sa mission. En plus, son frère est un ronchon… Lui aussi est un Élu mais j’ai entendu dire qu’il avait de très vilaines manières et qu’il finirait sans doute Déchu de la colère ! » « Non !? Il n’y a plus de déchéance de toute façon. » « Alors il finira à l’Agbara ! » « Je pense que tu exagères. Les Enfants de Réprouvés sont plutôt rustres mais de là à parler de déchéance et d'Agbatruc… Quand même… » Pauline mangea un bout de gâteau et je la suivis dans son élan. « C’est délicieux Madame ! » dis-je, la bouche encore à moitié pleine. Celle-ci me sourit et reprit sa discussion après m’avoir remerciée. « Si ton Baron s’engage dans l’armée... » « C’est déjà fait. » « Bon. Puisqu’il est engagé dans l’armée et qu’elle est partie dans les explorations… » Pauline s’arrêta soudain, venant de comprendre quelque chose. « D’ailleurs, comme ça se fait que tu l’aies vue ? »

Avant que Gustine n’ait pu répondre, on frappa à la porte. Je souris. Ça devait être les amies de Pauline. Il y avait deux tasses en plus sur la table et la théière était encore à moitié pleine. « Pardon pardon. Je vais ouvrir. » Dans le couloir, on entendit un « Oui oui, j’arriiiive ! » enjoué, suivi d’un « Oh comme il est mignon ! Gustine ne va pas en croire ses yeux ! Oh mais quelles jolies petites ailes ! » Elle se mit à glousser. Bien sûr, elle avait déjà vu ces enfants ailés, puisqu’elle vivait à Haute-Terre. C’était difficile de les rater vu l’effervescence autour de ces bambins. J’étais loin de me douter de ce qu’il se passait. En réalité, je ne savais même pas que des Humains vivaient ici. Gustine, elle, était au courant, notamment grâce à ces nombreuses visites à Pauline. Beaucoup de Magiciens, surtout ceux qui ne vivaient pas au Lac Bleu, étaient encore dans l’ignorance de la situation. Il valait mieux.

Deux jeunes femmes firent leur entrée dans la pièce, l’une d’elle portant un bébé contre elle, coincé à l’intérieur d’un tissu placé de façon à maintenir l’enfant contre ce qui devait être sa mère. Il avait des protubérances que je trouvai un peu moches. « C’est un Ange ? » demandai-je en toute innocence après avoir dit bonjour. L’une des femmes rit, la deuxième suivant en lui attrapant la main avec douceur. « Non. C’est un Humain, comme nous. » « Quoi ? » fis-je, surprise. « Je peux le voir ? » « Bien sûr, venez. » me dit l’une des femmes. Il avait la peau noire, très noire. Le contraste avec la mienne était saisissant. Lorsqu’il ouvrit les yeux, je fus frappé par le bleu de ceux-ci. « On dirait de l’eau ! » m’exclamai-je. Là encore, le contraste entre la noirceur de sa peau et de ses cheveux, par rapport à la clarté de son regard était impressionnant. Puis il y avait ces petites choses, dans son dos, qui avaient été maintenues par un bout de tissu. « Elles sont un peu embêtante. Ça le tire en arrière alors nous avons trouvé une solution de maintien. » « Je vois… Mais je ne savais pas qu’un Humain avait des ailes… » Dans ma tête, je n’avais tout bonnement jamais vu d’Humains, pas du tout au courant que j’en avais croisé plusieurs dans la rue quelques instants plus tôt. Pour moi, ils vivaient tous dans le Désert, hormis la Matasif qui avait hérité de l’Archimage Nylmord et qui avait une propriété à elle sur le territoire Magicien. « Normalement non mais… » « Mais asseyez-vous donc ! » dit Pauline. « Nous discuterons autour d’un bon thé ! Surtout que Gustine n’est pas au courant non plus. » Elle rit. Gustine était curieuse.

Quelques minutes plus tard, tout le monde était en train de discuter. « Il y a un nouvel Æther qui est venu donner ces enfants aux Humains. Ce sont des cadeaux divins ! » « Des cadeaux divins ? » fis-je. « Oui ! » « Et dire que tu me laissais parler de ma petite vie alors que tu avais une telle nouvelle à me raconter ! Tu exagères Pauline. » dit Gustine en plaçant ses poings sur ses hanches, un mouvement faussement contrarié qui fit rire tout le monde. « Je voulais te faire la surprise et je ne savais pas comment aborder le sujet sans que tu doutes de sa véracité. C’est complètement incroyable ! En tout cas, il y a plein de bébés Humains ailés ! On les appelle les Enfants des Cieux. Tout le monde est très occupé. Moi-même, j’essaye d’aller aider à l’orphelinat. Il y en a tellement que ça ne m’étonnerait même pas qu’ils ouvrent les adoptions aux races proches des Humains, sans doute les Anges puis… peut-être les Magiciens… » « Mais… C’est une bonne nouvelle, non ? » Les deux mères sourirent. « Nous sommes enchantées mais il semble que les choses soient plus délicates dans le Désert. Väaramar n’a pas confié les enfants gratuitement. Il y avait des exigences. » « Ah bon ? Et comment s’appelle ce petit bout ? » « Sjar ! » Et la discussion reprit sur les conditions du Dieu. Mon esprit lâcha vite. J’étais incapable de me concentrer longtemps, même si j’avais conscience qu’il se passait quelque chose d’extraordinaire. Je compris que ces nouveaux Humains avaient des ailes et que ça les handicaperait sans doute puisqu’ils ne pouvaient pas utiliser la magie. Pourtant, comme le souligna Imma, c’était une bonne nouvelle sur le plan démographique. La Guerre des Dieux avait été rude pour le peuple et c’était peut-être la première fois que quelque chose de hautement positif se déroulait. Magda, elle, était convaincue que les Dieux se montraient de nouveau généreux envers les Humains et que ces enfants étaient un bon présage. Ça lui avait redonné foi en l’avenir.

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Lun 27 Jan 2020, 20:28


Comment va Jonah ?

Voilà la seule pensée qui me taraude l’esprit depuis mon départ. C’est complètement insensé ! Vraiment ! N’ai-je donc aucune estime envers moi-même ? Faut-il vraiment que je me soucie autant d’une autre personne ? Cette petite chose dégoûtante et puante ? RAAHH ! Qu’est-ce je fais ? Tout cela n’est pas viable ! Si les gens l’apprenaient ! J’en ai des sueurs froides rien que d’y penser. Le Mur a raison. Nous devons partir. Mais où ? Lagherta ? RAAAHHH !!!! Qu’est-ce que c’est prise de tête ! Non, mais qu’est-ce qui m’a pris ! J’aurais dû le foutre dans le feu dès que je l’ai vu ! Mais non ! Ses petites fossettes ont eu raison de moi ! POURQUOI !!! Tous mes plans : à l’eau ! Tout ce que j’avais prévu : à la poubelle ! Tout ce que je pensais faire : bel et bien enterré ! Qu’est-ce que je vais bien pouvoir faire de celui-là ? Heureusement son Mur se montre utile en terme de gestion de bébé. Et mon infirmière magique nous aide également … Qui aurait pensé que c’était si galère de s’occuper d’un bébé ? En plus, question communication, on a vu mieux ! Sérieux ! Allez essayer de faire comprendre à un bébé qu’il ne doit pas prendre mes échantillons de Bulbas Monticulus ! Ou de lui demander d’arrêter de tirer sur les poils de Bob … Je n’ai pas compris pourquoi Jonah est apparu dans mon salon, mais je me dis que si Ethelba me l’a mis entre les pattes, c’est qu’il doit bien y avoir une raison, non ? Peut-être qu’il vaut mieux que je ne me triture pas trop les méninges avec toute cette histoire ? Je ne sais pas … C’est compliqué : Et si Jonah était en train de se faire manger par un poulpe géant ? Et s’il se faisait remarquer par un autre sorcier pendant mon absence et qu’on le mangeait trop cru ? Non, Toupe ! Arrêtes de te dire pareille bêtise : le Mur sait ce qu’il a à faire ! Et toi, tu es là pour d’autres raisons ! Pense à ta mission ! Laisse Jonah où il est ! Et puis Pasqualina veillera sur la maison … Donc, recentres-toi !

C’est vrai, je dois me concentrer, si je suis ici ce n’est pas pour chercher des langes propres à Jonah ! Je dois m’enquérir sur autre chose. Des rumeurs courent. Sur ces cultes qui doivent disparaître. Je sais que cela peut paraître étrange, mais je souhaite creuser un peu plus. Peut-être que j’apprendrais quelque chose. Ou pas. Quoiqu’il en soit la Marche Terne pourra peut-être … Qu’est-ce que … Tiens, il y a de la fumée là-bas. Je me demande ce que c… Ah ! Mais on m’attaque ! Il va voir de quel bois je me chauffe celui-là ! Qu’il sorte de sa cachette, tiens ! Allez, hop ! Prends ça ! Et ça ! Alors qu’est-ce que ça fait d’avoir pleins d’œufs écrabouillés sur son visage, hein ? Tu fais moins le malin hein ? Ah … Allez, je m’ennuie maintenant ! Allez, hop ! Une petite boule de feu et … POUF ! Disparu, la bestiole ! …

Toujours cette fumée … Allons voir !

On dirait qu’il y avait du monde ici. Ils ont dû s’enfuir. La bestiole a dû les attaquer également … Ils n’avaient sûrement pas d’armes … En tout cas, elle a fait des dégâts : quatre chevaux morts, une carriole en charpie et retournée, des corps sans vie … Mmh, est-ce que c’est mal si je pense qu’ils ont sûrement eu ce qu’ils méritaient … enfin, je veux dire : c’est la vie quoi, avec ses hauts et ses bas … S’ils s’étaient défendus peut-être qu’ils seraient toujours en vie … Allez, passons notre chemin ! Ce ne sont pas eux qui vont me parler de ces rumeurs … Mais qu’est-ce que … Est-ce que ce sont des pleurs ? D’enfant ? Rah, Toupe, non ! Maintenant que Jonah fait partie de ta vie, tu imagines des pleurs de bébés tout le temps ! Allez, zou ! Continues ton chemin ! … Pourtant je suis sûre que … Oui, ils sont bien réels ! Est-ce qu’il faut que je partes maintenant ? Après tout … ce n’est pas le mien … Mais Jonah non plus n’est pas le tien, et pourtant il a un berceau, des joujoux, un Mur pour s’occuper de lui … sans oublier qu’il vit chez toi ! Alors, un de plus … NON ! TUT ! OUBLIES CETTE PENSEE ET POURSUIS TA ROUTE ! C’est plus sûr ! … Et moins encombrant ! Sans parle que ça utilise moins de couches, que c’est plus propre et cela apporte moins de tracas ! Allez ! Tu tournes la tête et marches droit devant toi ! Plus vite ! Non, pas dans cette direction ! Gnnh !

Regardons ce qu’il y a dans cette carriole … Je suis sûre que les pleurs viennent de là … Une autre bestiole pourrait être attiré par ces sanglots … et je n’ai pas envie de … Oh ! Un bébé ! Il pue autant que Jonah ! Enfin, « elle » … Mmf … Me voilà dans de beaux draps … Personne à droite. Personne à gauche. Peut-être que si je me cache quelqu’un viendra récupérer la petite … Je ne vais pas ouvrir un orphelinat non plus ! … Oui, c’est ce que je vais faire. Je vais me cacher là et attendre … Histoire d’être sûre qu’elle finisse entre de bonnes mains … C’est juste ce que tout le monde ferait … N’est-ce pas ? Oui, c’est cela … Et puis, elle me fait penser à Jonah aussi … alors, je ne peux pas l’abandonner comme ça.

Voilà, là je suis bien cachée … Oh, la pauvre … Elle pleure encore. Peut-être qu’elle a faim ? J’aurais peut-être dû la nourrir avant de me cacher ? NON TOUPE ARRETES ! TU N’ES PAS SA MERE ! Oui c’est vrai ! Je suis passée par-là au mauvais endroit, au mauvais moment … J’attends juste encore quelques minutes et après je pars … même si personne n’est venue ! Voilà ! C’est ce que je vais faire ! Un bébé de moins ou de plus ! Pff qui verra la différence ! Hein ? … HEIN ?

La pauvre quand même … Elle n’a pas de Mur comme Jonah pour veiller sur elle … Peut-être que si j’invoquais mon infirmière, elle pourrait … TOUPE !!!! NE COMMENCE PAS ! RAHHHH ! Il faut rester concentrer sur ta mission ! ET RIEN D’AUTRE ! Pas sur un poupon aux cheveux blonds et aux yeux bleus qui pleure comme s’il vivait le martyr ! Par Ethelba ! Et si elle s’était cassée quelque chose lorsque la carriole s’est retournée ? Il faut peut-être que j’aille v… N’Y PENSE MEME PAS ! Tu sais très bien ce qu’il se passera si tu t’approches ! … Mais elle a peut-être mal ? ET ALORS ? Mais c’est un bébé ? ET ALORS ? Je t’en foutrais des « ET ALORS » moi ! Allez, je vais voir ! RAAAHHH !

« Oh qu’est-ce que t’es mignonne toi ! … Vouiiii ! En plus je peux te dire ce que je veux parce que tu peux le répéter à personne ! Vouiii ! Gouzigouzigouzi ! Comment tu t’appelles toi ? Hein ? Vouiii ! Bah vouii ! Il va falloir te donner un nom ! Bah vouiii ! Et, oh ! Qu’est-ce que tu as dans le dos ! Oh, c’est bizarre ça ! Bah vouiii ! Est-ce que tu serais une bébé ange handicapée ? Une atrophiée ? Gouzigouzi ! Qu’est-ce qu’on va dire de moi si on savait que j’avais un humain et un ange à la maison hein ? On va venir m’étriper, c‘est sûr ! Hien ? Bah vouiii ! Gouzigouzigouza ! Tu aimes bien ça les chatouilles hein ? Gouzigouzigouzi ! Tu sais quoi ? Je pense que Jonah va être content d’avoir une nouvelle copine de jeu ! Bah vouiii ! On va devoir déménager aussi ! Vouii ! Parce que sinon, y’aura plus de maman sorcière ! Bah non ! Gouzigouza ! Le Mur va rien comprendre à ce qu’il se passe, mais on s’en fout, pas vrai ? Bah vouiii ! Un bébé de plus ou de moins … C’est pareil, pas vrai ? Bah vouii ! Gouzigouzi ! »

Mmh, des changements allaient s’imposer ! Une nouvelle maison ! Cachée ! Peut-être un ou deux domestiques … des « gentils », en qui je pourrais avoir confiance … RAAAH Toupe ! Dans quoi, tu t’es encore fourrée ! En même temps, je suis arrivée au mauvais endroit, au mauvais moment … Ethelba a sûrement des projets pour moi … deux bébés ! Mmmh … Je crois que je vais me terrer quelques temps à l'intérieur … histoire de ne pas tenter ma chance avec une troisième surprise à couche … Ca vaudrait peut-être mieux ...
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[Événement] Les Enfants des Cieux - Partie I

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