Le Deal du moment : -45%
WHIRLPOOL OWFC3C26X – Lave-vaisselle pose libre ...
Voir le deal
339 €

Partagez
 

 Dans la gueule du mal | Nostradamus

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas 
AuteurMessage
Invité
Invité

avatar
Sam 22 Fév 2020, 10:34



Ọrun, dans la gueule du mal

Ọrun fut tiré de ses songeries à l'aube par un grand fracas métallique qui le fit sursauter. Il aurait probablement manqué de tomber de sa couche si celle-ci avait été plus qu'une simple paillasse posée à même le sol. Passablement confus, l'homme glissa furtivement jusqu'aux barreaux de la cellule, en prenant soin d'éviter les autres dormeurs (dont la plupart étaient éveillés maintenant), accroupis pour qu'on ne le remarque pas.
Une cohorte de jeune anges passa devant la geôle, escortés par trois ou quatre démons en armes. Quand l'un d'eux réalisa que des prisonniers étaient en train d'observer leur passage, il fit claquer le manche de sa hallebarde contre les larges barreaux de fer. Ọrun et les autres reculèrent dans l'ombre par réflexe en s'agglutinant les uns aux autres. Mais avant de disparaître dans l'angle du couloir, quelques anges du cortège détournèrent la tête vers eux dans un bref échange de regard. Ọrun fut parcouru d'un frisson qui serpenta tout le long de son échine, en partant de la base du dos jusqu'à sa nuque. Interdit et troublé, on s'avisa sans rien dire et chacun retourna à sa place.
Après un moment cependant, quelques murmures s'élevèrent pour évoquer les Terres Arides. Les rumeurs traitant de ces fameux transferts de prisonniers s'emballaient depuis quelques jours, au point de devenir folles. A ce stade, Ọrun ne savait plus quoi penser ni quoi craindre : il n'était pas convaincu de ses chances de survie une fois en mer, pas plus qu'en restant ici. Son moral s'effondrait à force de croupir au fond d'une cellule putride et il peinait à réfléchir raisonnablement.
Le constat d'un éclaircissement dans les rangs démoniaques pouvait s'expliquer de mille façons, toutes exploitées (et distordues jusqu'à l’absurde) par ses camarades à la santé mentale compromise à force de mauvais traitements. Il avait l'impression de devenir fou lui aussi, que ça le rongeait peu à peu. Le jeune ange se retrouvait à lutter contre lui même et ses envies de tout abandonner, érodant ses ressources personnelles à la surface de cet environnement hostile. Les prières le maintenaient dans un état d'espérance ténu et qui semblait de plus en plus vain. Il s'y accrochait cependant, avec toute l'ardeur du désespéré (car c'était probablement tout ce qu'il pouvait faire).

Après un moment, cependant, on vint les chercher : les transactions se faisaient de bonne heure, comme c'était de coutume sur les marchés (que l'on vende des esclaves, ou des kilos de pomme). Trois gardes s'occupèrent d’enchaîner les prisonniers un à un, et les uns aux autres, à l'aide d'une longue chaîne enchantée censée prévenir toute tentative de fuite en chauffant les fers de quiconque en aurait seulement l'intention. Ọrun en avait fait les frais le premier jour, mais comme il renonça très vite à l'idée, cette calamité là l'épargna au moins (contrairement à certains pairs, qui portaient désormais d'horribles cicatrices aux poignets).
Le jeune ange effectua le trajet séparant les geôles de l'estrade du marchand de manière totalement mécanique. Il sortait rarement de ses songeries désormais. Les heures passaient comme dans un rêve absurde : des images floues défilaient sans accrocher sa mémoire. Il était même probable qu'après coup, il n'en retienne rien... A moins que tout ceci n'aille directement s'enfouir dans un coin sombre et secret de sa mémoire ? Qui sait.
Ọrun s'interdisait même de songer au lendemain tant sa situation était précaire, il était donc à mille lieux d'envisager les conséquences éventuelles que tout ceci aurait sur sa personnalité (si d'aventure il venait à s'en sortir). Cependant, la perspective d'un affaiblissement du camp du mal lui faisait craindre des réactions drastiques. Il était à peu près sûr que les démons n'auraient aucune pitié pour eux, dans l'hypothèse où des alliés monteraient à l'assaut. Peut-être finiraient-ils en monnaie d'échange (comme des otages à troquer contre une opportunité de fuite) ou bien les sacrifierait-on pour s'assurer de ne rien céder à l'ennemi. On était en droit d'attendre le pire des démons : c'était, après tout, dans leur nature.
Ọrun avait donc peur, en effet. Il accordait une attention presque totalement dissoute à ce qui l'entourait. Les visages lui paraissaient des masses floues. Il entendait des éclats de voix. Il voyait se dérouler des scènes d'une violence banale (et qui ne l'émouvaient plus). C'était un ordinaire aliéné. Mais, comme son pied buta contre une marche de bois (qui permettait d'accéder à l'estrade), il eut un genre de sursaut et sortit de ses considérations.

Ses yeux bleus se mirent à fureter alentours dans un discret mouvement de panique. Il avisa le visage de ceux qui l'entouraient : d'autres prisonniers et le marchand qu'il reconnaissait. Le reste appartenait aux passants. Il y avait un démon en train d'aviser une jeune femme à quelques mètres de lui, deux autres en capuche tout à leur conversation. Ọrun eut un souffle.
C'est alors que son regard accrocha le visage sévère d'un homme au milieu de la foule. Il apparaissait visiblement plus âgé que la moyenne des démons, dont la nature figeait le plus bel aspect (et donc la jeunesse) pour créer de parfaits objets de tentation. A ce titre, il y avait fort à parier pour que cet homme fusse d'une engeance différente de la majorité en présence (même si Ọrun était tout à fait incapable la déterminer : l'obscurité, sous toutes ses formes, lui paraissait noire) . Cependant, son aura lui inspira un vague et bref sentiment de terreur, comme si ses sens voulaient l'avertir de quelque danger inaccessible aux raisonnements logiques.
Ọrun baissa immédiatement les yeux, dans un geste de pur réflexe. Il riva son attention sur ses propres mains, jointes et serrées, bouleversé par une impression persistante et glacée de vulnérabilité. Doucement, l'ange se mit à réciter une prière à Sarina en essayant d'invoquer les images des Jardins de Jhën pour se calmer. La journée venait à peine de commencer : il devait éviter de se laisser impressionner de la sorte (il savait ce que l'on faisait à ceux qui perdaient la raison). Dans ces conditions, retourner à ses songeries, à son état d’hébétement ordinaire, rassurant mais à peine tiède, était probablement le mieux à faire. Alors, il ferma la bouche, ne bougea plus et attendit.


Revenir en haut Aller en bas
Stanislav Dementiæ
~ Sorcier ~ Niveau II ~

~ Sorcier ~ Niveau II ~
◈ Parchemins usagés : 1372
◈ YinYanisé(e) le : 30/01/2016
◈ Âme(s) Soeur(s) : Aggripina, la seule, l'unique.
◈ Activité : Mangeur officiel de chaire fraiche
Stanislav Dementiæ
Dim 23 Fév 2020, 12:43


Image de Natalia Sorokina #
« Est-ce vraiment nécessaire ? » demanda le démon. Il s'était exprimé en Snēk, comme le lui avait demandé son protégé. Une requête plutôt singulière mais à laquelle il se pliait sans trop de difficulté : s'exprimer dans sa langue maternelle était finalement plus facile pour lui. Dans les premiers temps, la demande lui avait parue étrange. Puis il avait comprit en voyant son maître se plonger dans l'étude de cette langue. Nostradamus avait décidé d'apprendre le dialecte démoniaque. Puisqu'il serait amené à rester sur les Terres Blanches et donc à en côtoyer les habitants, il lui paraissait normal de se plier aux coutumes locales. S'il voulait s'intégrer à la population, parler la même langue qu'eux était une première étape cruciale. « Oui. » répondit le sorcier. Il resta silencieux quelques secondes, réfléchissant au vocabulaire qu'il allait employer pour construire sa réponse. « J'ai dû céder trop d'esclaves pour les envoyer sur le nouveau territoire des Anges. » L'accent était fortement présent, malgré les efforts de l'homme. Cela mis à part, ses progrès étaient impressionnants. Cela ne suffisait cependant toujours pas au Dementiæ : il avait encore un long chemin à parcourir avant d'atteindre le niveau auquel il aspirait. A force d'écouter et d'étudier, il commençait comprendre quelques mots ici et là dans les conversations mais c'était bien loin du but qu'il s'était fixé. Les choses n'allaient pas assez vites à son goût mais il n'y avait rien qu'il ne put faire pour accélérer le processus : tous les élèves rêvaient de trouver le miracle leur permettant d'assimiler les leçons plus facilement, et bien qu'il eut quitté l'Académie il y a bien longtemps, l’Apôtre ne semblait toujours pas avoir trouvé la clé permettant de résoudre ce mystère universel. « Ceux qu'ils me restent sont tous occupés. J'ai besoin de nouveaux esclaves pour mes... » Le Mage fronça les sourcils. Il ne retrouvait plus le mot qu'il désirait utiliser. « Vos affaires ? » proposa Zéphyr. Le Sorcier acquiesça en silence. Cette hésitation semblait avoir contrarié l'apprenant. Irrité, il se pencha par dessus les ouvrages qu'il était occupé à déchiffrer. Les lignes rédigées dans un alphabet inconnu avaient été cryptées par les soins de leur auteur, et parvenir à les décoder demandait tous les efforts à leur nouveau propriétaire. C'était un véritable casse-tête mais la richesse des informations contenues entre ces lignes en valait largement la chandelle. Sa plume s'animant d'elle-même, le mage termina de traduire son paragraphe avant de rassembler ses affaires. « Bien, il est temps. » annonça le Maître. Il s'était cette fois-ci exprimé en langage commun. Avant de quitter son office, l'homme manipula un étrange cube de métal qu'il projeta contre un mur. Au lieu de rebondir, l’artefact laissa apparaître une porte en bois par laquelle le gestionnaire s'engouffra. Il replaça les grimoires et ses notes là où il les avait trouvé puis remonta.

Nostradamus se présenta devant l'estrade où monteraient les esclaves à vendre. Il était encore tôt mais une foule conséquente s'assemblait déjà devant la scène. Ils étaient nombreux à avoir cédé leurs précieux jouets contre leur volonté. La simple idée de devoir en racheter des nouveaux leur était agaçante, mais ils n'avaient pas eut d'autres choix que de se rassembler ici. Ne restait plus qu'à savoir qui se montrerait le plus généreux pour obtenir la perle qu'il désirait. Le Mage Noir patienta silencieusement, laissant traîner ses oreilles dans les conversation de ses voisins. Même s'il ne quittait pas souvent son domaine, la victoire de la Coupe des Nations lui offrait une notoriété suffisante pour que les démons le reconnaisse comme l'un des Ellēs uzvarētājs. Un étranger. Les plus sots, ne songeant pas un instant qu'il fallait être un minimum futé pour remporter la victoire de leur peuple, échangeaient en Snēk sans se douter un instant qu'ils étaient écoutés. Même s'il ne comprenait que des bribes, l'espion parvenait à se faire une idée assez générale du sujet de leur conversation. Finalement, les esclavagistes firent monter les produits sur l'estrade, montrant leur marchandise aux potentiels acheteurs.

Le Dementiæ braqua son regard sur un faciès enflammé. Parfois, il arrivait que son esprit se fixe sur une personne en particulier. Il ne se l'expliquait pas vraiment. C'était davantage un instinct qu'une pensée raisonnée, une obsession grandissante qui l'obligeait à se focaliser sur une cible... Son instinct de chasseur remontait à la surface, donnant naissance à des désirs tordus, parfois dangereux, souvent viciés. Les yeux bleus de l'Ange avaient allumé cette étincelle d'intérêt chez le tueur. Je le veux lui, pensa-t-il. Il semblait mal en point, mais pas plus que le reste de la livraison du jour. Aucun d'eux n'était particulièrement robuste, aucun ne semblait totalement saint d'esprit : la foule diminua de moitié, les exploiteurs de mines et autres geôliers nécessitants des esclaves puissant s'en allant bredouille. Pas étonnant : ce marchand là était reconnu pour présenter des esclaves lettrés, dotés de qualités intellectuelles supérieures face au commun des Sọnu. L'esclavagiste commença à présenter ses esclaves un à un, vantant la beauté du premier, l'obéissance du second, la candeur d'un autre, l'efficacité du suivant. Les enchères s'enflammaient sur les belles figures, traînaient sur les plus amochés : obtenir un jouet déjà cassé n'était pas aussi réjouissant que de pouvoir le maltraiter soi-même. Nostradamus, lui, resta silencieux durant tout ce temps. Sa cible était déjà toute désignée et aucun des autres esclaves ne l'intéressait. Lorsque le tour du rouquin arriva, le Sorcier se mit en avant. Il ne restait plus beaucoup d'acheteurs, mais tout de même : il ne comptait pas risquer qu'un autre le lui vole. « Cet esclave là parle couramment le Snek et le Naciaze en plus de la langue commune. Il se montre docile et calme. Son prix de base est fixé à quatre-vingt  Kaṇive. » « Quatre-vingt-dix. » « Cent-dix. » Les voix des rares Maîtres encore présents s'élevaient. L'Issemith s'approcha jusqu'au pied de l'estrade, son regard essayant d'accrocher à nouveau celui de l'Ange. « Deux-cent-dix. » Un silence suivit son offre. Il était rare que le prix d'un esclave monta aussi haut, quand bien même il ait la qualité d'être lettré. Il était plus exceptionnel encore que l'offre grimpe aussi vite. « Deux-cent-dix? Personne ne veut surenchérir ? Deux-cent-dixune fois ! Deux fois ! Trois fois ! Adjugé pour Deux-cent-dixKaṇive. » Un sourire carnassier se dessina sur le faciès de l'homme lorsqu'il fut déclaré propriétaire.

Quelques minutes plus tard, Zéphyr échangeait les pièces contre l'esclave qu'on lui tendit au bout d'une corde. Nostradamus s'approcha de l'Ange. Son visage à nouveau neutre et fermé, l'homme s'empara du menton de son esclave et commença à le manipuler, comme pour s'assurer de la qualité de sa marchandise. Une nouvelle fois, il chercha le regard céruléen de son nouveau jouet. Une fois que leurs yeux se croisèrent, un rictus s'étira sur le sorcier. « Nous allons bien nous amuser, ensemble. »



Merci Kyky  nastae
Revenir en haut Aller en bas
http://yinandyangpower.forumactif.com/t34204-nostradamus-dementi
 

Dans la gueule du mal | Nostradamus

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut 
Page 1 sur 1

 Sujets similaires

-
» | Nostradamus |
» | Nostradamus Dementiæ |
» [Q] Contrôle-moi | Nostradamus
» | Nostradamus Dementiæ |
» Défions la mort | Nostradamus
Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Le pouvoir du Yin et du Yang :: Zone RP - Mers :: Mers - Est :: Mer de cristal :: Terre blanche-