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 Stage de Vol | Ouvert à tous

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Jil
~ Lyrienn ~ Niveau 40 000 ~

~ Lyrienn ~ Niveau 40 000 ~
◈ Parchemins usagés : 495
◈ YinYanisé(e) le : 23/07/2014
◈ Activité : Prof de Botanique, Puff-Puff Gueurle (Équipe C), Patronne de la Tendre Miche
Jil
Lun 23 Déc 2019, 18:32

Stage de Vol





— « J’ai bien compris, Jil, mais les autres, eux, ne vont pas sauter de cette hauteur, pas cette fois en tout cas. »

La tignasse fauve de la Lyrienne flottait au vent comme une crinière, et elle gardait les yeux rivés vers le sol lointain, une lueur inconsciente dans le regard. À cette hauteur, les toits des Quartiers Simples n’étaient rien de plus qu’une toile éclaboussée de pastels variés. Ils étaient au-dessus des cheminées, au-dessus des oiseaux, au-dessus même des nuages ; parfois, une masse blanche d’eau venait s’écraser contre les Halles des Titans, et la brume coulait paresseusement dans ses ruelles. L’envie de sauter était irrépressible, mais elle se fit violence.

— « C’est parfait ! Parfait ! Regardez, on voit ma maison ! Ah non, c’est une mouette. Là ! Comme c’est petit ! Combien de temps ça nous prendrai de tomber d’ici ? Longtemps, hein ? J’imagine la tête des passants ! On peut y aller maintenant ? »

L’instructeur semblait sur le point de l’attraper par le bras pour la tirer en arrière, mais elle bougeait tant et dans tous les sens qu’il craignait de la faire passer par-dessus bord. Derrière lui, une file de participants attendaient leur tour, pour la plupart emmitouflés dans de grands manteaux. Le froid qui régnait à cette altitude mordait la peau, et il n’y avait plus de mur pour s’en abriter. Ils se trouvaient au sommet de la Grande Bibliothèque, sur une longue plateforme qui avait été installée spécialement dans le but d’initier les jeunes Déchus au vol. La plupart du temps, on y rencontrait surtout des enfants, ou des adultes ayant reçu une amende pour comportement dangereux. Mais aujourd’hui, on y accueillait un tout nouveau type de participant : de toutes les Terres du Yin et du Yang arrivaient des membres de races diverses s’étant soudainement vu gratifiés d’une paire d’ailes grises, ou équipés d’artefacts mimant à la perfection les appendices dorsaux. Chacun se retrouvait soudainement confronté à de nouveaux membres, à une nouvelle manière de se déplacer. Et tout comme on apprend à marcher, à nager, ou à chevaucher, ils devaient reprendre à zéro.

Jil en faisait partie, elle avait même initié le mouvement en faisant placarder partout des affiches peintes à la main où elle expliquait son projet à grand renfort de dessins. De fait, c’était sa sixième séance, et chaque fois les étudiants étaient plus nombreux, désireux eux aussi de goûter aux joies de l’envol. Les instructeurs, eux, commençaient à peine à appréhender sa personnalité explosive. Celui qui officiait ce jour-là, Suraak, se pinça l’arête du nez, et pris une voix plus autoritaire.

— « Jil ! Ça suffit, vient là. »

Elle se pencha un peu plus, un instant, puis se redressa et adressa une moue déçue à l’homme, ses grands yeux émeraude brillant à la lumière du soleil. Il soupira en l’observant se redresser ; elle portait un blouson de cuir au col de fourrure, et en dessous, un simple débardeur moulant blanc. Un pantalon bouffant en toile était attaché à sa taille par une large ceinture en tissu, et s’enfonçait dans une haute paire de bottes à boucles. On n’aurait dit qu’elle ne sentait ni le froid ni le vent ; ou peut-être était être trop excitée par la chute pour se préoccuper de son nez rouge, de son épiderme hérissé et de ses extrémités insensible. Elle jouait sur l’attachement qu’il éprouvait pour elle, un peu comme tous les autres instructeurs d’ailleurs. Comme d’autre, il l’avait suivie à chaque fois qu’elle avait invité toute l’équipe à boire un verre, et il n’était pas le premier ni le dernier à avoir couché avec elle, mais ça ne l’empêchait pas de tous les faire tourner en bourrique. Il la quitta des yeux un instant pour s’adresser aux autres :

— « Bon. Pour la plupart d’entre vous, c’est un premier vol. Ici, c’est la plateforme de saut principale, mais rassurez-vous, nous ne nous jetterons pas tout de suite d’ici. Il vous faudra un peu plus de théorie et de pratique avant d’en arriver à ce point. » Il se gratta la tête et désigna quelques personnes dans la foule. « Les corbeaux, vous irez avec Nassira. »

Ceux qu’il désignait par ce terme, les Déchus aux ailes noires, descendirent par un escalier un peu plus loin. Le surnom était vieux de plusieurs millénaires, il était à mettre en opposition à celui qu’ils donnaient aux Anges, à savoir : les « Pigeons ». On avait commencé à appeler ceux aux ailes grises des « Tourterelles », et ceux qui supportaient de larges ailes en métal étaient nommés, plus simplement « Coucous ». Quant à Lyrienne un peu agaçante dans son dos, elle avait hérité d’un pseudonyme bien à elle, qu’elle tirait de ses ailes si particulières. Il se retourna pour lui donner ses instructions, avant de continuer avec les autres :

— « Toi, l’Ara, tu… »
— « Oui, chef ! »

Avant qu’il n’ait eu le temps de dire quoi que ce soit, elle étendit largement ses ailes. Elles étaient bleues, rouges, orange et jaunes à la fois, panachées de couleurs vives et éclatantes qui rappelait l’oiseau insulaire qui lui avait valu son sobriquet. Cependant, alors que les yeux de Surak s’agrandissaient et qu’il tendait une main dans sa direction, le vent s’engouffra sans difficulté dans les plumes de la jeune femme, et c’est avec un glapissement surpris qu’elle fût happée dans le vide. Un murmure horrifié parcourut l’assemblée, avant qu’elle réapparaisse avec un cri aigu de pur bonheur. L’instructeur sacra à grand voix, mais ses jurons furent perdus dans le bruit provoqué par la Lyrienne effectuant une figure au-dessus d’eux avant de plonger vers la ville. Malgré lui, l’homme sentit le coin de sa bouche se tendre en un sourire irrépressible ; tant de bonheur ne pouvait qu’être communicatif. Il regarda ce drôle d’oiseau descendre en tournoyant, puis se retourna d’un bloc vers les autres.

— « Pas la peine de rêver, va falloir bosser un peu avant d’en arriver là ! Allez, suivez-moi. »

1004 mots.

Explications


Hello !

Ce RP est fait pour tout ceux qui se sont récemment retrouvé avec une paire d'aile en plus :D Que vous soyez membre d'une race qui ne vole pas de base, ou que vous ayez soudainement à gérer deux paires d'ailes ou plus, une formation semble nécéssaire, et c'est le but de ce RP. En Avalon, on va vous former à ne pas mourir, et à ne tuer personne pendant que vous vous essayez à vos nouveaux appendices.

Durée du rp : Jusqu'au 01/03/20

Message : Un message unique de minimum 720 mots.

Gains


Pour 720 mots, vous obtenez un blouson en cuir qui ne se déchirera pas quand vous déployez vos ailes, et qui vous tiendra chaud quand vous planerez au-dessus des nuages. Si vous montez jusqu'à 1200 mots, un point de spécialité en Agilité ou en Force vous attend !


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Jil
~ Lyrienn ~ Niveau 40 000 ~

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Jil
Lun 23 Déc 2019, 22:18


Le bruit de l’air dans ses rémiges, la sensation qui remonte le long de l’aile, jusqu’à ses omoplates ; c’était comme ouvrir les yeux pour la première fois. Ce sentiment de pure extase, il devait être proche de celui qui se découvre un sens après en avoir été privé toute sa vie : elle n’avait pas la moindre idée de ce qu’elle manquait avant de l’éprouver enfin. La liberté d’aller où elle voulait, quand bon lui semblait, de gravir les strates d’air chaud comme si c’était des marches ; lire les courants ascendants comme des pancartes. Jil filait au-dessus des rues en riant, et on la désignait du doigt à grand renfort d’interjections. Les reflets bleus qu’elle projetait sur les vitres attiraient l’œil, et elle rendait avec plaisir les gestes de la main qu’on lui adressait. Les Quartiers des Sommets étaient riches, riches de haut bâtiments, de tours, de cheminées, d’obstacles dans sa course effrénée. La jeune femme rousse naviguait au milieu de ces pics artificiels, s’imaginant Dragon parmi les monts de la chaîne de l’Edelweiss. Elle rugissait de plaisir, suivait les volées de pies comme s’il s’agissait de proies. Affolés, un couple d’hirondelles louvoyèrent entre les deux flèches du Temple de la Justice, et la Lyrienne les suivit tant bien que mal, jusqu’à ce qu’elles disparaissent dans le feuillage d’un grand chêne, qu’elle traversa malgré elle. Des brindilles dans les cheveux, une botte en moins, elle sortit de l’autre côté tant bien que mal, son enthousiasme loin d’être tempéré. D’un mouvement d’épaule, elle se débarrassa de quelques feuilles, et reprit son vol.

En ce jour de solstice, la saison froide prenait fin, et un ciel sans nuages illuminait la cité de couleurs rassurantes, d’ocre et d’argent. Le soleil couvait chaque toit, chaque rue pavée de son drap doré, tandis qu’il descendait lentement sur l’océan. Petit à petit, le Cœur Vert plongeait dans l’obscurité, mais Avalon, Avalon la Grande, brillait encore de mille feux. Les allumeurs se mettaient en route pour éclairer les voies principales à la lueur d’une lanterne, les marchés fermaient pour laisser la place belle aux bordels, aux restaurants et aux tavernes. Au-dessus de cette saine agitation, l’Ara fendait en silence les vents marins, cherchant la colonne d’air chaud qui la porterait sans effort. Quand elle l’eut trouvé, elle s’immobilisa dans les airs, comme figée dans le temps, soulevée par la chaleur de la pierre et de la ville qui se relâchait doucement dans l’air de la soirée. Elle ferma les yeux, un instant, un moment de plénitude qui lui était réservé : sans poids, sans attache, sans entrave. Lorsqu’elle se sortit de sa torpeur, le jour avait encore reculé, le ciel s’était teinté de feu. D’un coup de bassin, la jeune femme bascula sur le côté, et entama la redescente. Chaque seconde passée à chuter lui faisait gagner un peu plus de vitesse. Elle se trouvait encore loin au-dessus des plus hauts bâtiments de la cité ; le continent lui-même était semblable à une carte extraordinairement détaillée. Elle tomba encore, encore plus vite. L’air sifflait avec violence à ses oreilles.

L’impact fut brutal et étourdissant ; elle ne sentit le contact de l’oiseau contre sa poitrine qu’après que celui-ci eut disparu dans l’obscurité grandissante. Du coin de l’œil, il lui sembla voir une mouette effarouchée lui adresser un regard meurtrier en rétablissant tant bien que mal son assiette.

— « Pardon ! Désolé ! »

Sa voix diminua en une fraction de seconde alors que le volatile effarouché se désintéressait d’elle définitivement. Jil, elle, était loin de posséder la même aisance ; elle chutait sans rien contrôler, se tournant et se retournant sur elle-même à en perdre toute notion du haut et du bas. Entre deux clignement de paupière, elle voyait la ville s’approcher, toujours un peu plus. Ses ailes produisaient un vacarme étourdissant en se faisant battre par les vents, mais pas moyen de se contorsionner pour les remettre d’aplomb. Une panique justifiée commençait à la gagner lorsque les lumières d’Avalon occupèrent le plus gros de son champ visuel. Quand il fut évident qu’elle ne s’en sortirait pas en volant, elle rentra ses ailes, et se roula en boule. Sa descente s’accéléra à nouveau.

Elle filait à présent en direction de la Grande Bibliothèque, et son instructeur serait bientôt aux premières places pour la voir s’intégrer harmonieusement avec les tuiles brunes du toit. Peu désireuse de contribuer de cette manière à l’architecture Déchue, elle ferma les yeux, et son corps se mit à briller furieusement ; des pieds à la tête, sa peau devenait luisante, d’un orange chaud, puis d’un blanc éblouissant. L’air craquait à son passage, et dans la ville, quelques badauds levèrent les yeux, cherchant du regard les nuages noirs d’un orage en devenir. De larges arcs parcouraient à présent sa silhouette, et elle n’était plus qu’énergie pure. Loin, en bas, on pointa le doigt vers une étrange étoile filante, et soudain, la foudre s’abattit sur l’aiguille qui dominait la Bibliothèque, dans un fracas assourdissant. Aux alentours, plusieurs vitrines explosèrent, et les chiens se mirent à aboyer en chœur. Avachie sur un balconnet, nue, roussie et fumante, Jil leva une main tremblante pour s’appuyer sur le rebord, un sourire idiot aux lèvres, le regard dans le vide.

— « Génial. Génial. G-g-g-é-gzt. »

Elle s’évanouit mollement, ravie.

882 mots.


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Mar 24 Déc 2019, 15:44





« Pourquoi me regardez-vous comme ça ? » Le Chaman subissait les regards étonnés et inquisiteurs des deux enfants. « Eh bien ! Tu es un menteur, d'abord ! Même que tes ailes, elles sont pas grises du tout ! » clama le garçon. « Ouai et en plus, elles font peur ! » renchérit alors sa sœur en le pointant du doigt, les sourcils froncés. Le Chaman grogna intérieurement. Lui aussi avait des ailes depuis les événements du halo lumineux, avait-il voulu leur dire, mais pour une raison qu'il n'arrivait pas à saisir, sa déclaration ne leur semblait pas crédible. Dans le silence gêné qui s'installait, Devaraj se tordit le cou pour pouvoir contempler une partie des deux appendices magiques dont il avait fait l'héritage récemment, et qu'il avait déployé devant les jumeaux pour leur prouver la véracité de son propos. Ses yeux s'écarquillèrent. Au lieu de contempler les membranes rachitiques grises qu'il avait pû voir dans la glace la dernière fois, il faisait face à une matière éthérée verdoyante, un feu malade qui brûlait plume après plume pour donner forme à des têtes de morts monstrueuses. L'ombre qu'elles projetaient était noire et sinistre. L'homme ne perdit pas son calme pour autant, il ne pouvait pas se l'autoriser devant ceux qu'il essayait tant bien que mal d'éduquer. « Eh bien, j'ai menti. Elles sont pas grises de toute évidence, mais- ... vertes, noires, transparentes, avec des têtes de morts et des fantômes. Voilà ! Cela ne change rien, presque. Je les ai acquise au même endroit que vous et je ne sais pas plus m'en servir que vous. » Les deux jumeaux s'échangèrent des regards méfiants et calculateurs sous l'observation platonique du Chaman. « Mais alors, tu sers à rien ! » fût leur conclusion commune. « Minute, cretinos. Je connais quelqu'un qui pourrait vous apprendre. » Le Chaman s'avança brusquement de deux pas et avança ses ailes vers l'avant pour recouvrir les deux enfants de leurs ombres. Il aimait bien l'effet, devait-il avouer.  « Mais pour cela, il va falloir que vous soyez un peu plus respectueux envers vos anciens, hum ?! »

Ses multiples yeux et oreilles n'avaient pas menti, il y avait bien un stage de vol organisé à Avalon. Le voyage s'était effectué en téléportation. Il aurait bien aimé perdre du temps à faire véritablement voyager les jumeaux pour leur démontrer l'inutilité des autres peuples et leur propre supériorité divine, mais, eh bien du temps, il en avait très peu. Trop peu. Fort heureusement, il aimait bien les Déchus. C'était une nation... intéressante. Pas coincée du cul, déjà, et très profitable à l'économie Chamanique. Sa haine raciste se dirigeait plutôt vers l'avancement magique et technologique de la nation Déchue, comme pouvait le démontrer l'architecture de la capitale. Pour se consoler de sa jalousie maladive et génétique, le Chaman ruminait sur la vision du Passé qu'il avait eu :  la capitale de l'Empire de Raanu, une splendeur d'art et de technologie qui n'existait plus dans ce monde présent. Il comptait bien participer à la reconstruction de ce rêve éthéré. Perdu dans ses pensées, Devaraj ne prêtait pas tant attention au petit groupe au dessous de lui, sur le sommet de la Grande Bibliothèque. Grande Bibliothèque et puis quoi encore ! De toute façon, elle était pas si grande, comparée à la Bibliothèque d'Ilios, elle était même aussi ridicule que minuscule. Le Suprême de l'Au-Delà se tenait-là, invisible, flottant dans le vide -seule opération qu'il ai réussi à apprendre pour le moment. Il écoutait vaguement les instructions du maître, qui n'avait aucune idée de sa présence. Malheureusement, Devaraj était un très mauvais élève. Pour lui, le seul moyen d'apprendre consistait à sauter dans le vide. Et y survivre. Les faibles mourraient ainsi et cela servait de sélection naturelle.

Concentrer sa force dans ses omoplates déjà musclées, donner une impulsion vers l'avant puis vers l'arrière, un peu comme à la natation. Le plus difficile pour lui était d'accepter la sensation nouvelle de ces nouveaux membres corporels. Accepter que ces ailes faisaient parties de son corps désormais, de lui, de ses muscles, qu'elles n'étaient pas des intrus ou des gênes. Le Chaman avait une idée très précise en tête, et complétement idiote, imprudente, insensée, folle. Si la chose rousse qui s'amusait à voler dans tous les sens en hurlant de rire pouvait le voir, elle l'aurait certainement applaudit très fort. Il ferma les yeux pour se concentrer sur son dos. Par sa longue et douloureuse expérience de vie, il avait acquis l'habitude de méditer en faisant abstraction de tout, ou bien de focaliser sur une seule et unique chose. Souvent, agir ainsi était le seul moyen de survivre pour un Chaman de la haute hiérarchie. Les savoirs Nyam n'étaient pas inutiles, ni stupides. Il leur fallait jongler entre deux mondes sans se perdre, apprendre à changer de corps, à l'oublier, à s'en souvenir, à le connaître par cœur pour que les Fusions se passent bien. Après un nombre de minutes qu'il ne compta pas, le Chaman commença à battre lentement ses ailes macabres pour s'élever en l'air. Les premiers battements furent incroyablement difficile et désastreux pour son équilibre, mais dizaines après dizaines, il progressa.

Son ascension dura un temps indéfini durant lequel il s'entraîna à voler dans le Monde des Vivants, puis celui des Morts. Cela lui prit plusieurs jours puisqu'il monta si haut qu'il finit par atteindre les portes de l'Au-Delà. Il manqua d'y mourir comme un imbécile. Perdu dans l'ivresse que provoquait le vent contre ses plumes, son esprit volatile avait oublié que s'éloigner du cœur de l'Île Maudite, et donc de la terre des mortels de façon générale générait chez lui la désintégration de son Esprit et donc de sa conscience. Peut-être que c'était le moment de redescendre. Vite. Il n'avait pas bien écouté la suite du cours concernant la descente à travers les courants et choisit de tomber la tête la première contre un plongeon dans l'eau. Dans un coin totalement fou de son esprit, il avait crût qu'il trouverait un moyen quelconque pour s'arrêter avant le sol. Une combine acrobatique, quelque chose. Il pouvait peut-être rester sous sa forme éthérée ? Que se passe-il lorsqu'un Chaman tombe avec un élan démesuré depuis l'Au-Delà jusqu'au monde terrestre ?  Cette question allait très vite trouver une réponse. Seuls les Esprits le virent arriver comme un missile explosif. Il disparût dans le sol qu'il traversa lui aussi sur plusieurs kilomètres de profondeur dans la nuit la plus complète, le temps de maîtriser son élan. Le Monde des Morts obéissait à une physique étrange, complexe à maîtriser pour quelqu'un habitué à la gravité. Aveugle, il ne pouvait même pas savoir si réellement, il était en train de ralentir. Il avait beau battre des ailes dans tous les sens et y mettre toute sa volonté... Devaraj commençait à penser qu'il allait tomber pour la vie éternelle et ne jamais revenir. Soudain la lumière revint et l'éblouit totalement. Il finit par découvrir autre chose : la terre n'était pas ronde, comme il l'avait pensé. Il y avait un autre côté.

Son corps s'écroula douloureusement sur un plateau en bois qu'il explosa en mille morceaux avant d’atterrir sur une sorte de matière... molle, douce, rebondissante, qui eu le mérite de l'arrêter dans sa course infernale sans lui briser tous les os. Affalé sur cette étrange mousse blanche, Devaraj contempla les débris d'un plateau d'échec et les visages amusés de deux Ætheri. Son visage devint instantanément aussi blanc que le nuage sur lequel son corps gisait. Que se passe-il lorsqu'un Chaman tombe avec un élan démesuré depuis l'Au-Delà jusqu'au monde terrestre ? La réponse est qu'il traverse le sol matériel et se retrouve dans le Monde Divin.

1352  mots
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Jeu 09 Jan 2020, 14:24


Whatever It Takes - Imagine Dragons

« Non, mais je vous dis que j’ai besoin de faire cet apprentissage. Déjà que je n’arrivais pas bien à voler avec une seule paire d’ailes… Mais là, deux pairs d’ailes, c’est impossible. Et vous savez bien que je n’avais pas envie de rester clouée sur terre. C’est vraiment handicapant d’avoir quatre ailes dans le dos. J’ai vraiment besoin d’aides avec ces ailes, je ne sais plus quoi faire. » Une des prêtresses du Temple acquiesça de la tête doucement. « Je comprends très bien ta demande. Et je dois t’avouer que vous êtes plusieurs à m’avoir demandé d’aller à cet apprentissage. Donc, vous irez ensemble à Avalon pour avoir ce cours. Mais n’oubliez pas, Lydia, que vous êtes en réinsertion, et que vous ne devez pas faire de vagues, lorsque vous serez là-bas. » Je souris aussitôt. Cela faisait quelque temps que j’avais besoin de sortir du Jardin de Jhen, car je tournais en rond. Je m’étais bien reposée, je voyais pratiquement le thérapeute tous les matins. De plus, j’avais repris l’appétit, mais j’avais encore du mal à manger en grande quantité. Je le savais bien que je n’étais pas totalement prête, mais j’avais besoin de sortir, de voir d’autres personnes, mais surtout trouver un sens à ma vie.

Depuis que j’étais aux Jardins, j’essayais les autres, de reprendre une vie normale. J’y arrivais, mais j’avais l’impression qu’il me manquait au fond de moi. Je faisais avec le temps, mais j’avais besoin d’une occupation, de quelque chose qui me ferait bouger tous les jours. Je ne pouvais pas rester éternellement dans ce jardin. Alors partir un peu à Avalon, le temps d’une leçon de vol, cela ne me ferait pas grand mal. Peu de temps après, nous partîmes en direction d’Avalon. Le temps de voyage était d’au moins deux à trois bonnes journées. La plupart d’entre nous ne savaient pas réellement voler, donc nous devions faire le trajet à pied. Bien heureusement, cela me permettait de renforcer mes muscles au niveau de mes jambes. A force de rester dans une petite cellule à ne pas bouger, j’avais perdu grandement mes muscles. Il ne me restait que la peau sur les os, j’étais si fragile, donc la marche à pied n’était pas une grande perte pour moi.

Des jours après, nous étions enfin arrivés et nous dirigeons vers notre lieu d’entraînement : « Ah vous voilà ! Vous avez un jour de retard ! » L’Ange responsable lui répondit qu’elles avaient dû marcher à pied et que nous étions lentes. Le professeur de vol ne répliqua pas, mais souffla forcement : « Je vois que nous avons dû travailler à faire pour vous. Allons ! Il faut se mettre au travail, vous n’avez qu’une journée pour apprendre les bases du fonctionnement du vol. Soyez attentifs ! » L’homme nous emmena au centre d’une très grande pièce en hauteur comme en largeur. Nous n’étions quand même nombreux, donc il ne fallait pas que nous nous gênions entre nous. « Bon, ceux qui n’ont qu’une seule paire d’ailes, allez là-bas. Je vais vous donner des instructions. » Puis, son regard s’abattit sur moi : « Quant à vous, je dois personnellement m’occuper de vous. Deux pairs d’ailes, ce n’est pas simple à gérer. » Il m’emmena dans un endroit plus calme : « Vous savez déjà voler, mais uniquement avec votre première paire d’ailes de naissances. Cependant, puisque vous en avez deux maintenant, vous devez vous coordonner. Cela se sert à rien de les battre en même temps, vous allez vous emmêler les pinceaux, et elles vont s’entrechoquer et donc vous blessez par la même occasion. Je comprends que vous n’avez pas l’habitude. Donc, je vous conseille de commencer à reprendre le contrôle de votre première paire d’ailes, de savoir bien la gérer. Une fois fait, vous passez à la deuxième paire. Puis, lorsque vous arriverez à les gérer indépendamment, essayez de les faire en même temps, mais doucement et prenez votre temps. »

Le professeur me sourit et me quitta pour aller aider les autres. Dans le groupe, j’étais la seule à avoir deux paires d’ailes pour l’instant. C’était vraiment compliqué à tout gérer en même temps. Je décidais de suivre les conseils du professeur en commençant à utiliser ma première paire d’ailes. Je n’avais pas réellement de problèmes avec elle, mais cela ne me ferait pas de mal de les rééduquer. J’avais eu un peu de mal au début, mais au bout de deux heures ou voire plus, je réussis à les faire battre correctement. Je décollais même du sol de quelques centimètres. Cependant, cela me coûta énormément d’énergie. Je n’étais plus habituelle à décoller et à fournir autant d’effort. Je dus me reposer tout à la fin de matinée avant de reprendre après le déjeuner. Puis, je m’attaquais à la deuxième paire d’ailes, où je devais tout apprendre pour elle. Je pus les faire bouger séparément avant de les faire bouger en même temps. Il me fallut une heure pour les faire battre correctement. Je continuai à m’entraîner jusqu’au bout de la journée, jusqu’à la dernière heure de la journée. « Bon, normalement, tu es capable de voler avec tes ailes. Essaye pour voir ! N’oublie pas ! Prends le temps et ne t’emmêle pas les pinceaux dans la direction. »

Je lui donnais un sourire et je me concentrai pour le bouquet final. Je fis battre les deux en même temps, comme si c’était une chorégraphie. Il fallait qu’elles fassent le même mouvement à gauche et à droite en même temps. C’était compliqué, mais c’était la méthode que j’avais appliquée et qui fonctionnait. Je fermai les yeux pour continuer à me concentrer dans mon décollage. Je donnai un peu plus de force dans le battement de mes ailes et je me sentis enfin décoller de la surface du sol. Je m’élevais doucement dans la pièce sous le regard des autres anges et apprentis. Mes ailes battaient correctement, mais ce n’était pas encore ça. Mon énergie partait relativement vite… Je n’avais pas encore repris toutes mes forces. « Bien ! Je te félicite, c’est bien mieux. Maintenant, il faudrait que tu t’entraînes tous les deux, car manipuler deux paires d’ailes peut t’user et faudra puiser dans ton énergie. » Il applaudit dans ces mains pour annoncer que c’était la fin de la journée et donc par conséquent, la fin du stage de vol. Il nous emmena manger manger dans une bonne auberge d’Avalon, pour nous récompenser de nos efforts. J’y arrivais, mais le chemin était encore bien long avant de quitter les Jardins. Je ne devais pas aller trop vite dans mes décisions. J’avais le temps devant moi…

HRP:
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Kaahl Paiberym
~ Sorcier ~ Niveau VI ~

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Kaahl Paiberym
Sam 22 Fév 2020, 16:58



Je me balançais d’avant en arrière, assis au milieu du chaos que j’avais créé, dans un silence ponctué de sanglots. Ça avait été trop soudain et virulent pour que je puisse la contrôler. La Colère avait ravagé l’endroit où je pensais trouver Adam. J’essayais de maîtriser la Bague, en vain. Il n’était pas chez lui. Ça faisait trop longtemps que je n’avais pas eu de nouvelles. Il était parti, sans rien dire. Mes bras entouraient mon buste. Mes ongles étaient plantés dans la peau de mon dos et mes doigts étaient tellement crispés qu’ils en étaient devenus blancs aux jointures. J’étais entré dans une rage tellement intense que j’avais des difficultés à me rappeler de certains éléments. La Colère avait commencé par de petites choses. J’avais décidé que mon physique était horrible, hideux. J’avais souhaité en changer. J’étais passé par plusieurs états, homme, femme, un mixte incertain et hautement improbable des deux, jusqu’à rester une femme lorsque mes excentricités avaient commencé à m’agacer davantage, au lieu de me calmer. Je voulais voir Adam. Je m’étais mis cet objectif en tête et l’instabilité créée par l’artefact que je ne contrôlais pas encore avait suffi à faire de mon envie un caprice. À partir de là, je m’étais rendu à Avalon dans le but de retrouver mon amant, sans tenir compte de ma raison qui s’était recroquevillée dans un coin de mon esprit, un peu comme j’étais recroquevillé au milieu du salon du Déchu, en ruines. Je pleurais depuis une bonne heure et, au lieu de retirer la Bague, ce qui m’aurait sans doute libéré de la torture qu’elle me faisait subir, un esprit de contradiction que je ne possédais pas d’habitude était apparu et me l’interdisait formellement. Je l’avais cherché absolument partout. J’avais parcouru la ville en long, en large et en travers, comme une âme en peine. J’avais failli me faire agresser dans un quartier douteux et avais aboyé de façon si virulente sur le délinquant que j’en avais eu ensuite la migraine. Il avait eu de la chance. Si j’avais été armé de Lux in Tenebris, le zona aurait recouvert sa peau et il lui aurait fait passer l’envie de laisser trainer ses mains n’importe où. Finalement, j’étais retourné chez Adam et avais patienté dans son salon, longtemps, tellement que la rage avait fini par monter, plus que tout ce que j’aurais pu imaginer. Le fait que je m’isole chez lui, seul, avait écarté toutes les chances que je puisse recevoir un cadeau dans la journée et, finalement, comme une bombe à retardement, le soir, la Colère m’avait submergé. J’avais détruit le mobilier, les murs… Je m’étais même écorché dans le processus. J’étais à présent par terre, assis, les jambes repliées sur mon buste, mes yeux clairs bardés de larmes qui semblaient ne jamais vouloir cesser. Je le haïssais tellement de me laisser seul. Il devait être là. Il devait me soutenir, sinon… Sinon, voilà ce qui arrivait. J’étais épuisé et c’était la seule raison qui me maintenait dans un calme relatif. Des bouffées de rage apparaissaient de temps en temps. Je m’étais foulé la cheville mais ça ne m’importait pas. J’étais entré dans un état d’autodestruction sans doute propre aux Colériques. Je ne voulais pas me soigner. Je voulais qu’il fût là, pour pouvoir le frapper. Entre mon mal-être et ma douleur, j’avais aussi honte de m’être laissé aveugler. Ce n’était pas autre chose. Mes troubles mnésiques prouvaient que mon sentiment avait supprimé toute raison de ma tête.

Finalement après qu’une nouvelle heure se soit écoulée, je me trainai difficilement jusqu’au lit du Déchu et m’effondrai sur le matelas, tout en enfouissant ma tête dans son oreiller en espérant pouvoir y dénicher son odeur. Je savais que je risquais de trouver d’autres parfums que le sien, des parfums de femmes. J’enlevai la Bague, épuisé et nauséeux, avant de m’endormir deux secondes après.

Le lendemain, les rayons du soleil me réveillèrent. Je transpirais sous la chaleur qu’ils me prodiguaient. Ça m’arrivait rarement tant je dormais peu. Je grimaçai. En me redressant, je constatai plusieurs éléments. Un, j’étais nu. Deux, j’étais une femme. Trois, mon corps était criblé de bleus et de griffures. Ma cheville avait gonflé et la bosse que j’avais sur le front me rappela vaguement que, sous le coup de la Colère, j’avais ouvert une porte que je m’étais prise dans la tête. Ma main vint se positionner sur mes yeux dans un geste exaspéré et mon pouce et mon index finirent par venir pincer l’arête de mon nez. Mon expression était soucieuse. Je ne devais plus recommencer ce genre d’inconséquences. J’étais devenu complètement fou. Je finis tout de même par me lever, constatant l’étendue des dégâts tout en reprenant un corps masculin.

Une fois arrivé dans le salon, j’échappai un râle de douleur. Je relevai mon pied tout en constatant que j’avais marché dans du verre. Je devais me soigner, chose qui me prit quelques minutes tellement je m’étais esquinté. Quant à l’intérieur de la maison d’Adam… Je soupirai. Heureusement, la Valse Créatrice faisait des miracles. J’hésitai néanmoins à m’attaquer à la tâche tout de suite. Prendre l’air me ferait sans doute du bien. Après réflexion, ce fut le choix que je fis. Une balade dans les rues d’Avalon me changerait les idées et me permettrait de faire le point tranquillement sur ce qu’il s’était passé la veille, même si je ne me souvenais pas de la moitié des faits. La Bague était capricieuse et me posait de réelles difficultés. La Colère me définissait parfaitement et je n’étais pas le seul à le penser. Mes frustrations, mes agacements refoulés, la rage qui brûlait dans ma poitrine, toutes ces choses nourrissaient mon état de Déchu. J’étais certain qu’une fois que je l’aurais portée suffisamment, j’arriverais à calmer mes penchants destructeurs mais tant que mon esprit n’était pas habitué, je restais entièrement soumis à ses caprices. Si je voulais survivre, pourtant, je devais progresser et réussir à garder l’artefact sur moi assez longtemps. La mue était essentielle et, puisqu’elle pouvait s’étaler sur plusieurs jours, il était exclu que je ne puisse pas être Déchu plus d’une journée. Ça couperait le processus et ça ne me soignerait pas.

Distrait, je parcourais les allées sans faire réellement attention à mon chemin. Mon regard, pourtant, s’arrêta sur une affiche faite à la main, colorée. Elle annonçait un stage de vol et fournissait une adresse ainsi que des horaires d’entraînement. Je n’avais pas spécialement besoin d’apprendre à voler. Cela faisait longtemps que j’avais des ailes grâce au Sceau de la Lune et, bien que les ailes grises démoniaques que je possédais depuis mon aventure sur Omi’Ake me posassent quelques difficultés, je savais qu’en les utilisant plus fréquemment, j’arriverais à la même maîtrise. Seulement, entreprendre une activité physique et concentrer mon cerveau sur autre chose que mes inquiétudes et mes doutes me semblait être une bonne idée. Ça me tiendrait occupé un temps, jusqu’à ce que la question « Adam » ne refasse surface, jusqu’à ce que je décide de remettre la Bague et de m’en prendre de nouveau à son intérieur. Je savais que c’était ce qu’il risquait de se passer.

Lorsque j’arrivai au point de rendez-vous, je m’aperçus assez facilement que l’activité avait un certain succès. Sur les hauteurs d’Avalon, je pouvais admirer le soleil caresser les toits des habitations. Ces dernières étaient hautes, ce qui ne posait aucun problème dans une cité  remplie d’une très grande majorité d’ailés. « Est-ce que vous pouvez me garder ma place, s’il vous plaît ? Je vais voir d’où est-ce que nous allons devoir sauter. » « Aucun problème. » Je m’approchai du bord et l’envie d’y plonger directement me prit. Pas pour voler. Je pensai vaguement au comportement de Devaraj durant le Génocide, aux enfants que j’avais été obligé de tuer pour en sauver tant d’autres, à l’absence d’Adam. Je me perdis dans mes pensées, longtemps. Pourtant, au bout d’un moment, je finis par fermer les yeux, un sourire étrange se dessinant sur mes lèvres. « Je ne sais pas ce que tu fais, à rôder autour de moi, mais je te conseille de partir. » dis-je, tel un dément parlant au vide. Étrangement, ce qui me faisait souffrir jusqu’alors me parut bien moins accablant. Le visage de Laëth s’imposa dans mes pensées, elle et ses promesses qu’elle ne pourrait pas respecter, elle et ses lèvres sur les miennes. Je ris brièvement avant de faire disparaître mon sourire sous la paume de ma main. Je me frottai ensuite un œil, remarquant que la Bague me troublait bien plus que ce que j’aurais pensé, même lorsqu’elle n’était pas à mon doigt.

« Hé ! Toi là ! C’est à ton tour ! » me cria l’homme à qui j’avais demandé de me garder ma place. Je tournai les yeux vers lui et m’avançai face aux instructeurs. Certains expliquaient le b.a.ba du vol. Une jeune femme me fit signe de la rejoindre et nous entamâmes une discussion sur les ailes en général et le mécanisme de vol. « Je sais déjà voler. » finis-je par lui avouer. « Juste que l’une de mes paires d’ailes me pose quelques difficultés et… J’avais envie de me changer les idées. » « Journée difficile ? » « On peut dire ça. » Ce n’était pas que la journée. « J’ai vu que vous boitiez. » me fit-elle remarquer. Elle avait l’œil. J’acquiesçai. « Les ailes pourront palier à ça. » C’est vrai que je n’utilisais jamais les miennes mais le faire me soulagerait. « Vous avez plusieurs paires d’ailes donc… » dit-elle, en changeant de sujet. « Vous saviez que vous pouviez les utiliser en même-temps ? Ça prend plus de temps et le vol doit se penser différemment mais c’est plutôt impressionnant et ça vous permettra d’aller plus vite. » Je ris en réfléchissant à l’idée. « Mes ailes sont de nature contraire. » Si j’utilisais le Sceau de la Lune et la Bague ou la Potion, tout en déployant mes ailes démoniaques, j’aurais alors trois paires d’ailes. Elle me regarda. « Oh vous savez, ce n’est pas si rare ces derniers temps. Nous avons eu des étudiants, ici, qui possédaient à la fois des ailes de Démon et des ailes d’Ange, sans même faire partie de ces races. Puis il paraît qu’il y a des bébés Humains ailés maintenant. » « Ça me semble improbable. » dis-je. Je savais très bien que ça existait mais je préférai feindre l’ignorance. « Enfin, c’est bien pour eux. Surtout que la natalité n’est pas au plus haut de sa forme. » murmura-t-elle pour elle-même. Elle essayait d’avoir des enfants depuis de longs mois maintenant, sans succès. « J’ai adopté. » finis-je par lâcher. « C’est une option que j’envisage de plus en plus. » avoua-t-elle, en comprenant que sa dernière réplique m’avait mis la puce à l’oreille sur son état. « Mais nous ne sommes pas là pour parler de ça. Si vous voulez, nous pourrons en discuter quand j’aurai terminé ma journée. » « Pourquoi pas. Je vais rester ici quelques jours. » Si je ne trouvais pas Adam rapidement, je risquais de devenir bien plus virulent. Je l’aurais senti si mon pentacle avait disparu. Pourtant, le savoir toujours en place ne me rassurait pas plus que ça.

La séance de vol me fit le plus grand bien. Concentré sur la position de mes ailes, mon esprit s’était vidé naturellement. Avant de rentrer, je fis un détour et passai près de plusieurs boutiques. Peut-être pourrais-je lui acheter quelque chose ? J’allais remettre de l’ordre chez Adam dans la soirée mais j’étais tout de même venu sans prévenir et avais détruit tant de choses que je n’étais même pas sûr de pouvoir les réparer à l’identique. Plus tard. Je me sentais instable, comme si, soudainement, mes heures de sommeil manquantes venaient réclamer leur dû. La Bague m’épuisait et mon état en général commençait à se dégrader, lentement mais sûrement.

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Priam et Laëth
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Priam et Laëth
Sam 29 Fév 2020, 21:44



Sortir des Jardins, c’est un peu comme lâcher un pet qu’on retient depuis trop longtemps, quand même… ne pouvait-il s’empêcher de songer au beau milieu des rues avaloniennes. C’était soulageant. Ce n’était pas tant un besoin d’évasion comme le comprenaient les esprits les plus avides de voyage. Non. Toute sa vie durant, Priam avait vécu à Lumnaar’Yuvon : il s’accommodait parfaitement des mêmes lieux et des mêmes visages. Si sa courte aventure jusqu’aux Jardins et son escapade imprévue sur Omi’Ake lui avaient donné le goût des paysages insolites et du frisson de l’inconnu, elles ne l’avaient pas transformé en baroudeur émérite. C’était, simplement, la nécessité de couper avec des cadres bruts, au sein desquels il essayait péniblement de rentrer. Il s’était accoutumé aux Anges et à leurs façons de penser et de faire. Toutefois, l’âme réprouvée qui l’habitait éprouvait encore des difficultés à se calquer sur leurs comportements et, parfois, il avait simplement envie de tout envoyer promener et de partir élever ses chèvres dans les montagnes. Il avait eu besoin de s’éloigner pour respirer. Nalim lui ayant accordé une dizaine de jours de congés, il en avait profité pour faire ses bagages. Il avait confié ses bêtes à Kagamiko, avec l’espoir qu’elles seraient toutes – les bêtes et l’Orine – vivantes à son retour. Il lui avait laissé le contact d’un autre berger, au cas où. Désormais, il ne pouvait rien faire, sinon croiser les doigts. Si elle ne s’amusait pas à refaire la bûche de Neah en gâteaux et à hurler dans tous les Jardins qu’elle avait l’air « su-per bonne », elle devrait survivre…

Au début, il avait parcouru un peu les Terres du Lac Bleu et les Terres d’Emeraude. Dans un carnet, il avait noté quelques idées quant à ce projet de patrouilles. Puis, au détour de l’allée d’une petite ville, il était tombé sur une affiche. Stage de Vol à Avalon. En lisant l’annonce, l’Ange avait repensé à ces deux ailes grises dont il disposait depuis Omi’Ake mais qu’il ne maîtrisait pas. Sans plumes, l’aérodynamique était extrêmement différente. En outre, il n’avait jamais appris à planer avec deux paires, ou plus. Quant à Avalon… Il n’y avait jamais mis les pieds. Se rendre dans la capitale Déchue en étant un Immaculé, ce n’était sans aucun doute pas très raisonnable. A Lumnaar’Yuvon, il en avait entendu parler. La Dovahkiin compagne du Dædelus, les deux races étaient alliées. Passer chez les Ailes Blanches l’avait troublé, car depuis le Génocide et le terme mis à la Déchéance, les relations entre les deux peuples s’étaient largement dégradées. Pour cette raison, il ne pouvait pas arborer son plumage immaculé. Plus encore, depuis qu’il était Élu d’Hel’dra, son nom circulait sur des bouches inconnues. Son anonymat tendait à lui échapper. Pour parer ce problème, il avait effectué un changement d’apparence. C’était la première fois qu’il se prêtait à ce point à ce jeu-là. Il avait déjà modifié l’aspect de certains éléments de son corps, mais plus par amusement que dans un réel but. Chez les Réprouvés, cette magie était inutile. Il n’avait jamais réussi à rougir ses ailes ou à en noircir une – or, c’était tout ce qui l’intéressait à l’époque. Chez les Anges… Les enfants des Bipolaires étaient encouragés à exploiter leurs dons. Nalim lui avait bien fait comprendre que changer de forme et lire dans les pensées pouvaient devenir des atouts conséquents s’ils étaient bien maîtrisés. Néanmoins, l’Ange doutait que son mentor fût ravi qu’il utilisât ses pouvoirs pour se fondre dans la masse des habitants d’Avalon. Cela étant dit, il n’avait pas besoin de le savoir. Et c’était là que résidait une grande partie de son excitation. Un sourire étira ses lèvres, dont l’inférieur, sur la droite, portait une cicatrice. Deux autres barraient l’arête de son nez et le haut de sa pommette droite. Si ses cheveux avaient conservé une couleur brune, ils étaient plus courts. Il avait foncé ses iris et s’était octroyé une barbe poivre et sel. Ses traits étaient plus secs et fatigués. Il faisait plus âgé. Plus Réprouvé, aussi, peut-être, quoi qu’il n’eût pas touché à sa carrure. Maintenir l’apparence ainsi était déjà compliqué. Il était souvent obligé de s’arrêter pour vérifier que tout était en ordre et pour s’accorder des pauses.

Parvenu en haut de la Grande Bibliothèque, dont la partie supérieure était elle-même juchée au cœur des Quartiers des Sommets, Priam ne regretta pas d’avoir emporté des épaisseurs de vêtements supplémentaires. Depuis qu’il s’était laissé surprendre par le froid des Terres du Lac Bleu, il se méfiait. Il y avait du monde. L’Ange tourna sur lui-même pour pouvoir bien observer les environs. Depuis le point de vue, son regard pouvait dominer l’ensemble de la cité Déchue et en admirer les ramifications aussi complexes à l’œil qu’elles facilitaient le vol des créatures ailées. Tandis qu’il achevait son tour d’horizon, ses prunelles s’arrêtèrent sur le toit du monument. Il cligna des yeux. « Une des stagiaires a foncé dedans… Une Lyrienne de foudre, il me semble. Ça a fait des étincelles. » Le ton était amusé. L’homme se tourna et fit face à une femme souriante. « Et elle est… vivante ? » - « Oh, oui, elle s’en est sortie ! » L’Ailée s’approcha. « Elle était un peu trop enthousiaste, je crois. Mon collègue a essayé de la retenir, mais… bref, j’espère que vous n’êtes pas du genre à vous jeter dans le vide. » - « Je sais déjà voler, alors je ne devrais pas transpercer un toit, un mur ou tuer des gens. » - « Je vous en serais reconnaissante. Je n’ai pas franchement envie de perdre mon travail. » Elle s’exprimait à l’aide d’intonations légères et une lueur amusée brillait dans ses yeux bleus. Il lui sourit. « Vous venez pour deux paires d’ailes, alors ? » Priam acquiesça. « Faites-voir la première. » Il avait tout prévu. Quelques jours plus tôt, l’Ange s’était rendu compte qu’il ne disposait pas de deux mais de trois ensembles. Les membres angéliques, les démoniaques grisés… et les rouges. Comme les Kiir’Sahqon. Il ne s’expliquait absolument pas ce phénomène et, si une joie immense avait empli son cœur à leur vue, il n’en avait parlé à personne. Il n’osait pas. Za lui avait bien donné une bague qui lui permettait de se changer en Réprouvé, mais, d’abord, ses ailes n’avaient pas du tout le même aspect, et ensuite, il ne pouvait pas les invoquer sans porter le bijou – ce qu’il avait préféré ne pas faire aujourd’hui, car il s’avérait que l’artéfact lui causait plus de tort que de bien. Il lui faudrait du temps pour le maîtriser. Alors quoi ? Ces nouveaux atours étaient-ils un signe des Zaahin ? Il était certain que sa nature n’avait pas changé et qu’il devait toujours répondre aux vertus… mais elles étaient là, sanglantes et merveilleuses. Il les déploya. La femme sourit. « Et les secondes ? » Les membranes cendrées rejoignirent les plumes carmines. La professeure le contourna pour les étudier. « Je vois. Pas la même aérodynamique. » Le brun opina. « Vous avez réussi à voler avec vos ailes grises ? » - « Non. » - « Alors on va commencer par ça, et ensuite, on attaquera le vol à deux paires. Vous allez voir, ça va vous changer la vie. Et vous épuiser les premiers temps, aussi… » La Déchue s’enfonça dans des explications techniques qu’il écouta avec autant d’attention que possible. Heureusement, elle était bonne pédagogue. Une demi-heure plus tard, il s’essaya à quelques figures aériennes et, après plusieurs tentatives infructueuses, maîtrisa ses ailes de Démon. Lorsqu’ils allièrent les démoniaques aux réprouvées, de nouvelles difficultés se posèrent à l’Ange. Les conseils de l’instructrice lui permirent de les surpasser et d’obtenir un certain contrôle sur sa vitesse et sa trajectoire. Lorsque la séance prit fin, il sentait effectivement l’étreinte de la fatigue se refermer sur lui. Pourtant, l’excitation picorait son estomac et une nouvelle question taraudait son esprit : et avec trois paires ? Il lui faudrait probablement le découvrir par lui-même.

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