N

e pleure pas sur ton sort.

Partenaire : Solo.
Intrigue/Objectif : Défi donné par I². Preuves et résolution – Ce n’est pas parce que vous êtes en voyage qu’il vous faut oublier votre entraînement, au risque que vos muscles en effacent les traces. N’ayez crainte, cela dit, car votre mentor et quelques-uns de vos compagnons comptent bien poursuivre l’exercice en vous faisant apprendre une nouvelle technique – magique ou martiale. Apprenez-la, contrôlez-la, maîtrisez-la. À la fin, sans aucun doute, votre mentor vous récompensera pour vos efforts (en gros, lorsque Laëth aura maîtrisé cette fameuse technique, Hena lui donnera une ou bien des Larme(s) d’Ange).

« Debout. » Laëth se redressa d’un bond en inspirant une grande goulée d’air. L’eau dégoulinait de ses cheveux, aplatis sur son visage et sa poitrine. Précipitamment, le pouls battant à tout rompre et l’adrénaline propulsée jusqu’à son crâne, elle les dégagea de sa vue : Hena se tenait devant elle, un grand sourire aux lèvres et un saut à la main. « Désolée. J’ai toujours rêvé de faire ça. C’était beaucoup trop tentant. » Ses yeux pétillants rencontrèrent le regard noir de sa disciple, et son sourire s’étira un peu plus. « C’est bon pour le cœur et la circulation. Ça met le tout en marche, et tu en auras bien besoin ce matin. On se retrouve sur le pont dans cinq minutes. » Sans demander son reste, elle pivota et s’en alla d’un pas léger. La brune se laissa retomber sur son oreiller en grognant. Il faudrait qu’elle demandât à ce qu’on séchât ses draps. Pas le temps ; sa mentor aimait encore plus la ponctualité que les plaisanteries douteuses au réveil. Prenant appui sur ses bras, elle se releva avec vivacité et entreprit de se préparer à toute vitesse. Vêtue de sa tenue d’entraînement, ses armes dans les bras et une botte à moitié enfilée, elle entreprit de remonter vers le pont. Elle manqua de se casser la figure en ajustant bien sa chaussure, mais survécut finalement à la traversée.


« Eh ben ? Serais-tu tombée dans l’océan ? » Elle plissa les lèvres. Adriel la dévisageait, intrigué. La jeune Ange tourna la tête vers sa supérieure et croisa les bras. Hena souriait. Le blond haussa les sourcils. « Oh, je vois. » La guerrière retrouva son sérieux et détailla la Recrue, les yeux plissés. « Et le salut ? » Laëth déposa ses armes et s’exécuta, poing sur le cœur. « Je devrais te punir plus souvent, pour ton insolence, tiens. » la taquina-t-elle. Les deux soldats échangèrent un sourire tandis que la novice essayait de garder son calme. Une lueur pulsait dans ses yeux et les coins de sa bouche, crispés, dénonçaient son agacement. Hena s’en délectait. Elle avait pris goût à tapoter ses sensibilités puisque les réponses ne se faisaient jamais attendre. C’était presque trop facile. Surtout sur ces navires. Ils vivaient en permanence les uns avec les autres, leur sommeil avait connu de meilleures nuits, l’ennui pouvait s’amuser à les tenailler. L’activation du Sanctuaire d’Ahena ne faisait pas tout et ne devait pas tout résoudre ; parfois, les nerfs affleuraient et il était essentiel de savoir se débrouiller avec. Le contrôle de soi, pour tout combattant, s’avérait essentiel. La fille de Réprouvés en manquait clairement. Elle avait pu le constater durant leurs entraînements : lorsqu’elle ne réussissait pas un exercice, la frustration l’engloutissait et s’exprimait avec rage. C’était peut-être dû au fait qu’elle avait évolué une grande partie de sa vie au sein de la société bipolaire. Leur réputation les précédait, et la maîtrise d’eux-mêmes ne figurait pas sur les premières lignes de la liste de leurs qualités. Le calme, non plus. Au moins, en présence de sa recrue, le désœuvrement n’avait pas le temps de s’inviter – ou n’osait pas le faire. « Bon. Trêve de plaisanteries. » Elle posa la main sur la garde de son épée, machinalement. « Aujourd’hui, j’ai demandé à Adriel de se joindre à nous parce qu’il pourra t’aider là où je ne le peux pas. » Laëth les dévisagea tour à tour. Sa curiosité se cachait mal derrière son air bougon. Soudain, la hallebarde qui patientait à ses pieds décolla du sol. Elle atterrit dans la paume de l’Ange blond et, lentement, s’y fondit. Les yeux écarquillés, la bouche entrouverte, elle tendit vainement la main. « Qu- Ah. Oh. » Un léger rire échappa à sa mentor. « La magie élémentaire, c’est ça. » Les traits de la brune se déridèrent : un sourire plus qu’enthousiaste fleurit sur ses lèvres. « Super ! » Elle s’avança vers Adriel et se mit à inspecter son bras. Le métal étincelait sous la lumière solaire. Satisfaite de ce qu’elle voyait, elle se redressa et se tourna vers la membre de Yüerell. « Tu veux que je sois capable de faire ça ? » - « Peut-être pas tout de suite, mais… » - « Non non, parfait, très bien, il faut se fixer des objectifs élevés, et comme ça- » - « Comme ça, on est déçus derrière et on embête sa pauvre mentor toute la soirée ? » la questionna-t-elle, mutine. « Non… comme ça, on tend toujours vers ce qu’on peut faire de mieux. » Hena lui donna un petit coup de coude et elles échangèrent un regard complice. Adriel les observait, amusé. « J’ai hâte de voir ça, dans ce cas. » Elle sourit. « Je te laisse entre de bonnes mains. Je repasserai un peu plus tard. » Comme elle leur adressait un signe de la main, elle s’éloigna.

Le soldat de la troupe Kahena se rapprocha. « Eh bien… commençons par le commencement. » Il eut un sourire encourageant. « Qu’est-ce que tu arrives à faire avec le métal, actuellement ? » Laëth passa une main sur sa nuque. Ses cheveux, remontés en queue de cheval, était encore trempés. Heureusement, il faisait bon ; ils sécheraient sans qu’elle n’attrapât un rhume ou une bonne grippe. « Pas grand-chose, à vrai dire… » - « Tu vas me montrer. » Adriel s’écarta en lui faisant signe de la suivre. Il se dirigea vers trois tonneaux et prit place sur l’un d’entre eux. Elle l’imita, tandis qu’il faisait apparaître une pièce de métal, ronde, sur le couvercle du dernier. « Vas-y. » Pendant qu’elle se redressait, elle planta un regard concentré sur l’objet, les doigts tendus vers lui. Faiblement, puis avec plus de force, il se mit à bouger. Elle parvint à le soulever de quelques centimètres durant plusieurs secondes, puis le laissa retomber. Elle releva les yeux vers le maître de l’élément. « Essaye de la plier puis de la pousser vers moi. » Pliage. Ses parents lui avaient appris à plier – le linge, surtout, mais l’idée restait la même pour le métal. Cette pensée incongrue lui fit esquisser un sourire. Sous son effort, la pièce se remit à trembler. Lentement, elle réussit à en recourber une partie du pourtour. Adriel étudiait sa manœuvre, attentif. Soudain, la pièce quitta le couvercle du tonneau et fusa vers son front. « Aïe ! » - « Han ! Pardon ! » fit-elle en plaquant ses deux mains sur sa bouche. Le fantassin la retira et frotta l’emplacement de l’impact, sourcils froncés. « Ce n’est rien. Les risques du métier… » Il redonna à l’objet son apparence lisse. « Ce n’est pas si mal. » Entre ses doigts, le cylindre se transforma en sphère. Il la fit voler jusqu’à Laëth, qui la réceptionna dans sa main. « Le métal n’est pas un élément très souple. Si tu cherches à le contraindre, à le forcer, il t’échappera ou se cassera. » La jeune femme hocha la tête. Elle le regardait avec intérêt. « C’est toi qui dois… plier. Être malléable, t’adapter. Si tu entres en résistance et essaye de passer en force, ça ne fonctionnera pas. » Tandis qu’elle l’écoutait, ses yeux se perdirent dans le vague. « Mais tu dois être ferme et certaine de ce que tu souhaites. » Ne pas résister. Elle s’égara. Elle repensa à leur conversation ; à la façon qu’il avait eu de la regarder, à ses mains sur son corps et à ses lèvres contre les siennes. Comme à chaque fois, une douce chaleur monta depuis son ventre et se diffusa dans tout son être. Sans y songer, elle leva la main jusqu’à la naissance de ses seins et toucha l’objet à travers le tissu. La bague restait toujours près d’elle. « Ce sont les spécificités que je trouve au métal. De façon plus générale, si tu veux contrôler un élément, et encore plus lorsque tu veux fusionner avec, tu dois y penser comme à une prolongation de ton corps et de ton esprit. » En dépit de ce que sa raison lui commandait de faire, elle avait passé une fine lanière de cuir en son centre et la portait autour du cou. Masquée par ses vêtements, personne ne pouvait la voir. Parfois, un sursaut d’adrénaline s’engouffrait dans ses veines, lorsqu’elle croyait que le bijou menaçait de s’échapper. Mille idées de mensonges inspiraient son esprit car son cœur était trop désireux de cacher son secret. « C’est une alliance, et… » Elle ne pouvait pas en parler. C’était à elle. Juste à elle. « Laëth ? Tu m’écoutes ? » Elle releva un visage confus vers son enseignant, les iris encore troubles. « Hein ? Hm ? » Il arqua un sourcil. « Euh oui oui, pardon. Une petite absence. » Elle lui offrit un sourire embarrassé, avant de s’excuser : « Je n’ai pas très bien dormi. » C’était vrai. Des rêves mouvementés avaient bringuebalé son sommeil. « Une alliance, c’est ça ? » - « Hm-hm. » fit-il, un sourire en coin. « Concentre-toi un peu. Maîtriser un élément n’a rien de facile, et j’aimerais éviter que tu me plantes une lame en pleine tête. La pièce m’aura suffi. » La jeune Ange lui adressa un sourire mi-désolé mi-amusé. Il avait raison. Ce serait mieux pour tout le monde si elle arrêtait d’y penser.


L’entraînement n’avait pas été facile, sans compter qu’elle poursuivait ses exercices de combat avec Hena à côté, ainsi que toutes les tâches qu’elle devait accomplir sur le navire. Souvent, des maux de crâne avaient enserré sa tête, la fatigue l’avait assailli et la frustration de ne pas y arriver l’avait énervée – certains soirs, exténuée, elle en avait même pleuré. Cette désagréable insatisfaction la taraudait par principe, et parce qu’elle comprenait l’atout que pourrait représenter une telle maîtrise. Si un jour, elle parvenait à créer du métal comme le faisait Adriel, ce serait encore mieux. Dans le domaine militaire, il était partout – les armes en était faites, les armures s’en composaient, les outils aussi. En termes de défense comme d’attaque, le contrôle et la fusion avec le métal seraient des atouts non négligeables. Ces constatations la motivaient à persévérer dans ses efforts et à repousser ses limites. Au bout de quelques temps, elle parvint à modeler la pièce de différentes façons et à la faire fondre dans sa paume. Progressivement, ils passèrent aux armes. C’était plus difficile, mais le nombre des succès surpassa rapidement celui des défaites. De larges améliorations pouvaient encore être espérées, toutefois, Adriel était satisfait de ses progrès. Hena fut ravie de l’apprendre.

Derrière Laëth, occupée à nettoyer son équipement, elle lui tapota l’épaule. Celle-ci se retourna et lui adressa un sourire. « Adriel m’a dit que tu avais fait de beaux progrès. Félicitations. » L’air enjoué de la brune s’accentua. « Merci. Je dois encore travailler, mais il m’a beaucoup aidée. » Ses iris brillaient. Sa mentor sourit en fouillant ses poches, puis s’accroupit près d’elle. Elle lui prit la main, l’ouvrit et y déposa deux pierres à l’éclat puissant de pureté. Comme elle comprenait ce qu’elles étaient, la Recrue ouvrit de grands yeux. « Des Omije ? » - « Elles te seront très utiles. Prends-en soin. » Hena referma les doigts de sa disciple sur les pleurs cristallisés, puis réceptionna son enthousiasme dans ses bras en riant. « Merci ! »