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 [Événement] - Sa vengeance annihilera la Vengeance

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Jun Taiji
✞ Æther de la Mort ✞

✞ Æther de la Mort ✞
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◈ YinYanisé(e) le : 02/02/2012
Jun Taiji
Sam 16 Mai 2020, 00:58

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Sa vengeance annihilera la Vengeance



« Venez à moi. Venez. » L’océan se leva. Il monta, progressivement, petit à petit, jusqu’à former un tourbillon et une silhouette féminine. Le Mârid ne s’embêtait pas d’un genre en particulier. Il n’était que chimères. Il était tout ce qu’il désirait être. Les limites lui étaient floues. Les frontières disparaissaient à son passage. Le corps se redressa. Le ciel devint gris et les nuages formèrent ses cheveux. Un violon apparut dans sa main et il se mit à jouer une mélodie dysharmonique à en faire grincer des dents l’Esprit de la Mort lui-même. Un petit sourire malin apparut sur ses lèvres. Que faisait-il ? Oh la réponse était simple : il commençait à exaucer le premier vœu de son Maître. Il honorait ce dernier en modelant dans ce songe des volutes de fumée macabres. La Réalité était fade lorsque le Rêve existait. Tout était faisable, imaginable et modulable. Son peuple se hisserait vers les sommets et retrouverait une puissance perdue depuis longtemps : celle de se mesurer aux Dieux et de les enterrer, si profondément qu’ils plieraient genoux et demanderaient eux-mêmes leur Chute. Les Djinns étaient d’habiles manipulateurs, de ceux qui distillaient tranquillement des idées dans l’esprit des êtres qui passaient bien trop de temps dans le Monde de leurs Dieux protecteurs pour leur propre bien. À présent que l’accès au Monde des Rêves se démocratisait, il leur suffirait d’influencer leur inconscient pour créer chez eux des ersatz d’idées, d’intuition. Là où les Faes manipulaient via les Contes, eux suggéraient par les Rêves. La seule différence, et non des moindres, était que les peuples à ne point succomber au sommeil étaient rares. Leur mainmise n’en serait que plus absolue. Ils redresseraient Somnium en se nourrissant des Dormeurs. Ils redeviendraient indispensables. Ils s’élèveraient à la manière dont Pandore l’eût souhaité jadis.

Sol, Lun et Pégase n’étaient pas là. Il était seul mais, bientôt, ils seraient des millions. « Venez. » répéta-t-il. Il convoquait tous les Génies. Ici, il n’y avait aucune limite. Ici, les Djinns étaient tout puissant. Le Monde des Rêves avait cette particularité. Nulle contrainte due à l’habitacle. Nulle contrainte corporelle. Le Rêve était un infini de possibles, une explosion de magie. Chacun pouvait y bâtir un Empire. Il suffisait de le penser, de le moduler. Cet endroit, si riche, serait le berceau de la chute des Ætheri. Le Mârid avait fait une promesse silencieuse : jamais il n’essaierait de briser la grâce d’Harabella, ni la monstruosité d’Elzédor. Ce dernier avait, de toute façon, bien plus à craindre que lui car, depuis peu, un autre Cauchemar hantait le Monde des Rêves : A’zar. Ces trois Dieux représentaient la clef de son succès. Ici, les autres Divins n’avaient pas leur place. Oh ils pouvaient sans doute venir mais ce n’était pas leur Monde. Ils pouvaient en être écartés et c’est ce qu’A’zar ferait. Il les évincerait des Songes et le secret serait bien gardé.

Le Mârid arrêta de jouer cet air d’apocalypse et commença à parler. « Génies, les temps s’apprêtent à changer. Je vous propose d’œuvrer avec moi pour… Hum… La Chute des Ætheri. » Il sourit. Ça lui plaisait. « Vous comme moi sommes faits de la même matière que les Rêves mais nous savons également être des Cauchemars. Aussi, nous façonnerons les rêves de nos Maîtres et créerons le cauchemar des Dieux. Nous nous emparerons de leur utilité en exauçant les prières des Mortels avant même qu’ils n’aient à s’agenouiller devant leurs Déités. Nous nous gorgerons d’une puissance nouvelle par l’intermédiaire des Songes et manipulerons leurs esprits afin que leurs croyances s’effacent. Je vous le demande : qui a besoin d’un Dieu lorsqu’il possède un Djinn ? » Pour autant, il ne s’agissait pas d’agir n’importe comment. Il y avait des règles, une procédure. « Dès demain, nous exaucerons les vœux de Vengeance dans la Réalité et dans le Rêve pour que ce désir finisse par disparaître, petit à petit, lentement mais surement. »




Il n’y avait eu aucun grand discours, aucune apparition de l’Eshü Legba, ni même des Maäshbei. C’était un bruit, latent, présent, un murmure relayé par les membres de la Voix et par les Kehaä. Les Orishas étaient à présent voués à utiliser Nesh’Baäsa afin d’obéir aux volontés de Delta. Ce dernier était resté silencieux un temps mais le peuple n’avait pu décemment oublier celui qu’il considérait comme un Protecteur et, parfois même, une Déité. Personne ne l’avait vu récemment mais les religieux avaient repéré les signes. Les exigences étaient claires : chaque Orisha devrait maîtriser Nesh’Baäsa dans l’objectif de manipuler les liens entres les individus et d’annihiler ceux ayant trait à la Vengeance. Ce ne serait que le début.

Explications


Coucou  [Événement] - Sa vengeance annihilera la Vengeance 47  [Événement] - Sa vengeance annihilera la Vengeance 47

Voici un événement qui concerne les Génies et les Orishas (wwéééé  [Événement] - Sa vengeance annihilera la Vengeance 006 ).

Cet événement fait suite au RPPT du Rêve (il est à Somnium ; en plus d'être un événement concernant les Génies, Devaraj a souhaité, dans le Rêve, la disparition des Dieux), à la Main de Devaraj (il est sur l'Île Maudite ; dedans, le Mârid accepte de réaliser le vœu de Devaraj) et au Jugement (je ne sais plus où il est mais vous retrouverez aisément en lisant mon actualité ; où on comprend que Jun a décidé de trucider tous les Dieux qui ne lui plaisent pas pour devenir méga badass et où il y a donc le Mârid/Delta). Concrètement, il s'agit, pour le moment (parce qu'un Dieu ne se trucide pas facilement ^^) d'affaiblir et de faire disparaître Luftë, la Déesse de la Vengeance. Pour la petite histoire, Jun ne l'aime pas pour des raisons personnelles et comme il est le Dieu de la Justice, ça arrangerait ses affaires que les histoires de Vengeance ne soient plus portées par un Dieu mais uniquement par d'autres biais (les Génies, les Démons etc). Donc, Jun n'englobera pas la Vengeance. Le domaine sortira du monde divin mais on n'en est pas encore là ^o^

Au niveau des Génies : Vous pouvez agir de deux façons :
- La première c'est dans la réalité, en privilégiant les Maîtres qui ont des souhaits de Vengeance. Alors je sais que la plupart des Génies du forum sont d'assez bas niveau et que ce n'est pas évident d'utiliser la magie de votre personnage pour déceler les désirs des êtres mais, en tout cas, cette possibilité est ouverte et, même si votre personnage ne réussit pas, au moins, il aura essayé 8D
- La deuxième c'est dans le Monde des Rêves. Pour ceux qui n'ont pas pris le pouvoir dans le RPPT du Rêve, pas d'inquiétude, je vais le remettre ici en gain. L'idée est de manipuler l'esprit des Rêveurs (les personnes qui dorment et qui terminent dans le Monde des Rêves), en calmant leurs ardeurs vengeresses via des vœux accordés durant la nuit (qui n'ont pas d'impact dans la réalité). C'est au Génie d'essayer de créer les conditions optimales ou d'aller dans un Rêve qui parle de vengeance pour faire en sorte de satisfaire celui qui dort, pour que son désir de vengeance soit moins fort dans la réalité, voire s'éteigne totalement.

Quoi qu'il en soit, le Mârid a convoqué absolument tous les Génies dans le Monde des Rêves donc vous étiez environ 3 millions à écouter son discours. Aussi, même si je l'ai noté dans mon post, le Monde des Rêves est un Univers Divin particulier. Il est alimenté par trois Dieux : Harabella la Déesse des Rêves (Lily-Lune), Elzédor, le Dieu des Cauchemars (PNJ) et A'zar, le Dieu des Cauchemars bis (Jun, qui a très envie de trucider Elzédor et qui est connu sous cette forme là ; si vous voulez d'autres illustrations, c'est Nicol Bolas de MTG. Et c'est aussi un Dragon élémentaire de Sable il me semble, dans le bestiaire des Dragonniers). Dans ce Monde, les Génies n'ont pas de limites à leur puissance. Ils peuvent façonner comme ils le veulent. D'ailleurs, c'est aussi le cas des autres, ceux qui dorment, quand ils prennent conscience du fait d'être dans un rêve. Les Génies y sont happés sans leur habitacle et ont un accès direct au Monde des Rêves DANS leur habitacle quand ils ont le pouvoir "Invitation au Rêve" [c'est celui dont je parlais tout à l'heure ^^]. Donc pas besoin d'en sortir, ils peuvent y aller quand ils veulent en passant par l'habitacle (c'est nouveau et c'est pratique yeah o/). Bref, les vœux sont infinis dans le Monde des Rêves, ça n'a pas d'incidence - pour l'instant - sur les Rêveurs mais ça contribue à augmenter la puissance du Génie (donc vous pouvez vous en servir comme mission de niveau quand c'est "Réaliser un vœu" par exemple ^^)

Au niveau des Orishas : Vous, la nouvelle est un peu moins explicite. Les choses passent surtout par les religieux et les Kehaä (ce sont les Orishas qui ont des bras invisibles et qui sont les soldats de Delta). Delta n'est pas réapparu depuis la fin de la Guerre des Dieux pour rappel. Il réapparaitra un peu plus tard ^^ Quoi qu'il en soit, le projet c'est d'utiliser le pouvoir racial Nesh'Baäsa pour influencer les liens entre les individus, ces liens ayant à voir avec la vengeance. C'est la mission confiée par Delta. Le but c'est de faire disparaître les envies de vengeance (un peu comme les Génies quoi) partout dans le monde, par l'intermédiaire d'un contrôle des émotions et des liens. Vous pouvez donc illustrer ça avec plusieurs PNJ, dans une situation où l'un d'eux a des envies de vengeance sur un autre et où votre Orisha va aller les calmer/les faire disparaître. Il faut comprendre que les Orishas sont un peu des "Rehlas des liens qui unissent les gens". Ils ont beaucoup plus de marge de manœuvre parce qu'ils ne voient pas le Destin mais ils obéissent à des volontés qui les dépassent dans ce genre de mission. J'ai conscience aussi qu'il y a pas mal d'Orishas de bas niveau qui ne maîtrisent pas leur Troisième Œil et qui n'ont pas forcément assez de magie pour pouvoir utiliser correctement Nesh'Baäsa mais votre personnage peut essayer. Il peut suivre l'enseignement d'un plus expérimenté ou d'un professeur. Il peut également entendre des rumeurs sur ces volontés murmurées de détruire certains liens et également sur Delta qui - comme je l'ai déjà dit - est resté silencieux plus de dix ans (plutôt vingt en fait xD). Ça pose des questions. Dans tous les cas, n'hésitez pas à jouer des PNJ Orishas de niveau III qui pourront faire des choses, en plus de votre personnage. Vous pouvez aussi simplement faire des tranches de vie en parlant des rumeurs, de Delta, en exerçant les dons de votre personnage, pour les plus petits niveaux ^^

Aussi, pour rappel, Delta est une entité plutôt peu connue quant à sa nature (c'est un Génie mais personne ne le sait ou presque personne xD). C'est une figure imminente de la Troisième Partie de la Renaissance du Dieu-Roi. C'est lui qui a clairement affirmé que les Dieux faisaient de la merde et qu'il était temps de prendre position pour le Sympan (qui est le Dieu Créateur du Monde selon les légendes). Par son discours, il a divisé le Monde, avec d'un côté les Dieux et les peuples contre le Sympan et de l'autre les Dieux et les peuples pour le Sympan. Il y a donc eu une guerre que le Sympan a remporté (mais personne n'a vu le Sympan pour le moment xD), ce qui a conduit certaines races à être maudites. Des Dieux, comme Lily-Lune et Jun ont gagné en puissance, tandis que d'autres (comme Anya/Mitsu-Edelwyn) ont été punis => elle est redevenue Mortelle. Delta est aussi réputé avoir tué un Dieu et agir pour les intérêts du Sympan, donc on ne parle pas d'un gamin de primaire qui se la pète à la récréation quoi 8D Donc voilà, Delta il est vu comme quelque chose d'un peu à part, une entité puissante, voire un Dieu ou une création nouvelle du Sympan. Dans tous les cas, c'est un protecteur du peuple des Orishas o/

Bref, voilà. Je pense que c'est tout  [Événement] - Sa vengeance annihilera la Vengeance 1929536143
L'événement est donc ouvert aux Génies ainsi qu'aux Orishas et durera jusqu'au 30/06 23h59 heure française.

Gains


Pour 1 000 mots minimum : 1 point de spécialité au choix OU 1 arme OU 6 points de rp
Pour 500 mots de plus, soit 1500 mots minimum : 1 point de spécialité

Ou

Génies :
Pour 1 500 mots minimum : Contrôle des Rêves | C'est à dire que le Génie peut contrôler les Rêves des personnages qui dorment depuis la réalité.
Pour 500 mots de plus, soit 2000 mots minimum : 1 point de spécialité

Ou

Orishas :
Pour 1 500 mots minimum : Un Eäsion Hsüsokeya | Il s'agit d'une espèce d'animal invisible, propre aux Orishas et qui apparaîtra pour la première fois après ce Rp, pour service rendue en quelque sorte. L'invisibilité n'est pas un pouvoir puisqu'ils sont réellement invisibles et peu sont capables de les voir. Vous pouvez soit le déclarer en PNJ avec un pouvoir au choix mais de préférence lié aux Orishas, soit en faire un compagnon avec sept pouvoirs.
Pour 500 mots de plus, soit 2000 mots minimum : 1 point de spécialité

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Dim 24 Mai 2020, 01:13

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Sa vengeance annihilera la vengeance
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Ce post contient de brèves références à la violence sexuelle et au suicide.


Courbée au-dessus de la surface d’une rivière, une jeune Orine asperge son visage d’eau. Une mèche de cheveux blonds se colle à son visage humide. Elle l’écarte d’un bref mouvement de la main, soupire d’aise. Il faisait bon d’être enfin propre. Elle allonge les jambes et les laisse nonchalamment tremper dans l’eau fraîche. Derrière elle, un lièvre rôtit lentement, suspendu au-dessus des braises de son feu de camp. L’effluve de la chair grillée parvient jusqu’à ses narines alors qu’elle sépare ses cheveux mouillés en plusieurs mèches afin de mieux les sécher. Elle s’imagine croquer dans la viande à pleines dents jusqu’à être entièrement rassasiée; glisser, ensuite, dans un sommeil repu et satisfait. Un grondement d’estomac.

Une brise se met à souffler, secouant autour d’elle les quelques buissons de la clairière. Un frisson parcourt sa peau encore trempée. Elle se relève, va s’installer près du feu. Fouille un instant dans son sac, posé contre un tronc d’arbre, pour en tirer une couverture de laine qu’elle enroule autour de ses épaules. Les flammes sont presque entièrement éteintes. Elle agrippe une branche, sur le sol, et remue les quelques brindilles pas encore consumées afin d’attiser le feu. Il crachote et crépite à quelques reprises avant de reprendre un aspect qui satisfait l’Orine. Elle repose la branche à ses côtés et s’adosse contre le tronc d’arbre. Ses doigts se frayent de nouveau un chemin dans sa chevelure alors qu’elle se met à tresser ses longues mèches.

Un mouvement, dans son champ de vision. Elle se fige. Quelque part à sa gauche – quelque chose l’observe. Sa respiration s’accélère. Ses yeux gris restent fixés sur l’ombre qu’elle a vue se glisser entre deux troncs d’arbres alors que sa main droite lâche sa coiffure. Va plutôt s’avancer – lentement, imperceptiblement – vers le bout de bois qui lui avait servi de tisonnier. Un hibou ulule, quelque part, du haut des arbres; la fait sursauter. Elle entend des branches se briser sous des pas qui s’approchent, lentement mais sûrement, vers son feu de camp. Elle se relève d’un bond, brandit l’arme improvisée du bout de ses bras frêles. « Qui va là? » La panique est facilement discernable dans sa voix. Elle sent son cœur battre jusque dans ses tempes.

De l’orée de la forêt émerge une silhouette.
L’Orine réajuste son emprise sur la branche.

Un visage rondelet, d’apparence sympathique, mais les traits tirés, fatigués. Une mince ride creuse l’espace entre deux sourcils sombres et fournis. Une cape verdâtre qui vient frôler les mollets; sur les épaules, un sac de toile taché de boue. Des cheveux roux, emmêlés et sales, s’échappent du capuchon posé sur la tête ronde. Deux mains tenues bien à la vue, dans les airs, dépourvues d’armes. Une voix fluette s’élève. « Je ne voulais pas vous faire peur. » La main gauche s’avance lentement vers le feu de camp. « J’ai vu la fumée de votre feu, de loin et… » Les traits s’affaissent, la lèvre inférieure tremble légèrement. « J’ai froid. Je suis épuisée. Je peux passer la nuit avec vous? Je vous laisserai tranquille le matin venu, promis. »

[Événement] - Sa vengeance annihilera la Vengeance Separa10

Le lièvre sera bientôt cuit. L’Orine observe sa nouvelle compagne à la dérobade. Elle s’est installée à sa droite, tend ses mains rondelettes vers le feu pour les réchauffer. Les flammes lèchent presque sa peau tant ses doigts sont près du feu. Si elle est inconfortable, elle ne le laisse pas paraître. Son physique et sa disposition semblent jeunes, mais son regard devient inquiétant, par moments. Comme des yeux de poupée vitreux et mornes. L’autre la remarque l’observer. Lui adresse un mince sourire. « Vous vous appelez comment? » La voix de l’Orine est douce. « Estelle. » L’autre hoche la tête de manière appréciative. «C’est un joli prénom. » « Et vous? » « Circe. » « Circe. Eh bien, enchantée. » L’Orine est encore légèrement nerveuse. Triture avec le col de son habit. « Merci de me laisser partager votre feu de camp, Estelle. Ça peut faire peur, de voyager seule dans la forêt. À deux, on sera plus fortes si quelque chose arrive. » Un sourire timide gracie les traits de la jeune femme. Elle se détend légèrement. « Oui, c’est ce que je me disais. Il faut dire qu’il fait bon d’avoir un peu de compagnie.» Elle se penche vers le lièvre, le décroche de son support. Ne remarque pas les traits de sa compagne qui changent brièvement d’apparence avant de se régulariser. « Vous êtes sur la route depuis longtemps? » « Oui. Je voyage vers Avalon depuis quelques semaines déjà. » « Je n’y ai jamais été. » Un bref silence. « Moi non plus. »

L’Orine déchire un morceau de viande. La tend en direction de la voyageuse. Celle-ci lève la main pour décliner. « Non, merci. Allez – mangez. » L’Orine a trop faim pour insister.

« Et qu’est-ce qui vous mène vers Avalon, si vous n’y avez jamais été? » Estelle répond entre deux bouchées. « Je vais rendre visite à quelqu’un. » « À un ami? » Elle essuie sa paume sur le drap qui recouvre ses épaules. « À un monstre. » Circe éclate d’un rire fluet, incongru. Désagréable. L’Orine lui jette un bref coup d’œil. « Pourquoi vouloir rendre visite à un monstre? » Une autre bouchée. « Je… » Son regard se perd dans les flammes un instant. Les deux femmes restent silencieuses de longues minutes. La blonde prend une grande respiration. « Il a fait beaucoup de mal à une proche. Et il n’a souffert aucune conséquence. » Elle fixe toujours les flammes du regard. « Les femmes de mon peuple ont toujours été la proie d’hommes cupides et vicieux. Nous arrivons à nous défendre, la plupart du temps. » « Votre peuple? » Elle déglutit. « Les Orines. » Une pause. Quelque chose à propos de la voyageuse rousse la mettait en confiance. Lui donnait envie de se livrer. « Il y a plusieurs années, des hommes se sont organisés. Se sont mis en tête que nous leur appartenions. Ils ont enlevé plusieurs de mes sœurs. Certaines n’étaient que des jeunes filles, à peine matures, qui ne connaissaient pas encore le monde. J’ai été épargnée. Mais ils ont pris Hana. Ma meilleure amie. » Sa lèvre inférieure se met à trembler. « L’ancien homme à qui elle s’était liée l’a prise. Il…Il l’a… » Une nouvelle pause. « Tuée? » Un mot prononcé sans grande compassion. L’Orine ne le remarque pas. Secoue la tête. « Il l’a violée. » Un silence durant lequel la blonde essuie les larmes qui perlent à sa mâchoire. « Elle n’a plus été la même, après. Jusqu’à ce qu’elle décide d’en finir. » Le dernier mot est chuchoté alors que sa gorge se remplit de larmes. Elle laisse les sanglots secouer son corps tout entier durant de nombreuses minutes. Circe arrive mal à masquer sa fascination pour les gouttes qui se creusent sur les joues rosées. Observe les flammes qui s’y reflètent. L’Orine finit par se ressaisir. « Ce n’était pas la seule raison. Mais ce qu’il lui est arrivé a été un catalyseur pour la suite des choses. L’élément déclencheur de sa misère.» Un soupir gorgé de larmes. « Alors voilà. Je vais marcher jusqu’à sa porte. Et –»

La voix qui s’élève est moins fluette qu’auparavant. «Et vous le ferez payer, n’est-ce pas? » L’Orine détache son regard des flammes. Fixe avec intensité les yeux de l’autre. « Je le ferai payer. Luftë soit témoin, je le ferai payer. » Une moue, de l’autre. « Je peux vous y aider, vous savez. » L’Orine détourne le visage. « Je vois mal ce que vous pourriez faire pour – » Elle avait levé la main pour la poser sur l’avant-bras de sa compagne. Sa main passe à travers le vêtement et la chair de Circe comme si ils n’y étaient pas. Elle se fige. Retourne la tête lentement vers sa compagne, qui la fixe de son œil morne. Une rictus moqueur s’installe lentement sur ses traits. Une respiration haletante alors que les deux femmes se dévisagent. « Un Esprit? » « Non. Un Génie. »

[Événement] - Sa vengeance annihilera la Vengeance Separa10

Le soleil est haut dans le ciel. Ses rayons percent difficilement le couvert des arbres. Tout autour, la nature s’active, frémissante de vie alors que la journée bat son plein. Alors qu’elle continue de marcher entre les racines, Estelle tient un éclat de miroir brisé en ses mains. S’y admire. « Circe? »

La Génie émerge de son habitacle sans grand tracas. Empruntant toujours la forme de la gamine à la cape verte, elle laisse désormais ses véritables expressions transparaître sous les traits de son masque. Plus de petit rire fluet. Plus de sourire dévoilant des incisives qui se chevauchent. Qu’une moue passablement insatisfaite. « Oui, Maîtresse? » La voix est à peine moqueuse. L’Orine glousse légèrement. Étrange pour elle de se faire appeler ainsi. « Alors… J’ai droit à trois vœux? » « Pas un de plus. » Circe marche à ses côtés, regarde droit devant elle. Ressent le Lien du Rêve qui enserre la conscience de sa maîtresse. « Et ça peut être n’importe quoi? » « Dans la limite du raisonnable. » L’Orine prend une respiration. « D’accord. J’ai décidé. » Le sourcil droit de Circe s’arque. Elle continue de marcher. Attend. « Lorsque je le confronterai, je souhaite être si menaçante qu’il croira que Luftë elle-même a envoyé un émissaire pour lui faire payer ses actes. »

Circe cesse d’avancer. Le Lien du Rêve se resserre. Sa Magie Bleue vient perler au bout de ses doigts, s’accule au coin de ses yeux comme des larmes. Comme si un barrage avait sauté et que la magie pouvait finalement venir inonder son être entier. Une sensation d’euphorie qui la fait frémir de l’intérieur. « Retourne-toi. » L’Orine se retourne vers Circe pour lui faire face. La Génie détaille le visage de sa Maîtresse. Ses grands yeux gris. Son visage ovale, mince; sa peau de porcelaine. Des traits fins et harmonieux, comme dessinés au fusain. Une véritable vision de jeunesse et de beauté. Pourtant, Circe perçoit faiblement le désir vengeur qui se dissimule sous le voile de pureté dans lequel Estelle se drape. C’est ce désir que Circe prend entre deux doigt et sculpte sur le visage de sa Maîtresse. D’un mouvement du poignet, elle allonge ses quatre canines de manière à afficher au monde la hargne féroce cachée en l’Orine. De vifs vas-et-viens du doigt, devant son visage, suffisent à faire apparaître quelques balafres et cicatrices qui viennent sculpter la peau. La lèvre inférieure se fend en deux. La peau du front perd en élasticité, s’affaissant sur les yeux de la jeune femme, donnant à son visage l’aspect d’être perpétuellement figé dans une grimace inquiétante. Ses yeux s’injectent de sang, se plissent, deviennent mauvais et sinistres. Son teint pâlit jusqu’à paraître blafard, maladif. L’Orine gagne quelques centimètres alors que ses cheveux blonds perdent de leur lustre. Ses ongles s’allongent, jaunissent, durcissent.

Le monstre qui sommeille en elle désormais à la vue de tous.

Circe perd l’équilibre, affaiblie. Le déguisement de la jeune fille aux cheveux roux s’estompe complètement pour révéler sa vraie forme, sans forces, luttant pour demeurer debout. Presque immédiatement happée à l’intérieur de son habitacle, elle utilise ses dernières forces pour arracher l’éclat de miroir aux mains de sa Maîtresse et le tenir devant les yeux de cette dernière. Estelle pousse un cri en apercevant son reflet.

« Tu es l’émissaire de ta propre vengeance. Ce n’est pas Luftë qui t’envoie. C’est moi.»

[Événement] - Sa vengeance annihilera la Vengeance Separa10

La forêt est bien loin derrière elles. Un chemin de terre battue se déroule sous les pas de l’Orine. Plus loin, à l’horizon, elle peut apercevoir le soleil se coucher derrière le labyrinthe d’édifices qu’est Avalon. Il ne lui reste qu’une ou deux journées de marche avant d’atteindre la capitale Déchue. Elle bifurque à quelques pas de la route, trouve un endroit approprié où monter un camp pour la nuit. Dépose son sac par terre, s’étire. Pousse un soupir de soulagement alors que ses os craquent, enfin libérés du poids de sa besace.

L’éclat du miroir qu’elle avait attaché à sa bourse se détache et tombe sur le sol.
Elle le fixe durant de nombreuses secondes.
Le ramasse.

Elle observe son reflet. Elle avait beaucoup pleuré, la première fois qu’elle avait aperçu ses nouveaux traits. On l’avait élevée pour devenir une œuvre d’art vivante; une femme gracieuse et délicate. Elle s’était sentie perdue, sans la beauté qui avait toujours été sienne. Avait maudit le nom de la Génie qui l’avait ainsi affligée.

Pourtant, les pleurs s’étaient estompés, au fil des semaines, pour laisser leur place à une rage froide. Ses traits faisaient en sorte qu’elle n’avait plus à avoir peur de chaque étranger qu’elle croisait sur la route. Elle n’était plus leur victime. C’étaient eux qui l’évitaient, désormais.

La nuit, elle rêve souvent à la terreur qui déformera le visage de sa proie lorsqu’il la verrait pour la première fois.

« Circe. »
La Génie se glisse hors du miroir. Apparaît à ses côtés. Cette fois, elle a revêtu les anciens traits d’Estelle. Un clignement innocent des grands yeux gris alors qu’elle enroule une mèche blonde autour de son index. « Oui, Maîtresse? » Une moue cruelle vient déformer les lèvres rosées. L’Orine ravale sa colère. Baisse les yeux vers le sol pour ne pas croiser ceux de son ancien visage. Une vague de satisfaction parcourt l’esprit de Circe face au malaise de l’Orine. Elle avait attendu impatiemment que sa Maîtresse l’invoque à nouveau  Jouer ainsi avec elle lui est presque jouissif. Elle sent une nouvelle fois le poids du Lien du Rêve gonfler en elle. Devine que sa compagne s’apprête à formuler un vœu. « Je veux une arme. De quoi le faire souffrir. » Difficile pour l’Orine de parler avec ses canines qui gênent désormais les mouvements de sa mâchoire. Son élocution est devenue approximative, hésitante. Elle essuie la salive qui perle à son menton.

Circe s’asseoit sur le sol, lentement, en ne quittant pas la jeune femme des yeux. Elle lisse les pans de la robe blanche qui drape le corps menu emprunté à Estelle.
Puis elle se met au travail.

Il lui faut de nombreux essais avant d’arriver à invoquer une arme. Elle constate que ses capacités magiques ne lui permettent pas encore de faire apparaître sans faille une chose du néant. La première lame qu’elle invoque est rouillée et fragile – n’arriverait pas à faire souffrir qui que ce soit. Ses trois tentatives suivantes se soldent par l’apparition de pommeaux, sans la lame sensée les accompagner. Elle frappe la terre du poing. Le ricanement poussé par Estelle ne fait qu’attiser sa rage. Elle se promet de faire goûter la vraie terreur à cette petite peste d’Orine, une fois le Lien du Rêve brisé. Cette nuit, elle s’introduirait dans son Rêve et le transformerait en cauchemar.

Elle qui voulait, au départ, façonner une épée, se résigne à faire apparaître une dague. Elle se matérialise entre les mains d’Estelle sans crier gare. Une petite dague avec un long pommeau céruléen. Une pointe fine et une lame acérée. Circe regagne son habitacle sans laisser l’occasion à l’Orine de réagir.

[Événement] - Sa vengeance annihilera la Vengeance Separa10

Estelle n’a pas besoin d’invoquer Circe pour son troisième souhait. La Génie marche à ses côtés, dans les rues d’Avalon, sous les traits de la voyageuse à la cape verte. L’Orine s’arrête devant une maison des Quartiers du Centre. Tapote la dague au manche bleu attachée à sa hanche. La maison n’a rien d’imposant : une façade en pierre sombre, près du sol; un seul étage avec deux fenêtres aux rideaux tirés. Elle se fond dans l’étendue vertigineuse des édifices de la Cité Déchue. « Je croyais que les Ailes Noires aimaient vivre en hauteur. » Estelle fixe toujours la maison des yeux. Ses doigts s’enroulent plus franchement autour du pommeau de la dague. « Il n’est pas un Déchu. » Circe croise les bras sur sa poitrine. Observe le profil de sa Maîtresse. « La rage te va bien, Estelle. » Elle le pense.

Estelle ne détache pas ses yeux de la façade de pierres. « Mon dernier souhait. » Ne prend pas la peine d’essuyer la salive qui dégouline lentement de son menton. « Donne-moi du courage. »

Le regard de Circe descend jusqu’à rencontrer les pieds de l’Orine. Elle fixe longuement le pavé inégal. Éventuellement, une bouteille contenant un liquide sombre apparaît devant elle. Son bouchon de liège ne laisse pas planer grand doute quant à son contenu. La Génie désigne le récipient d’un mouvement de la main. « Voilà. Du courage. »

Elle sent le Lien du Rêve se rompre alors que l’Orine débouche la bouteille et la porte à ses lèvres. Elle se détourne, commence à s’éloigner. « Tu ne bois pas avec moi? »

Estelle ne voit pas Circe sourire alors qu'elle poursuit son chemin. Circe ne voit pas Estelle dégainer sa dague.

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Latone
~ Orisha ~ Niveau I ~

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◈ Parchemins usagés : 2293
◈ YinYanisé(e) le : 24/05/2014
◈ Activité : Horticultrice
Latone
Jeu 25 Juin 2020, 16:04

Le tintamarre des gonds fit trembler la roulotte et tomber dans la neige sur le crâne de la bleue. Latone grommela, épousseta ses cheveux, saoulée mais davantage contre elle qu'envers cette pauvre roulotte qui n'avait rien demandé. C'était sa faute, elle n'était que violence et indélicatesse. Même pour juste aller chercher quelque chose dehors, la malheureuse propriétaire se sentait obligée de taper du pied et de ne pas contrôler sa force. Exactement comme à ses débuts, dans le corps de Léto, indépendante. Cela ne faisait que quelques jours que l'Orisha expérimentait son nouveau réceptacle, le sien, et découvrait de nouvelles facettes qui régissaient son existence. Ces muscles n'étaient pas ceux de la Chamane, mais ils n'étaient pas ceux de Lolaha non plus. Latone avait son visage, en soi elle demeurait une Kirzor ; toutefois, elle avait, de toute évidence, pris un chemin radicalement différent de la cantatrice. À moins que celle-ci n'ait déjà évolué en ce sens dans ses souvenirs. Mais ça, elle ne le saurait pas tout de suite. Quoi qu'il en soit, Latone se comportait comme une enfant, à découvrir comment mesurer sa puissance, comment se déplacer sans se cogner la tête au plafond, assimiler les perspectives par rapport à sa propre taille, confirmer ses goûts autant ludiques que culinaires… Ici, dans cette roulotte qui ne payait pas de mine, elle était libre et seule pour pouvoir apprendre. Ce temps ne dura qu'un court moment, les autres le lui ont répété un millier de fois. À croire qu'ils la connaissaient mieux qu'elle ! Enfin, ils avaient raison : tant que cette fausse "Latone" sévissait à Ciel-Ouvert, sa présence n'en sera que plus nuisible. Avant de foncer tête baissée, elle allait devoir réunir toutes ses cartes en main, renforcer son jeu, et abattre ses ressources les plus meurtrières, le moment venu.

" Mambo ! Mambo ! La Marcheuse descendit les marches du palier, tournoyant sur elle-même avec ses bottes enfoncées dans la neige. MAMBO ! Elle se dirigea vers l'arrière de la roulotte, le yack y avait justement laissé une grosse trace de son passage. Mais il est pass— AH ! Non, NON ! Tu ne bouffes pas mes plantes, ouste ! " Fonceuse, elle l'attrapa par la corne et l'obligea à tourner sa gueule ailleurs que dans son potager.

Ce yack était le sien. Voilà : une vraie tête de mule. Latone crut à une blague lorsqu'Ykürr lui avait annoncé la nouvelle, mais non. De ce qu'elle avait compris, cette caravane appartenait à un Oklilleirro décédé, son équipe décimée, l'animal était revenu avec depuis le Voile Blanc. Puisque les événements concordaient avec le pétrin dans lequel était Latone, la roulotte fut installée ici, dans les bois de la cité, afin de masquer sa présence et la préparer à la suite. Quant à la bête, elle aussi s'était installée dans les parages, et Latone dut s'accoutumer à son existence. Le Lyrienn fut formel à son égard : elle devra vivre ainsi, en autarcie, et faire profil-bas jusqu'à qu'une opportunité se présente. Autant dire que Latone n'était pas friande de patience, elle aurait très bien pu s'occuper de son cas à cette usurpatrice. Elle connaissait bien le chemin, elle avait même l'avantage du terrain ! Malgré tout, les mots d'Ezechyel la rappelaient à l'ordre : "Il va falloir que tu fasses attention à toi."

Ainsi était née son jardin dans l'arrière-cour, aménagée spécialement pour l'occasion. Ce fut le lendemain de son indépendance, Ykürr était revenu à elle – afin de vérifier si elle fut encore vivante – et Latone manifesta son intention ferme d'avoir son propre jardin. Qu'elle voulait, par-dessus, planter son fameux poirier qu'elle peinait à entretenir. Ébahie par la requête plus qu'inattendue de la Gueulante, il fit convier un horticulteur, dans la plus grande discrétion possible, afin qu'il l'aidât à préparer son terrain. Quelques jours plus tard, les graines semées commençaient déjà à pousser, à croire que les produits conseillés par son mentor marchaient bien. Chaque jour, Latone prenait un peu de son temps pour s'accroupir aux abords de son tout jeune potager et attendre que ça pousse juste sous ses yeux, dans l'espoir de voir les premières fleurs et, surtout, les premiers fruits. Ses enfants tant adorés. Jun le poirier restera bien seul pendant un long moment, mais au moins était-il suffisamment productif pour montrer à ses cadets comment faire. En revanche, elle ne s'était clairement pas attendue à ce que ses fleurs mellifères puent autant. Ce n'est pas censé sentir bon, les fleurs ?!


" Oh, Latone ! T'es là ? " La voix puissante et acerbe du geôlier lui parvint jusqu'ici, sa sensibilisation aux Échos y étant sûrement pour quelque chose.

Puisque c'était Blarorkh, Latone ne se plaignit point. Il ne fallait pas s'y méprendre : elle aimait bien Ykürr, mais toute cette situation avait tendance à lui casser les pieds. Alors que Blarorkh, lui, restait quelqu'un de plutôt détaché, se contentant de remplir son rôle au sein de Verillon et ne garder qu'un œil peu avisé sur les événements de la Vigilante. De plus, c'était un Orisha, un vétéran ayant subi le Temps des Ruines et vécu les prémices de la Prospérité. Lui seul pouvait comprendre les sentiments bousculés de la nouvelle héritière de Delta. Son Troisième Œil demeurait translucide et peu efficace, ses autres dons lui paraissaient encore bien nébuleux. Ce n'était guère aussi primaire que de faire abattre la foudre ; d'ailleurs, la ressuscitée devint incapable de faire appel à son antique magie. Autant une malédiction qu'une bénédiction. Là était tout le problème : son potentiel gâché. Avec ses nouveaux outils, il se pourrait bien que le Bleu Roi ne la vînt pas venir, et là, là sera son ultime erreur.

" Ouais, je suis là. Elle émergea du côté droit de la roulotte. Tabasse pas trop cette porte, je l'ai déjà pétée hier… En plus, à remettre sur pied, c'est casse-bonbons. La Guide s'avança vers son collègue tout en armure et remarqua que se terrait, derrière lui, un parfait inconnu. C'est qui ? "

" Tu ne le reconnais pas ? Malgré tous les efforts de sa caboche, Latone avait beau le fixer méchamment, cette tronche ne lui disait rien. Il n'avait l'air que d'un rustique vieillard chagriné. Ça te reviendra. Si on testait ton hospitalité ? " Latone se retourna vers l'Orisha, un brin dépassée. Ce n'était pas le château aussi, elle allait devoir se montrer aussi tolérante qu'une Marcheuse. Embrasser leur vie, suivre leurs mœurs. Visiblement gênée, la géante retint sa mauvaise humeur et leur montra le chemin jusqu'à l'intérieur.

" Venez. " Son franc-parler sera sûrement à modérer, néanmoins cela pourra attendre.

Le maître-geôlier lui emboîta le pas, suivi de près par l'étranger. La roulotte n'était guère spacieuse, assez bordélique et mal agencée. Il supposa que l'Éclat souhaitait esquisser un ersatz de salon dès l'entrée, du fait de la table centrale et des chaises en bois. Blarorkh retira son imposant casque et le posa au milieu du meuble, il prit place et observa l'autre Orisha. Le Guide Thero n'eut pas le temps de lui incomber les codes de l'étiquette, mais Latone possédait déjà quelques notions. Observer les Chamans n'en faisait pas d'elle une totale sauvage. Elle s'était ainsi décalée du côté de la cuisine, farfouillant dans ses réserves pour dénicher une bouteille. Lorsqu'elle revint à eux, il semblait bien à Blarorkh que l'intérieur de la caravane faisait quasiment la taille de la bleue ; elle devait tellement douiller. Latone débouchonna le récipient et leur servit chacun un verre jusqu'au bord. Le liquide était jaune, un brin blanchâtre. Absolument pas intimidé, le maître de Verillon but tout d'un coup, d'un seul et lui représenta son verre.


" Hmm, un peu trop sucré. Jus de poire ? Elle acquiesça tout en remplissant de nouveau. Ça détend. " Et ils en avaient bien besoin.

Latone s'assit entre les deux types. Elle savait que l'un ou l'autre prendra la parole pour lui expliquer le motif de leur venue. Suite à une nouvelle analyse de sa part, elle était encore incapable de mettre un nom sur cet homme ; par contre, elle était à présent convaincue de l'avoir déjà vu quelque part. Où, pourquoi, tant de questions dont elle aura les réponses avant leur départ. Au moins semblaient-ils appréciés les poires de Jun.

" Comme je vous l'ai expliqué, il n'était possible de la voir qu'ici. J'ai tenu ma promesse. En échange, vous ferez donc ce que nous avions convenu : pas un mot sur cette entrevue, pas un seul passage à la Vigilante avant un bon moment. Son interlocuteur paraissait d'accord avec ces étranges termes, même s'il tirait la tronche. Ensuite de quoi, l'Orisha adressa une œillade à sa camarade. Je te présente Rupert, le propriétaire de la Hâte Valse. "

À partir de là, tout s'emboîta dans l'esprit de l'Aäsho. La Hâte Valse, bien sûr, cette taverne qui fut en grande partie endommager par sa faute, sa rencontre poignante avec Ezechyel. Elle n'avait eu que peu d'échos de cette affaire, d'autant plus qu'elle fut diablement accaparée par sa revanche avec le Bleu Roi. Certes, Miles lui avait succinctement mentionner les travaux en cours, mais sans plus. Latone ne s'était pas dénoncée, la défaite en elle-même s'était chargée de mettre à mal sa fierté. Peu encline à revenir là-dessus, elle s'était tout simplement esquivée de ces événements, préférant ne jamais en reparler. De toute façon, personne n'était censé savoir qu'elle fut fautive. Où était le mal ?

" Les Marcheurs ont terminé de recueillir les témoignages et les conclusions de l'enquête seraient les suivantes : la bagarre de la Hâte Valse aurait dégénéré suite aux provocations et assauts inconsidérés entre la Guide Latone et un inconnu aux cheveux bruns. Les dommages causés auraient été en grande partie les conséquences de leur duel. Citait-il, sous le regard de marbre de l'accusée. Alors ? "

" Oui c'est vrai, c'est moi qui me suis battue. Rupert semblait déçu d'apprendre la nouvelle, d'autant plus que le détachement de la bleue n'aidât pas à couvrir sa peine. La toute première chose qu'il m'a dite c'est qu'il allait me mettre une fessée, alors évidemment que je n'allais pas le laisser faire ! " Blarorkh se retint de lever les yeux au plafond, connaissant déjà le flegme de sa camarade Guide. Toutefois, son Œil savait que le propriétaire de la Hâte Valse ne se contentera pas de l'identité du coupable.

" Et c'était qui, ce type ? " Elle croisa les bras, s'adossant davantage.

" Ju... ste un con. "

" Donc, tu purgeras ta peine en couvrant tous les frais de réparations et de réapprovisionnements ? " Elle balança ses bras en l'air, outrée.

" Quoi ?! Mais je n'ai pas un rond ! Laisse-moi juste aider à réparer ! "

" Les travaux sont déjà finis, mais Rupert ne pourra pas relancer son commerce s'il n'a rien à vendre… "


Un fracas s'abattit sur la table, surprenant les deux Orishas. Rupert n'était plus tout jeune, néanmoins il avait encore de la vigueur dans le poing. Il se pencha en direction de la fautive, certes peu menaçant étant donné son gabarit, toutefois déterminé à se faire entendre et comprendre.

" Des amis à moi sont morts dans ce chaos. Il insista : De très bons amis. "

Blarorkh fronça les sourcils. Latone fusilla la victime du regard, elle se plongea dans ses iris fatiguées et résolues. Des morts… L'ancienne Hozro connaissait le sort réservé à ces pertes, ce n'était point aussi dramatique. Toutefois, elle comprenait tout autant pourquoi ils accordaient de valeur à la Vie : elle était courte pour la plupart et ne possédait pas le même goût que la Mort. Ses yeux bleutés s'abaissèrent, songeuse envers ses actes. Blarorkh avait posé sa main sur le poignet de leur interlocuteur, mais elle n'en fit pas grand acte, tant le geste fut discret. Ce fut à ce moment-là qu'elle sentît quelque chose, une immatérialité la toucher. Instinctive, Latone darda à nouveau Rupert, puis Blarorkh. Quelque chose paraissait différent, sans comprendre comment. Cependant, elle sentit que son initiative serait capitale, alors elle se retourna enfin vers le tavernier et grommela.

" D'accord, je payerai. Tout. "

Un temps de flottement accompagna cette résignation. Latone ne remarqua pas la dague de Rupert glisser à nouveau dans sa manche, dissimulée, et le geôlier retira sa main lorsque l'autre accepta cet accord. Sans un mot de plus, le commerçant se releva et quitta les lieux. Avant de partir, son camarade Guide lui souffla ces quelques mots dont elle ne comprit pas la portée. Insouciante du danger qui planait sur elle depuis le début.

" Tu m'en dois une, la Bleue. "

Aveugle, l'Aäsho ne vit absolument pas la Vengeance s'estomper entre l'endeuillé et elle.


2197 mots ~
Merci pour l'évent ♪



By Jil ♪
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Sam 27 Juin 2020, 15:19



Sa vengeance annihilera

la Vengeance





Les journées qui me séparaient de la cité d’Amestris me permirent de réfléchir aux conséquences de mes actes. A cause de mes décisions, un pauvre gamin arpentait sans relâche les abîmes de l’Ombre du Coeur. Je m’étais rendue plusieurs fois sur les lieux afin d’apaiser son calvaire mais, rien de ce que je pus dire ou faire ne réussit à atténuer l’horreur des cauchemars qui le tourmentaient. J’étais impuissante face à ce mal qui le rongeait. Les premières nuits, je l’avais observé, suppliant la Mort de venir le délivrer. Ce fut les moments les plus douloureux de mon existence ; je regrettais amèrement de l’avoir condamné à ce triste sort. Il m’avait servi avec une loyauté sans faille et mon comportement l’avait condamné à une damnation éternelle. Si je n’avais pas cherché à duper le Prince Noir, si j’avais accepté de lui révéler les secrets de cette torture, alors les examinateurs auraient sûrement suspendu le supplice. Il me fallut du temps pour apprendre à vivre avec ce fardeau. Seule la certitude de savoir que mon stratagème épargnait cette géhenne à des milliers d’âmes réussissait à apaiser mon tourment.

Les marais du Nementa Corum offraient un décor propice à mes sombres pensées. Le sinistre marécage grouillait d’insectes plus répugnants les uns que les autres. Ils se précipitaient vers moi, tantôt en agitant des ailes desséchées, tantôt en rampant sur leur ventre baveux, dans l’espoir de se repaître d’un morceau de viande fraîche. Malheureusement pour eux, leurs assauts - si violents et nombreux fussent-ils - ne m’atteignaient jamais. Les parasites s’enfonçaient dans la toile de magie, la déchiraient par endroit, mais ne trouvaient rien à se mettre sous la dent. Ils se regroupaient généralement après plusieurs minutes d’acharnement, cherchant un nouvel angle d’attaque leur permettant d’arriver à leur fin. Les percées successives qu’ils effectuaient de par et d’autres de mon apparence n’étaient ni mortelles, ni douloureuses. Pourtant, je ne pouvais m’empêcher de tressaillir à chaque fois qu’ils s’élançaient vers moi. La sensation de leur corps pénétrant le mien était désagréable ; j’avais l’impression de me délayer, de me dissoudre, de disparaître.

Cela devait faire plus d’une semaine que je progressais à travers ce paysage hostile où la flore semblait peiner à se développer quand je ressentis l’Appel. Il était fort, puissant, impérieux. D’une certaine manière, il me rappelait celui prononcé par Pégase des mois auparavant. Il était néanmoins très différent. La volonté du Mârid s’imposait à moi comme une évidence. J’eus à peine le temps de dissimuler mon habitacle au fond d’un petit bassin d’eau croupie avant de m’évanouir dans le Rêve.

Nous étions des millions à nous tenir debout face à l’Océan. Je ne reconnaissais pas les visages autour de moi ; je ne soupçonnai même pas leur existence. Pourtant, nous étions tous unis par une même résolution. Le tourbillon s’éleva encore un peu plus dans les airs. L’ambiance était lourde et pensante ; nous n’avions pas l’habitude de nous amasser en si grand nombre mais personne ne protesta. Nous nous contentions de patienter jusqu’à l’arrivée des retardataires. La silhouette gigantesque qui nous surplombait grandissait à vue d’oeil. Elle ressemblait à une divinité aquatique aux formes voluptueuses. Néanmoins, la mise en scène ne trompait personne. J’observai cette apparence titanesque avec respect et dévouement. C’était la première fois que je rencontrais le Mârid en personne et - bien que je fusse convaincu que ce corps ne soit pas le sien - je me surpris à en discerner les moindres détails. Finalement, la femme prit la parole. Son ton était empreint d’amusement tandis qu’elle nous annonça son grand projet, une machination démentielle : l’anéantissement des Aetheri. La démesure et la folie de ce complot furent accueillies par une allégresse publique. Nous n’avions pas encore livré bataille que nous nous glorifions déjà à l’idée de cette victoire. Et puis, aussi soudainement qu’une tempête éclate en mer, nous nous activâmes pour accomplir l’oeuvre de notre souverain.

Olera Je plongeai dans le flots des songes à la recherche d’une âme à rallier à notre cause. Les émotions me traversaient une à une tandis que je recherchais une rêverie avec une saveur particulière. Les scènes de vengeance ne faisaient pas partie de mes phantasmes préférés mais je m’appliquais à répondre aux attentes du Mârid avec une soumission aveugle. Je me demandais parfois si ces années de dépendance n’avaient pas corrompu mon libre arbitre. Après quelques secondes d’exploration, je découvris un souhait à la hauteur de mes espérances. Je reconnus immédiatement la noirceur et la puissance du sentiment. Resté depuis bien trop longtemps inassouvi, ce désir ressurgissait aujourd’hui comme un monstre affamé, impatient de se gorger de chairs et de sang. Je m’enfonçai sans attendre dans l’illusion, baignant soudain dans une profonde haine entremêlée d’une colère sourde.

Elle se tenait là. Droite. Fixant l’immense scène qui dominait la salle. Les acteurs et danseurs qui s’y produisaient habituellement avaient été remplacés par une troupe de mimes dont le talent était plus qu’équivoque.

« Suivant ! » cria la voix d’un homme attablé à quelques mètres de l’estrade.

La femme à la chevelure de cuivre détourna son regard bleu-gris de la saynète et entreprit de rejoindre le comptoir. Je l’observai silencieusement. Elle se déplaçait avec une prestance rare, ses hanches roulant dans un mouvement hypnotique. J’étais subjuguée par sa beauté. Elle dégageait une aura envoûtante qui m’empêchait de détacher les yeux de sa silhouette sensuelle. La demoiselle était si charmante que j’hésitai longuement à aller à sa rencontre ; je craignais de me perdre dans sa contemplation. Un dernier examen me permit d’appréhender toutes les complexités de ses formes ; la musculature finement sculptée de ses épaules, la cambrure délicate de sa chute de rein, le galbe harmonieux de ses jambes longilignes. Tout dans son apparence m’évoquait des proportions parfaites. Je jalousais avec envie la perfection de ses traits avec la certitude d’être incapable de les reproduire.

Une nouvelle pulsation délétère parcourût la toile du rêve, me rappelant à la tâche. Il était grand temps de satisfaire la soif inextinguible de mon hôte. La convoitise latente avait conditionné ses actes depuis des années sans qu’elle ne s’en aperçût. Cette nuit, le poids de sa vengeance s’émacierait, au plus grand désespoir de Lüfte, lui offrant le réconfort qu’elle cherchait depuis si longtemps.

« Ce n’est pas ici que tu trouveras la chose - ou plutôt la personne - que tu recherches. »

Ma voix chevrotante était éreintée par l’âge. Je m’étais approchée sans discrétion du bar, pour m’affaler à quelques mètres de l’arpenteuse de rêve. Les traits tirés, je l’étudiais de mes prunelles blanchies par la maladie. Je lui reflétais les réminiscences d’un passé troublé par la souffrance, exacerbant son ambition vengeresse. J’attendis d’avoir toute son attention avant de reprendre.

« Je connais ton histoire, ma fille. J’ai vu l’agonie de ton âme. Combien de temps s’est écoulé depuis le retour de ta mère ? Et pourtant, le coupable court toujours. Ne t’étais-tu pas mise en tête de réclamer vengeance ? Je peux t’aider dans ta quête. »

D’un geste empreint de douceur, je repoussai les fins filaments cendrés qui me servaient de chevelure. Ils dissimulaient avec difficulté les croûtes brunâtres qui craquelaient mon crâne ovale. Un projecteur éclaira la scène plus vivement. La luminosité nouvellement accrue laissa apparaître avec davantage de précision les sévices corporels qui avaient été les miens. Je passai une langue mutilée sur mes lèvres amaigries par le temps.

« Tu te demandes sans doute pourquoi je souhaite t’encourager dans ces représailles. Mon enfant, regarde-moi, admire ces cicatrices ; ne comprends-tu pas ce que j’ai vécu ? »

Au fur et à mesure de notre discussion, le lien du rêve s’infiltra dans les profondeurs de son esprit. Sa puissance était phénoménale, bien trop grande pour le Djinn que j’étais. Je n’eus accès qu’à un fragment de son histoire. Le rêve m’offrait cette possibilité d’endormir sa vigilance pour éviter d’attirer les soupçons ; si elle m’avait questionné, je n’aurai probablement pas eu assez d’éléments pour créer un récit cohérent. Sans doute aurais-je pu prétexter que le temps ou bien la douleur avaient effacé ces souvenirs atroces.

« Je pourrais te donner l’identité de notre geôlier, si tel est ton souhait. »

Je ne connaissais pas la réponse - du moins pas encore. Pourtant, lorsqu’elle formula sa demande, le nom d’un homme me vint immédiatement à l’esprit. La magie avait fait son oeuvre et m’avait révélé ce que des années de recherches n’auraient peut-être pas suffit à trouver : le nom du fauteur de trouble.

« Les sorciers qui nous ont capturés étaient nombreux. Pourtant, ils n’obéissaient qu’aux ordres d’un seul homme. C’est lui qui est à l’origine de toutes nos souffrances, de tous nos maux : Claudius Eberhard. »

Je ne sus que difficilement percevoir sa réaction à l’évocation de ce patronyme. Ma connaissance de l’aristocratie et des grandes familles n’était pas assez étendue pour que je susse si cet homme était connu parmi ses pairs. Je ne sus même pas si ce nom fit écho à la jeune femme. Celle qui répondait au nom de Mancinia était difficilement perméable. Sa force de caractère était impressionnante. Seule une haine viscérale trahissait le flux de ses émotions. Le reste de ses pensées, de ses expressions, de ses sentiments m’étaient étrangers. Je n’eus aucun détail qui me permit d’affirmer que j’obtins sa confiance. Pourtant, je lui proposai un second souhait.

« Un nom n’est rien lorsqu’il peut être abandonné. Une appellation n’est pas grand chose lorsqu’elle peut être modifiée. Je suis Olera dal Llioren, celle qui voit. Mais demain, peut-être me présenterai-je différemment ? Si tel est ton désir, je peux t’amener devant la source de tes maux. Ordonne, et je te conduirais à lui. »

Je fus suspendu à ses lèvres. J’attendis une fraction de seconde ou bien une éternité avant qu’elle n’acceptât mon offre. Le temps s’écoulait différemment dans le monde des rêves si bien que j’en perdais régulièrement la notion.

Une respiration, forte, sonore. Je me redressai et descendis du tabouret. Je claudiquai vers la porte, l’échine courbée par le poids des années. Sur notre droite, un panneau nous remerciait de notre visite au Rayon Solaire. Je ne m’y attardai pas. Je saisis la poignée et la tournai, ouvrant un passage vers un lieu très différent.

Nous étions à l’intérieur de ce qui semblait être une cave. De fins raies de lumière s’infiltraient par la trappe du plafond, éclairant brièvement l’intérieur. L’odeur était pestilentielle. Les effluves d’humidité et de moisissure se mêlaient à la flagrance de chairs en décomposition. Les mouches tournaient autour d’amas informes à l’aspect peu ragoûtant. Sur notre gauche, une série de cellules se succédaient les unes aux autres. Certains cadavres gisaient sur le sol, les poignets encore liés aux chaînes qui contraignaient leurs mouvements autrefois. Le confort était sommaire. Une paillasse à moitié rongée par les champignons et un pot de chambre crasseux étaient les seules possessions des rares occupants encore vivants. Leurs corps squelettiques et les blessures multiples trahissaient l’état déplorable dans lequel les maintenait leur geôlier. Ils se recroquevillèrent à notre passage, s’éloignant le plus possible de peur que nous ne leur fassions du mal. Des années de conditionnement les avaient réduit au silence. Au fond, un rideau masquait l’entrée vers une autre salle. Nous y pénétrâmes et découvrîmes des outils de torture maculés de sang. Il y avait là tout un tas d’ustensiles, dont certains m'étaient familier. J’avais eu l'occasion de les apercevoir lors de mon court séjour à Amestris. Je vascillai soudain à la pensée de mon contremaître dont le supplice était encore pire que tout ce que ces gens avaient pu endurer au cours de leur captivité.

« Il est là-bas. » indiquai-je à ma rêveuse en pointant mon doigt crochu vers une ouverture dissimulée dans un recoin de la pièce. Mon dos voûté m’empêchait de soutenir son regard brûlant d’une ire ardente. « Je vous laisse seule maîtresse de votre destinée : si vous passez cette porte, vous le trouverez. Il ne pourra pas s’enfuir, je m’en assurerai. Je n’interviendrai pas ; ceci est votre combat, votre vengeance. Souhaitez et je vous offrirai. »

Je m’écartai du chemin pour lui laisser l’opportunité d’avancer. Si elle hésita un instant, je ne le perçus pas. Sa démarche lascive disparut sous un pas plus militaire. Son coeur battait fort, propulsant l’adrénaline dans tout son corps. Elle allait enfin pouvoir venger les souffrances de sa mère. Elle se propulsa à l’intérieur de l’antichambre, les muscles bandés par la fureur.

Je m’évanouis. M’effaçant de ce décor macabre. L’homme hurlait, pleurait, suppliait la jeune femme de s’arrêter. Malheureusement pour lui, son agonie ne faisait que gonfler le plaisir que lui procurait la scène. Mancinia avait les choses en main. Chacun de ses souhaits, chacune des pensées qui la traversaient prenaient naissance dans le rêve. Le réalisme se mêlait à l’illusion, abusant chacun des sens de l’humaine. L’horreur du tableau était digne des plus grands tortionnaires. Enfin, lorsque j’eus la certitude d’avoir apaisé son désir de vengeance, je quittai ce rêve pour me plonger dans un autre.


2 172 mots, Merci beaucoup pour l'événement !!

@Mancy : J'ai essayé de rester très large et de pas trop jouer ton personnage, si tu veux que je modifie des choses n'hésite pas à me le dire et je le ferai avec plaisir <3
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Mitsu
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Mitsu
Lun 13 Juil 2020, 20:31


Sa vengeance annihilera la Vengeance - Génie



Elle ne s’y était plus rendue depuis bien longtemps. Anya n’avait jamais eu conscience de son pouvoir sur l’Empire au sein du Monde des Rêves, tout comme elle n’avait pas connaissance d’un fait singulier et important : d’être, en quelque sorte, la créatrice de Somnium. Les Génies étaient capables d’exaucer des vœux fous. Elle, jadis, juste avant les prémices de son élévation en tant que divinité, avait réalisé le souhait du Mârid en personne, cet homme si particulier pour lequel elle n’avait jamais cessé d’éprouver un mélange de haine et d’amour, d’indifférence et d’intérêt. Si son cœur à lui avait été fertile, et non pas aride à l’image du sien propre, alors peut-être auraient-ils pu construire une vie simple, à deux. Néanmoins, ils n’étaient pas faits de la même matière que la Réalité. Elle, était la Femme faite de la même matière que les Rêves, à l’image de celui qui ne cessait de l’appeler ainsi. Pourtant, tel un rêve trop beau pour être vrai, Naram-Sin avait disparu dans le néant. Parfois, elle se demandait s’il n’avait pas été un fragment de Jun, disséminé par inadvertance ; un morceau d’Âme insoumis et têtu. L’intimité physique entre eux n’était pas un événement dont l’Histoire se rappelait. Ils étaient des créateurs. Ils avaient toujours aimé souffler sur le monde et y faire tomber de la poussière d’étoiles. Magnifier était un art mais raser chaque fragment de Création était le summum de ce dernier. Elle sourit. Dans l’hypothèse où le Sympan existait bel et bien, sa face cachée devait également se tapir dans l’ombre, oubliée des Légendes, bien trop édulcorées pour que la Réalité y persistât. Edelwyn manipulait dans les ténèbres depuis trop longtemps pour être encore sensible aux jolis contes.

Si Jun avait limité sa puissance dans la Réalité, dans le Monde des Rêves, les choses étaient différentes. Lors de sa punition divine, lors de son sommeil, en haut de cette tour au cœur du Continent des Glaces, elle avait forgé un Empire au sein duquel elle était le Paon de Feu, une appellation uniquement due à la forme de son trône. La chaise royale sur laquelle elle s’asseyait de temps en temps comportait, en effet, des plumes de l’animal, qui s’enflammaient parfois en un spectacle merveilleux. Petit à petit, elle avait conditionné les Rêveurs, les poussant à revenir, attirant leur psychisme vers ce château tellement immense qu’il équivalait à un continent entier. Les cours succédaient aux jardins et aux fontaines taillées dans la pierre. Elle aimait cet endroit, infini, modelable à souhait, tellement qu’elle aurait pu y rester à jamais. Elle aurait pu, si la Réalité ne lui était pas plus agréable. L’absence de défi l’ennuyait. Cependant, il ne fallait pas croire que le Monde des Rêves était à la merci des Génies. Il y avait des zones à éviter, des zones sombres dans lesquelles elle avait déjà pénétrées jadis et dans lesquelles elle ne désirait plus remettre les pieds. L’horreur y était omniprésente et ni les Rêveurs ni les Djinns n’y avaient aucune maîtrise. Pire, l’endroit était tellement dense et étendu qu’il était très facile de s’y perdre à jamais. Les créatures qui y régnaient étaient sans doute bien plus vieilles que les Ætheri des Cauchemars. Elles faisaient partie d’une Histoire bien trop ancienne pour être encore connue aujourd’hui. Elle-même ne la maîtrisait pas complètement. Certains mystères devaient rester profondément enterrés. Il valait mieux qu’ils ne tombassent pas entre de mauvaises mains, n’est-ce pas ?  

Edelwyn s’assit. Sa robe était parfaitement dans le thème du Rêve, faites de plumes de paon. Les couleurs se mariaient à la perfection. Visible depuis des kilomètres, son trône semblait observer le monde de ses ocelles, silencieux et impassible. Le domaine était étendu mais ne représentait qu’un fragment de l’endroit. Tout n’avait pas encore été découvert et, en plus de cela, certains Rêveurs avaient réussi à modeler des ersatz de cet univers particulier, des ersatz qui demeuraient, bien après leur mort. Certains génies, artistes, artisans, rois, avaient fini par comprendre le fonctionnement de ce lieu et par construire quelque chose de grand en son sein. Des œuvres d’art inconnus du grand public avaient gardé une dimension immuable ici, par caprices divins ou par volonté du Rêve lui-même. Peut-être ce dernier était-il vivant, après tout ?

« Que le premier se présente. » dit-elle, d’une voix impérieuse. Aujourd’hui, elle allait entendre les doléances de ses sujets éphémères. Elle leur donnerait satisfaction en créant pour eux des pièces magiques au cœur desquelles ils pourraient exercer leur vengeance dans le secret le plus absolu.

751 mots – Je le fais juste pour le fun o/

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Bellada Ward
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Bellada Ward
Dim 06 Sep 2020, 14:59

[Événement] - Sa vengeance annihilera la Vengeance 1bez
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Sa vengeance annihilera la Vengeance


Le Sylphe esquissa un sourire. Il n’y avait là aucune lueur joyeuse, aucun éclat rassurant, encore moins de clarté bienveillante. C’était, comme bien souvent, un sourire froid, de ceux qui attisent la méfiance, éveillent la prudence. Il était bien connu des menteurs et des manipulateurs, des tentateurs également lorsque leur cible cède enfin et s’offre pleinement à eux. Phobos était un peu tout cela à la fois. Traître parmi les traîtres, il prétendait se plier à la volonté de ses Maîtres pour mieux leur être infidèle et leur planter une lame dans le dos, lorsque leur garde serait abaissée. C’était là l’art subtile de ceux de sa race. Il avait encore beaucoup à apprendre mais, dans cet Univers, ce monde destiné à ceux qui se laissent aller, ses limites étaient repoussées. Le sourire s’agrandit. Encore, toujours : il ne semblait plus s’arrêter. Bientôt, il remonta jusqu’aux oreilles – littéralement. Il engloba la face, qui se fondit en lui. Il continua jusqu’à devenir plus grande que la silhouette qu’il avait revêtu juste avant – celle d’une Ygdraë qu’il avait croisé dans les souvenirs de l’un de ses maîtres. Bientôt, il n’y eu plus de tête, plus de torse, plus de corps : le génie n’était qu’un sourire qui se mit à rire de manière aussi froide et désincarnée que son existence. « Vos désirs sont des ordres… » laissa-t-il retentir : c’était comme une vieille rengaine, un refrain que l’on avait répété tellement souvent qu’il devenait naturel de le dire une fois de plus. Il se laissa happer dans le monde des Rêves, comme ses autres confrères et consœurs. Leur nouvelle mission les attendait et, à vrai dire, ils avaient tous hâte de pouvoir s’y mettre. Certains n’avaient pas oublié le désir de leur créatrice : Pandore les avait fait naître pour surpasser les Divins. D’autres se plaisaient simplement à l’idée de pouvoir défier les Ætheri, figure ultime de l’autorité : beaucoup n’appréciaient pas de devoir courber l’échine face à de tels êtres. Le reste suivait simplement les ordres, hypnotisés par le charisme de leur dirigeant. Phobos faisait indéniablement partie de cette dernière catégorie.

Sur le chemin des rêves, il y avait une jeune femme au doux nom de Lucette. Sa vie était faite d’illusions : bercée par les contes, elle avait toujours imaginé que sa vie devait ressembler à l’une des histoires qu’on lui avait raconté dans sa tendre enfance. Elle s’était évertuée à suivre les morales infantilisantes de ces fables. Après quelques études, elle avait rencontré un homme charmant. Il l’avait courtisé : leurs rencontres étaient de plus en plus régulières ; restaient cependant chastes : une ballade, un pique-nique, une visite au musée, un spectacle d’Ignis. Une fois, il l’avait embrassé sur la joue, lui avait avoué ses sentiments. Elle y avait répondu favorablement. Quelques temps plus tard, il lui passait la bague au doigt. Le mariage : les débuts étaient heureux. Puis vint l’envie de fonder une famille. Les étreintes s’étaient répétées, jusqu’à parvenir à arrondir ce ventre qu’elle avait résolument maintenu plat durant toutes ces années. L’héritier apporta la joie, puis les premières tensions. C’était souvent ainsi. Le rôle de mère prenant toute la place, l'épouse avait délaissé celui de femme. Après tout, ne disait-on pas « être femme avant d’être mère » ? Les désirs de l’homme s’étaient faits plus pressants : Lucette ne pouvait y répondre, trop éreinté par sa fonction nourricière et protectrice. L’Amour se fissurait petit à petit. Bientôt, l’époux devint absent. Les doutes et les soupçons achevèrent de déchirer l’illusion. Le tout vola en éclat lorsque l’enquête révéla la vérité : une autre femme, plus jeune, plus belle,l'avait remplacé entre les draps.

Cette femme était consumée par l’envie de se venger. Phobos esquissa un sourire tandis qu’il lisait dans le cœur de cette âme en peine. Usant de la matière ambiante, il façonna son vaisseau : le corps de l’homme. Lucette retrouva sa beauté innocente ; elle devint plus lumineuse, plus radieuse que jamais. Sous les traits de sa jeunesse perdue, elle reconquit le cœur de sa moitié, laissant l’amante seule et malheureuse. Cette vue ne fit que ravir la Rêveuse. Son méfait n’était cependant pas terminé : le fautif n’avait pas été puni. D’un baiser venimeux, elle lui insuffla la douleur et la peine qu’il avait fait gronder dans sa poitrine. Sous l’affres des sentiments, Phobos s’effondra. Il n’était pas réellement impacté : il jouait simplement le rôle, exhaussant le désir de la Créatrice. Il devait être la victime de ses pêchers jusqu’à la fin des temps – jusqu’à ce que la visiteuse rouvre les yeux sur la triste et morne réalité qu’était sa Vie.

Phobos s’éclipsa, une fois la pièce terminée. Un sourire se dessina sur ses traits : cette fois, il était presque amusé. Il y avait là pléthore de prétendants désirant assouvir la vengeance qu’ils ne pouvaient obtenir dans la réalité.


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