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 [Q] Certaines vieilles traditions exigent de jeunes cadavres

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Mar 29 Oct 2019, 18:44


Crédits : Concept art de Hellblade
Intrigue / Objectif : Aria n'a pas respecté l'un des principes de sa tribu. Si sa jeunesse et son statut d'apprentie lui permettent de ne pas être punie lourdement pour cet écart, elle doit en revanche se faire pardonner. Les circonstances vont donc la pousser à devoir participer à un rituel ancien. (Petit jeu d'Halloween : Aria va à un bal costumé vaudou dans une grotte avec un cadavre.)




Plus rien n’était sous contrôle. Le repas délicieux ? Désir matériel. La drogue ? Désir matériel. La Kazak’Wa ? Désir matériel. Cette soirée semblait somptueuse, mais Aria savait qu’elle enchaînait les erreurs. Rien de tout ceci n’était conforme aux règles, à ses devoirs. Cependant, entre savoir quelque chose intellectuellement et l’appliquer, il y a un fossé qu’elle ne semblait pas prête de franchir.

Aria se réveillait lentement. Ses yeux embués n’avaient pas l’air de vouloir fonctionner correctement, aujourd’hui. Elle put néanmoins constater qu’elle n’était pas seule dans ce tipi et elle se sentit, en quelque sorte, frappée par le regret. Les chamans n’étaient pas rigides, mais l’entraînement au sein de leur tribu nécessitait de se couper des désirs matériels, y compris la chair. L’espace d’un instant, elle se demanda pourquoi elle n’avait pas refusé comme à l’accoutumée. Puis, la vérité revint à elle.

Souvent, on lui avait fait des propositions. Il n’y a rien de plus évident. Cela faisait partie du lot de la vie des chamans. Cependant, il s’agissait la plupart du temps d’hommes. Et, Aria le savait, elle n’avait jamais vu le sexe opposé sous cet œil-là. Ils étaient des amis, des mentors, des proches… mais jamais ce genre de compagnons. Alors, évidemment, lorsque l’un d’eux lui faisait des avances, il lui était facile de refuser et de suivre les règles. En apparences, c’était une bénédiction et elle apparaissait comme une femme sachant respecter les limitations qui lui étaient imposées. Dans les faits, cela pouvait devenir une faiblesse. Elle n’avait pas appris à lutter contre ses désirs, puisqu’elle ne les désirait pas, elle. Alors, quand les circonstances s’alignaient, formuler un « Non » devenait bien plus difficile.

Aria, laissant sa vue s’adapter, contemplait sa partenaire d’un soir qui se réveillait. Des cheveux blonds en pagaille, des yeux gris, un sourire carnassier… non, ces caractéristiques ne lui rappelaient rien. Elle ne la connaissait pas. « Oh, déjà debout ? »« Je suis assise. » La Kazak’Wa haussa les sourcils en s’étirant. « C’était sympa. »« Oui. » Aria s’en voulait de lui offrir si peu de considération, mais il le fallait pour couper court à tout lien.

« Tu as choisi ta tribu définitive ? » Elle regardait ailleurs et semblait détachée, à tel point que l’on aurait pu croire qu’elle n’écoutait pas sa compagne d’un soir. En vérité, elle n’aurait pu être plus concentrée sur sa réponse. « Non. »« Moi, oui. Je vous respecte beaucoup et tout ça, mais… bon, quand même, on s’ennuie un peu chez vous, tu trouves pas ? T’as l’âme fougueuse, tu pourrais nous rejoindre. » C’était prévisible.

« On ne se connaît pas. Je suis très bien ici. »« Vraiment ? Je t’aurais bien vu vigie. Et puis à ce que je sache… » Toujours souriante, la Kazak’Wa frôla la peau d’Aria, qui tressaillit. « Tu n’es pas censée faire ce qu’on vient de faire. Enfin, comme tu veux. » Oui, elle ne le savait que trop bien. Elle n’était pas faite pour cette tribu, pas faite pour ces interdits. Pourtant, Aria ne comptait pas la quitter. « C’est l’exception qui confirme la règle. » Souriant faiblement, la brune se leva et enfila un châle. Elle ne devait porter que sa Binda, mais… il faisait froid, après tout, et elle n’était plus à une erreur près.

« Je vais prendre l’air. » Aria quitta le tipi sans plus de cérémonie, préservant dans un coin de son crâne l’idée de voir Damlys. Sa compagne d’un soir n’était pas certaine de comprendre pourquoi elle la traitait avec si peu d’hospitalité. Un écart, ce n’était pas la fin du monde, surtout chez les apprentis.





La chamane se pensait seule, à l'extérieur du tipi. « Non, Damlys n’est pas disponible et, oui, tu as besoin de conseils. » Cthuali venait d’arriver. Il avait la fâcheuse manie de lire les pensées d’autrui sans les prévenir. Aujourd’hui, il paraissait passablement irrité, mais la chamane doutait que cela vienne de son comportement. « Pourquoi ces temps-ci je n’arrive jamais à lui parler ? »« Il a des soucis. Il est… occupé. » Cela semblait être un sujet sensible, raison pour laquelle Aria n’insista pas. Elle espérait apprendre la vérité en temps voulu.

« Je peux me purifier pour me faire pardonner de… cette faute ? » Le regard de Cthuali suffit à lui donner une réponse : non. « Mais… Hohenilg l’a fait juste après la dernière aurore. »« Oui, mais toi, ce n’est pas ta première erreur. La démarche habituelle d’absolution, tu as déjà dû la voir pratiquée. Ce serait, dans ton cas de jeûner pendant une vingtaine de jours en restant dans le même cercle sacré. Le tout en méditant et en priant, bien entendu. » La Nyam’Wa s’empêcha d’être trop émue par la situation. Elle avait prévu de prendre le premier bateau Kazak en direction de Taelora. Là, elle resterait deux mois avant de remonter pour rejoindre ses confrères à la terre d’Edel. Bien évidemment, ses plans n’avaient pas pu anticiper qu’elle aurait à se faire pardonner d’une erreur de ce type.

« Non, ne te résous pas à abandonner le voyage. Il y a une autre solution, qui nécessitera l’aide d’une partie de la tribu. Tu leur rendras la pareille un jour. » Aria haussa un sourcil. Elle n’avait jamais entendu parler d’autre méthode en cas de faute mineure. « Donner le mauvais comportement à Ezechyel. C’est une tradition un peu désuète, qui date d’avant la formation de notre tribu. Cependant, elle est encore acceptée... enfin, entends par là qu'aucun signe divin ne nous a poussés à l'abandonner. »

« En quoi ça consiste ? » L’apprentie doutait que ce soit aussi facile que ça en avait l’air. Cthuali semblait empreint de gêne. « C’est que… ce rituel est très empreint de la culture des autres terres. Ce n’est plus vraiment quelque chose qu’on fait nous. C’est assez barbare, honnêtement. » Aria n’avait plus vraiment de définition associée à ce mot qui, en patois chamanique, était rarement utilisé. « Explique-moi. Si ça me permet de faire le voyage, je suis prête. »

« Tu dois participer à un… bal costumé. » Le Nyam’Ba rougissait presque d’embarras. « Avec un cadavre. Sur le lieu de mort dudit cadavre, d’ailleurs. Franchement, l’obsession des autres peuples pour la chair en décomposition est vraiment bestiale. » Aria adhérait complètement à l’opinion de son aîné, mais voulait tout de même en savoir plus. Cthuali, qui ne pouvait toujours pas s’empêcher de lire dans les pensées d’autrui, poursuivit.

« Ce rituel repose sur l’idée qu’Ezechyel est le passé et le futur, tandis qu’Edel serait le présent. Le cadavre symbolise la Mort, à qui tu donnes symboliquement ta faute de comportement. Ensuite, il y a des chants, des danses, puis le cadavre est enterré… » Il leva les yeux au ciel. Ce genre de pratiques l’écœurait. Toute personne un tant soit peu civilisée savait que l’option la plus logique était de brûler le corps avant de laisser le vent épandre les cendres. Un réceptacle matériel ne nécessitait pas de traitement spécial. Cependant, puisque c’était une ancienne tradition, il fallait lui accorder le respect qu’elle méritait. « Le corps est planté sous un noisetier, symbolisant la réconciliation entre l’erreur passée et le soi présent. Quand il ne restera de la charogne qu’un terreau fertile et des os, le pardon est total, mais officiellement l'absolution se termine dès la fin de la cérémonie. Il y a d'autres détails, mais tu les verras par toi-même, si tu acceptes. »

Aria considérait ce rituel comme acceptable. Les us et coutumes chamans avaient toujours été variés. Il est donc imaginable que des chamans, appartenant anciennement à l’un des peuples proches de la nature, aient conçu un rituel influencé par leurs origines. La partie sur le bal devait venir de personnes ayant été magiciens. Cela étant, le tout restait à peu près cohérent. « Je comprendrais si tu n’es pas prête à prendre part à ce genre de cirque de sauvages… mais tu es motivée, à ce que je vois. » La Nyam’Wa acquiesça en soupirant. Elle avait un petit peu envie qu’un message divin déclare que lire dans les pensées était dès à présent sacrilège, juste pour pouvoir se moquer de son aîné.

« Mais comment on va trouver un cadavre ? Il faudra quitter Awaku No Hi ? »« Justement, à ce propos… » Il y eut un silence, puis Cthuali décida de téléporter l'apprentie. Elle verrait de ses propres yeux puis, après quelques heures, ils rassembleraient les gens pour la courte cérémonie.





La chamane avançait, couverte d’un masque en bois simple et de perles. À ses côtés, son 'partenaire de danse', trop rigide pour être en vie. Quelques personnes aidaient Aria à gérer le fardeau. C’est que porter un cadavre nécessitait non seulement des muscles, mais aussi un nombre indécent de bras tant l’objet était encombrant. Une dizaine d’autres membres de la tribu étaient présents, la plupart encore en phase de rattachement. Autant dire que ce bal costumé risquait d’être mouvementé, et que la grotte serait trop petite pour tout le monde.

Vous vous demandez peut-être d’où vient ce cadavre, et pourquoi étaient-ils tous coincés dans un tel endroit. Comme dit plus tôt, le rituel devait prendre place là où la mort avait eu lieu. Mais que faisait un corps sans vie ici, au milieu d’une grotte de la Grande Baie en apparence innocente ? En vérité, Aria n’avait pas vraiment eu d’explication. Damlys avait simplement donné le cadavre, expliquant qu’il l’avait trouvé raide et défiguré au point d’en être devenu méconnaissable. De son vivant, il s’agissait probablement d’un chaman. Cependant, pour finir dans un tel état, il devait avoir commis plus d’un sacrilège. Les aetheri avaient abattu leur courroux sur cet homme ; ou, en tout cas, c’était ce qu’elle pensait. En vérité, ce meurtre avait bien été fait de la main de l’homme, mais ce n’est pas la colère ou la folie qui l’avait guidé. Il s’agissait plus d’un élan de pitié… mais c’est une histoire pour un autre jour. Intriguée par ce mystère, Aria n’osait pourtant pas demander plus. Pour l'heure, elle avait d'autre priorités.

« Pauvre serf, que ta faute soit pardonnée par Ezechyel. » Autour, plusieurs autres chamans masqués dansaient et chantaient, invoquant des esprits d’un claquement de doigts. Leurs costumes variaient, mais il s'agissait généralement de perles et de plumes noires, représentant la Mort. C'était assez peu convainquant mais, après tout, le rituel avait été prévu à la dernière minute. « Qu’Ezechyel fasse de cette enveloppe morte son baron. » Aria paraissait peu surprise à l’idée de transporter un cadavre à ses côtés. « Et que ce baron emporte avec lui les erreurs commises. » L’endroit était si vétuste que la sueur ne tarda pas perler sur la peau des vivants.

Le discours se répéta encore plusieurs fois, les chants s’intensifiant. Ils étaient peu, mais on les entendait de loin. Un bout de bois fut donné au corps, symbolisant le sceptre d’un seigneur. Après tout, pour que ce rituel marche, il fallait considérer cette charogne comme un baron. C’était une très vieille conception, rarement invoquée de nos jours. Certains chamans avaient, par le passé, associé Ezechyel à l’aristocratie. Par opposition, Edel était la misère. L’idée avait pour origine le fait que la vie est bien plus difficile que la mort, tant la condition d’esprit comporte des avantages. Certains avaient donc conclu que les trépassés étaient, en un sens, des seigneurs organisés en hiérarchie.

Ce rituel n’avait pas été pratiqué dans la tribu Nyam depuis des décennies, voire des siècles. Voyez cela comme enfiler de vieux vêtements qui n’avaient pas été portés depuis des années : les chamans n’étaient pas tout à fait à l’aise, bien que ceci leur était vaguement familier. Cela étant, ils ne voulaient pas en rire : ce qui est sacré est sérieux. Ils tentaient d’exalter les forces divines en priant dans leurs tenues. Certains tracèrent maladroitement un vévé, mais ces symboles-là étaient devenus trop étrangers aux chamans pour qu’ils soient capables de les représenter correctement. Leurs coutumes avaient largement évolué, depuis cette époque. Le simple fait d'associer la moindre signification à une charogne était une anomalie, au sein de leur peuple.

« Papa Ezechyel, Maman Edel… effacez les erreurs passées et démarrons un nouveau cycle. » Aria prenait part à la cérémonie, quoique peu informée sur les tenants et aboutissants de chaque étape. Les chamans présents semblaient tous plus âgés, et avaient probablement appris ce rite au moins une fois au cours de leur vie. Nonobstant de son inexpérience, la Nyam’Wa essayait d’imiter les autres. Elle aimait le fait de considérer Ezechyel et Edel comme leurs parents. Là encore, cette idée n’était plus vraiment en vogue, chez les chamans. Si ces deux figures divines avaient toujours la plus précieuse des places, le panthéon s’était varié et changeait selon la tribu.

Il avait fallu continuer le rituel jusqu’à ce que les muscles de tous les porteurs faillissent et que le cadavre tombe, ce qui prit environ une heure. Dès lors, ils avaient pu enfin se déplacer et enterrer le corps sous le noisetier le plus proche. Cela avait pris du temps, qui avait uniquement était consacré à sa rédemption. Aria avait désormais une dette envers tous ces gens, bien que leurs identités soient dissimulées derrière un masque et des costumes. Pourtant, aussi reconnaissante qu'elle puisse être, la chamane eut tout de même envie d'avoir le fin mot sur cette histoire de corps. Alors, la nuit tombée, elle demanda à son Hozro d'espionner Damlys.


2150 mots et des poussières.
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