Un profond soupir d'ennui s'échappa d'entre les lèvres de l'adolescente, avant qu'elle ne s'écroule d'un air complètement désespérée sur la feuille blanche posée sur sa table. Un énième soupir et l'adolescente ferma les yeux en espérant que le sommeil vienne l'emporter le plus vite possible. Hélas sans grand résultat, car une règle vint soudainement s'abattre sur son crâne, ce qui la réveilla aussitôt. Se relevant d'un coup, Kathe se mit alors à gémir de douleur en se tenant la tête, tout en jetant un regard noir en direction du coupable. Un surveillant, ce dernier la toisa de haut pendant un instant, avant de désigner la feuille blanche avec sa règle de bois, maniant celle-ci comme s'il s'agissait d'un gourdin.

Votre rédaction mademoiselle Blaise ! Si vous passiez moins de temps à rêvasser et à sécher les cours peut-être que vous ne seriez pas ici. Mmh ?

D'une moue résignée, la jeune fille se pencha sur sa feuille, essayant de réfléchir à quoi écrire pendant un court instant, juste assez pour que le surveillant passe son chemin. Fort heureusement, car Kathe n'avait absolument aucune inspiration et commença même à jouer avec son crayon en faisant tourner celui-ci entre ses doigts. Cela lui fit passer quelques minutes de son heure de colle, hélas le temps était comme ralentit et l'adolescente s'ennuya à nouveau très rapidement. Lâchant son crayon, elle leva la tête à la recherche d'une nouvelle occupation et se mit alors à observer un peu la salle dans laquelle elle se trouvait.
Les yeux de la gamine se mirent alors à se poser sur chaque personne présente dans la pièce, fort heureusement, Kathe n'était pas la seule à être en heure de colle ce soir-là. Sans grande surprise elle reconnut deux trois camarades ainsi que quelque visage qu'elle avait déjà croisé dans le département du Charbon. Une grande majorité des membres de ce dernier étaient très certainement les plus friands de punitions en tout genre, au vu des nombreux manquements au règlement qu'ils effectuaient. Kathe n'y échappait pas non plus. D'ailleurs comment s'était-elle retrouvée ici ?

Lassée de ne rien comprendre durant les cours, malgré l'aide de son ami, la jeune fille s'était décidée à sécher les matières dans lesquels elle avait le plus de difficultés. Cela se passait plutôt bien au début, Galan couvrait la Lyrienne en inventant diverses excuses, hélas toute bonne chose avait une fin et les professeurs commencèrent à comprendre assez rapidement leur petit manège. Ainsi, Kathe se retrouva à devoir faire plusieurs heures de colle et à rattraper les devoirs qu'elle n'avait pas pu faire durant les cours. Étonnement, dans cette histoire, Galan n'eut le droit à aucune punition ni même aucun avertissement. Une chose qui étonnait toujours la jeune fille : La facilité du garçon à éviter ce genre d'ennuis. Mais il fallait dire que ses bonnes notes et sa petite tête d'ange innocent devait y être pour quelque chose. D'ailleurs, cela l'énervait au plus haut point et en vint à promettre au garçon qu'il recevra une punition, un jour ou l'autre.
Enfin, voilà comment l'adolescente se retrouva à subir cette interminable heure de colle. De nouveau un soupir tandis qu'elle s'agita sur sa chaise, être assis sans rien faire était un véritable supplice pour la Lyrienne, celle-ci préférant largement être dehors à s'occuper, se dépenser, plutôt qu'être enfermée en intérieur. D'ailleurs, elle porta un nouveau regard sur sa prison en cherchant un moyen de s'en échapper. Hélas, le surveillant avait un regard des plus affûté et rien ne pouvait échapper à ses yeux de faucon. Avec une diversion, il y avait certainement moyen de s'enfuir. Mais comment faire une diversion ? Si seulement la jeune Asgjës pouvait utiliser la magie, malheureusement aucun élément n'était encore venu l'étreindre pour ainsi devenir une véritable Lyrienne. Pour l'instant elle se retrouvait totalement dénuée de magie, ne pouvant compter que sur ses capacités physiques pour s'en sortir. Vivement la révélation se disait-elle, mais d'un autre côté cela l'effrayait quelque peu, car elle ne savait absolument pas quand celle-ci pouvait arriver ni comment elle allait se manifester. Peut-être dans quelques années voire même quelques minutes, ce qui serait une véritable aubaine si cela lui permettait de sortir d'ici. Une idée lui vint alors en tête. Et si elle se mettait à feindre un malaise ? Une envie d'aller aux toilettes ? Diverses idées commencèrent soudainement à germer dans son esprit. Griffonnant celles-ci sur sa feuille, la jeune fille se mit alors à réfléchir à la meilleure option possible.

Caleb, accroupi derrière une grosse armoire pouvait voir Luther avancer vers lui, le dos courbé en marchant sur le pointe des pieds. Il avait mis un doigt devant sa bouche pour bien faire comprendre à son ami qu’il valait mieux ne pas faire de bruit. Il se mit aux côtés de Caleb en riant sous cape. C’était sûrement la meilleure farce qu’ils avaient faite. Peut-être qu’elle restera dans les annales de l’école ! Ce serait un véritable honneur !

Depuis sa rencontre avec sa mentor, Caleb n’avait pas eu vraiment de quoi se réjouir. Les apparitions de Pandore étaient loin d’être discrètes et devenir la risée de ses camarades avait le don d’irriter ses nerfs déjà sensibles. Mais, Caleb pouvait compter sur ses deux amis : Niles et Luther qui avaient décidés aujourd’hui de l’emmener se changer les idées. Et quoi de mieux pour cela que d’aller chahuter l’assistante du professeur de langue angélique. C’était parfait ! De plus, Mademoiselle Mimosa était une cible parfaite ! Beaucoup d’étudiants du Charbon appréciaient s’en prendre gentiment à elle. Lorsque cela arrivait, Mademoiselle M. poussait des petits cris stridents que les étudiants aimaient reproduire sur un ton moqueur. Ensuite, Mademoiselle M. devenait aussi rouge qu’une pivoine, mais il n’avait pas encore été décidé si c’était par embarras ou à cause de sa colère, car la minute d’après, les étudiants pouvaient être certains qu’elle les courserait à travers tout le parc de l’école, sa chaussure dans les mains, prête à asséner un joli revers de sa sandale sur le crâne du premier étudiant qu’elle attraperait. Il y avait souvent des paris entre les étudiants pour savoir qui elle taperait en premier.

Aujourd’hui donc, c’était au tour de Caleb, Niles et Luther d’être sous les feux de la rampe. Toute la matinée, des élèves avaient parcouru les couloirs et les salles de classe pour recevoir les paris de tous. Luther partait gagnant, mais Caleb et Niles n’étaient pas très loin derrière. De toute façon, les trois amis n’en avaient que faire du résultat. Leur but était simplement de rire un bon coup.

Lorsqu’ils entendirent les bruits de pas de Mademoiselle M., Caleb et Luther se recroquevillèrent un peu plus sur eux afin que l’assistante ne les voient pas. Puis, un grand cri se fit entendre et les deux étudiants virent Niles accourir vers eux, un grand sourire aux lèvres. Il s’arrêta devant eux. Caleb et Luther se relevèrent et se mirent à côté de Niles. « Ça s’est passé comme sur des roulettes ! » dit Niles, légèrement essoufflé. « Tenez-vous prêt ! » s’exclama Luther. Les trois amis se positionnèrent de telle sorte qu’ils avaient les cris de Mademoiselle M. derrière eux. Luther regardait de temps en temps dans cette direction, prêt à donner le top départ. Cependant, Mademoiselle M. déboula sans prévenir, sa sandale dans la main. « VOUS ?!!!! » rugit-elle. Elle s’élança alors vers eux dans un cri sauvage en faisant de grands moulinets de ses bras. Les trois étudiants n’attendirent pas leurs restes et partirent sur les chapeaux de roues.

Ils riaient aux éclats pendant leur course. Bien qu’ils connaissent l’école comme leur poche, ils avaient du mal à éviter de se prendre les murs lors des virages des couloirs. Mais, pour le moment, leur pari était bien parti. Ils ne voyaient plus Mademoiselle M. derrière eux. Alors, ils ralentirent le pas, afin de lui donner sa chance. C’était sans compter sur l’assistante, qui en ayant plus qu’assez de ses enfantillages, avait mis au point un plan imparable. Elle se matérialisa aux côtés des trois étudiants avec le professeur de Puffball et en profita pour attraper une des oreilles de Caleb et de Niles, pendant que le professeur de Puffball attrapait celle de Luther. « Vous n’êtes que des petits polissons ! » s’écria Mademoiselle, M. excédée. « Et vous savez où vous les petits polissons ? En retenue ! Et que ça saute ! » « Vous avez entendu la dame. » dit le professeur en suivant Mademoiselle M. Qui tenait toujours fermement Caleb et Niles. Elle les amena devant la salle de retenue et sans prendre la peine de toquer, entra dans la pièce. « Galan, j’ai trois énergumènes pour vous ! Je vous laisse le soin de leur punition ! Faîtes juste qu’ils s’en rappellent ! Vous trois, allez vous asseoir ! » Sur ces mots, Mademoiselle M. et le professeur de Puffball laissèrent les trois étudiants aux mains de Galan.

Caleb se frotta l’oreille. Il n’aurait jamais pensé que Mademoiselle M. avait autant de poigne. Il s’avança vers les tables et s’installa au milieu de la salle. Il regarda ses deux amis faire de même et il faillit éclater de rire lorsque leurs regards se croisèrent. Puis, sa vue tomba sur sa voisine. Elle ne lui était pas inconnue. Il ne se souvenait pas s’ils avaient des cours en commun ou si elle faisait aussi partie des Charbons. « Salut » lui dit-il en chuchotant. « Moi, c’est Caleb. Je suis dégoûté de mettre fait avoir par Mademoiselle M. On aurait du le prévoir ! Pff. Et toi, tu es là pour quoi ? »

827 mots.

Le nez sur sa copie, la jeune fille paraissait des plus studieuses pour tous les surveillants se trouvant dans la pièce, mais pour ceux la connaissant et à y regarder de plus près, il n'en était absolument rien. Au contraire, elle cherchait activement un moyen d'échapper à son heure de colle ainsi qu'à l'horrible rédaction donnée en guise de punition. Par ailleurs, ne pouvaient-ils pas lui donner quelque chose d'un minimum réalisable comme sanction ? Toutes ces choses d'intellectuels, ça lui sortait par le nez. La Lyrienne préférait largement faire une centaine de pompes ou un millier de fois le tour de Basphel en courant, même si cela s'avérait être très difficile, c'était au moins réalisable. Au moins elle ne serait pas restée assise à s'ennuyer mortellement.
Toujours penchée sur sa feuille à réfléchir à un plan d'action pour quitter cet endroit de malheur, hélas sans grand succès. Un profond soupir se fit entendre soudainement. Se prenant la tête entre ses mains, Kathe commença à désespérer de trouver une solution. À par peut-être celui de courir le plus vite et le plus loin possible. Celle-ci s'écroula ensuite bruyamment sur sa table, ses doigts s'entremêlant à ses mèches rousses. Voyant cela, un surveillant s'apprêta aussitôt à la rappeler à l'ordre, mais ce fut sans compter sur l'arrivée impromptue d'un groupe d'élèves et de professeurs dans la pièce. Ces derniers d'ailleurs débarquèrent dans la salle de retenue sans même avoir prit le temps de frapper auparavant, faisant au passage sursauter l'adolescente, qui releva aussitôt la tête afin de jeter un regard sur les nouveaux arrivants. Un groupe de trois garçons et, voyant la tête de la professeure qui les accompagnait, ils venaient certaine de faire une grosse bêtise. Encore rouge de colère, celle-ci laissa ses élèves au bon soin des surveillants qui, sans aucun doute, allaient leur trouver une punition des plus adéquates pour chacun d'entre eux. Toujours à les observer, Kathe avait l'étrange impression de les avoir déjà croisés quelque part dans l'école. Des visages elle en voyait tous les jours, mais impossible de sa rappeler de chacun d'entre eux, sauf de ceux appartenant à sa classe ou à son département, car c'était ceux-là qu'elle voyait le plus souvent. Dans tous les cas, la Lyrienne allait bientôt pouvoir poser la question à l'un d'eux. Ses deux camarades s'étant assis côte à côte, le troisième, lui, vint s'asseoir près d'elle. Polit comme tout, il salua la jeune fille et se présenta ensuite en lui donnant son prénom. Caleb qu'il s'appelait, cela ne lui disait absolument rien, mais Kathe remarqua surtout, vue de plus près, qu'il était plutôt joli garçon sans compter son attitude un peu rebelle et ses yeux émeraude qui lui rajoutaient un brin de charme. D'habitude, l'adolescente était plutôt indifférente aux garçons, hélas cette fois-ci elle se prit même à rougir légèrement à son approche. Détournant aussitôt le regard, celle-ci toussota légèrement et remit un minimum ses cheveux en place, comme si de rien n'était, se reprenant quelque peu afin de répondre à son interlocuteur.

"Heum… Salut !
Moi c'est Katheleen, mais tout le monde m'appelle Kathe, c'est plus court."

Marquant un petit instant de pause, elle poursuivit en répondant à la question posée par Caleb.

"Moi ? Moi je suis là, car je ne suis pas allée en cours, et ce plusieurs fois. Au début ça marchait bien, j'avais de bonnes excuse et personne ne se doutait de rien, mais bon les professeurs ont fini par comprendre mon petit manège. Du coup, voilà que je me retrouve à m'ennuyer ici.
Mais bon si tu veux mon avis, rester plusieurs heures sur une chaise à ne rien faire et à écouter des trucs auxquels je ne comprends absolument rien ce n'est pas ce que je préfère. Les Mathématiques, la Littérature, pfff quelle plaie !"

Sur ces derniers mots Kathe avait, sans le vouloir, haussée légèrement le ton, ce qui lui valu une nouvelle réprimande de la part du surveillant qui lui ordonna littéralement de se taire. Baissant la tête, l'adolescente se tût durant quelque instant, le temps de se faire oublier, avant de reprendre en parlant le plus bas possible cette fois-ci.

"Et vous ? Vous lui avez fait quoi à Mademoiselle M ? Elle avait l'air vachement en rogne.
Ah ! Et t'es dans quel département toi ? Moi je suis dans celui du Charbon."