Objectif : Retrouver qui a détruit les cultures de riz du village.

Musique



Le soleil doux commençait à brûler la peau blanche de Daé qui ne le sentait pas, la sensation de chaleur atténuée par le vent doux qui soufflait. Son chemin pour rentrer chez lui était de loin le plus beau qu’il avait fait jusque-là. Il avait compté la lune se lever et se coucher plus d’une dizaine de fois depuis son départ et il traversait maintenant les terres du Lac Bleu depuis le début de la journée. Il l’avait compris longeant pendant quelques heures l’immensité bleutée qui avait donné son nom à ces terres et en voyant le long des pontons, pour une raison qui lui était totalement inconnue des mages qui semblaient garder le tour du lac.

Daé s’arrêta quelques instants pour souffler et se rendit compte en soupirant contre son propre manque de prévoyance, que son outre était totalement vide. Il rit doucement. *Heureusement que je suis ici et pas arrivé par malheur en Enfer.* Il regarda autour de lui et aperçut au loin, bordé de rizières, un petit hameau composé de quatre maisons et il s’y dirigea.


« Et vous avez dit que ça fonctionne comment ? » « Dans quelques jours maintenant, on va passer des grands râteaux et ça va extraire le riz qui est au fond. » La personne qui regardait Daé semblait le prendre pour un imbécile. C’était une jeune personne, peut-être tout juste dix-huit ans, sûrement d’origine magicienne, même si Daé se fit la réflexion que rien ne le lui certifiait, au physique totalement androgyne et au regard malicieux, qui semblait prendre le Rehla pour un délicat imbécile. Peut-être parce qu’il avait demandé trois fois le fonctionnement des rizières et trois fois il n’avait rien écouté, fasciné par le mouvement délicat des lèvres charnues de la personne qui lui faisait face. Il se concentra cette fois et approuva d’un air intéressé. En plus d’être intéressé par la silhouette ronde de son interlocuteurice, il l’était aussi par plus ou moins tout ce qu’il ne maîtrisait pas, le fonctionnement des rizières également. Il sourit donc et, s’apprêtant à lae remercier, il tendit la main : « Je suis Daé ! » , « Je suis Onyx » , lui répondit-iel, ses fascinantes lèvres s’écartant en un grand sourire. « Je vais y aller du coup… » « Tu m’avais pas demandé de remplir ton outre ? » Daé rougit bêtement et approuva, oubliant complètement ce pourquoi il s’était arrêté et suivant Onyx à l’intérieur d’une des quatre maisons du hameau.

En entrant dans la masure, l’humidité était prenante et presque étouffante. De la vapeur formait une couche sous le plafond et le père d’Onyx semblait être en train de cuire d’énormes marmites de riz. Daé se fit chaleureusement accueillir et on lui servit du café et lui proposa de s’asseoir. Onyx et son père s’assirent à la table et lui adressèrent un grand sourire en le regardant boire son café. Au fur et à mesure que le plaisir de s’asseoir était passé, Daé remarqua que quelque chose semblait être étrange. Onyx et son père le fixait et semblaient attendre quelque chose de sa part. Il s’interrompit donc et leur rendit leur regard lourd à porter. « Oui ? » « Le café est bon ? » demanda le père en souriant. « Oui, oui. Je vous remercie. Vraiment beaucoup ». Un temps. « Je vais y aller je crois.. » « Avant que vous partiez, on pourrait vous demander une faveur ? » Il y était, il y avait bien quelque chose d’intéressé derrière tout ça. « Dites moi. » Le père soupira et Onyx sembla gêné, iel détourna le regard et, son père ne parlant pas, prit la parole.

« Tu vois, il y a quelques jours, la majorité de nos rizières a été piétinée par un troupeau. Il y avait d’énormes traces de pas partout et on n’a pas su ce qui s’était passé exactement. On a bien essayé d’aller voir dans les bois environnants, mais rien ne s’est passé. On a aussi essayé de demander aux voisins et aux voisines si quelque chose de pareil leur était arrivé, mais apparemment c’est arrivé que chez nous. Et on s’est dit que…tu avais l’air compétent et que tu étais un voyageur et un aventurier et que donc… » « Je vais vous aider. »

A peine Daé avait-il prononcé ces mots qu’il le regretta à demi et se demandait vraiment s’il était de taille à affronter « un troupeau ». Malgré tout, l’illumination sur le visage de ses deux hôtes le fit sourire et il sortit pour aller voir s’il restait quelque chose de ces fameuses traces.

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« Je veux juste vous parler ! Sincèrement, je ne veux pas vous déranger longtemps… » La fin de la phrase alla mourir contre la troisième porte de bois qu’on venait de lui refermer au visage lorsqu’on avait compris qu’un jeune étranger était en train de fouiner dans les affaires du hameau. La conclusion était double : Les personnes qui vivaient autour de la maison d’Onyx n’allaient pas être d’une grande aide et le destin avait été clément en faisant rencontrer Onyx à Daé et pas une personne qui n’aimait pas les gens d’ailleurs. Il fit demi-tour, agacé par le manque de bienveillance des gens et se dirigea à nouveau vers les rizières en question.

Le Rehla les avait déjà parcourues dix, peut-être vingt fois, et ce qu’il y vit ne changea pas. Les traces étaient irrégulières, il n’arrivait pas à les relier à un animal qu’il connaissait et il avait surestimé ses compétences. Il s’assit donc à côté des rizières, prenant le temps de contempler le soleil de fin d’après-midi qui l’éblouissait et de regarder les étendues de rizières qui dominaient les petites habitations du hameau. La lumière tapait avec un angle si doux que Daé voyait sur les rivières l’eau stagnante comme un monde rempli de petites bulles, aspérités et vaguelettes qui communiquaient entre elles en parfaite harmonie. Toutes avaient l’air à la fois reconnaissantes envers le soleil d’être là et envers les humain.e.s de s’occuper de leur habitat. Daé se sentit flotter, porté en l’air par un sentiment de pleine harmonie et de place enfin trouvée. Il avait lâché sa curiosité et observait juste le nouveau monde des rizières qui lui parlait. « Il faut vraiment que tu regardes juste à côté de la maison. » « Oui, iel a raison, les gens qui ont fait ça ont laissé des traces. » « Evidemment qu’iels ont laissé des traces ! » « A côté de la maison d’Onyx !! » . Les voix se faisaient de plus en plus fortes et de plus en plus insistantes. Alors que le Rehla flottait de plus en plus haut, les êtres des rizières aussi s’envolaient et semblaient le porter vers la maison d’Onyx en répétant « Des traces ! Des traces ! » . Puis Daé tomba au sol, ouvrit les yeux regarda autour de lui, complètement déboussolé et les yeux collés par le sommeil.

Le soleil avait fini son travail quotidien et était parti faire la fête en attendant demain et la rizière était comme elle l’avait toujours été depuis son arrivée, calme, silencieuse et dévastée. Le Rehla s’étira de tous ses muscles et regarda autour de lui, pas plus avancé qu’en s’endormant. En ramassant son petit sac rempli d’affaires de voyages à tel point que les coutures lâchaient par endroit, ses yeux s’attardèrent sur la rizière et il se souvint soudain de son rêve. Des traces !

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