Ciel-Ouvert

Lors de sa découverte par la Marche Terne, le lieu était totalement désert, ayant existé depuis des temps insoupçonnés. Ce fut incontestablement une prison, dirigée par un groupuscule encore inconnu. Des années de torture et d'isolement furent le fruit d'une motivation qui restera à jamais sans réponse maintenant que les occupants ont disparu. À l'intérieur, on ne peut plus ressentir la tourmente des âmes due ravages du temps, mais l'énorme concentration d'Esprits autour du lieu explique en partie les atrocités qui ont dû s'y dérouler ; là encore, cette supposition demeura sans confirmation, car les êtres lamentés font preuve de mutisme à ce sujet auprès de ceux capables de communiquer avec eux.

Remis aux goûts du jour, les Marcheurs Ternes ont reconstruit les édifices utiles et détruit les autres. La prison en elle-même n'a guère bougé, seules les zones en aval et en amont ont été investi pour en faire un lieu habitable. Depuis quelques temps, le groupe en a fait son quartier général et vante son indépendance en laissant quiconque y pénétrer tant que leur propre liberté ne s'en voit pas entravée. Ainsi est née Ciel-Ouvert.

Par-delà les terres, Ciel-Ouvert ne possède qu'une petite réputation, mais ceux au courant de son existence s'accordent à dire que c'est officiellement la Cité des Chants. Peu importe où vous vous trouverez : vous entendrez toujours une ou plusieurs personnes chanter, de jour comme de nuit. Ces chants font partie intégrante de l'atmosphère de la cité, on s'y habitue rapidement et on parvient même à trouver le sommeil sous l'influence d'une berceuse nocturne. La quantité de vers possible, tout comme l'imagination, n'a pas de limite ; chacun est libre de louer ce qui lui tient à cœur, chacun est libre d'interpréter comme il le souhaite le message sous-jacent. Les séjours à Ciel-Ouvert ne se ressemblent alors jamais.

Rosalie - Ciel-Ouvert se situe dans la partie Nord du Voile Blanc, un endroit que les Marcheurs nomment Rosalie, l'énorme mur de pierres qui sépare la cité des contrées austères. Couvert par la glace, ce mur fut une muraille à l'époque, le froid nordique ayant repris ses droits pour n'en faire plus qu'un bloc uniforme et résistant aux aléas du temps.

Il n'existe qu'une unique entrée, étroite de surcroît. Les Marcheurs ont préféré maintenir cette largeur, afin de réguler plus facilement la circulation et éviter aux groupes importants de s'y risquer. Néanmoins, il n'y existe aucune patrouille : ni à l'extérieur du mur, ni à l'intérieur, celui-ci se traduisant par un long couloir dont la seule source de lumière est la sortie au bout du tunnel, reflétée par les quelques cristaux incrustés dans la paroi. Sur les pierres qui encadrent ce tunnel sont gravés des messages et des dessins, parfois bombés d'espoir, parfois morbides, quelques fois juste des noms. Chacun est invité à y certifier son propre passage, si tel est son caprice.

Sentier Air - Une fois parvenu au bout, et souvent avant même de franchir la sortie, on peut entendre des chants au loin. Les moins attentifs n'arriveront pas à distinguer les vers, la distance n'aidant pas à ce stade, même si le vent qui commence à frapper emporte avec lui les voix lointaines. Se dresse alors devant les visiteurs le sentier Air.

C'est ici-même que sont postés les premiers véritables Marcheurs. Ce sont surtout des sentinelles, elles ne parlent pas aux passants – souvent accaparées à siffloter ou chantonner – sauf si on daigne les aborder. Leur rôle est principalement d'alerter la cité en cas de nécessité, prévenir le danger ou les visites de courtoisie, elles acceptent également de guider sur demande. Leur avant-poste est niché sur le côté droit en arrivant, il n'est pas obligatoire de s'y rendre pour continuer sa route. Cette dernière se prolonge jusqu'à un portique, c'est en passant sous cet arc de pierre qu'on peut enfin voir la cité creusée dans le flanc de la montagne.

Les bois avoisinants accueillent également les Immolées, des femmes à la peau brûlée, couvertes de guenilles détériorées par les ravages du temps. Ces créatures éternelles demeurent en retrait avec les étrangers et ne se laissent que rarement approcher par les Marcheurs. Elles sont incapables de communiquer si ce n'est par le chant ; leurs prestations sont considérées comme enchanteresses tant leur voix est magnifique. Personne n'a su identifier le passif de ces demoiselles, il est supposé qu'elles soient probablement liées au sombre passé de Ciel-Ouvert et de sa prison.

Quartier Aria - C'est la zone obligatoire à franchir pour accéder aux autres coins de Ciel-Ouvert, l'unique entrée débouchant directement sur le quartier Aria. On l'appelle "Bas-quartier" car il se trouve en aval de la prison, également parce que l'architecture est moins bien travaillée que celle du "Haut-quartier", mais elle n'en reste pas moins suffisamment chaleureuse pour accueillir ses invités comme il se doit.

Le Bas-quartier est composé d'une multitude de bâtiments commerciaux, avec des escaliers taillés dans la pierre servant de liaisons entre eux. Hormis les nombreux étals et échoppes qu'on peut trouver sur les longues rues ou les bords de falaise, il existe beaucoup d'entrepôts où sont stockés des vivres et du matériel, principalement ceux servant aux caravanes. Les ressources en elles-mêmes sont relativement riches, étant donné que la Marche Terne voyage aux quatre coins du monde, ses retours d'expédition offrent systématiquement du sang neuf dans leur collection. Il est pour ainsi dire de bon ton de s'y rendre pour se ravitailler. L'échange est une valeur importante à Ciel-Ouvert.

Verillon - Cette énorme structure qu'on peut voir de très loin est en réalité la prison de jadis, baptisée "Verillon" par les Marcheurs. Se situant juste au-dessus du Bas-quartier, ses fondations sont encastrées directement dans la montagne. C'est une succession de cellules empilées les unes sur les autres, toutes dirigées vers l'extérieur, où les prisonniers – généralement les chefs esclavagistes capturés lors des expéditions – sont enfermés à vie ou dans l'attente d'une autre sentence. La Marche Terne luttant pour la liberté universelle, cette manière de traiter leurs ennemis est une juste condamnation à leur goût : les bourreaux enfermés et les esclaves conservant la clé ; l'ironie est délicieuse en ces contrées.

Tout comme Rosalie, la surface de la prison est recouverte d'une couche de glace. Les cellules, dans le temps, donnaient directement sur le vide : les prisonniers étaient invités à mettre fin à leur souffrance en sautant… mais la chaîne était toujours trop courte, afin qu'ils n'empruntent pas la solution de facilité. De nos jours, les prisonniers ne peuvent plus qu'admirer l'extérieur à travers la glace, suffisamment transparente pour voir à travers et suffisamment épaisse pour résister aux attaques. En plus de ces parois, les geôliers veillent au grain : à chaque étage est affecté un maître pour veiller sur leurs proies. Influencés par l'ambiance de Ciel-Ouvert, il n'est pas rare d'entendre quelques prisonniers chanter ou siffloter dans leur coin, attirés par les échos mélodieux de l'extérieur. Les visites sont autorisées, pour ceux ayant un proche qui a raté sa rédemption.

Quartier Ode - Pour accéder au quartier Ode, juste au-dessus de la prison, l'unique itinéraire proposé aux visiteurs est d'emprunter les marches successives qui longent les flancs de la prison. L'accès par cette dernière étant strictement réglementé.

Contrairement au Bas-quartier, l'architecture du Haut-quartier est plus pittoresque. La majorité des bâtiments sont des immeubles servant d'habitations. C'est bien au Haut-quartier qu'on vit chez soi, en bonne compagnie si on sélectionne bien son entourage. Le sol est recouvert de dalles pour faciliter les déplacements, là où se mêlent Marcheurs, touristes, mercenaires, marchands, ménestrels, et bien d'autres hères en tout genre. C'est généralement ici que se déroulent les intrigues principales de Ciel-Ouvert, les rumeurs se colportent aisément, et les vers se baladent entre deux tympans. Les chants y prennent source, de la plus médiocre des éloges à la plus belle des satyres.

Le Coryphée - Se situant au niveau du Haut-quartier, le théâtre Coryphée est l'attraction principale de Ciel-Ouvert. On le repère très facilement, surmonté d'une géante statue d'une guerrière sans visage, rénovée par les Marcheurs. La femme de pierre fixe l'ensemble de la cité jusqu'au sentier Air. À ses pieds sont cyclisées les nombreuses estrades autour du terrain servant de scène aux artistes, l'ensemble se trouve donc à l'air libre.

Le Coryphée sert avant tout pour les chœurs, généralement organisés les jours de fêtes. De nombreux spectateurs s'y rendent pour assister aux prestations et garnir leur propre culture musicale. En dehors des cérémonies, quelques volontaires viennent s'adonner au chant pour cultiver l'ambiance particulière de Ciel-Ouvert, leurs voix transcendent tout pour atteindre les oreilles de quiconque se baladant dans la cité. La nuit, les ténors sont plus rares et la coutume veut qu'on laisse les Immolées envahir le théâtre. Seule à ce moment-là, la volontaire offre sa voix pour bercer la nuitée des Marcheurs, ses vers apaisent les esprits et aident à trouver le sommeil. Mis à part ces principales fonctions, le théâtre sert également pour des loisirs plus compétitifs tels que des duels, des courses, des joutes… À l'occasion, c'est aussi le lieu où sont organisés les banquets et les annonces publiques.

Non loin du théâtre, un petit chemin mène à un énorme gong suspendu, appelé "Glas". On ne le fait résonner que lorsqu'une nouvelle annonce est sur le point d'être rendue publique, et plus rarement lorsque la cité est en alerte ; dans ce cas-ci, le gong est frappé trois fois de suite. En guise de motifs, des esclaves se battent pour leur liberté dessus, avec des inscriptions sur le pourtour ; celles-ci ont la particularité d'être dans la langue natale du lecteur. Il n'y a également aucune traduction officielle, car chaque individu lit une phrase différente lorsqu'on traduit en langue commune. Selon la légende, ces inscriptions reflètent notre propre interprétation de la liberté, d'où le fait que très peu de personne parvienne à lire la même chose. L'unique similitude entre les lectures est que ces inscriptions forment un alexandrin. On ignore encore qui l'a fabriqué, sûrement volatilisé avec les anciens propriétaires de la prison, car il était déjà là lors de la découverte de Ciel-Ouvert.

Sequela, Domaine des Gandr - Construite grâce à la fortune de ses propriétaires de toujours, Sequela n'abrite en ses entrailles que les membres légitimes de la famille Gandr. Situé sur le flanc de la montagne, après le Coryphée, ce domaine dénote par son architecture, une anomalie parmi les traditionnels édifices de Ciel-Ouvert : moins rustique, plus luxueux, sa façade tire davantage vers les tons chauds et sombres. Y accéder ne peut se réaliser que par l'intermédiaire d'un pont, constamment occupé par des membres de la famille assignés à la surveillance. Simplement, le hall d'entrée laisse une idée bien précise sur la taille de l'endroit : Sequela serpentent plusieurs pans du mont grâce à ses nombreux étages ; certaines salles bâties dans le roc même, tandis que d'autres s'étendent via un balcon, offrant une vue imprenable sur l'immensité du massif. Malgré le caractère malveillant à première vue – de par ses allées enténébrées et serpentées de touches rougeoyantes ou dorées – l'intérieur du domaine est une source de plaisirs intarissables. Fidèles à leur mode de vie, les Gandr s'adonnent constamment à la recherche de la satisfaction et ne sont pas chiches en partage. Toute personne parvenant à s'attirer les bonnes grâces de la famille sera la bienvenue à Sequela, et pourra peut-être trouver ce qu'elle désire le plus entre ses murs. L'opulence et l'extravagance sont monnaies courantes chez les Gandr, il n'est point rare d'être surpris par ce que leur domaine a à offrir, tant les limites semblent inexistantes pour eux.

La plupart des mauvaises langues parmi les Marcheurs affirmeront que Sequela représente la bête noire de Ciel-Ouvert : s'y rendre est prendre le risque d'être consumé par ses propres envies.

Vigilante - Plus loin en altitude se trouve une forteresse. Baptisée Vigilante, elle est située en hauteur afin de veiller sur l'ensemble de Ciel-Ouvert. Dès l'entrée, on atterrit dans la salle de banquet, assez grande pour contenir deux longues tables avec, au centre, un feu toujours présent, tandis qu'au fond est installée une succession de trônes alignés. Les Marcheurs se servent de cet endroit pour les conseils de guerre, les jugements, et les visites officielles.

Ses murs accueillent les Guides – grossièrement les "chefs" – de la Marche, chacun a ses propres quartiers, parfois offerts aux étrangers en guise d'hospitalité. L'édifice est suffisamment grand pour rassembler la plupart des habitants de Ciel-Ouvert, de nombreuses salles ont été aménagé dans le roc même où il a été construit. Il comporte, en outre, des cuisines, une cave à vin, des bains thermaux en souterrain, une salle de trophées rapportées suite aux expéditions de la Marche Terne, une autre salle réservée à la cartographie pour lesdites expéditions, une armurerie, des salles de stockage pour les provisions… D'aucuns vous diront que seuls les Guides sont propriétaires de Vigilante, ce qui officieusement n'est pas le cas : malgré le fait que les trônes de la salle d'entrée soient tous identiques, la maîtresse des lieux est officiellement Latone, désignée comme cheffe parmi les Guides.

Linos - Nommée également "la Cité Miroir" par les Marcheurs, Linos est une ancienne cité qui serait enfouie dans la montagne. Les Marcheurs se gardent d'en révéler davantage et son exploration par les étrangers est interdite… pour le moment.

Informations

Qui peut fouler le territoire ? : La cité est politiquement neutre et ouverte à tous. L'ensemble des Marcheurs – autant les membres du groupe que les simples habitants – gardent un œil sur les étrangers et sont prêts à intervenir au moindre faux pas. L'hospitalité est offerte à quiconque se comporte avec déférence. Ne pas empiéter sur la liberté des autres permet de s'ouvrir de nombreuses portes.

Niveau de dangerosité :
■■□□□□□□□□ : En ville, les Marcheurs s'assurent que tout soit sous contrôle. Les délits sont généralement mineurs, de l'ordre du vol et des bagarres. Les responsables sont réprimandés sur-le-champ via un petit tour à Verillon ou une exclusion. Aux alentours de la cité, les animaux sauvages ne sont guère hostiles, tandis que les Immolées sont parfaitement inoffensives.
■■■■■□□□□□ : Les peuples pro-esclavagistes, bien qu'autorisés à circuler en ville, sont très mal vus par les Marcheurs. Certains ne les tolèrent tout simplement pas et sont susceptibles de passer à l'action à la moindre opportunité. Les Marcheurs n'ont en effet pas peur de se salir les mains.
■■■■■■■■■□ : Linos, cloisonnée par les Marcheurs, est décrite comme une zone à haut risque.

Saisons : Les terres de Ciel-Ouvert ne subissent pas de cycle saisonnier. À mi-chemin entre le tempéré et le froid, le climat propice à la vie semble maintenu par la magie environnante.

Langues : Formant un peuple hétéroclite, les Marcheurs adoptent le langage commun. Quelques vétérans se livrent aussi au patois local.

Économie : Les Marcheurs sont adeptes du troc. Étant organisés en caravanes sous couverture, leurs multiples expéditions leur ont permis d'amasser de nombreuses richesses qu'ils sont prêts à céder contre certaines ressources. Les spécialités de la région passent par la vente de peaux de bêtes et du lait de Yacks. Ils pratiquent également la vente de prisonniers mais uniquement auprès des gouvernements.

Monnaies : Si le troc n'est pas de mise, les Marcheurs acceptent n'importe quel système monétaire. Ils sont capables d'y trouver leur compte.

Religions : L'Æther principal de Ciel-Ouvert est Kennocha. La cité des Chants est cependant nuancée par l'idéologie des Marcheurs qui les poussent à se tourner vers d'autres Ætheri, tels que Dasha, Déiopéa, Drëjtësi, Babelsba, et Asîlah.