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 [VI] Si ça ne ressemble pas à une bonne idée, ce n’en est probablement pas une | Siruu & Alekto

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Siruu Belhades
~ Sorcier ~ Niveau III ~

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◈ YinYanisé(e) le : 06/12/2015
Siruu Belhades
Ven 01 Fév 2019, 22:39

Catégorie de quête : VI. Recherche et exploration
Partenaire(s) : Alekto [Chelea]
Intrigue/Objectif : RP Analepse, qui se passe durant les événements de la réception.
La présence des sirènes rend le remède de la Narcirra d'autant plus difficile à obtenir. Ainsi, beaucoup cherchent à profiter du cadre légèrement plus favorable offert par la réception, dans l'espoir de récupérer des doses de venin. Dans cet objectif, des sorciers ont choisi d'organiser leurs expéditions dans une auberge des Gorges de Lirislin.







Crédits : The River of Ang-roth par Ferdinand Ladera

Avez-vous déjà essayé de prendre des notes dans un navire, bousculé par les rafales de l’Océan ? Siruu avait eu la merveilleuse idée de relever ce défi. Un carnet tâché d’encre et une plume cassée plus tard, il ne semblait pas bien avancé. Pourtant, ce n’était pas le plus à plaindre, à en juger par le vomi qui s’écoulait sur les planches. Le sorcier pouvait se réconforter en se disant que lui, au moins, n’avait pas le mal de mer.
L’apôtre obscur ne se sentait pas seul. D’autres attendaient la fin du voyage, dans un état partiellement comateux. Taelora ne devait plus être très loin. Bien décidé à prendre l’air pour ne pas s'évanouir, Siruu quittait la soute lorsqu’il percuta une créature. Il la connaissait. C'était Zalnonikhen.


~-~-~-~-~-~-~-~-~-~-~-~-~-~-~-


« Cher Sirh Juuka,

Pendant que nous discutions il y a quelque temps de cela, tu me faisais part de ton désir d’assister à la réception de Port Dirælla. J’ai été dans l’obligation de refuser ta demande, pour des raisons que tu connais très bien.
Cependant, si ton offre est toujours d’actualité, je peux t’offrir le transport que tu souhaitais à une condition : tu dois récupérer des remèdes à la Narcirra. Avant cela, évitons tout quiproquo : ma santé est excellente, ainsi que celle de ma chère et tendre famille. Le service que je te demande n’est qu’une histoire de prudence, et de profit éventuel ; pas une urgence, donc.
Bien entendu, je ne te demande pas de te jeter à la mort, seul au milieu de Lyscenni, pour être payé cinq pauvres pièces d’argent. Un groupe de mercenaires, d’indépendants et d’esclaves est actuellement dans une auberge des Gorges de Lirislin. Nous sommes plusieurs à avoir investi dans cette expédition-là, et le prix sera mis. Fais tout de même attention aux inconnus, il pourrait y avoir des malades.
J’oubliais : si vous pouviez capturer un ou deux spécimens de serpents au passage, ce serait idéal. Dans ce cas-là, peut-être obtiendrez-vous une prime. Si votre mission échoue… certaines restrictions salariales seront prises.

n.b. : Tu n’es pas forcé d’accepter. Si tu ne désires plus assister à la réception, ce n’est pas grave. Je te demanderais ce service plus tard.

Amicalement, Delven Mildæphlys Esœkia Elysium Fortas-Petraliphas. »

Un texte magnifique, aussi riche en mensonges que son auteur. Enfin, ce dernier qualificatif me semble discutable, Lysium s’étant contenté de dicter approximativement à un esclave plus expérimenté en calligraphie. « ... point final. Bien. »
« Je ne sais pas où il est, mais fais-lui parvenir cette lettre. » Lysium arracha le vélin des mains de son rédacteur, avant de le tendre à une servante. L’avare qui siégeait en lui ne pouvait s’empêcher de penser que Siruu ne méritait pas un tel parchemin. Pour un simple mot, c’était un support bien trop luxueux. « Pardonnez-moi, mais je n’en suis pas capable. Peut-être que Zalnonikhen… » « Tu es inutile, donc. Soit. Préviens-la. »

La Mur d’Irène ne tarda pas à apparaître, paraissant prête à se volatiliser de nouveau. « J’étais occupée. Le nom et le prénom du destinataire ? »« Belhades Sirh Juuka, si ma mémoire est bonne. »« J’espère qu’elle l’est. La personne en question est dans un bateau pour… Taelora, visiblement. » Le pouvoir de localisation était des plus utiles. Lysium laissa échapper un rire, espérant cacher son irritation. Zalnonikhen était aussi sèche que sa maîtresse, et il détestait qu’on le prenne de haut. « Mince… il s’est débrouillé pour se déplacer seul. Lui payer le trajet ne servirait à rien. Bon, au moins le parchemin n’est plus d’actualité, on pourra le faire laver. »« Donc ? » Le jeune sorcier baissa le regard, prenant le temps de fixer ses mains. D’un petit mouvement des doigts, il pouvait créer de l’or. C’était en quantité risible, mais en faisant de cette action un rituel à répéter chaque jour, il avait troqué sa faible magie contre des sommes intéressantes. Et puis… après tout, sa famille ne manquait de rien. « Dis-lui que j’effacerais la dette qu’il me doit pour sa petite propriété à Amestris. En échange, il doit rejoindre des sorciers dans une taverne des Gorges de Lirislin. Ils ne sont pas tous à ma solde, mais ils sont là pour récolter le remède de la Narcirra et tout le monde s’est mis d’accord. »  Zalnonikhen prit le temps d’acquiescer, puis s’évapora. Le message n’allait pas tarder à être délivré.


~-~-~-~-~-~-~-~-~-~-~-~-~-~-~-


Pourquoi diable Lysium aurait-il décidé de faire appel à lui ? Pour les quelques connaissances de Siruu en matière de poison ? Ça n’en faisait pas un expert en serpents. Pour s’assurer d’avoir un nombre suffisant de personnes à envoyer au casse-pipe ? Des esclaves seraient tout aussi efficaces. Pour le sacrifier ? Ça n’aurait aucun sens.
L’apôtre obscur quittait le navire, toujours confus. Il n’avait pas osé refuser. Tout d’abord parce qu’il n’aurait jamais pu payer sa dette, et que fuir ses créanciers jusqu'à la fin des temps n'est apparemment pas un mode de vie recommandé. Cependant, ce n’était pas la seule raison. Quoi qu’on en dise, Lysium et sa famille ne recontactaient que les personnes dociles. Si Siruu avait réussi à se faire apprécier d’eux, ce n’était pas par miracle, mais par patience. Beaucoup auraient jeté l’éponge, en découvrant à quel point les membres de cette lignée pouvaient se montrer plus exécrables les uns que les autres, comme si leur sang s’imprégnait de tous les comportements insupportables jamais endossés. Lysium était le pire, mais aussi le plus bête. En un sens, l’empoisonneur se sentait rassuré à cette idée. Pourtant, visiter Lyscenni pouvait tout aussi bien signer son arrêt de mort.

Siruu créa un tissu qu’il utilisa en foulard, en entrant dans la taverne. Sait-on jamais, les ondins pourraient être porteurs de germes.


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Dim 03 Fév 2019, 17:29

Les mains avaient quelque chose d’hypnotisant. Les doigts, les ongles, la peau et ses lignes… la couleur. Alekto les tournait et les retournait, contemplant leurs moindres détails pour la cinquième fois depuis qu’elle avait débuté sa passionnante activité. Assise au pied de la porte qui donnait sur le pont, elle respirait profondément. Elle haïssait ce voyage. Elle haïssait ce navire et elle haïssait le temps désastreux à l’extérieur qui l’empêchait de sortir. Elle haïssait ces gens malades qui lui donnaient envie d’être dans le même état qu’eux. On lui avait donné un conseil avant de monter à bord, en cas de mal de mer : respirer l’air frais et iodé, se concentrer sur le mouvement des vagues, synchrone avec celui du bateau. Le problème, c’était qu’actuellement, le ciel était tellement pourri et le vent coriace, que l’astuce était, sans mauvais jeu de mot, tombée à l’eau. Alors oui, la seule manière qu’elle avait trouvé pour passer le temps et se concentrer sur autre chose que le vomi, c’étaient ses mains.

-Si tu ne fais rien, tu vas crever avant même d’avoir l’occasion d’étudier la mort qui te fascine tant. Quelle ironie. Ne t’approche pas de moi ! Reste là-bas. Ne t’approche de personne, d’ailleurs. Tu devrais agir vite. Ce ne sont plus tes veines qui sont assombries, c’est toute ta peau.

C’est vrai qu’elle avait changé, non ? Sa peau n’était-elle pas plus foncée qu’avant ? Avant c’était gris, et maintenant, c’était… gris un peu moins pâle. Non ? Elle n’avait jamais fait de suivi de l’évolution de sa pigmentation. Peut-être. Dans le doute… Elle ne se souvenait pas à partir de quand on avait commencé à lui faire remarquer qu’elle devait avoir la Narcirra. Elle s’était un peu affolée les premières fois, ça elle le savait. Mais gamine, elle n’avait pas été en mesure d’y changer grand-chose. Elle n’avait fait qu’attendre que quelque chose se passe, que les symptômes s’aggravent. Sauf qu’il ne s’était rien passé. Ou si peu.

-Si tu ne fais rien, tu vas crever avant même d’avoir l’occasion d’étudier la mort qui te fascine tant…

Elle ne savait pas pourquoi, mais cette remarque l’avait particulièrement secouée. Elle n’aimait pas Ephéis. Il était trop imbu de lui-même. Cependant, il avait un talent évident pour modifier le poids des mots. Bien entendu, la jeune femme s’était laissée bernée par ses paroles, aussi désagréables qu’elle eut pu les trouver. Ce n’était pas parce qu’elle ne l’appréciait pas qu’il avait tort. Comme il l’avait dit, il serait idiot de mourir aussi tôt. Encore plus de mourir tôt parce qu’elle n’aurait pas écouté un simple conseil. Ça avait été comme un déclic. Elle avait pris conscience qu’en fait si, c’était peut-être grave. Mieux valait prévenir que guérir, comme on disait. Alekto n’y connaissait encore rien en termes de médecine. On lui avait dit que le remède à la Narcirra résidait à Tælora et qu’il s’agissait d’un serpent. Le médicament était rare, et à moins de le payer avec trois bras et cinquante-cinq reins – ce qu’elle n’avait pas sous la main – le mieux était d’aller soi-même chercher les ingrédients. Elle avait mis du temps à se décider à partir, repoussée à l’idée d’y aller seule : elle s’en savait incapable autant sur le plan physique qu’intellectuel. D’autant plus que l’on disait du nouveau continent qu’il était dangereux. Elle avait cependant entendu parler d’une expédition. Des Sorciers avaient voulu profiter du semblant de paix avec les Ondins pour se lancer à la recherche du précieux venin. Alekto avait sauté sur l’occasion.

La Sorcière laissa retomber ses mains sur ses genoux. Bien que très peu productive, son occupation ne semblait pas dénuée d’intérêt. Elle avait réellement échappé à une décadence certaine, le temps de l’exercice. Et on disait bien le temps de l’exercice. Alekto se leva dans l’optique de rejoindre un endroit plus calme, où il n’existait pas de voisin agonisant et malade comme un chien, allongé à même le sol et tapissant le bois d’un liquide grumeleux dont personne ne voulait connaître le contenu. La jeune femme tanguait plus qu’elle ne marchait. En quelques secondes, les effets de son exercice de concentration disparurent et Alekto sentit son estomac se préparer à une remontée des plus resplendissantes. Elle allait finir ce long voyage dans un lit. Pour une fois, dormir aurait le mérite de quelque chose : accélérer le temps.

***

Son entrée dans la taverne ne fut pas des plus remarquables. Assises au comptoir, une ou deux personnes se mirent à fredonner. C’était anecdotique, mais systématique. Cela arrivait toujours lorsqu’elle rentrait dans une pièce, mais elle n’avait pas encore fait le moindre rapprochement avec sa personne. Certains de ses pouvoirs lui étaient encore inconnus.

Il y avait un groupe rassemblé autour d’une table. La Sorcière s’en était approchée, afin de s’assurer qu’elle était bien au bon endroit et au bon rendez-vous. On discutait, on faisait connaissance, on semblait élaborer un plan, une organisation dont elle ne faisait pas encore partie. Alekto retira sa capuche pour laisser apparaître son visage.

-Excusez-moi… Commença-t-elle avec une voix douce.

Un homme se retourna et la dévisagea. Puis ses deux voisins firent de même. Il y eut un bref silence de ce côté de l’assemblée tandis qu’on analysait plus précisément sa tête, et tous les endroits de son corps qui auraient pu être visibles. La jeune femme sourit timidement. Elle savait pourquoi ils la regardaient comme ça, mais elle ignorait comment réagir.

-C’est ici le remède contre la Narcirra ?

Etrange qu’on ne l’ait pas encore fuie.


~919 mots~
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Siruu Belhades
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Siruu Belhades
Sam 09 Fév 2019, 17:05


Crédits : The River of Ang-roth par Ferdinand Ladera

Siruu s’approchait lentement du groupe de sorciers, sans prêter attention aux personnes alentours. Pour une obscure raison, le brouhaha ambiant semblait diminuer. Cela ne devait pas être très important.

Le mage noir pressait le pas. Plus vite il serait dans cette histoire, plus vite il en serait sorti. Dans sa hâte, l’apôtre obscur serpenta entre la foule, manquant de percuter des personnes oubliées sitôt qu'il les avait dépassées. Enfin, Siruu se tint près d’une femme qui lui semblait familière. Chose curieuse : sa peau était... grise. Cet étrange fait n’impressionna par le sorcier : c’était peut-être une ondine mutante, un Mur ou l’une de ces alfars, dont on dit qu’ils peignent leurs tableaux avec le sang de nourrissons. Tout ce qui comptait, c’était le remède de la Narcirra.

Narcirra. Maladie. Veines sombres. Peau obscurcie. Siruu sursauta, probablement trop tard à son goût. S’il avait su, le sorcier se serait jeté au sol et recouvert d’une couche de tissu supplémentaire. Pourquoi n’y avait-il pas pensé ? Des malades, se pensant condamnés, allaient forcément vouloir chercher la guérison quitte à y laisser leur vie et à mettre en danger celles des autres.

Tandis que Siruu s’écartait, dévisageant la grise comme s’il s’agissait de l’Impératrice Blanche, l’un des membres de la petite assemblée s’éclaircit la voix. « Du… du calme. Oui, c’est ici qu’on prépare le terrain. Vous êtes malade, ou vous avez juste raté la recette d’une potion de métamorphose ? S’il y a risque de contagion... »« Certains tombent de fatigue après avoir un bras recouvert. Si elle arrive à tenir debout à ce stade de la maladie, ce doit être une coriace. Je suggère qu’on la prenne. » Tous parlaient, probablement peu enclins à l’idée de laisser la principale intéressée s’exprimer. « Elle reste contaminée, et pour l’avoir vu, c’est extrêmement infectieux. Il faudrait au moins qu’elle soit loin, couverte ou... »

Sans laisser le temps à l’homme de terminer sa phrase, Siruu créait un large tissu qu’il tenta de jeter sur la grise. Dans le meilleur des cas, elle aurait la clarté d’esprit de s’en recouvrir pour ne contaminer personne. Dans le pire des cas, deux trous dans le drap aux niveau des yeux et elle porterait un parfait costume de fantôme. Au vu l’espérance de vie des sorciers infectés par la Narcirra, l’on pouvait déjà la considérer comme morte : autant s’habiller comme telle.

Malheureusement pour Siruu, l’étoffe s’écroula sur le sol, chiffonnée. Il n'était pas bon lanceur, et l'anxiété de la situation n'aidait pas. L’apôtre obscur tenta de se détendre, d'annuler la rage qui le gagnait. Cependant, la perspective de finir malade érodait quelque peu son sang-froid. L'idée même de devoir aller dans Lyscenni ne l'enchantait pas, mais il mourrait maintenant d'envie d'avoir un extrait de ce poison : au moins, il pourrait se soigner si la Narcirra l'avait touché.

L'apparence de la grise dégageait cet étrange sentiment de familiarité, bien vite chassé par la probable infectiosité de cette dernière. Dans l'espoir de garder son calme, Siruu passait en revue toutes les fois où il avait pu la croiser, tentant de se concentrer sur les traits plus que sur la couleur. Si c'était bien une malade, elle avait probablement dû posséder une pigmentation plus classique par le passé. La mémoire du sorcier ne tendait pas vers l'excellence, mais il pouvait se vanter d'être devenu meilleur physionomiste, depuis son arrivée à Amestris.

Une image lui vint en tête. Un tableau, plus précisément. Un fanatique d'Edel, à l'air benêt, était venu à la rencontre de l'apôtre obscur peu après la fin de la guerre. Il lui avait tendu deux portraits de femmes, promettant à Siruu monts et merveilles s'il les embrassait. L'une de ces toiles représentait le même visage que la grise... et surtout, une teinte de peau identique. L'empoisonneur se souvenait des mots qu'il avait jeté au moine. 'Vous me demandez de poser mes lèvres sur une... gamine contaminée par la Narcirra ? Se jeter à la mer serait probablement une mort plus rapide.' Il est vrai que les malades sont extrêmement contagieux, et si, par miracle, l'un d'eux arrivait à survivre jusqu'à avoir le corps entièrement terne, il mourrait bien rapidement. Seulement, voilà, tout ceci s'était passé il y a six ans.

L'expression du sorcier se figea, coincée entre la surprise, l'incompréhension et la peur. La grise ne pouvait pas être touchée par la Narcirra. Elle en serait déjà morte depuis longtemps. Seulement, il n'y avait pas beaucoup de possibilités permettant d'expliquer une telle pigmentation.

« Bonjour... » Il ne savait pas vraiment à qui il s'adressait. « Je ne crois pas que ce soit la Narcirra. Pardonnez-moi d'avoir agi aussi... brusquement. » L'essentiel était qu'après de longues explications et un plan correct, assez de monde soit présent pour trouver le serpent.
814 mots. Est-ce que j'ai taillé cette réponse pour avoir le moins de dialogues possibles, et donc le moins de couleurs à mettre ? Possible =D.
N'hésite pas à jouer les PnJ pour faire avancer Schmilblick ^^.
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Lun 11 Fév 2019, 20:37

La Sorcière n’avait plus osé bouger depuis que ceux qui se tenaient en face d’elle s’étaient peu à peu mis à réaliser des trucs. Et quels trucs ! Elle n’eut même pas besoin d’en dire plus pour que l’on comprenne pleinement les motifs qui la poussaient à être là. Elle avait engendré des sursauts, quelques mouvements de recul et même des exclamations. Bizarrement, on avait réagi assez tard, et personne ne comprenait vraiment pourquoi.

-Je n’ai bu aucune potion, de ce que je sache…

Elle haussa mollement les épaules. Cependant, son discours ne touchait personne. On ne l’écoutait pas. A peine ses paroles avaient-elles passé ses lèvres qu’elles avaient été noyées par le flot incessant de commentaires. On parlait d’elle comme s’il eut s’agi d’un spécimen effrayant. Qu’on la dise coriace, elle trouvait ça flatteur. Tout le reste l’était beaucoup moins, et c’était compréhensible. Alekto était toujours pétrifiée dans cette sorte d’entre-deux, incapable de savoir si elle devait s’énerver ou laisser couler. Sa simple inaction avait choisi pour elle : laisser couler. Il n’y avait rien à faire. Un drap s’écroula à ses pieds et la jeune femme se tourna vers celui qui avait désespérément tenté de le lui lancer sur la figure. Encore une fois, elle fut incapable d’exprimer un quelconque sentiment, qu’il fut bon ou mauvais. Enfin si, en attendant quelques secondes, elle finit par comprendre que ça l’irritait un peu. Finalement, être au centre des préoccupations était assez humiliant. Elle ne s’en rendait compte qu’après cinq minutes de tumulte. Mieux valait tard que jamais, disait-on. Alekto se baissa pour attraper le tissu du bout des doigts. Elle ne savait pas pourquoi elle avait décidé de le ramasser. Elle ne comptait pas le porter pour des questions évidentes de fierté. Alors elle se contenta de l’observer en silence, puis le chiffonna pour qu’il ne puisse tenir plus que dans le creux de sa paume.

Ce fut le même insolent, celui qui lui avait lancé le tissu, qui prit la parole dans les instants qui suivirent. Alekto ne savait pas bien s’il lui parlait à elle, ou à toute l’assemblée. Néanmoins, il avait des choses à dire, et c’était ce qui importait le plus. C’était un homme relativement normal, un blond aux yeux noisette. Elle était nulle pour estimer les âges, mais il était clairement plus vieux qu’elle. La Sorcière croisa les bras. Il parvînt à arracher sur ses lèvres l’ombre d’un sourire, malgré son regard qui restait sévère.

-Qu’est-ce qui vous fait croire cela ?

Ses paroles pouvaient sonner comme une blague. Comme si elle-même n’était pas au courant de ce qui la touchait. C’était absurde, et pourtant c’était vrai. Était-elle véritablement malade ? Elle n’en savait rien. Ephéis l’avait juste… angoissée. Voilà où il l’avait menée, et elle n’était pas prête de rentrer chez elle avant d’avoir trouvé le fameux remède. Là encore, cela relevait de la fierté personnelle, mais aussi de son entêtement aberrant. Il était vrai qu’elle ne se sentait pas mal et n’avait pas le sentiment de pouvoir trépasser d’une seconde à l’autre.

Le tumulte reprit de l’ampleur durant quelques secondes, puis un homme parvînt à faire le silence dans l’assemblée. Ce devait être le chef. Du moins, celui qui s’était auto-proclamé comme tel.

-C’est pas tout ça, mais le travail ne va pas se faire tout seul ! Pour les retardataires, nous avons déjà tracé les itinéraires et les zones dans lesquelles chercher. Nous allons nous séparer en deux groupes. On vous expliquera comment procéder à la capture et au prélèvement. Allez ! Madame, navré, mais malade ou pas, vous allez rester à l’écart. J’espère que vous comprendrez que nous avons beau partir à la recherche de l’antidote, risquer de se faire contaminer au préalable n’est pas dans nos objectifs.

Bien sûr, et puis quoi encore ? Il voulait qu’elle reste ici pour construire son propre cercueil, tant qu’à faire ? Il y eut du mouvement de foule. Déterminée à ne pas écouter la consigne qui lui était destinée, Alekto imita le groupe, qui se dirigeait vers la sortie. Elle profitait du fait qu’on se tienne éloignée d’elle pour aller voir celui qui avait émis l’hypothèse qu’elle était saine.

-Tenez, dit-elle en lui rendant son morceau de tissu, je sais pas quoi en faire, de votre truc. D’après ce que vous dites, il ne me servira pas.

Elle était plutôt contente qu’il ait émis ses idées. Il contredisait Ephéis, son abominable camarade, et rien que pour ça, elle lui était reconnaissante. A l’extérieur, ils se séparèrent en groupes et prirent tout de suite la route. Certains portaient toute une gamme d’outils à l’usage encore méconnu. Alekto, en grande amatrice, s’était contentée d’une besace pas très remplie. La jeune femme était restée auprès du blond parce qu’il semblait être la seule personne à bien vouloir qu’elle s’approche de lui. Du moins, c’était son impression. Peut-être que son discours lui faisait avoir des illusions… En plus, elle n’avait pas fini de lui parler. Pas fini de lui parler, peut-être, sauf qu’elle ne savait pas quoi lui dire. Elle entrouvrait régulièrement la bouche, puis se résignait. Formuler une phrase s’avérait plus compliqué que ce qu’elle avait imaginé. Et pour dire quoi ? Des trucs débiles du genre :

-Si ce n’est pas la Narcirra, qu’est-ce que c’est à votre avis ?

Ah… Généralement, lorsqu’on pensait, ce n’était pas à voix haute. Généralement. A croire qu’Alekto ne faisait rien de droit. Non, elle, il fallait toujours qu’elle suive les aspérités d’une lame émoussée.


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Siruu Belhades
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Siruu Belhades
Mar 12 Fév 2019, 15:53


Crédits : The River of Ang-roth par Ferdinand Ladera

Le sorcier talonnait ses compères, sans vraiment savoir quoi faire. Il réfléchissait aux maigres indications transmises par Zalnonikhen, tout en espérant que les autres avaient une idée plus claire de leur destination. En vérité, quelque chose d’autre occupait son esprit.

Si Siruu, trop empêtré dans son assurance, veillait à ne pas le faire paraître, il n’était pas certain de son diagnostic. Selon toute logique, il était impossible de rester atteint de la maladie aussi longtemps sans tomber raide mort. Toutefois, l’apôtre obscur ne pouvait s’empêcher de penser que ses souvenirs pouvaient être faussés, qu’il essayait inconsciemment de se convaincre que la grise n’était pas contagieuse afin de ne pas paniquer. Son flot de pensées ne semblait pas cesser, à tel point que le blond n’entendit pas les paroles qui lui étaient adressées. Il lui fallut toiser son interlocutrice pour comprendre ce qu’on lui disait. Ce qu’on lui tendait, plus précisément.

Après avoir récupéré le tissu, il considérait à nouveau la grise du regard. Elle, encore elle. Siruu se contenta d’un hochement de tête, sobre et classique. Intérieurement, il priait tous les Dieux, guettant le moindre signe le confortant dans son jugement. S’il tombait malade à cause de sa propre mémoire, le sorcier allait probablement maudire sa voisine d’étage une nouvelle fois. Cette pauvre femme lui servait de bouc émissaire sans le savoir.

Le duo — puisque les autres semblaient se tenir à distance — marchait, suivant d’assez loin un des nombreux groupes qui se formaient. Si, au début, Siruu avait semblé dubitatif, il admettait maintenant que le chef de leur cohorte savait s’organiser. Certains repartaient vers le port, pour embarquer et longer les côtes. Eux allaient vers les portes de Mourn en petits comités. Un trop grand rassemblement aurait attiré l’œil des ondins, qui faisaient régner une légère tension continue dans l’air.

En parlant de peuples des mers, ces derniers, créatures emplies de fierté, s’affairaient autour des sorciers. La grise devait sûrement remarquer que le regard de certaines sirènes se posait un peu trop fréquemment sur elle, et ce malgré sa discrétion. Si les habitants de l’Océan pouvaient parfois avoir une pigmentation étrange, les ondins de Port Diraella savaient que certains sorciers, atteints de la Narcirra et en désespoir de cause, tentaient le diable en Lyscenni. La grise pouvait tout autant déambuler en ayant écrit « sorcière » sur son crâne : ceux qui prêtaient l’œil avaient deviné. Pourtant, le duo ne se fit pas attaquer.

Siruu observait les ondins grouiller, dans les rues de cette cité magnifique et pourtant si mal peuplée à ses yeux. Au début, il ne détestait que les sirènes. Pourtant, sa haine avait fini par grandir, se propageant au culte d’Eoda en général. À vrai dire, s’il faisait semblant de la vénérer avant chaque traversée de la Mer, le mage noir n’avait jamais eu de réelles pensées positives à son égard. L’on dit que les aetheri voient à travers l’hypocrisie des Hommes ; pourtant, Siruu n’avait pas encore coulé.
La grise se mit soudainement à lui parler. Le blond la préférait silencieuse, le contexte ne se prêtant pas vraiment à la conversation. Pourtant, sa question lui sembla pertinente. Abaissant le tissu qui lui servait de foulard, le mage noir parlait à voix basse.

« Une potion bue par votre mère pendant qu'elle vous portait ? Un parent d'une autre race ? Il y a plusieurs possibilités. Je ne suis pas certain, il faudrait que... » Un éclair de génie frappa le sorcier, qui se mit à fouiller son bric-à-brac. Il existait un moyen de confirmer ses soupçons, ou de trouver ce qui pouvait être à l’origine de cette couleur de peau. L’orbe de connaissance. Tout du moins, c’était le nom que le mage avait donné à cette boule de cristal, récupérée — ou volée, suivant le point de vue — dans une boutique alors que le continent de Matin calme tombait. L’artefact paraissait infusé d’une étrange magie : si la question concernait une personne, alors l’orbe mettrait en avant une réponse parmi toutes celles qu’on lui avait proposées.

« J’ai en ma possession un outil qui vous aurait permis d’avoir une explication. Seulement, j’ai oublié de l’emmener avec moi. » L’apôtre obscur se sentait bête. « Vous avez toujours été aussi… ? » Cette question était maladroitement formulée, mais la grise devait avoir compris. À dire vrai, Siruu aurait aussi pu effleurer sa peau, et ainsi accéder à ses souvenirs. Sa magie le lui permettait. Néanmoins, il tenait à écarter tout risque, et n’était pas du genre à épuiser son énergie dans des bricoles.

Le sorcier tenait toujours son sac et, par nostalgie ou par prudence, se munit d’un masque. Ils avoisinaient la porte de Mourn, et chaque pas qu’ils faisaient en direction des frontières de Lyscenni les rapprochait du danger. Plus précisément, d’un autre danger, les sirènes du Port pouvant se montrer elles aussi particulièrement voraces.
L’apôtre obscur avait depuis longtemps abandonné ses couvre-chefs fétiches, leur préférant les potions et la magie pour expérimenter avec son faciès. Cependant, les masques permettaient toujours de le protéger d’éventuels coups à la tête. Siruu tenait à garder son cerveau en état.


823 mots.
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Lun 18 Fév 2019, 23:42

Alekto ne faisait absolument pas attention aux Ondins qui les observaient avec haine, ni ne percevait les quelques gestes grossiers ou insultes qui pouvaient leur être destinés. Après tout, ils parlaient en Valærian et elle ne comprenait rien à cette langue étrange. Elle ne prêtait attention à absolument rien, pour tout dire. Elle regardait droit devant elle, les yeux rivés sur leur groupe qui les devançait de quelques mètres. Elle n’avait pas le moindre intérêt pour les édifices qui se dressaient tout autour d’eux. Ils étaient magnifiques, pourtant. Elle loupait quelque chose qu’elle ne comptait pas revoir : c’était la première et la dernière fois qu’elle mettait les pieds à Port Dirælla.

-Je n’en sais rien. Je n’ai jamais connu mes parents.

Il était vrai que c’était des possibilités que l’on ne pouvait écarter. Elle n’y avait jamais trop pensé. Elle s’était dit qu’il avait s’agit de Sorciers lambda, comme ils devaient tous l’être dans ce groupe. Selvius… Il était judicieux qu’elle fasse quelques recherches au sujet de sa famille. Pourquoi n’y avait-elle jamais songé avant ? Parce qu’au plus loin de ce dont elle se souvenait, son apparence n’avait été qu’un détail de second plan. Son esprit était trop occupé par ses passions, ses études, l’apprentissage de sa propre race. Parce qu’elle n’avait toujours traîné qu’avec des gens aussi abrutis qu’elle, qui lui faisaient des remarques dont elle ne tenait pas rigueur. Toujours, jusque quelques jours plus tôt. Alekto se raviva à la mention d’un objet capable de « l’aider ».

-Quel genre d’outil ?

Il avait piqué sa curiosité. Elle voulait savoir si sa présence ici était judicieuse, et espérait pouvoir assister à l’utilisation de l’outil dont il faisait mention. Dommage qu’il ne l’eut pas sur lui.

-… Aussi ? Grise ? Elle tendit l’une de ses mains pour l’examiner une nouvelle fois. Il est bien là le problème, et vous allez trouver ça bête : je ne suis sûre de rien. Si ma peau s’est assombrie, ça s’est fait lentement. Au point que je ne le remarque pas.

Être amnésique l’aurait bien arrangée. Elle n’aurait pas eu à hésiter autant pour lui dire ce qu’elle savait. Ses souvenirs étaient si bancals qu’ils la rendaient elle-même confuse. Elle s’était inconnue. Alekto soupira.

-Non, je ne dois pas être malade. Vous avez raison.

A vrai dire, ça l’irritait un peu. Définitivement, elle réalisait qu’elle était venue perdre son temps en territoire ennemi. Elle remit sa capuche. Elle n’était pas à sa place ici, et pour couronner le tout, on allait la prendre pour une écervelée. Ce qu’elle était, quelque part.

La petite assemblée arrivait aux Portes de Mourn. La Sorcière entrouvrit la bouche pour laisser échapper un « Wow » discret. C’était époustouflant, et la seule raison pour laquelle elle prêtait de l’attention à la muraille était qu’elle ne pouvait qu’y faire face. Dans un geste peu assumé, elle regarda ensuite par-dessus son épaule pour avoir un aperçu de la monumentale cité qu’elle venait de traverser. Il fallait croire qu’elle avait loupé tout un trésor. Au fond, ça l’importait assez peu : elle n’était pas de ces gens qui voyageaient pour aller à la découverte des plus grandes merveilles du monde. Néanmoins, c’était l’œuvre des Ondins, et ils avaient de quoi rendre jaloux avec une cité pareille. Ça expliquait en grande partie le ressenti qu’elle avait pour cet endroit : elle le détestait de tout son être.

Le groupe s’arrêta un moment. A l’avant, on parlait avec les soldats qui gardaient les Portes. Ces derniers les dévisageaient un à un, méfiants et l’air de dire qu’ils les auraient tués en d’autres circonstances. Alekto profita de la halte pour se pencher prudemment vers les roches escarpées et pointues en contrebas. Un frisson lui traversa l’échine, lui arrachant un sourire pervers. Le danger était partout, ici. Tout ça pour trouver un serpent qui ne l’intéressait plus tellement. Se guérir de la Narcirra n’était clairement pas donné à tout le monde. Il fallait doublement, voire triplement frôler la mort pour accéder au remède : échapper aux vils Sirènes ; survivre à Tælora ; surmonter la Narcirra elle-même. Cela relevait d’une Odyssée. Le groupe marchait lentement pour terminer de traverser Dirith et éviter tout accidents. Alekto manqua de glisser trois fois. Elle n’était pas la seule à s’être fait des frayeurs pendant le trajet. Le problème, c’était qu’elle n’avait pas l’autorisation de s’accrocher à qui que ce soit, ce qui lui rendait la tâche plus ardue.


-Dites-moi, qu’est-ce qui vous a amené ici, vous ? Demanda-t-elle enfin, une fois qu’ils eurent officiellement traversé l’enceinte de Port Dirælla. Vous venez sauver un proche ?

Lyscenni avait aussi son charme. La nature y était particulière. Alekto n’avait jamais vu ce genre de paysage. Il fallait dire qu’elle ne sortait pas souvent d’Amestris, mais tout de même… Le groupe s’enfonça un peu plus dans ce nouvel environnement. Certains d’entre eux étaient armés jusqu’aux dents et ne s’étaient pas gênés pour déballer leur attirail, à peine sortis de la ville ondine. D’autres distribuaient des gants, des boîtes, des fioles ou des pinces à qui n’en avait pas. On allait commencer la chasse.


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Siruu Belhades
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Siruu Belhades
Ven 22 Fév 2019, 01:18


Crédits : The River of Ang-roth par Ferdinand Ladera
Siruu n'avait pas manqué de mentionner l'orbe, lorsque la grise lui avait demandé quel outil pouvait bien l'aider. Le sorcier aimait bien ces objets. Ils lui donnaient l'impression d'être un bohémien, entouré de milles artefacts. Plus jeune, il en avait accumulé une certaine quantité. Rien d'incroyable, mais il avait de quoi être fier. Depuis quelques années, ses priorités l'empêchaient de partir à la chasse aux objets enchantés comme au bon vieux temps, et sa collection stagnait. Apparemment, les aléas du hasard préféraient le faire se mettre en danger au milieu de Lyscenni.

Le mage noir avait à plusieurs reprises cru voir la fin de celle qui marchait à ses côtés. Elle ne pouvait pas se tenir aux autres, personne n'aurait le réflexe de la rattraper et Dirith n'était pas un terrain facilement praticable. Trois conditions qui auraient pu lui faire terminer sa route au bout d'un pic. Pourtant, aussi surprenant que cela puisse paraître, Alekto tint bon.

« Sauver un proche ? Le mot est fort, mais oui, c'est une manière de le dire. » Siruu arborait un léger sourire. Elle venait de lui rappeler à quel point il avait envie d'assassiner Lysium. « J'ai été engagé. Je risque ma vie, et en échange, on efface ma dette. Le tout en sachant que mon employeur n'a pas la moindre trace de Narcirra dans son corps. Plutôt équitable, n'est-ce pas ? » Son ton acerbe en disait long sur la rancœur qu'il éprouvait vis-à-vis de l'héritier Fortas. À bien y réfléchir, Lysium avait été extrêmement généreux envers Siruu par le passé... mais ce n'était pas ce qui comptait.

« Et vous, vous veniez pour vous guérir, je suppose. »
Le blond enfilait la paire de gants qu'on lui avait prêtée, et emprunta aussi une pince à celui qui lui avait proposé. D'habitude, il ne faisait pas la conversation, mais un peu de discussion ne leur ferait pas de mal. « Si c'est le cas, je vous aurais conseillé de partir... mais bon, au point où vous en êtes, autant en profiter. » Il fouillait de nouveau son sac, à la recherche d'une potion en particulier, préparée à la va-vite sur le bateau. « Vous savez, si on capture l'une de ces bêtes, ce serait l'occasion pour chacun des membres de cette expédition de... rentabiliser la découverte. » Après quelques secondes à gesticuler la main à l'intérieur de sa besace, Siruu laissa s'échapper un soupir de joie. Il ne l'avait pas perdue. « Enfin, encore faut-il vouloir élever des serpents. » Rapidement, Siruu s'empara d'une fiole, qui contenait un liquide translucide aux teintes bleutées. Un "œil d'Edel". En tout cas, c'est comme ça que le blond avait appelé cette simple mixture infusée de magie, qui permettait de sentir la présence d'êtres vivants. Il aimait employer des noms sibyllins et pédants pour désigner des termes simples. Ainsi, dans sa bouche, un chat pouvait devenir un 'félin mystique', et un carreau de chocolat n'était autre qu'un 'produit de cacao raffiné'.

L'empoisonneur rangea le stylet qu'il portait, lui préférant une serpe. Avec, il pourrait avoir plus de visibilité en dégageant la végétation. Aussi, en cas d'urgence, il pourrait se protéger et avoir plus d'allonge. Une partie de lui désirait enduire son arme de venin. Seulement, Siruu n'avait à sa disposition qu'un jus à base de fleurs de digitale. Deux ou trois pouvaient suffire à tuer un homme. À moins que la faune ne soit particulièrement résistante – ce qui était envisageable, il y avait des chances pour que ce soit bien trop puissant. Les maîtres en toxicologie les plus éminents se moquaient souvent des novices, qui imaginaient qu'il fallait nécessairement tripler la dose pour s'assurer de la mort de sa victime. Un empoisonneur expert sait de combien il a besoin, et n'éprouve pas le besoin de noyer sa victime dans les toxines, ou d'utiliser une substance trop dangereuse. L'apôtre obscur n'avait pas atteint ce niveau, mais, bien décidé à faire honneur à sa science, il se résignait et rangea le flacon de digitale.

« Faites attention au ciel. À la terre, aussi. On va essayer de rester sous les arbres pour avoir un minimum de protection, mais ce ne sera pas une raison pour baisser votre garde. » Le chef improvisé se faisait entendre, devenant de moins et moins improvisé, et de plus en plus un chef. Cependant, il avait raison. Il fallait faire preuve de précaution. Siruu réfléchissait à cela, en fixant sa potion. S'il en prenait trop, il serait submergé par ses sens, entouré de trop de vie. Il fallait n'ingurgiter que quelques gouttes, pour remarquer les grosses créatures. Quant aux petites... seule la prudence les sauverait.

Après s'être servi lui-même, le blond tendit son "œil d'Edel" à plusieurs personnes. Il n'oubliait pas de leur indiquer les effets et leur durée. En tout, huit mages noirs purent avoir droit à cette petite amélioration. Siruu les choisissait à la tête, évitant ceux qui avaient probablement de quoi se débrouiller. Il n'en donna pas à la grise dans un premier temps, attendant que la fiole soit quasiment vide pour se tourner vers elle. Ce n'était pas vraiment par envie de la discriminer. Il fallait tout simplement reconnaître que, si elle avait bu en première, personne n'aurait voulu prendre le risque de passer après.

« Si vous êtes intéressée, vous pouvez prendre ce qu'il reste. C'est juste assez pour voir une bonne partie des créatures avant même de les avoir dans votre champ de vision. » Si la grise n'en voulait pas, ce n'était pas grave. Ce serait une dose de plus pour plus tard.

Après quelques ralentissements dus à ces échanges, le groupe reprit un rythme soutenu. Plus rapide que prévu, en fait. Ils devaient voyager en rangs serrés, mais certains, inquiétés à l'idée de se voir trop proches de la grise, pressaient le pas.
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Mer 27 Fév 2019, 11:47

En effet, son proche avait l’air fort sympathique, mais elle n’en fit pas la remarque. Elle n’était pas très douée pour savoir et comprendre ce qu’il se passait autour d’elle, mais il lui semblait d’une évidence assourdissante que les Sorciers étaient maléfiques, et que l’équité n’était pas toujours au rendez-vous lorsqu’il s’agissait de faire affaire. Quant à elle, elle était toujours irritée d’avoir finalement conclu qu’elle était en parfaite santé. Mais comme il disait, tant qu’à être là… Elle s’efforçait de relativiser : au moins, on lui foutrait la paix une bonne fois pour toutes. Elle aurait la certitude que tout allait bien et par-dessus le marché, un peu de ce foutu venin pour en démontrer. Elle inventerait plus tard une histoire grotesque sur sa famille inconnue au bataillon avec l’une des hypothèses qu’avait fait son collègue du moment un petit peu plus tôt. Que sa mère ait pu boire une potion lui plaisait bien. C’était simple, concret et efficace. Elle sourit à cette pensée. Laisser libre cours à son imagination n’était pas forcément recommandé lorsqu’il s’agissait de faire les choses dans la limite du raisonnable. Bientôt, elle prétendrait être issue d’une famille brillante. Certes un peu folle, mais brillante et dévouée. On avait lancé des gants à Alekto. Au fond, ça arrangeait tout le monde et on se demandait pourquoi on n’avait pas pensé à lui en donner plus tôt ; ou même pourquoi elle n’avait pas pensé à en prendre. On lui demanda de les garder pour le reste de l’expédition, voire de les garder tout court. Dans le cas où elle n’en voulait plus, qu’elle les brûle. La Sorcière n’était pas issue d’un milieu aisé – elle avait perdu l’héritage des Selvius, elle en chercherait la raison exacte plus tard – pour, techniquement, être issue de pas grand-chose. C’est pourquoi brûler des objets lui paraissait être une aberration. Ces gants, elle les garderait précieusement, ils pouvaient en être certains.

-Le temps est idéal. On ne devrait pas avoir trop de peine à en trouver. Vous avez de la chance. Déclara le proclamé chef.

Alekto s’était armée de l’un de ses couteaux dans le cas où elle tomberait sur une méchante bestiole. De l’autre main, elle dégageait des herbes, les feuilles et autres plantes, rochers ou bois morts. Parfois, elle levait la tête pour inspecter les branches des arbres. On avait beau leur avoir indiqué de chercher dans les endroits susceptibles de former une cachette pour les reptiles, elle ne savait toujours pas où chercher exactement. Le fait de n’avoir jamais vu la bête rendait évidemment la tâche plus difficile. La Sorcière examina la fiole de potion lorsqu’on la lui passa finalement.

-Merci. Il est vrai qu’il faudrait penser à faire un élevage à Amestris, plutôt que de revenir ici à chaque fois.

Elle admirait la prévoyance de cet homme. Il semblait contenir beaucoup de choses dans son sac. Ce n’était pas comme elle. Il fallait croire qu’elle n’était pas suffisamment expérimentée pour encore savoir s’équiper correctement. Bien que translucide, le contenu de la fiole ne lui avait rien d’attrayant. Ce bleuté ne lui plaisait pas, mais pour ce genre de mixture, il ne fallait jamais s’attendre à des couleurs appétissantes. La Sorcière finit par boire le liquide. Il était fade d’un fade qu’elle n’aimait franchement pas. Elle avala, attendit un peu. Ça ne faisait rien. Ses sens restaient les mêmes. Elle était déçue de ne pas tout à coup ressentir une forte vigueur l’envahir. De toute manière, rien ne se passait jamais comme dans les histoires qu’on pouvait raconter. C’était bien dommage. Alekto observa ceux qui, si elle ne se trompait pas, avaient bu un peu de la potion avant elle. Ils marchaient, attentifs. Ils ne prenaient même plus la peine de fouiller partout ; leur simple vue leur suffisait. Alors pourquoi est-ce qu’elle ne ressentait rien de particulier ?

Parce qu’il n’y avait rien de particulier à ressentir. La Sorcière battit des paupières, croyant d’abord avoir affaire à des petites étoiles étant venues troubler sa vue. Progressivement, alors que le liquide infusait ses veines, ces points d’une lumière douce se faisaient plus nets. Les plus gros désignaient les cœurs de ceux qui composaient le groupe ; de temps en temps, elle levait les yeux vers un oiseau qui passait par là, où encore devinait la présence d’une taupe – du moins, c’était ce qu’elle imaginait, mais ça avait l’air bien plus gros – en-dessous de ses pieds. Sans s’en rendre compte, Alekto fredonnait. Ses yeux se baladaient dans le décor exotique. Que cet endroit fût dangereux lui était presque sorti de la tête.

-Taisez-vous, s’il-vous-plaît.

Alekto fut surprise par cet impératif poli. Elle cessa aussitôt sa petite mélodie et émit un « pardon », sorti avant même qu’elle n’y songea. On s’arrêta un instant. Au loin, très loin, on pouvait entendre des meuglements lourds et puissants. On donna l’apparence d’être prêt à en découdre si les choses devaient mal tourner. En réalité, chacun savait, sauf les moins avancés intellectuellement, qu’il n’y avait pas à découdre : ici où si peu de choses leur étaient connues, il était préférable de fuir avant d’avoir pu rencontrer le danger. Le groupe reprit son exploration, dans une ambiance un peu plus tendue qu’auparavant. Maintenant, on avait deux choses à surveiller : la grise et l’avancée éventuelle du troupeau qu’on avait entendu au loin. En plus d’être aux aguets pour l’apparition d’autres bêtes. En plus de chercher un serpent.

-Est-ce que c’est ça ? Demanda soudain quelqu’un qui se trouvait à la tête du groupe.

On se rassembla autour de la créature, installée au creux d’un petit rocher. Il s’agissait d’un petit serpent vert clair. Sa tête rappelait celle des vipères, en moins un peu plus arrondie. Naturellement, Alekto était un peu en retrait. Cette discrimination commençait à la fatiguer sérieusement.


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Siruu Belhades
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Siruu Belhades
Dim 03 Mar 2019, 16:07


Crédits : The River of Ang-roth par Ferdinand Ladera

Les effets de la potion ne se firent pas tarder. Siruu en était fier. Préparer ce genre de décoctions sur un bateau, avec les ingrédients qu’il gardait au fond de son sac... c’était une épreuve. Pour être tout à fait honnête, l’exploit résidait plus dans le fait que, malgré ces conditions, le breuvage ne soit pas létal, et ne cause pas d’autres effets secondaires. Ne voyant aucun pustule ni changement de couleur affecter sa peau — bien que ce dernier cas aurait eu le mérite de faire rire la grise, le blond souriait. Il aurait sauté de joie, si le contexte le lui avait permis.

L’attroupement se rassemblait autour d’un serpent, dissimulé sur la mousse d’un rocher. Peu impressionnant et léthargique, on aurait pu croire qu’il ne s’agissait pas là d’une espèce digne du continent retrouvé. La couleur des écailles, vert céladon, correspondait aux attentes — en tout cas à cette époque de l’année, mais Siruu ne savait pas s’il s’agissait du bon spécimen. On lui avait demandé de partir à la chasse au reptile assez tard. Il ne s’était pas préparé à ce point. Certaines personnes, plus en avant du groupe, tenaient des carnets à dessin où l’on trouvait des croquis de la bête. Le blond devinait, en regardant la finesse de ces traits, que les doigts d’un illustrateur naturaliste n’étaient pas à l’origine de ces œuvres. C’était à peine si l’on reconnaissait qu’il s’agissait d’un serpent, sur le papier. Ces esquisses n’allaient pas être bien utiles.

Les sorciers se regardaient tous, l’air dubitatif. Il se rapprochait plus ou moins des descriptions, mais il était dur de savoir s’il s’agissait du bon spécimen. « On le prend ? » Une voix s’éleva, murmurée et pourtant trop forte au goût de l’animal. Le serpent se précipita sur le sol, glissant à une vitesse surprenante pour se jeter sur la cheville du jeune homme qui l’avait trouvé. Peu vif, Siruu tenta de créer de la glace sur la créature, qui réussit tout de même à s’en extirper. Le temps gagné ainsi permit à un autre membre du groupe de pousser la terre à former un dôme autour du reptile, au prix de quelques vibrations. Si ce serpent était le bon, ils pourraient l’attraper avec des pinces et l’enfermer quelque part. Ils n’avaient plus qu’à espérer que les mouvements du sol n’aient attiré aucune autre bestiole.

Pour celui qui s’était retrouvé mordu, c’était trop tard. Le mal était fait. Ils pouvaient prier tous les dieux que la bête n’ait pas utilisé de venin, ça restait peu probable. « Je peux soigner les poisons au toucher... enfin normalement. » L’une des sorcières tranchait l’air de son intonation. « Qu’est-ce qui vous dit que j’ai été empoisonné ? Peut-être que... » La dame posa sa main sur la bouche du blessé. « Garde ta salive, tes muqueuses pourraient s’assécher d’ici quelques minutes. On est à Lyscenni, pas en voyage dans un joli bois. Cette chose est probablement... » Elle posa son regard sur la prison du serpent, la bouche pincée. « Il faut qu’on puisse en récupérer d’autres. Que ce soit de cette espèce ou d’une différente, pour s’assurer d’avoir ce dont on a besoin. On ne peut pas te ramener en ville pour vérifier que tu n’es pas envenimé, donc il va falloir se contenter d’attendre le pire et de faire des soins d’urgence. » Une nouvelle voix s’éleva. Celui qu'on voyait jusque là comme un chef devait se sentir un peu perdu. « J’ai une potion de stase totale, qui l’endormirait et empêcherait la propagation du venin, si venin il y a, mais... j’étais censé le réserver aux bêtes, pour qu’on puisse les immobiliser pendant le trajet. » Une autre. Tout le monde se mettait à parler, et, bien que personne ne se soit amusé à crier ou à hausser le ton, c’était probablement imprudent. « Priorité au serpent. J’ai un fils à sauver. »« Tes enjeux nous importent peu. Taisez-vous, on reprend la course. » Siruu préféra ne pas intervenir dans cette discussion, reculant au niveau de la grise. Si elle n’avait pas été isolée, peut-être que la bête se serait jetée sur une personne différente. Cette discrimination lui avait porté chance, au final.

« Si vous mourez et qu’on n’arrive pas à récupérer vos cadavres pour vous identifier... quel nom devra-t-on mettre sur vos tombes ? » Une diction différente résonna discrètement, alors que le groupe se remettait en marche — avec, bien évidemment, le serpent dans les filets —. Certains foudroyaient du regard la drôle de femme qui prononçait ces paroles, tandis que d’autres acquiesçaient face à l’initiative, et se présentèrent. Relativement optimiste, Siruu n’avait pas envie de s’attirer la malchance. Toutefois, au vu du contexte, il accepta. « Sirh Juuka Von Illuynqi. » Si le prénom était bien réel, il avait fait preuve de plus d’imagination quant au nom de famille. Quitte à mourir, autant mourir en tant que membre d’une Grande Dynastie.


800 mots et des poussières.
Bam, je reprends le code de mon DC tel un brigand ! Si tu veux tuer certains PNJ, n'hésite pas, j'ai essayé d'en faire parler plusieurs juste pour ça 8D.
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Mar 05 Mar 2019, 22:26

Finalement, être tenu à l’écart d’un groupe n’était pas toujours un désavantage. Voilà une belle conclusion qui réchauffait un peu son cœur. Elle regardait donc les Sorciers s’affoler autour du serpent sans broncher. De toute manière, elle n’aurait rien pu faire si elle l’avait voulu. Elle n’avait pas la magie suffisante, ni aucun pouvoir qui aurait pu les sortir de là. Elle n’avait pas non plus le moindre objet sur elle susceptible de les aider. Bref, elle servait à rien. Elle songea avec une pointe d’ironie que sa seule fonction ici était d’incarner la mascotte du périple, sauf que personne n’aimait trop la mascotte. Alekto regarda les oiseaux battre bruyamment des ailes et traverser les feuillages. La terre avait tremblé à cause de l’un d’eux, et elle se demandait qu’est-ce qui était le plus discret entre provoquer des séismes ou fredonner tranquillement. On entendit encore les cris du troupeau au loin.

-Si vous pouvez soigner le poison par le toucher, qu’est-ce que vous attendez pour quand même essayer ? Se risqua Alekto.

La femme n’eut pas l’air d’apprécier sa remarque. Qu’une personne aux apparences douteuses se permette de remettre en question ses capacités lui était visiblement très insultant.

-Parce que figure-toi que ce n’est pas une mince affaire. Si je pouvais m’épargner de perdre des forces inutilement, ça ne serait pas de refus. De toute manière, on aura notre répondre d’ici quelques minutes.

La grise se tut pour le reste. Elle n’avait nullement envie de se mettre tout le monde à dos – comme si on l’appréciait de base. Décidément, le voyage n’allait pas en s’améliorant pour elle. Elle sentait son humeur décroitre au fur et à mesure que l’expédition avançait. Elle n’était peut-être pas un génie, mais elle ne comprenait pas ce qu’il y avait d’intelligent à toujours vouloir se compliquer la tâche ou retarder les choses. C’était un peu comme ces gens qui n’arrêtaient pas de se plaindre de la météo : quel était leur but ? Était-ce ainsi que l’on apprenait à contrôler le temps ? Viendrait certainement un jour où elle aurait la sagesse requise pour le découvrir. Le groupe avait repris ses recherches. Alekto répondit sans réfléchir à la question qui était adressée à tous, concernant les décès. C’était une initiative honorable.

-Alekto Selvius.

Au passage, il lui semblait que le nom de famille de ce cher Sirh Juuka lui était familier.

-Von Illuynqi ? Répéta la femme qui se présentait sous le nom de Narcisse, avec un certain étonnement. Si je m’en fie à la réputation de votre famille, ne seriez-vous pas capable de faire quelque chose pour lui ?

Cela attisa la curiosité d’Alekto, qui garda une oreille attentive à la réponse de l’homme tout en continuant de chercher ces points de vie que lui permettait de voir la potion. Bientôt, on trouva on nouveau serpent, qui n’avait rien à voir avec le précédent : celui-ci était un peu plus gros, et certaines de ses écailles étaient noires, les autres tirant plus vers le vert foncé.

-C’est peut-être lui ?

-Qu’est-ce qui te fait dire ça ?

-Il est taché de noir. C’est un peu comme cette histoire de noix, qui seraient bénéfiques pour la mémoire ou d’avocat, pour les femmes enceintes.

-On a un Ygdraë parmi nous. Quelques-uns rirent doucement, Alekto y compris, malgré le fait qu’elle n’aimait pas cette femme - Stephania. Cette dernière attrapa le reptile à l’aide d’une pince et l’introduisit dans l’une des boîtes réservées à cet effet. On le prend. Comment tu te sens, le mordu ?

-Ma jambe est enflée, mais… c’est supportable, je crois.

Il lui montra. En effet, sa jambe avait changé de dimensions et sa peau avait opté pour des tons plus chaleureux. Si ça continuait, il ne serait bientôt plus capable de la plier. En fond sonore, on entendait toujours ce foutu troupeau, qui leur rappelait toutes les trois secondes qu’ils étaient dans le coin. En fait, on aurait dit qu’ils approchaient.

-Nous devrions foutre le camp avant que ces bêtes ne nous chargent.

On changea de direction pour s’éloigner des meuglements. Mais apparemment, ils n’allaient pas assez vite. Quelques dix minutes plus tard, alors que Stelyos, le mordu, commençait à sérieusement souffrir, on se mit à percevoir des tremblements légers. Le Sorcier ne pouvait presque plus bouger sa jambe tant elle était enflée. Elle lui brûlait de plus en plus. Il les ralentissait. Stephania poussa un juron. Il le fit s’installer au pied d’un arbre et tâcha d’examiner sa jambe de plus près. Elle estimait qu’elle pouvait tenter quelque chose avant que les animaux ne leur tombent dessus. Très mauvaise estimation, et même si cela les mit en danger imminent, Alekto ne put s’empêcher d’éprouver une certaine satisfaction.

-Les arbres ! Cria-t-on quelque part devant elle.

Aussitôt, elle vit deux Sorciers, puis trois, puis quatre, se jeter sur les troncs des arbres et se hisser grâce aux branches les plus basses. Ils tendirent leur main aux suivants et ils se retrouvèrent bientôt tous en hauteur, comme des chats fuyant un chien féroce. Tous sauf Alekto, Stephania et l’autre victime dont Alekto avait oublié le nom.

-J’AI UN GANT ET NON JE SUIS PAS MALADE ! Hurla la grise alors qu’on hésitait à la sauver. Elle aurait dû demander à Sirh Machin.

Finalement, un courageux s’équipa d’un gant pour l’aider. Elle s’assit, haletante, tandis que ses voisins de branche se couvraient les mains et le visage. Alekto préféra regarder Stephania galérant à l’arbre d’en face plutôt que se tracasser avec ces derniers. Ils avaient terminé de faire grimper Stelyos, et c’était enfin au tour de Stephania. Alekto sourit, le regard mauvais. Elle n’était pas peu fière d’être parvenue à grimper avant elle.


~949 mots~
Faut que je trouve un joli code moi aussi xD Allez, on rajoute les bestiaux
On est en train de faire un joli arc-en-ciel là 8D Toi qui aime tant les couleurs ! <3
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Ven 08 Mar 2019, 15:43


Crédits : The River of Ang-roth par Ferdinand Ladera

C’était quand même bête. Siruu, perché sur une branche de l’arbre, songeait à la réponse qu’il avait donnée à cette femme — Narcisse —. Alors certes, le moment était mal choisi. Cependant, l’empoisonneur tenait à son image. Même si le groupe de sorciers risquait la mort chaque seconde, devoir bien paraître restait sa priorité. Que lui avait-il dit, déjà ?

« Certains des miens pourraient l’aider, mais je dois bien avouer que la faune de Tælora n’est pas ma spécialité. En temps voulu, je verrais si je peux essayer quelque chose avec en détournant l’utilité d’une magie plus... conventionnelle. »

Bon, c’est vrai qu’il y avait pire mensonge. Il aurait pu bafouiller, hésiter ou avoir l’air trop surpris. En fait, son jeu d’acteur n’était pas si mauvais. Il ne pourrait pas jouer au théâtre, mais, dans le contexte d’une visite à Lyscenni, son élocution paraissait crédible. Non, la gêne du sorcier ne résidait pas là. C’était le propos en lui-même, qui posait soucis. « Détourner une magie plus conventionnelle » ? Les autres ne devaient pas savoir ce que Siruu entendait par là. En fait, lui-même l’ignorait. Il s’agissait des mots qui lui étaient venus en premier. Alors, en plus de se retrouver à chercher une solution, il devait trouver quelque chose qui correspondait un tant soit peu à ce qu’il avait proposé.

Les doigts du mage noir glissaient sur la branche, jusqu’à s’enfoncer dans une espèce d’épine qui lui arracha un léger gémissement. Personne ne semblait avoir entendu, mais il sentait un léger liquide engourdissant dans son index. Siruu retira le poison, n’ayant plus qu’à espérer que la flore d’ici ne soit pas aussi dangereuse que la faune. Dans le meilleur des cas, rien ne se passerait et ces petites piques ne feraient qu’étourdir son doigt. S’il était vraiment malchanceux, il allait se mettre à s’endormir telle une princesse maudite. Autant dire que la cohorte l’abandonnerait sans prendre la peine de le porter.

Le simple fait de penser à cela lui fit avoir un frisson, mélangé à un éclair de génie. Princesse maudite... une malédiction, évidemment ! Évitant de trop s’agiter, l’apôtre obscur regarda Stelyos un instant. Il suffisait de lancer au blessé un maléfice, dictant que, jusqu’à la prochaine lune, la mort ne viendrait le cueillir. Oh, il souffrirait le martyre, puisque le poison ne pourra pas l’achever, mais sa vie en serait épargnée. En un sens, c’était aussi une bénédiction, une manière de le laisser en vie. Les pouvoirs des sorciers et des magiciens pouvaient se confondre sur la fine ligne grise de ce monde. Une potion ou une rune, c’est un outil pouvant permettre le mal comme le bien. Détruire un objet, c’est en créer un autre, à l’utilité différente. Maudire une femme, prédisant qu’elle serait sauvée uniquement par un baiser véritable, c’est lui trouver l’amour. J’aurais probablement pu continuer à conforter mon argument si l’un des pouvoirs des sorciers n’était pas en complète contradiction avec celui des magiciens. Rendre les gens malades et dépressifs ne va servir la cause du « bien » qu’en de rares occasions. Oh, et puis, sinon, on s’en fout.

Siruu était en train de changer de branche, tout en tapotant sur l’épaule d’Alekto — puisqu’elle s’était présentée comme telle — pour attirer son attention. Il désigna vaguement l’éclopé du doigt. « Il est techniquement possible d’utiliser une malédiction pour le faire survivre. Qu’en penses-tu ? En vaut-il la peine ? Je suis d’avis d’économiser mon énergie, mais c’est une possibilité. » Même en ne considérant pas la fatigue éventuelle qu’engendrerait un tel sort, le blond n’avait jamais expérimenté ce type particulier de maléfice. Il pouvait tout aussi bien échouer, et transformer par inadvertance Stelyos en poule durant le processus.

À peine eut-il prononcé ces mots qu’une voix s’éleva dans l’air. « Des épines ! » Edgar, l’homme qui s’était fait insulter d’Ygdraë par Stephania il y a de cela quelques minutes, se mettait à hurler. Dubitatif de prime abord, l’empoisonneur se mit à penser à la pointe étrange qui l’avait écorché. Le son provenait d’un autre arbre, et les feuilles bloquaient leur vision. Incapable de comprendre ce qu’il se passait, les sorciers attendirent quelques secondes dans le silence le plus complet. Puis, comme si tout le monde s’y attendait, un autre cri vint remplacer celui d’Edgar.

Les « épines » sortaient de l’écorce à une vitesse impressionnante, et semblaient voyager d’arbre en arbre comme si tous ces végétaux étaient reliés. Peut-être s’agissait-il d’une petite colonie clonale, où tous les bois n’en sont en fait qu’un. Le fait est que plusieurs sorciers se retrouvaient comme cloués à leur branche, incapable de bouger et, après quelque temps, de parler. Siruu fit alors le lien : l’épine qu’il avait rapidement touchée s’était contentée d’engourdir son doigt, il devait donc falloir plusieurs contacts avec la pointe pour être entièrement immobilisé. Pour le moment, ils étaient quelques-uns à être en sécurité. Ça n’allait pas durer.

« Les espèces de piques secrètent du poison, c’est pas de la magie ! » Le blond doutait que cette information rassure qui que ce soit, mais au moins, ils étaient mis au courant. Siruu se demandait s’il devait descendre. Ce qu’il se passait au sol n’était pas plus rassurant. Soudainement, il entendit un craquement. C’était deux hommes qui, venant de la branche d’au-dessus, descendaient se mettre au niveau de la grise afin d’éviter les épines. Ah, là, tout de suite, ils avaient moins peur d’être contaminés, ceux qui se couvraient le visage il y a quelques minutes !

« La priorité, c’est le serpent ! »
Une voix aiguë caractéristique. Quelques instants d’après, ils furent surpris par Narcisse, qui s’était jeté de son arbre pour les rejoindre. La branche n’allait pas tenir tout ce poids bien longtemps, et certains songeaient déjà à se jeter au sol quitte à combattre les bestiaux qui s’y trouvaient. Stephania sortit un couteau pour dessiner une rune sur sa peau, sans que les autres ne sachent quel effet allait avoir sa magie.

Les événements s’étaient enchaînés rapidement. D’abord, la morsure de Stelyos. Puis les monstres. Puis les arbres. Quelques imbéciles avaient préféré la liberté du sol. Nul doute qu’il y allait avoir des morts. Au final, c’était prévisible. Tælora voulait des offrandes. En échange, elle les laisserait repartir avec les serpents.


1080 mots. DES. COULEURS. PARTOUT.
Je te laisse essayer de les sortir de ce pétrin 8D.
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Dim 10 Mar 2019, 21:22

Il ne leur fallut pas attendre très longtemps avant que ledit troupeau qui les menaçaient depuis tout à l’heure ne se concrétise. Ils ressemblaient à de gros bovins moches, mais avec deux paires de cornes. Ils ne passèrent pas exactement par l’endroit où ils s’étaient tous perchés ; ils n’en restaient cependant pas très éloignés. C’était d’autant plus à nuancer que les bêtes trouvèrent le lieu idéal pour brouter un peu. Quelques membres du troupeau avaient évidemment repéré les mages noirs et se tenaient bien de les surveiller. Alekto les considérait en retour, Sirh Truc à ses côtés. Elle eut un rictus.

-Oui, bien sûr, maudissons-le. Déclara la grise qui ne voyait absolument pas où il voulait en venir. Non mais franchement, si c’était ça, autant qu’il crève tout de suite. Ou alors on attend qu’il meure et là on le réanime avec un pouvoir de nécromancie. Ou on l’ampute. Aïe !

Elle retira sa main de la branche sur laquelle elle s’appuyait. En plein dans la paume. Ça faisait foutrement mal ! Elle appuya sur la petite plaie pour empêcher de sang de s’écouler partout. Bon sang, et ils étaient tombés sur des arbres adorables ! Sa main s’engourdissait et la jeune femme s’efforçait de l’ouvrir et de la fermer dans l’espoir de maintenir un minimum son activité et ainsi contrer le poison. Son effort était vain et elle le savait parce qu’elle le sentait. En voyant quelques Sorciers quitter leur refuge, elle se demanda si elle n’allait pas faire pareil. Elle n’avait pas le courage d’affronter ces grosses vaches si celles-ci osaient s’attaquer à eux. Mais son impatience montait et elle n’avait clairement pas envie de continuer de se faire piquer jusqu’à atteindre un état de végétation avancé. Bien sûr qu’elle avait peur. Mais de toute manière, ils étaient en danger où qu’ils se trouvent. Après avoir pesé le pour et le contre de la question, Alekto finit par sauter de sa branche. Elle avait voulu paraître stylée, mais à la place crut qu’elle allait se péter la cheville.

De l’autre côté, Stelyos était immobile sur l’arbre. Alekto le vit glisser doucement et s’écraser par terre, inerte. Elle alla se pencher près de lui pour le retourner de sa main valide. Il était encore vivant. Il n’avait plus que ses yeux pour parler, et ils exprimaient une intense douleur. On meugla. Visiblement, ils semaient l’agitation. Stephania était debout, concentrée sur la rune qu’elle venait de tracer dans sa chair. Son sang perlait sur son bras. Ce qui semblait être le taureau alpha de la meute grattait le sol.

-Ça ne marchera pas. Il me faut plus de sang. Bon. Désolée Stelyos.

Stephania lui semblait être une femme assez puissante, mais aussi très précipitée. La brune reprit son couteau et se dirigea vers l’homme. Elle lui accorda une brève prière avant de l’égorger.

-MAIS QU’EST-CE QUE TU FAIS ? S’écria Narcisse, toujours plus hystérique.

-Bon, tu veux qu’on s’en sorte, oui ou merde ?! Il allait crever quoi qu’on fasse ! Et puis vous autres, vous voulez mourir dans les arb…

Elle fut interrompue par le cri strident de Narcisse, qui tentait du mieux qu’elle le pouvait de lutter contre tous ces bestiaux qui fonçaient à présent – et vraiment – sur eux. La Sorcière se prit un violent coup de corne dans la tête puis bascula en arrière. Elle fut piétinée par l’animal d’après. Il y avait peu de chances qu’elle s’en soit sortie. Stephania n’en fit rien. C’était trop tard, tant pis. Elle brandit son bras, comme pour donner une direction à son sort, qui s’abattit sur leurs ennemis. C’était un cri, un rugissement, un souffle tortueux qui glaça aussi le sang d’Alekto, qui n’était pourtant pas visée. La horde s’arrêta comme une seule vache, dans une sorte de cabrement. Ils répondirent par leurs meuglements habituels. Le combat de celui qui gueulerait le plus fort dura de longues minutes. La Sorcière insistait, donnait plus d’énergie à ce cri venu tout droit des limbes d’un monde terrifiant et destructeur. Edgar la rejoint, tentant d’imiter sa rune, puis Marcus, le chef du groupe qui, ces derniers temps, avait perdu de sa prestance. Il y en eut d’autres, certainement. Alekto ne compta pas. Elle aurait aimé participer, mais elle ne maîtrisait pas encore suffisamment sa magie pour penser être capable de produire quelque chose. Alors elle restait là, hébétée à observer le spectacle. Bientôt, les bovins cédèrent. Ils poussèrent un nouveau cri sourd, puisque c’était leur spécialité, et s’éloignèrent d’un bloc.

Stephania ne brisa pas le charme immédiatement afin de s’assurer qu’ils étaient bien partis. Elle haletait. Elle était furieuse, certainement contre elle-même, d’avoir fait perdre deux d’entre eux. Mais bon. Grâce à elle, au moins, ils n’étaient pas tous morts, et pour le coup, Alekto lui devait le respect.


-Qu’on n’aille pas me dire que j’ai fait fuir tous les serpents du coin, se défendit-t-elle sans qu’on ne lui ait rien demandé, ce troupeau avait déjà dû les faire fuir depuis un bail. Elle passa une main sur son front. Je… je crois que l’on devrait se reposer un peu… Si tant est que cela soit possible ? Elle leva des yeux interrogateurs vers le chef du groupe.

Alekto, elle, avait reprit sa place auprès du blond. Elle frémissait encore à cause de tout ce qui venait de se passer, bien qu’elle ne réalise pas encore tout à fait.

-Si ça peut te faire plaisir, par contre, je pense que ça vaut la peine de maudire ce continent entier.

Bien sûr, elle plaisantait. A moitié seulement.


~925 mots~
Quand le titre prend tout son sens xD
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Siruu Belhades
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Jeu 21 Mar 2019, 23:52


Crédits : The River of Ang-roth par Ferdinand Ladera

« Maudire un continent ? Ça doit demander beaucoup d’énergie, ou de sang. On a d’autres Stelyos en stock ? » Un sarcasme assez mordant mais, au vu des circonstances, on le lui pardonnerait. « Et on peut remercier la Dame des Abysses qui l’avait coulé il y a plusieurs siècles. Elle avait compris, elle. » C’était bien l’un des seuls contextes où Siruu pouvait féliciter une ondine. 
« Se reposer, c’est multiplier les chances d’attaque, Stéphania. » Le soi-disant capitaine avait pâlit, mais s’accrochait à son éloquence. « Voyez ce continent comme une gigantesque casserole reposant sur les flammes. Si on ne veut pas cuire, il faut aller vite, et ce quelque soit la douleur. Où qu’on soit, ça fera mal. »« On… on s’en fout de tes comparaisons… » Narcisse, agonisante, expulsait avec difficulté ses derniers mots. 
« Elle est en vie ! On devr- » Stéphania coupa Edgar, qui s’exclamait. « Plus pour longtemps. » D’un geste du doigt, elle désigna les nombreuses blessures et fractures de Narcisse. C’était une charogne, à peine vivante. « On devrait abréger ses souffrances. De toute façon, elle n’en aura que pour quelques minutes avec les soins adaptés. Autant y couper court. » Edgar avait une mine désespérée. Que ce soit la perte de sang ou l’effet anesthésiant des épines, il semblait incapable de tenir debout sans appui.
« Je ne sais pas si les animaux locaux sont charognards… » Siruu avait pris la parole. Lui n’avait pas eu à tracer de rune, et se retrouvait finalement assez épargné par cette expédition. « Comment ça ? »« Si on part maintenant, ils la dévoreront peut-être au lieu de se lancer à notre poursuite. Si elle est déjà morte, ça ne les intéressera pas. »« On l’honorera de son sacrifice. Narcisse… Narcisse quoi, déjà ? »« Narcisse Velmo. L’autre s’est fait appeler Stelyos, mais n’a pas donné de nom de famille. » A leurs yeux, elle était déjà morte.
La sorcière blessée geignait dans un soupir, probablement peu encline à l’idée de servir d’appât. « C’est acté. On part. » Certains d’entre eux ne se sentaient pas ravis à l’idée de laisser souffrir l’une des leurs. Sorcier ne veut pas dire dénué d’empathie, après tout. Cependant, ce sacrifice serait un mal nécessaire.  

Stéphania tournait de l’œil. La rune cumulée aux soins qu’elle prodiguait à ceux qui s’étaient trop attardés sur les arbres l’avaient épuisée. On entendit un corps tomber. Quelqu’un n’avait pas osé descendre des branches, apparemment. « La paralysie a dû toucher ses poumons. Je ne peux pas soigner autant de poison non plus… surtout pas en l’état. » Troisième mort. Affligée, la sorcière adressa une prière, se jurant intérieurement que ces erreurs ne se répéteraient pas. 
« Allez, on se dépêche. » Le groupe reprenait marche. Les points de lumière perdaient en intensité, signe que la potion se dissipait. Ils pourraient encore détecter la vie pour les prochaines minutes.  Siruu, décidé à ne pas gaspiller  sa magie, observait avec attention son environnement. Une accrétion de vie longiligne et peu mobile l'interloqua.
« Vous les avez vus ? » L’un d’entre eux acquiesça. Ils ne tentèrent même pas d’être discrets. La fatigue les rendait déjà assez lents. D’autres avaient faim. « On dirait pas un serpent. C’est un genre de long ver écrasé. » Edgar plissait les yeux, prudent. « Prenons-en quand même. Les bestioles sont du genre difforme, ici. » Marcus avait repris du galon. Cela dit, à la seconde où les sorciers s’étaient décidés, les créatures commencèrent à s’enfuir.
Heureusement, Edgar avait pressenti le piège, et écrasa une fiole contre les bêtes. Dès que le verre se brisa, elles se figèrent, comme fossilisées. Simple, mais efficace. Il avait mentionné cette potion, plus tôt – avant que trois personnes ne meurent, en fait –. On peut dire que les expéditionnaires avaient perdu en joie de vivre. Tous s’attendaient déjà à ce que les choses ne se terminent pas sans écueils. Cependant, aucune préparation ne permet de se désensibiliser vis-à-vis de ce qu’ils venaient d’expérimenter.

Stephania fermait la marche, tandis qu’Alekto et Siruu se retrouvaient plus en avant. Soudainement, plus personne n’en avait rien à faire, d’être contaminé ou non. Ils étaient neuf : Edgar, Siruu, Marcus, Stéphania, Alekto étaient les seuls à s’être nommés et à être encore en vie pour le dire. Restaient quatre personnes dont l’identité n’était pas connue : une femme, qui avait plus tôt expliqué qu’elle venait sauver son fils, et trois hommes qui n’avaient pas parlé depuis le début du voyage. Sûrement des esclaves qui n’avaient, de toute façon, plus rien à perdre.


746 mots.
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Sam 06 Avr 2019, 16:44

Un pincement au cœur accompagnait sa grimace de dégoût, à l’image de la Sorcière agonisante. Puis celle de Stelyos. Puis celle de ce corps inanimé qui s’était lourdement écrasé par terre, quittant son perchoir. Alekto accorda une prière à Ezeckyel. Elle s’imaginait déjà être la prochaine. Jusqu’ici, elle avait cru bon de se dire que ça n’arrivait qu’aux autres. C’était typique de chacun, que de se dire qu’il était différent des autres. Cependant, le danger était si omniprésent qu’il ne lui était plus possible de songer de cette manière. Ici, ils n’étaient que des insectes, tous les mêmes, à la merci d’un continent. Aucune bonne étoile, ou presque, ne viendrait les sauver.

-Si tu ne fais rien, tu vas crever avant même d’avoir l’occasion d’étudier la mort qui te fascine tant.

Bah oui, bien sûr ! Quel con ! Mais quel con ! Et elle, quelle conne ! L’exact inverse était sur le point de se produire ! Il allait voir, celui-là. Si elle rentrait en vie, elle irait le maudire. Elle ferait en sorte qu’il meure d’une mort lente et douloureuse. Bon. Elle ne savait pas maudire les gens. Mais elle trouverait un moyen. Alekto aurait aimé rentrer maintenant pour commencer à mettre sa punition à exécution, mais le groupe était décidé, malgré la fatigue, à continuer son exploration. Elle tâchait de se concentrer sur les points lumineux qui traversaient la roche et la végétation, pour mieux oublier sa peur et sa colère. Ils avaient perdu en intensité. En d’autres termes, ils devaient se dépêcher, et son stress n’en était que plus exécrable. A vrai dire, elle se sentait faible. Elle sentait que ses muscles s’étaient épuisés à cause de l’adrénaline présente dans ses veines. Sans parler de sa main endolorie par le poison. Elle la serrait fort et s’efforçait toujours de la faire bouger, de crainte de la perdre si elle n’en faisait rien. Elle n’avait rien dit à ce sujet. A coup sûr, on l’aurait envoyée bouler. Et puis, une main, ce n’était pas trop grave, surtout quand c’était la gauche et qu’on était droitier. Ce n’était pas comme si elle ne pouvait plus marcher. Ça finirait par passer.

-Ce que tu sembles oublier, c’est que le serpent ne ressemblait pas du tout à ça sur les carnets de notes. Emit Stephania à Marcus, tandis qu’Edgar s’occupait de prélever les nouveaux spécimens.

-Ce que tu sembles oublier, c’est qu’un croquis aussi peu précis de l’espèce, avec aucune précision écrite, ne vaut rien. Répondit l’autre avec irritation. Tiens, la grise, viens porter cette cage au lieu de rien faire.

Alekto s’exécuta, mais c’était simplement pour ne pas qu’ils se mettent à hurler dans tous les sens et n’attirent d’autres bestioles. En d’autres circonstances, elle l’aurait envoyé paitre. On n’avait pas à lui parler comme ça. Ils étaient tous à nerf.

-Très bien, donc dans ce cas, attrapons tous les animaux qui trainent. Si ça se trouve, le croquis voulait représenter un oiseau. Ou un ours.

-Pour ma défense, ces dessins appartenaient à un vieil ami, objecta l'une des anonymes, il est venu ici il y a quelques années. Il n’a pu l’observer que brièvement. C’est une espèce agile et pas très grande. Teintes froides mais variables selon les individus. C’est tout ce que je sais.

-Et il t’a fallu tout ce temps pour nous le dire ? Elle avait beau le lui reprocher, pour l’instant les trois espèces trouvées remplissaient ces critères.

-Je vous l’ai dit avant de partir. Je vous croyais plus attentive que ça.

-Il y a encore un vert ici. Fit remarquer Alekto, qui approchait doucement sa main gantée pour l’attraper.

Si le reptile concerné disparut sous ses yeux, sa remarque eut le mérite d’éviter une dispute houleuse. Elle désigna l’endroit où il était parti pour que le chef puisse se jeter dessus, lui et son équipement. Le serpent s’était faufilé entre les racines d’un arbre. Heureusement, il parvînt à l’attraper grâce à ses pinces, non pas sans abîmer un peu l’animal. Mais ça ne faisait rien. Le simple fait de l’avoir eu calmait déjà les esprits.

-Je pense que c’est celui-là qui nous intéresse. Une intuition.

-On devrait tester son effet sur la grise.

-Je m’appelle Al…

Un bruissement soudain, en provenance du ciel, fit sursauter Alekto qui perdit toute contenance. Elle leva les yeux en même temps que les autres Sorciers. Quelque chose se baladait dans les arbres, allant de branche en branche. Ça allait trop vite pour qu’ils puissent déterminer de quoi il s’agissait. Tout ce qu’ils pouvaient deviner, c’était sa petite taille. Mais ici, la taille ne voulait rien dire. La chose siffla. Alekto sentit tous ses muscles s’engourdir. Dans les minutes qui suivraient, elle ne remarquerait pas l’évolution du poison, qui remonterait le long de son bras gauche.


~798 mots~
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Siruu Belhades
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Siruu Belhades
Ven 26 Avr 2019, 18:34


Crédits : The River of Ang-roth par Ferdinand Ladera

Mourir, ce n’est pas si difficile que ça. Même le plus idiot parmi les imbéciles, le moins habile parmi les maladroits ou tout simplement un nourrisson peut y arriver. D’ailleurs, aussi bête que cela puisse paraître dit comme ça, tout le monde finit par mourir. Si si, même les plus tenaces. Rien ne nous dit qu’un jour, la Khæleesi ne glissera pas sur un caillou pour se briser la nuque au milieu de la foule médusée d’une réception mondaine. Cela dit, je vous concède que ceux que l’on appelle les Grands finissent rarement par trouver Ezechyel de manière aussi ridicule. Quoique... les circonstances de la mort de Gabriela Zhukov, récemment décédée d’après la rumeur, restent brumeuses. Qui nous dit que son assassin n’a pas joué avec ses tripes pour en faire une guirlande qu’il a accrochée dans sa maison ? Finalement, les dernières pensées de la Reine de glace n’auraient-elles pas pu être « Est-ce que tout cela en aura bien valu la peine ? La tyrannie, le contrôle, la censure… tout ça pour quoi ? ». N’ayant pu visiter son crâne de Lyrienne, je ne peux vraiment confirmer cette hypothèse, mais cette ignorance ne me dérange pas tant que ça, tout compte fait. Car, si cette élégante introduction me permet de parler de la mort tout en brillant en société, le fait est que nos protagonistes — Siruu et Alekto — n’avaient probablement pas le temps de philosopher ainsi ; ni même de penser, en fait. Ils étaient autrement occupés à survivre ou à être tiraillés par la peur, par exemple. Mais, puisque « Oh, là c’est la merde » est une phrase assez peu séduisante — bien que véridique, je me suis senti dans l’obligation d’édulcorer mon propos. Revenons donc à notre récit.


Des mouvements vifs. Il était difficile de discerner quoi que ce soit. Siruu commença à reculer, cherchant à ne pas trop s’éloigner non plus. Il vaut mieux avoir des boucliers humains à proximité, tout en restant relativement isolé de toute menace éventuelle. Enfin ça, c’était la théorie. En pratique, Taelora méritait bien le titre de « menace éventuelle » à elle toute seule.

Stéphania et Edgar restaient auprès des bêtes capturées. « La priorité, c’est le serpent ! » disait Narcisse, quelques minutes — ou secondes — avant de ressembler à un tas de chair vaguement humanoïde. Elle n’avait pas tort, et ces deux-là l’avaient bien compris. Survivre, c’était bien beau, mais outre le fait d’avoir — pour les mercenaires — les employeurs sur le dos, il y avait aussi la honte d’être venu ici pour rien. Cette expédition pouvait amener gloire sur leurs noms, si tous les serpents arrivaient à être transportés et survivaient au voyage. Peut-être deviendraient-ils les sauveurs de la nation, qui sait.

« Restez silencieux… » furent les seuls mots que Stéphania put articuler en cet instant. On ne voyait que ses yeux horrifiés, dont la profondeur était creusée par ses cernes et son teint diaphane propre à ceux qui ont perdu du sang. La créature se fit attendre encore quelques longues secondes, avant d’apparaître. De loin, elle faisait peur. On aurait pu croire qu’il s’agissait d’un des oiseaux. De près, elle avait l’air presque mignonne, si l’on met de côté les éventuels risques de mort qu’elle pourrait engendrer. La bête ressemblait à un écureuil, mais son poil semblait d’autant plus duveteux, et des excroissances de peau lui permettaient de planer. La vitesse de la bestiole était surprenante, si bien que Siruu n’eut pas le temps d’y réfléchir. L’instant d’après, elle se retrouvait sur le crâne de Marcus, immobile et comme statufiée.

« Aaaah ! Enlevez-moi ça ! » Il articulait lentement, et grinçait des dents. Edgar haussa un sourcil. « Calme-toi, ce n’est qu’un rongeur. On peut trouver un moyen de le… »« Ferme-là et agit ! Il me brûle le crâne ! » Personne n’eut le temps de faire quoi que ce soit, puisque la discrète anonyme qui s’était permis de préciser la description du serpent s’avança, une entaille sur la paume de sa main droite. « Patronum Stépha… Stéphanie ? Patronum Sirh… Sirh quoi ? Roh, crotte ! Donc… Patronum Alekto ! » Le groupe s’attendait à ce que la bête s’immobilise. Au lieu de cela, elle changea juste de couleur pour adopter des tons plus gris. Dans d’autres circonstances, la situation leur aurait arraché un sourire, mais tous semblaient si stupéfaits que personne n’agit vraiment. Siruu songea un moment à tuer le rongeur avec un pic de glace, mais, avec une visée comme la sienne, le risque d’énucléer Marcus par erreur était trop grand. L’anonyme devait terminer son sort, ou trouver un moyen d’être efficace de quelque manière que ce soit.

« Loupé. Non, alors c’est… Alekto Patronum ! » Une lueur sombra entoura la bestiole, qui disparut. Non, plutôt, qui se transforma. Le rongeur n’était plus là. Il avait laissé place à une seconde Alekto Selvius, qui se tenait lourdement sur le crâne de Marcus. Elle se retrouva bien vite sur le sol, et avait cet air confus et benêt que l’on pourrait prêter à n’importe quel petit animal qui se retrouvait dans un corps humanoïde. Le regard du chef du groupe, victime de la créature, demeurait vide.

« C’est le seul sort qui m’est venu… désolée. » Personne ne lui répondit directement. De toute manière, ce type de maléfices était peu commun, malgré les légendes de sorcière transformant des enfants en grenouilles. Elle devait donc être assez puissante ou intelligente, malgré sa maladresse d'esprit. « Le rongeur… il mange notre tête, il… » Marcus semblait sonné. « Voilà qu’il est devenu maboul. » Stéphania prenait un ton caustique, mais ses yeux avaient réussi à être encore plus exorbités qu’il y a quelques minutes auparavant. Elle paniquait.


904 mots. Voilà, le jeu de mots est casé 8D.
Au fait, je te propose de mettre toutes les couleurs des PnJ quelque part, ce sera plus simple xD.
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