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 Approche Electrique [Pv. Zaza]

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Jeu 11 Avr 2019, 12:40


Approche Electrique
Simple échange. Un échange d’autorité. Il ne devait plus suivre les ordres de son père, à présent c’était ceux de son oncle. La justesse du choix se situait dans l’aspect bien plus rigide que possédait son oncle. Le fait est qu’il avait surtout les moyens d’appliquer cette rigidité éducative puisqu’il était plus présent. Il sentait presque la laisse le tirer, le poids du collier pesant sur son cou. Le chariot se secoua assez violemment alors que la route commençait à changer sous ses roues. Le terrain devenait plus accidenté à leurs approches des grandes étendues blanches. Jetant un regard à Maëlle, le Lyrienn chercha le regard de son amie. Ne serait ce que pour trouver une raison à cette injustice. Elle dormait. Une mèche rose reposait sur son visage avec les paupières closes, avachie dans cette position particulière dû à l’endormissement, elle paraissait inatteignable, légère et tranquille. Tout en se relevant légèrement dans l’espace confiné, il saisit une couverture soigneusement pliée entre les caissons de bois pour la couvrir. C’était un moment de répit avant que les règles s’appliquent de nouveau. Sa vie avait changé, ni en bien ni en mal, juste changée. L’absence de son père lui avait permis d’esquiver bien des choses. Là c’était différent. Tout était millimétré et rien n’était laissé au hasard.  Alors que ses pensées songeaient à une multitude, il sombra dans un sommeil sans rêve pendant que le cortège avançait vers sa destination.

L’arrêt brutal du chariot fit ouvrir les yeux à Khazel qui vérifia les alentours, ne sachant plus ou il était sur l’instant. En quelques secondes des bribes de mémoires firent leurs offices. Quelques éclats de voix lui parvinrent. Il n’en comprit pas grand-chose. L’habillage du chariot avait été renforcé à cause des températures. Les épaisses peaux et autres ajouts produisaient une certaine isolation. Il entendit quelqu’un défaire les accroches qui tendait l’habillage et une ouverture se fit à l’arrière du chariot. « Sire Khazel, nous sommes arrivés. » L’interpellé soupira. « Je vous ai déjà dit ne pas m’appeler comme ça. Je ne suis pas – L’escorte ne lui laissa pas le temps de finir, l’interrompant. – Je ne peux me résoudre à vous appeler autrement. Veuillez réveiller Demoiselle Siguld, votre oncle vous attend. » Pour toute réponse il leva les yeux aux ciels, maudissant toutes ces manières et autres apparats qui étaient toujours de mise. Avec douceur il éveilla son amie. Celle-ci bailla, puis s’étira tel un félin sortant de son sommeil. Elle jeta un regard amusé à Khazel en observant son visage qui semblait boudeur et résigné. Elle lui demandera plus tard. On ne faisait pas attendre Frada Afran. Les deux jeunes Lyrienns descendirent du chariot. Le groupe entier était constitué d’une dizaine de personnes, les deux jeunes compris. Son oncle devait récupérer différents articles qui avait certainement une particularité précise, pour qu’il en vienne à se déplacer lui-même. C’était loin des préoccupations de son neveu. Toisant les deux jeunes encore monté sur son cheval, son visage n’exprimait que cette rigidité et cette dureté qui semblait être figé sur le visage du barbu. Claquant sa langue sur son palais, il fit un léger signe de menton à son escorte qui s’inclina avant de tirer les rênes de sa monture et lui faire faire demi-tour. Cela irrita prodigieusement Khazel. Pourtant son cœur était résigné. A quoi bon ? L’escorte, d’après ces souvenirs c’était Tomas, ou Timon, il ne savait plus trop, les invita à se déporter quelques peu pour décharger les marchandises. La petite troupe avait quelques peu attirés l’attention des badauds qui jetait un regard sur le cortège. C’était un village de taille moyenne et les passages étaient rares semblait-il.  Khazel n’en avait aucune idée et ça l’importait peu. Le froid commençait à se faire sentir. N’étant pas habitué à des températures si basses et à ce climat particulier, il n’avait qu’une envie, se mettre au chaud. Tout en portant ces deux mains à sa bouche pour souffler à l’intérieur, son attention se concentra sur ce qui ressemblait à une taverne. La bâtisse en question était plus massive que les autres, des éclats de voix et une musique entrainante semblait s’en dégager. Jetant un regard à l’escorte occupée à décharger le contenu du chariot, il fit suivre son regard à Maëlle. Et sans un mot de plus, commença à se diriger vers l’établissement. Son amie hésita un instant et fit la moue avant de le suivre. Tout en poussant la porte, une bouffée de chaleur bienvenue les enveloppa. On en discernait que les capes épaisses dans lesquelles ils étaient blottis, d’un rouge foncé, presque noir, le tissu était gravé des armoiries de la famille Afran. Ils cherchèrent des places vides et s’y installèrent. Maëlle était mal à l’aise, Khazel quant à lui, s’accouda sur la table et posa son menton dans sa paume. Ce n’était pas qu’il était à l’aise ou non, il ne s’en souciait guère. Combien de temps avant qu’on vienne les chercher ? Il espérait au moins avoir le temps de prendre une boisson bien chaude.  

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Jeu 11 Avr 2019, 15:29

Le froid.
Azraël avait horreur du froid.
Il détestait le froid autant qu'il détestait son père.
Non, en fait non. Il haïssait encore plus son paternel.

Habitué à vivre dans la douce chaleur de l'enfer, il lui fallait vraiment une très bonne raison pour s'aventurer dans des régions glaciales et enneigées comme le Berceau cristallin. En effet, pour que le démon soit décidé à quitter le confort des enfers, il fallait un argument de taille ou réussir à titiller suffisamment sa curiosité et son intérêt. Et des raisons pour motiver Azraël il n’y en avait pas beaucoup, mais il y en avait toujours une qu’il ne pouvait jamais refuser ; la promesse de s’octroyer un nouveau vin tout juste sorti sur le marché. Un vin moelleux et naturellement volatil comme on en faisait peu. De ceux que les fins connaisseurs s’arrachent et pour lesquels ils sont prêts à payer le prix fort pour en obtenir une simple bouteille. Alors, pas question pour l'être maléfique de passer à côté d'une opportunité pareil. Il avait, d’ailleurs, bien besoin d'un nouveau breuvage d'exception pour sa collection personnelle. Un hors d'œuvre qui viendrait trôner sur une belle étagère de cristal au centre de sa cave et qu’il ne sortirait que pour une grande occasion.

Mais voilà, pour espérer pouvoir s'approprier au moins une bouteille du merveilleux breuvage, il avait dû effectuer le pénible déplacement jusqu'à ces terres de paysages blancs qu’il détestait tant. C’était dans la taverne d’un petit village sans importance, perdu au milieu de la neige et du froid, que son contact lui avait donné rendez-vous pour une dégustation et une proposition de vente.

Ainsi, au fond de la taverne, emmitouflé sous sa longue et épaisse cape noire, Azraël attendait impatiemment que son rendez-vous daigne se montrer tout en essayant vainement de se réchauffer avec une boisson chaude. Le visage du démon n’était pas visible sous sa large capuche mais on pouvait deviner, en regardant bien, la couleur vermeille de ses yeux qui brillaient discrètement dans la pénombre de la taverne. Pour toute occupation, il jouait avec une pièce d’argent, la faisant rouler le long de ses doigts en observant de façon distraite les allées et venues des clients. La patience ne faisant pas partie de ses qualités, il maudissait chaque être qui ouvrait la porte de l’établissement, laissant s’engouffrer une vague de froid de la pièce. Il haïssait d’autant plus les personnes qui entraient dans la taverne lorsqu’il se rendait compte qu’il ne s’agissait pas de son contact. Pourtant, il devait le reconnaître, pressé par la curiosité, le jeune démon était arrivé bien en avance à son rendez-vous et n’avait pas d’autre choix que d’attendre. S’il avait été moins pressé, il ne se serait pas condamné à supporter le froid et la foule plus de temps que nécessaire. Dans cette attente qui lui paraissant de plus en plus interminable, son humeur ne faisait qu’empirer à chaque battement de porte.

Il ferma les yeux en soupirant. Il s’humecta les lèvres et pensa à la petite brune avec qui il avait rendez-vous plus tard. Le démon n’avait pas retenu son nom, et il n’en avait que faire d’ailleurs, mais il se souvenait parfaitement de ses formes fortes plaisantes pour les yeux. Son joli sourire et ses lèvres roses et pulpeuses. La jeune femme l’aiderait à se détendre à son retour en lui apportant satisfaction. A cette agréable pensée, Azraël ouvrit les yeux et avala une gorgée de sa boisson. Le liquide réchauffa immédiatement son palais, puis sa gorge. Il apprécia cette vague de chaleur dans son corps. Mais cet agréable moment fut interrompu par le froid qui s’infiltra une nouvelle fois dans la taverne. Le jeune démon leva ses yeux plissés de colère vers la porte et marmonna des injures à l’encontre des deux nouveaux arrivant. Reposant sa chope, il remarqua des armoiries sur leur cape. Azraël ne connaissait pas cet écusson mais en déduisit qu’il s’agissait soit d’une famille d’importance notable, soit d’une famille qui se voulait être ce qu’elle n’était pas vraiment.

Les deux jeunes gens prirent place à quelques tables du démon et celui-ci les observa un court instant. Le jeune homme semblait plutôt blasé et animé par un ennui profond. La jeune demoiselle qui l’accompagnait – très jolie demoiselle, se fit d’ailleurs remarquer le démon – paraissait mal à l’aise et pas dans son élément. Après cette rapide observation, les deux individus perdirent tout leur intérêt aux yeux d’Azraël. Il soupira et s’adossa contre le mur de la taverne.
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Jeu 11 Avr 2019, 18:24


La serveuse les remarqua quelques minutes après leurs installations. Il régnait une certaine ambiance dans l’établissement. Le froid avait tendance à faire boire, semblait-il. Khazel salua d’un sourire léger l’habileté de la serveuse à éviter les mains baladeuses tout en faisant virevolter avec soin son plateau dans les airs. Arrivée à leur table, elle leur demanda ce qu’ils voulaient. En jetant un regard à Maëlle, le Lyrienn comprit qu’elle était préoccupée, elle n’aimait pas la foule certes, mais autre chose se cachait sous son attitude. Il prit commande pour eux deux. Deux Valis. Une boisson épicée et requinquante qui avait un goût très sucré et doux avec une faible teneur en alcool. Juste de quoi combatte le froid et de revigorer un peu le corps. L’efficacité du service fut réelle, le breuvage fut déposé quelques minutes seulement après leur commande. Servit dans des chopes, une odeur épicée ne tarda pas à se diffuser. Khazel apprécia la chaleur au bout de ses doigts en saisissant le bois, et apprécia plus encore l’effet du breuvage après avoir bu une gorgée. Imité plus lentement et plus timidement par Maëlle, celle-ci esquivait le regard de son ami faisant mine de rien. Soupirant bruyamment, elle du se résoudre à planter le bleu de son regard dans le vert du sien. « Je. » Elle inspira puis se reprit. « J’ai fait un rêve étrange… » Sa voix était douce et elle murmurait presque, si bien que le Lyrienn devait se pencher sur la table pour écouter son amie. Elle c’était tue, il l’invita du regard à continuer. « Il n’y avait pas de feu. » Un frisson parcourut l’échine de Khazel. Quiconque aurait surpris la conversation n’aurait sans doute rien compris. Lui comprenait. Il comprenait si bien. Mentalement, il songea au fait que si… Que se passerait-il ? Son père pourrait envisager de… Ça paraissait inconcevable et pourtant. Agitée par le même frisson, Maëlle enfouit son visage dans son écharpe. Un froid invisible et différent de celui qui régnait dehors les faisait frissonner. Que les Huit Primordiaux soient miséricordieux…

Tout deux perdus dans leurs pensées, ils burent en silence. L’ambiance qui régnait dans la taverne, le breuvage qu’ils buvaient ne pouvait défaire le nœud glacé qui les enserrait actuellement. Avant que ceux-ci y fassent attention, un homme venait de trier et s’installer sur le tabouret qui jouxtait la table. « Dites les jeunes, je vous observe avec mes gars depuis tout à l’heure et vous tirez une sacrée gueule ! À votre âge, vous devriez être plus souriant ! Surtout pour la demoiselle-là. » D’un coup de chope en l’air, il désigna Maëlle. Elle s’enfonça le plus possible sur son tabouret. L’homme qui venait de les aborder était souriant et semblait avoir eut une bonne consommation face à son haleine. Dans un jugement hâtif, on aurait pu le croire mal intentionné. Sa posture ouverte et détendue, son sourire sincère et son regard amusé disait clairement le contraire. Les manières et la forme laissaient un peu à désirer, l’intention en revanche était louable. Khazel l’observait, ne sachant pas forcément comment réagir. « C’est rare de voir des jeunes comme vous dans le coin. » Des jeunes comme eux ? Difficile d’y interpréter quelque chose. Ne voyant pas quoi faire d’autres, il fit preuve de sincérité. « J’ignore qui vous êtes, mais votre sollicitude est… » Cherchant ses mots, il marqua une pause. Ça l’épuisait. Son désir avait juste été de se réchauffer et d’être tranquille. Persuadé que Maëlle serait du même avis, il changea de stratégie. « Je ne veux pas paraître brusque et j’apprécie votre sollicitude, mais très franchement, on préférait être tranquille. » L’homme ne s’offusqua pas de la réponse, il fit un large sourire avant de répondre. « C’est quoi votre problème ? Peut être qu’on peut vous aider. » Khazel soupira, c’était agaçant. Son intention était de le repousser poliment à l’origine, là, l’insistance du bougre devenait lourde. Ils étaient peut-être jeunes, ça n’empêchait pas qu’ils fussent de parfaits inconnus. Il compta jusqu’à dix intérieurement pour ne pas se montrer désagréable. Les intentions du barbu étaient louables et c’était sûrement une personne sympathique. Seulement, il ne pouvait rien faire pour eux. Ouvrant la bouche pour répondre, son attention se porta sur la porte qui s’ouvrait et sur la personne qu’elle dévoilait. Le dénommé Tomin, Tomas, peu importe son nom était là. Cela le fit jurer entre ses dents. Le barbu observa la silhouette. « C’est lui qui vous fait des misères ? » Maëlle écarquilla les yeux alors même qu’il finissait de poser sa question. Elle secoua vivement la tête à l’attention de son ami. Elle savait qu’il n’hésiterait pas à s’engouffrer dans ce chemin-là. Depuis qu’ils étaient chez son oncle, Khazel, c’était tenu à carreau. Seulement la fatigue du voyage, l’incertitude du temps, le jugement, tout cela le pesait tellement que ça le rendait audacieux. Audacieux mais stupide.   « Oui…Ils veut nous emmener. » Le Lyrienn savait que ça allait causer des problèmes. Qu’importe, c’était son quotidien. Le barbu fit un signe de tête entendu et un clin d’œil à l’attention de Khazel, il se leva et se dirigea vers l’homme qui venait d’entrer. Maëlle s’agita sur son tabouret. « Tu es fou ?! » Le barbu qui les avait interpellés était presque au contact du garde. Khazel eut un sourire malicieux. Il attrapa la main de son amie et l’entraîna avec lui en longeant le comptoir de la taverne à pas rapide. Torin les vu immédiatement. Alors qu’il s’apprêtait à les rejoindre, le barbu qui les avait accostés posa sa main sur son épaule. « Pas si vite mon gars ! Tu leur veux quoi au gamin ? » Le garde jugea l’homme et lui jeta un regard sans équivoque. « Vous vous méprenez sur mes intentions. » « Tu m’en diras tant ! Écoute on ne va pas faire du grabuge. Laisse-les tranquille et il n’y aura pas de problème. » Khazel pressa le pas en tirant Maëlle bousculant au passage quelques personnes. La serveuse s’interposa. « Dis donc, on ne sert pas gratis ici. » Ils n’avaient pas payé. Jurant de nouveau entre ses dents, il se mit à réfléchir à toute vitesse. Il lui fallait une solution-là tout de suite. « On m’a prévenu que c’était lui qui régalait. » Il désigna une silhouette au hasard adossée contre le mur de la taverne. La serveuse suspicieuse fronça les sourcils. Elle se détourna légèrement en gardant les deux Lyrienns à l’œil et interpella le désigné. « C’est vous qui payer les consos des deux jeunes ? »  
 

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Jeu 11 Avr 2019, 23:12

L’ennui le gagna.

Le temps passait avec une lenteur exagérée ce qui mettait toute la patience du démon à rude épreuve. Jeune créature maléfique, Azraël était du genre impulsif et cette attente lui demandait un réel effort pour ne pas se lever d’un bon et s’en aller égorger celui qui osait le faire attendre ainsi. Et ce même si, dans le fond, l’attente était due à son impatience. Il ressentait le besoin de se défouler sur quelqu’un juste pour calmer ses nerfs. Il pourrait même se contenter du minimum, comme de broyer des doigts un à un. La douce mélodie des os qui craquent l’aidait à se détendre.

Le petit monde qui grouillait dans la taverne était d’un tel manque d’intérêt, tous vaquant à leurs occupations qui étaient, pour la plupart, de vider le plus de boisson alcoolisées à la suite. Vider ainsi de si précieux breuvage sans les apprécier ! Le démon serait prêt les écarteler pour un tel crime. Cela aussi l’aiderait à passer le temps. L’ironie dans cette taverne était que, tous autant ivres qu’ils étaient, ils semblaient d’un pacifisme mortel. Si, au moins deux de ces imbéciles pouvaient se décider de se battre, Azraël aurait une bonne raison de s’amuser en lançant des paris. Il avait cruellement besoin d’une distraction. Blasé, il vida le reste de sa chope et fit un signe de la main à l’attention de la serveuse pour commander la même chose. Efficace, elle apporta la boisson à Azraël en quelques minutes, prenant de nouvelles commandes au passage.

Alors qu’il baignait toujours dans un ennui profond, il commençait y avoir un peu d’animation dans la taverne. Il s’humecta les lèvres, curieux. Les deux jeunes gens, précédemment abordés par un ivrogne heureux, semblaient fuirent quelque chose. Ou plutôt quelqu’un se fit remarquer Azraël en observant l’homme qui venait d’entrer. Le démon trouva les deux inconnus à nouveau intéressants et les observa depuis sa table. Enfin quelque chose qui ressemblait à une distraction. Ce n’était certes pas grand-chose mais avec un peu de chance, cela déboucherait sur une bagarre ! Du moins, c’est ce que l’être maléfique espérait. Le temps lui semblera moins long ainsi. A cette belle pensée, il joua avec la bourse accrochée à sa ceinture.

Pressés, les deux jeunes essayaient de s’évaporer à vitesse grand v mais la serveuse, qui semblait soudainement avoir des yeux partout, les arrêta net réclamant un payement. De l’autre côté de la taverne, celui qu’ils fuyaient était ralenti par l’ivrogne heureux. S’il parvenait à se défaire du gros barbu, il avait une chance de rattraper les jeunes. Mais alors quelle ne fut pas sa surprise quand le démon fut désigné comme étant le payeur de boisson des fuyards. Il releva la tête tout en l’inclinant quelque peu sur le côté. Une longue mèche rouge s’échappa de son capuchon et, bien que ses traits restaient peu définissables, on voyait parfaitement bien la teinte rouge de ses yeux à présent. La curiosité avait éveillé leur éclat. Il se redressa, le dos bien droit, un sourire carnassier aux lèvres. Ce petit ne manquait pas de culot ! Azarël fut parcouru d’un frisson d’excitation. Tant de choix s’offraient à lui et sa première tentation était d’arracher sa langue au jeune garçon pour lui faire ravaler son audace. Bien que cette idée fut la plus plaisante, il serra les poings pour contenir ses instincts primaires. C’était un démon certes, mais il était encore jeune et pas assez puissant pour pouvoir se défendre contre tout ce petit monde en même temps. En seconde position, l’idée de ralentir la progression des jeunes pour aboutir à un combat entre eux et leur « tuteur » le tenta aussi. Furtivement, le démon évalua la situation ; les jeunes fugueurs, les armoiries, l’homme à l’allure de surveillant à l’entrée et le regard paniqué de la demoiselle. La très jolie demoiselle par ailleurs. Une autre idée se mit à naître de son esprit. Une idée qui allait le conduire à une distraction de longue durée.

Son sourire s’élargit. Il tourna son regard vers la serveuse et acquiesça, confirmant qu’il payerait les boissons des jeunes. Son regard passa sur le jeune garçon. Un regard qui en disait long et qui sous-entendait clairement que ce service ne serait pas gratuit.



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Ven 12 Avr 2019, 00:41


Lorsque le regard de braise de l’inconnu se dévoila, Khazel comprit qu’il venait de commettre une erreur. Surtout lorsque ces yeux rougeoyants firent la navette entre Maëlle et lui, s’attardant plus sur elle que sur lui. Son acquiescement surpris la serveuse certainement autant que Khazel lui-même. Son premier sentiment s’accentua lorsqu’un regard entendu circula entre les deux hommes. La serveuse fit plusieurs allers retours entre les deux protagonistes durant quelques secondes n’y croyant pas forcément, cela étant tant qu’on payait. Peu importait qui. Elle s’écarta pour laisser libre passage aux deux jeunes Lyrienns. Khazel serrait toujours la main de son amie, il ne la lâcherait pas. La porte était juste devant eux. Quelques enjambées, ils seraient dehors. Ils seraient libres. La scène qui suivit parut ralentir le temps. Comme si tout se cristallisait. Son regard se porta vers l’entrée. Torin, ne les avait pas quittés des yeux, si son regard avait pu tuer, Khazel serait mort sur le champ. Ses iris grisonnantes semblaient vouloir cracher des éclairs. L’air dans la pièce se réchauffa doucement en tout premier lieu. Une brise étrange chargée de chaleur. Khazel et Maëlle se redressèrent vivement et tous deux se tournèrent en direction de Torin. Peu de personnes devaient se rendre compte de ce qui se passait. C’était quelque chose que les jeunes Lyrienns avaient vu tellement de fois, éprouvé tellement de fois que c’était gravé dans leurs esprits. Ils ne sentaient pas la magie, pour dire vrai ils ne savaient même pas ce que c’était. Cependant voir leurs pairs à l’œuvre avait ouvert la voie à une expérimentation unique. Leurs sens aux aguets, ils savaient. La chaleur ambiante gagna encore en température. Plusieurs flammes des bougies disséminées ça et là se mirent à vaciller et crachoter dans une danse étrange. Khazel déglutissait tout en observant ce qui se passait devant lui. La liberté ? En cet instant, telle une évidence absolue, l’empreinte froide et glacé de sa condition le saisit. Il ne serait jamais libre. La chaleur était devenue anormale. Les éclats de voix baissaient et tout le monde jetait des coups d’œil de partout. Certains devaient savoir à présent. La musique cessa et la tension grimpa en flèche dans l’espace. Le barbu sympathique qui avait la main sur l’épaule de Torin la retira vivement comme s’il venait de se bruler. Et c’était certainement le cas. Il le regardait avec des yeux écarquillés et effectua quelques pas en arrière. Tous les regards étaient maintenant portés sur cet homme à première vue inoffensif mais qui irradiait d’une menace réelle et absolue. Celui qui le toucherait finirait par bruler vif. Khazel songea à son père. Cet homme. Il voulut bouger, il voulait s’échapper. La peur le figeait sur place. Tel une petite créature faible et chétive prise dans les griffes d’un prédateur rompu dans l’art de chasser. Il était un non-révélé, une créature sans rien, sans pouvoir ni bénédiction. Il n’avait pas communié. La seule chose qui le tenait là, présent, éveillé était la chaleur de la main de Maëlle. Le garde ne rompit pas le contact visuel, un silence presque mortel régnait, le seul bruit que l’on entendait était ses bottines pressant le sol alors qu’ils les rejoignaient. La scène était si irréelle. Si transcendante quelque part. Ca n’avait rien de beau, ni de moche. C’était ces instants particuliers ou la vie prend une tournure unique et dont on ne peut pas s’échapper. Arrivant au niveau des deux jeunes, il les toisa. La température baissa légèrement. Restant néanmoins chargée d’une légère chaleur chimérique. Toujours le regard braqué sur eux, sa voix rompit le silence. Elle était légère, mais tout son être dénotait la menace qu’il représentait. « Combien doivent-ils ? » Sa question était lancée à la volée. Khazel avait peur quelque part, il connaissait si bien cette peur qu’il avait finit par l’accepter. Vivre avec continuellement. La colère aussi, il la connaissait bien. Deux vielles amies qui étaient le centre de sa vie, le quotidien de son existence. La serveuse s’ébroua, elle bégayât, balbutia plusieurs syllabes avant de pointer d’un doigt tremblant l’inconnu au regard de braise. « Combien je vous dois ? » Maëlle restait dans un état oscillant entre la peur et le choc. Elle n’aurait jamais pensé que ça irait si loin. Khazel quant à lui se demanda comment réagir. Avec sa démonstration Torin avait été parfaitement clair. Plus percutant qu’avec tous les mots qu’il aurait pu employer pour prévenir le Lyrienn. Malgré tout, Khazel refusait de laisser Torin demandé des comptes à cet inconnu. « Je vais – Alors que sa voix éraillée et peu assurée commençait à faire naitre des mots, Torin le coupa. – Vous ne ferez rien du tout Sire Khazel. » Le ton était sans appel. « Donc, combien doit-il ? » La question aussi l’était…Sans appel.
 

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Ven 12 Avr 2019, 10:45

La réaction du démon étonna autant la serveuse que le jeune inconnu. L’air surpris de ce dernier fit sourire Azraël. Un sourire qui s’étira lorsqu’il vit le garçon comprendre qu’il s'était engagé sur un terrain dangereux. La serveuse céda le passage mais les deux jeunes fuyards, au lieu de se précipiter, ne bougèrent pas d’un centimètre. Pris de curiosité, le jeune être maléfique inclina la tête sur le côté et commença à jouer avec sa mèche de cheveux du bout des doigts.

Sensible à la température de la pièce, Azraël senti une douce chaleur se répandre ce qui le fit frissonner de bien-être. Son corps commençait à se réchauffer et bien qu’il appréciait ce changement de température, il comprit immédiatement que cela ne présageait rien de bon. Son regard se fixa sur l’homme à l’entrée de la taverne et le démon n’eut plus aucun doute ; il s’agissait d’un Lyrienn. Et à en juger par son regard, sa posture et le changement d’atmosphère, il devait être bien plus puissant que la majorité des personnes dans la pièce, Azraël inclus. L’ennui du démon s’était envolé, il était à présent fasciné par cette manifestation de magie. Silencieux, il observait les événements avec une sérénité décalée par rapport à la situation. Les autres clients avaient commencé à comprendre que quelque chose d’anormale était en train de se produire. Peu à peu, il y eu des chuchotements et des regards troublés entre voisins de tables. La chaleur soudaine qui enveloppait la pièce éveillait l’inquiétude de chacun. La tension était palpable et, alors que tous fixaient l’homme aux yeux gris avec crainte, le démon lui, était captivé. Le calme et le silence de l’homme lui donnait un air encore plus dangereux et violent que s’il s’était agité en tous sens une arme à la main. Cette allure pouvait impressionner les mortels mais ce n’était pas le cas du démon même s’il avait parfaitement conscience qu’il ne ferait pas le poids dans un combat de force.

Le garde s’avança en silence et tous l’observait sans bouger, de peur d’être brûlé vif. Azraël posa son regard sur le jeune. Il ne savait définir ce qu’il lisait dans ses yeux ; de la crainte, de la colère – peut-être même de la haine – du respect ? Arrivé à leur hauteur, l’homme s’adressa à la serveuse qui était totalement tétanisée. Clouée sur place, elle parvint seulement à pointer le démon du doigt. Comme ceci devenait amusant ! Il suivit le regard de l’homme, silencieux et attentif. Mais alors, le garde s’adressa au démon d’une manière presque autoritaire, ce qui déplut profondément au démon. Contrarié, le démon fit rouler sa nuque et on entendit ses vertèbres craquer. Avec une lenteur et une grâce mesurée, il leva sa main droite révélant son bras d’armure et retira sa capuche, annonçant clairement son identité. Ses cheveux couleurs des flammes vinrent rehausser son regard de braises. Ses yeux brillaient tels des rubis reflétant le feu de l’enfer. Le sourire malfaisant qui se dessina sur ses lèvres faisait froid dans le dos. Toujours dans la finesse, il croisa les bras sur la table et fixa le garde avec intensité. Il parla d’une voix calme et assurée, plongeant son regard de celui du garde, sans ciller.

-Je crains qu’il ne soit pas possible de vous acquitter de leur dette. Le sourire du démon s’étira. Voyez-vous, votre jeune ami, Sir Khazel – Azraël prononça ces derniers mots avec une ironie insistante – a conclu un accord avec moi. Il marqua volontairement une pause pour s’assurer que le garde comprenne où il voulait en venir. Je suis tout à fait convaincu qu’une personne de votre trempe a parfaitement conscience de ce que cela signifie.

Son regard passa lentement sur le dénommé Sir Khazel. Le jaugeant des yeux un instant. Il devait être fils d’un seigneur ou quelque chose du genre. La « noblesse » voulait que les enfants de bonnes familles, ou de familles importantes en général, aient un comportement exemplaire, s’appliquant à respecter les us et coutumes de la race et du rang. Pourtant, ce jeune « Sir » semblait faire partie des rebelles, prêt à fuir à la moindre occasion. Le démon se fit un rapide résumé dans sa tête ; Lyrienn, d’un rang élevé, rebelle et audacieux. Il n’y avait aucun doute, le jeune être maléfique avait trouvé le bouc-émissaire parfait. Il reporta son attention sur l’homme qu’il définissait à présent comme une espèce de protecteur ou de tuteur pour le jeune. Il passa une main dans sa crinière de feu et s’humecta les lèvres, savourant l’instant.

-Il me semblait pourtant que l’éducation des enfants de seigneurs était assurée afin d’éviter qu’ils ne s’engagent dans de tels accord. Il faut croire que quelque chose a été loupé dans l’éducation de celui-ci.

Azraël pointa le jeune rebelle du doigt avec un petit rire amusé.

-Malheureusement, et comme vous vous en doutez certainement, je ne peux rien pour vous. Le jeune devra s’acquitter d’un service pour respecter notre accord. Le démon se pencha un peu en avant et baissa d’un ton, obligeant le garde à être d’autant plus attentif. Bien sûr, nous pouvons également passer un accord entre nous dans lequel je m’engage à ne pas mettre sa vie en danger et où je ne le soumettrai pas à commettre un crime qui le mettrait dans l’embarra. Cette fois encore, le démon marqua une pause volontairement. Si vous avez quelque chose d’intéressant à me proposer en échange, évidemment.

Les démons, même s’ils avaient très mauvaise réputation, étaient reconnus pour savoir tenir leurs engagements à la lettre. C’était d’ailleurs la raison première pour laquelle tant de personnes étaient finalement prêtes à conclure des pactes avec eux. Tout sourire, Azraël se laissa partir en arrière pour s’adosser contre le mur. Amusé, il ne quittait pas le garde du regard.

-Je peux être très discret. Ce qui devrait être des plus arrangeant pour vous... Laissant sa phrase en suspend, le démon prit délicatement sa chope et main et avala une longue gorgée. Imaginez un instant que votre manque de vigilance parvienne aux oreilles de votre employeur, hum ? Et qu'il apprenne que votre petit protégé se retrouve lié avec un démon par un accord. Azraël but une nouvelle gorgée sans détourner son regard. Cela pourrait être fâcheux pour vous, votre employeur et ses affaires, n'est-ce pas ?


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Ven 12 Avr 2019, 12:31


La situation lui avait échappé et pas qu’un peu. Même s’il le voulait, il ne pourrait plus revenir en arrière. Le glas sonnant et trébuchant tintait au loin. Était-il un être destiné à vivre ces épreuves ? Maëlle hoqueta silencieusement alors que l’inconnu faisait tomber sa capuche. Une chevelure tout aussi rouge que ses iris. Un démon. Comment cela était possible ? La chance était si infime. Khazel dont l'audace avait choisit la personne la moins enclin à l’aider malgré les apparences. Que les Huit Primordiaux lui viennent en aide. Toujours main dans la main, ils s’accrochaient à un espoir fou. Cette histoire prenait une tournure qui aura des conséquences. Et pas des moindres. Une petite affaire n’aurait pas fait de bruit. En revanche là, ici et maintenant, Khazel venait de perdre totalement le contrôle sur les événements. Ca n’avait plus rien à voir avec une tentative de fuite. Le démon parla. Torin ne bougea pas, écoutant posément ce qu’il avait à dire. C’était de la folie, peu importe qu’il soit démon ou non, il ne se rendait pas compte. Il ne savait pas. Tout en le laissant faire son numéro Torin jeta un regard au neveu de Frada. Un regard qui dénonçait son comportement et la situation. Il allait être puni pour cela. Lorsque le démon évoqua le principe de l’éducation, Torin reporta son attention sur lui. Son visage était lisse. Ne laissant rien échapper quant à ses pensées ou ses intentions. Le Lyrien se contentait de le fixer. Khazel n’écoutait qu’à moitié, un frisson glaçant lui parcourant le dos. Le problème n’était pas Torin. Ce n’était pas ce démon. C’était Frada. S’il venait à apprendre ce qui se passait ici… Il allait le savoir. D’une manière ou d’une autre, il finirait par le savoir. Un coup d’œil sur le visage de Maëlle lui fit comprendre qu’elle en était aux mêmes conclusions que lui. Elle était terrifiée. Son père avait toujours tenu à apprendre le respect à son fils comme il le jugeait. Son oncle était plus radical dans ces méthodes. Le feu pouvait graver dans la matière. Il pouvait aussi graver l’esprit selon lui… Plus important que le rang, que la famille ou que l’être, ce qui tenait à cœur les Afran étaient avant tout l’élément qui régissaient leurs vies. Reportant son attention sur les deux hommes qui échangeait, Khazel tenta de trouver une solution, c’était impossible, son esprit était vide. Lorsque la dernière question fut posée, Torin esquissa un sourire. Khazel songea au fait que ce démon était fou. Une folie propre à sa race peut-être. Ils ne les connaissaient pas, il n’en avait jamais vu. C’était le premier qu’il rencontrait. Si l’être le laissait indifférent, c’était simplement parce que les enjeux qui se dessinaient étaient bien plus terrifiant que tout ce qui pouvait se passer. Déglutissant péniblement, il serra plus fort la main de son amie. « La seule chose que je peux vous reconnaître est votre démagogie. Puisque vous désirez tant faire votre office, je l’accepte. » Le démon, c’était montré insultant en remettant en cause les différents préceptes portés par leurs natures. Torin avait perdu son sourire et avait retrouvé un visage lisse. Il s’approcha à son tour du démon, se penchant légèrement. « La prochaine fois, songez au fait que sans connaissance du terrain une insulte peut être sujette à interprétation. Nous allons rencontrer mon « employeur » comme vous dites. Et je suis persuadé que le jeune qui semble manqué cruellement d’éducation paiera sa dette. » Une dette qui allait demander un lourd tribut. Bien plus lourd que ce que le démon pourrait imaginer. Torin tourna les talons. « Suivez-moi, je vous prie. » Le regard qui lança aux deux Lyrienns était un ordre silencieux. Ils n’avaient pas le choix. Le garde passa par le comptoir déposa une besace qui tinta en touchant le bois. « C’est pour le désagrément causé. » Torin n’en dit pas plus, tous le monde l’observa se diriger vers la porte avec les deux jeunes sur les talons. Khazel et Maëlle marchaient vers leurs propres échafauds. Ils le savaient. Une certitude ancrée en eux. Ils sortirent, le froid les saisit comme s’il voulait appuyer les pensées qui les parcouraient. Remontant le chemin de terre qui faisait office de grande rue, ils passèrent quelques bâtisses avant que Torin pousse une porte. Khazel et Maëlle le suivirent. C’était un vaste hall qui se découvrait sous leurs yeux. Une large pièce meublée simplement. Un tapis rouge semblant avoir déjà bien vécu couvrait une partie du sol, une cheminée crépitait dans le fond de la pièce faisant danser les ombres sur les murs. La plupart des membres de l’escorte étaient là. Plusieurs caisses de marchandises avaient été disposées dans l’espace, parfaitement rangées et alignées. Un escalier sur la droite indiquait qu’il y avait au moins un étage. Frada était là lui aussi. Installés à une table, plusieurs papiers et registres jonchaient la table tout en étant bien organisés et soigneusement compilés. Le silence était étrange. Seul le crépitement des flammes dans la cheminée et la plume imprégnait le papier d’encre se faisait entendre. La plupart des membres de l’escorte paraissaient fondus dans le décor. Frada quant à lui dégageait cette aura particulière et insaisissable. Pendant plusieurs minutes, il ne se passa rien. Les deux jeunes Lyrienns étaient décomposés, la tête rentrée dans les épaules. Ils essayaient tant bien que mal de gérer les émotions qui les tenaillaient. Ca ne fonctionnait pas, ils étaient simplement terrifiés. Frada reposa d’un geste la plume sur son reposoir et fixa le groupe qui venait d’entrer. Torin s’agenouilla, Khazel et Maëlle aussi. « Seigneur, nous avons rencontré un léger problème. » Frada leva le regard vers Torin. Il ne dit rien. Torin semblait mal à l’aise. « L’individu ici présent prétend que votre neveu à contracté une dette auprès de lui. Il demande un paiement. » Le regard remplit d’or liquide du Lyrienn observa le démon. Un regard perçant et affûté. « Est-ce vrai mon cher neveu ? » Le visage de Khazel était transi d’effroi. Il voulut parler, mais aucun son ne sortit de sa bouche. Portant son regard sur son neveu, Frada ne trahissait aucune émotion. Il se contentait de le fixer. « As-tu perdu ta langue ? Je t’ai posé une question. » Réunissant son courage, Khazel garda la tête baissée et se racla la gorge pour répondre. « Oui et je – Une nouvelle fois les mots lui manquaient, ils restaient coincés dans sa gorge. La simple pression qu’exerçait le regard de son oncle lui faisait perdre ces moyens. Il fallait pourtant qu’il dise quelque chose. Qu’il fasse quelque chose. Il toussota légèrement et finit par enchaîner une phrase d’une voix tremblante. – Soyez indulgent mon oncle, je vous en prie. C’est mon entière responsabilité, elle n’a rien à voir avec ça. » Il faisait référence à Maëlle. Frada reporta son attention sur l’homme à la chevelure rouges. Torin enchaîna afin d’exposer les choses. « Il a demandé à vous rencontrer. » C’était sa façon de répondre aux propos tenus par le démon. L’oncle balança sa tête d’un air désapprobateur. « Donc que me veut-tu démon ? » La question était lancée. La situation dégénérait de plus en plus. Khazel songea au fait qu’ils allaient peut-être tous mourir ici. Par les Huit Primordiaux, il n’aurait jamais dû faire cela !
 

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Ven 12 Avr 2019, 23:35

Azraël ne s’était pas attendu à une telle réaction. Convaincu d’avoir fait forte impression, il se retrouva aussi sot qu’un enfant face au garde. Il fronça les sourcils sans comprendre. L’effet de l’alcool l’avait rendu un peu trop sûr de lui et il venait de s’embarquer dans une histoire qui promettait de mal finir. Le démon était très contrarié ; d’une part, car il n’avait pas obtenu ce qu’il voulait, et de l’autre car, persuadé de « son charisme naturel », il ne concevait pas que l’homme ne fut pas impressionné par ses propos. Il serra les dents quand le lyrienn lui tourna le dos. Si Azraël avait été plus fort – et plus lucide aussi - il lui aurait mis une raclée ! C’était certain ! Enfin, c’était du moins une idée sur laquelle il essayait de se convaincre.

Alcoolisé, le jeune démon hésita à se lever pour les suivre. Maintenant que le garde avait le dos tourné, Azraël se relâcha un peu et vacilla légèrement sur le côté. Il ferma fort les yeux espérant quand les ouvrant il sentirait moins l’emprise de l’alcool mais il n’en fut rien. Résumant la situation dans sa tête, il eut l’intelligence de repousser sa chope d’une main. Il valait mieux qu’il n’avale plus une goutte de plus de ce breuvage pour aujourd’hui. Pas trop sûr de lui, il se leva quand même lentement en prenant soin de s’appuyer à la table pour ne pas tomber. Cet alcool était vraiment fort et lui faisait tourner la tête. Il faisait bien de ne pas terminer sa chope. Satisfait de sa décision, il fit un pas en avant mais s’arrêta brusquement. Se laissant emporter par l’ivresse de sa jeunesse, il attrapa sa chope et la vida d’une traite. Au diable les bonnes résolutions, quitte à s’être foutu dans le fumier, autant y aller jusqu’au bout.

Docilement, Azraël suivit la petite troupe. Il avait remis sa capuche sur la tête en prenant soin de cacher sa chevelure rougeoyante. Il était plus lent que les autres car il se concentrait pour marcher droit dans la neige. Ce n’était pas une grande réussite mais dans son malheur il fut heureux que personne ne se retourne pour voir s’il suivait. Titubant, il trébucha et s’étala de tout son long dans la neige mais il se releva d’un bon et se tint bien droit, immobile, cherchant du regard si quelqu’un l’avait vu. Deux ou trois personnes l’observaient bizarrement alors il hâta le pas. Si Sariya le voyait, à coup sûr il prendrait cher ! Il ne voulait même pas y songer. Penser à elle le perturba au point qu’il ne s’était même pas rendu compte qu’ils étaient arrivés dans un grand hall. Quand il réalisa où il était, il eut un petit sursaut de surprise. L’homme face à lui n’avait rien d’exceptionnel aux premiers abords mais son regard l’imposait naturellement comme était le seigneur de ces lieux. Le démon observa rapidement autour de lui, penchant légèrement sur le côté ne sachant trouver son équilibre. Le garde affirma son assurance en provoquant le démon ouvertement. Il ne semblait pas le moins du monde déstabilisé. Peut-être avait-il deviné la jeunesse du démon ? Cela expliquerait qu’il ne soit pas impressionné par son « charisme naturel ». Lorsque le seigneur des lieux s’adressa à Azraël, ce dernier paniqua. Que voulait-il au juste ? Ah oui ! Rien. Enfin, rien de cet homme. Il n’avait jamais voulu venir ici. Par tous les diables, il se rendit compte qu’il allait louper son rendez-vous avec toute cette histoire ! Plein d’idée et de discours se mélangèrent dans sa tête mais il n’arrivait pas à faire le tri. Il pencha encore sur le côté et se redressa pour se tenir bien droit du mieux qu’il pouvait. Le démon posa son regard sur le garde et sourit d’un sourire qui se voulait sûr et hautain mais qui lui donnait plutôt l’air d’un imbécile heureux. Il regarda ensuite le maître des lieux. Sentant une vague de courage monter en lui grâce aux effets de la boisson, il s’osa jouer la carte de l’assurance.

-Eeeh bien… hum. De vous, rien. Je pense qu’en plus d’être incompétent dans ces fonctions de… gouvernante – à ce mot bien articulé, il jeta un air amusé au garde – votre serviteur… Le démon s’arrêta un instant pour cacher un hoquet et repris, a quelques problèmes d’ouïe. L’idée de la rencontre vient de lui, à croire qu’il pense que vous avez du temps à perdre. Emporter par une audace éphémère, le démon fit un pas en avant et se tourna en direction du jeune. La seule chose que je veux, et c’est bien ce que j’ai tenté d’expliquer à votre, le démon gesticula les bras ne trouvant pas ses mots, valet ! c’est que le dénommé Sir Kahzuel, Khalel ou je ne sais trop, paie sa dette. Il a imposé un service, j’exige donc un service en retour.

Azraël termina sa phrase d’un hochement de tête dynamique, convaincu. La seconde suivante, il jetait un œil dans la pièce et se rendit compte qu’il était seul contre tous. Il se senti soudain tout petit et recula pour retourner à sa place. Si les choses tournaient mal, il n’avait aucune chance. C’était à peine s’il tenait droit et démon ou non, il faisait encore parti des « nouveau-nés » et n’était pas de taille à affronter de tels adversaires. Pendant une seconde de lucidité, il regretta ses paroles mais espérait que cela suffirait à faire effet pour se sortir de cette mauvaise posture.

Puis, il y eut un bruit de porte qui s’ouvre brusquement derrière eux. Azraël se retourna. Une femme s’approchait d’un pas décidé. Sa démarche féline contrastait avec son allure de guerrière. Elle était athlétique et la nature l’avait généreusement sculptée avec les formes qui plaisent aux hommes. Elle n’était pas spécialement belle ou séduisante mais elle dégageait un petit quelque chose qui la rendait unique et intrigante. Ses yeux et sa chevelure sombres comme la nuit accentuaient son air sévère. Digne et forte, elle exposait fièrement les cicatrices apparentes sur visage, un message clair qui la définissait comme une adversaire redoutable. Le démon se pinça les lèvres en la voyant pour jurer entre ses dents. Elle passa à côté de lui sans même lui adresser un regard et s’arrêta à quelques mètres du maître des lieux. Là, elle inclina poliment et respectueusement de la tête. Apparemment, elle devait savoir à qui elle avait à faire.


-Sir Afran, je vous prie de bien vouloir excuser mon intrusion. Je m’appelle Sariya et je viens pour discuter avec vous de ce… malheureux malentendu. Elle jeta un regard glacial à Azraël qui fit la moue. Permettez-moi de vous rassurer et de vous confirmer qu’aucun pacte ni accord n’a été conclu entre le démon ici présent et le jeune garçon.

Sariya, démone Suḷḷu, assurait régulièrement les négociations avec les autres races et notamment lorsqu’il s’agissait de rattraper les bêtises du jeune démon. Forte de son expérience et de sa connaissance des autres peuples elle parvenait toujours à désamorcer une situation épineuse. Mais Azraël le payait cher ensuite.

-Je peux vous garantir que le démon à seulement profiter de la situation. Il est parfaitement incapable de contracter un pacte ou n’importe quel type d’engagement pour la simple et bonne raison que, sous ses airs « d’homme » ce n’est, en fait, qu’un bébé démon.  

Elle avait volontairement mis l’accent sur le mot « bébé » afin de rabaisser Azraël et de démontrer l’étendue de son agacement. Ce dernier réagit au quart de tour et emportés par la colère, il grogna. Ses canines s’allongèrent, prenant la forme de crocs ; signe distinctif d’une transformation démoniaque imminente. Sariya planta son regard dans le sien, ses yeux avaient viré du noir à un bleu clair translucide. La réaction fut instantanée, le démon recula d’un pas et se refrogna sur lui-même tel un louveteau qui vient d’être corrigé par sa mère.

-Il ne s’agit que de la bêtise d’un jeune démon. Bien sûr, je trouverais parfaitement normal que vous exigiez réparation pour toute cette perte de temps.

La démone insinuait clairement qu’Azraël devrait se plier aux exigences du Sir Afran pour rattraper la situation si ce dernier exigeait de lui un service ou l’exécution de certains travaux. Même si les démons n’étaient pas du genre à faire dans la dentelle, ils ne pouvaient pas non plus faire n’importe quoi et s’en prendre à la famille Afran ne faisait pas parti des ordres. Le jeune démon, frustré et en colère, jeta un regard haineux au jeune Lyrienn. Même s’il était jeune et impulsif, le respect de la hiérarchie étant profondément encré en lui et il n’oserait jamais défier Sariya.



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Mar 16 Avr 2019, 19:57

Comment cela était tout bonnement possible ? Au creux d’une taverne perdu au creux de grandes étendues blanches, il avait fallu qu’un simple désir entraîne toute cette action. Une envie de liberté qui avait amené un véritable flot de cause et effets. Des démons. Quelle était la chance que cela arrive ? Une désignation avait tout basculé. Un simple souffle qui prenait l’allure d’une tempête inarrêtable. D’un mouvement qu’on ne peut plus arrêter. Y avait-il un dessein des Huit en cela ? Les émotions se percutaient et se mélangeaient dans une bourrasque intérieure qui emportait toute logique. Peu sont à même de ressentir ce frisson. Un frisson si puissant qu’il emporte votre conscience dans un endroit qui l’épargnera. Khazel était responsable, et même si le visage de son oncle restait lisse, une étincelle au creux de son regard dénotait cette envie irrépressible de faire comprendre à son neveu qu’elle était sa place. Personne n’avait bougé alors que la femme, la démone, tout du moins, exposa les choses. Même après son entrée quelque peu agressive. Pas un son, pas un mouvement. Juste elle dénotant la jeunesse du démon et son impuissance. Intérieurement, Khazel se disait que lui au moins savait comment manier la magie, voir même ce que c’était. Pourquoi pensait-il à cela ? Le choc ? La peur ? Quelle émotion donnait lieu aux pensées qui l’agitaient ? Après que tout est été dit, un silence pesant s’installa. Frada c’était contenté d’écouter. D’abord les propos amusants du démon et ensuite ceux de la démone. Malgré l’idée qu’on s’en faisait, ce genre d’échange avait lieu plus souvent qu’on pouvait le croire. Peu importe qui, ou, comment, de quel rang ou quelle race, il existait toujours des êtres prêts à remettre en cause un système établi. Peut-être par jeu. Peut-être par ignorance. Cela dit en cet instant-là n’était pas la question.

Lorsque Frada commença à frapper dans ses mains, Khazel écarquilla les yeux. Son oncle était en train d’applaudir. L’escorte présente dans le lieu, ne bougeait toujours pas. Tout en applaudissant, l’Oncle repoussa sa chaise et se retrouva debout. Lorsque les mains cessèrent de battre, un nouveau silence tendu naquit. « Ma Chère, me voilà bien étonné de la tournure des choses. Nous voilà tout deux responsables de sots et je compatis à cela. Je dois admettre que cela est un peu… Divertissant. Nos quotidiens sont remplis de tâches peu aisées, la jeunesse à tendance à les rendre plus animées. Nous n’avons pas le plaisir de nous connaître en tous les cas. Cela, étant ça viendra. » Il marqua une pause et contourna le bureau lentement. Sa stature était grande et large d’épaule. Son visage dur et poli ne dénotait qu’une inflexibilité absolue. Il se positionna face aux Démons et aux deux jeunes Lyrienns tout en croisant ses mains dans le dos. « Croyez-vous Ma Chère ? Pour ma part, je crois en bien des choses. Votre pupille ne peut être responsable des agissements de mon neveu. Après tout peu importe qu’il fût là, ou qu’il est usé de ce merveilleux langage. Si mon neveu ne l’avait pas désigné, nous n’en serions pas là. Chacun aurait vaqué à ces occupations et aucun n’aurait eut à perdre du temps qui est sommes toute, précieux pour certains. Vous ne connaissez peut-être pas notre façon de faire… Sachez seulement que nous prenons l’idée d’un accord extrêmement au sérieux au sein de notre famille. » La voix était posée, calme, pleinement maîtrisée. Cependant, elle recelait de ces multiples ombres non dites, elles planent autour de chacun des mots et s’enroulent autour des êtres qui entendent. Ce n’était pas une question de mensonge ou de manipulation. Ces mots-là recelaient de cette inflexibilité et absolu de lois propre à sa famille. Comment en était-il arrivé là ? Le feu dans la cheminée se mit à crépiter un peu plus. Les paroles de son oncle percutaient petit à petit Khazel. Il savait quel chemin prenait cette folie. Telle une danse qu’il ne connaît que trop bien. Une danse qu’il a tellement dansée qu’il en a oublié le reste. Ces moments ou son esprit flanche, ou sa conscience se réfugie ailleurs. Entendaient-ils eux aussi cette mélodie si particulière ? Maëlle devait savoir aussi, peut-être. Des événements existent parfois simplement pour avoir lieu et rien d’autres, ce genre de choses immuables que même si l’Univers venait à changer de sens, ils finiraient toujours par se produire. La violence a une façon très particulière de vous imprégner. Vous la rejeter d’abord et puis petit à petit vous finissez par l’embraser, par l’accepter et la désirer. Elle devient votre amante. Parce que vous prenez conscience que vous ne pouvez faire autrement. Que tout ce qui constitue votre monde se résume à ne rien pouvoir faire. À devoir subir sans ciller. Non pas parce que cela est votre destin. Simplement parce que c’est votre nature qui vous définit et que celle-ci n’est en cet instant qu’un misérable insecte se faisant recouvrir par l’ombre d’une botte. Avec douceur, Frada s’approcha de Maëlle, il s’agenouilla tout aussi doucement. Son regard doré se fixa sur elle. Sa main vint caresser sa joue avec ce geste affectueux. Le ton qui accompagna ses paroles était si tranché, si rude étant l’exact opposé de ces gestes. « Elle paiera pour eux deux. » Il n’y avait ni pitié, ni la moindre petite hésitation, aucun sursaut d’un quelconque sentiment. L’expression d’une simple volonté froide et profonde. Ils ne comprendraient pas. La jeune fille aux cheveux roses s’était laissée tomber à terre alors que Frada s’approchait d’elle. Des larmes silencieuses coulaient sur ses joues. Des larmes qui étaient le cri de désespoir qui ne pouvait sortir de sa gorge. Savez-vous comment vous acceptez encore d’appeler la violence ? De danser avec la souffrance ? Il suffit simplement de se résigner. De vous vider l’esprit jusqu’à qu’il ne reste rien. La voix de Khazel était cassée et vide. Il prononça sa sentence comme s’il en était détaché. Il n’éprouvait aucune haine et aucun ressentiment à l’égard de son démon. Il ne savait pas et plus encore, pourquoi accepter de payer ce verre ? C’était drôle quelque part. Tout ça, parce qu’il avait oublié de payer son verre. Trop absorbé par l’idée de liberté. « J’invoque le sang et le feu mon oncle. » On aurait presque dit que Maëlle avait été frappée par un coup invisible. Frada tourna la tête vers son neveu, son visage lisse se transforma doucement. Il eut un petit sourire satisfait. Calculé. Ce sourire ne gagna pas son regard. « Je n’en attendais pas moins de toi mon neveu. À ta guide. C’est donc réglé. » Khazel eut un petit sourire, un sourire vide. Aussi vide que l’était sa tête. Ne soyez jamais assez fou pour contracter une dette auprès de la famille Afran. Il jeta un regard à Maëlle tout en commençant à enlever les couches supérieures qu’il avait sur le dos. « N’interviens pas. Ça va aller… Sois forte. » C’était un spectacle rare. Un spectacle à la dimension particulière. Les démons ne saisiraient peut-être pas. Et peut être que dans le fond, ils n’en avaient rien à faire. Frada s’était relevé et avait de nouveau les mains croisées dans le bas du dos. Maëlle pleurait de plus belle en silence. Torin s’était approché. Khazel déchira une partie de son vêtement qu’il fourra dans sa bouche. Il s’agenouilla docilement. Acceptant son sort. Le feu est une chose incroyable sous bien des aspects. Si vous arrivez à en cerner l’esprit, l’essence, vous êtes en mesure de prodiguer à cet élément une valeur si particulière. Frada fit un signe de tête à Torin qui bien que son visage laissât transparaître que peu de chose son regard quant à lui était voilé. Une certaine pitié à l’égard de ce qui allait se produire. Son bras se détacha quelque peu suspendu dans les airs. Un serpent de flamme commença à se former autour de son avant-bras, rapidement, il s’en détacha et se mit à ramper sur le sol. Le bois se noircissait sur son passage et une odeur de brûlé commença à se répandre dans la pièce. Inexorablement, il se dirigeait vers Khazel. Avide, affamé. Torin semblait agité des fils invisibles, guidant le petit serpent. Bientôt, il releva sa gueule et d’un geste rapide sauta sur le dos nu de Khazel. Une odeur de chair grillée se fit directement sentir, une fumée blanche se mit à danser dans l’air. Il hurla, il hurla tout ce qu’il pouvait. Le serpent commença à sinuer sur son dos. Si la température est bien jugulée, votre chair carbonise sans affecter vos nerfs. La douleur est infâme. Khazel se débattait dans des gestes désespérés. Mordant le bout de tissu avec toute la force qu’il pouvait, il ne pouvait s’empêcher de hurler encore et encore, un cri déchirant. La sueur perlait sur son front et sa vision commença à se brouiller. Brusquement, son dos se cambra et son corps tomba. Son esprit venait de rompre. Face à une telle douleur, il avait opté pour la seule solution possible. L’inconscience. Ça n’empêcha pas le serpent de continuer à brûler la chair. L’odeur de chair grillée mêlé à cette volute blanche qui s’échappait de son dos emplissait la pièce. « Assez. » Le mot avait tonné au milieu du son que produit la chair en train de brûler. Le serpent disparut. Maëlle se précipita vers le corps inerte de son ami. Elle pleurait à chaude larme, ne pouvant rien faire d’autres. Frada paraissait satisfait. Peu à peu la fumée se dissipa. Le dos de Khazel n’était plus qu’un amas de chair brûlée. Torin jeta un coup d’œil à son maitre avant de rejoindre le Lyrien inconscient pour commencer les soins. Maëlle releva légèrement les yeux observant le démon. Au creux du bleu de ses yeux, se dessinaient la rage et la haine. Elle ne pardonnerait jamais à ce démon. Jamais. « Je pense que la dette est ainsi payée. Cela étant, il reste la question de la perte de temps. Vous devez être comme moi ma chère, le temps est un bien précieux. Et le perdre n’est pas agréable. Voyez-vous Dame Sariya, votre pupille à dénoter le principe de l’éducation. En ce sens, il reste la notion de sang à payer. Rassurez-vous, ce que nous définissons comme le sang, est un tribut de labeur. Afin d’apprendre le respect à ces trois jeunes sots, je me vois dans l’obligation de leur apprendre la notion de temps. D’ici plusieurs lunes, nous allons faire un banquet. Nous manquons de main d’œuvre pour effectuer le service et les basses œuvres. Il me semble que cela est assez opportun. Bien entendu, si cela ne vous sied guère nous pouvons opter pour quelque chose de plus flamboyant. » Frada ne semblait aucunement affecté par ce que venait de subir son neveu. Il ne semblait d’ailleurs aucunement affecté par quoique ce soit. Juste là, à évoquer la leçon. Torin avait presque fini ces soins, appliquant une pommade sur le dos de Khazel et récitant quelques formules étranges à voix basses. Maëlle était épuisée, choquée et paraissait complétement dépassée. Ses yeux bleus continuaient à fixer le démon. « Sommes-nous donc d’accord Dame Sariya ? » Khazel était toujours inconscient et grâce à Torin, son dos commençait à reprendre vie. Au creux de nulle part, au cœur d’une étendue blanche, se dessinait cette rencontre improbable et impromptue. Personne ne savait ce qui allait découler de cela. Ce qui était certain, c’est que le Lyrienn qui se tenait toujours là, les mains croisées dans le dos n’en avait pas tout à fait fini. Il venait de démontrer qu'il plaçait l'égide des règles au-dessus de tout et qu'en soit il n'avait aucune pitié. Ironiquement, il aurait certainement fait un bon démon. Certains iraient d'ailleurs jusqu'à dire que ceux qui sont bénis par Shanaa deviennent démoniaque. Car le feu qui brûle dans leur cœur ne peut s'éteindre.

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Mar 16 Avr 2019, 23:09

Contre toute attente, Frada Afran commença à applaudir en se levant de sa chaise. Pour Azraël, cette situation avait quelque chose d’irréelle. C’était comme si chacun jouait un rôle parfaitement millimétré où chaque parole, chaque mouvement respectait un scénario précis. Comme si rien de ce qui se passait devant ses yeux ne pouvait se produire ailleurs que sur une scène de théâtre. Et pourtant, tout ce qui se déroulait depuis la taverne était bien réel. Peut-être que cette impression venait du fait que l’esprit du démon était embrumé par l’alcool ? Il n’était pas en état de répondre à cette question. Il tiqua néanmoins aux paroles du Lyrienn et poussa un petit grognement contrarié. Un regard bref mais glaciale de Sariya le découragea instantanément. Il baissa la tête et regarda ses pieds comme le ferait un enfant. C’était assez ironique de voir un démon de son allure aborder des mimiques et réactions si enfantines. De son côté, la démone buvait les paroles de Frada Afran. L’écoutait-elle vraiment ou exerçait-elle une brillante performance pour feindre l’oreille attentive ? Elle se tenait bien droite, tel un bon soldat qui prête attention aux instructions de son capitaine, les mains croisées dans son dos. Elle se contentait d’acquiescer les paroles de l’homme en abordant un air solennel. La prestance générale de Frada Afran l’imposait naturellement dans la pièce. Sa façon d’être et de parler le rendait d’autant plus charismatique. Ses propos, ou plutôt, la manière à laquelle chaque mot était prononcé fit frissonner le démon un instant. Plus la situation évoluait, plus il commençait à prendre conscience qu’il avait très mal choisi sa victime, son petit tour de passe-passe se retournant contre lui. Pour que Sariya intervienne sans prévenir, signifiait déjà que la famille Afran faisait partie des personnalités importantes à ne pas se mettre à dos. Mais bien au-delà de ce point, Azraël se rendait compte que le dénommé Frada n’était pas n’importe qui. Il abordait une attitude qui faisait que le moindre de ses gestes, la moindre parole prononcée s’attaquait directement à l’état d’esprit de ces interlocuteurs. Une torture mentale si délicatement et posément maîtrisée que le démon en fut affecté. Il se sentait mal à l’aise et impressionné bien qu’il ne l’aurait jamais admis si on lui avait posé la question. Seuls Sariya et Torin ne semblaient pas perturbés.

Puis, ce fut comme si la situation se mit à tourner au ralenti. Frada s’approchant avec douceur de la jeune Lyrienn, cette torture psychologique qu’il lui infligea, à elle et Khazel par la contradiction de ses gestes et ses paroles. En témoin silencieux de la scène, le démon fut soudain très intéressé par ce qu’il se passa et il se redressa de toute sa hauteur pour ne rien rater. Il fut d’abord soulagé de ne pas être puni ce qui l’aida à se détendre. L’instant d’après, la détresse dans la réaction de la jeune fille éveilla ses sens et pulsions démoniaques. Tout son être frissonnait intérieurement, avide de voir la suite des événements, de sentir plus de détresse, de se satisfaire de la souffrance des autres. Mais la seconde suivante, il y eut un nouveau retournement de situation, le jeune garçon avait pris la place de la jeune fille. Tout cela devenait excitant pour Azraël qui approuva d’un signe de tête cette manipulation si bien amenée qu’elle aurait pu être digne d’un être maléfique. Mais peut-être Frada l’était-il ? Dans tous les cas, le démon commençait à ressentir de l’admiration pour cette homme dont la stratégie, si fine et subtile, avait conduit à un résultat qu’il avait sans doute planifié depuis le début. S’il ne sentait pas la menace de Sariya, le démon se serait sûrement laissé à des acclamations d’exaltation pour Sir Frada Afran. Mais il n’en fit rien et se contenta de s’humecter les lèvres de manière répétée tout en jouant avec une mèche de cheveux. En bon spectateur, le démon se montra fort attentif et captivé. Toute cette mise en scène si bien amenée avait éveillé l’éclat de ses yeux. Il voyait nettement Khazel se préparer à ce qui allait arriver et même si le démon ignorait de quoi il s’agissait, il comprit bien vite que ce qui allait faire souffrir le jeune garçon le ferait jubiler.

Lorsqu’il vit la magie se manifester, il recula d’un pas, se méfiant tout de même du garde et de sa fourberie. Sous ses yeux, un serpent de feu, une magie que le démon ne pouvait qu’apprécier et admirer les flammes qui lui rappelaient la chaleur de l’enfer. Ondulant sur le sol, laissant une odeur de bois brûlé derrière lui, l’animal animé par la magie du feu rampa jusqu’au dos de Khazel. Dès l’instant où il y eut contact des flammes sur la peau du jeune Lyrienn, Azraël ne put contenir un fin sourire. On voyait de son regard la fascination et l’exaltation. Conscient que la démone n’était pas loin, il se risqua à un regard furtif et il put remarquer un fin rictus sur le coin de ses lèvres. Il ne connaissait Sariya que trop bien et même si elle parvenait à cacher ses émotions aux yeux des autres, Azraël avait perçu cette infime manifestation dans ses traits qui confirmait qu’elle aussi appréciait ce spectacle. Son regard se posa à nouveau sur Khazel, sur les flammes, sur son dos, sur les muscles de sa mâchoire qui s’étaient crispés pour pousser des cris étouffés par le tissu qu’il mordait. L’odeur de chaire brûler se répandit dans la pièce et le démon prit une profonde inspiration, se délectant de chaque élément faisant parti de ce majestueux spectacle. L’instinct primitif et maléfique qui bouillonnait en lui se nourrissait de vision de torture. Une torture d’abord mentale, puis physique. Le démon avait beaucoup à apprendre et la méthode qui se manifestait sous ses yeux était inspirante. Khazel sombra. Après des minutes qui avaient dû paraître éternelles pour les jeunes Lyrienns mais soudain trop courtes pour le démon, le supplice cessa. Au fond de lui Azraël voulait sauter sur place pour réclamer une autre représentation mais un échange de regard avec la démone le ramena à la réalité. Détournant les yeux, il croisa ceux de la jeune fille où il put lire toute la haine et la colère qu’elle ressentait à son égard. Il ne fut pas le moins du monde déstabilisé, au contraire, il la trouva d’autant plus belle et attirante. Séduit par les éclairs qu’il voyait dans ses yeux, le démon ne put qu’afficher un sourire ravi et satisfait à son attention qui laissait parfaitement entrevoir les pensées malsaines qu’il avait à son égard.

C’est lorsque Frada Afran reprit la parole que le démon se désintéressa de la jeune fille. Il grimaça, toute la joie que lui avait apporté le délicieux supplice du feu s’envola quand il comprit qu’il allait devoir assumer des tâches de bas niveau, tel un humain au service des plus riches. Cette idée le dégoutait et il lança un regard à la démone qui l’ignora superbement. Elle n’avait pas bougé d’un centimètre. Elle se tenait toujours aussi droite et fière, les mains dans le dos.

-Si tel est votre décision, Sir Afran, je le respecte et l’approuve. Azraël s’engagera à honorer toutes les demandes qui lui seront faites en ce cadre.

Elle inclina très légèrement de la tête vers le bas et en direction d’Azraël de sorte qu’elle l’apercevait du coin de l’œil sans se détourner de Frada. Sa voix était glacée et menaçante quand elle s’adressa au démon.

-Est-ce bien clair ?

Contrarié, le démon croisa les bras et fit mine de ne pas vouloir répondre, trop fier pour accepter d’être soumis à des tâches qui devaient être exécutées par le bas peuple. Sariya leva presque imperceptiblement la tête pour qu’Azraël puisse voir ses yeux sombres devenir d’un bleu translucide. Il ne lui en fallut pas plus.

-C’est clair,  marmonna-t-il doucement.

Il lança un regard à Khazel qui était toujours inconscient. Torin, qui l’avait torturé quelques instants plus tôt s’appliquant à soigner ses plaies. Un geste que le démon ne comprenait pas.

-Bien, je pense que notre affaire est à présent réglée. Si vous n’avez rien d’autre à exiger, je ne souhaiterais pas vous faire perdre plus de votre temps.

La démone inclina poliment de la tête, en signe qu’elle était prête à prendre congé si Frada n’attendait plus rien d’elle.


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Mar 16 Avr 2019, 23:55

Alors que le démon lui renvoyait un regard parfaitement équivoque, Maëlle songeait sérieusement qu’elle finirait par le tuer un jour. Comment pourrait-il comprendre ? Comment pouvait-il cerner leur nature ? Cette même nature qui coulait au sein de l’essence de son peuple. Elle aurait tellement préférée voir sa chair rongée par les flammes. Ignorant jusqu’où Frada Afran pouvait aller, il finirait par comprendre que sa réaction enjouée sera un mirage durement payé. Elle s’approcha de Khazel et déposa sa tête sur ses genoux pendant que Torin le soignait. Ashel serait sûrement ravi d’apprendre ce qui c’était passé et son frère venait de trouver encore une manière d’exploiter son fils. Le démon et Maëlle n’étaient que des dommages collatéraux dans un jeu qui agitait cette famille démente. Il devenait urgent qu’elle et son ami se révèlent. Qu’ils soient bénis à leur tour, alors et seulement alors ils pourraient enfin dépasser leurs conditions.

Frada eut un léger sourire qui ne gagna pas ses yeux. Ce sourire qui parait si vide et indolore. « C’est parfait dans ce cas. L’affaire est étendue. Il va de soit que vous êtes convié ma Chère. Vous pourriez ainsi voir votre pupille réaliser son rôle avec brio et engouement. » Il s’inclina légèrement en guise de salut. Faisant volte-face avec légèreté, il se dirigea vers son bureau. Torin lui jeta un regard rapide. Frada sembla le capter et tourna la tête vers son homme de main. Il parut réfléchir quelques secondes avant de donner ses instructions. « Chargez-le avec les marchandises. Nous partirons sous peu. Demoiselle Siguld, je vous le confie. Il semble que bien que mon neveu continue de vous adjoindre à des problèmes qui vous dépassent, vous restiez attacher. Prenez donc soin de sa bêtise. » La fille et l’homme se fixaient avec intensité. Ils eurent cet échange silencieux qui valait plus que mille mots. « Croyez bien Demoiselle Siguld que je vous apprécie. Tout autant que j’apprécie votre père. Dites vous simplement qu’il ne verrait aucun inconvénient à ce que votre joli visage le devienne moins. Vous devriez songer à votre avenir au lieu de vous soucier de celui de mon neveu. » Détournant la tête et n’attendait plus rien de qui que ce soit, il se dirigea vers son bureau pour terminer son œuvre. Les démons avaient pris congé. Maëlle aida à transporter le corps toujours inconscient et blême de Khazel dans le chariot. Quelques badauds de la taverne étaient dehors et observaient la scène. Cette fois-ci, aucun n’interviendrait. La jeune fille était habitée par un sentiment qu’elle s’évertuait à refouler depuis un moment. Tout comme Khazel elle continuait à accumuler une haine profonde envers tout un système. Il n’y avait ni mérite, ni foi, ce n’était qu’un système prôné par des éléments fous et déchaînés. Les Huit avaient certainement une dimension bien plus profonde et puissante qu’un mortel pourrait le concevoir. Et même si elle était pleine de foi, sa haine ne cessait de la ronger. Le jour ou Khazel et elle se révéleraient viendrait. Elle en avait la certitude. Peut-être étais ce une chimère, pourtant, elle ne pouvait s’empêcher de le croire. Restant au côté du corps inerte de Khazel, elle se demandait s’il rêvait et si oui de quoi. Au sein de sa famille, et même au sein de la sienne, ils étaient peu à comprendre. Seule Lisandra semblait réceptive à ces malheurs. Elle prenait conscience d’à quel point ils étaient misérables.

Au creux de son inconscient, Khazel ressentait une chaleur familière. Il lui courait après, mais ne parvenait pas à l’attraper. Une chevelure rose semblait danser dans une nébuleuse qu’il ne comprenait pas. Quelque chose était là aussi, un regard de braise qui le fixait et semblait moqueur. Il courait, courait pour fuir. Fuir sa condition. Rattraper cette chaleur au milieu d’un vide profond. Le rire moqueur et gras retentit. Le rire de son oncle.


Ouvrant les yeux et se redressant à la volée, Khazel fit peur à Maëlle qui poussa un petit cri. Son souffle était court et le visage du Lyrienn avait le teint cireux. Son amie le calma et l’apaisa avant de lui expliquer qu’ils n’étaient pas encore tirés d’affaire. Non seulement, ils allaient revoir le démon, mais plus encore, ils allaient devoir jouer à un jeu qu’ils détestaient. Ce jeu était simple. Survivre à la réunion des familles qui s’annonçaient.  

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Approche Electrique [Pv. Zaza]

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