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 Tout commença par une histoire de latrines

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Dim 16 Juin 2019, 15:34

Tout commença par une histoire de latrines  F8pt
Tout commença par une histoire de latrines


Elle était enfermée depuis longtemps, maintenant. Erza pensait à Eerah, lorsqu’il méditait, lorsque le calme figeait les traits de son visage. Elle avait essayé d’apprendre de lui de longues années mais elle s’était tellement attachée à son rôle qu’elle en oubliait parfois ce qu’elle était vraiment. La Réprouvée avait essayé de parler à celui qui la détenait dans une cage, au milieu de son salon, telle un trophée. Le problème c’est que son hôte était aussi con qu’un Bicorne atrophié du cerveau. Elle était arrivée au bout de ce qu’elle pouvait endurer en termes de patience et d’instructions. Elle avait tenté et les Zaahin devaient bien se douter que le premier qui lui dirait le contraire irait rejoindre ses ancêtres six pieds sous terre. « Bon, assez jouer. Tu commences à me les briser sévère ! ». Un sourire carnassier apparut sur les traits de la blonde. « La magie c’est pour les femmelettes qu’ils disent mais, fait intéressant, je sais m’en servir ! ». Elle avait pris une décision : fini la gentille Erza et fini les menaces non suivies d’actes. L’être humain a cela de particulier qu’il ne prend la mesure des conséquences de ses actes que lorsqu’il se retrouve confronter violemment à celles-ci. Elle allait le confronter. « C’est ça ouais. » dit l’homme. Depuis plusieurs minutes, ils parlaient vivement. Il ne semblait pas commode et ne se laissait pas démonter si facilement. Après tout, cela se saurait si les Réprouvés et la magie vivaient une grande histoire d’amour. Ce n’était pas le cas. Si elle pouvait vraiment sortir avant, elle l’aurait déjà fait. Personne ne reste aussi longtemps parqué. Pure logique.

Erza se redressa dans sa cage, l’une de ses mains venant balayer ses cheveux sur le dessus de sa tête pour les mettre en arrière. Son sourire s’agrandit. Parfois, elle semblait réellement tenir de Jun. Elle avait un penchant pour la moquerie, le cynisme, les effets en chaîne. Après tout, pourquoi se contenter d’un petit plaisir lorsque l’on pouvait déchainer l’orgasme suprême ? Ses yeux se posèrent sur l’homme. « L’Æther de la Mort va venir te chercher, ce soir. ». Il plissa les yeux. Il avait arrêté de bouger. Elle semblait sérieuse mais il se rattachait pourtant à ses belles théories. Si on lui avait donné la Reine à surveiller, c’est qu’il était taillé pour ça. Cela faisait des lunes qu’elle croupissait dans sa cage. Aucune raison de s’inquiéter. La Réprouvée présenta la paume de sa main au ciel. Une hache finement ouvragée, d’un poids qui semblait spectaculaire, y apparut. Il pencha la tête sur le côté, signe qu’il commençait à baliser légèrement. « J’ai tellement hâte de ne plus avoir à subir ta tête de con. ». Elle le fixait, à présent, comme un félin, comme une Lionne s’apprêtant à se jeter sur sa proie. Elle avança lourdement en direction de l’extrémité de la cage, frôlant les barreaux sans jamais les toucher. À quelques millimètres d’eux, elle s’arrêta de longues secondes avant de faire un pas de plus. Son corps passa au travers. Il n’eut le temps que de commencer une question probablement idiote. Sa tête, ensuite, roula par terre. Elle savait ce qu’il s’était dit. Elle savait qu’il avait dû se poser des questions. Pourquoi maintenant ? Pourquoi pas avant ? Elle avait simplement essayé d’être patiente. Elle pourrait à présent signifier à son mari que la patience ne servait à rien d’autre qu’à perdre du temps.

Le parquet craqua sous les pieds de la jeune femme lorsqu’elle se dirigea vers la réserve de bière. Elle s’en servit une choppe, ne faisant pas le moins du monde attention au cadavre tout chaud étalé sur le sol. Le sang aurait du mal à partir. À quoi s’attendait-il en retenant une Souveraine contre sa volonté ? Elle n’allait pas lui faire des bisous en remerciement. Elle n’était pas l’Ultimage. Elle feuilleta les quelques journaux posés sur la table, à la recherche de nouvelles des Terres. Elle trouva quelques anecdotes intéressantes qui la firent rire brièvement. Pour l’instant, aucun Ange ne semblait vouloir venir l’attraire devant un tribunal d’emplumés. Savaient-ils seulement ? Elle en doutait. Et puis, de toute façon, elle était dans un lieu où peu avaient le courage de s’aventurer. Les Terres Oubliés ne pardonnaient rarement aux opportuns. Aussi, elle était convaincue d’avoir rendu service à ses cul-terreux aux ailes trop blanches pour être vraies. Elle continua ensuite son tour de salle, dénichant quelques vieux livres qu’elle eut immédiatement envie de déchiffrer. Après tout, c’était la nuit. Elle allait attendre le lendemain avant de sortir de sa planque. Elle voulait créer un petit événement, qu’ils comprennent tous que le prochain à essayer de la mettre dans une cage le paierait. Fini la patience, vraiment. Elle voulait s’entretenir avec Rak, de façon plus normale que la dernière fois. En pensant à lui, les poils présents sur son épiderme se hérissèrent. Cet homme était parfait, puissant, effrayant, beaucoup trop mystérieux pour que quelque chose ne se trame pas derrière. Cette chose, elle voulait la découvrir. Il n’était pas normal et le fait qu’elle ait côtoyé des Rois et des Dieux la confortait dans cette pensée. « Oh oui Rak, je vais trouver ton secret… » dit-elle à haute voix. Elle parlait seule, parfois. Le fait est qu’elle savait aussi qu’elle n’était jamais vraiment seule. Il fallait bien donner le change à ceux qui pouvaient l’observer, leur conférer un spectacle digne de ce nom pour les sortir de leur quotidien nauséeux et ennuyeux.

Erza finit par choisir un livre. Elle s’installa dans le fauteuil et mit ses bottes sur une table basse. Elle rapprocha la lumière et commença sa lecture. Elle ne parlait pas que le Zul’Dov, comme la plupart des Réprouvés de Lumnaar’Yuvon. Elle avait un passé autre. Elle avait été Humaine. Elle avait été Génie, aussi. Ils étaient si peu à le savoir. Elle avait d’ailleurs été étonnée en lisant les carnets de Jun. Elle se demandait comment est-ce qu’il avait su. Elle venait d’un futur dans lequel l’homme, Empereur Noir de jadis, n’avait jamais mis les pieds. Elle s’était toujours posée des questions. À force de chercher les fragments du Cristal Maître, n’était-il pas arrivé à une vision de plus en plus précise de l’avenir, des chemins possibles ? Elle ne le pensait pas né de la dernière pluie et, pourtant, il donnait crédit à la version officielle, celle qui voulait que le peuple, aidé par les Maîtres du Temps ait réussi à le vaincre avant qu’il ne soit trop tard. Ses yeux parcouraient les lignes du roman sans le lire. Elle réfléchissait. Cette interrogation fondamentale l’avait hantée dans sa cage. Il n’aurait pas dû être au courant, pas à l’époque où il n’était que Roi, où il n’était qu’un simple Mortel. Comment aurait-il pu savoir ? Le fait d’avoir connaissance de ce détail revenait à questionner sa connaissance générale de la problématique, de sa défaite, de chaque rouage de la mécanique. Dans son monde, dans son temps à elle, il était devenu Sympan quelques minutes. Elle ne pouvait croire qu’Aria ait réussi à le faire plier par le simple lien qui l’unissait à Edelwyn. Avait-il plié de lui-même ? Tout était confus. On ne perd pas lorsqu’on est le Sympan. Alors pourquoi Naram-Sin avait fini par arrêter Aria, plus tard. Une course contre le temps face au Dieu Suprême n’avait aucune chance d’aboutir. On ne gagne pas face à quelqu’un capable de façonner le temps, de créer d’une pensée, d’annihiler d’un geste, de tout savoir sans aucun effort. Plus elle avançait dans les millénaires de sa vie, plus Erza doutait. Elle doutait que tout ceci ait vraiment existé, elle doutait de ses propres connaissances sur le sujet. Les Dieux étaient capables de tout, même de modifier les souvenirs, les pensées, l’Histoire. Et elle se demandait, au fond, si le Jun de ce temps n’en savait pas plus que ce qu’il ne voulait bien dire, s’il n’avait pas placé cette information là dans un de ses carnets pour l’amener, elle, à s’interroger. Elle se demandait si l’Aria de ce temps n’en savait pas plus que ce qu’elle voulait bien avouer. Quand elle les observait, ils semblaient faire comme si de rien n’était. Pourtant, le Monde avait changé. L’on disait le véritable Sympan de retour. Existait-il seulement ? L’illogisme de cette période passée lui criait au visage. Était-elle la seule à songer ainsi ? En réalité, peu étaient ceux qui avaient survécu à cette époque. Les siècles faisaient leur office et la mémoire collective était celle que les livres voulaient bien conter. « Hum. ». Elle n’aurait pas les réponses. Pourtant, lorsqu’elle était seule et qu’elle arrêtait de jouer les rustres pour le plaisir – ou le déplaisir – de ses spectateurs, elle se posait de véritables questions. Les Génies n’avaient jamais été nets. Les Faes lui semblaient coupables. L’information et la désinformation façonnaient le monde. Il fallait qu’elle parle à Rak. Il fallait que le jour se lève, même si sur les Terres Oubliées, la chose était relative. Le matin arrivait, pourtant.

Lorsque l’activité extérieure fut plus importante, Erza se leva, laissant choir le livre sur le fauteuil. Elle sortit, prenant garde à ne pas tomber dans l’eau. Elle déplia ses ailes et se fraya un chemin dans les airs. Elle chercha le lieu qui réunissait le plus d’individus afin d’être certaine de se faire bien entendre. Du haut d’une toiture, elle apostropha les passants. Certains l’avaient déjà remarquée. « Hé les marins d’eau douce ! Allez me chercher l’Empereur ! ». Des murmures se répandirent avant qu’une voix ne s’élève, plus forte que les autres. « Descends de là la débile ! ». « Comment tu m’as appelée, tête de cul ? Même ta mère quand elle a la bouche pleine est plus convaincante quand elle parle ! ». L’homme ricana. « C’est pas mal trouvé. ». « Mais ta gueule ! ». « Non mais faut que t’arrêtes de rêver. L’Empereur ne va pas refaire le déplacement pour ta face de Goled. Il nous a dit que lorsque tu sortirais de ton trou, faudrait te faire brosser le pont. On n’y croyait plus alors on a donné la tâche à quelqu’un d’autre… ». Quelques ricanements s’élevèrent. « C’est pas le pont que je vais brosser si tu continues ! ». « Oh hé ! Si tu veux devenir importante dans l’Empire, il va falloir que tu t’intègres. Et c’est pas en te donnant en spectacle sur le toit des latrines que ça va le faire. Viens plutôt boire une bière pour qu’on t’explique la suite des événements. On a ramené de la bonne chair dernièrement, en plus. ». Crotte, c’était ça l’odeur ! L’Impératrice des Deux Rives réfléchit un instant. Ce Rak était une belle enflure. Elle se demandait qui était l’homme à qui il l’avait confiée après lui avoir mis une déculotté la dernière fois. Sans doute un type qu’il désirait faire assassiner. Putain de merde.

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