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 [XVII] - Ce que nous sommes devant le miroir

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Sam 29 Déc 2018, 22:22


Catégorie de quête : [XVII] - Négociation
Partenaire(s) : Callidora
Intrigue/Objectif : Zane invite Callidora en Enfer afin de renouer contact avec elle. Il souhaite également négocier avec dans un but aussi bien personnel que professionnel. Leur retrouvaille lui permettra également de lui faire quelques révélations sur sa famille et ses secrets.



Ils ployèrent le genou à terre, respectueux et disciplinés devant le passage sublimé de leur Maître, qui une fois encore mettait un point d’honneur à soigner la direction artistique de ses déplacements. Il avait changé quelque chose dans son apparence. Ce petit truc en plus qu’il parvenait constamment à moderniser au quotidien. Il pouvait s’agir d’une parure incroyablement onéreuse et attractive qu’il accrochait dans sa crinière ou d’un simple appareillement vestimentaire qui lui octroyait toute la stature d’un homme affectionné par les Dieux. Zane semblait plus beau que jamais. Chaque avancée qu’il marquait, chaque regard qu’il jetait, chaque mouvement qu’il exécutait était comparable à une danse subtilement chorégraphiée. La vérité derrière cette attitude ne pouvait signifier qu’une chose : Le Diable était dans une forme olympique. L’Enfer ne s’était jamais aussi bien porté, son gouvernement parfaitement cadré lui offrait une importante liberté d’action, et des idées noires ne cessaient d’éclore dans son esprit malfaisant. Oh, les Aetheris devaient probablement lui parler durant son sommeil pour être ainsi aussi génial. Il savait que ce jour approchait, que la sélection naturelle allait bientôt se produire. Mais par-dessus tout, il envisageait une grande guerre causée par ses actes. La paix touchait n’importe quel homme, mais plus que quiconque elle impactait les Démons, qui quand bien même demeuraient en perpétuels conflits entre eux, ne pouvaient décemment pas rester aussi désœuvrés. Depuis l’hécatombe qui affectait les Anges, et même bien avant, aucun enjeu digne de ce nom n’avait éveillé leur conscience. En tant que Roi, il se devait de leur apporter cette délivrance.

D’une volonté affirmée, l’Ultime péché accéda enfin à ce lieu désormais symbolique pour son espèce. Il était accompagné de dix criminels, baptisés les « Raksane » — un groupe d’élite surentrainé pour assurer sa protection. Il faut dire qu’un mauvais coup pouvait brusquement l’atteindre, et certains vertueux échappaient momentanément à leurs contrôles. Certes, Zane pouvait facilement les adoucir à coups de parpaings, mais ses conseillers avaient insisté pour le couver dès qu’il quittait le monde des flammes. Combien même il était en désaccord avec cette décision.

« Alors c’est ici ? » Il se tenait sur un espace réduit, délimité par des balisages. « C’est ici qu’ils ont aperçu cette femme étrange ? Celle que l’on décrit comme un Ange corrompue par les ténèbres ? » Il interrogeait son consultant, un Démon de petite taille et bien-portant. « Certains témoins l’affirment, en effet. À l’heure actuelle, aucun élément ne permet d’étayer cette hypothèse, c’est pourquoi il faut le prendre avec des pincettes. La Terre Blanche est bien gardée et… » « Renforcez la sécurité. » La pression qu'exerçait son Roi le troubla, mais il poursuivit. « Nous avons déjà déployé les meilleurs soldats. Aucun des Démons de première classe n’est disponible pour ce poste. » La Bête se tourna du côté des assassins masqués, ses phalanges s'égarant dans ses boucles mauves. « Oh si ! Dix guerriers le sont… » Dérouté, son interlocuteur bégaya brièvement.« Vous voulez dire que… ? » Le Monarque espaça ses deux bras comme s'il venait d’accueillir de nouveaux membres dans sa famille. « Messieurs, vous êtes virés…. Et réengagés à nouveau. Vous êtes infaillibles et attachants il est vrai, mais je peux assurer ma protection comme un grand. Et puis vous les connaissez, ils finiraient par être jaloux. Surtout un. » Les Seigneurs avaient parfois le don de l’angoisser. Ou pas. Quoi qu’il en soit, des mesures devaient être prises pour empêcher toute infraction dans ce lieu sacré. « Convoquez les occultistes démoniaques les plus émérites. Piégez les alentours et formez une barrière que seule une auguste magie noire pourra faire plier. Que quelqu’un aille me chercher l’artefact qui me permettra d’avoir un visuel sur toute la zone. Rien ne doit pouvoir m’échapper. » Depuis leur conquête de ces terres, personne n’avait tenté quoi que ce soit. Du moins, rien de suffisamment probant. Toutefois, il ne fait aucun doute que quelqu’un s’y essaiera dans un avenir proche, que ce soit elle ou ses adorateurs au plumage blanc. « Faites-moi un rapport dans les plus brefs délais, j’ai une affaire plus urgente sur le feu. »

Le sourire aux lèvres, la Bête laissa ses hommes aux commandes de son protocole. L’instant d’après, son magistral fessier trouva satisfaction à reposer sur le trône, le poing du scélérat s’écrasant contre sa mâchoire. « Faites-moi parvenir Hélios, j’ai besoin de lui parler. » Ordonna-t-il d’une voix éraillée à ses partisans. Hélios apparut peu de temps après, le buste incliné et la tête orientée vers le bas en signe de respect. Il s’agissait d’un Ange des plus dociles. Le plus discipliné d’entre tous, sans doute. La qualité de son teint, l’aspect de ses muscles ou encore l’aura qu’il dégageait, tout état sujet à la perfection. Il s’agissait sans conteste de son plus beau produit. Il en était d’autant plus bouleversé de s’en débarrasser. À ses côtés, un Démon attendait ses instructions. « J’ai un message à te faire livrer. Va voir Callidora et demande-lui de me rejoindre dans mon palais. Elle sera mon hôte d’exception pour toute une nuit. » Il hocha la tête en guise d’approbation, puis passa le portail. Pour une invitée spéciale, il fallait un mets de qualité, intouché et florissant. Il avait sélectionné lui-même la marchandise, et nul doute qu’elle ferait le lien avec son absolution.


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Dim 30 Déc 2018, 22:56






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La vapeur remontait vers le plafond en volutes insaisissables. Allongée dans son bain, Callidora laissait le liquide la débarrasser des impuretés et autres désagréments qui la tracassaient. La chaleur de l’eau réchauffait son corps mieux que n’importe quelle caresse. Son dernier voyage avait occasionné plus de dégâts que prévu, et si elle ne se souciait guère de l’homme qui y avait perdu la vie, les réparations de son navire l’obligeaient à rester à terre. Agacée par le tumulte qui agitait le dispensaire, elle avait préféré rentrer. Par un étrange procédé, s’occuper de sa descendance lui offrait une quiétude inespérée, et ses exigences allégeaient sa propre insatisfaction. Un imprévu cependant faisait de l’ombre au tableau ; son cher partenaire de jeu avait rendu une visite aux siens en son absence et avait emporté l’une de ses proies. Un jour ou l’autre, il lui faudrait mettre un terme aux contrariétés dont Alaric pavait son chemin. Néanmoins, il possédait la fâcheuse habitude de la surprendre, et en un sens, elle l’en remerciait. La majorité de ses actes s’enchaînait selon un mécanisme huilé à la perfection. Ses affaires se portaient relativement bien, et malgré la froideur de ses occupants, le manoir grouillait de vie. En dépit de ses réussites, son humeur s’altérait ; euphorie et lassitude se pourchassaient sans cesse. Lorsque l’ennui la saisissait, elle dénichait un descendant ou se lançait dans une nouvelle provocation. Les heures de solitude se paraient d’une tranquillité précieuse où son esprit se déployait. La Vampire leva les yeux vers la toile qui surplombait la pièce. Parfois, il lui semblait que la louve lui retournait son regard.

Des pas dans l’escalier lui annoncèrent la venue d’un indésirable. La porte laissa passer le visage indécis de Louis. Pas le moins du monde troublée par sa présence, elle continua à tracer des cercles dans l’eau. « Quelqu’un demande à te voir. Je ne voulais pas te déranger, mais l’affaire semble urgente. » La brune hocha la tête. Sitôt le clone disparu, elle sortit du bain et enfila un peignoir avant de s’installer à son pupitre. À la lueur d’une bougie, elle écrivit quelques lignes à l’égard d’Alaric pour le féliciter de sa manœuvre. Prenant le temps de se coiffer, elle enfila une robe avant de sortir de son bureau. En chemin, elle confia le papier à Sélène et lui souffla de charmantes instructions. Lorsqu’il ouvrirait la lettre, il perdrait la vue pour quelques jours. Compter une Sorcière parmi ses employés présentait des avantages non négligeables. En toute hâte, elle rallia la pièce principale pour découvrir l’identité de son invité. À première vue, son visage ne lui évoquait aucun souvenir. « Je crois ne vous avoir jamais vu dans les parages. Que voulez-vous ? » En revanche, la créature à ses côtés dégageait la délicatesse d’un parfum innocent. Le regard tourné vers le sol, il ressemblait à s’y méprendre à une statue. Un frisson d’excitation effleura sa peau. L’homme ne tarda pas à lui faire parvenir l’invitation de son maître. À mesure que ses intentions se dévoilaient, Callidora sentit toute gaieté s’évanouir. À moins de le servir, elle devinait que la courtoisie ne faisait pas partie des habitudes du Diable. Que pouvait bien lui vouloir Zane ?

Un mélange familier d’appréhension et de curiosité creusa un chemin dans ses entrailles. Son envie de le revoir le disputait à l’orgueil entaché de leur dernière rencontre. La folie avait fait d’elle une idiote, et il s’était fait un devoir de le lui rappeler. Cela faisait longtemps. Perplexe, elle s’approcha d’Hélios. Il était à elle. C’était son cadeau. « Je viendrais. » Elle n’ignorait pas suffisamment ses désirs pour savoir qu’elle aurait accepté sans la présence de l’Ange. En revanche, elle ne comptait pas gâcher un tel présent par une consommation hâtive. Le silence de ces dernières années ne s’animerait pas avec un cadavre de plus ; elle appréciait néanmoins l’attention à sa juste valeur. Lui accorder la douceur d’une nuit auprès de Téméris lui paraissait particulièrement approprié. D’un geste empreint de tendresse, elle lui caressa la joue. L’un de ses ongles s’enfonça dans la chair blanche. « Ne crains rien. Je m’occuperais bien de toi. » Une goutte de sang perla de la blessure. Éclatant de rire, elle la porta à ses lèvres. Divin. L’amour du Monarque pour la mise en scène ne faiblissait pas avec le temps. Sans tarder, elle congédia le messager et s’enferma à double tour dans sa chambre pour se préparer. Les yeux rivés sur le portrait qui dominait son lit, elle resta de longues heures à réfléchir. Lorsque les ténèbres happèrent la Lune, Callidora vit apparaître un portail et le franchit sans hésiter. Le voyage fut d'une rapidité fulgurante. Quand ses pieds touchèrent le sol, elle épousseta son épaule l'air de rien. « Quelle chaleureuse invitation. La générosité du Bhūta Rāja n’est donc pas une légende. » Un sourire amusé sur les lèvres, elle leva les yeux vers Zane pour la première fois depuis une éternité. Elle n'avait pas pu résister.

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Dim 24 Fév 2019, 23:20


L’odeur qui émanait d’elle n’avait pas tant été détérioré que ça. Certes, son arôme naturel se trouvait modérément troublé par cette sorte d'aigreur, mais il parvenait toutefois à la reconstituer rien qu'à l'odorat. Comme convenu par l’appréciation de son cadeau, elle était là. Sans doute serait-elle quand même venu sans cette touche d'exotisme, mais à vrai dire il s’en fichait pas mal, car il devait se faire pardonner des nombreuses fausses notes passées. Lorsque il croisa son regard, il resta un instant silencieux, comme s’il décidait arbitrairement de mettre le temps en suspension. Puis quand il en eut assez de détailler les courbes de sa plastique, il se leva et tendit sa main face à lui pour l’inviter à le rejoindre.

« Tu aurais pu prendre tes précautions ou encore refuser de t'engager dans l’antre du Diable, mais tu choisis malgré tout de risquer ta peau pour me voir à nouveau. Je ne sais pas s’il s’agit d’un courage exemplaire ou d’une imprudence outrancière. »

Il fit à son tour quelques pas afin de retrancher toute la distance qui les séparait. Il y a quelque temps de ça, son poing se serait déjà enfoui dans ses côtes pour lui enseigner sa dernière leçon ; s’en serait alors suivie l’apparition d’une lame se prolongeant dans sa tempe. Mais une telle attitude ne convenait plus au maitre des péchés, qui employait dorénavant la force en dernier recourt seulement. Sa matière grise contenait assez de neurones actifs pour en faire son principal atout. Et tandis que la promiscuité les réunissait, ses doigts frôlèrent perceptiblement la joue de la Vampire.

« Même si ton acuité n’est plus la même qu’autrefois, ton âme n’a pas complètement été polluée. Tes ambitions ont sûrement pris un virage, mais tes convictions ne semblent pas s’être perdues en chemin. Du moins c’est ce que j’espère. »

Ses phalanges suivirent le même chemin que ses pupilles, qui empruntèrent son cou, son buste, sa poitrine et enfin ses hanches. Elle devait savoir combien Zane était tactile. Combien il estimait un individu aussi bien par la structuration de son corps que celui de son esprit. Les deux étaient étroitement liés, c’est pourquoi si un seul d’entre eux défaillait, c’est toute la fondation qui en pâtissait. Les yeux du Monarque disposaient d’un pouvoir fabuleux lui permettant de percevoir la vulnérabilité ou non d’une personne. D’un regard dévorant, il retraçait les grandes lignes de son histoire, de son vécu et des difficultés qu’elle avait surmontées. Callidora faisait indéniablement partie des rescapées. De celles qui en avaient bavé, mais qui de par leur écrasante volonté étaient parvenues à se redresser. Probablement plus sage qu’autrefois, la Bête comprenait, à présent.

« Je me suis trompé. » À la fois simple et complexe, ce propos pouvait facilement ébranler ceux qui lui étaient familiers. Son expression, submergée de sincérité, permettait de balayer le moindre jeu de sa part.

« Je me suis trompé lorsque je t’ai méprisé, injurié et par-dessus tout quand je t’ai manqué de respect. Quand bien même nos cultures et nos croyances ne sont pas conciliables, tu demeures la femme avec laquelle j’ai bâti le plus de choses. Si je suis ce que je suis, c’est en grande partie grâce à l'expérience que j’ai acquis au cours de nos nombreuses escapades. »

Il contourna la cannibale, lentement, ses doigts se glissant ci et là au travers de ses vêtements comme s’il souhaitait retrouver un semblant de sensation lors de cette fameuse nuit. Il remonta ensuite sa main au niveau de sa mâchoire pour la tourner vers lui, afin qu’elle daigne le fixer intensément.

« Et puis tu m’as fait don d’un magnifique présent en la personne de Lucius. »

Il coupa court à toute forme de tendresse et s’éloigna dans le sens opposé, ses bras basculant nonchalamment le long de son flanc après avoir profité brièvement des fesses de la brune pour lui faire comprendre qu’elle devait le suivre.

« N’y vois aucune ironie, mais je suis un père comblé. Beaucoup pensent encore que les Démons n’ont pas de cœur, car ils instaurent le chaos en permanence. Des idées reçues, ni plus ni moins. J’ai affectionné Lucius tel qu’il était avant et je l'adore tel qu’il est à présent. J'ai apprécié le sens de son évolution. Je me complais à revoir le garçon que j’étais à travers lui. Je raffole de lui faire son éducation, de lui transmettre mon savoir et songer à ce que lui réserve l’avenir. Je crois que, finalement, je prends plaisir à… aimer. »

Ils empruntèrent des escaliers ; puis une immense porte défendue par plusieurs soldats. La pénombre gagnait non seulement du terrain au fur et à mesure de leur progression, mais une aura de plus en plus oppressante rendait l’atmosphère anxiogène. Pour autant, Zane reprit son monologue.

« Je suis certes un être tyrannique et péremptoire, mais je ne souhaite qu’une chose : qu’il me surpasse. Et pour ça il doit commencer par triompher de son propre frère. »

Il ne cherchait pas à en apprendre plus sur ce dernier. De son point de vue, Saûhl avait manqué sa chance là où Lucius l’avait saisi au moment le plus opportun. D’une certaine façon, il était déçu par son absence de considération pour son peuple. Avait-il seulement de l’ambition ? Il le saurait rapidement.

« On raconte qu’il me ressemble énormément de par son caractère. Si tel est le cas, il devrait bientôt faire parler de lui dans le monde entier. »

S’en suivit un rire sarcastique de sa part, signe du peu d’estime qu’il avait envers son deuxième sang. Quant à ses autres progénitures, inutile de les mentionner. Ils n'en valaient même pas la peine. À ce moment, ils débarquèrent devant une énième porte bardée d'acier sur laquelle Zane appliqua sa paume. Elle était protégée par un lien magique très puissant qui s’ouvrait exclusivement à lui. Cette dernière leva le rideau sur un immense laboratoire où de multiples expérimentations semblaient avoir lieu. Il en parlait peu autour de lui, mais le Démon se passionnait pour la science et la découverte. Des corps calcinés, recomposés, autopsiés, des éprouvettes aux fluides sirupeux, des bocaux renfermant des organes ou encore des ustensiles évoquant davantage la torture que la neurobiologie… il en disposait pour tous les goûts. Mais l’élément le plus précieux de cette salle se trouvait à l’extrémité de ce dernier, largué en profondeur d'un espace aménagé lui étant entièrement consacré. Enrobé d’un drap rouge, Zane l'ôta soudainement pour révéler la présence d’une imposante capsule de guérison. Noyé dans un liquide nébuleux, une silhouette masculine, nue, au physique découpé et à la chevelure blonde pataugeait à l’intérieur. Il semblait encore léthargique.

« Je sais à quel point la rivalité fraternelle est incontournable à leur développement. Je te présente le mien, de frangin. Le seul homme que je n’ai jamais réussi à supplanter. L'ultime mortel contre lequel je n’ai remporté aucune bataille, bien qu'elles furent nombreuses. Il m’est en tous points supérieur, c'est un fait. »

On pouvait facilement lire le respect profond qu’il éprouvait en l’évoquant, que ce soit dans sa manière de le contempler, dans son attitude exubérante ou plus encore dans la spontanéité de ses aveux.

« J’ai besoin de tes connaissances pour lui apporter une seconde jeunesse. Après tout, tu es morte et vivante à la fois et il parait que t'en de la ressource. De plus, je t’ai convié à me rejoindre pour te parler du mal qui me ronge. Mais chaque chose en son temps. »

D’après ses indicateurs, Callidora tenait un dispensaire. Certes, elle offrait principalement ses services aux Vampires, toutefois son frère était tout sauf ordinaire. Elle s'en apercevrait assez vite.


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Dim 07 Avr 2019, 13:13






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Immobile, Callidora ressentait l’impétuosité du monarque se fondre dans la pièce. L’or de son regard s’emplissait d’une vision longtemps espérée, et le silence ne parvenait à contenir le tumulte de son souffle. Il lui semblait que l’air s’empesait de chaleur et que les murs se refermaient sur eux. Son cœur se taisait. Le monde avait-il cessé d’exister ? La voix de Zane s’enveloppait d’inflexions profondes, donnant le ton du rendez-vous. Avec douceur, elle secoua la tête. « Ni l’un, ni l’autre. Tu ne m’aurais pas fait venir après toutes ces années pour le simple plaisir de m’éventrer. Toi et moi savons que tu aurais eu bien mieux à faire. » Dépourvu de toute animosité, leur échange reprit comme s’ils l’avaient arrêté la veille. Néanmoins, elle veilla à laisser de côté les interrogations qui embrasaient ses lèvres et à laisser le souverain mener la conversation. Autrefois, sa colère lui avait inspiré de désastreuses impulsions, et elle savait désormais ignorer la révolte que la pâleur de son teint dissimulait. Ne pas connaître les réponses valait quelquefois mieux que de provoquer leur révélation ; elle l’avait appris à ses dépens. Respectueuse, elle ne fit pas le moindre mouvement lorsque les doigts du brun glissèrent contre sa joue. Un sourire délicat plissa le rose de ses lèvres. « N’ai-je pas toujours été là quand tu me laissais l’être? » L’heure se passait de toute moquerie. De ses phalanges habiles, le Démon traçait effrontément des caresses sur sa chair. Elle aimait qu’il la touche. Malgré la glace qui étreignait son sang, ces effleurements diffusaient en elle une quiétude salvatrice. Cela faisait bien longtemps qu’elle n’avait pas ressenti une telle harmonie. Une pulsion insensée lui fit lever la main vers la chevelure sauvage du brun.

La sincérité des aveux de son interlocuteur ne faisait qu’amplifier le phénomène. Une conversation honnête avec lui prenait à revers les scénarios que son imagination impétueuse avait échafaudés. Même après toutes ces années, il parvenait encore à la surprendre. Étrangement humble, elle écouta ses excuses sans chercher à en tirer profit, se doutant que peu d’êtres en ce monde avaient eu droit à un pareil discours. Silencieuse, elle ferma les yeux. Un instant, elle pensa être prisonnière d’un rêve cruel ; les mains qui se glissaient avidement sous ses vêtements l’en dissuadèrent pour de bon, délivrant ses tracas. Abandonnée à ses sens, elle laissait sa présence l’envahir toute entière. Avant que le charme ne se rompe, elle murmura du bout des lèvres. « Merci. » Qu’il choisisse de lui parler de Lucius ne l’étonna pas outre mesure : rien ne les liait plus, sinon l’existence de leur fils et leurs souvenirs. S’accrocher au passé avait toujours été son fardeau à elle. Lorsqu’il s’éloigna, elle battit des cils une seconde. Ce n’était plus la violence d’une passion charnelle, et pourtant, quelque chose en elle en voulait davantage. Intriguée par ses propos, elle le suivit à travers le palais. D’un air songeur, elle observa le défilement des murs. Chaque irrégularité se gravait en sa mémoire ; elle voulait tout retenir de ces moments inespérés. « Je crois pouvoir comprendre. Je trouve un certain plaisir à forger l’esprit des autres, même si j’apprécie davantage quand ils succombent malgré eux à mes enseignements. » En toute honnêteté, la joie fébrile éprouvée à mesurer les progrès de ses jumeaux ne se comparait pas à l’enthousiasme malsain qui lui traversait le corps lorsque ses protégés montraient leurs talents. « Lucius était une belle pièce. J’ai envisagé de le détruire lorsqu’il est parti. » Callidora n’aimait pas que ses créations lui échappent ; elle ne l’avait épargné que pour le mentor qu’il s’était choisi.

L’obscurité lui dévoilant ses secrets, elle tâcha de mémoriser le chemin que Zane empruntait. Néanmoins, l’atmosphère s’alourdissait de sombres effluves, et un parfum familier lui chatouilla les narines. L’excitation balaya ses neurones à mesure qu’ils s’enfonçaient dans les profondeurs. Ces lieux inspiraient la peur, une compagne qu’elle chérissait plus que les autres. Le mépris que le monarque éprouvait envers Saül l’indifférait. Sans vraiment l’expliquer, elle se plaisait à le garder près d’elle. Quelquefois, dans l’insolence muette de ses iris, elle discernait la fureur de son frère. « Lorsque je les portais encore au fond de mes entrailles, Lucius dévorait son frère. Je me suis toujours demandée pourquoi il l’avait épargné. » Préciser les circonstances de leur survie lui parut superflu. Malgré la dépendance que présentaient des jumeaux l’un envers l’autre, absorber sa moitié ouvrait de singulières opportunités. Selon les légendes, du moins. Pensive, la jeune femme observa une nouvelle pièce s’ouvrir devant eux. Un arôme métallique ponctué d’âcreté la frappa avant que ses pupilles ne discernent la fabuleuse ménagerie qui s’étalait devant elle. Des résidus de terreur empoussiéraient l’atmosphère. « Quel charmant atelier. Moi qui pensais que les rois partaient jouer les bergers dans les montagnes pour se détendre. Cet endroit me plaît. Je pourrais presque me croire dans mon propre laboratoire. » Émerveillée par le spectacle, elle s’amusa à chercher du regard les lames qui avaient pourfendu les corps pour en retirer les précieuses viscères qui débordaient des bocaux. Jamais elle n’aurait pensé qu’une telle distraction puisse occuper les nuits de Zane, et cette révélation lui rappelait les nombreuses heures passées à examiner les réactions de sujets morts ou vivants à ses petites expériences. Qu’avait-il bien pu découvrir, drapé dans la pénombre de la science ?

La rigueur qu’exigeait la discipline le disputait à la cohue mirobolante que son exercice entraînait. Absorbée par le décor, elle reporta finalement son attention sur ce qui occupait son interlocuteur. En vérité, elle ne s’étonnait pas de la révélation que lui faisait Zane ; elle n’avait jamais eu énormément de détails sur sa vie, et pour avoir funestement rencontré son père, elle savait que sa prestance ne venait pas du néant. « Il n’y a rien de surprenant à sa puissance. De ce que j’en sais, les membres de ta famille possèdent d’étranges facultés. J’ignorais que les dieux se penchaient ainsi sur les berceaux d’une lignée. » Sa voix ne dénotait cependant aucune jalousie. La faiblesse de son enfance lui avait assuré une joie tranquille à laquelle elle n’avait plus jamais goûté. Ses iris détaillèrent le corps entaillé. Qu’avait-il donc subi pour se retrouver dans un tel état, lui qui parvenait même à défaire le maître de l’Enfer ? La brune déposa ses phalanges sur le verre, pensive.  La réussite de son dispensaire tenait à la qualité des médecins qu’elle avait engagés, ainsi qu’à quelques miracles dont elle prenait soin de dissimuler l’origine. « Que feras-tu lorsqu’il n’y aura plus personne à surpasser ? » Sans s’enquérir de sa réponse, elle emprunta un bol et se dirigea vers un robinet pour le remplir. D’un geste précis, elle entailla la paume de sa main avec l’une des lames qui jonchaient les tables d’examen. Attentive à son ouvrage, elle souffla sur la coupe. Des volutes carmines surgirent de l’air pour envelopper le récipient. Ses lèvres murmurèrent une prière que seule la Louve pouvait entendre.

La Vampire déposa son remède entre les mains de Zane et contourna la capsule, à la recherche d’un mécanisme qui pourrait évacuer le liquide douteux dans lequel flottait le malheureux. Elle actionna un levier et observa son épanchement. « La seule ambition que je porte aujourd’hui est de me libérer de l’emprise de celui qui m’a ramenée à la vie. Je pourrais le faire tuer, mais il est suffisamment malin pour éviter les assassinats, et je n’ai jamais aimé la simplicité. J’aime le voir s’affaiblir et savoir que j’en suis la cause. Le reste n’est que distraction. » En vérité, une fois son objectif atteint, de nouvelles priorités verraient le jour. La jeune femme en connaissait déjà les grandes lignes ; prendre le risque de les dévoiler avant l’heure était une erreur qu’elle ne commettrait plus. La tournure que prenait ses recherches en faisait incontestablement partie. Avec précaution, elle sortit le corps du blessé de son cocon sans que celui-ci n’oppose la moindre résistance. Manifestement, sa faiblesse l’empêchait même de parler. Tout de même méfiante, elle le força à s’allonger sur une table d’examen et fit signe au Monarque de lui rendre le bol. En douceur, elle écarta les cheveux d’un visage que les cicatrices déformaient. Ses doigts se frayèrent un chemin vers son nez. Une ombre de chagrin passa sur ses traits. Sans crier gare, elle éclata de rire. « J’ai été idiote. Je suis morte parce que je voulais t’offrir une couronne. » Jamais encore elle n'avait dit la vérité à qui que ce soit au sujet de son trépas. Cela la mettait en colère. Impitoyable, elle pinça les narines de son patient pour l’empêcher de respirer.

Une main s’empara de son poignet avec une brutalité insoupçonnée. Décontenancée, elle s’efforça de maintenir la pression : Zane n'avait pas menti. Suffoqué, il entrouvrit les lèvres ; elle y déversa le fluide sans hésiter. Son regard courroucé la dévisageait d’une curieuse manière. À mesure que celui-ci coulait dans sa gorge, les entailles sur sa chair s’effaçaient, rendant à sa peau une lueur enfantine. La poigne autour de son bras se desserra. Lorsque le contenu de la coupe fut entièrement absorbé, les yeux du prisonnier se fermèrent. Négligemment, elle haussa les épaules et s’éloigna de son patient. Le récipient retrouva sa place d’origine. « D’ici quelques heures, il aura recouvré tous ses moyens. Ne m’en veux pas. Je voulais te garder un peu pour moi. » Montrer une pareille honnêteté n’avait rien d’habituel, et pourtant, elle ne se sentait aucun tumulte résonner en elle. Pourquoi diable fallait-il que la seule personne en mesure de l’apaiser soit le Monarque Démoniaque ? Rien n’avait changé en elle, si ce n’était la liberté de faire de ses pensées une réalité ; et le prix à payer lui avait coûté son bonheur. Un instant, la tête lui tourna. Utiliser sa magie de la sorte induisait toujours des conséquences, et la fatigue ne tarderait pas à s’insinuer en elle. Néanmoins, elle ne pouvait se permettre de flancher, et elle savait combien réussir les épreuves que Zane imposait revêtait une importance capitale. Malgré la curiosité qui lui brûlait les lèvres vis-à-vis de son frère, elle laissa ses interrogations de côté et leva les yeux vers son hôte. « Et si tu me parlais du véritable problème ? » Son intuition lui soufflait que soigner un homme à moitié réfugié dans les bras de la mort n’était rien en comparaison des ennuis qui préoccupaient le Diable.

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Lun 08 Juil 2019, 22:37


Les croisements de celui qu’on baptisait Destin auraient pu conduire à des milliers de scénarios, comme celui qui consistait à retrouver l’être aimé inerte, les os broyés par la colère, ou bien celui qui les aurait définitivement séparés, n’apportant plus aucune nouvelle même infime de leurs conditions. Mais peu importe la manière où le temps que cela prenait, Callidora finissait toujours par revenir sur son chemin. Les désaccords qu’ils entretenaient, bien que riches, restaient anecdotiques en comparaison de l’entente magistrale qu’ils étaient les seuls à pouvoir exploiter lorsqu’ils se trouvaient réunis. Les doutes avaient longuement brouillé l’esprit du Monarque, incapable d’accepter toutes les vérités, car elles le rendaient vulnérable. Une faille et une seule pouvait le mener à sa perte, sauf s’il la fluctuait en force. C’est pour cette raison qu’il l’avait convié. Pour avoir un semblant de réponse — même infime — quant à leur façon de fonctionner lorsqu’aucun élément extérieur ne peut les déranger.

« Tu n’as jamais reculé là ou d’autres m’auraient pris en grippe. L’orgueil, la fierté, la dignité… tant de sentiments inavouables qui auraient dû te pousser à la vengeance en cultivant une haine envers moi. Pourtant tu as accepté le Diable tel qu’il est ; souvent atroce, rarement redevable. Vivre avec une épée au-dessus de la tête, prête à s’abattre sur toi au moindre écart… pourquoi courir le risque de t’infliger un pareil fardeau ? »

Parler autrement qu’avec une arme dans la main exigeait parfois de se mettre à nu. Et même s’il adorait littéralement cette pratique qu’on lui accordait dans beaucoup de récits, cela lui réclamait bien plus d’efforts que lors d’un conseil militaire visant à concevoir la meilleure stratégie en fonction des cas. Toutefois, il était suffisamment curieux de la réponse pour s’y jeter à corps perdu. Pareillement pour ses interrogations concernant Lucius, devenu essentiel à son but depuis peu. L’héritage qu’il laisserait lui reviendrait entièrement, c’est pourquoi il tenait tant à l’exposer au sommet, afin de maintenir le nom des Azmog à l’aube d’une nouvelle ère.

« Forger est un terme appréciable. Le diamant brut requiert un certain investissement personnel pour le faire briller. J’ignore s’il surpassera mes espérances ou non, mais je mise beaucoup sur l’avenir. Tous ne sont pas destinés à supplanter leurs parents, c’est pourquoi j’aimerais voir ça de mes propres yeux. »


Zane n’avait plus rien à prouver à personne. Sa puissance incommensurable et son génie créatif figuraient déjà dans l’histoire. Que lui restait-il à accomplir, si ce n’est élever sa lignée au firmament des légendes ?

« Tu parles de lui comme d’une babiole. C’est bien cette facette-là que j’exècre le plus dans ta nouvelle forme. »

La franchise ne devait être éclipsée en aucun cas, et cela prenait davantage de sens maintenant qu’il s’était découvert en qualité de mécène et père prodigue. Apprendre que son fils faisait des siennes alors même qu’il n’était pas encore né ne l’étonnait pas plus que ça. Il avait su dès la première seconde que celui-ci était spécial, contrairement à ses autres rejetons, voués à subir l’échec jusqu’à ce que les ténèbres s’en emparent.

« Car viendra le jour où l’un d’eux dominera son frère. Personne n’est mieux placé que la famille pour polir son talent. »

Et le comble de l’ironie, c’est que Zane figurait parmi les demi-portions de sa descandance. Ainsi, il était bien placé pour en parler. Quant à son atelier privé, il n’était que le reflet de la personnalité du vil, à la fois singulier et inattendu. La science réclamait énormément d’attention et de persévérance. Échouer de maintes et maintes fois pour déterrer la réponse la plus juste et perfectionnée possible, existait-il meilleure récompense ?

« Je te rassure, peu d’entre eux s’adonnent à ce genre d’occupations. Les soirées mondaines pour faire forte impression couvrent déjà suffisamment de leur temps. Les rois ne sont pas tous égaux, surtout lorsqu’il s’agit d’avoir du bon goût. »

Une douce critique glissée à l’encontre de ses confrères ne faisait jamais de mal. D’un autre côté, il n’était pas le mieux placé pour leur jeter la pierre, lui qui passait le plus clair de son temps dans son palais à fomenter des plans qui tardaient à se dévoiler. Et dire qu’il était si fougueux à l’époque. Maintenant il traitait ses projets avec patience comme un joueur d’échecs attentif au prochain coup adverse. Il avait prouvé au monde le virtuose qu’il était, mais il lui restait tout de même une mission de la plus haute importance à exécuter. Quand Callidora fit la réflexion sur les gênes de sa famille, un rictus se profila.

« En effet. Nous avons beau compter très peu de membres, nos facultés sont largement au-dessus de la moyenne. J’imagine que c’est ce qui arrive quand deux génies du crime décident de composer à l’unisson. J’ai bon espoir que notre fils suivra le même chemin. »

En l’état, cela semblait impossible. Depuis son couronnement, aucun adversaire n’avait pu prétendre pouvoir se mesurer à lui, et non pas à cause de ses qualités martiales avancées. Non, juste parce qu’il en voulait plus que les autres. Ce manque de challenge l’avait de ce fait poussé à défier son père, ultime rempart qui l’empêchait de surclasser les mortels. Il n’était qu’une bête, pas encore un monstre.

« Alors je devrais périr. Pour me battre, il faudra me tuer, et je prie pour que ce jour arrive bientôt. »

Succomber sur le champ de bataille ou de la main d’un vénérable guerrier, il n’y avait pas plus beau baroud d’honneur pour quelqu’un qui se consacrait corps et âme aux duels et au surpassement de soi. Qu’en était-il de son côté ? Se libérer des contraintes liées à sa filiation ? Vivre sous le joug d’un parfait inconnu et se sentir soumis malgré l’acquisition de nouvelles capacités ? Cela n’était pas sans lui rappeler une certaine condamnation.

« Ce doit être difficile. Tu as longtemps dû vomir ton existence, et malgré ça, tu tiens le coup pour retrouver un semblant de liberté. Tu vois, je t’ai souvent pensé faible… comme quoi même les meilleurs ont le droit à l'erreur. Quant à la couronne, ce n’est qu’un objet servant à atteindre le pouvoir. Je l’aurais obtenu tôt ou tard, car je suis moi. Quelle déception que ça ne t’aies pas paru évident. »

L’ironie habituelle de ses propos commençait doucement à resurgir. Ils avaient passé l’éponge sur les querelles antérieures, et comme de bons adultes, ils effaçaient l’ardoise pour repartir de zéro. L’instant d’après, elle put lui faire la démonstration de son savoir concernant l’anatomie et les sciences biologiques. Zane maitrisait les bases, mais pas assez pour réaliser des miracles. Sa spécialité consistait à se servir d’Anges comme de parfaits cobayes pour étayer ses hypothèses et trouver des recettes exploitables pour les substances qu’il concevait. Le monarque l’assista ainsi dans sa tâche, silencieux et captivé par sa façon de faire.  

« Maintenant que j’y pense, j’ai systématiquement échappé à la mort de justesse en manquant de perdre des membres, et tu étais toujours là pour me rafistoler. »

Il est vrai qu’il aurait dû perdre la vie un nombre incalculable de fois, peu soucieux de sa valeur et de l’importance qu’elle revêtait. Faire partie d’une race sans peur rendrait n’importe qui imprudent, mais être le plus borné des hommes avec ça raccourcissait nettement son espérance. Pour ça, il la remercia d’un sourire discret, peu appuyé, mais néanmoins sincère. Maintenant qu’elle avait achevé son œuvre, ils pouvaient se détendre et enchainer sur la raison première de sa présence. Il garda cependant un œil sur le corps inanimé de son frère, conscient de la menace qui pouvait frapper à tout moment. Il écarta également la femme en la tirant par le poignet, la trainant un peu plus loin.

« Inutile de tourner autour du pot, je vais devoir disparaitre pendant un moment. Je dois échapper à certains “prédateurs” en plus d’acquérir une nouvelle jeunesse. Si mes théories sont concluantes, alors je devrais passer au stade suivant et devenir une meilleure version de moi-même. »

Rien de surprenant à ce qu’il se définisse lui-même comme une sorte d’expérimentation qui pouvait s'améliorer à condition d'avoir le bon mariage. Avec attention, il s’approcha de la vampire pour envelopper ses imposantes mains sur les siennes, abaissant son regard bouillant d'impatience.

« Je vais avoir besoin de toi en tant que gardienne de ma vie. Tu es la seule à qui je peux la confier, car je sais qu’elle est plus précieuse pour toi qu’elle ne l’est pour moi. Tel le phénix, je vais en effet renaitre de mes cendres, et lorsque je serai un bambin, ma puissance ne pourra pas encore y être contenue. Si quelqu’un finit par l’apprendre, je serais en danger et toi aussi. »

Personne ne pouvait mieux assurer ce rôle qu’elle, même si ça impliquait de devoir le gérer durant son enfance, et au vu de l’état mental de ses progénitures actuelles, il espérait ne pas suivre la même éducation.

« Le processus pour regagner ma forme initiale ne devrait pas durer trop longtemps. Seulement pendant ce temps, moi ainsi que mon trône serons sans défenses. Seth devrait pouvoir faire illusion, mais tôt ou tard quelqu’un finira par s’en rendre compte. »

Le pari était osé, voire suicidaire, mais sa recherche de l’idéal n’ayant pas de délimitation, il ne reculerait pour rien au monde. Et tandis qu’il l'enroba dans ses bras pour lui faire part de son affection, une voix d’outre-tombe émergea pour couper court à ce beau moment.

« Tu es tombé bien bas, grand frère. Ou alors tu joues encore la comédie pour la duper plus facilement ? Je te retrouverais bien là. »

Zane pouvait difficilement cacher sa stupeur. La vitesse de son rétablissement était tout bonnement incroyable, surtout avec des procédés si traditionnels. Il relâcha son étreinte pour venir admirer sa résurrection, l’observant sous tous les angles. Il n’avait rien perdu de sa sublimité, et comme pour en attester aux yeux des deux spectateurs qui se trouvaient dans la pièce, le miraculé expédia un terrible coup à Zane qui fut projeté à l’autre bout comme un vulgaire sac, emportant quelques composants du laboratoire au passage.

« Oooooh, c’est bien au-dessus de mes espérances. Avec ça je vais pouvoir m’amuser un peu, mais avant toute chose… ll faut tuer le roi pour prendre sa place, c’est ça ? Et qu’en est-il de la marchandise ? »

Hunter de son nom, avança sereinement en direction de Callidora, prêt à tâter de ses formes envoutantes.



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