Catégorie de quête : Mission du RP Dirigé.
Partenaire : Ø.
Intrigue/Objectif : Votre personnage reçoit un parchemin lui indiquant quelques instructions. De nombreux commerçants ont disparu en mer, sur différents bateaux. On lui indique le dernier emplacement du navire qui transportait des marchandises concernant la Coupe des Nations, des marchandises qui devaient être acheminées dans le lieu de votre choix puis vendues. Quand votre personnage va arriver sur le navire, il va se rendre compte que tout le monde est mort. Il faudra ramener le navire sur la terre ferme avant de recevoir d'autres instructions. Aussi, si les individus sont morts, c'est qu'ils ont été victimes d'une malédiction, qui peut aussi atteindre votre personnage. Vous êtes assez libres quand à cette dernière, si vous voulez développer ou non ^^

Imagine Dragons - Believer | CELLO COVER (Vesislava Todorova)

Elle avait rangé la clé dans un tiroir, sous une pile de vêtements, loin de son regard. Elle avait presque fini par croire qu'elle était tirée d'affaire. Qu'elle ne vivrait plus jamais rien d'aussi terrible que ce qu'elle avait expérimenté lors de son bref passage sur cette étrange île. La nuit, la tête osseuse du corbeau revenait parfois la hanter. Avec le temps, le souvenir s'estompait, cependant, les cauchemars demeuraient vifs. Ils altéraient ce que sa mémoire préservait. Les images fantasmagoriques qu'ils créaient lui étaient brutalement revenues à l'esprit lorsqu'elle avait lu la lettre. Il était histoire de navires de commerce égarés en mer. Elle avait eu sa dose d'océan ! Elle était tellement mieux les deux pieds sur terre ou dans les airs. Les eaux houleuses et les tempêtes ne lui manquaient pas. Pourtant... pourtant, elle se tenait sur le quai d'un port. Les cordages cliquetaient au rythme du vent, les voiles soupiraient, les marins hélaient. L'altruisme de Laëth surpassait son égoïsme comme sa crainte. Alors, elle avait quitté les Jardins de Jhen - pour un temps. Elle avait menti à tout le monde, en disant qu'elle partait simplement quelques jours, pour acheter quelques denrées que les Anges et les Magiciens ne produisaient pas. Elle avait menti parce qu'elle ne voulait pas qu'on lui posât de questions, parce qu'elle ignorait comment expliquer ce qu'il lui arrivait. Elle ne voulait pas être retenue. La peur au ventre, elle avait quitté son lieu de vie. Elle tentait de se galvaniser en se répétant que changer d'air lui ferait du bien. Elle arrêterait de penser à sa dispute avec Priam, et surtout, à son départ. Elle craignait qu'il ne fût parti pour Lumnaar'Yuvon, et qu'il ne revînt jamais ; non pas parce qu'il le souhaiterait, mais parce qu'on lui y trancherait la tête, comme on le faisait pour les traîtres.

Laëth entendit quelqu'un se racler la gorge dans son dos. Elle se retourna et découvrit un homme grand et fin. Ses mèches blondes, rebelles, tombaient devant ses yeux verts pétillants. « C'est vous qui me cherchiez ? » Un sourire amusé tirait ses lèvres. « Vous êtes Aiden ? » - « Lui-même ! » répondit-il en mimant une courbette. Suivant son mouvement, elle baissa les yeux et s'aperçut qu'il était pieds nus. Elle haussa les sourcils, surprise, puis décida de passer outre. Tant qu'il ne sentait pas trop, elle devrait s'en accommoder aisément. Elle espérait que cet Humain-ci ne serait pas aussi désagréable qu'Alys. La femme que Laëth avait interrogée pour savoir si elle connaissait quelqu'un capable de l'aider lui avait répondu avec un peu trop de malice pour qu'elle fût parfaitement sereine. « J'ai besoin d'aller ici. » Elle lui tendit la carte qui accompagnait le parchemin. Il la prit, l'étudia quelques instants. Les yeux toujours rivés dessus, il demanda : « Pour ? »  - « Récupérer un bateau égaré et le ramener jusqu'aux territoires magiciens. » - « Hum... » - « Vous pouvez m'aider ou pas ? » - « Vous avez de quoi payer ? » Comme elle acquiesçait et montrait une bourse accrochée à sa ceinture, il enchaîna : « Dans ce cas, évidemment ! Suivez-moi. » D'un geste de la main, il l'invita à lui emboîter le pas. Ils traversèrent le port jusqu'à arriver devant un trois-mâts qui ne souffrait pas de la modestie de son propriétaire. Ils montèrent jusqu'au pont. « J'espère que les chèvres ne vous dérangent pas. » Un caprin avait bondi d'un tonneau en bêlant, faisant sursauter l'Ange, et se dirigeait vers eux. Aiden s'accroupit et se mit à la cajoler. Laëth les regarda en se demandant sur qui elle était tombée, et si la bonne femme ne s'était pas réellement moqué d'elle. Qu'est-ce qu'une chèvre faisait sur un navire ? « Vous avez peur ? » - « Non, d'où je viens, on élève des bêtes bien plus grosses que ça. Mais... » - « Fort bien ! » trancha-t-il en se redressant. « Équipage, voici... » Elle détacha son regard du mammifère. Un peu perdue, elle laissa ses yeux glisser sur les hommes et femmes présents à bord. Ils la dévisageaient. « Euh, Laëth. » - « Laëth ! Laëth, voici... » Il débita une quinzaine de noms si rapidement qu'elle fut certaine de n'en retenir que deux au maximum. « La demoiselle a un rafiot à récupérer en pleine mer, nous nous rendons donc là-bas. » - « Et il a quoi ce rafiot ? Il est perdu ? Il peut plus naviguer ? » Laëth s'apprêtait à répondre, cependant, Aiden fut plus rapide. Il bondit devant lui, l'air catastrophé. « Ulor, mon ami, où est passé ton goût pour l'aventure ? » Le concerné leva les yeux au ciel d'un air mi-exaspéré, mi-amusé. D'une voix forte, le capitaine s'exclama : « Allez, tous à vos postes ! Cap sud-est ! » Il montait vers le gouvernail lorsqu'il s'arrêta dans le petit escalier et pivota vers Laëth. « Et faites attention. Les Anges, c'est devenu tellement rare, de nos jours... ils pourraient être tentés de faire de vous un trésor. On connaît quelques intéressés... » Il lui servit un sourire tel qu'elle ne sut dire s'il était amical ou carnassier. Elle frémit. La chèvre, près d'elle, chevrota.

Post I - 881 mots

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Pourquoi n'avait-il pas exigé plus d'informations ? Laëth, les deux coudes posés sur le bastingage, jetait par moment des œillades inquisitrices au capitaine et esquissait moue sur moue. A sa place, elle aurait demandé ce que contenait le bateau - des vivres pour la Coupe des Nations -, quel était l'équipage à bord - des marchands qui travaillaient pour une compagnie dont elle avait oublié le nom -, ce qu'il était arrivé au navire et pourquoi elle, une petite Ange apparemment néophyte des affaires maritimes, était chargée de le retrouver. Seul l'argent l'intéressait ? Ou l'aventure ? Mais toute personne normale n'aurait-elle pas cherché à savoir dans quel guêpier elle se fourrait ? Elle détacha ses poings de ses joues et croisa ses avant-bras dans un soupir bref. Jusqu'à l'horizon ondulait un océan calme et scintillant sous le soleil matinal. « Vous ne dormez pas ? » Elle sursauta et se retourna vivement. Le marin, ayant fixé le cap, était descendu. « Vous m'avez fait peur. » commença-t-elle, les sourcils froncés. « Et, non, je n'ai pas réussi à me rendormir. » - « Vous n'aimez pas beaucoup l'océan, hum ? » Elle arqua un sourcil. « L'océan et l'orage, non, pas vraiment. » Durant la nuit, ils avaient été pris par surprise par l'orage. Les éclairs avaient déchiré le ciel, le tonnerre avait fait trembler la mer ; la pluie avait rendu le pont glissant et le vent avait déchiré une voile. Tout du long, Laëth était restée prostrée dans un coin du dortoir, ses genoux serrés contre sa poitrine. Elle s'était trop rappelée de son dernier voyage en mer, puis de l'île, puis de ce rêve immonde. Elle essayait de garder contenance face à son interlocuteur, honteuse quant aux événements nocturnes - elle n'avait pas fait preuve d'une once de courage, rien, seulement de la pleutrerie, et elle s'en voulait -, cependant, un frisson lui mordait l'échine à chaque fois que son anxiété remontait jusqu'à sa poitrine. « Hum. Ça leur fait souvent ça. » se contenta-t-il de dire. « C'était quand, votre dernier voyage en mer ? Vous alliez où ? » Laëth, peu désireuse de continuer sur cette voie-là, haussa les épaules. « J'ai appris les bases du métier de gabier, dessus. » Les bases lui paraissaient être un bien grand mot, compte tenu du fait qu'elle avait dû apprendre sur le tas. « Vous voulez filer un coup de main ? » Elle le regarda, regarda l'eau, regarda les voiles. Cela lui changerait les idées et lui éviterait de trop s'inquiéter quant à la situation dans laquelle ils trouveraient le bateau. Elle acquiesça. Comme il se détournait, elle se précipita : « Ma-mais vous ne voulez pas savoir ? » - « Quoi ? » - « Je ne sais pas, moi... ce que je sais faire exactement, dans quel état on va trouver le bateau, pourquoi c'est moi qui vais le récupérer... enfin, quelque chose, quoi ! » Le blond la considéra un instant, puis éclata de rire. « Vous savez, un homme comme moi n'a pas besoin de bonnes raisons pour prendre la mer... ni de savoir tout ces autres trucs, là. Ayez un peu plus le goût de l'aventure, la vie vous sera moins pénible. » Un sourire narquois étira ses lèvres. « Et puis, si vous êtes si mauvais gabier, on vous jettera par-dessus bord. » Elle fronça les sourcils, son sourire s'accentua, et il disparut dans sa cabine.

Aux cordages et aux voiles, elle travailla auprès d'une autre femme, une Humaine. Nahira. Elle venait de Qaixopia. Elle lui apprit que c'était dans le désert, et Laëth conçut une fois de plus à quel point elle ignorait tout du vaste monde dans lequel elle était née. A force de parler avec la femme de mer, elle se promit d'aller un jour chez les sans magie. Quoi que leurs relations diplomatiques avec les Ailes Blanches fussent assez variables selon les endroits - d'après ce qu'elle avait compris -, ils avaient un passé commun à travers le lien entre un Humain et son Ange gardien. Et puis l'immense étendue de sable chaud... imaginer ce paysage l'impressionnait et plus Nahira en parlait, plus elle avait envie de pouvoir l'embrasser de ses propres yeux. Les jours s'écoulèrent plus paisiblement que les débuts houleux de leur voyage. Elle ajustait un cordage lorsqu'elle entendit Ulor crier : « NAVIRE EN VUUUUUUUUUUE ! » Aussitôt, elle bondit sur le bastingage et se pencha pour regarder à l'avant du bateau, tandis que les membres de l'équipage tentaient d'apercevoir l'objet de leur recherche sans quitter leur poste. Les vagues léchaient la coque d'une embarcation immobile, dont les voiles déchirées claquaient dans l'air.

Post II - 784 mots

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Ils l'avaient trouvé ! Un sourire triomphant éclaira le visage de l'Ange. Les yeux plissés, elle essaya de distinguer la silhouette dansante du bateau. Une brume opaque planait sur l'onde. A travers sa valse fumeuse, elle finit par apercevoir la forme oblongue de la coque. Son cœur tambourinait. Cependant, à mesure qu'ils s'approchaient, un drôle de pressentiment enflait sa poitrine. Seuls le grincement des cordages et le clapotis de l'eau s'élevaient jusqu'à eux. « Merde alors ! » s'exclama Nahira, penchée sur le bastingage auprès de Laëth. Elle demeura ainsi quelques secondes, puis se redressa vivement. « Capitaine ! Capitaine ! » Elle eut son attention rapidement. Il y avait quelque chose, dans sa voix, qui éveillait les sens - une forme de méfiance, d'urgence, de doute. « Nahira ? » - « Faut faire demi-tour ! » - « Quoi ? Non ! » s'écria la jeune Ange. « Je veux dire, on a trouvé le bateau, alors... enfin, il n'y a qu'à aller voir. » Les membres de l'équipage posaient sur elle des regards peu avenants. « T'es pas coutumière de la mer, toi. Tu sais pas. » Le ton tranchant claqua à l'oreille de Laëth, dont les traits se déformèrent sous l'effet de l'agacement. « Quoi ? Vous avez peur d'un bateau et d'un peu de brume ? » Le menton levé, elle tentait de donner l'impression qu'aucune crainte ne tordait ses entrailles. Cependant, le silence menaçant qui suivit la dissuada de persévérer. Ses épaules s'affaissèrent légèrement. Elle essaya de garder contenance. « Il a raison. Vous n'avez pas conscience des dangers que peut renfermer l'Océan. » Aiden la toisait. « Je ne vais pas risquer la vie de mes hommes. Changez le cap ! On rentre au port. » Il s'éloigna et se dirigea vers le gouvernail. Sans réfléchir, l'Ange lui emboîta le pas. « Vous avez dit que vous m'aideriez ! » - « Oui. Pas à n'importe quel prix. Ne vous en faites pas, je vous rendrai la moitié de votre argent. » Une peur irrationnelle crispait la brune. Elle repensait à ses cauchemars. Qu'adviendrait-il si elle n'accomplissait pas la mission ? « Mais je m'en fiche de l'argent, moi, j- » Il pivota vers elle. « Ne m'obligez pas à vous jeter par-dessus bord ou à vous vendre à des pirates malhonnêtes. » Face aux deux menaces qu'il avait déjà évoquées, elle demeura muette.

Elle passa le voyage du retour seule. Quoiqu'elle aida aux cordages, elle ne discuta pas. De toute manière, les marins n'avaient plus l'air d'avoir envie de lui parler - il n'y avait que la chèvre qui ne lui en voulait pas. Ils avaient eu peur de quelque chose qu'elle ne comprenait pas, et cette peur était si grande qu'ils avaient préféré faire demi-tour. Elle ne pouvait s'empêcher, elle aussi, de leur en tenir rigueur ; elle craignait tout autant les conséquences de l'avortement de sa mission. Pour se rassurer, elle se disait qu'elle ne risquait rien, que quelqu'un d'autre serait employé pour cette tâche - l'un de ses camarades de Voyage ? -, que quelqu'un avec autant de ressource et de puissance n'avait pas besoin d'elle, et que tout irait pour le mieux. Elle rentrerait aux Jardins de Jhēn et y reprendrait le cours de sa vie. Se rappelerait pourquoi Priam était parti et prier pour sa survie. Espérerait un retour et se maudirait de nourrir une idée impossible. Se demanderait si elle devait lui écrire une lettre d'excuses ou agirait comme si elle n'était pas affectée par son départ - comme elle aurait aimé le faire croire à ses compagnons de caserne. C'était peut-être cela, finalement, qui l'effrayait le plus : se retrouver en tête-à-tête avec sa culpabilité. Elle n'aurait jamais dû hausser le ton comme cela. Elle avait toujours su qu'il ne voulait pas vivre parmi les Anges. Elle aurait dû le laisser s'exprimer plutôt que de s'emballer. Pourtant, une petite voix continuait à lui souffler qu'elle ne pouvait pas savoir, qu'elle n'y était pour rien, et qu'il aurait dû lui annoncer l'objet de sa visiter dès son arrivée. C'était quelque chose comme de la mauvaise foi. Elle s'en irait lorsque seraient soignés les morceaux blessés de son cœur.

FIN (délai expiré)

723 mots