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 Le marteau de Kiir’Wahlwan et la faux de Naruu'Pogaan [Réprouvés]

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Sól
~ Réprouvé ~ Niveau II ~

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Sól
Mar 03 Mar 2020, 13:28


Image réalisée par Cliff Schonewill #

Le marteau de Kiir’Wahlwan et la faux de Naruu'Pogaan

Tuz leva son marteau au-dessus de sa tête puis l’abattit sur la lame rougeoyante qu’il était en train de façonner. Comme chaque jour, sa forge était en marche bien avant que la cité ne se réveille, son atelier animé alors qu’au dehors les habitants donnaient tout juste signe de la vie quotidienne : les familles sortaient peu à peu du lit, on faisait sortir les bêtes et les recrues subissant le service militaire commençaient enfin leur échauffement matinal au pas de course. La manufacture familiale était rythmée par ses coups de masse, cadençant son travail et celui de ses disciples plus précisément encore qu’un métronome. L’homme martela encore plusieurs fois le fer chauffé avant de tremper la lame dans de l’eau, abaissant brutalement la température du métal. A l’établi voisin, il observa son fils et apprenti s’adonner à la même rituelle : chauffer le matériau, le battre à la force de ses bras puis, une fois qu’il lui eût donné une forme convenable, tremper son œuvre dans le liquide pour harmoniser le tout. Les réprouvés étaient connus pour les armes qu’ils façonnaient. Leur qualité n’était plus à prouver et même s’ils étaient davantage reconnus pour leurs boucliers et leurs haches, les épées que forgeaient Tuz et ses descendants étaient de la meilleure qualité possible. C’était principalement chez lui que l’armée de l’Impératrice des deux rives se fournissait, ainsi que toutes les recrues de Gona’Halv : il était difficile d’avoir un plus beau palmarès, selon lui. Alors que le forgeron s'attelait à rectifier un détail qui lui déplaisait sur son travail, la porte s’ouvrit sur la silhouette de Tinvaak. « B‘jour » grogna l’artisan. « Alors, comment avance cette commande ? » demanda le fils de réprouvés en grimaçant à cause de la chaleur ambiante. En tant que diplomate, il n’était pas souvent amené à subir ces conditions désagréables, quand bien même ses fonctions ne diminuaient en rien ses compétences de guerrier. Il était davantage habitué au confort des structures de Keizaal. « Ça avance. » répondit le forgeron d’une voix bourrue. Il était bien plus agile pour manier le marteau que les mots et se confortait habituellement dans un mutisme buté, mais ce chieur des terres d’émeraude venait sans cesse lui demander des comptes, le forçant à lui donner un rapport détaillé de l’avancé de la commande qu’il avait passé. La dernière fois, après avoir trop insisté, le visiteur s’était fait chasser, menacé par le marteau du fabricant qui en avait eu assez. Peut-être était-ce pour cela que cette fois-ci, il prit grand soin de laisser une distance de sécurité lui assurant une marge pour esquiver les coups potentiels. « J’ai une bonne nouvelle ! Les nouveaux chargements pour mes commandes spéciales sont en train d’arriver. Le navire est en train d’accoster. » annonça le client avec un sourire. Le professionnel, qui avait repris le martelage, sembla totalement indifférent à cette nouvelle, à croire qu’il n’avait pas entendu l’information. Déstabilisé, Tinvaak rouvrit la bouche, prêt à répéter son discours. Le buffle grogna pour lui couper la parole puis braqua son outil pour indiquer un encastrement dans le mur. « Là. » « Bien, je les ferai acheminer jusque-là. » répondit le démon tout en marchant à reculons jusqu’à la porte de la forge.

Le Vil soupira, presque surpris d’être encore en vie. Le simple fait d’entrer dans cette fournaise lui donnait la désagréable impression d’avoir fait un saut en enfer. Il se sentait moite. Attrapant un bout de sa chemise, il s’essuya les tempes tout en marchant à vive allure pour rejoindre le port. Le soleil n’était toujours pas levé mais le diplomate avait vite appris à apprécier les habitudes matinales du lieu. Même si la région était beaucoup moins accueillante que Keizaal, elle n’en restait pas moins importante pour leur peuple et il fallait lui reconnaître un certain charme caustique. Au moins, les gens d’ici avaient une bonne raison de se montrer rustique et presque sauvages, contrairement à ces bouseux de Lumnaar'Yuvon. « Tss ! »  Rien que de penser à ces gens mit le diablotin de mauvaise humeur. « Non. Ne pense pas à ces incultes illettrés… Penses à ta mission… » murmura-t-il entre ses dents en pressant encore le pas. Il avait fait venir depuis Sceptelinôst quelques matériaux qu’il avait réussi à négocier à bon prix avec la pègre. Ça n’avait pas été une mince affaire, de passer commande avec ces hommes d’affaires… S’ils étaient connus pour la piraterie qui sévissait autrefois dans leurs terres, les Réprouvés qui s’y étaient élevés se révélaient être de redoutables négociateurs. Si la vie là-bas n’était pas aussi dangereuse, peut-être Tinvaak aurait-il songé à aller y apprendre quelques astuces.

« Fais gaffe où tu marches, Lahriz ! » cracha un homme poussant une charrette remplie de légumes. Il avait la peau basanée et l’air grognon caractéristique des agriculteurs des plaines dorées. Le démon dû se retenir pour ne pas lui lancer une pique. Il avait entendu parler du second navire, arrivant également depuis Lumnaar'Yuvon. Gona'Halv était une terre inhospitalière, où l’agriculture n’était pas une priorité. La chasse et la pêche étaient les principales sources de nourriture mais quand bien même la barbaque était appréciée, un régime alimentaire ne pouvait pas uniquement se composer de chaire. Les paysans acheminaient donc régulièrement une partie de leur production par navire, s’assurant que leurs voisins ne meurent pas de faim. A l’agacement du diplomate, le bipolaire n’était pas le seul sur ce navire : tout une ribambelle de marchands acheminait les produits frais jusqu’au village, forçant le diablotin à s’écarter du sentier pour retourner jusqu’au navire qui venait d’arriver. Une fois arrivé sur le quai, le blond se frotta les mains l’une contre l’autre, un sourire carnassier se dessinant sur ses lèvres. « Alors, voyons voir ce que nous avons là. »

Explications


Coucou mes lapins !

Alors, comme convenu, voici un petit événement tranquillou pour parler un peu de l'économie réprouvée. Le poste se passe à Gona'Halv où deux navires débarquent : l'un est en provenance de Sceptelinôst -il transporte entre autre des matériaux pour une commande d'armes faite par un diplomate de Stenfek; mais il peut transporter plein d'autres choses aussi- et le second vient de Bouton d'Or -lui il est chargé de provisions que ramènent les agriculteurs, donc c'est principalement des légumes et de la viande mais il peut aussi y avoir du cuir ou ce genre de choses. Même si le poste d'introduction parle de ça, vous n'êtes absolument pas obligé d'en parler. Votre personnage peut rester là où il est et faire sa vie, du moment que vous mettez en lumière l'une des économies des Réprouvés, depuis n'importe quel territoire.

Pour ceux que ça peut intéresser, vos personnages peuvent avoir entendu parler d'une commande un peu spéciale passée par un envoyé de Stenfek. Si la plupart des gens y sont sans doute indifférents, d'autres peuvent y réagir violemment en s'imaginant des choses -je pense notamment aux complotistes de Bouton d'Or. Si ça peut en intéresser certains, on pourra pourra peut-être développer ça dans le futur.

C'est un événement plutôt simple donc il n'y a rien d'autre à dire de plus dessus.

Pour rappel, les exploitations économiques réprouvées sont :
- des armes et du matériel de combat, notamment des haches et des boucliers, pour Gona'Halv.
- produits agricoles en tout genre mais surtout des productions de blé, d'orge, de pommes de terres, de panais, de carottes, de potirons, de chou-fleurs, de navets et d'échalotes; l'élevage de Bicornes et de Cerfeuils dont ils tirent le lait; le miel et la cire d'abeille; la bière pour Bouton d'or | Lumnaar'Yuvon.
- économie souterraine en tous genre, avec quelques terres agricoles pour Sceptelinôst.
-Il n'y a pas d'économie spécifique à Stenfek | Keizaal.

Vous avez jusqu'au 03 Mai 2020, 23h59 pour poster.

Gains


- Pour 900 mots minimum : 1 point de spécialité OU 1/3 de crédit pour une part d'économie réprouvée OU une arme au choix
- Pour 450 mots supplémentaires (1350 mots) : Un point de spécialité au choix.
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Priam et Laëth
~ Ange ~ Niveau III ~

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◈ Âme(s) Soeur(s) : La bière et le saucisson | L'adrénaline et les problèmes
◈ Activité : Berger [III], traducteur [II], diplomate [I] | Soldat [III], violoncelliste [I]
Priam et Laëth
Lun 16 Mar 2020, 16:13



Provenance inconnue

Le marteau de Kiir’Wahlwan et la faux de Naruu’Pogaan

Evénement avec Dastan



« DASTAN ! » Vrael attrapa le gamin à la volée, par la capuche – ce qui manqua de l’étrangler –, avant de le saisir sous l’abdomen et de le ramener contre lui. Les bicornes passèrent à fond de train, piétinant l’endroit où s’était tenu son fils quelques instants plus tôt. Un nuage de poussière se souleva sous leurs lourds sabots : les deux Réprouvés toussèrent et, tandis que le plus âgé les écartait de la nuisance, se frottèrent les yeux. « Qu’est-ce qui t’a pris, nutaar ? » Dastan observait les grands animaux. La majorité, passée dans l’autre pré, avait cessé de courir. D’autres continuaient à jouer, frappant le sol de leurs pieds, lançant leurs cornes vers leur adversaire consentant, ruant et caracolant à travers l’étendue. « ’Sais pas, j’voulais voir. » Tûl referma la barrière, puis revint vers eux. « Eh ben. On pourrait croire que vous l’avez fait en baisant, celui-là aussi. Même instinct de survie que sa frangine. » - « M’en parle pas. » grogna Vrael. Comme Laëth, le rouquin savait tirer son épingle du jeu lorsqu’il s’agissait d’oublier – ou « d’oublier » – les mesures de sécurité de base. Il ne connaissait pas sa sœur, et pourtant, il était au moins aussi casse-cou qu’elle. Par moment, il aurait aimé qu’il ressemblât un peu plus à Priam, qu’il tînt de lui son calme et sa prudence, mais… A vrai dire, il préférait ne pas penser à ses deux aînés. C’était trop pénible – que cela suscitât colère ou abattement. Paradoxalement, il répondait aux lettres de son fils avec toute l’application dont il était capable. C’était un moyen de ne pas briser les liens qu’ils avaient étiolés. Sa fille n’écrivait plus. Les explorations devaient lui prendre trop de temps. Cela l’attristait, et plus il sentait la peine grignoter son cœur, plus il s’agaçait. Elle les avait quittés consciemment, cette daneskel (ingrate). Que pouvait bien lui importer qu’elle ne leur donnât pas de nouvelles ? Elle méritait simplement le Dukaan. Quelques heures plus tard, il regrettait de telles pensées et espérait qu’elle se portait bien, loin d’imaginer les péripéties qu’elle vivait et qui l’aurait probablement mis hors de lui. « Tiens-le bien dans l’étable, hein, j’voudrais pas que Nimir l’écrase. La purée de gnome, c’est pas mon truc. » Sur ces belles paroles, le Réprouvé leur fit signe de le suivre et se dirigea vers le bâtiment.

A l’intérieur, sept bicornes femelles patientaient, alignées. Des céréales leur avaient été servies, qu’elles mastiquaient doucement. Dastan leva les yeux vers les bêtes, impressionné. Il tenait la main de son père – ou plutôt celui-ci tenait la sienne. « Elles sont énormes ! » - « Les insulte pas, elles pourraient se vexer et te croquer ! » le taquina l’éleveur. « Même pas peur ! J’suis trop rapide pour elles ! Zouuuuuuuuuuuuum ! » Pour étayer ses propos, le gamin se défit de l’emprise de son parent et courut le long de la rangée. « NE COURS PAS ! » Rappelé à l’ordre par son père – et déjà essoufflé –, il s’arrêta net. Il se tourna vers les adultes, un sourire insolent imprimé sur le visage. « On peut monter dessus ? » - « Non. » - « Pourquoi ? » demanda l’enfant en revenant vers eux. « La dernière à avoir essayé a fini catapulté dans le purin… » s’amusa Tûl. Vrael lui lança un regard en biais appuyé. « Quoi ? » Il haussa les épaules et écarta les mains en signe d’impuissance. « Pas d’ma faute si t’élèves que d’la canaille, hein. » - « Hein-hein. » - « T’as qu’à te dire que les Zaahin ont décidé de tester votre force, à toi et Asha. » - « Hum. » - « Elle est où maman ? » - « Elle travaille. » - « D’accord, on va la voir après ? » Le père Belegad se tourna vers son ami. « Je peux te le laisser en pension ? » - « Non merci. Les marmots, je les garde qu’en rôti. » - « J’crois que ça se négocie… » Le roux avait disparu derrière les longues pattes de l’un des animaux, qu’il regardait attentivement. Brusquement, il passa sous le ventre de la bicorne. « Par tous les Zaahin ! » s’écria Vrael. « On ne passe pas sous le ventre des animaux ! » Tûl, écroulé de rire, s’appuya à l’un des poteaux de bois qui soutenaient la structure. Dastan regarda l’agriculteur, puis son père, un sourire à mi-chemin entre l’amusement et la contrition imprimé sur les traits, les mains jointes dans le dos. « Oups, pardon, j’ai pas fait exprès. » Le brun se frappa le front du plat de la main. Rester calme. Respirer. Ne pas l’envoyer valdinguer contre un mur. « Ne recommence pas, c’est dangereux. » - « Même pour la traite ? » - « J’te montrerai comment on fait sans se tuer, va. » déclara Tûl en lui administrant une petite claque sur l’épaule.

« Non, là tu presses rien. Faut le faire avec le plat de la main en tirant légèrement vers le bas. Là, regarde. Vas-y. Oui voilà, comme ça. Bon tu manques un peu d’poigne, mais en grandissant, ça devrait venir. » Le jet était maigre, mais le sourire de Dastan en disait long sur son sentiment de réussite. « Trop bien ! J’peux venir demain ? J’pourrai t’aider ? » Le visage de Tûl se renfrogna. Le dernier gamin Belegad à l’avoir aidé était parti, et il lui avait promis de lui trancher la tête s’il le revoyait. Sa sœur avait réussi à perdre une partie de son troupeau dans la nature, avec cet autre empoté d’Ange, Nikolaz. « On verra. » fit-il sèchement. Vrael, accroupi près de son fils, lui adressa une œillade lourde de sens, les sourcils froncés. Il passa un bras protecteur autour des épaules de son enfant. « D’acc’, merci ! On va voir maman, maintenant ? » - « Ouais. » L’éleveur, semblant se ressaisir, attrapa le seau en bois dans lequel ils avaient fait couler le lait de la bicorne, Nimir. « Vous pouvez prendre son lait, c’est dûment mérité. » - « Ouaaais ! Génial ! » Le rouquin fit bien le tour de l’animal pour récupérer le récipient. En l’attrapant, il chancela sous son poids. Son père saisit l’anse et le porta. Après avoir remercié le propriétaire des animaux, ils repartirent. Cette fois, Vrael ne lâcha pas la main de Dastan.

Asha travaillait aux champs. Lorsqu’elle vit approcher son compagnon et son fils, elle se redressa et sourit. « Alors ? » - « C’était trop bien ! La prochaine fois, j’monte dessus et je fais tout le tour du village ! » La Réprouvée éclata de rire et passa une main tendre dans la tignasse bouclée de l’enfant, qui souriait. Vrael secoua la tête, mais sourit tout de même. « Ça va ? T’as bien avancé ? » - « Oui. On n’est pas en retard du tout. On devrait pouvoir livrer Sceptelinôst en chargeant les bateaux qui partiront dans les jours qui viennent. » - « Super. » Il la détailla. Elle avait les mains noires de terre, le teint bruni par la poussière, les cheveux clairsemés d’épis dorés, et des cernes fatigués, mais elle respirait le bonheur. L’arrivée du Kiir’Sahqon dans leur quotidien lui avait redonné la joie de vivre. Il savait qu’elle n’oubliait ni Priam ni Laëth, ni sa culpabilité ni sa déception, cependant, l’enfant allégeait inconsciemment ses tourments. Il passa un bras autour de sa taille et embrassa son crâne. Puis, il s’inclina vers son oreille et lui chuchota quelque chose qui élargit son sourire. Entre temps, Dastan avait attrapé la faux qu’elle avait laissé au sol et mimait les gestes d’un guerrier combattant un ennemi imaginaire. Vrael, l’apercevant du coin de l’œil, s’écarta légèrement de sa femme. « Fais attention, c’est dang- » - « Elle est un peu émoussée, il risque rien. Arrête de t’inquiéter comme ça, on dirait une vraie poule. Et moi j’baise pas les poules… » Le brun lui offrit un sourire carnassier. « Ouais, j’suis brave, moi, papa ! J’suis fort ! Regarde ! » Campé sur ses jambes maigrelettes, le petit garçon bomba le torse et plia ses bras pour montrer ses muscles inexistants. « Ah oui, je vois ça, très fort, félicitations ! » - « J’crois que ça mérite bien une tartine de miel, ça, non ? » - « Oh ouais ! S’te plaît s’te plaît s’te plaît ! » Face à tant d’enthousiasme, les deux parents rirent, puis la petite famille se dirigea vers la ferme.



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Merci nastae




Le marteau de Kiir’Wahlwan et la faux de Naruu'Pogaan [Réprouvés] 1628 :


Le marteau de Kiir’Wahlwan et la faux de Naruu'Pogaan [Réprouvés] 2289842337 :
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Sól
Ven 01 Mai 2020, 17:59


« Nin ! » A peine avait-elle vu la silhouette de son frère que Sól avait bondit de la charrette pour s’empresser de le rejoindre. Elle avait des étoiles plein les yeux et un sourire illuminait son visage encore poupon. Le Réprouvé lui avait terriblement manqué et elle n’avait fait que trépigner d’impatience à l’idée de le retrouver – à tel point que Thorn avait commencé à regretter de l’avoir emmené avec lui, se disant qu’il aurait été plus tranquille avec Máni ou tout seul. Mais une promesse se devait d’être tenue et, puisque le Démon l’avait accompagné la dernière fois qu’il était venu sur le territoire des mers – lorsque leur ainé avait commencé son service militaire – c’était désormais au tour de l’Ange de venir avec lui. Lorsqu’elle avait été obligée de rester à Lumnaar’Yvon alors que son jumeau partait avec les deux hommes, la blonde avait été rongée par la jalousie. Elle n’en avait rien dit, bien sûr : cela aurait rendu le diablotin bien trop heureux. « Eh, où tu crois aller comme ça, morveuse ? » L’agriculteur attrapa sa fille par le dos de sa tunique et la tira en arrière. « Tu cherches à ce qu’il se prenne un coup de hache en pleine cuisse ou tu as juste oublié de réfléchir ? » Déconcentrer un Réprouvé qui s’entraine au combat, surtout à Gona’Halv, s’était comme signer son arrêt de mort. Ici, l’entrainement était rude et la mort cueillait les faibles et les têtes en l’air. « Pff, tu parles… Il est assis sur un banc, il a pas de risque de prendre une… BAH ! Mais c’est un gros dégueulasse ! » Sól venait d’écarquiller les yeux en une mine répugnée. « J’étais persuadée que Máni se curait le nez à cause de toi, mais en fait, j’avais peut-être tort. » Thorn partit dans un grand rire. « Et Nin, tu crois qu’il a pris ça de qui, hein ? » La gamine haussa les épaules, admettant que cela revenait un peu au même, du coup. « Du moment que vous les mangez pas après comme Máni le fait. » Elle exagérait légèrement. Le diablotin avait arrêté avec cette mauvaise habitude depuis longtemps. L’Ange aimait bien le lui rappeler, ceci dit. « Quoi qu’il en soit, cours pas comme ça. On est pas là ici pour prendre des vacances, alors concentre-toi et aide moi à tirer la charrette. » La blondinette soupira mais s’exécuta sans rien ajouter d’autre. Comme souvent, le père Tynath'thuk faisait parvenir une partie de sa production agricole jusqu’à Gona’Halv. Les trois quarts de ce qu’ils avaient amené serait réquisitionné par le camp militaire, afin de nourrir les recrues. Le reste serait vendu aux habitants de l’île. Ils resteraient quelques jours, le temps que leur stock s’épuise, puis ils reprendraient un bateau pour rentrer jusqu’aux plaines dorées. Thorn avait expliqué à ses enfants que la terre de Gona’Halv n’était pas aussi nourricière que leur terre natale, et que les insulaires avaient besoin de ravitaillement régulier afin de garder leurs recrues en bonnes santé. Essayer d’annexer le reste de l’île était une idée mais cela était dangereux et prendrait du temps. Sans oublier que rien ne leur promettait d’obtenir une terre aussi généreuse que le berceau de leur civilisation.

Sól poussa de toutes ses forces. Elle trouvait cela ridicule. Elle ne servait à rien. C’était Thorn qui poussait presque tout le poids de la cargaison. Qu’elle fût là ou non ne changeait rien à l’affaire, ou presque. Elle se mordit cependant la lèvre. Elle redoutait de fâcher son père si elle essayait de protester. Prenant son mal en patience, elle poussa jusqu’à arriver dans l’enceinte du camp militaire. Les hommes les remarquèrent à peine. Ils étaient tous trop occupés à s’affairer à leur tâches respectives – qu’il s’agisse de se battre, de laver le linge ou de marchander pour vendre du poisson. Thorn avait aussi prévenu qu’ici, la viande serait plus rare : à Lumnaar'Yuvon, les Réprouvés possédaient l’espace suffisant pour cultiver les sols et élever le bétail – on ne faisait, selon Sól, aucune viande plus délicieuse que le saucisson de Bicorne. Ici, néanmoins, le poisson était la principale source de nourriture carnée et la viande était une denrée réservée pour les méritants. La chasse aidait un peu mais ce n'était pas aussi évident que la pêche. Les agriculteurs pensaient parfois à en envoyer à leurs protégés, exilés le temps de leur service militaire, mais ils ne faisaient jamais long feu, tout le monde se jetant dessus à la moindre occasion.

« Bien, surveilles la charrette, je vais chercher le reste. Et souviens toi : personne touche aux carottes ou aux potirons, c’est clair ? » Sól farfouilla dans la poche de son pantalon et en retira une fourchette qu’elle brandit à hauteur de son visage. Avec un air tout à fait sérieux, elle répliqua : « T’en fais pas, ‘Pa ! Graelf m’a appris à viser. Le premier qui ose s’approcher, il perdra un œil ! » Cette déclaration fit rire Thorn à gorge déployée, qui ébouriffa les cheveux de sa fille avec tendresse, bien que son geste fût un peu bourru. La voir ainsi lui réchauffait le cœur. Il n’était pas certain qu’elle ose vraiment s’opposer à des hommes faisant trois à quatre fois sa taille et encore plus large que lui, mais la voir répondre avec cette hargne le rendait fier. Quelques mois plus tôt, elle n’aurait même pas pensé sous-entendre que se battre était une option… Désormais, elle acceptait l’idée de prendre les armes pour défendre ses biens. C’était un sacré progrès, dans son cas, même si cela pouvait paraître insignifiant. « Un combat à la fourchette ? J’payerais bien pour voir ça, tiens ! » « Bah, en tant que future Dovahkiin, faut bien que j’apprenne à me battre avec toutes les armes qui existent. » rétorqua-t-elle en mimant d’embrocher une carotte redoutable. Sa réplique fit à nouveau sourire le Bipolaire. « Heureusement pour toi, notre peuple a des armes beaucoup plus efficaces que ton cure-dent, là ! » « De quoi satisfaire la future reine ! » scanda-t-elle en prenant une pose grotesque censée inspirer le respect et la force. Depuis qu’elle avait lâché désirer prendre la place d’Erza Taiji, lors d’un repas, la blague était devenue récurrente. Le trône ne l’intéressait absolument pas. Mais voir son jumeau le croire la faisait beaucoup rire. Alors elle continuait à y faire allusion régulièrement, même si le diablotin commençait peu à peu à se douter qu’il ne s’agissait que d’une farce pour le faire tourner en bourrique.

Sól s’installa sur le rebord de la charrette et commença à observer les alentours, en attendant Thorn. Les maisons étaient tout aussi rustiques qu’à Lumnaar'Yuvon, quoique beaucoup plus proches les unes des autres. Ce n’était pas aussi étriqué que Sceptelinôst, ni même aussi lugubre. D’une certaine manière, ça la rassurait. Dans quelques temps, elle devrait venir ici pour effectuer son propre service militaire. Savoir que l’endroit ressemblait d'une certaine façon à sa maison l’apaisait un peu. Elle ne se sentirait pas trop dépaysée… C’était moins terrible que de devoir aller à la cité pirate ou à Keizaal. Là-bas, elle se serait sentit presque totalement démunie. Son regard azuré se porta ensuite sur la troupe de jeunes Réprouvés, non loin d’elle. Si elle trouvait ses entraînements avec Graelf difficiles et éprouvants, ils lui paraissaient soudainement ridicules face à ce que subissaient les recrues d’ici. Elle grimaça, malgré elle, en voyant un garçon se faire mettre au sol avec violence. Mal à l’aise, elle baissa la tête par terre. Ses yeux captèrent alors l’éclat doré d’un objet, à moitié enterré dans la boue. Intriguée, la fille de Réprouvés sauta de son perchoir pour s’emparer de ce qui avait attiré son attention. Une carte. Elle avait quelque chose d’étrange, ceci dit : il n’y avait aucun chiffre d’inscrit dessus. A la place, un étrange dessin. Elle ne comprenait pas vraiment ce qu’il était censé représenter. Elle pencha la tête sur le côté, comme si changer de perspective lui permettrait soudainement de décrypter cette étrange chose… Elle n’en eut pas le temps, ceci dit : son père revenait déjà. Sans vraiment réfléchir, la fillette glissa l’objet dans l’une de ses poches. « Bon allez, viens m’aider à ramener tout ça jusqu’à la caserne. » « Quoi ? Tu veux que je tire une charrette toute seule ? » « Ca te fera les bras, gamine. T’en as besoin. »
1358 mots
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Dim 03 Mai 2020, 14:09

Le marteau de Kiir’Wahlwan et la faux de Naruu'Pogaan [Réprouvés] F8pt
Le Marteau de Kiir'Wahlwan


La Capitale tressautait sous les murmures. « C’est vrai ? » « Qu’est-ce que j’en sais, putain !? » Le convoi, qui passait dans les rues, transportait des vivres en provenance de Lumnaar’Yuvon. Un silence de plomb tombait sur les habitants, le temps pour les quelques charrettes d’être assez loin pour que les bruits ne puissent pas porter atteinte à ceux qui les propageaient. « Alors c’était vrai ? » « Elle était chez le Léviathan ? » « Mais qu’est-ce qu’elle vient faire là ? » « Ça va finir en guerre ouverte ! » « Est-ce qu’Atthirari est au courant ? » « J’en sais rien… Sans doute pas ! Sinon il serait déjà là. »

Erza, hache à la main, bâton sur l’épaule, marchait devant le convoi. Ses cheveux blonds étaient attachés en plusieurs tresses. En armure de cuir, elle semblait prête à trancher la tête de n’importe quel trou du cul qui se mettrait sur sa route. Elle avait hâte de rencontrer cet Atthirari, encore un que les parents avaient un peu trop surestimé. Sa tête de Faas'Bahlok à la main, elle avait hâte d’embrasser celle-ci pour qu’elle se jette sur l’homme. Ce serait un test. Elle ricana à cette pensée. Pourquoi Jun n’était jamais là quand elle avait envie de lui montrer un truc ? Elle était sûre que ça le ferait rire. Enfin, pas vraiment. Atthirari n’était pas né de la queue de Slen’Bruniik aux dernières nouvelles. Elle se demandait quand même quelle Réprouvée avait bien pu avoir envie de forniquer avec son abruti de père à temps partiel. Pour un homme qui n’aimait soi-disant pas beaucoup baiser, il forniquait pas mal. Les voies des Dieux étaient impénétrables mais, eux, en revanche, pénétraient bien. Aucun souci là-dessus. Il avait prévu de faire quoi au juste, à la fin ? Une sorte de réunion familiale sur les trônes ? À force qu’on lui refuse un pique-nique en famille, il s’était dit qu’un conseil des chefs avec ses gamins seraient plus probable et avait opté pour cette option ? Elle espérait quand même qu’il la préférait à ce péteux de Stenfek. Sinon, elle allait le renier et retourner près de son véritable père : Zel’Eph, chef des armées et Zaahin à ses heures. Dommage qu’il ne veuille pas d’elle. Il avait beau être vénéré, ça n’en restait pas moins un type avec de sérieux problèmes psychologiques. Au moins, Jun était stable dans ses conneries.

La Reine dut bien sortir de ses pensées lorsqu’un cheval fendit la foule. Ah ouais. Certains ne doutaient de rien. Atthirari Taiji, sa mère devait être un cul blanc pour qu’il n’ait pas hérité du teint plus halé de Jun. Il ressemblait à une oie et, elle, les oies, elle en faisait du confit. Malgré sa mauvaise foi légendaire, il la rendait quand même curieuse. Son essor était récent. D’après les rumeurs, il parlait bien et était solide malgré une anatomie moins massive que la plupart des Réprouvés. Stenfek se ramollissait un peu. « Dovahkiin. » la salua-t-il d’un geste de la tête. « Je t’en prie, viens chez moi, nous pourrons discuter. » Un sourire amusé fendit les lèvres d’Erza. « Ah tu veux discuter ? C’est drôle parce qu’aux dernières nouvelles j’ai entendu dire que tu étais plutôt pour te battre contre moi. » « Je ne peux pas empêcher le peuple de parler. Jugerais-tu un homme sur des on-dit avant même de l’avoir rencontré ? » Il avait une certaine prestance, le bougre, elle ne pouvait pas la lui retirer. « Je te suivrais si tu clames haut et fort que, en l’état actuel, envisager une scission est une connerie, étant donné que la capitale a besoin de Lumnaar’Yuvon pour vivre, comme l’illustrent parfaitement ce convoi. » Contre toute attente, Atthirari lui sourit. Il leva les yeux vers la population et haussa la voix. « Comme je l’ai déjà dit, je pense que séparer Stenfek du reste du territoire réprouvé serait idiot, étant donné que nous n’avons aucune économie propre et besoin des autres régions pour nous nourrir et prospérer. » Il baissa les yeux vers elle. « Contente ? » Pour toute réponse, elle dégagea le pied de l’homme de son étrier, y mit le sien et se hissa sur son cheval. La pauvre bête devait souffrir, parce que si Erza n’était pas quelque chose, c’était bien légère. C’était un gros tas de muscles avec l’élégance d’un Goled.





« C’est pas bientôt fini oui ?! » La voix était celle d’un homme qui venait de frapper sur la cloison. Elle n’était pas si épaisse et le « couple » qui vivait à côté de sa chambre n’arrêtait pas de forniquer. Za se mit à rire. « Ça tombe bien, faut que j’aille pisser. » « T’es sérieuse là ? » demanda Erek. Oui, elle l’était, vu qu’elle venait de se retirer de sur lui et de disparaître par la porte, à poil, pour aller dans les latrines. Le Démon poussa un soupir d’agacement. C’était quoi cette nana qu’il se trimballait ? Avec ses seins de plus en plus gros, à l’instar de son ventre. Elle n’avait pas le droit de faire le service militaire pour l’instant, pas tant qu’elle n’aurait pas accouché. Ça la gonflait et la rendait irascible. Lui partait la journée et, quand il revenait le soir – avec la tronche d’un Bicorne à moitié crevé – elle ne pensait qu’à baiser. Les hormones. Il était heureux, d’un côté, mais de l’autre, ça le soûlait Il avait des courbatures et, tout ce qu’il désirait lorsqu’il rentrait, c’était boire un coup et pioncer. L’avantage c’est qu’en quelques jours à peine, il avait découvert certains muscles dont il n’avait jamais soupçonné ne serait-ce que l’existence.

Lorsque la blonde revint, il la regarda. « T’es sûre que c’est pas moi le père ? » « Ouais. » En réalité, elle n’était sûre de rien mais elle avait décidé que Priam était le géniteur de l’enfant et, même dans le cas où ça n’aurait pas été vrai, elle n’aurait pas tenu compte de l’information. « Parce que moi je pense que c’est moi, le père. » « Bah, toi, t’es con. » « Avec qui tu baises à part moi ? » « Priam. » « Je suis sûr que tu racontes de la merde et, même si c’était vrai, vous l’avez fait juste une fois. » « Bah, et alors ? » « Bah… On baise depuis des mois. » « Bah justement, tu dois être stérile vu que j’ai jamais été en cloque avant. » Erek eut un rictus d’agacement. « Bon, je m’en fous. On verra bien à la naissance. Si c’est un putain d’angelot, on saura que c’est pas moi. Si c’est un Démon… » « C’est Priam le père, je te dis. » « Ouais. Bah je t’en ferai un deuxième et il sera de moi. » « Tu rêves. » « Viens là, finir ce que t’as commencé, au lieu de me faire chier. »

Plus tard, Erek s’était rhabillé. Za avait simplement enroulé une couverture autour d’elle. « Il paraît que Stenfek a fait des commandes d’armes. » commença le Démon. « Qui t’a dit ça ? » « Ça parle pendant les entraînements, qu’est-ce que tu crois ? Si t’étais pas enceinte tu le saurais. T’as de la chance que je sois là pour te tenir au courant. » La Réprouvée attrapa une hachette qui trainait sur la table de nuit et la lança en direction du Vil avec toute sa force. « Tu sais toujours pas viser. » railla-t-il lorsqu’il fut sûr que l’arme ne l’avait pas touché. Elle aurait pu. Cette blonde était folle. Za se releva du lit et se déplaça lentement vers sa cible. « Tant que t’auras pas un marmot dans le bide qui te donne des coups et qui pompe toute ton énergie, je t’interdis de me parler comme à une débile. Tu me dois le respect, homme. Recommence et je te buterai dans ton sommeil. » ajouta-t-elle en s’asseyant sur lui. « Et je ne sais pas ce que pensent ces chiens de Stenfek mais s’ils croient pouvoir mener une bataille contre les autres territoires, c’est qu’ils sont aussi têtus qu’un Cerfeuil. C’est pas avec des livres et de la philosophie qu’on se fait à bouffer. Qu’ils aillent travailler aux champs un peu, ça leur fera les pieds, à ces péteux. » « Tu crois que je ne suis pas d’accord avec toi ? » « T’es un putain de Démon. » « Ta gueule. » cracha-t-il, en lui attrapant vivement la mâchoire. Il détestait quand elle disait ça. « Me compare pas à ces enflures sinon c’est moi qui te bute. » « Essaye pour voir. » « Je le ferais, si tu portais pas mon enfant. » Il y eut un silence. « C’est pas le tien. » « J’m’en branle de ce que tu dis. Ils ont ramené de la nourriture aussi, dans leur navire. Faut que tu manges, sinon le têtard ne grandira pas. » « Dès que le têtard sera sorti de là, je te mettrais une râclée comme tu n’en as jamais eu. » « Cause toujours. D’ici là, j’aurai pris tellement de muscles que je pourrai buter ce connard d’Angelot et revendiquer ma paternité tranquillement. » « J’ai envie… » fit-elle, en déboutonnant le pantalon du Vil. « Encore ? » « Ouais. »

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Dim 03 Mai 2020, 22:08




Le marteau de Kiir’Wahlwan

& la faux de Naruu'Pogaan



Les tintements des marteaux sur le métal chauffé étaient autant de voix qui m’appelaient. Mon regard se baladait avec intérêt sur les bâtisses de pierres et de bois qui m’accueillaient pour les prochains mois. L’air chaud et humide déposait sur mon torse nu de fines gouttelettes d’eau qui se mêlait à mon abondante transpiration. Les efforts étaient difficile dans cette région accablante pour un réprouvé habitué au climat tempéré des Terres d’Emeraude. L’entraînement militaire qui faisait désormais parti de mon quotidien était difficile et éprouvant ; il n’avait rien à envier à celui que ma mère m’obligeait à suivre depuis ma tendre enfance. Pourtant, j’avais décidé de consacrer mon temps libre à l’apprentissage de la forge là où d’autres - plus oisifs - s’adonnaient au sexe, à l’alcool et à la drogue.

L’artisanat avait toujours été un domaine qui m’attirait particulièrement, hélas, ce ne fût pas un milieu dans lequel je fus bercé. La capitale était davantage tournée vers le commerce et la diplomatie que vers la production à proprement parler. Les rudiments que j’avais pu acquérir se limitait à des tâches basiques qui tenaient plus de la réparation que de la création. Mais chacune de mes tentatives et, surtout de mes réussites, m’avaient apporté un sentiment de fierté et d’accomplissement que j’espérais retrouver dans mon futur emploi. Parmi toutes les disciplines, le travail du métal, en particulier, m’avait toujours captivé. Peut-être était-ce lié à une vision erronée de la profession ? Lorsque j’y songeai, j’imaginais un métier physique dans lequel je puisse écouler une partie de la colère qui me rongeait. Je me voyais laisser libre court à ma créativité pour modeler le minerai selon mes propres envies, frappant successivement la matière malléable qui se façonnait sous mes coups. L’activité me permettrait également de gagner en force et en endurance à mesure que mes oeuvres prendraient vie.

La sidérurgie était omniprésente sur cette île. J’arpentai les rues de la cité guerrière aux côtés des silhouettes ferreuses de Boholt’Kein et de Kiir’Wahlwan que les artisans avaient sculptées ça et là. Je me rapprochai des fonderies d’où d’épaisses volutes de fumées noires s’échappaient, formant un nuage opaque qui obscurcissait le soleil pourtant haut dans le ciel. L’odeur de la ville était un mélange assez caractéristique de fer, de suie et de sueur qui m’évoquai certains de mes rêves d’enfants. Je fermai les yeux un instant pour revivre ces scènes d’autrefois où, penché au-dessus de l’enclume, j’abattais lourdement un marteau, bien trop grand pour moi,  dans un fracas détonnant.  

Revenant à la réalité, je dépassai plusieurs échoppes aux noms plus évocateurs les uns que les autres. Certains faisaient références aux Zaahins, d’autres à la guerre, d’autres encore aux noms de nos ennemis. Il y avait tant de forgeurs et pourtant je n’en connaissais aucun - non pas que leur réputation soit mauvaise, mais simplement que leur renommée n’était pas arrivée jusqu’à moi. Je me demandai comment faire un choix réfléchi face à cette multitude de possibilités qui s’offraient à moi. Je voulais le meilleur pour me guider dans l’art de créer des armes et des armures. Aussi, apostrophai-je un passant pour m’enquérir de son opinion

« Hé ! Tu peux me conseiller une forge ? »

Le premier m’ignora avec dédain. Il ne m’adressa pas même un regard et continua sa route faisant mine de ne pas m’avoir entendu. “Lektyhr” (connard) songeai-je. Je me rappelai soudain de l’endroit où je me tenais. Gona’Halv. Cette ville regorgeait autant d’habitants locaux que de réprouvés réformés provenant de Keizaal, de Gein'Draakul  ou de Lumnaar’Yuvon - la cité des glaiseux, comme aimait l’appeler les habitants de la capitale. Ces derniers étaient bien moins tolérants que les autres - ce qui complexifierait sans doute les interactions sociales dans la cité.

J’invectivai un second piéton dans l’espoir d’un dénouement différent.

« Ça dépend c’que tu cherches et le budget qu’t’as, me répondit l’homme à la longue barbe et aux cadenettes rousses

— Peu importe le budget l’ami, je ne suis pas là pour acheter. Je veux me former auprès d’un véritable Expert Forgeron, le meilleur ! précisai-je avec ardeur

— Dans c’cas là, le plus doué que je connaisse c’est Tuz. Mais bon courage pour le convaincre p’tit gars, c’est une vrai tête de mule ! Tu ferais mieux de te rabattre sur un mentor plus accessible comme Beorn, par exemple, clarifia-t-il

— Où se trouve ce Tuz ? demandai-je en ignorant ses conseils

— Tu vois la cheminée qui dépasse du toit de cette échoppe là-bas ? C’est la boutique du vieil artisan. ‘Le marteau de Kiir’Wahlwan et la faux de Naruu'Pogaan’ qu’ça s’appelle. Comme tu l’entends, il se prend pas pour n’importe qui l’vioc mais c’t’un bon pour sûr. », m’indiqua-t-il en pointant un bâtiment du doigt, un sourire aux lèvres.

Je remerciai le réprouvé - dont l’accent révélait ses origines draakulienne (de Sceptelinôst) -  avant de prendre congé pour rejoindre le lieu qu’il m’avait désigné. C’était désormais décidé : qu’importe les difficultés, je deviendrais l’apprenti de ce Tuz !

Je poussai la porte de l’atelier dans lequel régnait une chaleur étouffante. Je m’étonnai de ressentir une telle différence de température avec l’air extérieur qui me semblait déjà brûlant. J’observai l’armement exposé sur les râteliers d’un oeil émerveillé.   Je reconnaissais la majorité des armes - des haches, des marteaux et des épées pour la plupart. Cependant, mon regard se tourna vers des équipements exotiques que je n’avais jamais vu. J’essayai d’imaginer la manière de les employer avec plus ou moins de facilité. La qualité des finitions était époustouflante. Un bref coup d’oeil aux prix affichés m’apprit que leur coût l’était tout autant. L’inconnu que j’avais croisé ne m’avait pas menti sur la réputation du forgeron. J’étais perdu dans ma contemplation lorsqu’une voix féminine me salua.

« Bonjour ! Bienvenue dans notre boutique. En quoi puis-je vous aider ? »

Je fis volte-face et aperçus une dame d’âge mûr. Elle était élégante et affichait une mine affable. Néanmoins, je sentais son regard olivâtre me toiser avec attention. Avec mon torse ainsi dénudé et mon pantalon déchiré, je ne devais pas avoir l’allure des clients qui avaient les moyens de se payer de tels objets.

« Bonjour à toi ! Je m’appelle Solheim Xyulfang et je souhaite discuter avec le forgeron Tuz

— Et pourquoi devrais-je déranger le maître ? demanda-t-elle en fronçant ses sourcils

— Je veux devenir forgeron et je pense que…

— Inutile. Nous avons notre compte d’apprentis, me coupa-t-elle en croisant les bras

— Mais, repris-je

— Cela ne sert à rien d’insister, mon garçon.

— Je pourrais au moins le rencontrer ? essayai-je

— Écoute, t’es mignon mais tu te doutes bien qu’un artisan aussi vénérable que Tuz Uznahgaar’Fus n’a pas de temps à perdre avec tous les novices qui passent dans le coin. »

Elle m’énervait avec son discours fermé. Était-ce un homme si occupé qu’il ne pouvait pas accorder ne serait-ce qu’une dizaine de minutes de son temps à des néophytes avides de connaissance ? Je sentais la colère affluer en moi mais je la laissai me parcourir sans réagir. Je comprenais pourquoi ces mots me blessaient tant ; j’étais frustré qu’elle se dresse entre moi et mes rêves d’enfants. Plusieurs profondes inspirations me permirent d’éloigner ce sentiment.

« Si je repasse plus tard, aurait-il un créneau de disponible pour que je puisse lui parler ?

— Hilda ! Qu’est-ce qui te prend autant de temps ? hurla une voix masculine qui provenait de l’arrière-boutique

— Rien, c’est juste un novice qui insiste pour te voir. Mais je m’en occupe. »

Une silhouette imposante s’encadra dans l’ouverture. C’était un réprouvé dans la fleur de l’âge que des années de travail avait marqué. Il possédait des traces de brûlures sur les mains et sur la base de son cou - probablement un accident qui remontait à quelques années auparavant. Ses cheveux grisonnants disparaissaient peu à peu, laissant apparaître une calvitie sur le haut de ses tempes. Il me jeta un oeil sévère qui me figea sur place.

« Bon alors, petiot. Tu vas me dire que tu m’as toujours admiré et que tu veux faire comme moi ? renifla-t-il avec mépris.

— Bonjour Wan (titre honorifique) Tuz. Je m’appelle Solheim Xyulfang. Pour tout vous avouer, je ne connaissais pas vraiment votre travail mais…

— Tu insistes pour rencontrer le maître et tu ne t’es même pas intéressé à son oeuvre auparavant ?! Et tu oses le clamer sans honte ? Quel manque de bienséance ! me gronda la femme aux cheveux flamboyants.

— On m’a parlé de vous et je veux apprendre avec le meilleur ! rétorquai-je

— Et qu’est-ce que j’y gagne, moi ? me questionna le forgeron. »

Je baissai les yeux. Je n’avais pas vraiment réfléchi à cette question. Dans la précipitation, je m’étais élancé dans les rues de Gona’Halv afin de dénicher un maître digne de mon enseignement. Mais maintenant qu’il avait abordé la question, je me rendais compte que le tutorat ne devait pas être à sens unique.

« Je pourrais alléger votre charge de travail ? proposai-je

— Ah ? Et que sais-tu faire ? demanda l’homme en affichant une mine surprise »

A nouveau, mon regard se perdit sur le sol. Je n’avais aucune expérience dans le domaine ; Ghrudo était le seul forgeron que j’avais côtoyé lors de mes années de vie à Stenfek mais il se contentait de revendre des armes et ne les fabriquait pas lui-même. Au mieux, je pouvais affûter une lame comme Ayleth me l’avait montré.

« Je sais aiguiser un couteau émoussé…, marmonai-je honteusement avant de reprendre d’une voix plus affirmée, mais j’apprends rapidement et je ferai de mon mieux. Et je suis sûr qu’il y a des petites tâches que je pourrais faire pour vous décharger même si je ne sais pas encore quoi ! »

Le vieil homme fût pris d’un puissant éclat de rire. Son hilarité me blessait et je me sentais encore plus humilié que je ne l’étais déjà. Une lueur de surprise s’immisça dans le regard de la réprouvée qui quitta la pièce en secouant la tête, un sourire aux lèvre.

« Bon, mon gars, si t’as pas d’expérience, cela ne sert à rien que tu…

— Attendez ! Je sais que je…

— Assez ! hurla-t-il en abattant lourdement sa main sur le comptoir. Il va te falloir apprendre le respect, avorton ! Je ne supporte pas que l’on me coupe la parole !

— Désolé »

Ce dernier mot m’irrita la gorge. Je n’étais jamais vraiment à l’aise avec les excuses. Leya-Niera m’avait déjà reproché cet aspect de ma personnalité, arguant que l’orgueil et la fierté étaient des vices particulièrement méprisables.

« Je disais donc, reprit le vieillard plus calmement, cela ne sert à rien que tu apprennes à mes côtés. Tu n’as pas la base et je n’ai ni l’envie, ni le temps de te les inculquer. Je t’enseignerai peut-être - je dis bien peut-être - des techniques lorsque tu seras plus à même de comprendre les subtilités de la sidérurgie - si tu es doué, bien évidemment.

— Merci »  balbutiai-je sans grande conviction

Il glissa sa main dans l’une de ses poches et en tira un petit objet qu’il me lança. Je l’attrapai au vol sans grande difficulté. Il s’agissait d’une sorte de pièce en bronze frappée d’un étrange écusson.

« En attendant, présente-toi à ‘La Dague de Kiin'Tafiir’. C’est un autre de mes ateliers qui se situe un peu plus au nord. Demande à parler à Aleifr Thorgrim de ma part et montre lui cet objet. Il devrait accepter de t’enseigner deux ou trois petites choses et - si tu es bon - il se pourrait qu’il te garde.

— Vraiment ? Oh Merci ! Merci beaucoup Monsieur Tuz !»

Un sourire radieux illumina mon visage. Je sortis de l’échoppe, gonflé à bloc par cette confiance qu’il plaçait en moi. Je ne le décevrai pas et, un jour, je deviendrais un Expert Forgeron encore meilleur que lui.



1954 mots - Merci pour l'évènement <3 Si je dois changer des choses, n'hésite pas à m'en faire part. Pour info, d'un point de vue chronologique, ce RP se passe juste après le passage niveau 2 de Solheim (mais je dois finir une quête que j'ai largement commencée et qui sera finie dans la semaine, promis !)
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