Les mystères de l'amour

« Je vois. » fit l’Impératrice Blanche, en reposant la plume qu’elle tenait entre les doigts. Elle croisa les mains sur le livre qui était posé devant elle, sur son bureau. « Les Dieux doivent avoir maudit cet ho… ». Elle s’interrompit lorsqu’elle sentit qu’elle n’était plus seule. « Vous parlez seule, Ultimage ? » demanda celui qui n’avait pas pris la peine de frapper. « Oui, il parait que ça aide à réfléchir sur des problématiques complexes, chose qui ne doit pas trop vous arriver, je présume. ». Elle sourit, admirant la silhouette de l’Olori. C’était amusant mais à force de le côtoyer elle avait appris à apprécier son corps. De base, et aussi parce qu’elle ne l’aimait pas beaucoup, il lui paraissait repoussant. Ce qu’il dégageait ne lui avait jamais plu. Pourtant, dans son « imperfection », il en devenait élégant. Il était carré, propre sur lui et ses muscles étonnement fuselés. « Mais vous tombez divinement bien, je devais vous parler d’un Ange en particulier. ». « Cela devra attendre je pense. Je préférais venir en personne vous l’annoncer mais... ». « Sans frapper ni prendre rendez-vous. » releva-t-elle. Elle savait déjà ce qu’il allait dire. Aussi, elle se leva et se dirigea vers lui, s’arrêtant à une distance raisonnable. « Félicitation. » lâcha-t-elle simplement. Il parut étonné. « Comment est-ce que vous ? ». « Si j’ai pu régner sur tout un peuple durant des siècles, c’est aussi parce que j’ai des informateurs de talent. ». Le silence s’installa un moment. Il la regardait avec une intensité qui lui semblait devenir dangereuse. Il se retenait, parce qu’il était un homme vertueux, mais la malédiction le rendait instable. « Je voulais vous dire que, depuis quelques temps, j’apprécie de travailler avec vous. ». « Pareillement, même si je crains que votre intérêt se porte ailleurs que sur notre travail. Comment va votre protégée, au fait, Perséphone, il me semble ? ». « Bien. Nous allons nous marier bientôt. ». « Ah oui ? Un mariage et un couronnement à peu de temps d’intervalle, vous êtes bien plus chanceux que le Délaissé. ». « Est-ce de lui que vous vouliez me parler ? ». « Oui. Nous attendrons votre couronnement pour discuter de l’avenir des Ailes Blanches. J’espère que notre coopération sera plus fructueuse que celle que j’avais entrepris avec Asriel et pourra amener au détachement total de votre peuple du mien. ». « Dites-moi. ». « Je crains fort qu’il ne soit légèrement perturbé à l’avenir. Comme vous devez le savoir, il a fait partie des élus quant aux prémices de la Coupe des Nations. Le fait est qu’il est sorti vivant de l’épreuve introductive mais il semble qu’elle ait été particulièrement atroce. Je dois voyager prochainement en compagnie d’un couple de Magiciens et je pensais l’inviter pour voir ce qu’il en est. ». Elle fit un pas en sa direction, de façon à produire plus d’intimité. « Vous allez être couronné roi, Erwan. J’espère que vous ferez les bons choix. Croyez-moi, la politique d’Asriel n’en faisait pas partie. ». Il tendit la main, soulevant le voile de l’Impératrice Blanche sans la moindre hésitation. « C’est pour cela que vous l’avez tuée ? ». « Faites attention à ce que vous insinuez. ». « Il vous suffirait de démentir mon accusation pour que je cesse d’y croire. ». « Ce serait vous rendre service. ». Elle sourit. « Lâchez-moi maintenant, vous ne savez pas quels ennuis vous pourriez vous attirer si certains nous voyaient si proches l’un de l’autre. ». Il recula, se rendant subitement compte qu’il avait légèrement dépassé les limites. Elle lui faisait le même effet que Perséphone. À trop se concentrer sur ses paroles, son corps se rapprochait d’elles inéluctablement, comme attiré par un aimant. « Vous êtes une Sorcière, j’en suis convaincu. » murmura-t-il doucement. « Ne me reprochez pas vos faiblesses. ».

Tout avait été préparé pour le petit voyage. Les époux Ward avaient reçu une invitation en bonne et due forme, ainsi que l’assurance que des Magiciens leur permettraient de rejoindre le point de rendez-vous rapidement. La téléportation restait le moyen le plus sûr et le moins long pour se déplacer. Quant à Raeden, la Reine lui avait fait parvenir une lettre plus amicale, moins officielle, lui assurant le même traitement. Elle avait précisé à ceux chargés de le retrouver qu’elle préférait ne pas laisser le choix à l’Ange. S’il résistait, ils devraient lui forcer la main. Elle voulait le voir, étudier les impacts de l’épreuve sur l’homme. L’Impératrice Blanche s’était promis d’éviter de jouer avec le feu, comme elle le faisait avec Erwan. Le futur Élu des Cieux était maudit et elle tentait le Diable en cherchant les limites de ladite malédiction. Les effets n’étaient pas les mêmes, plus modérés sur l’Ange que sur le Démon. Cela dit, les deux peuples n’avaient pas les mêmes façons de vivre, le même lien avec les vertus et les péchés. Zane n’avait aucune limite en soi, ce qui le rendait d’autant plus dangereux et imprévisible. Erwan se frustrait en respectant des valeurs strictes mais ses pensées étaient viciées. Quant à Raeden, Edwina avait conscience de ses sentiments. Que cela lui plaise ou non, des trois hommes, il était le seul à avoir toute sa tête. Elle était certaine de sa sincérité, certaine de pouvoir s’appuyer sur lui sans risquer une quelconque trahison. Ce fait rendait leur relation compliquée. Elle ne souhaitait pas donner une raison supplémentaire à Zane de l’éliminer, s’il y pensait encore. Elle n’était pas amoureuse de l’Ange mais elle l’aimait beaucoup et était loin d’être indifférente à d’autres considérations d’un ordre plus physique. Elle aurait sans doute aimé l’épouser, simplement parce qu’il représentait une sécurité et une stabilité qu’il était délicat d’attendre de la part des hommes d’autres peuples. Elle l’avait envisagée lors de la Main. Elle s’était dit qu’il incarnerait un bon partenaire et qu’elle aurait pu accepter de s’unir charnellement à lui pour créer une descendance, quelque chose de tenable et de pérenne. Peut-être que l’amour se serait développé avec le temps. C’était aussi pour cette raison qu’elle était pressée de rencontrer les époux Ward. Ils étaient vieux et les rumeurs les disaient toujours follement amoureux. Elle n’avait jamais eu l’occasion d’expérimenter un amour sincère, viable, partagé et basé sur quelque chose de puissant et de sain. À chaque fois qu’elle était éprise, l’autre avait un visage inquiétant. Elle n’était jamais certaine, ce qui était aussi délicieux que meurtrier. Et puis, à vrai dire, elle commençait à en avoir marre d’être toujours pure. Elle avait envie de tester ce qu’elle voyait souvent dans le Miroir et d’expérimenter une réalité qu’elle avait peut-être trop souvent imaginée pour ne pas finir déçue.

Elle était arrivée la première. Le chalet qu’elle avait privatisé sur le Duché de Nylmord se trouvait non loin du volcan. Il accueillait, en temps normal, beaucoup de touristes, connu pour ses sources d’eau chaude. La Reine s’était dit que l’endroit serait parfait pour la soirée, afin de faire plus ample connaissance. Elle avait averti ses invités qu’elle prendrait une apparence factice afin de faciliter les échanges et qu’ils ne devaient pas être étonnés de la voir dénuée de son voile. Des chambres avaient été préparées à l’étage pour la nuit et le dîner attendait, des plateaux posés proches de gros rochers qui servaient d’assise, ce qui permettait de manger tout en ayant les pieds dans l’eau brûlante. Quelques Magiciens se trouvaient encore là, afin de s’occuper du déroulement de la soirée et de proposer des massages à ceux qui voudraient se détendre davantage. Des serviettes et tenues appropriées étaient prévues car la nudité n’était pas admise à l’intérieur de l’eau. La Reine avait fait venir quelques grands crus afin de procéder à des dégustations. Le programme avait, de base, était parfaitement orchestré mais comme elle n’avait pas songé que des personnes âgées pourraient être amenées à l’accompagner lors de sa conception, la jeune femme avait décidé de demander directement à ses invités ce qu’ils voudraient faire les jours à venir. Elle s’arrangerait pour rendre les choses possibles. En attendant le couple Ward et Raeden, elle s’était assise sur un rocher et regardait le ciel étoilé. Son apparence était simple. Elle avait gommé quelques formes pour paraître plus androgyne et rendu son visage plus sec.

Les mystères de l'amour

Musique

Chaque ombre était un ennemi potentiel prêt à lui sauter dessus. Chaque frémissement au coin de l'oeil était un cauchemars prêt à l'engloutir. Depuis que Raeden était revenu de l'épreuve des Ombres, rien n'était plus pareil. Il n'était plus pareil. Il le savait, il le sentait, mais ne pouvait faire autrement, ne pouvait y remédier. Cela devenait un vrai cauchemars pour sa famille, pour les gens autour de lui et pour lui-même. Alors il se plongeait corps et âme dans le travail, dans l'exercice physique, que cela soit à la forge, sur les terrains d'entraînements ou dans les patrouilles. Il sentait bien qu'il mettait une barrière entre lui et les autres mais il ne pouvait faire autrement. En fait, il ne savait pas réellement comment y remédier. Et en parler était tout simplement hors de question. Evoquer ne serait-ce que le labyrinthe et sa brume était le meilleur moyen de faire tout revenir, de le replonger dans ce cauchemars et d'embarquer les autres avec lui. Il ne fallait même pas y songer.

Il était en train d'abattre puissamment – peut être même un peu trop pour le travail qu'il souhaitait faire – son marteau sur le métal chaud quand les messagers envoyés par Edwina firent leur apparition. Ils avaient fait tout le chemin – ou plus vraisemblablement s'étaient téléportés – pour lui faire part d'une invitation de la reine à venir passer quelques jours en sa compagnie et celle d'un vieux couple de mage dans une demeure privatisée pour l'occasion. En d'autres temps, l'Ange aurait certainement sauté sur l'opportunité de passer du temps avec la Belle. Mais le dédale était toujours là, dans son esprit. Il était toujours perdu à l'intérieur à lutter contre quelque chose d'impalpable. Il se devait de décliner. Il avait trop de chose à faire. Forge, entrainement, patrouille. Il n'y avait que cela qui comptait. Et puis, le fait qu'ils soient venus si nombreux – trois – simplement pour lui porter une missive le mettait sur le qui-vive, titillait ses nerfs, faisait monter sa tension. Lorsque l'un d'eux, voyant le refus du forgeron, posa sa main sur son avant bras, certainement pour l'inciter à les accompagner, cela faillit tourner au drame.

Heureusement, l'un des magiciens, un peu plus âgé et réfléchi et ayant probablement mieux cerné le problème réussit à temporiser le tout avant que ça ne vire au bain de sang et que des actes que tout le monde regretterait ne soient commis. Les préparatifs du voyage avaient donc été fait. L'Ange emmena plus d'armes qu'il n'était nécessaire d'avoir sur lui pour simplement une virée de quelques jours tranquille mais personne ne releva. Il n'en était peut être même pas conscient en réalité. Ce qui n'était évidemment pas le cas des personnes l'entourant. Le trajet se fit en silence. Alors que Raeden aurait d'ordinaire entamé la conversation avec les Magiciens, il se tint coi, ses yeux faisant sans cesse des mouvements de va et vient autour d'eux, toujours à l'affût. L'un des mages  - celui qui avait évité la catastrophe - avait déjà eu l'occasion de le côtoyer et comprenait bien que ça n'allait pas. Il espérait juste que la Reine était au courant et qu'elle pourrait agir en conséquence. En fait, en y réfléchissant bien, elle l'avait déjà fait. Car après tout, sinon, pourquoi envoyer plusieurs émissaires pour le travail d'un seul ?

Sa Majestée est dehors sur le rocher. Je vais la prévenir de votre arrivée.

Non. .. C'est bon.... Merci.

La nuit était tombée. Malgré les étoiles, tout ce qu'il voyait, c'était le noir et les ténèbres. Les Murs de brume qui se refermaient sur lui. Pendant quelques horribles secondes, sa respiration se fit sifflante, difficile et hachée. Il serra les poings à s'en faire sauter les jointures et puisa dans ses forces pour forcer sa respiration à retrouver la normale, les battements de son cœur à stopper leur cavalcade et les images de labyrinthe à s'évanouir de son esprit. Pourquoi craindrait-il quelque chose ici ? Il était sur les terres magiciennes avec l'Ultimage non loin. Il était armé et apte à se défendre. Il fallait qu'il se détende et profite de l'instant, de ces quelques jours que la Reine l'avait invité à partager. Il s'approcha donc de la jeune femme, l'observant alors qu'elle observait les étoiles. Une part de son cerveau ne cessait de lui hurlait que ce n'était pas elle, que tout ceci était un piège alors que l'autre, la raisonnable, lui disait qu'il s'agissait bien de l'Ultimage. N'avait-elle pas prévenu qu'elle n'afficherait pas son vrai visage, pour pouvoir circuler sans voile ? N'avait-elle pas déjà fait cela auparavant ? C'était tout à fait normal. Il n'y avait pas de quoi se torturer l'esprit avec cela.

Edwina.

Les mystères de l'amour

La Belle tourna la tête au moment où elle entendit la voix de Raeden. Ses yeux le scrutèrent un instant. Il semblait fatigué mais la fatigue qu’elle lisait sur ses traits n’était certainement pas dû uniquement à un manque de sommeil. Lui qui était, en temps normal, plutôt enjoué, paraissait poursuivi par des démons intérieurs tenaces. « Raeden. » souffla-t-elle, ne sachant pas comment gérer la situation. Devait-elle lui parler de ce qu’il s’était passé ou feindre l’ignorance ? Avait-il envie d’en discuter ou préférait-il oublier ? Elle n’était pas sûre qu’il ait envie de se confier à elle, dans tous les cas. L’Impératrice Blanche trouvait leur relation complexe et, en un sens, elle se trouvait indigne de s’arroger le droit d’entrer dans son intimité d’une manière ou d’une autre. Il était condamné à cesser de l’aimer, à terme. « Je suis ravie que vous soyez ici. ». Elle leva de nouveau les yeux vers les étoiles, tranquillement. « Je pense que nous en verrons filer quelques-unes, ce soir. ». Elle se demandait si l’inviter avait été une bonne idée. Elle lui cachait tant de choses. Quand il était devant elle, lorsqu’ils étaient seuls, elle se sentait fautive. Bien entendu, elle lui avait avoué quelques-uns de ses secrets, mais ils étaient si peu nombreux qu’elle se demandait comment est-ce qu’il pouvait toujours répondre à ses appels. Sa force morale l’impressionnait, même s’il semblait légèrement diminué, ce soir. Elle se questionnait. Devait-elle le protéger ? Ou était-ce lui qui la protégeait, en un sens ? Il fallait qu’ils discutent ; il le faudrait. « J’aurai aimé prendre mon apparence habituelle mais… disons que nous ne serons pas seuls, les prochains jours. ». Elle se leva pour s’approcher de lui. « Le couple Ward ne devrait pas tarder à arriver d’ailleurs mais, avant ça… ». D’un geste lent, elle l’enlaça, posant sa tête contre lui. Elle inspira. « Je suis vraiment désolée de tout ce qu’il vous arrive. J’espère vraiment que ce séjour pourra vous apaiser, vous libérer. ».

Lorsqu’elle sentit la présence du couple de Magiciens, Edwina s’écarta de Raeden avec un mouvement légèrement précipité, comme si elle craignait d’être prise en flagrant délit. Un sourire naquit sur ses lèvres quelques secondes plus tard, quand elle aperçut les traits de la vieille femme. À vrai dire, les personnes âgées la rendait heureuse, surtout lorsqu’elles étaient aussi gaies que Bellada. La Belle savait qu’elle n’aurait probablement jamais de rides, bien que son âge soit sans doute bien plus avancé que celui de son interlocutrice. « Enchantée Madame Ward. » dit-elle, à son tour. « Vous pouvez m’appeler Edwina, cela sera beaucoup plus pratique lors de notre séjour. Je n’avais pas envie de quelque chose de trop formel alors mettons-nous à l’aise. ». Dire qu’elle en avait marre du protocole serait un euphémisme. Et puis, mine de rien, elle restait inquiète pour l’Ange. Elle espérait réellement que la présence des deux vieillards l’aiderait un peu, qu’ils lui feraient oublier les épreuves qu’il avait traversées. La Reine sourit devant le présent. « Merci. Il ne fallait pas, vous savez. ». Elle l’examina avec précaution et en fut légèrement émue. À dire vrai, elle recevait très peu de cadeaux, si ce n’était ceux que le protocole exigeait ou ceux du Diable. Seulement, ces derniers étaient si nombreux qu’ils en étaient devenus impersonnels. Elle aurait préféré qu’il vienne en personne lui offrir quelque chose de sa fabrication plutôt qu’il lui envoie des statues, des tabourets, des théières, des esclaves, des tableaux, des bouquets, des cactus, des plantes carnivores, des Démons de compagnie et autres joyeusetés. « Merci. » répéta-t-elle. L’expérience même de la famille lui était inconnue. Bien entendu, elle avait son père adoptif et sa fille, elle était mariée, aussi, mais rien de tout ceci n’entrait dans l’idée même qu’elle se faisait de la notion. Le fait qu’elle ait été séparée de Læna à la naissance de celle-ci justifiait l’absence de liens entre elles. Son père adoptif venait de refaire son apparition mais il avait été absent de sa vie tellement d’Ères qu’elle le considérait plus comme un ami. Son mari était un Génie et, bien que l’illusion fonctionne, ils ne partageaient pas les sentiments nécessaires à la construction de quelque chose de viable. Quant aux Syrkell… définitivement, elles n’avaient rien de ce qu’elle imaginait quand elle pensait à sa famille idéale. Alors, si voir cette petite mamie, accompagnée de son époux, comportait un côté délicieux, cela lui rappelait aussi qu’elle était plutôt seule et que personne ne lui avait jamais raconté d’histoires, que personne ne l’avait vraiment soutenue, que personne ne lui avait jamais fait de gâteau ou de cadeau de ses propres mains. « Je la mettrais dans la chambre de mon chalet. C’est un endroit dans lequel j’aime beaucoup me rendre. » ajouta-t-elle, tout en jetant un coup d’œil au cadeau qu’avait reçu Raeden.

L’Impératrice fit quelques pas en direction d’une petite table sur laquelle elle posa la baguette délicatement. « Si vous le souhaitez, nous pouvons nous baigner. » fit-elle tout en montrant le bassin avec l’une de ses mains. « Vous pouvez vous changer à l’intérieur. Des masseurs sont également à votre disposition. Cela étant, Raeden possède quelques talents dans le domaine, j’en suis certaine. ». Elle sourit. Sans doute n’était-ce pas le moment de le taquiner mais elle essayait de détendre le couple, surtout Bellada qui semblait être dans tous ses états.

Une fois qu’ils furent tous dans l’eau, elle posa la question qui lui brûlait les lèvres. « Je crois savoir que cela fait longtemps que vous êtes ensemble, tous les deux. Cela doit réellement être merveilleux de trouver la bonne personne et de l’aimer encore malgré toutes ces années. Comment avez-vous su que l’autre était l’élu et comment est-ce que vous avez réussi à sauvegarder votre amour après tout ce temps ? ». Elle tourna les yeux vers Raeden. Elle savait que, lui aussi, avait aimé une femme jadis, avec qui il avait fondé un foyer. Elle ne se pensait pas capable de ça. Elle se trouvait trop… étrange, trop changeante, trop instable. Surtout, elle n’était pas sûre de savoir ce qu’elle voulait. Enfin, son statut royal était un frein manifeste. Les risques étaient trop grands. « Qu’en pensez-vous, Raeden ? » fit-elle, curieuse, également, d’avoir son opinion sur le sujet. Ils n’en avaient jamais réellement discuté.