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Tout n’est pas noir ou blanc

# Le mal se fait sans effort, naturellement, par fatalité, au contraire du bien qui est toujours le produit d’un art

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Catégorie de quête : XIX | Enquête
Partenaire : Me, myself and I ♪
Intrigue/Objectif : Après sa rencontre avec l’Ultimage, Isiode subit la pression de ses compagnons afin qu’il règle la situation auprès de la Reine des Magiciens, mais quelque chose le bloque, outre la méfiance qu’il nourrit à l’égard de la Reine : la question de la Couronne des Cieux. C’est pourquoi Isiode tentera de retrouver les personnes qui ont permis à Edwina de mettre la main sur l’artéfact. Parallèlement, cette mission l’amènera peut-être à faire confiance à l’Ultimage.

« Vous ne savez pas tout… »

Mes trois compagnons me fixèrent intensément alors qu’un soupir franchit la barrière de mes lèvres. Peut-être leur avais-je répondu plus sèchement qu’escompter, mais je n’y pouvais rien, le blâme qu’ils me rejetaient me paraissant être tout à fait infondé en considérant les informations que j’étais parvenu à obtenir de cette rencontre. Ce n’était pas eux qui avaient vu de leurs propres yeux la transformation de la Reine en Ange, ce n’était pas eux qui avaient aperçu la Couronne des Cieux entre les mains de l’Ultimage alors que la relique avait, selon ce que j’étais parvenu à comprendre, disparu à la suite de l’invasion des Démons sur les Terres Blanches. Je ne savais ni comment ni pourquoi, exactement, la Reine avait mis la main sur cet artéfact sacré, mais si l’on corrélait cette information à la situation actuelle, je n’arrivais qu’à une seule conclusion : le propre peuple d’Asriel désirait-il la voir quitter le trône? Ce n’était plus une surprise pour personne, puisque le peuple angélique se scindait désormais en deux sur cet avis : les uns blâmaient à tout va les agissements de l’Apakan, la croyant trop instable pour faire des choix sensés quant au futur des Ailes Blanches, tandis que les autres appuyaient farouchement son point. Pourquoi devrions-nous nous laisser piétiner aujourd’hui? Pourquoi devrions-nous dépendre de tout et de tout le monde alors que nous avions encore la possibilité de nous redresser? Les Anges n’étaient pas morts en Terres Blanches malgré la conclusion désastreuse de la guerre contre les Démons, mais la situation actuelle laissait presque croire le contraire. J’expirais un nouveau soupir, braquant mon regard sur mes compagnons de route. Un maigre sourire jouait sur la commissure de mes lèvres.

« Je désire ne rien ébruiter tant et aussi longtemps que je ne m’assure pas du pire. Cela étant dit, si ce que je crois est vrai, alors je ne peux décidément pas faire confiance en l’Ultimage et espérer des rapprochements plus favorables. »

Me redressant lentement de ma position initiale, je dépassais la position des autres soldats avant de leur jeter un nouveau regard par-dessus mon épaule.

« Il est vrai que je suis entré dans ses appartements avec une bien maigre estime de sa personne et il est encore vrai que je n’ai pas su lui accorder le minimum de crédit qu’elle méritait quant à sa bonne foi. Elle nous a sauvé, certes, mais le fait est que…

- Ce n’est pas suffisant, pour toi? »

Après une courte pause, j’hochais finalement de la tête.

« Vous ne vous êtes jamais demandé pourquoi les rumeurs à propos de sa relation avec le Monarque Démoniaque ne cesse d’être alimenté? Pourquoi, malgré toutes ces années, ils continuent d’entretenir cette rumeur?

- Je ne parlerais pas pour le Diable, mais l’Ultimage semble pourtant claire sur le sujet. Elle refuse ses cadeaux et n’a-t-elle pas emprisonné ceux qui avaient livré cette abominable statue du Monarque complètement nu? Les artistes, seuls, et les folles lubies de cet excentrique terne son image, à mon avis, avança Travis, en appuie avec Hiddleston qui, dans un coin de la pièce, observait l’activité extérieure depuis une fenêtre.

- Justement, je ne comprends pas pourquoi elle ne prend pas de mesures plus drastiques pour mettre un terme à cette vulgaire « romance. » Le Diable est obscène et pourtant, elle laisse les rumeurs aller et venir sans lever le petit doigt.

- Peut-être qu’elle a essayé d’étouffer la vague, mais que celle-ci est trop forte pour être contenue? »

Je me passais une main sur le visage, las. C’était bien pour cela que je ne pouvais lui accorder quoi que ce soit, qu’il s’agisse de crédit ou de confiance. L’Ultimage semblait cacher tant de secrets inavouables et insondables qu’il mettait difficile de me faire une opinion tranchée sur sa personne. Les uns disaient ceci, les autres disaient cela, et même si sa relation avec le Diable n’était que de fastidieuses rumeurs d’écolier pour s’amuser des Grands, je ne pouvais m’empêcher de considérer leur poids dans la balance. Après tout, chaque rumeur est nourrie par un fond de vérité. Peut-être, au contraire, étais-je le seul qui ne voulais pas croire en sa bonne âme? Peu importe… Pour l’heure, ce qui me tracassait énormément, c’était de la savoir en possession de la Couronne. Qui lui avait donné l’occasion de s’en emparer? L’Élue des Cieux était-elle au courant de cela – ce que je doutais fortement? Mais surtout, pourquoi était-elle partie chercher la relique? Tant de questions qui m’amenaient pourtant à une seule conclusion. Dans de telles circonstances, qui pourrait me blâmer de ne pas lui faire confiance?


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Je ne connais pas tout et c’est peut-être à cause de cela que je ne parviens pas à passer à autre chose… Mais, peut-il véritablement avoir une autre raison au fait qu’elle possède la Couronne, si elle ne désire pas usurper le trône d’Asriel? « Souhaiter nous aider en se disant qu’être Ange serait le meilleur moyen de comprendre notre situation et notre culture », me remémorais-je, une seconde, alors que le fil de notre rencontre s’animait de nouveau dans mon esprit. Je n’y crois pas, désolé, votre Majesté… Songeais-je en esquissant un rictus alors que mes pas me guidaient, instinctivement, jusqu’aux portes du château de la Reine, celui-là même dans lequel elle m’avait convié, hier. Une fois à la hauteur du portail, je m’arrêtais, observant l’architecture du bâtiment, la splendeur des plantes que l’on pouvait voir se balancer aux portes des balcons. Je ne pouvais m’empêcher de repenser à son air joueur et désinvolte tandis qu’elle énumérait, un à un, chacun des scénarios qu’elle pouvait obtenir de son utilisation de la Couronne. Elle semblait prendre cela pour un jeu, mais en même temps, n’était-ce pas sa propre manière d’extérioriser son mécontentement? Quelle vérité se cachait vraiment de tout cela, au final? Je pouvais comprendre son irritation à mon endroit, mais je n’excuserais en rien le comportement que j’avais eu face à elle. Les scénarios étaient nombreux et les vérités étaient, parallèlement, tout aussi divergents. Et plus j’y repensais, plus ma thèse ne cessait de se renforcer. On avait voulu trahir notre Souveraine et lui porter préjudice en offrant cette relique à l’Ultimage, cela faisait tellement de sens! Alors qu’attendaient les acteurs de l’ombre pour agir, maintenant qu’ils avaient leur nouvel as? Tenteraient-ils d’attenter à la vie de l’Élue des Cieux ou essayeraient-ils plutôt de la pousser au second plan et se contenter d’une usurpation en fourrant nombre d’idées dans la tête du peuple? Le fait qu’Asriel ne soit pas très populaire au sein même de sa communauté laissait présager une destitution plutôt rapide et satisfaisante pour la majorité du peuple, mais dans l’un ou l’autre des cas, comment feraient-ils pour légitimer le couronnement de la Reine Nilsson sous son identité angélique? Elle n’était connue de personne, à mon avis, si ce n’était que des rares organisateurs de cette supercherie et de moi-même, et je ne pouvais décidément pas me lever en criant haut et fort à l’usurpation alors que d’autres avaient déjà planifié cette fraude depuis bien longtemps. Une voix contre deux, trois et, que sais-je encore, peut-être étaient-ils une vingtaine sur ce coup… Je n’avais aucune chance de me faire entendre, si je ne pouvais pas me parer d’arguments et de preuves pour soutenir mon hypothèse et mettre en lumière ce qui se passait véritablement dans les coulisses de cette mascarade.

Alors, quoi? Abandonnais-je maintenant? Laissais-je aller les choses sans intervenir en regardant, de loin, la vie de mon peuple être bercée par un mensonge dûment réfléchi et orchestré par on-ne-savait-qui? Quoi qu’il en soit, l’individu ou le groupuscule l’ayant éclairé quant à l’emplacement de la Couronne ne pouvait appartenir qu’au peuple angélique. Personne d’autre, à l’exception des Ailes Blanches, n’était au courant de celui-ci et, à moins que l’on apprenne que quelqu’un ait laissé fuiter l’information à des oreilles peu convenables, seuls des Anges pouvaient être les instigateurs de tout ceci. Puis, malgré tout ce que je pouvais m’imaginer de l’Ultimage, je la voyais mal se laisser utiliser de la sorte uniquement pour nous faire du mal. Je pouvais lui donner toutes les intentions au monde, ne pas lui faire confiance et douter de sa sincérité, j’étais pourtant sûr d’une chose : bonnes ou mauvaises seraient ses actes, je ne la pensais pas capable de les appliquer dans un but volontairement cruel. De ce cas, j’étais convaincu. Néanmoins, cela n’excusait pas l’acte en lui-même, sachant qu’elle participait forcément à ce plan de destitution, à cette trahison. Et peut-être que je spéculais trop vite, mais l’hypothèse était-elle que je ne pouvais simplement pas la mettre de côté. Devrais-je plutôt demander à voir l’Apakan à ce sujet? Un petit rire sec trancha brusquement le silence dans lequel je m’étais plongé, alors que je poursuivais mon chemin, tout en restant à proximité du château et de ses environs. N’importe qui de sensé serait tout de suite allé demander une audience auprès de notre Reine, et qu’est-ce que je faisais pour ma part? J’essayais de juger les actes de ces organisateurs de l’ombre et de l’Ultimage par moi-même, tentant de vérifier la véracité d’une hypothèse qui vrombissait bruyamment au fond de ma tête.

Peut-être étais-je tout aussi insensé que tous ces gens, mais en mon for intérieur, je ne pouvais laisser ce secret m’échapper. Je devais savoir, ne serait-ce que pour connaître ma prochaine action. Cependant, je ne pensais pas qu’aujourd’hui soit le grand jour. J’avais arpenté les alentours, interrogés quelques employés du château, à leur sortie de celui-ci, sans pour autant trouver, avec précision, ce que je cherchais.

« Demain sera peut-être plus fructueux », concluais-je après avoir évaluer l’heure et rebrousser chemin pour rejoindre ma chambre, auprès des miens.


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Peut-être croirons-nous à la chance ou au choix hasardeux du Destin – qui pouvait être tout aussi risible que cette dernière affirmation – mais le fait est, qu’après des jours d’attente, d’écoute et d’observation, non loin des environs du château, je parvins enfin à obtenir le maillon manquant de mon enquête. Je commençais, en toute franchise, à désespérer quant à l’évolution de celle-ci, mais aujourd’hui semblait être un bon jour, où le soleil ravissait les cieux et où la chance, de mon côté, me souriait.

Ici et là, lors de mes explorations au sein de Cael, il m’avait été possible de croiser certains gens du peuple, des plus fortunés à ceux qui ne possédaient, certes, le même capital, mais qui vivaient tout aussi bien qu’eux. Une diversité de races déambulait dans les rues de la cité, autant d’hères que je m’étais plu à observer et à analyser dans leur quotidien jusqu’à ce qu’une bribe d’informations capte mon attention, non loin d’un banc à proximité du palais royal. C’était au détour de quelques chemins, un parmi les dizaines qui serpentaient le cœur de la ville magicienne, que je m’étais arrêté, dubitatif, en écoutant un échange particulièrement intéressant entre deux hommes. Ils n’étaient pas bien vieux, mais atteignaient aisément la trentaine d’années : l’un portait, avec une certaine élégance, une belle moustache soignée, tandis que le second portait une épaisse frange d’un roux incandescent qui lui tombait presque devant les yeux. Pour autant, si leur occupation me paraissait aussi futile que leur allure, au point où je les avais dépassés sans leur accorder un semblant d’intérêt, le sujet de leur conversation, par contre, attira toute mon attention. Presque comme l’on tirerait avec violence sur les rênes de son destrier pour éviter un obstacle apparu soudainement sur son chemin, j’avais suspendu mon pas en plein milieu de l’allée, gênant la marche de la femme qui me suivait et qui fonça droit dans mon dos, étouffant une courte expiration à la suite du choc.

« Ne vous arrêtez pas aussi soudainement en plein milieu de la rue, juste ciel! »

J’abaissais mon regard dans sa direction, légèrement surpris de me retrouver face-à-face avec la contrariété de son faciès. Pour tout dire, mon attention s’était si bien éprise de cette bribe de conversation qu’elle n’en avait oubliée, durant les secondes qui suivirent, la réalité et l’activité qui nous entouraient. C’est pourquoi, je repris rapidement contenance, aidant la jeune femme à récupérer les emplettes qu’elle avait échappé à la suite de notre fortuit contact.

« Toutes mes excuses. Je ne faisais pas attention. »

La jeune femme avait légèrement redressé la tête dans ma direction et avait fini par soupirer, son déplaisir – je pouvais le sentir – disparaissant non pas seulement des traits de son visage, mais également de son esprit. Elle paraissait, même, un peu amusée par la situation.

« Ne vous en faîtes pas, c’est oublié… »

Elle me jeta un nouveau regard en biais, mais mon attention se concentrait exclusivement sur les deux hommes qui, ayant été témoins de l’incident, s’étaient brièvement arrêtés pour contempler la scène avant de reprendre le fil de leur conversation. Prestement, j’aidais la jeune femme, laissant tomber dans le creux de ses bras les sacs qu’elle avait échappé par ma maladresse. Elle voulut me remercier, peut-être même rajouter quelques propos à ces gratifications en sollicitant mon attention, mais je m’éloignais déjà de sa personne lorsqu’elle eut ouvert la bouche et laisser échapper certains mots que je perdis, bien rapidement, dans le cœur des bruits de la capitale.

« Veuillez m’excuser! Messieurs? »

Une fois de plus, je les dérangeais en plein milieu de leur échange et le moustachu haussa un sourcil à mon appel, paraissant plus sceptique que son collègue à la longue tignasse.

« Désolé de m’incruster de la sorte dans votre conversation, mais je n’ai pu m’empêcher de tendre l’oreille à cette dernière… »

Les deux hommes se fixèrent, incertains.

« Veuillez nous pardonner, mais nous devons partir. »

Le roux donna un léger coup de coude à son partenaire, le prenant légèrement à part pour lui chuchoter quelques mots à l’oreille. Après quoi, le moustachu sembla légèrement s’énerver.

« Excuser-nous… » Me répéta-t-il en se redressant.

Pendant une longue pause, je restais silencieux, les scrutant comme ils me scrutaient : avec prudence. Cependant, après un instant, mes épaules s’affaissèrent et je relâchais un soupir entre la commissure de mes lèvres.

« S’il-vous-plaît, j’ai besoin de savoir… »

Une fois de plus, je les arrêtais, tandis qu’ils s’apprêtaient à me tourner le dos après avoir quitté le banc sur lequel ils s’étaient assis.

« Et nous, nous devons partir.

- Je suis…

- Nous savons très bien qui tu es, Yüerell. »

Je me figeais sur place, les fixant avec un nouvel intérêt.

« Vous savez?

- Bien sûr! L’Ange devenu célèbre pour avoir gagné la fève en or de la Reine. Qui ne le saurait pas?

- … Certes. Mais ce n’est pas pour cela que vous avez capté mon attention.

- Nous savons très bien pourquoi, merci.

- Alors, expliquez-moi qu’est-ce que c’est que cette histoire. »

Je me rapprochais des deux hommes, posant une main sur chacune de leurs épaules.

« Je ne veux porter préjudice à personne, ayez foi en mes paroles. Tout ce que je veux, c’est comprendre, leur chuchotais-je en penchant mon visage tout près de leurs oreilles. Comprendre pourquoi des Anges voudraient trahir leur Souveraine pour placer l’Ultimage sur le trône des Ailes Blanches. »


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La conversation aurait pu durer des heures et des heures, mais je n’aurais pas pu leur soutirer plus d’informations que ce que j’avais déjà obtenu d’eux. Ils étaient prudents et je pouvais saisir, avec un peu plus de compréhension à présent, pourquoi ils s’étaient montrés si réticents à m’en parler, aux premiers abords. Outre le fait que je les avais accostés sans préalable, ils me connaissaient non pas seulement pour être le futur cavalier de la Reine des Magiciens à l’occasion de la nuit du Lux In Caelum, mais aussi pour être de ces « Anges extrémistes qui sont tellement envahis par la haine qu’ils en oublient les véritables problèmes » de notre nation en perdition. Cela étant dit, laissant couler le mépris, qu’ils pouvaient ressentir à mon endroit et à l’endroit de ceux qui partageaient mon idéologie, sur ma peau, je finis néanmoins par les convaincre de délier leur langue. Pas de noms, une discussion dans le parfait anonymat, à l’exception de ma propre personne, puisqu’ils ne désiraient en aucun cas avoir de problème quant à une possible dénonciation de ma part.

« Vous avez ma parole, leur avais-je, toutefois, assuré. Je ne veux de mal à personne. Tout ce que je veux, c’est comprendre et savoir comment la Reine est parvenue à mettre la main sur cet artéfact sacré », avais-je poursuivit en murmurant, tandis que nos pieds nous enfonçaient dans les routes de Cael.

Malgré toute la sincérité qui avait pu émaner de mes paroles, aucun de mes deux interlocuteurs ne s’étaient risqués à dévoiler leur identité et ceux de leurs compatriotes avec qui ils partageaient le secret. Je n’avais aucune idée de leur nombre, de leur puissance ou bien de leur influence. Pouvaient-ils y avoir des proches de l’Élue des Cieux? S’agissait-il uniquement de la décision d’un groupe de citoyens angéliques qui s’était risqué à agir de la sorte? Je n’avais aucun moyen de le savoir, surtout parce que ces deux hommes ne désiraient en aucun cas ébruiter plus que cela l’affaire. Je respectais leurs volontés, mais ô combien il était difficile pour moi de ne pas en être frustré.

Néanmoins, en contrepartie, je pus mettre la main sur ce que je recherchais, ayant écouté le point de vue de ces Anges à la pensée diamétralement opposée à la mienne. Diamétralement? Peut-être était-ce exagéré, puisque, finalement, nous partagions certaines idées en commun. Cela étant dit, ce n’était pas pour autant que j’adhérais à leur action, ni même à leur plan. Car, oui, mon hypothèse s’était avérée juste : la Couronne que l’Ultimage avait en sa possession était un as que ces Anges espéraient utiliser afin de destituer la présente Élue des Cieux de son trône. Toutefois, je devais accorder un certain crédit quant au raisonnement qu’ils me partagèrent à la suite du grognement que j’avais relâché, visiblement en désaccord avec les actions qu’ils avaient posé contre leur Souveraine.

« Avez-vous la moindre idée de ce que vous allez causer?

- Ce sera toujours mieux que de laisser Asriel nous couler de la sorte, rétorqua le moustachu en grommelant. Nous avons pensé faire la meilleure chose pour notre peuple. »

Il s’était tu, jetant une brève œillade en direction de son camarade.

« Actuellement, l’Apakan n’a qu'un très faible pouvoir militaire, économique et, surtout, politique. Et, pour tout t’avouer, elle ne fait rien pour se faire apprécier par ses propres sujets non plus… »

Je l’avais laissé parler, sans mot dire.

« Bref, Asriel est impuissante malgré son statut et ne peut agir sans l’aval de l’Ultimage.

- Parce qu’elle ne possède aucun pouvoir décisionnel sur le territoire des Mages Blancs. »

Et sur aucun autre territoire, d’ailleurs.

« Exactement. Et imaginez-vous, à présent, la situation si l’Ultimage devenait l’Élue des Cieux. Les décisions se prendraient plus rapidement, il serait plus aisé de rétablir notre peuple, de redresser notre économie, d’entretenir de nouvelles relations interraciales… »

Silencieux comme une tombe, je réfléchissais à leur raisonnement, comprenant, également, le pourquoi du besoin de cette Couronne dans l’application de leur plan. Si l’Ultimage ne devenait pas seulement Reine, mais Ange, surtout, son cœur serait parmi les nôtres et il serait tellement plus facile pour elle de se mettre dans notre peau et notre situation, parce qu’elle serait comme nous.

« Et comment comptez-vous légitimer l’ascension au trône de l’Ultimage? »

Comme un seul homme, le rouquin et le moustachu se tournèrent dans ma direction.

« Allez-vous mentir au peuple en leur bourrant le crâne de fausses assomptions? »

Silence.

« Parce que cela m’étonnerait grandement qu’Heylik accepte de céder sa couronne. Même pour l’Ultimage, concluais-je en leur lançant un regard. Surtout pour l’Ultimage. »


☯ 773 mots | 4 post | Fin