Je t'ai regardé toute la nuit

Musique ;D

« Hum. ». « Qu’y a-t-il ? ». L’Orine demandait pour la forme. Il savait parfaitement ce qui tracassait sa maîtresse ou, plutôt, ce qui la hantait. « Je ne comprends pas. » fit-elle, tenant entre ses doigts la Couronne des Cieux. « Elle devrait me rendre bien meilleure… ». Elle réfléchissait à ses sentiments. Mettre l’artefact sur sa tête chamboulait ce qui était établi. La passion qui l’habitait en temps normal disparaissait pour laisser place à une frigidité étrange. Plus que cela, en tant qu’Ange, elle ne croyait plus en l’amour. Était-ce les effets secondaires d’un objet qu’elle ne maîtrisait pas encore ? « Vous devriez arrêter de jouer avec. La mettre et l’enlever à quelques minutes d’intervalle n’est sans doute pas judicieux. ». La Magicienne figea son regard dans celui de Kyo, semblant un instant vouloir lui souffler une remarque déplaisante avant de se raviser. « Non, effectivement, je ne suis pas expert en ce genre de choses mais je ressens votre trouble… et il ne fait que s’accroître. » répondit-il à son silence. Edwina observa l’objet un instant avant de le faire disparaître. « Je t’ai déjà dit de me tutoyer. ». « Je sais mais, au fond, vous préférez que je vous vouvoie. ». Il sourit, approchant son visage du sien, lentement. Elle soupira. « Avoir un Monarque Démoniaque de compagnie n’est pas aussi drôle que je l’espérais. ». « On ne dompte pas l’indomptable… Et je suis une Orine. ». « C’est vrai. Même sa statue est plus farouche que toi. ». Elle lui sourit à son tour, soudain légèrement amusée. Une idée venait de traverser son esprit. « Non. Ce n’est pas raisonnable. Vous avez un peu trop bu et… ». « Oh ça va. Ce sera amusant et puis, au pire, je mourrai. Rien de bien embêtant. Il semble même que ce soit à la mode chez les Souverains en ce moment. ». « Si j’avais le pouvoir de vous attacher, je le ferais. ». « Oui mais tu ne peux pas et, en plus, tu dois m’obéir. Reste sagement ici, je reviens. Ou pas. ».

Ce n’était pas simple. Atteindre la Terre Blanche lui prit du temps, plus que si elle avait choisi de se rendre en Enfer. Seulement, bien que légèrement éméchée et, surtout, un tantinet droguée par les effets secondaires de la Couronne des Cieux, elle avait opté pour l’option la moins risquée. Elle était à peu près certaine que pénétrer une terre contrôlée de bout en bout par son homologue maléfique reviendrait à se suicider. L’idée de tester la fiabilité de Zane l’avait effleurée mais leur dernier tête-à-tête avait été un peu trop mouvementé pour qu’elle s’y autorise maintenant. Non, elle avait simplement envie de jouer, en sachant pertinemment qu’il y avait peu de chances pour qu’il se trouve dans les parages. Un petit sourire éclaira son visage lorsqu’elle apparut au beau milieu des ruines de l’ancienne cité angélique. Elle se demandait pourquoi elle n’avait pas encore déclaré la guerre aux Démons. Elle ferma les yeux un instant, ayant l’impression qu’une partie du pouvoir de la Couronne ne l’avait pas quittée. Kyo avait raison, finalement. Ce n’était pas une bonne chose de jouer avec la magie d’un tel artefact. Il fallait pourtant qu’elle s’habitue à celui-ci. Le problème c’est qu’elle s’était accoutumée à quelque chose de beaucoup plus addictif. Que faisait-elle là, déjà ? « Que faites-vous ici ? » demanda une voix dans son dos. Elle rit. « C’est amusant, je me posais exactement la même question. » déclara-t-elle, tout en se retournant. Rousse pour l’occasion, elle était aussi vêtue qu’un nouveau-né. Elle se rappelait les paroles de Lhyæræ : « Si vous vous mettez nue deux ou trois fois devant de parfaits inconnus, je vous garantis que vous n’aurez plus jamais honte de quoi que ce soit. Vous pouvez commencer par le faire devant moi, si vous voulez. ». Elle soupira. Étrangement, elle n’était pas troublée par son état, sans doute un autre effet de son alternance d’essence à répétition. Ange, elle n’avait jamais ressenti de gêne quant à son physique. La nudité lui paraissait exempte de toute connotation sexuelle. Néanmoins, elle choisit de se créer une parure pour l’occasion, confectionnant en quelques secondes une tunique en soie. Elle avait l’impression d’être à la fois fiévreuse et possédée par des idées contradictoires. « J’avais rendez-vous ici avec le Monarque Démoniaque mais il semble qu’il ait trouvé mieux à placer dans son lit. Dommage. Ce ne sera pas avant le mariage, il faut croire. ».

Quelque chose attira soudainement son attention. Dans le ciel venait d’apparaître la figure éthérée d’un hibou. « Oh. » fit-elle, consciente qu’il s’agissait du signal annonçant le début imminent de la Coupe des Nations.