Monsieur. Un notaire vous attend dans le salon.

Raeden haussa un sourcil. Comment ça un notaire l'attendait dans le salon ? Lui-même ne savait pas qu'il allait réapparaître ici avant d'avoir franchi le portail sur l'île.

Nous lui avons dis que nous ne savions pas quand vous alliez revenir mais il a répondu qu'il n'était pas pressé et qu'il patienterait.

Le majordome tentait de garder un ton et une allure digne mais cela se voyait qu'il se demandait ce qui était en train de se passer. Après tout, l'Ange avait disparu quelques jours sans que personne ne sache où il était. Alors comment quelqu'un d'extérieur aurait-il pu paraître aussi sur de lui quant au fait que le propriétaire des lieux réapparaîtrait ici ? Assurément, il cachait quelque chose.

Bien. Merci. Faites nous apporter une collation. Ce sera tout.

L'Immaculé ne pouvait pas répondre aux interrogations muettes de son employé étant donné que lui-même n'en savait, pour le moment, pas assez. Il poussa la porte du salon et s'avança lentement, prenant tout son temps pour observer l'homme assis dans le canapé en face de lui. En fait, il avait l'être un bureaucrate tout ce qu'il y avait de plus normal. Un gars à la calvitie naissance, aux lunettes en cul de bouteille perchées sur le nez, à la petite moustache en croc, droit comme un « i » sur le divan, les genoux collés, une mallette posée dessus et les mains à plat symétriquement alignée sur son couvercle. Lorsqu'il aperçut Raeden, il se leva, gardant la petite valise dans une main tandis qu'il tendait l'autre. L'hôte la lui serra.

Monsieur Liddell, enchanté de faire votre connaissance.

Moi de même, Monsieur … ?

Oh pardon. Monsieur May.

Monsieur May. Que puis-je faire pour vous ?

Le guerrier fit signe à son invité de s'asseoir dans le canapé pendant que lui-même prenait place dans le fauteuil en face de lui, uniquement séparés par une table basse. Le notaire posa sa mallette sur cette dernière, avant de l'ouvrir.

Je suis mandaté par un monsieur, préférant garder son anonymat, pour vous remettre ceci.

Il sortit une feuille de sa valise avant de la tendre à Raeden. Ce dernier mit quelques secondes pour prendre connaissance de ce que cela représentait. C'était un titre de propriété pour une parcelle de terre sur l'île d'Orahza, au cœur de la Mer de la Méduse. Ses yeux quittèrent le document pour revenir se fixer sur le chauve. A cet instant, un coup fut frapper à la porte du salon. Sans attendre d'invitation, la porte fut poussée et le majordome entra, poussant un chariot garni. Il vint se poster à côté de la table basse, mettant le contenu du chariot sur cette dernière. Il posa une serviette aux côtés de l'Ange avant de faire demi-tour et de sortir de la pièce en refermant silencieusement la porte derrière lui.

Que me vaut cette honneur ?

Raeden attrapa la serviette et s'en servit pour éponger les blessures visibles sur son corps. Il revenait tout juste de l'île où il avait affronté le monstre et il n'avait pas eu le temps de passer par la case nettoyage et soin.

Malheureusement, je ne peux pas répondre à cette question. Je n'en sais pas plus moi-même. C'est ainsi qu'agit mon client. Sous couvert d'anonymat, il distribue des parcelles de terre de l'île d'Orahza au petit bonheur la chance, sur des critères que lui seul connaît. … Ah, j'allais oublier ..

Le notaire fouilla dans la mallette une nouvelle fois et en sortit une enveloppe qu'il tendit à son interlocuteur. Dessus était noté en lettre capitale « Raeden Liddell ».

On m'a remis ça juste avant que je ne vienne vous voir. Je ne connais pas l'auteur. A croire que l'anonymat est à la mode en ce moment. En tout cas, j'en ai à présent terminé ici, Monsieur. Si vous permettez, je vais prendre congé.

Les deux hommes se levèrent en même temps, l'Immaculé raccompagnant le chauve jusqu'à la porte d'entrée. Ils se serrèrent la main.

Rentrez bien chez vous et merci.

Au revoir.

L'homme partit et tandis que Raeden faisait demi-tour pour regagner le salon, le majordome refit son apparition.

J'ai fais préparer un bain chaud à monsieur.

Merci Albert.

L'Ange attrapa la lettre cachetée sur la table basse et l'ouvrit. Dedans, juste un morceau de parchemin avec quelques mots calligraphiés dessus. « La terre peut enchaîner les Hommes ou les affranchir. Elle n’a nul dessein si ce n’est celui que son propriétaire lui donne. » Rien d'autre. Apparemment, la personne qui lui avait écrit ça avait été au courant pour la parcelle de terre, avant lui. Il regagna le hall.

Albert, faites préparer le navire et essayez de me trouver une carte de l'île d'Orahza. Je pars en expédition.

Après un bon bain et deux trois affaires à régler avant le départ.

878 mots
Post I

Le voyage en mer n'avait pas été trop mouvementé. Ils n'avaient pas croisés de Sirènes et à part un banc de méduse, qui n'avait pas posé de problème étant donné que personne n'était tombé à l'eau, aucune autre âme maritime ne s'était laissée voir. Avant son départ, Albert avait fait des miracles. Il avait réussi à dénicher une carte de l'île d'Orahza, comme lui avait demandé Raeden, mais il avait fait encore mieux en y notifiant les différentes parcelles qui la composaient. Il n'était pas aller jusqu'à y noter le nom des heureux propriétaires tout simplement parce qu'il ne les connaissait pas. Cependant, il semblait que certaines appartiennent encore au mystérieux inconnu. En tout cas, elles n'avaient apparemment pas de preneur pour l'instant. C'était sur l'une de ces parcelles, adjacente à la sienne, que l'Ange avait choisi d'accoster. Il ne comptait pas s'y attarder, mais au moins c'était un moyen assez simple pour se rendre sur sa nouvelle propriété.

Ue plaine herbeuse et vallonnée, à la température ambiante, accompagnée du chant des oiseaux. Voila ce dont Raeden avait hérité. Au premier regard, cela paraissait plutôt prometteur. Maintenant, il ne restait plus qu'à explorer plus attentivement ce territoire pour découvrir ce qu'il recelait et ce qu'il pouvait apporter. L'Ailé décida donc de faire une première inspection en volant. Ainsi, il aurait une vue globale de l'étendue du terrain et pourrait voir plus facilement sa géographie dans l'ensemble. Faisant apparaître ses ailes, il prit son envol, se laissant porter par les courants d'air ascendants. Pendant un temps, il devint le compagnon des oiseaux curieux qui venaient voir ce qu'était ce nouvel habitant aérien. Au loin, il pouvait voir une grande étendue forestière. Et encore plus loin, tout le long de l'horizon, traversant l’entièreté de l'île, une chaîne montagneuse qui coupait le paysage. Un autre jour, une autre fois, quand il aurait le temps, il pousserait certainement jusque là-bas pour essayer de savoir ce qui s'y cachait, ce que l'autre côté recelait. Mais pour le moment, c'était sa nouvelle terre qu'il devait explorer.

La première impression était la bonne. C'était bien un territoire de prairies dont il s'était vu octroyer la charge. Des plaines herbeuses légèrement vallonnées, parsemées de quelques buissons, arbustes et bosquets. Par ci par là, il pouvait observer un ou deux cours d'eau qui serpentaient entre les collines. A part les oiseaux, la zone était aussi peuplée d'autres espèces animales. Il vit quelques cervidés en train de tranquillement brouter, des jeunes s'amusant à s'affronter. Il y avait aussi des lapins et autres lagomorphes, qui s'enfuyaient à la vue de son ombre, le petit pompon blanc de leur queue visible depuis le ciel. Tout ceci était plutôt bon signe et encourageant. C'était loin d'être une morne plaine sans vie ni avenir. Même si toute cette étendue était à l'état sauvage, elle était prometteuse. Raeden ne savait pas pour quelles raisons le mystérieux propriétaire de l'île lui avait offert gracieusement cette parcelle de terre mais en tout cas, il l'en remerciait. Cela demanderait du temps et de l'argent mais il savait déjà ce qu'il allait en faire. En tout cas, il en avait une idée. Après, il fallait juste qu'il étudie un peu plus en profondeur la question.

L'Ange vola ainsi plus d'une heure à explorer du ciel le terrain. Il n'y avait pas besoin d'autant de temps pour survoler la parcelle mais l'homme préférait prendre son temps. Il ne comptait pas laisser cet endroit vierge. Mais pour ça, il avait besoin d'en appréhender chaque déclinaison, d'en connaître presque chaque arbre. Il n'était pas géologue, ni architecte ni quoique ce soit d'autre du genre, mais il n'était pas idiot non plus et il savait réfléchir. Il pouvait donc très bien poser théoriquement les bases, prendre les premières mesures, la température du lieu pour que le final puisse tendre dans le même sens que le lieu et non pas en contradiction avec lui. Et puis, il ne comptait pas repartir à peine arrivé. S'il avait choisi de prendre le bateau, c'était pour avoir le temps de poser ses pensées durant le voyage. Maintenant, il voulait faire la même chose ici. Avancer étape par étape. Ne pas faire durer les choses inutilement mais ne pas non plus bâcler le tout en allant trop vite.

775 mots
Post II

La nuit était tombée. Il était temps pour Raeden de regagner la terre ferme. Il aurait pu rejoindre le navire qui mouillait non loin de la plage. L'équipage devait d'ailleurs certainement avoir mis pied à terre sur le sable fin mais lui avait prévu de bivouaquer sur ses terres. Il avait déjà connu des lieux qui changeaient du tout au tout dès l'instant où le soleil passait sous la ligne de l'horizon. Si cette terre avait une telle caractéristique, il préférait le découvrir maintenant plutôt que le jour où il commencerait à construire quelque chose. Il serait d'ailleurs préférable qu'il revienne aussi pendant les diverses saisons qui s'enchaînaient sur l'île. Il ne pouvait cependant pas aller plus vite que la musique. Pour le moment, il profitait donc de l'instant présent. Cette cession de terrain était une aubaine par les temps qui courraient et il ne fallait pas la gâcher en voulant faire les choses trop vite. Il se souvenait d'un de ses professeurs, quand il n'était encore qu'un marmot, qui aimait répéter que plus les choses étaient importants, plus il fallait prendre son temps et s'appliquer pour les faire. Bien des années après, lui-même essayait d'appliquer ces enseignements.

L'Ange avait choisi de s'installer non loin d'un cours d'eau, à l'orée d'un petit bosquet d'arbustes. Il s'était d'ailleurs rendu compte que celui-ci comptait parmi ces plantes, quelques arbres fruitiers sauvages. Il avait décidé de goûter quelques uns des fruits, pour l'occasion, pour voir ce qu'ils donnaient. Quoi qu'il en soit, cela laissait présager que la terre était assez fertile pour faire de la culture. Il ne fallait pas non plus que cela soit à outrance, sinon, ils risquaient de l'appauvrir. L'Ailé alla récupérer du bois mort, des brindilles qu'il trouvait dans les environs, pour pouvoir s'allumer un feu. Même si la température était pour le moment agréable, c'était toujours mieux de manger chaud. Et puis, le feu avait généralement l'avantage de chasser les possibles prédateurs. Il n'en avait pas vu lors de son vol au dessus de la zone, à part quelques renards, mais cela ne voulait pas pour autant dire qu'il n'y en avait pas. Ce qui n'était pas non plus un mal. Il fallait un équilibre en toute chose.

Le feu crépitait tandis que les flammes venaient lécher le lapin mort et doucement rôtir sa chair. De temps en temps, Raeden faisait tourner la tige sur laquelle était fixée la carcasse. Cela allait être son repas du soir, avec les quelques fruits qu'il avait cueilli et une ou deux bricoles qu'il avait pris avec lui avant de venir ici. Calé contre un rocher, il était en train de noter dans un carnet toutes les informations qu'il avait recueilli sur cette endroit durant son excursion de la journée. Chaque détail, même infime, était notifié entre ses pages. Présentement, il essayait de faire une carte représentative des lieux en tentant de garder une échelle plus ou moins correcte et correspondant à la réalité mais il n'était pas cartographe et même si son coup de crayon n'était pas trop moche, ce n'était pas non plus un chef-d'oeuvre, loin de là. Pour le moment, de toute façon, s'il faisait tout ça, c'était juste pour amasser des données dans le but ensuite de les compiler. A cet instant là seulement, il ferait appel aux experts.

Il n'en était cependant encore pas là. De toute façon, malgré le feu, il faisait à présent trop nuit pour continuer à prendre des notes et à dessiner. Il rangea donc le calepin dans son sac avant de glisser ce dernier sous sa tête pour s'en servir comme support. Il étendit sur lui une couverture, le regard perdu dans la contemplation du ciel, à écouter les bruits de la vie sauvage nocturne. Une nuit à la belle étoile. Ca ne pouvait jamais faire de mal. Le moyen d'oublier un instant la civilisation, de se reconnecter à la nature. Avec les derniers jours mouvementés qu'il avait vécu, un peu de calme était le bienvenue. Même si à n'en pas douter, le répit ne serait que de courte durée.

734 mots
Post III

Prendre un bain dans une rivière était toujours une bonne façon de commencer une journée. Ca permettait déjà de se décrasser, de faire peau neuf, que cela soit au sens propre comme au figuré. Ca lui donna même l'occasion de voir une biche se désaltérer au bord de l'eau. Cependant, dès que l'animal l'aperçut, il fit demi tour à toute vitesse, regagnant la sûreté de l'endroit d'où il venait. Après s'être ainsi rafraîchi et rhabillé, Raeden récupéra un peu d'eau dans une gourde vide qu'il avait apporté à cet effet. Il comptait ramener ainsi plusieurs éléments de son voyage pour les montrer à des experts ou en tout cas des gens qui s'y connaissaient un peu plus que lui dans ses domaines, dans l'intention ainsi qu'ils lui en apprennent plus sur les lieux et sa capacité à accueillir un peuple, ou en tout cas, une partie de ce dernier. A premier vue, il ne devait pas y avoir de problème. Les animaux qu'il avait vu vivant ici semblaient en bonne santé.

L'Ange remballa ses affaires, ramassa un peu de terre qu'il mit dans un sac avant de prendre le chemin du retour, mais cette fois-ci à pied. Cela aurait certes était plus rapide en volant, mais c'était au sol que cela se passerait, pas dans les airs, si quelque chose devait être fait ici. C'était aussi l'occasion de voir sous un autre œil le lieux, de possiblement découvrir des particularités qui auraient pu lui échapper vu du ciel ou bien se renseigner sur quelque chose qui avait attiré son attention quand il était là-haut. Et en même temps, bien sur, cela lui permettait de prendre des échantillons, de ramasser des éléments du décor pour les étudier plus tard. Il allait assurément revenir plus chargé que quand il avait quitté le navire. Cependant, il ne souhaitait pas non plus trop traîner. D'autres affaires l'attendaient sur le territoire temporaire des Anges. Son absence, entre sa téléportation sur l'Île Maudite, le voyage en bateau et l'acquisition de cette nouvelle terre, n'avait fait que trop durée.

Le paysage pas trop escarpé permettait d'avancer à une bonne allure. Les cours d'eau qu'il avait croisé sur son chemin jusqu'à présent n'avaient pas présenté de difficultés particulières à traverser. De toute façon, il lui suffisait de voler si besoin était. Certains avaient un faible débit, paresseux, tandis que d'autres présentaient un petit peu plus de force. Toutefois, cela restait gérable pour si un jour on décidait de se mettre à naviguer dessus. Il ne restait qu'à savoir où exactement ils allaient se jeter dans la mer, mais cela serait probablement le sujet d'un autre voyage de repérage ici. Car après tout, il ne pouvait pas tout observer en une seule fois. Cela ferait bien trop d'information d'un coup et surtout, ce serait le risque de râter quelque chose qui pourrait avoir son importance. Savoir prendre son temps, faire les choses étapes par étapes même si c'était vrai de parfois, on préférerait que tout aille plus vite, pour ne pas avoir l'impression de stagner.

D'ailleurs, il avait quasiment atteint la plage. L'un des marins était resté sur la plage tandis que les autres avaient déjà regagné navire, probablement dès le matin, pour s'occuper de ce dernier.

Bonjour monsieur. Votre expédition s'est bien passée ? Je fais appeler la barque ?

Oui, s'il vous plaît Richard. Merci. Ca a été instructif.

S'il avait été seul, il aurait facilement pu regagner le navire en volant, mais du coup, il allait attendre avec le matelot. Ce dernier se mit d'ailleurs à secouer un drapeau en direction du bateau amarré à l'ancre un peu plus loin dans la baie. Quelques minutes plus tard, ils purent voir une barque être mise à la mer et prendre leur direction avec une personne à bord. C'était le début de la fin du voyage. Bien évidemment, il leur fallait encore ensuite regagner leur port d'amarrage, il ne devait normalement pas y avoir trop de problème durant le trajet. Quoiqu'en mer, entre les monstres marins, les Sirènes et les caprices de l'eau, on ne pouvait jamais vraiment être sur. Quoiqu'il en soit, cela pouvait être la fin d'un voyage, mais l'Ailé était sur d'une chose, c'était que c'était le début d'une aventure.

763 mots
Post IV