Catégorie de quête : IX - Aprentissage
Partenaire : Solo
Intrigue/Objectif :Bellada garde plusieurs de ses petits enfants. Orlane, qui la voit cueillir de la lavande, lui demande de lui apprendre ce qu'elle s'apprêtait à faire : des navettes de lavande.

« Qu’est-ce que tu fais Mamie ? » Bellada se redressa, les bras remplis de longues tiges où pendaient de petites fleurs mauves. « Je récolte des brins de lavande, Loustique. » « Et c’est pour quoi faire ? » « Pour faire des navettes de lavande. » « Des quoi ? » La vieille dame sourit à la fillette qui lui faisait face. « Des navettes de lavande. » « Est-ce que ce sont les drôles de choses qui pendent en haut de nos armoires lorsque l’on vient chez toi ? » « Exactement ! Tu as l’œil dis-moi ! » « Mais c’est toi qui les fait ? Toute seule ? » « Eh oui ma puce. Il faut bien que j’occupe mes journées ! » « Ouah ! Mais t’es trop forte mamie ! Tu peux m’apprendre ? » Bellada, un ciseau à la main pour couper les fleurs, s’approcha de la petite table en bois du jardin et y posa le bouquet qu’elle avait déjà récolté. Elle souleva le petit chapeau de paille qu’elle avait sur le sommet de la tête et essuya le filet de sueur qui commençait à perler le long de son front. « Si tu en as envie mon Loustiques. » « Mais… » La fillette fronça les sourcils, réfléchissant à deux fois. Elle semblait sur le point de se raviser. « Ce n’est pas trop compliqué à fabriquer ? Tu penses que je peux y arriver ? » « Sais-tu compter jusqu’à trois ? » La jeune Ward regarda son ancêtre comme si elle avait perdu la tête. « Bien sûr que je sais compter jusqu’à trois. » « Bon, eh bien dans ce cas, il n’y a aucune raison pour que tu n’y parviennes pas. » Un sourire balaya le trouble de l’enfant. « Haha, d’accord ! Alors, comment fait-on ? » Orlane s’approcha de sa grand-mère et commença à jouer avec les brins de lavande déposés sur la table. « Pour commencer, il faut ôter toutes les feuilles le long des tiges. Les fleurs qui ont poussé trop bas également. » Montrant la manœuvre à la plus jeune, Bellada s’occupa de dénuder la tige d’un brin, enlevant tout ce qui trouvait en dessous du paquet formé par les fleurs bleutées. Bien vite, l’enfant imita la plus âgée.  « Et ça mamie, c’est trop bas ou je peux le laisser là ? » « Celui-ci c’est bon. De façon général, enlève tout ce qui est en bas des dix premiers centimètres. » « D’accord. » Appliquée à la tâche, les deux filles décortiquèrent minutieusement chaque brin. « Tu sais mamie, j’adore venir chez toi. » La remarque étira les lèvres de l’interpellée. « Tu sais pourquoi ? » « Non, dis-moi tout Loustique. » « Parce que quand on vient chez toi, tu nous apprends toujours à faire des choses rigolotes. » Cette phrase fit rire la dame âgée. Effectivement, pour que sa maison ne ressemble pas à une foire, elle devait se démener pour trouver de quoi occuper ses petits-enfants. Heureusement pour elle, ils appréciaient tous les activités manuelles.

Une fois que la première étape fut terminée, la magicienne s’assit sur le petit banc, fatiguée de rester debout. « Bien, maintenant, il faut les regrouper par paquets de trente-trois. » « Trente-trois ? C’est obligé ? » « Oui, sinon les rubans ne seront pas alternés. » « Les rubans ? » « Oui. D’ailleurs, je les ai laissés à l’intérieur. Continue un instant sans moi, je vais les chercher. » Bellada se mit debout et rentra à l’intérieur de sa maison en pierre. Elle se dirigea vers son petit coffret de couture qu’elle ouvrit et prit à l’intérieur plusieurs rouleaux de rubans. Elle en possédait une collection entière, de couleurs et de tailles différentes, unis ou avec motifs… Cette fois-ci elle ne prit avec elle que les rubans les plus fins. Ils ne faisaient pas plus de quatre ou cinq millimètres de largeurs. Elle retourna s’installer à l’extérieur, et recommença à trier la lavande. « Oh, il y en a plein ! On va mettre tout ça dedans ? » « Oh non, on n’a besoin que d’un seul ruban pour chaque navette, mais on n’en aura pas que deux à faire. Autant changer, plutôt que de toujours faire les mêmes. » « Mmh… » Elle semblait d’accord. Bellada sourit de plus belle. « Bien, arrêtons-nous là pour l’instant, on continuera plus tard si besoin. » La vieille dame regroupa l’un des paquets devant elle. « Maintenant, il va falloir aligner toutes les tiges ensemble. » « Les aligner par le bas ? » « Non, par le haut. » Encore une fois, elles se mirent à effectuer ce qu’indiquait la plus ancienne. La mage blanche glissa son regard sur le travail de sa petite fille. « Oh, attend mon Loustique. Je me suis mal exprimée. Il faut aligner le bas des fleurs ensemble. Pas leur sommet. » « Rhoo Mamie. Maintenant, je dois tout recommencer. » La vieille dame rigola. « Si tu rouspètes déjà, attends de voir la suite ma chérie. » Une fois que les deux bouquets furent correctement alignés, Bellada montra d’un signe de tête les rubans qu’elle était allé chercher. « Tu peux en choisir un. » La fillette hésita un instant. « Est-ce que l’on voit les fleurs de la lavande lorsque tout est terminé ? » « Non, tu n’as pas à te soucier d’accorder les couleurs. » « Dans ce cas, je vais prendre celui-ci. » Orlane s’empara d’un ruban bleu ciel. « Prends en un second pour moi s’il te plait. » Cette fois-ci, la blonde s’empara d’un ruban rose fuchsia. « Merci. Bien, maintenant, il va falloir faire un nœud pour qu’ils tiennent tous en place. Oui voilà, juste en dessous des fleurs. Mais le brin qui dépasse doit faire au moins une trentaine de centimètres. » Bellada fit un premier nœud pour tous les rassembler. « Pour être certaine que tout est bien en place, tu peux tirer doucement sur les tiges, pour t’assurer qu’elles sont toutes à la bonne hauteur. » Orlane s’exécuta. « Maintenant, il faut retourner le bouquet, les tiges en l’air et les fleurs en bas. Voilà. Ensuite, il faut plier doucement les tiges, pour les rabattre par-dessus la lavande. Mais attention, il ne faut pas les casser pour autant. Voilà comme ça, tu fais le tour en essayant de tous les espacer de la même manière. » « C’est un peu compliqué… » « Oui c’est vrai la première fois… Mais ce n’est pas grave si ce n’est pas parfait. » Les doigts experts et habitués de la magicienne bougeaient sans qu’elle n’y réfléchisse. De temps à autre, elle jetait des coups d’œil sur le travail de sa disciple pour s’assurer que tout se passait correctement. « Il faut bien serrer les brins par-dessus les fleurs, n’ait pas peur de les abimer. De toute façon, on ne les verra plus à la fin. Tu peux les empoigner fermement. »

« Bon, c’est maintenant que les choses sérieuses commencent. Tu peu venir t’assoir à côté de moi. » La petite dame tapota la place à sa gauche, et Orlane s’y installa gracieusement. « Tu te souviens quand je te demandais si tu étais capable de compter jusqu’à trois ? » La fillette fit oui de la tête. « Voilà pourquoi : Tu vas prendre le tissu relié à la bobine de ruban, et tu la passes par-dessus trois brins. Tu le passes ensuite par-dessous les trois suivants, et ainsi de suite, dessus-dessous-dessus-dessous. » « C’est grave si ce n’est pas trois ? » « Oui, ça casserait tout. » « Et l’autre côté du ruban, on en fait quoi ? » « Il faut le laisser à l’intérieur des brins, avec les fleurs de lavande. » « Mais à quoi il sert ? » « Ce sera pour faire une jolie boucle à la fin. Mais pour l’instant, nous n’en avons pas besoin, alors hop, on le laisse caché. » Se concentrant, Bellada se mit à tresser les brins avec le ruban avec l’habileté de quelqu’un qui avait fait des centaines de navettes dans sa vie. Ses doigts se souvenaient du mouvement, ils agissaient sans qu’elle n’ait besoin de réfléchir à ce qu’elle faisait. Ce qui lui demandait de l’attention, c’était de s’assurer qu’elle n’oubliait pas un brin ou qu’elle n’en embarquait pas un de trop. « Hum… Mamie… Tu n’as pas dit qu’il fallait alterner le ruban avec les brins ? » « Si c’est bien ça. » « Je crois que j’ai un souci. » « Fais-moi voir ça. » La grand-mère s’empara de la navette et se mit à l’examiner. « Tu es certaine qu’il y avait bien trente-trois brins ? » « Certaine, j’ai bien compté. » « Je n’arrives pas à voir d’où vient l’erreur. Il faut recommencer. » « Depuis le début ? » « Et oui, c’est ce qui arrive lorsque l’on se trompe. Mais il vaut mieux s’en rendre compte au début, comme maintenant. Ne te fais pas de souci. Je vais te le refaire rapidement. » « Non, c’est moi qui fait ! » Bellada, satisfaite de cette réponse, tendit le bouquet à la charmante demoiselle. « D’accord. Fais bien attention, il faut prendre son temps, au moins pour les deux premiers tours. » Les deux magiciennes se mirent ainsi à tresser, encore et encore. Pardessus, par-dessous. Le geste en devenait mécanique. Parfois, Bellada s’arrêtait pour donner quelques conseils pratiques à son apprentie. « N’hésite pas à tirer fort sur le ruban pour que la navette soit bien serrée. Ça empêchera également que les pétales de lavande ne s’échappent. » « Il faut que tu tiennes le tout d’une main, et que l’autre face le mouvement. » « Aide-toi de ton pouce pour bloquer le ruban juste avant devoir le faire passer par-dessous les brins. » De temps à autres, elles avaient également le temps de discuter. « Et qu’est ce que tu vas faire de toutes ces navettes ? » « Oh, je vais en remplir les armoires de la maison. Je vendrai les restes à nos voisins s’ils en veulent. » « Est-ce que tu crois que je pourrais emporter celle-ci à la maison ? » « Mais bien-sûr Loustique. Je n’en manque pas ! » « Est-ce que l’on est obligé de  faire ça avec de la lavande ? Ne peut-on pas ajouter d’autres parfums ? » « Le souci, ma chérie, c’est que la lavande a une très forte odeur. » « Et si l’on coupait les fleurs, ne laissant que les tiges accrochées à un filet dans lequel on aurait glissé d’autres fleurs ? Des roses par exemple. J’adore quand mes vêtements sentent la rose. » « Je n’ai jamais fais ça mais ce n’est pas une mauvaise idée. Cela vaut le coup d’essayer. »

« Bien, je pense que nous avons terminé, il n’y a plus de lavande autour de laquelle tresser. » Bellada montra à sa petite-fille comment terminer la navette, nouant les deux morceaux de ruban ensemble, les liant en une jolie boucle. Elle coupa ensuite les tiges qui dépassaient du nœud, afin qu’elles aient toutes une longueur égale. « Voilà c’est terminé. » Orlane approcha son nez de la navette et inspira. « Mmh… Ca sent bon… » « Hahaha, j’espère bien ! Il serait dommage que j’enfume ma maison n’est ce pas ?! » Finalement, alors que les deux Ward admiraient leur travail, les têtes curieuses d’autres enfants s’approchèrent de la petite table. « Qu’est ce que vous êtes en train de faire ? » « Ce sont des navettes ! » « Et même Orlane en a fait ? » « Oui, regarde, c’est celle-ci la mienne. Et celle-là c’est celle de Mamie. » « Si Orlane en a fait, moi aussi je veux en faire ! » « Oui moi aussi ! » « Et moi ! » « Hahaha, doucement mes crapouilles, il y en a suffisamment pour que chacun en fasse une de plus. » Et voilà comment Bellada se retrouva, une fois de plus, à surveiller son atelier créatif.