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 Le parfum du sommeil | Solo

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Lun 09 Sep 2019, 12:22


Image réalisée par Anatofinn Stark

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Intrigue/Objectif : Azaar surprend l'un de ses parents dans la boutique en pleine nuit et devra vivre avec ce qu'elle croit avoir vu et entendu. La famille obtiendra trois laisser-passers.

L’homme se penche par-dessus le berceau et le balance doucement. Il sourit à l’enfant à l’intérieur puis se redresse et regarde la mère qui pleure à chaude larmes. Il s’approche, plaque ses lèvres contre son large front et lui prend les mains afin de la rassurer. Il lui promet un avenir meilleur pour son bambin, un avenir différent de celui d’un homme des champs. C’est le père, un seigneur qui vient chercher son dû : ce qu’elle lui avait promis est désormais dans son couffin, calme, le père est serein.

Je ferme le Conte en ayant préalablement glissé une lettre reçue de ma tante pour sauvegarder la page et je pose le livre juste à côté de mon lit. Je n’aime pas lire l’histoire d’hommes qui prennent les choses en main. Cette femme, Clairmelda, me fait quelque chose, je m’imagine à sa place très facilement. Une rage est née dans mon cœur à la minute où le prétendu Roi a posé ses mains sur le lit de l’enfant. Dans un sens, je devrais être réconforté du statut du père en question, mais je n’y arrive pas. Les gémissements qui m’accaparent sont semblables à ceux de la mère ; non ce Conte ne me laisse pas vraiment indifférente, il me touche beaucoup trop. Comment puis-je penser passer les sélections d’une Académie ou réussir les épreuves de fin d’année pour avoir mon diplôme si je ne suis pas capable de me maîtriser devant un bouquin ? Je me redresse, les yeux rouges, le nez qui coule. J’ai mal au ventre ; peut-être est-ce dû à la tristesse mêlée à la colère qui vient me causer cette terrible faim. Je me relève, nous sommes au beau milieu de la nuit. Ma bougie est presque consommée, demain il va falloir la changer. Je la prends puis je me dirige en-dehors, dans ma robe de chambre en lin. J’ai chaud et le courant d’air frais qui provient d’une fenêtre du couloir me rafraîchit soudainement. Je m’avance, faisant craquer les planches du parquet. Si un voleur était d’aventure tenté de nous cambrioler, il serait repéré à cause du plancher. Il n’y a pas un pas sans qu’on ne sache pas où je suis et d’ailleurs cette pensée me surprend. Où sont mes parents ? Je tends la bougie vers leur chambre, la porte est entre-ouverte. Je m’approche et j’entends quelqu’un ronfler, sans doute mon père. Mon cœur est soulagé, je peux me rediriger vers la cuisine sans craindre une imagination débordante de surprise dans la nuit noire. Il n’y a presque rien qui éclaire mon chemin, ma bougie est la seule source de lumière, elle est solitaire.

La poêle dans la pièce a le cœur vif, la lumière à l’intérieur vacille et réchauffe timidement la pièce. Je prends une tranche de pain du souper et je verse dans une tasse du jus que ma mère a acheté la veille au marché. Le goût est sucré, légèrement acidulé et me pique le gosier. Est-ce dû raisin provenant des terres sorcières ? J’aime le goût et soudain je suis prise d’une grimace. La saveur que je goûte sur la fin est immonde. Je lâche la tasse sur la table et je reprends la coupelle où se tient la bougie, en main. Je croque un bout de pain pour éloigner l’arrière-goût que j’ai désormais en bouche et, tandis que je m’apprête à repartir dans ma chambre, j’entends un lourd objet se briser au sol dans l’atelier, juste en-dessous de l’appartement. Mon corps se solidifie, je ne bouge plus d’un pouce, la peur me saute à la gorge. Un voleur ! Quelqu’un vient nous voler ! Le venin s’active dans mes veines et me tétanise encore plus, je n’ose plus respirer davantage.

L’atmosphère se calme, je n’entends plus rien bouger. Je décide de descendre sans alerter mon père, d’un pas de chat. Je souffle sur la bougie, plus aucune lumière. Je remarque que si je glisse sur mes pieds à la place de réellement marcher, aucun bruit ne s’échappe du bois. Aucun craquement, du moins. Je m’approche des escaliers qui mènent à l’atelier et je décide d’y aller à quatre pattes. J’entends un râle et plusieurs voix. De nouveau, je me fige. Je ne les connais pas. Ils ne parlent pas mais sont présents. Je reconnais l’intonation féminine de ma mère au bout d’un moment et cela m’encourage à aller un peu plus loin. Que fait-elle en bas sans mon père ? Tout s’arrête. Les bruits, les voix. Le monde redevient de nouveau calme. La voix, que je pense être celle de ma mère, crie. Je suis bien trop âgée pour ne pas savoir différencier entre quelqu’un qui crie de douleur, ou quelqu’un qui manifeste un désir partagé. Cela ne peut pas être le cas. J’ai déjà entendu mes parents par le passé s’exprimer au lit. Nos murs sont fins et l’appartement étroit. Il faut que j’attende le silence complet de nouveau pour oser m’aventurer plus loin. Je ne perçois rien. Tout est sombre en bas. L’atelier qui se situe à l’arrière de la boutique n’est pas habité. Je descends quelques marches pour me rendre compte où les corps sont et ce que j’espérais être un cauchemar se réalise. Il n’y a aucune lumière, seule la réverbération de la rue rend les êtres visibles dans la pénombre. La faible luminosité ne suffit pas à discerner qui est l’être odieux qui s’en prend à ma mère. Je reste là, en-haut des escaliers, interdite. Je pleure sans comprendre pourquoi, la main plaquée sur la bouche pour étouffer les gémissements. Je grimpe doucement chaque marche sur le fessier jusqu’à pénétrer de nouveau la cuisine où souffle le poêle. Je me recroqueville et des idées sombres commencent à me bercer l’esprit. Elle nous a trahi, ce n’est plus ma mère. Comment a-t-elle pu se laisser faire, dans l’endroit où mes parents travaillent ? N’a-t-elle aucun respect pour mon père ? J’exècre ce qu’elle est, je hais l’idée d’être sa fille. Je prends sur la table une petite coupe où l’on garde le sel des repas et j’en verse à l’entrée, en ligne droite. Par Dothasi, quelle ignominie. Je me coupe un peu le doigt, ébranlée par les murmures que j’entends juste en bas et je verse les quelques gouttes de sang sur la ligne droite. Elle n’a plus le droit de venir ici, ce n’est plus chez elle. Je ferais la garde toute la nuit s’il le faut, par Dothasi, qu’elle ne rentre plus ! Qu’elle reste avec son goujat, dans la boutique s’ils le désirent tant ! Je frappe le sol à m’en briser la main droite. Soudain, quelqu’un m’arrête et me prend le bras. C’est mon père, bien éveillé.

Il efface la ligne que j’ai tracé avec son pied et me force pour que je me relève. Il tire tellement sur mon bras qu’il finit par me faire mal, je couine pour qu’il me lâche. Que fait-il ? Il m’intime un « Chut » et j’obéis, je ne fais plus aucun bruit. J’ai arrêté de pleurer et de geindre dans mon coin. Il m’emmène jusque dans ma chambre. N’a-t-il pas entendu ce qu’il se passait juste en bas ? « Maman... Elle... » Je suis plus grande que lui mais sa force est prodigieuse, il me traîne sans une once de difficulté. J’ignorais que mon père était à ce point musclé. Il me couche dans le lit et sort de l’une de ses poches un flacon qu’il ouvre et qu’il me fait respirer. La camomille est l’odeur de tête. « Non, je -… » Le sommeil s’étreint tout autour de moi, je n’arrive plus à lutter, mes paupières s’abaissent et d’un battement de cil, je m’endors, exténuée. « Bonne nuit, ma fille. » me dit-il, mais ses mots sont aspirés. C’est une nuit de mille et un songe, une nuit qui ne repose pas l’esprit. J’entends Clairmelda lutter contre son mari, il l’empêche de voir son enfant. J’arrive juste à côté d’elle, je suis elle. Je cours derrière le Roi pour rattraper le bambin, mais plus j’avance plus je m’éloigne, étrange paradoxe qui me tient éloigner du nourrisson.

Le soleil se couche dans ce monde et se dresse dans le mien. Je me réveille, l’air nauséeux, les yeux empâtés dans du sel. Je suis malade. J’ai de la peine à me souvenir de la soirée ; ai-je bu le vin de mes parents pour me sentir aussi mal ? Un livre est couché sur ma poitrine, ouvert à la page où je l'ai laissé la veille. La lettre de ma tante est par terre, je la ramasse et je la range entre les pages, tout en puisant dans mes réserves pour m’asseoir convenablement. Quelqu'un toque et rentre, c'est ma mère. Elle porte un plateau repas et s'assoit à côté de moi. « Tu étais agitée pendant la nuit. » Elle pose sa main fraîche contre mon front, cela me fait du bien. « C'est bien ce que je pensais, tu es fiévreuse. Tiens, bois ça tant que c'est encore chaud. » Je prends la tasse, fébrile et je la porte à mes lèvres. C'est un bouillon de poulet, à la camomille et aux réglisses. Je m'arrête. « Tu as mis de la camomille dans la soupe ? » Elle se fige un très cours instant et me sourit.  « C'est ton père qui l'a fait, je pense que oui. Tu as un bon odorat. » Elle se relève avec toute la grâce qu'elle porte dans ses épaules et elle ouvre la fenêtre de ma chambre qui donne sur la rue du côté de la boutique. « Je reviendrais fermer tout à l'heure. Au fait, ma très chère fille, nous avons obtenu un laisser-passer pour nous trois. » Je m'étouffe alors que je finis le bouillon qui m'apaise, mais cette nouvelle semble me réveiller. « Un laisser-passer, pour aller sur quels plateaux ? Pourquoi ? » - « Nous allons voir la famille, tu sais ma sœur, celle qui a épousé un Sénéca et qui nous a donné des nouvelles de l'un de ses enfants. Il est peut-être temps d'aller les revoir. » Je papille, nous ne sommes pas des Drieshlas et nous avons pourtant réussi à obtenir des laisser-passers ! Cette nouvelle m'enthousiasme et me fatigue à la fois. Je dépose le bol sur le plateau et je me rallonge, fatiguée. Elle se rapproche de moi et me caresse le visage. « Tu restes allongée aujourd'hui, prends du repos. Tu ne balaieras pas la boutique, je vais le faire. » L'espace d'une demi-seconde, j'entends un cri. Mes yeux s'agrandissent. Je suis entre le monde des vivants et celui des rêveurs. Ma mère est toujours avec moi et prend soin de moi, caressant ma longue chevelure, ce qui masse mon crâne et m'apaise. Pourtant, je n'arrive pas à chasser le cri qui, jusque dans l'infini, m'appelle. Ce n'est pourtant pas un cri de quelqu'un qui souffre, c'est autre chose. Un cri de bien-être. Pourquoi mes oreilles sont-ils embarrassées d'un tel bruit, et pourquoi est-ce que je l'associe étroitement avec la voix de ma mère ? Certes, j'ai déjà entendu mes parents mais de là à m'assourdir, jamais. Je me rendors, attrapée dans un nouveau rêve.


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