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 Partie de chasse dans les hauteurs enneigées | Khénora Laserian

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Miles Köerta
~ Orisha ~ Niveau III ~

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◈ Parchemins usagés : 1157
◈ YinYanisé(e) le : 20/09/2014
◈ Activité : Traqueur [Corvus Æris] | Marcheur
Miles Köerta
Ven 14 Oct 2016, 18:40

Partie de chasse dans les hauteurs enneigées
« L'homme, la bête et la montagne »

Un papier, un prix, une seule demande à satisfaire: ramener la tête de la bête. C'était concis et clair, et lorsque l'homme me raconta les ravages qu'avaient perpétré ce monstre à l'intérieur même de son village, il n'y était pas passé par quatre chemins, se focalisant directement sur la source du problème et sur les conséquences qui pourraient se poursuivre si la bête n'était pas rapidement évincée. Le parchemin en main, feignant d'y lire les instruction, je me permis de couler un regard en direction de mon interlocuteur, qui, ayant capté mon regard, me gratifia d'un sourire maladroit. À son malaise, je ne pus que lui répondre en souriant pareillement, rapportant bien assez vite mon attention sur les lettres bombées qui tachaient la surface rugueuse du parchemin. Si les gens ne se faisaient pas encore à ma nouvelle apparence, ils n'avaient pas à s'inquiéter plus que cela: moi non plus, je ne me sentais pas encore familier avec mon nouveau corps, comme s'il eut été à quelqu'un d'autre. Pourtant, c'était bien avec mes jambes que j'étais parvenu à rejoindre le plaignant de cette affaire; c'était bien avec mes mains que nous nous étions serré la pince et c'était bien avec ma bouche que je finis, après une longue pause, à consentir au contrat que je venais de sceller en ces termes:

« J'accepte l'offre, mais je ne pourrai pas chasser cette bête à moi tout seul, car si je me fis à la description que vous m'en avez faîtes, elle est particulièrement... féroce.

- Et plus que ça encore. Vous n'avez pas vu, comme moi, les ravages qu'elle a causé à nos troupeaux. Et plus récemment encore, à des hommes. Nous avons perdus deux vaillants gaillards depuis que cette bête est apparue chez nous. »

En effet, mais je n'avais pas besoin de le voir pour le croire. Il n'avait suffit que de sa description pour que je me fasse une opinion de ce monstre. Il m'avait parlé de crocs aussi longues que les bras d'un homme, d'une robe aussi noire et luisante que les nuits sans Lune et sans étoile, tant l'obscurité y était opaque et à la mention de ses yeux, un frisson, visible à l’œil nu, lui avait agité l'ensemble du corps. Ces deux pupilles, il les avait décrite comme les pupilles du Démon, embrasés par un feu sauvage qui semblait vouloir tout raser sur son passage; c'était des yeux aux reflets ambrés, teintés d'éclats rouges sang qui ne faisaient qu'attiser plus encore cette impression de regarder à l'intérieur d'un brasier sans cesse grandissant. Puis, il y avait sa taille! Il m'avait souligné à quel point cette bête pouvait être énorme, atteignant la grandeur de deux hommes lorsqu'elle décidait de se soulever sur ses pattes arrières.

« Sinon, pour ce qui est des effectifs, ne vous en faîtes pas. Plusieurs chasseurs ont déjà été mis au courant de la situation et ils traquent, en ce moment même, la bête.. Malheureusement, pas un seul n'est encore parvenu à mettre la main dessus. Hier encore, elle a frappé et a emporté le caribou de Khiba. »

Je fermais les yeux, réfléchissant. La bête n'était qu'un animal et si elle s'acharnait à attaquer de la sorte les troupeaux de ces montagnards, c'était parce qu'elle avait trouvé un bon territoire de chasse, les proies s'attrapant facilement étant donné leur confinement dans les enclos. En même temps, la bête ne pouvait demander quelque chose de mieux au vue du climat hostile et de l'hiver éternel et rigoureux qui caractérisait la région. Le gibier, au cœur de ces massifs enneigés, était particulièrement difficile à trouver et à attraper. Le couvert de neige était épais, le froid mordant, la nourriture peu variée et accessible dans certaines zones des montagnes, et une portion d'animaux seulement avait la force et l'énergie nécessaire pour se confronter à pareils défis. Poussant un soupir, je me redressais tout en plantant mes yeux dans ceux de mon interlocuteur, qui tressaillit légèrement lorsqu'il perçut mon regard sur lui. Je le mettais toujours autant mal à l'aise...

« Je vais essayer de rejoindre les autres chasseurs dans les montagnes et ne vous en faîtes pas: nous l'attraperons tôt ou tard. »

Je lui adressais un maigre sourire en coin avant de lui tourner le dos et de serrer les fourrures qui pesaient sur mes épaules à l'instant où mes pieds touchèrent la surface glacée de la neige. Rabattant ma capuche sur ma tête, couvrant ainsi une partie de mon visage, je balayais le plateau de mon regard perçant avant d'arrêter mon examen sur une façade rocheuse, à quelques kilomètres de ma position. De là-haut, je pourrais facilement visualiser le terrain et mettre mes talents de Traqueurs à la cause. et tout en cherchant les chasseurs perdus dans ces sommets enneigés, je tenterais de découvrir la position de la bête. Je baissais mon regard sur le dessus de mes mains et je contemplais, pendant plusieurs secondes, les plaques qui y apparaissaient, de plus en plus nombreuses, de plus en plus visibles... Je serrais mes poings, secouant ma tête avant de bondir en direction du perchoir en roc que j'avais découvert. Je ne pouvais pas nourrir de regrets, pas maintenant. Car depuis le début, j'avais conscience des risques que je prenais en entrant chez les Corvus en tant que Traqueur. Je savais depuis le début que je subirais des effets secondaires, mais j'avais préféré les éloigner de mon esprit pour... me donner du courage? Pour refréner la peur qui me tordait les entrailles? Un peu des deux, je présumais...


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Partie de chasse dans les hauteurs enneigées | Khénora Laserian Signat16
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Ven 14 Oct 2016, 19:49


L’échine parcourue par un long frisson glacé, elle frémissait et tremblait, incapable de contrôler l’agitation de son corps chevrotant. Ses yeux peinaient à s’ouvrir et elle se faisait violence pour reprendre un soupçon de conscience. Quelques longues secondes s’écoulèrent avant qu’elle ne contemple, la surprise au fond de ses iris pâles, les épais flocons qui dansaient des cieux jusqu’à la terre dans une valse frénétique. Elle battait lentement des cils, confuse et déconcertée, et cherchait une logique à ces mystères, non sans se douter que ces moments échappant à sa mémoire appartenaient à l’Autre. Dans un soupir contrarié, elle se redressa avec maladresse. La fourrure de son grand manteau blanc était trempée, tout comme ses bottes et les épaisseurs de ses jupons. Accroupie dans la neige, elle voulut réchauffer ses jambes, devenues blêmes, en les frottant de ses mains mais interrompit le geste, le regard écarquillé. Sa peau était recouverte d’un liquide pourpre et poisseux, étrangement chaud. La gorge serrée, elle scruta ses doigts un long moment, avant de les approcher de son nez, comme pour humer le parfum du sang. Son flegme se brisa soudainement, et elle plongea les paumes dans le tapis de givre, jusqu’à les débarrasser de la moindre trace. Elle devenait de plus en plus pâle et ce fut vacillante qu’elle se mit sur ses deux pieds. Les lèvres grelotantes, elle rabattit sa capuche sur son visage avant d’enfouir ses poings dans ses poches. Ses longs cheveux blonds aussi étaient humides et froids, collaient à sa gorge et à son dos. Le pas gauche, elle se dirigea laborieusement vers un petit bourg, qu’elle avait repéré à la fumée des cheminées. Elle se réconforta un instant dans la chaleur d’une vieille auberge, où elle choisit de s’asseoir à même le rebord du foyer pour profiter de l’ardeur des flammes qui crépitaient sur deux bûches. Songeuse, toujours aussi nébuleuse, elle sirotait un chocolat chaud. Khénora avait faim mais elle n’avait pas assez de pièces d’or et d’argent pour se permettre des repas convenables de façon quotidienne. Elle avait dans l’idée de s’en aller chez les Elfes et c’était d’ailleurs la raison qui l’avait poussé à traverser les Montagnes. Avec une pointe d’agacement, elle pensa qu’elle allait sûrement être contrainte de séjourner un peu dans les sommets, afin de travailler pour gagner de quoi financer le reste de son voyage. C’était du moins sa conclusion avant qu’elle n’entende les conversations alentours. « Cette étrangère … Elle ne devrait pas pouvoir rester ici. Tu n’es pas au courant de ce qu’il s’est passé ? » - « Ce qu’elle a fait … » - « Ce qu’elle a dit ! » La douce Orine agrippa son chapelet, serrant entre ses longs doigts les médailles des trois divinités qu’elle adorait. « Cette fille est une Hérésie. » Ils se moquaient. Ils l’insultaient. Dans un bond, elle s’enfuit de la taverne sans demander son reste.  

Malaga sa fragilité et son peu d’endurance, Khénora courut longuement, la faute à une envie de se sauver le plus loin possible de tous ces villageois. Elle avait fait preuve d’une immense sottise. Elle aurait dû s’attendre à ce que le hameau le plus proche soit celui où l’Autre avait fait des ravages. Néanmoins, l’épuisement finit par la rattraper et elle s’arrêta au détour de grandes roches, le temps de reprendre son souffle. Elle serait toujours aussi fort, près de son cœur, son médaillon. Ses respirations étaient difficiles et pour ne rien arranger, les sanglots menaçaient de déborder. Elle se sentait si misérable, tellement insignifiante. Les paroles acerbes de sa mère lui revenaient au souvenir, comme une violente ironie. L’évidence était tranchante : elle était trop faible pour survivre seule. Dans un hoquet, elle tomba à genoux. Elle tâchait de ne pas céder, mais quelques perles roulaient sur ses joues, tandis qu’elle enserrait son collier de toutes ses forces, à réciter des prières pour ses Déesses dans sa langue natale. Prise de vertige et de nausée, elle n’entendit même pas la bête venir, qui voyait en elle une proie de choix, encore plus facile à saisir qu’une biche blessée. Néanmoins, la jeune femme perçut son ombre qui planait au-dessus d’elle. Elle leva la tête et vit le monstre aux babines retroussées, prête à lui sauter à la gorge. Elle était si imposante et immense. Horrifiée, sans même pouvoir crier, elle tomba à la renverse, avant de reprendre ses esprits pour détaler comme un lapin. Les pensées se bousculaient. Un abri. Il lui fallait un endroit pour se cacher, un refuge où cette chose ne pourrait pas l’atteindre. Cependant, il n’y avait rien dans ces Montagnes, rien que des pentes sans cachette. A sa plus grande surprise, le sol se déroba sous ses pieds et elle sombra dans une petite cavité, dissimulée par les recettes chutes de neige. La bête ne lâcha pas prise pour autant et plongea sa patte dans le trou, essayait d’attraper l’Orine, qui se faisait le plus petite possible. Les griffes déchiraient ses vêtements.

Khénora ne savait pas quoi faire. En réalité, elle ne pouvait rien faire. Elle était piégée et le monstre allait l’attraper.

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Miles Köerta
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Miles Köerta
Ven 14 Oct 2016, 21:52

Partie de chasse dans les hauteurs enneigées
« L'homme, la bête et la montagne »

Debout sur le perchoir de roc, je scrutais les environs qui s'étendaient en contrebas. Le vent, à cette hauteur, me fouettait plus fortement le visage, mais je m'en préoccupais guère, déjà habitué à ce genre de caprice venant de la Nature sauvage et indomptable. Puis, ces courants d'air ne pouvaient que m'être bénéfique: grâce à eux, je pourrais sûrement, plus facilement, capter l'odeur des hommes ou de la bête qui terrorisait ainsi la communauté montagnarde. Relevant mon nez et me plaçant contre le vent, je commençais à humer l'air à la manière d'un loup à la recherche de son prochain repas. L'air froid était particulièrement agressant pour mon odorat sensible, car j'avais l'impression qu'une simple respiration gelait entièrement mes cavités nasales. Si l'air était plus pure, elle me frigorifiait, moi et mes sens. Ça brûlait ma peau, mes poumons, mais je devais être me contrôler, ne serait-ce que pour les quelques secondes que j'accordais à ce rapide examen olfactif. Lorsque le temps alloué à celui-ci fut terminé, constatant que je ne percevais pas grand-chose le visage tourné vers le vent, je rabattis mon choix sur mes yeux pour m'aider à retrouver trace humaine ou trace animale au cœur de la montagne. Ma Vision d'aigle m'était très utile, mon champ de vision pouvait s'étendre à des kilomètres et à des kilomètres de ma position. Plissant les yeux, je balayais les plateaux et les pentes qui construisaient le charme de ces montagnes, cherchant à y déceler, dans le blanc irisé, une quelconque piste. Sans mal, j'apercevais de mon perchoir les enclos censés garder en son sein les troupeaux des villageois. Du caribou au chien des neiges, passant par nos plus grands bovidés nordiques, j'étais en mesure de dénombrer le nombre exact d'individus, de savoir ce qu'ils mangeaient, de savoir à quel jeu lis s'amusaient... Mes sens me faisaient peur, mais ils me fascinaient toujours avec autant de surprise. Sourire aux lèvres, je poursuivis mon inspection, distinguant, soudainement, des mouvements agités près des boisés qui avoisinaient les enclos des troupeaux. Aussitôt, je me figeais, essayant de percevoir une odeur ou un son distinct dans le froid de l'hiver, mais la bête, s'il s'agissait bien d'elle, ne se décidait pas à se mettre à découvert. Ma mâchoire se contracta et je choisis de fermer les yeux pour me concentrer et percevoir, dans la frénésie du vent, l'odeur de ma cible. Froid... Froid... Froid... Pensais-je inconsciemment, mais avec raison.

C'est alors qu'un bruit, tout près de moi en plus de ça, me fit sursauter et je me mis à observer les environs avec énergie et étonnement. Qu'est-ce que c'était que ça? Qu'est-ce que j'avais perçu? Où l'avais-je perçu? Je pivotais sur moi-même, en haut de mon perchoir, tentant de localiser la provenance de cette sonorité. On aurait dit une respiration. Mais pas n'importe laquelle... C'était quelque chose de bestial, de particulièrement fort et d'extrêmement... instable. Et il se trouvait de l'autre côté de ma façade rocheuse. Est-ce que je délirais ou percevais-je vraiment ce que je croyais percevoir? Je déglutis, n'attendant pas une seconde de plus avant de me jeter en bas de mon perchoir, atterrissant avec douceur sur le manteau de neige. Puis, rapidement, je contournais les grands pics rocheux, balayant ce nouveau plateau de mes yeux aiguisés. Était-ce un animal traqué? Était-ce un animal en plein instant de chasse? Je reniflais l'air, m'avançant prudemment sur l'étendue de neige en longeant les sommets de roc jusqu'à ce que je freine subitement mon pas, intrigué. Des traces... Remarquais-je avant de me pencher vers elles, les examinant avec soin. À leur vue, mes sourcils se froncèrent et je tournais ma tête en direction du chemin pris par les traces de pas. J'étais capable d'en compter deux sortes, l'une affreusement petite comparativement à la seconde qui me donnait l'impression qu'un loup géant avait imprimé sa patte dans la neige. Était-ce le monstre qui donnait tant de mal aux villageois? Je savais ces montagnes peuplées de bêtes et de créatures étranges, plus imposantes les unes que les autres, mais je n'étais pas un braconnier, tuant et exterminant tout ce qui était animal. Je n'étais qu'un traqueur et ma mission, aujourd'hui, c'était de mettre fin à cette oppression angoissante que faisait peser la présence du monstre dans cette contrée. Cependant, je ne pouvais pas prendre de chance et dans un bond rapide et puissant, je me propulsais droit devant moi, suivant les traces de pas. Même si je n'étais pas accompagné, je pouvais, au mieux, attirer le monstre et le coincer dans un piège ou croiser, à l'avenue d'un chemin, l'un des groupes de chasseurs qui avaient été mandaté de couper la tête à cette bête.

C'est ainsi que, plus je m'enfonçais, plus mon oreille, alerte, percevait un bruit dans le hurlement du vent. Un grognement? Un halètement? J'accélérais, voyant apparaître dans mon champ de vision une masse noire, accroupie dans la neige. Est-ce que c'était elle, la bête? Une robe noire, une carrure aussi imposante que celle de l'Orishala, une taille aussi haute que deux hommes... Ça ne pouvait qu'être ce monstre. Prudemment, je m'approchais de sa position, sortant mes armes de jet de ma besace. Que faisait-elle exactement? Lacérait-elle une nouvelle proie? Comment pouvais-je m'en assurer sans que la bête décide de me poursuivre moi aussi? Je pensais rapidement à une stratégie, songeant aux petites clochettes qui restaient dans ma besace. Je ne savais plus pourquoi je les avais mises là-dedans, mais aujourd'hui, elles allaient peut-être s'avérer efficace!

Les clochettes dans une main, l'autre main caressant le sol de neige sous mes pieds, je libérais une petite quantité de Magie pour créer et modeler une statue de Métal qui avait pris une forme humaine. Satisfait du résultat, je plaçais les clochettes au niveau des oreilles de ma sculpture, laissant le vent les agiter et faire résonner, soudainement, un chant mélodieux, festif: un chant de Noël. Puis, pour attirer son attention, pour lui faire croire qu'il était « menacé », je lui tirais l'un de mes kunais de lancer dans le dos. En même temps, je me propulsais dans les airs pour me rapprocher de sa position tout en évitant d'être dans son champ de vision. Pendant ce temps-là, la créature, dans un cri terrible, se tourna brusquement derrière elle, vers ma statue de Métal. Elle grogna, racla le sol et rugit férocement en direction de la statue. Dans les airs, alors que je redescendais doucement, je me concentrais sur ma statue pour altérer son bras et lui donner l'apparence d'un pieu acéré, que je tirais par la suite vers la bête. Furieuse, la créature s'éloigna de sa position initiale et fonça sur l'ennemi en Métal qui, immobile, n'attendait que d'être « percé » par ces crocs tranchants.

À cet instant, je parvins enfin à rejoindre ce qui avait tant attiré le monstre. Un trou. C,était un trou. Je m'approchais rapidement de la cavité, passant ma tête au-dessus de l'ouverture pour voir de quoi il s'agissait et lorsque je me rendis compte du contenu de la cavité, je restais, quelques secondes, interdit. Une fille? Mais les grognements du monstre, qui s'acharnait sur la statue de Métal me ramena rapidement à la réalité et je sus que le temps nous était compté. Sans hésiter, je lui tendis ma main, la prévenant qu'il va falloir courir vite.

« J'ai créé une diversion, mais elle ne pourra pas la berner éternellement. On doit filer d'ici rapidement. Est-ce que vous êtes blessée? Vous pourrez me suivre? »

L'urgence se faisait entendre dans ma voix et la situation me fit oublier, momentanément, que je ne ressemblais pas, moi aussi, à un humain bien ordinaire, avec toutes ces écailles qui courraient le long de ma peau.


1 399 mots | 2 post
| Pour les clochettes, je les ai gagné en gain dans un RP pour tous. (je n'aurais jamais cru qu'elles allaient me servir un jour XD). Voici leur description:
- Une clochette, qui, quand on l'agite, joue les plus beaux chants de Noël.



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Sam 15 Oct 2016, 22:34


Eprouvée par la macabre sensation de vivre ses derniers instants, elle contemplait d’un regard obscur la carrure imposante et meurtrière de son bourreau, de cette bête acharnée qui en voulait à sa carcasse. Elle s’était figée de peur, au point de ne pas en ressentir la douleur. Des perles de sang s’échappaient de sa gorge, et souillaient la blancheur immaculée de ses vêtements lacérés par de trop nombreux coups de griffe. Elle souffla, vaine tentative supposée lui rendre un peu de courage, avant de glisser ses doigts dans les perles de son chapelet, qu’elle serrait contre sa poitrine. Paupières clauses, elle récitait quelques prières à ses Déesses, moins pour implorer d’un miracle que pour conjurer une fin rapide et sans souffrance. La Mort était loin d’être un sujet tabou pour les Orines, qui la côtoyaient et l’embrassaient dès le plus jeune âge. Néanmoins, elle avait toujours fait ce rêve, celui de choisir le moment où elle rendrait son ultime souffle, après les tumultes d’une existence mouvementée, remplie et vertigineuse. Elle ne voulait pas mourir sans avoir vécu, sans avoir rien vu ni accompli. On ne lui avait jamais permis de vivre. Etait-ce égoïste de désirer un peu de liberté, un peu de réalité ? Ses lèvres frémissaient, enchaînaient les mots des textes sacrés mais elle ne parvenait pas à faire bonne figure et chancelait à chaque mouvement de la bête, à chacun de ses grondements. Pourtant, lorsqu’elle crut sentir un brin de lumière et de chaleur sur son visage, elle osa ouvrir les yeux et vit, non sans surprise, que la créature reculait, attirée par quelque chose d’autre. Elle resta interdite face ce retournement de situation et, idiote, ne bougea pas. Elle craignait trop de s’enthousiasmer par avance car, après tout, le monstre pouvait faire demi-tour et la dévorer avant qu’elle ne puisse retourner dans sa cachette. Hésitante, elle prit longuement le temps de peser le pour et le contre mais fut coupée dans ses tergiversions par la voix d’un étranger, penché près d’elle. Elle bondit, plaquant sa main ensanglantée sur sa bouche pour s’empêcher de crier. Le regard écarquillé, elle scrutait son bienfaiteur, sans réellement comprendre ce qu’il lui disait, ou qu’une petite chanson résonnait au loin. Elle était encore trop bouleversée pour être tout à fait conscience et s’accrochait plus aux écailles de la peau de l’inconnu qu’à ses paroles. Toutefois, elle ne tarda pas à poser sa paume glacée à cette aide tendue. Un Démon lui aurait paru amicale tant elle était désœuvrée et elle se considérait comme bien mal placée pour juger de la monstruosité des autres. Elle ne répondit à aucune question, mais les réponses devaient être évidentes. Sa tenue était déchirée et l’on devinait les quatre griffes qui avaient tailladé son buste. Si la blessure ne paraissait pas grave, elle était cependant impressionnante et le sang coulait lentement, se rependait sur ses vêtements. Malgré tout, elle ne se fit pas prier pour courir, quoique maladroitement et d’une vitesse moindre.

Aussi malléable qu’une poupée de chiffon, Khénora se laissait faire et ne réfléchissait pas, se bornant à fuir, à survivre. Sa main dans celle de cet étranger venu de nulle part, elle détalait comme un petit lapin blessé sans demander son reste. Lorsqu’elle jugea qu’elle était assez loin de l’animal pour se permettre de faiblir, l’Orine ne put que ralentir le pas jusqu’à interrompre sa course, le souffle court. Elle ne lâcha pas son protecteur du jour pour autant, encore tremblante et secouée par ce qu’elle venait de subir. « Désolée. » murmura-t-elle tout bas de sa petite voix douce et tendre. Elle répéta : « Désolée, je … » Articuler une simple phrase devenait une épreuve. Elle releva la tête vers lui, glissant ses grands yeux pâles sur le visage particulier de son mystérieux interlocuteur. « Je ne m’attendais pas à faire une si mauvaise rencontre. » balbutia-t-elle entre deux inspirations. Elle devait sembler bien naïve, un défaut que l’on mettrait sûrement sur son jeune âge. De sa main libre, elle effleura avec délicatesse les lambeaux de tissu couverts de sang, le temps de jeter un coup d’œil à ses balafres. Elle vacilla et reposa à plat les étoffes, comme pour faire disparaître les plaies, les oublier. « Je … » continua-t-elle à bafouiller, encore agitée. Elle scrutait toujours les traits du jeune homme. Le trouble se lisait avec clarté sur sa petite mine étourdie. Elle n’avait jamais rien vécu de pareil et peinait à s’en remettre. A Maëlith, les jeunes étaient protégées et ne savaient rien des problèmes de la Cité. Le plus dur qu’elle avait eu à supporter avaient été les mauvais traitements de sa mère et, bien qu’horrible, c’était totalement différent d’une promesse de mort sous les crocs d’une bête. « Merci. » finit-elle par chuchoter, presque inaudible. Dans un soupir, elle tomba à genoux, la main de cet homme qui n’avait rien demandé toujours précieusement gardé auprès d’elle. Elle s’accrochait à lui et ne voulait pas s’en séparer.

L’Autre, tapie tout au fond de son cœur, riait. Khénora ne l’avait pas laissé s’exprimer dans le désespoir de la situation, gardant un semblant de maîtrise pour l’avoir laissé échapper déjà une fois, aujourd’hui. Seulement, les émotions se bousculaient, contraires et puissantes. Cela donnait de la force à l’Autre. Elle s’en nourrissait. Elle patientait, à l’affut du bon moment pour reprendre le dessus. Elle n’attendait que cela. Il suffisait d’un rien et elle le savait. Avec un certain délice, elle contemplait la petite qui semblait bien, auprès d’un illustre étranger qui lui avait sauvé la mise. Elle se ferait un plaisir de renverser la situation.
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Miles Köerta
Dim 16 Oct 2016, 16:10

Partie de chasse dans les hauteurs enneigées
« L'homme, la bête et la montagne »

Je venais à peine de tendre ma main dans le trou, vers la blonde aux yeux d'opale, que je remarquais sans problème le sursaut qui prit la jeune fille, ses yeux s'écarquillant de surprise et ses lèvres s'ouvrant prêtes à pousser un cri, mais elle se ravisa rapidement en bloquant toute sortie à ce dernier avec la paume de sa main. Battant des paupières, ne saisissant pas, sur le coup, la raison de sa soudaine agitation, je songeais en premier lieu à la créature à laquelle elle avait dû faire face et croyant que celle-ci se tenait derrière moi, ayant rapidement remarqué la lamentable diversion, je jetais un bref regard par-dessus mon épaule. Il n'y avait rien derrière moi, à l'exception de la bête qui s'acharnait toujours à combattre la statue de Métal. Puis, je reportais mon attention sur la jeune fille, voyant, à son expression, que ce n'était pas de la créature qu'elle avait été surprise en cet instant, mais bien de moi ou, plus précisément, de ma peau écailleuse qui recouvrait l'ensemble de mon visage, de mes membres, de mon corps. À ce constat, je sentis mon être se figer, ma main trembler. Était-ce de la peur que j'apercevais dans ses yeux pâles? De la crainte? De l'étonnement? Je me crispais brusquement, ne sachant quoi faire pour masquer mon visage. Baisser la tête? Détourner les yeux? Rabattre encore plus bas les pans de ma capuche? Au final, tout ce dont j'eus été en mesure de faire fût de serrer les dents. Je ne pouvais pas m'excuser pour ce que j'étais devenu: j'avais fini par le comprendre au cours des dernières semaines et de ma rencontre avec Léto, mais je ne pouvais pas non plus être furieux de la réaction des gens. Le regard qu'ils me portaient pouvait être dur, tétanisé ou bien intrigué, comme si je n'étais qu'une bête de foire, mais j'avais promis, pour moi, que je ne devais pas laisser ce genre d'yeux m’abaisser à plus bas que j'étais vraiment. Cependant, j'avais beau me dire cela, il restait que le regard des autres me dérangeait plus que je ne l'aurais cru pour le garçon invisible que j'avais toujours été par le passé. C'est pourquoi, d'une manière ou d'une autre, je voulus me justifier auprès de la demoiselle, m'excuser du malaise que je pouvais lui faire naître malgré tout ce à quoi je me refusais, mais avant que je n'eus esquissé le moindre mot sur le bout des lèvres, elle finit par s'accrocher à ma main. Elle avait toujours beau me dévisager avec ses yeux opalescents, elle acceptait mon aide, paralysée dans son désœuvrement. Peut-être qu'elle avait toujours peur de mon apparence, mais par nécessité, elle m'avait permis de la sortir de son trou. Tout était bon, finalement, pour échapper aux griffes et crocs de cette bête. Avant de prendre nos jambes à notre cou, j'examinais son état tout en analysant la situation avec le monstre derrière nous. Pour le moment, je ne pouvais pas m'occuper seul de cette créature et cette fille avait besoin de soin compte tenu de ses blessures. Puis, dans le froid glacial dans lequel nous nous trouvions, dans l'une des régions les plus hostiles des terres du Yin et du Yang, je ne pouvais clairement pas laisser cette fille ainsi. Elle allait geler, littéralement, sur place. Sans attendre, je la tirais derrière moi, l'incitant à courir le plus vite possible. Nous devions relever nos jambes bien haut, dans le couvert de neige. Nos bottes, plus d'une fois, s'enfoncèrent dans la couche de neige, nous bloquant, forcément, durant plusieurs minutes. Nous étions, de ce fait, obligés de nous dégager, de rattraper les secondes, si précieusement gagnées, en forçant nos jambes à accélérer. L'urgence de notre situation et le danger qui planait toujours dans notre dos suffisaient à nous fournir l'énergie nécessaire pour avancer, pour continuer de courir sans nous retourner. En tout cas, je perçois de plus en plus faiblement son odeur... Elle ne nous a pas poursuivis... Du moins, pour l'instant, et il n'était jamais bon de crier victoire aussi rapidement. C'est pourquoi je continuais de courir, que je nous obligeais à garder le rythme, même si je le trouvais affreusement lent en raison de la blessée, habitué, dans mon cas, à filer bien plus vite que cela. Cependant, après un certain temps, la course de la jeune fille finit par faiblir, jusqu'à n'être plus qu'un trottinement, puis un arrêt complet. Lentement, à sa vitesse, je finis par freiner mon pas également, lui jetant un coup d’œil par dessus mon épaule.

Elle reprenait son souffle et en même temps, s'excusait d'une petite voix claire et fraîche. Je ne dis rien à cela, lui laissant plutôt le temps de reprendre le contrôle de sa respiration. Nous devions trouver un endroit pour qu'elle puisse se reposer ou, du moins, pour lui administrer les premiers soins et faire cesser l'écoulement de son sang sur ses vêtements. J'examinais nos arrières, additionnant ma vue à mon odorat pour être certain que la bête ne nous traquerait pas dans l'immédiat. Je poussais un soupir de soulagement, posant mes yeux sur le visage juvénile de la fille.

« Ne me remercie pas, marmonnais-je en enfonçant encore plus ma tête dans le fond de ma capuche. Mais nous sommes dans les montagnes de l'Edelweiss enneigées, comment pouvais-tu croire ne pas faire de rencontre pareille? C'est pas une place pour les jeunes filles comme toi », blatérais-je en passant ma main libre sur mon visage, passant du vouvoiement au tutoiement par simple habitude.

Je la fixais d'un regard perçant, notant immédiatement le désarroi de la fille. Avec son visage de poupée, encadré par cette chevelure d'un blond doré, et ses grands yeux d'azurs, aux reflets violacés, elle ressemblait à s'y méprendre à une enfant paumée. J'exhalais un nouveau soupir, me plaçant à sa hauteur, un genou à terre.

« Nous ne pouvons pas rester ici. Tu vas complètement geler, et le sang risque d'attirer quelques bêtes sauvages du coin », soulignais-je en coulant un regard en direction de ses étoffes déchirées et légèrement poisseux.

D'un geste doux, mais ferme, je dégageais ma main de sa poigne, songeant à la couverture que je gardais toujours à l'intérieur de ma besace. La couverture, dans la seconde qui suivit, apparut au creux de mes paumes et je l'étendis rapidement sur les épaules de la jeune fille.

« Quel est ton nom? M'interrogeais-je en finissant d'ajuster la couverture sur ses fines épaules. Bien. Moi, c'est Miles. Je connais l'emplacement d'une grotte, pas très loin d'ici, où tu pourras te reposer le temps que je soigne tes blessures, lui appris-je en me redressant, lui offrant de nouveau ma main, ne sachant si c'était par crainte qu'elle n'avait pas voulu la lâcher ou si c'était simplement pour rechercher un peu de sécurité. Elle n'est qu'à deux kilomètres de notre position à peu près. Tu te sens capable de continuer encore un peu? »


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Dim 16 Oct 2016, 20:00


Son âme était tourmentée par l’effroi de mille et une craintes et elle ne pouvait pas s’arrêter de trembler, croisant doucement les bras sous sa poitrine dans le frisson glacé des vents des Montagnes. De ses grands yeux clairs, elle dévisageait le visage et la silhouette de l’étranger, non pas pour les différences de son apparence mais pour le mordant de ses reproches. Véritables échos de ses propres pensées, elle était mise face à sa naïveté et murmurait tout bas un flot d’excuses, comme s’il lui fallait demander le pardon pour la candeur de son esprit ingénu. Cela pouvait paraître idiot à bien des oreilles. Cependant, la jeune Orine ressentait le besoin de s’absoudre pour les tracas qu’elle causait à ceux qui n’étaient que bienveillance. De plus, elle se sentait terriblement honteuse pour le regard qu’elle avait porté sur son bienfaiteur qui, pris de malaise, s’évertuait à se cacher derrière ses étoffes. « Je … Je cherche simplement à aller en Earudien. La région m’est inconnue et j’ai cru que le chemin de l’Edelweiss serait le plus rapide et le plus sûr. » souffla-t-elle en frottant la laine qui recouvrait ses jambes. Ses justifications la feraient sans doute passer encore plus douce et crédule qu’elle ne l’était. Néanmoins, il existait bien des filles qui jamais ne quittaient leur village natal, ainsi donc l’étonnement serait moindre. Il la prendrait sûrement pour une paysanne des Terres d’Emeraude. Du moins, elle l’espérait. « Je n’ai … pas vraiment de toit, ni d’endroit où aller. J’avais envie d’aller voir les Elfes. On ne m’a dit que du bien d’eux. » Elle s’emmitoufla dans la couverture, qui était plus que la bienvenue. Ses vêtements étaient trempés de neige fondue. Toute sa vie, elle avait vécu sous le soleil et la clémence de Maëlith. Elle n’avait jamais connu le froid et sentait déjà qu’elle allait tomber malade. « Marcher … » marmonna-t-elle, effrayée par avance par la distance à parcourir. Toutefois, elle acquiesça. Elle ne devait pas être un fardeau. Il fallait qu’elle se montre digne de l’aide qu’on lui apportait. Sa main revenue dans celle de Miles, elle se releva. « Ça ira. » ajouta-t-elle dans un joli petit sourire. Elle n’était pas vraiment convaincante mais ne manquait pas de bonne volonté. De toute manière, elle n’avait pas le choix. Elle ne tenait pas à ce que d’autres bêtes carnassières les prennent en chasse, attirées par le parfum de son sang. Sans compter qu’elle commençait à ressentir le mal de ses plaies et une pointe d’inquiétude l’assaillait. « Moi, c’est Khénora. » se présenta-t-elle d’un ton léger. Malgré tous ses efforts, elle ne parvenait pas à avancer très vite. L’épais manteau neigeux la ralentissait, rendant pénible chacun de ses pas, déjà lourds et fatigués. Peureuse, elle pressait l’allure à chaque fois qu’elle entendant un bruissement étrange, pour ralentir quelques instants plus tard.

Khénora grimaça et ses jambes flanchèrent. Dans un petit gémissement de douleur, elle se laissa tomber sur la pierre froide la grotte. Allongée par terre, elle tenait sa tête dans une main tandis que l’autre était pressée sur sa poitrine blessée. « Je ne suis pas une athlète. » commenta-t-elle dans un éclat de rire – nerveux – en jetant un petit coup d’œil à Miles. « Je suis désolée. » dit-elle encore une fois. « Je ne vous ai même pas demandé ce que vous faisiez dans les parages. Quoi que vous fassiez, j’ai dû malmener vos plans. » Elle se sentait fiévreuse. « Vous êtes quelqu’un de gentil. Je n’ai pas croisé tant de personnes agréables que cela. Je m’attendais à ce que le monde soit plus beau. » Les Muses lui avaient appris la prudence et la méfiance. Elle n’avait pas été préparé à la douleur et à la maladie, deux choses qui rendaient ses discours libres et un brin déments. « Je ne suis même pas capable de m’occuper de moi-même, je me demande bien … » Elle s’interrompit, et attrapa son chapelet. Du bout de ses doigts sales de pourpre, elle caressa les trois médailles blanches. Elle soupira. « Pardon. » Cela était vraiment une habitude, entre ses lèvres. « D’aussi loin que remonte ma mémoire, je n’ai jamais eu rien de pareil. » expliqua-t-elle en désignant vaguement ses lacérations. « Je dois être ridicule à vos yeux. » Elle ferma les paupières quelques secondes, le temps de reprendre un peu de contenance. « Est-ce que vous, vous avez l’habitude de toute ça ? » Cela lui paraissait improbable, comme si elle s’adressait au plus grand des aventuriers. Elle n’avait jamais rien réalisé ni accompli, et se rendait compte de la pâleur de son existence fade. Curieuse, elle dévisageait Miles. « Est-ce que vous avez beaucoup voyagé ? » demanda-t-elle. « Vous avez déjà vu des monstres comme cette bête noire ? » Elle fit en sorte de se taire, consciente qu’elle parlait trop et que ses interrogations pouvaient être intrusives.

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Miles Köerta
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Miles Köerta
Ven 21 Oct 2016, 20:45

Partie de chasse dans les hauteurs enneigées
« L'homme, la bête et la montagne »

La grotte était en vue et cette apparition dans la grisaille du vent, dans la poudreuse de la neige volante et tourbillonnante, devait être une véritable bénédiction pour la jeune Khénora, dont les enjambements s'étaient faits de plus en plus faibles, de plus en plus lents, au fur et à mesure que nous avancions au cœur du paysage nordique. Je jetais un dernier regard par-dessus mon épaule, vers les plaines d'un blanc éternel, tentant de percevoir la moindre anomalie qui pourrait représenter un danger à notre endroit. Cependant, rien à l'horizon venait altérer le blanc vierge de l'espace qui s’étendait juste derrière nous: nous étions tranquilles. Du moins, pour le moment. J'espérais que le vent et la neige combinés viendraient à bout des traces que nous avions modelés à notre passage, histoire qu'aucune surprise, dont je n'aurais perçu la présence, puisse nous suivre jusqu'à notre toit temporaire. Néanmoins, puisse que tout me paraissait tranquille, je ne me fis pas prier pour pénétrer dans l'enceinte de la grotte, loin du hurlement des rafales, apercevant sans mal la silhouette de la jeune fille étendue sous ma couverture. Elle devait grelotter de froid et souffrir sous cette couverture. C'est pourquoi mon premier réflexe fut d'esquisser un pas vers l'arrière, prêt à faire demi-tour, pour aller nous trouver quelques bûches de bois que je pourrais faire brûler, mais la voix de la jeune Khénora m'interpella et, naturellement, je pivotais mon visage dans sa direction.

Hors de danger, loin de cette bête qui l'avait prise dans un étau serré, sa langue semblait subitement s'être déliée d'un mutisme que le choc lui avait maintenu tout au long de notre traversée. Je l'écoutais attentivement, percevant quelques notes de nervosité au creux de son timbre doux et fragile, alors qu'instant après instant, elle se confondait soit en excuse, soit en naïveté, soit curiosité. À la fin de ses interrogations, je ne pus empêcher mes lèvres de s'étirer en sourire espiègle, me rapprochant de sa position sans, toutefois, oublier de garder quelques distances entre elle et moi. Peut-être me faisais-je des idées, peut-être étais-je devenu paranoïaque à force de voir des visages se déformer à mon approche, des sourires se tordre à mon passage ou des yeux s'écarquiller à ma vision, mais j'avais bien vu avec quels yeux cette jeune fille m'avait observé la première fois et je me disais que, peut-être, ne voulait-elle pas que je m'approche trop d'elle à cause de mon apparence, que je tentais, au mieux, de lui cacher sous les couches de fourrures que je traînais sur mon dos. Alors, tout simplement, je levais l'une de mes mains, tordant doucement mon poignet dans un geste qui précédait l'apparition d'un petit lampion à la flamme dorée qui se déposa juste devant la petite Khénora. Ça ne suffirait pas à la réchauffer, mais au moins, cela lui procurerait un peu de chaleur le temps que je revienne avec quelques bûches de bois pour le feu.

« Depuis mon enfance que je voyage et explore diverses contrées. Mes parents étaient des nomades alors nous ne restions jamais bien longtemps au même endroit, lui appris-je en secouant le plus doucement possible la neige qui était restée accrochée à mon manteau de fourrures.
Alors des monstres et des créatures aussi terribles que fascinantes, oui, j'en ais vu plusieurs, mais jamais comme celle qui t'a attaqué, et d'ailleurs... M'interrompis-je soudainement pour porter un regard vers l'entrée de la grotte. C'est pour elle que je me trouvais là-bas: j'ai été mandaté pour la tuer. Elle cause des ravages et des pertes importantes dans les troupeaux des locaux. Ils commencent à en avoir marre que cette bête fasse la pluie et le beau temps chez eux. »

Puis, je reportais mes yeux sur son visage délicat et fin. Une peau lisse, blanche, un peu caramélisée sous les reflets de la lumière du lampion, mais surtout sans défaut, perça mes rétines. Elle n'avait aucune égratignure, aucune blessure sur son petit visage rond et frais, et cela ne faisait que confirmer toutes mes réflexions sur son sujet: je me trouvais face à l'une de ces petites filles de paysans qui n'avaient jamais mis le pied à l'extérieur, à l'exception de la cour de sa maison. Elle s'attendait à ce que le monde soit plus beau? Plus clair? Aussi ensoleillé et doré que les vastes plaines de Bouton d'Or ou des Terres d'Émeraude? Enfin, peu importe de là où elle pouvait venir, car le monde restait le même, aussi sanglant et violent qu'au moment où il s'était présenté sous l'apparence de cette bête. Cette naïveté avait de quoi être touchante, mais cela lui nuirait plus qu'autre chose, croyez-moi. Je n'étais pas gentil, mais je n'étais pas méchant non plus. Cependant, il y avait des gens bien plus terribles que je pouvais l'être et, soyez-en sûrs, si elle serait tombé sur pire, elle en aurait bavé. Je n'avais aucune difficulté à m'imaginer les horreurs qu'elle aurait pu vivre si son chemin aurait croisé celui de la mauvaise personne à rencontrer. Elle aurait alors visualisé le monde dans son véritable apparat: plus cruel et plus méchant qu'aucun autre animal sur ces Terres.

« Et, Khénora, je t'en remercie, mais je ne suis pas gentil, finis-je néanmoins par lui lancer après une longue pause. J'ai fait des trucs... immoraux, alors garde ces propos pour quelqu'un qui le mérite vraiment, comme les Elfes par exemple. Eux, ils sont gentils. »

Je marquais un nouveau silence, alors que je l'observais et je ne pus m'empêcher d'ajouter:

« Mais fais gaffe. J'ai bien compris que tu n'es jamais sortie de ton bourg avant aujourd'hui, mais fais sérieusement gaffe aux étrangers que tu peux croiser: il y a des hommes et des femmes, là, dehors, plus cruels que la bête qui t'a agressé et qui te blesserait pire que cela encore. Ne fais pas confiance à n'importe qui. Ou non, mieux encore, ne fais confiance à personne, même aux plus gentils d'entre tous: ce sont les pires, lui conseillais-je en plantant mon regard dans ses yeux clairs, oubliant brièvement l'allure que j'avais présentement. Et cette règle convient aussi pour moi, alors ne crois pas le contraire simplement parce que je suis venu à ton aide. Personne n'agit pour rien: on demande toujours quelque chose en retour, dis-je d'une voix basse, un sourire cynique fendant mes lèvres. L'important, c'est de survivre et rien d'autre ne compte plus que ça. »

Je me redressais, m'apercevant que je m'étais légèrement penché dans sa direction pour l'interpeller, avant de retirer la sangle de ma besace par-dessus ma tête et de la lui lancer tout près d'elle, un sourire un peu moins sarcastique, un peu plus espiègle, apparaissant sur mes lèvres.

« Je te prête ma besace, le temps que j'aille nous chercher du bois pour nous faire un p'tit feu digne de ce nom. Tu n'as qu'à songer à ce que tu veux et, tant et aussi longtemps que l'objet de ta pensée se trouve dans cette besace, il apparaîtra dans tes mains, comme par Magie. »

Je claquais des doigts en même temps de songer à mon épée à double lame, qui apparut instantanément au creux de ma paume. J'adressais à la jeune fille un sourire plaisantin.

« Si tu as besoin de vêtements, pendant que l'on va faire sécher les tiens, ou d'un peu de nourriture, genre des biscuits, il y en a dans la besace, mais les vêtements seront un peu trop grands, je le crains: j'ai pas tellement ta taille en même temps... Finis-je en échappant un petit rire, histoire de terminer sur une note un peu moins sombre qu'il y a quelques minutes. Je ne serai pas long et d'ici là, je t'apprendrai comment prendre soin de toi-même. »


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Dim 23 Oct 2016, 16:10


Bousculée de surprise tant le discours de Miles lui paraissait sévère, elle n’osait plus répondre quoi que ce soit et s’en était retournée dans un silence persistant et anxieux, ses grands yeux pâles écarquillés d’une stupéfaction agitée. Elle sentait son cœur s’affoler au creux de sa poitrine, les battements aussi forts qu’irréguliers. Son regard était fuyant, comme si elle ne désirait plus se hasarder à croiser des prunelles qui la blâmeraient et la jugeraient. Elle était fatiguée et ne se sentait pas le courage de rétorquer. Par ailleurs, elle n’était pas sotte au point de croire que les Terres du Yin et du Yang n’était peuplée que d’individus bienveillants et amicaux. Seulement, elle n’aurait pas cru qu’elle ne rencontrerait que des difficultés, si proche des territoires du Mars. Elle eut un léger frisson, l’esprit traversé par le souvenir de mésaventures qu’elle avait évités de peu. Les hommes étaient mauvais, et cette constatation n’avait rien de rassurante pour une jeune Orine dont le destin était de s’offrir corps et âme à celui qui aurait la jugeote ou la chance de répondre correctement à une banale devinette. Le sort scellé par une énigme. Khénora trouvait qu’il suffisait de bien peu pour que sa vie lui échappe. Doucement, au prix d’efforts considérables, la jeune femme releva ses orbes parme sur Miles, sans savoir si les larmes avaient déjà débordé ou si elle avait réussi à les contenir. « Je vois. » murmura-t-elle tout bas en secouant ses cheveux blonds, le geste nerveux. « Alors, vous, qu’est-ce que vous allez me demander en retour ? » Les lèvres tordues en une moue indéchiffrable, elle se releva maladroitement, quelques vêtements entre les bras, tirés de la besace sans qu’elle n’y prête réellement attention. Elle n’était pas vraiment pressée de se changer, pour vouloir s’assurer d’être seule avant de se déshabiller tout en étant angoissée à l’idée d’être une proie facile sans l’appui du jeune homme, qui serait loin. Pourtant, elle s’était retournée vivement, prise d’une hâte que son interlocuteur ne lui connaissait sans doute pas encore. Elle ne tenait pas à ce qu’il voit la couleur de ses iris, dont les jolies nuances sombraient peu à peu dans l’écarlate. L’Orine avait regagné un semblant de force, et l’Autre s’était empressée de les ronger pour mieux la dominer, aidée dans sa tâche par le flot de sentiments contraires qui bouleversaient l’âme fragile de cette enfant de douceur. « Va-t’en, va-t’en. » souffla-t-elle avec frénésie en se tapant presque le crâne, sans plus se soucier de la présence ou non de Miles qui aurait pu prendre ses mots pour lui ou bien s’interroger sur son état. Elle résista, aussi longtemps qu’elle le put, mais l’Autre était plus forte et prit rapidement le dessus.

Sans égard pour les questions de pudeur ou les longs monologues intérieurs, Khénora se dévêtit avant d’enfiler des vêtements, trop larges et grands pour elle. Comme curieuse, elle tira sur le col du haut, dévoilant la peau lacérée de la gorge. Elle effleura avec délicatesse les plaies, avant de renifler le bout de ses doigts ensanglantés. Dans un léger rire, elle s’assit près du lampion. Elle ne pouvait s’empêcher de sourire, quoi qu’avec un air malsain, satisfaite d’avoir réussi à prendre le dessus deux fois dans la même journée. « Miles ? » appela-t-elle, le ton rieur. Elle se mit à chantonner, réunissant sa chevelure blonde en une tresse lâche. Le visage dégagé, la pâleur de son teint n’en devenait que plus saisissante. Un guérisseur se serait certainement écrié que les blessures avaient lentement raison de la pauvre mutilée et qu’elle basculait dans la mort. Pourtant, les taillades n’étaient pas si graves et si cela devait être douloureux, il en fallait bien davantage pour succomber. Les explications étaient dans un ailleurs bien moins avouable. « Stupide gamine écervelée. » soupira-t-elle en léchant le sang qui coulait sur ses mains, mordillant la peau de ses canines devenues pointues. « Si tu savais la moitié des choses que j’ai dû faire pour t’épargner une misère que ton esprit n’aurait pas supporter. » se moqua-t-elle. L’Autre parlait souvent toute seule, comme dans l’espoir que Khénora l’entende et la comprenne. Elle avait de nombreux messages à lui faire passer, sans savoir comment s’y prendre. Quoi que … « Je suis enchantée de faire ta connaissance, Miles. » gazouilla-t-elle lorsqu’elle l’entendit. Elle était penchée et recroquevillée sur elle-même, occupée à faire on-ne-sait-quoi. « Alors comme ça on s’amuse à terroriser les jeunes filles impressionnables ? Que tu es vilain ! » Elle riait. « Raconte-moi. Qu’as-tu fait d’aussi immoral ? J’adore les histoires de trucs immoraux. J’en suis friande ! Ça me … » Elle leva la tête, le regard luisant d’une excitation malsaine. « Moi aussi, j’ai quelques exploits sur ma liste. » Elle secoua son bras, d’où perlait une petite pluie de sang. Dans l’autre main elle tenait une aiguille. Elle avait entaillé la chair, plusieurs fois. « Ne fais pas attention. Je me fais un petit pense-bête. Je suis une fille très étourdie. » Elle semblait beaucoup s’amuser. « L’important, c’est de survivre après tout. » articula-t-elle, paraphrasant Miles. « Je ne t’aime pas. Ta tête ne me revient pas. Tu ... » Elle s’interrompit, les mains plaquées sur la bouche. Elle vacilla. « Oups, il semblerait que je ne sois pas exactement la bienvenue. » Khénora voulait reprendre le dessus de son propre chef, une première. « Surtout, ne change rien. Tu vas tellement la terrifier que je vais vite revenir. » Elle toussota et cracha du sang. « Quelle sale gosse. Aucune reconnaissance du travail accompli. J’aurai dû laisser les deux autres lui passer dessus tout à l’heure. Ça lui aurait appris la vie. »

La jeune femme toussa de plus belle avant de s’effondrer. Quelques secondes s’écoulèrent, et elle rouvrit les yeux, de grands yeux pâles, harassés et quelque peu étonné.

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Miles Köerta
Dim 30 Oct 2016, 14:54

Partie de chasse dans les hauteurs enneigées
« L’homme, la bête et la montagne »

J’étais prêt à partir quand la voix de Khénora m’arrêta et m’obligea à suspendre mon geste. Ce que j’allais lui demander en retour? Bonne question. Je me le demandais moi-même, mais pour l’instant, je n’avais vraiment pas l’esprit à réfléchir à tout ça. Je ne savais toujours pas à qui j’avais à faire et, en réalité, je me demandais si elle pourrait m’être utile pour le travail que j’avais accepté d’accomplir. Haussant les épaules comme simple réponse à son interrogation, je la regardais s’éloigner dans les ombres de la grotte avec quelques vêtements sous le bras, un pas maladroit donnant un rythme à sa démarche pourtant gracile et fragile. Je la vis joindre sa silhouette aux ténèbres de la cavité, les ombres glissant leurs griffes sur ses épaules frêles. J’entendis alors de nouveau sa voix s’élever, son timbre délicat me soufflant de m’en aller. Je ne saurais dire si c’était par pudeur ou par colère, à la suite des propos que je lui avais adressé, qu’elle me demandait avec tant d’énergie de me retirer, mais je finis par la fixer quelques secondes encore avant de détourner les yeux et de prendre une grande inspiration. En une seconde, l’odeur de l’humidité, de la chaleur dégagée par le lampion, de l’hiver, à l’extérieur, et du parfum de la jeune fille pénétrèrent avec force dans mes narines. Puis, sans rajouter quoi que ce soit, je filais aussitôt à travers les flocons de neige.


Cela me prit plus de temps que je l’avais escompté, mais après une trentaine de minutes, voire même après une bonne heure de fouille, je finis par rejoindre la grotte avec le maximum de bûches que j’avais pu prendre et trouver dans les boisés à proximité. Le bois ne pouvait pas être sec, en raison du climat dans lequel nous nous trouvions, mais j’avais essayé de nous dénicher le bois le moins mouillé possible pour, au moins, nous démarrer un bon feu. Dans le pire des cas, je ferai apparaître plus de lampions dans la grotte: niveau sécurité, ce n’était pas la meilleure idée, la lumière libérée par de nombreux lampions risquant d’attirer des yeux peut-être malveillants, mais peut-être que la chaleur dégagée permettrait de nous réchauffer ou, au mieux, de sécher les bûches que j’étais allé ramasser. Sans attendre, j’entrais de nouveau sous le toit de la grotte, me secouant comme un chien sorti de l’eau pour retirer le surplus de neige qui s’était collée à mes fourrures. Cependant, avant de pouvoir esquisser un geste de plus, Khénora m’interpella, et ce, d’une façon qui attira aussitôt mon attention. Elle était enchantée de faire ma connaissance? Mes sourcils se froncèrent alors que je tournais mon visage dans sa direction, interdit. Qu’est-ce que c’est que ça? Me questionnais-je en écoutant sa voix rigoler et chantonner. Avait-elle perdu l’esprit? Je me risquais à faire quelques pas vers elle, mon front se barrant d’une ligne de plus en plus creuse au fur et à mesure que la jeune fille alignait ses propos. Était-ce vraiment Khénora?

C’est alors que je croisais son regard. Des pupilles rouges, frénétiques, s’étaient posées sur mon visage à l’instant qu’elle m’avouait raffolée des histoires immorales, tout en me soufflant qu’elle en avait, elle aussi, dans le placard. Une aiguille dans une main, du sang coulant de son autre bras, je m’aperçus sans mal de la boucherie qu’elle s’était elle-même infligée. Je scrutais les entailles rougeâtres, incapable de détacher mes yeux et de l’aiguille et de son visage qui, barré par un sourire, ne ressemblait plus du tout à la jeune fille que j’avais sauvé des griffes de cette bête.

« Qui es-tu? Grognais-je en lui lançant un regard foudroyant. Où est Khénora? »

Mais la jeune fille face à moi ne prit même pas la peine de me répondre, continuant de blatérer ses inepties avant de s’arrêter brusquement, au beau milieu d’une de ses phrases. J’observais le phénomène sans comprendre et pourtant, j’essayais de ne rien laisser paraître devant ses yeux écarlate, mais ce n’était pas facile en sachant devant qui – ou quoi? – je me trouvais désormais. Je n’osais pas bouger de ma position, et ce, même lorsqu’elle se mit à cracher du sang sur le sol glacé de la grotte. C’est seulement à l’instant où je la vis s’écrouler contre le sol que je décidais de m’approcher. Je gardais le silence jusqu’à ce qu’elle se réveille et, en croisant ses yeux, je remarquais immédiatement qu’ils avaient perdu cet iris cramoisi. L’opalescence de son regard avait reprit ses droits. Qu’est-ce qui vient de se passer? Une double personnalité? Une possession? Je réfléchissais et en même temps, je plaquais ma main sur son épaule, l’incitant, par ce geste, à ne pas faire de mouvement brusque.

« Tu es mal en point. Peut-être même plus que ce que je le croyais. »

Je glissais mon regard sur la surface sombre de la grotte, où nous pouvions facilement déceler les taches écarlate qui mouchetait le sol. Prestement, je songeais à tout ce que j’avais de médecine et de bandage à l’intérieur de ma besace, faisant apparaître, un par un, ce que je croyais avoir besoin.

« C’est peu de choses, mais j’espère que ça suffira… Au moins, jusqu’à ce qu’on trouve quelqu’un qui puisse te prodiguer de véritables soins. »

Me penchant à sa hauteur, je tirais d’abord sur le col de son chandail, voyant sans mal les blessures qui contrastaient violemment à la pâleur de sa peau. J’évaluais rapidement la gravité des dommages avant de prendre, à proximité, un pot d’onguent fait à base d’herbe médicinales et d’un peu d’eau pour humidifier la pâte.

« Il va falloir que tu enlèves ton haut, lui dis-je en lui adressant un regard sérieux. Mais si cela te pose problème, attache au moins les manches au-dessus de ta poitrine, histoire de ne pas être complètement nue tout en me permettant d’avoir un accès facile à tes blessures. »

J’attendis qu’elle s’exécute avant de plonger mes doigts dans la mixture. Puis, doucement, j’étendis la médecine le long de ses entailles.

« Pas trop mal? »

Lorsque je me fus assuré d’avoir suffisamment badigeonné ses blessures d’onguent, je finis par tourner mon visage vers son bras ensanglanté.

« Tu peux me dire qui elle est? Demandais-je alors à Khénora, levant mes yeux vers son visage de porcelaine. Cette fille aux yeux écarlate, qui elle est? Qu’est-ce que c’est? »

J’attrapais son bras, observant les blessures qu’elle lui avait fait avec son aiguille, intrigué.


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Partie de chasse dans les hauteurs enneigées | Khénora Laserian Signat16
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