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 [Quête - Solo - Terminée] Partie de chasse dans les hauteurs enneigées

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Mer 20 Juil 2016, 00:29


Il est notoire d'affirmer que les habitudes de toute une vie sont les plus piégeuses et les plus complexes à abandonner. Ce dogme suinta de véracité lorsqu'il dut s'appliquer à un moment où je m'en serais passé.  Des suites de l'ascension de son sommet, je me trouvais encore dans l'Edelweiss, à des journées – ou plutôt des soirées – entières de marche du Fjörd. Je bataillais à l'encontre de l'incommodité du climat, soutenu par la compagnie volatiles de maigres fonds de voyage. Jamais de mon vivant je n'avais été assujetti au besoin, à la nécessité de planifier ou économiser mes ressources – un domestique, si ce n'était l'intendant de mon père, s'en chargeait systématiquement et à merveille. Ces trivialités ne méritaient guère, de base, que je ne leur accordasse un quelconque intérêt, tandis que mon changement de race n'avait point réellement bouleversé cet acquis pour que je prisse l'habitude de m'y attarder. Dans la mesure où je voyageais communément en compagnie de Dame Schwarzen, ces considérations demeuraient inévitablement hors de propos. Jouissant de l'acquisition d'une récente forme d'indépendance, je dus toutefois me confronter à la cruauté du réalisme et de ses enjeux subséquents.

J'avais dépensé par-delà mes moyens dans les différentes auberges qui s'étaient dressées sur ma route. En conséquence, j'arrivais présentement à la limite de ma bourse, un constat d'autant plus amer que le climat de ces derniers jours ne s'était point démarqué par sa clémence : le blizzard quotidien ralentissait inlassablement mon retour au foyer. Tout rallongement se traduisait par des nuitées supplémentaires hors de la demeure de mon hôte, et cette contrainte devenait elle-même synonyme de dépenses additionnelles. Nul besoin d'afficher une expertise en arithmétique, je pouvais affirmer sans extravagance que mes fonds ne suffiraient point, même dans le meilleur des cas, à rebrousser chemin sans sommeiller à la belle étoile. Eut égard de mon expérimentation quant à l'animosité des tempêtes de la région, me soustraire à ce recours ne caractérisait point un simple caprice de luxe : il s'agissait d'une réelle contrainte irréductible de survie. Il me fallait donc impérativement établir un mode de subvention capable de pallier ce souci pécuniaire.

Assis à une table à constater ma dilapidation inexorable, je réfléchissais à une solution, observant distraitement les autres voyageurs. Je distinguai une écrasante majorité d'Orishas – le propre de l'Edelweiss –, mais également un Bélua aux oreilles félines, une paire de vampires, et un voyageur encapuchonné, massif, que je ne parvins guère à identifier. Sans doute se languissaient-ils tous, pareillement à moi, d'une accalmie pour recouvrir le fil de leurs voyages respectifs. Certains noyaient l'impatience dans l'alcool, sirotant allégrement bières et hydromels ; d'autres demeuraient attentistes. A chacun sa peine : le fléau de ma trésorerie m’obnubilait. Mes doigts pianotaient avec insistance sur le bois comme pour activer la réflexion. Celle-ci demeurait toutefois figée : je ne possédais foncièrement aucune idée, guère la moindre piste à explorer pour renflouer ma bourse. Les sons qui émanaient du meuble sonnèrent aussi creux que mon esprit. Une bien cruelle harmonie.

Soudainement, le fil – inactif – de ma pensée s'interrompit suite à l'arrivée abrupte d'un autre Orisha, à bout d'haleine. Celui-ci paraissait exténué – blessé même. Il saignait sordidement du torse, et le blizzard n'avait nullement ménagé la balafre. Sa respiration saccadée ne s'expliquait point uniquement au travers du simple fruit de l'effort – la peur transsudait du regard hagard de l'individu. On se précipita vers lui alors qu'il s'effondra à genoux ; le tenancier s'empressa d'interpeller sa femme pour qu'elle lui adressât les premiers secours. L'invité surprise fut mené à une table qu'on dégagea. On s'occupa prestement de ses blessures pour qu'il ne perdît point connaissance. Au détour d'une eau-de-vie qu'il offrit pour le ranimer, l'aubergiste chercha à s'enquérir de ses affres. « Eh, t'es avec nous ? Qu'est-ce-qui t'a foutu comme ça ? » Le souffle court, l'air déboussolé.  « C'était infâme. Infâme. Il a eu mes chiens, et a failli m'avoir… Il a eu mes chiens ! »  « Qui ? Quoi? »  « Mes chiens, l'enfoiré… » « Mais qui a eu tes chiens ? » « Le Khéjatar des neiges ! Que veux-tu que ce soit ? »

Un silence plana dans la salle. De toute évidence, cette évocation suffit à jeter un froid comparable à la température extérieure. Je m'approchai doucement, affichant un intérêt circonspect pour mieux appréhender le fil de la conversation. L'abomination des neiges, scandait-il ? De quoi pouvait-il s'agir ?  « Mais… il s'attaque pas qu'aux animaux, d'habitude ? » « Plus maintenant ! Il s'attaque à tout le monde, tout le monde ! Je pensais qu'une fois fini avec mes chiens, il prendrait la fuite… Mais non, il m'a sauté dessus, et a failli m'avoir à la gorge ! » « Comment tu t'en es sorti ?! » « J'sais pas… Je l'ai repoussé et j'ai couru, couru aussi vite que j'ai pu… jusqu'à arriver ici. » Nombre de regards s'orientèrent en direction de la porte, de peur que l'abomination les attendît au dehors. Le blessé mit un certain temps à constater l'effroi suscité, et, réagissant à l'inquiétude générale, jugea bon de préciser.  « J'crois qu'il a pas osé m'poursuivre en entrant dans le village… » Il avala une nouvelle gorgée de son remontant, sous l'ébahissement général. Quelques murmures furent échangés parmi le groupe d'Orishas. L'un d'entre eux, un barbu roux et imposant quoiqu'aux relents poisseux, finit par s'invectiver.  « On peut pas laisser cette abomination saccager les environs. Faut y faire quelque chose. » « Ouais, bien parlé ! Faudrait monter une expédition pour la chasser ! » « J'vais me charger de la mettre en place. Les gars, j'vous compte tous avec moi ? » Une approbation générale s'ensuivit, tant et si bien que ce problème semblait presque déjà résolu. Pour autant, l'inquiétude était toujours de mise au sein de l'assemblée, et si l'enthousiasme n'avait point manqué au rendez-vous conformément à l'exclamation du groupe, certains redoutaient sans doute le péril incarné par la créature. Peut-être désiraient-ils quelques renforts ? J'envisageais déjà de proposer mes services, quoique le chef improvisé ne m'octroya nullement l'occasion.  « Allez les gars ! Récupérez vos haches, vos lames, et sus à l'abomination ! »

Sitôt ses décisions imposées diligemment, sitôt l'escouade s'affréta au départ. Leur fougue ne me permit point de les apostropher : ils avaient déjà quitté les lieux. Nonobstant leur expédition, je m'approchai du tenancier, afin de me renseigner sur la potentialité d'un contrat de chasse. A quoi bon m'engager dans cette brimade si je n'en tirais guère profit ? Ce problème était intrinsèquement leur, guère mien. « Puis-je m'enquérir de quoi retourne cette abomination ? » L'individu me toisa d'un regard marqué par l'étonnement. Vraisemblablement, la créature appartenait au registre notoire des environs. Il mit un certain temps avant de s'adonner à une explication.  « C'est… un Khéjatar au pelage blanc et sanguinaire qui rode dans les parages. Il attaque les animaux lorsque le blizzard se lève. Déjà que les Khéjatars sont gros, lui, il est monstrueux par rapport à la norme. Ses crocs sont particulièrement redoutables ! On dit que son nid est au sommet de la montagne. C'est un vrai fléau quand il en descend. » « Un fléau que vous aspirez à voir disparaître, si je ne m'abuse ? » « Comme tout le monde dans le village. » Il haussa les épaules. Je souris, confiant. « Fort bien. Supposons qu'un chasseur aguerri vous propose ses services pour l'éliminer, pensez-vous que le village saurait lui être redevable, et le gratifier à sa juste valeur ? » Mon interlocuteur sembla hésiter. « Hum… Je suppose oui. Pourquoi ? Vous êtes un chasseur expérimenté ? » « Très précisément. »

J'exagérai, ne nous le cachons point. Cependant, tel était le paradigme de l'enchère : mieux je me vendais, plus grasse serait la récompense à l'arrivée. Il me suffisait de talonné le groupe hâtivement formé, d'abattre leur cible au moment opportun, et d'en récolter gloire, richesse et mérites. J'espérais simplement disposer de capacités suffisantes pour accomplir cet exercice, et que l'abomination ne fût point aussi… redoutable que son nom le laissait entendre. Ma nécessité impérieuse d'argent ne me permettait nulle autre option ; il était trop tard pour hésiter ou reculer. L'Orisha prit quelques instants pour évaluer ma proposition, se faisant devancer par le lanceur d'alerte. « Si vous nous débarrassez de l'abomination, oui, un peu qu'on vous sera redevable. » « Parfait. Je souhaitais simplement m'en assurer. Votre « abomination » ne sera plus qu'un mauvais souvenir d'ici la fin de la soirée. »

Se vendre était aisé. La difficulté résidait au dehors. Tôt ou tard, il m'incombait de l'aborder. Parallèlement à notre échange, l'individu massif s'était levé, avait quitté l'auberge. Il arborait une conséquente épée à deux mains, notablement accrochée à son dos. S'agissait-il d'un énième candidat à la traque ? Que les Aetheri ne m'opposassent point à un phénomène colossal de cette ampleur. Devais-je le questionner sur ses intentions ? Prématuré. Je me dirigeai également en direction de la sortie, affrontant, en guise d'exorde au défi, l'infamie du blizzard rugissant. Sa puissance m'accula, me forçant à couvrir ma vue tandis qu'elle ôta la capuche de la montagne… au physique controversable pour que le qualifier d'humain. L'homme, au faciès rongé par une myriade de cicatrices, m'apparut aussi taciturne qu'intimidant. Sa musculature prédominait, s'il n'affichait nulle prédisposition à un exercice affable de la loquacité, son physique trahissait au contraire une réclusion relative la civilisation : chevelure grasse, vêtements souillés par le sang, et autres parures crasseuses soulignaient sa miteuserie. Sa force physique imposait toutefois un curieux mélange de peur et de respect. Au demeurant imperturbable et impassible, il se contenta de progresser invariablement dans la poudreuse, ignorant les redoutables martèlement glaciaux. Sans nul doute disposait-il d'une facilité à arpenter ces dénivelés alpestres qui m'échappait.

La digression fut toutefois de courte durée : l'inconnu me distança, disparut au loin à son tour. Je m'attardai sur les potentiels indices octroyés par le paysage en dépit de son hostilité. Mon expérience de la chasse m'apporta une aide salutaire : je dénotai prestement une convergence entre les pas du géant et les traces laissées par le groupe d'Orishas. A celles-ci s'ajoutait une texture pénible à discerner dans le blizzard, mais néanmoins révélatrice de la piste qu'ils poursuivaient. Bien que discrets, des résidus sanguins ornaient sporadiquement le passage, dépeignant la fuite du blessé. Difficilement perceptible tant sur le plan visuel qu'olfactif, la prise de repères se révéla particulièrement ardue. Il me fallut quelque temps pour déterminer avec une assurance graduelle et croissante la piste à suivre – celle qui me mènerait avec exactitude vers le lieu du crime. La manœuvre de repérage et le périple puisèrent partiellement dans mes ressources avant que je n'atteignisse le terrain escompté. Fortuitement, la véhémence du climat s'atténua à mon arrivée et le blizzard cessa. Rémission éphémère : je me confrontai presque immédiatement à l'irascibilité de la créature.
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Dim 27 Nov 2016, 02:43

Je m'arrêtai à l'embouchure d'un versant sinueux. Tel qu'il m'avait été décrit, le Khéjatar se dressait en amont de la cime. Sa stature et son regard trahissaient sa férocité, quoiqu'ils secondaient la violence de la bête, elle-même incarnée par ses crocs protubérants. Rougis par le sang des cadavres canins jonchés en arrière-plan auxquels s'additionnait celui d'un Orisha, l'animal démontrait sans équivoque son enclin à la douceur. Affirmer qu'il n'avait point lésiné quant à leur emploi relevait de l'euphémisme. Proclamer le succès des traqueurs s'apparentait à une fade moquerie : leur déroute était sans appel. Si le monstre affichait des blessures comme l'attestaient de multiples coupures sur son pelage jadis immaculé, l'absence de lésion grave démontrait les déboires de ses poursuivants. La désertion ou dislocation de la cohorte ne s'en retrouvait que davantage probante. De la demi-douzaine d'enhardis, je ne dénotai qu'un unique représentant… avachi dans le sol enneigé. Le prétendu meneur de tantôt n'avait, visiblement, guère fait long feu en s'attaquant au félin : son corps lacéré illustration l'aboutissement de la confrontation avant qu'il ne dévalât la pente. En conséquence, le trépas du barbu avait vraisemblablement suscité une vaillante réaction de la part de ses compères : ceux-ci s'étaient livrés à une fuite sans préavis. Nul doute, le défunt avait été abandonné en hommage post-mortem.

Persistait une unique présence humanoïde : le colosse. Celui-ci défiait du regard le félin, le jaugeait, guettant le moment opportun pour fondre sur ce dernier avec son épée. La confrontation de forces brutes s'apparentait à l'apanage des rustres, il n'était point étonnant que l'Orisha roux ou que ce mastodonte ne s'y adonnassent à corps perdu. Somme toute, la configuration du champ de bataille me convenait. Peu m'importait l'identité de mon bouclier, seule prévalait l'existence d'un rempart physique dévoué – de gré ou de circonstance – à ma couverture. Je préparai mon arc pour me parer à tirer, sans pour autant donner suite à ce geste immédiatement. Pour cause : je désirai sonder la scène et établir le meilleur angle d'attaque avant de passer à l'action. Dans quelle mesure pouvais-je me fier sur la robustesse du géant ? Sachant qu'un tir en contrebas perdait notablement en puissance, parviendrais-je à me rapprocher suffisamment pour attaquer le Khéjatar décemment ? Jusqu'où s'évaluait sa vélocité ? Opterait-il pour une charge qui me serait destinée s'il remarquait ma présence ? L'ensemble de ces interrogations se heurtait dans mon esprit, et je tâchai de les traiter avec la plus vivace des promptitudes. Elles dénichèrent une réponse commune à l'éveil d'un imposant signal. L'inconnu poussa un hurlement de guerre tonitruant, prélude à sa frénésie sanguinaire farouche, avant d'assaillir avec une brutalité inouïe le félin. Celui-ci bondit en arrière, puis se retrouva contraint de réitérer : le guerrier déchaîna sa furie, désireux de ne laisser nul répit à la créature.

Les augures s'accordaient favorablement. Obnubilé par les charges bestiales, le Khéjatar ne disposait de temps à m'accorder. Je gravis la pente sans tarder, me positionnant à hauteur raisonnable pour seconder le combattant. Il n'était d'ailleurs point exclu que ce dernier ne requît nullement mon assistance, au vue de sa véhémence. Sa fougue ne le prémunit guère de blessures cependant. Saisissant les occasions opportunes, l'abomination des neiges exploita les failles exposées par sa stratégie exclusivement offensive pour lui asséner divers coups de griffes. Ces contre-attaques ne suffirent, pour autant, à entraver la déferlante de coups. Jamais auparavant je n'avais témoigné d'une exaltation martiale comparable ; le sang et les blessures n'affaiblissaient en rien l'intrépide belliciste – ils décuplaient sa rage, au contraire. Il intensifia ses frappes, acculant le Khéjatar dans ses retranchements. Contraint à adopter une posture semblable, l'animal bondit à la gorge du mastodonte, cherchant à lui arracher la carotide. En cas de réussite, j'escomptai un destin funeste pour le colosse. Je décidai donc d'intervenir à ce moment-là : ma flèche lâchée à la commissure des lèvres se figea sur le flanc de l'animal. Elle se révéla insuffisante à l'arrêter, à l'instar de mes salves répétées. Mon assistance ne suffit à parer l’irascible attaque.

Les crocs se plantèrent. Le combattant accusa le coup solidement relativement à la sévérité de l'impact. La lutte demeurait cependant compromise : privé d'une fonction vitale, l'effondrement découla inadvertamment. Dans un ultime souffle, le colosse employa son poids pour s'abattre avec fermeté sur le Khéjatar, livrant une épée alourdie par sa masse corporelle. L'élan du désespoir lui octroya l'énergie suffisante pour s'adonner à un bond inesquivable, résultant en une prodigieuse entaille en estoc, droit dans l'estomac de la bête. Empalé sur le tranchant, le tigre accompagna son poursuivant dans la chute. Leur tandem dévala lourdement la pente, multipliant les déchirures internes imputées à la lourde lame, avant atterrissage en contrebas.

La tournure de l'affrontement revêtit un caractère fort avantageux à mon égard. La mort – présumée – du belligérant m'importait peu, mais elle avait su être lot de bénéfices. La créature se trouvait considérablement affaiblie sinon trépassée tandis que je décrochai l'atout de la hauteur. Je me focalisai donc sur les mouvements de ma cible – m'assurant de réfuter son salut –, qui, en dépit de sa cascade vertigineuse, s'accrochait aux confins de la survie. Je ne comptais point lui allouer le luxe d'une quelconque récupération : j'accueillis son réveil par le biais d'une nouvelle nuée de projectiles. Titubante, elle me repéra, tenta d'escalader la cime pour me rejoindre dans le désespoir. Futile. Je vidai mon carquois avant de m'emparer de ma lance. Sa perdition me procurait excitation et non effroi : j'employai cette sensation pour animer l'impulsion du geste qui me poussa à la pourfendre. Ma lance se planta dans son front, l'arrachant subitement de ses derniers appuis à la vie. Le Khéjatar s'écroula une ultime fois dans la neige, retrouvant son pelage immaculé, perdu au cours de cette bataille, retrouvé dans le décès.

Bien qu'ayant secondé le balafré frénétique, mon entreprise fut couronnée de succès. Survivant exclusif de la bataille si l'on exceptait les déserteurs, je me réjouis de mon triomphe avec exultation. Par suite, je m'approchai de la bête pour extraire mon hast, pour sectionner la tête afin d'en créer un trophée, preuve de mon succès. La densité musculaire du monstre rendit son étêtement fastidieux. Accroupi, j'en profitai pour toiser le corps du colosse inanimé. La rage dont il avait fait montre m'avait assurément impressionné. Sa mort n'était point vaine, quoiqu'elle m'inspira quelque commentaire funéraire. Sa fougue du désespoir ne figurait guère dans les apanages communs. Pareille inspiration aurait pu se retrouver exploitée en des circonstances plus utiles. Rien n'assurait cependant qu'une telle impétuosité s'acclimatât à la docilité, l'obéissance des ordres. En outre, ces spéculations se sclérosaient dans le registre de l'hypothèse : l'individu avait trépassé ; il ne servirait plus le monde des vivants.

Cet ultime constat se heurta à la contradiction. Alors que j'achevais de scinder la partie utile du trophée, le colosse ouvrit les yeux, m'observa de ses yeux glacés. Un subite frisson parcourut mon échine. Je reculai de surprise. Amovible aux premiers abords, le corps entreprit de s'animer poussivement, avant de dégager le félin d'un bras lourd. Le monstrueux combattant avait survécu, contre toute attente. Il émergea sous mes yeux ébahis avant de me sonder du regard, de jauger la scène à travers ses indices dispersés, et d'employer son épée tel un support d'élévation. Mes craintes s'accentuèrent lorsqu'il raffermit sa prise pour la lever au ciel – je m'éloignai prestement. Sa cible se précisa peu après : il sectionna sèchement, en un coup, la tête que j'avais peiné à disjoindre du corps. A son tour, il se pencha, la ramassa, puis m'adressa un regard impénétrable à mesure qu'il se rehaussait sur ses appuis gigantesques.  « C'est toi qui l'as achevé ? », scanda-t-il d'un apophtegme pesant et imposant. Par opposition, je me fis davantage hésitant.  « C'est… exact, oui. » Il avait, selon toute vraisemblance, dénoté la stigmate de ma lance combinée à la myriade de flèches encore présentes dans la chair.  « Tu te bats comme un lâche… mais tu sais abattre tes ennemis. » Un éloge pour le moins singulier… ou un blâme inachevé ? Je ne sus établir pour quel paradigme opter, me contentant de guetter la succession des palabres prophérés par le géant.  « Quel est ton nom ? » Étonnante interrogation. Me louait-il ou me vitupérait-il ?  « Reddas Von Wyvernzern. », énonçai-je aussi placidement qu'il m'était réalisable.  « Reddas... », se contenta-t-il de murmurer avant de se retourner et de dévaler la pente.

La brièveté incarnait le maître mot de cette altercation. Réclamer le trophée m'apparut inapproprié. Une rixe avec un mastodonte doté de capacités de survie aussi confondantes s'avérait synonyme de suicide. Subséquemment, ne me restait qu'à désagréger une autre partie attestant de la débâcle du Khéjatar. Ses pattes se dressèrent comme le choix le plus naturel, bien qu'elles nécessitassent une durable et minutieuse manœuvre. Préalablement, j'observai l'inconnu s'éloigner, et me retrouvai parcouru d'un élan de curiosité à mon tour. J'élevai ma voix. « Comment te nommes-tu ? » Il ne se retourna guère, sans pour autant ignorer l'invective.  « Gazna. »

**

Le blizzard s'immisça pour agrémenter mon retour à l'auberge de son impulsivité. Mon arrivée, quant à elle, se ponctua d'une stupeur généralisée, initiée par mes deux interlocuteurs de tantôt.  « J'dois vous avouer, on vous donnait pour mort... »[/b] Une cocasse démonstration d'estime, s'il en était. J'adressai mon désenchantement du regard au même titre que je présentai la preuve de la résolution. Leur stupéfaction redoubla face à la patte arrachée. Il était temps d'imposer ma volonté.  « Donnez-moi pour non-mort, en ce cas, pour vous doter d'exactitude. Je m'exonère de toute blessure et viens réclamer mon dû. » Force d'argument résidait dans le succès que j'affichais. Seul un sot contrarierait son sauveur, qui plus était lorsqu'il affichait une démonstration irréfutable de talent… si j'osais supposer que Gazna ne s'était guère attribué la gloire préalablement.  « Euh… oui sûrement ! Vous réclamez quoi ? » Conjecture correcte.  « Une modeste récompense, je vous rassure. Offrez-moi la nuitée ainsi qu'une compensation pécuniaire que vous estimez juste, échue de contributions collectives. » Le village entier m'était redevable, somme toute. A chacun de collaborer à la redevance.  « Ah ! Bien sûr, ce sera fait ! »

**

La traque insolite me permit de renflouer mes fonds. L'échange insolite avec Gazna m'interpella pour le reste de la soirée. Qui était cet individu, et d'où tenait-il d'aussi formidables atouts pour le combat ? L'instinct me susurrait que nos routes étaient vouées à se croiser, une nouvelle fois. En circonstances favorables ? Je l'ignorais. J'espérais, à défaut, qu'elles ne revêtissent point le registre opposé. Considérations d'une nuit – le lendemain ponctua mes désirs par un retour pressant chez mon hôte. Je repris la route.

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[Quête - Solo - Terminée] Partie de chasse dans les hauteurs enneigées

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