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 ◊ L'absence ne renoue pas des liens usés ◊ [ Pv Shioban ]

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Mar 30 Aoû 2016, 02:31


'' Qu'est-devenue ma mère ? ''

Je manquai d'avaler de travers le breuvage que je venais de nous préparer.Toussotant quelques secondes, je me tournai vers mon neveux, une pointe de nervosité dans le coin d'un sourire déchirant. Il n'aurait pas pu être plus direct, plus sincèrement objectif. Il abordait un sujet sensible, mais on ne l'aurait pas cru en observant simplement son visage. Tous deux installés sur la seule table qui décorait le salon coquet, aux nuances de beige avec quelques points de verdure, nous ingurgitions le mélange avec lenteur pour en apprécier la délicatesse. Je savais qu'il cherchait des réponses à des questions restées en suspens pendant toutes ces années. C'est pourquoi, sans savoir lesquelles, je me sentais capable de tout lui dire, et de tout lui cacher en même temps. J'avais une irrépressible envie de protéger une des seules représentations vivantes de la vie que j'avais pu mener. Je crus tant de fois à une banale illusion, ou une simple machination de mon esprit pour croire que le bonheur m'était possible. Séparée de ma sœur, ce ne fut qu'à son mariage, peu avant la naissance de ses deux enfants, que je connus réellement le sens de ce mot. Mes parents nous étaient étrangers, nous avions appris à vivre seuls. Ce petit n'avait même pas eu droit à ce délice, cette possibilité.

'' Quel âge as-tu, Nahestël ? prononçai-je avec hésitation. Il faisait jeune, et épuré. Ce que ma sœur n'était d'ores et déjà plus.
- Trente trois ans, ma tante. Je balbutiai de surprise à ces mots, renversant quelques gouttes du mélange herbal, que j'essuyai tout aussi vite. Je me repris de suite.
- Le temps est un traître. Qu'il est facile de passer à côté de tout sans même s'en apercevoir… Je n'ai presque  plus le droit d'être appelée ta tante. Je ressentai une énorme peine en sachant à quel point nos âges étaient proches, car je réalisai tout ce que j'avais manqué, tout ce qu'il avait dû traverser sans mon soutien, ou celui d'un quelconque autre membre de la famille.
- Une courte espérance apporte une bien plus grande maturité avec le temps. Je n'ai rien vu du monde. Je n'ai pas reçu ses enseignements comme vous. J'ai peut-être réussit à mieux différencier le bien du mal. Ou du moins à mieux tracer ses frontières à ma façon. Je fus contente de ses aveux, et décidai de retourner à son initiale question.
- Il faut de tout pour faire un monde, mon enfant. Et tout comme tu as acquis certains enseignements, moi j'ai pu en recevoir d'autres. Ta mère est un parfait exemple de cet écart énorme à la tradition. Elle sortait du lot. Elle était resplendissante, intelligente, un excellent parti. Ton père, Qaphsiel, s'intéressa énormément à sa personne, et contrairement à de nombreux mariages dans notre famille, celui-ci fut marqué par le sceau d'un amour puissant. Ils étaient de vieux alliés, qui trouvèrent dans la prospérité de cette union, la paix. Mais lorsque vous deux… Lorsque cet événement funeste vint frapper la famille, ils n'étaient déjà plus aussi proches. Ton père finit par l'abandonner, en même temps que vous deux. Elle commença alors doucement sa déchéance mentale. Qu'elle ne put jamais retrouver.
- Vous pouvez tout me dire, ma tante. Je me suis renseigné. J'ai fait des rêves. J'ai entendu des gens parler. À rien ne sert de me cacher une partie de l'histoire, vous qui en connaissez les moindres parcelles. Mon père, l'est-il vraiment ? Ou s'agit-il de quelqu'un d'autre ? Il avait tout compris. Nahestël savait, ce que j'avais si honte de lui dire. Il me loua un rictus ténébreux, et il avait de souffrant ce que j'y lisai de touchant voire émouvant. Le petit ange qu'il était avait tout compris de l'enchevêtrement de cette union. À l'image d'une toile d'araignée aux nombreux fils, et responsabilités. Je me résignai.
- Te rappeles-tu de ton oncle Dual ? Il réfléchit une seconde, avant de répondre.
- S'il s'agit bien du frère de ma mère qui pendant longtemps fut soldat, j'en ai quelques vagues souvenirs.
- Il venait souvent vous rendre visite, toi et ta sœur. Te rappelles-tu de son visage ?
- Malheureusement non. Qu'y-a-t-il ? Je devrais ?
- Il s'agit du même homme qui t'a sorti de la prison morbide dans laquelle on t'avait enfermé. Pour mener à ton insu tout genre d'expériences et t'offrir au… plus offrant. Il s'agit du même homme qui a infiltré leurs rangs pour espérer vous sortir de là tous les deux. Le même qui est parti en se faisant passer pour mort aux yeux de son peuple et de sa famille. Le même qui n'est revenu que récemment pour corriger ses erreurs malgré lui. Le même qui s'en est voulu toutes ces années de ne pas avoir pu sauver ta sœur de son horrible destin. Il s'agit de ton père, Nahestël. À ces mots, je ne lus pas la surprise que j'attendais. Je vis plutôt une larme se former au creux de son œil.
- Continuez. Un 'je vous prie' était étouffé.
- Jamais aucun enfant ne naquit de l'union entre Qaphsiel et ta mère. Il s'en alla, sans que jamais ce ne soit possible. Très vite, elle fut prise en charge par mes parents, mais l'énorme pression qu'ils lui firent ressentir, la fit s'évader du manoir. Elle me rejoignit, et je fus son hôte pour plus d'une dizaine d'années. Je la vis perdre la foi, et surtout, j'assistai à sa prise de conscience. Elle est devenue… folle, mon bel enfant. Je marquai une pause pour l'entourer de mes bras, étreinte à laquelle il céda contre toute attente.
- J'avais remarqué qu'elle était changée. Elle n'était plus la même, et ne m'avait que très peu regardé quand je suis rentré… J'ai crus qu'elle me haissait. Qu'elle, comme tous les autres, me jugeait en rapport avec ce qu'on m'avait infligé… J'ai cru être le fautif, j'ai cru que je devais tout effacer. J'ai essayé de mourir même à cet instant… Je ne savais pas qu'elle souffrait autant. Il sanglota, et j'essayai de cueillir ces belles fleurs qu'étaient ses larmes. Celles d'un ange pur.
- Elle a sombré. Elle n'a pas pu supporter de tout perdre. Bien que tu sois revenu, c'était déjà trop tard pour elle. Dual avait disparu, son mari l'avait abandonnée. Je n'étais pas le confort dont elle avait besoin. Elle était dans une profonde solitude qui engendra la haine, la folie et la rancoeur en elle. Nous n'avons rien vu venir, et naturellement, nous n'avons rien fait pour l'empêcher. Elle vivait sous mon toit… et pourtant… Nous en avons fait finalement les frais, il y a de cela dix cycles lunaires. Elle a tout anéanti, voulant ma mort et celle de ton père notamment. Elle avait enlevé des enfants, essayant de palier à l'absence des siens. Elle ne t'a jamais reconnu, et a ainsi toujours pensé que tu étais toujours quelque part, en ce bas monde, et qu'elle devait te retrouver. Elle ne l'a juste… pas fait de la bonne manière. ''

Je passai les prochains jours à lui narrer des histoires, de vieux souvenirs et légendes qui étaient les nôtres. Je lui fis connaître l'histoire de sa mère, ainsi que celle de ses deux parents. Je lui expliquai le caractère fusionnel de leur relation, ainsi que le bonheur de sa naissance. Je lui déclarai tout l'amour que nous lui avions porté, et tout celui que sa famille pouvait encore lui dédier à ce jour. Je lui fis part de nos traditions, de notre toile complexe au coeur de laquelle il se trouvait bien évidemment. Je lui avouai mon envie de l'intégrer de nouveau à celle-ci. Si dans un début, j'eus droit à une simple moue d'incompréhension, bien vite ce fut de l'émotion et du sentiment qui prirent place et qui firent l'objet de son sourire. Il avait besoin de retrouver ces repères et de combler le trou noir qui déchirait sa poitrine et assombrissait son coeur. Il devait retrouver ses origines et grandir au coeur de ces dernières. Il avait le cran et l'intelligence pour. Il était l'enfant que je n'avais jamais pu avoir. Il était un nouvel espoir, et ma forme de rédemption. Il était la pièce du puzzle sans laquelle rien ne pouvait fonctionner.

'' Que dirais-tu de la rencontrer ?
- Croyez-vous vraiment qu'ils voudront de moi ? Il le disait avec un visage impassible, privé d'émotion. À croire qu'il ne s'agissait plus du même petit être adorable qui jusque là se mouchait à mes jupons. Je hochais de la tête, positivement. - Beaucoup de choses se sont déroulées dans ma vie depuis ma disparition. Je ne cherche pas à intégrer de nouveau leurs rangs, si cela veut dire qu'ils pourront tout se permettre et tout m'imposer. Je suis encore le seul à décider de qui je fréquente et de ce qui est bon pour moi.
- N'aies crainte, mon cher Nahestël. Ils n'en feront rien. Nous sommes juste une famille très soudée, qui condamne la trahison et qui prône la prospérité. Nous ne recherchons pas à t'endoctriner. Tu verras. Un événement assez important se déroulera sous peu. L'on y retrouvera la plupart des nôtres. Ce sera une occasion parfaite pour toi, si tu veux bien devenir un Loeifzig à part entière mon garçon.
- C'est avec joie que j'accepte l'invitation. articula-t-il en souriant.
- En parlant d'invitation, j'ai reçu il y a peu une missive très intrigante. Tu ne t'en rappelles sûrement pas, mais l'ancienne maîtresse de la branche Di Raziel se maria dans une autre famille. Elle coupa tout contact avec la nôtre sous peu, sans que l'on ne tente jamais de le renouer. Pour je ne sais quelle raison obscure d'ailleurs… Toutefois, ils ont l'air de s'être sortis d'un long sommeil également, car ils viennent de quérir mon aide concernant l'éducation de leur fille. Je n'ai pas beaucoup de détails, mais je tenais à te dire que j'ai accepté. Elle viendra habiter avec nous quelques temps.
- N'ayez crainte ma tante. Cela ne m'incommode pas du tout. ''

Nous restâmes là-dessus. Je savais qu'il ne chercherait pas à être particulièrement proche, mais je l'espérais au fond.

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Mer 31 Aoû 2016, 14:12



- Maudit soit ce fabricant de plume et maudit soit celui qui l'a engendré !

La pointe s'était rompue alors que je légendais une ruelle attenante à ma chambre. L'encre commençait déjà à couler..... Une aura bleue vint entourer la goutte traîtresse pour la faire léviter quelques centimètres au dessus de la table. Toujours énervée je l'envoyais se fracasser contre la porte d'entrée peu soucieuse de la marque qu'elle y laisserait. En revanche la petite traînée laissée sur ma carte était, elle,  au centre de mes préoccupations. J’attrapai le buvard pour empêcher cette stupide marque de sécher et de gâcher ainsi ma précieuse carte.
Une fois ce désastre réparé je me rendis compte de la chance que j'avais eu d'être seule dans cette pièce. Mon emportement et la peur d'avoir gâché mon ouvrage m'avaient fait commettre deux erreurs. La première, maudire ce fabriquant véreux. Pas parce qu'il ne le méritait pas mais parce que je l'avais fait à voix haute, si quelqu'un m'avait entendue j'étais bonne pour les ennuis. Et ce n'était pas une exagération Depuis que mon frère Wyn était devenu sorcier, mon entourage était devenu très inquiet au sujet de mon possible passage dans l'autre camps. Autant vous dire que m'entendre maudire quelqu'un et son ascendance n'allait pas les rassurer !
Deuxième erreur : la magie. Depuis trois ans je m’efforçais de faire croire que je ne parvenais qu'à la maîtriser à grand peine afin de prolonger mon séjour ici. C'est beaucoup plus facile qu'il n'y paraît en réalité. Avant même que je ne sache marcher mes parents avaient déjà fait tout les tests possibles et inimaginables sur mes pouvoirs. Le résultat était clair : contrairement à mes deux aînés la magie était faible en moi. Et à partir de ce constat ils en ont déduis, comme tous mes professeurs, que j'aurais toutes les difficultés du monde à l'utiliser. L'observation était juste, la conclusion erronée. La puissance viendrait sans doute à me manquer pour maîtriser les éléments ou jeter de puissants sortilèges, mais le peu de magie que je possédais je la maîtrisais parfaitement. Cependant après trois années à feindre l'incapacité des doutes commençaient à apparaître dans l'esprit de ma famille et de mes professeurs. Raison de plus pour ne pas commettre d'erreur comme celle-ci ! Personne ne devait savoir pour cette maîtrise, ma soit disant incapacité à la magie était mon seul rempart contre les ambitions de ma famille.

- Mademoiselle Djadeskoven il y a du courrier pour vous !

Je souris à l'homme en ouvrant à l'homme, il montait toujours les cinq étages là où d'autres se seraient contenté de laisser les lettres au rez de chaussé. En plus il ne fallait pas le pousser beaucoup pour qu'il me raconte tous les ragots et potins qu'il avait entendu au cours de sa tournée. Une vraie mine d'or pour la chasse aux informations ! Une fois qu'il fut reparti je pus me concentrer sur ce qu'il m'avait apporté. Trois lettres et un colis. Je commençai par ouvrir le colis et la lettre l'accompagnant. Je ne pus retenir un petit cris de joie en découvrant un magnifique atlas datant de l'ère précédente. Cet ouvrage était assez difficile à trouver, j'avais entendu certains maîtres mages en parler lors d'une conversation et depuis lors je cherchais par tout les moyens à me le procurer.  Je lus la lettre de l'expéditeur :


    Ma chère Shioban,
    J'espère que cet ouvrage te fera plaisir. Comme tu le sais mon camarade de promotion Andaric possède l'une des plus grandes bibliothèques de tout le continent, lorsque je lui ai dit que ma petite sœur recherchait cet ouvrage il n'a pas hésité à s'en séparer par amitié pour moi. Tu as bien fait de m'en avoir parlé avant d'aller demander à Ebroïn, notre frère a certes beaucoup de qualités mais il n'aurait pas pu se le procurer aussi rapidement que moi. Prends ce livre comme un cadeau d'encouragement pour tes études. Je sais que ça peut parfois te paraître difficile mais garde courage ! N'hésite pas à venir me parler si tu as besoin d'une oreille attentive.

    Je t'embrasse tendrement.

    Ta sœur Brunehilde Djadeskoven


Je ris à la lecture de cette lettre. Oui Brunehilde avait raison je savais pour son ami Andaric, tout comme je savais que sous entendre que j'allais demander à Ebroïn de m'aider serait le meilleur moyen de la pousser à me procurer cet atlas. Inutile de me jeter la pierre, je ne faisais que répondre au cercle vicieux dans lequel ils n'ont de cesse de vouloir m’entraîner.  Ebroïn et Brunehilde sont dans une guerre constante pour avoir le plus de soutiens possible au sein du clan. Mes cadets ont chacun choisit leur camp, il ne reste plus que moi qui n'ai pas encore « d’allégeance ».
Je ricanais de plus belle en découvrant le sceau d'Ebroïn sur la seconde lettre. Encore une lettre à jouer le grand frère attentif pour mieux me ramener dans son camps.


    Ma chère ShiobanComment vas-tu ?
    Te plais tu toujours autant au Lac De Transparence ?  J'ai croisé l'autre jour l'un de tes professeurs qui m'a parlé des tes difficultés à faire léviter les objets. J'espère que tu ne te décourages pas pour autant. La lévitation est une magie particulière, qu'il faut savoir appréhender. Je compte bientôt venir au Lac. Si tu veux nous nous entraînerons ensemble. J'ai hâte de te revoir et que tu me racontes ta nouvelle vie, d'autant plus que j'ai appris avec joie que tu renouais les liens avec toute une branche de notre famille. Je suis vraiment fier de toi ! À bientôt donc !

    Je t'embrasse tendrement.

    Ton frère Ebroïn Djadeskoven


Renouer avec une branche de la famille ?! Qu'elle était cette histoire ?  J'avais toujours évité de me mêler des affaires du clan, comment je pouvais me retrouver à tisser de nouveaux liens avec une autre branche ? J'attrapais la dernière lettre qui portait le sceau de mes parents je n'avais plus du tout envie de rire.


    Shioban,
    Nous espérons que tout se passe bien pour toi malgré les difficultés que tu rencontres dans ton apprentissage. Ta mère et moi pensons qu'elles sont en grande partie liées à ton environnement. Peut être était-ce une mauvaise idée de t'envoyer seule au Lac.  Dans cette phase difficile que tu traverses tu dois avoir besoin du soutient de notre clan, c'est pour ça que nous avons demander à une de tes tantes de t’accueillir chez elle.  C'est une membre de la famille Loeifzig, vois là un moyen de solidifier les liens de notre clan, tu sais à quel point la famille est importante. Nous sommes sûrs que tu seras à la hauteur. N'hésite pas à lui demander conseil pour tes études !

    Nous t'embrassons tendrement.

    Ton père et ta mère Lothaire et Galswinte Djadeskoven.


- Ça ils ne l'emporteront pas au paradis !

J'aurais du me douter que ça finirait bien par arriver, qu'ils trouveraient bien un moyen de m'utiliser pour leurs manigances. Aux dernières nouvelles nous n'avions plus de contact avec les Loeifzig depuis un bon moment. C'était d'ailleurs étrange vu leur influence. Peut être qu'en réalité ils cherchaient un moyen de se rapprocher depuis des années et évidemment il fallait que ça tombe sur moi. Une fois encore il allait a falloir que je m'adapte pour garder ma liberté. Je regardais ma carte inachevée, au moins je récupérerais de nouvelles informations pour avancer sur mon ouvrage.

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Mer 31 Aoû 2016, 22:45


L'ange prit en main le courrier qui m'était adressé. Je lui avais laissé prendre toutes ses aises, sachant qu'il ne les exploiterait pas. Il voulut en lire le contenu, et qui étais-je pour lui nier ce plaisir. Désireux de trouver de précieuses informations (que ce soit sur la nouvelle locataire, ou sur la famille qui l'accueillait après des années d'absence ), il en extirpa le plus possible. Les différentes branches ainsi que leurs particularités demeuraient un véritable mystère pour mon neveu, et l'esprit de la famille incompréhensible à ses oreilles naïves, privées de l'histoire morbide qui les avait établies.

'' Et donc, de notre côté, nous portons tous le nom des Loeifzig, descendants directs du Patriarche. Notre branche est composée de : Adolv et Isaeura, tes arrières grands parents ; Joshua leur fils, ton grand-père, qui se maria à Inokentia, anciennement Walker ; et de leur union naquirent ton père et ta mère, à savoir Dual et Irisviel. Voilà, tu sais tout.
- Qu'en est-il de toi ? Si ce n'est pas indiscret
- Je suis la fille d'Inokentia, mais je suis issue d'un adultère. J'ignore réellement qui est mon père, ou plutôt je n'ai jamais voulu le rencontrer. Je connais son nom, et il arrive parfois qu'on se croise lors des réunions.
- Il n'a jamais essayé d'entrer en contact avec toi ?
- Une rancune envers la famille… C'est tout ce qui motivait ses faits et gestes. Sa relation avec Inokentia n'était basée que sur des mensonges.
- J'ai cru comprendre que les liens de sang transparaissaient devant tout. Que ce soit la loi ou les mœurs…
- C'est bel et bien le cas.
- Pourtant, il me paraît évident que le bonheur de chacun n'est pas une priorité…
- Tu as raison. C'est l'intérêt général qui prime. Il faut oeuvrer pour la prospérité de la famille. Elle t'aidera dans chacun de tes projets, et te protégera si jamais on te veut du mal, ou qu'on te cause du tort. Cela dit, il faudra être près à servir ses intérêts et ce en toute circonstance.
- J'imagine que plus on est proches du coeur de la famille, plus cette façon de penser est forte.
- Et tu auras vu juste. Il se tut après ce commentaire, déçu. L'espace d'un instant, je lus le dégoût sur son visage. Je le vis disparaître aussitôt, mais j'eus peur. Il semblait porté à défier les mœurs, les croyances communes. Il n'était pas du genre à se ranger dans un groupe, ou à craindre être traité différemment. Il était fort par ses convictions, mais elles pouvaient aussi devenir sa plus grande faiblesse. Un ange révolutionnaire… Ce n'était pas le premier dans nos rangs, et certainement pas le dernier…

Il lut la lettre, à voix basse.

    Chère Eulalie,

    Cela fait bien longtemps depuis la dernière fois que nous avons échangé. C'était à mon mariage si je ne m'abuse. Je sais que cela peut te paraître bizarre, mais je reviens vers toi, en ces temps de besoin, dans l'espoir que tu accepteras ma requête. Nous souhaitons renouer avec la famille, les parents de mon mari ayant trépassé depuis peu. Nous nous permettons alors un peu plus de libertés, et espérions retrouver les grâces de notre maison. Notre fille, Shioban, étudie depuis bientôt trois ans au Lac de Transparence, et j'ai cru comprendre, après un petit échange épistolaire avec Isaeura, que tu habitais aux orées du lac, en digne magicienne d'un quelconque renom. C'est pourquoi, à l'aube du rassemblement prochain, je voudrais que tu la prennes sous ton aile, afin de lui enseigner la magie. L'ambition est une mœurs qu'elle n'a pas encore, et je suis dépitée de voir qu'elle n'apportera pour l'heure aucun avantage à la famille. Je fais le paris que la réussite lui sourira après un petit séjour chez toi. Si le coeur t'en dit, bien entendu.
    J'attends également de tes nouvelles.

    Salutations,
    Galswinte


Je lui expliquai les causes de l'éloignement des Djadeskoven, à savoir le mariage de la sœur d'un des plus fiers descendants du Patriarche. Cette dernière était la rédactrice de la lettre, et celle à quémander mon aide pour l'instruction de sa fille. Je n'avais en aucun cas bafoué son honneur ni son intégrité en lisant cette missive, jugeant qu'aller aussi loin pour ses enfants est un acte des plus louables. Nahestël cependant ne semblait pas être muni de tant de compassion ou de compréhension, n'acceptant guère l'abandon ou l'éloignement pour des raisons aussi puériles que les prises de pouvoir, l'ambition et la prospérité. Je lui fis comprendre qu'il n'était pas toujours évident d'accepter ses prochains, mais que c'était un effort nécessaire, voire impératif, et je décelai tristement la méprise sur son visage. Ce petit avait des plaies plus profondes que je ne l'imaginais, sa confiance ayant été sauvagement raillée et bernée. Il lui faudrait un temps avant de la bâtir, avec seules ses cendres pour appui.

Une autre lettre, cette fois lui étant adressée, avait pour but de le féliciter et l'encourager. La famille saluait bien bas sa survie extraordinaire, eux qui le croyaient mort depuis des décennies. Ils le priaient de bien vouloir se rendre au regroupement qui aurait lieu dans un cycle lunaire, afin qu'ils puissent l'intégrer de nouveau à la hiérarchie. J'essayai de le rassurer comme je pus.

'' Ne juge pas un livre par sa couverture, Nahestël. Tu sais bien que c'est une erreur. Ce n'est pas à nos mœurs qu'il faut mesurer notre valeur. Elles sont anciennes. Elles proviennent d'une autre époque, où la vie était plus dure et les droits plus restrictifs. Tu ne peux pas leur en vouloir, et si c'est le cas, tu peux t'efforcer de changer les choses. Chacun a un droit de parole, et il sera pris en compte s'il est contraire à tous les autres. Je ne te promets pas qu'on t'écoute au début. Je ne te conseille pas d'aller contre le courant tout de suite. Je te prie d'aimer ta famille. D'apprendre à les aimer comme ils sont, puis tu apporteras les changements nécessaires, parce que tu tiens à eux. Cela t'es pardonnable. La trahison ne l'est pas. Tu n'es pas obligé de t'investir dans la famille qui plus est… Il freina mes paroles, décidément trop nombreuses et hâtives.
- Ma tante ! Ma tante… Ne vous inquiétez pas pour cela. J'ai beau être en désaccord avec certaines de leurs pratiques, je ne vais pas chercher à les changer. Je veux uniquement trouver la famille dans laquelle j'aurais pu continuer de grandir. Si une personne telle que vous en est la descendance, je ne peux que porter de grands espoirs quant à son ascendance. Je veux connaître mes racines. C'est le principal. ''

Il sourit, et soulagée, je rédigeais le courrier intimant la jeune femme de me rejoindre à la fontaine qu'on avait bâtie aux orées du Lac de Transparence. J'aimais à m'y rendre, et j'en profitais pour lui montrer une façade de la magie qu'elle ne connaissait pas forcément, à ne l'avoir vu représentée que dans des livres et dans la bouche de certains savants. Là n'est pas le meilleur moyen d'instruction. L'affection envers une pratique et des paroles pleines d'autre chose que théorie, conduisaient à un apprentissage bien plus régulier et efficace. Il était porteur de beaux fruits mûrs. Je misais sur sa réussite moi aussi, sans même l'avoir rencontrée.

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Dim 04 Sep 2016, 14:03

Et c'est à ce moment là qu'il s'est endormi. Je sais qu'il n'est plus de première jeunesse mais quand même je pensais qu'un magicien de son niveau serait plus endurant !

Je dissimulais mon sourire derrière mon verre. L'information était vraiment juteuse, bon nombre de personne serait prêt à payer pour savoir qu'un certain marquis à l'apparence respectable fréquentait ce genre d'endroit. La remarque sur la performance n'était qu'un petit bonus. La jeune femme encore peut vêtue remonta à l'étage. Officiellement l'établissement n'était qu'une auberge située dans un quartier un mal famé officieusement c'était un véritable carrefour du monde souterrain. Toutes les activités frisant où dépassant allégrement les limites de la légalité s'y retrouvaient. En somme une source inépuisable d'informations en tout genre. Il m'avait fallu du temps pour trouver cet endroit dont je faisais à présent parti des habitués. Une serveuse vint déposer un petit sachet sur ma table :

Cadeau de la maison pour récompenser ta fidélité, fit elle avec un clin d'oeil

Je fis trembler ma main pour me saisir de l'objet consciente du regard que le tenancier devait poser sur moi. À l’intérieur je vis une poudre aux reflet sombre facilement identifiable : l'onerai. Un composé à la fabrication secrète qui vous plongeait en transe, une drogue qui permettait à des milliers de personnes d'échapper à leur réalité. Sans plus attendre je vidais le contenu dans mon verre. Simuler les tremblements caractéristiques du drogué en manque me permis de rependre la moitié de la substance sur me genoux et non dans ma boisson. Je réussis également à n'avaler qu'une partie de mon verre . Je commençais néanmoins à ressentir les premiers effets de l'onerai, évidemment il m'avait fournit de la poudre pure.... la réalité se tordait, les couleurs devenaient plus lumineuses ce n'était que la première phase il fallait absolument que je m'arrête avant la seconde. La serveuse était toujours là, impossible de régurgiter la drogue de toute façon il était trop tard elle se diluait déjà dans mon sang. Sang qui coulait à présent sur ma main, mes ongles plantés dans ma paume généraient une douleur qui me permettaient de garder ma conscience éveillée. Ma vue était entrain de me trahir, il fallait donc que je me focalise sur d'autre sens. Percevant encore un regard inquisiteur sur ma personne, je m’affalait sur la chaise la tête révulsée en arrière, les yeux exorbités et un sourire béas aux lèvres. C'était une position que j'avais souvent observée chez les consommateurs d'onerai. Le plafond se colorait de différentes tâches, tâches qui se mettait à danser, à former des images familières... Non oublier la vue ne pas prêter attention à ce sens, se concentrer sur la douleur la douleur était fiable, la douleur était une ancre qui ramenait à la réalité, la douleur, la douleur, la douleur et rien que la douleur ...


Ѻ
Je ressorti trois heures plus tard de l'établissement, j'étais exténuée mais satisfaite. J'avais réussi à maintenir ma couverture. Si les gestionnaires de cet endroit toléraient ma présence c'était uniquement parce qu'ils me prenaient pour une droguée cherchant sa dose d'onerai. J'ignorais s'ils m'avaient offert cette dose pour me tester où juste pour maintenir ma supposée addiction. Peu importait en réalité, l'important était que je puisse continuer à venir ici. Je bifurquais sur ma droite je savait qu'il y avait une fontaine à proximité. Je m'y arrêtais pour me passer de l'eau sur le visage, et nettoyer ma plaie. Voir cette fontaine me rappelait le rendez vous fixé par Eulalie, je n'avais plus qu'une heure pour m'y rendre. Mes pupilles étaient encore un peu dilatées et mes jambes étaient encore engourdies, ma démarches était donc chancelante. Je me donnais donc une demie heure de repos pour laisser le temps à mon corps de récupérer.
Je sortit un carnet et un crayon de mon sac, le temps que mon corps élimine les dernières traces de l'onerai je pouvais rentabiliser les trois dernières heures. La pêche aux informations avait été bonne ! J'ignorais si ce stupide jeu de mot fait avec le nom de l'établissement, « la Bonne Pêche », était du au reste de l'onerai ou alors à une forte détérioration de mon humour... Rapidement je consignais tous ce que j'avais appris, certaines de ces informations ne me serviraient sans doute jamais d'autres seraient des arguments de poids dans de futures négociations. Je me souvenais encore du jour où un antiquaire m'avais cédé une superbe carte ancienne en échange d'une information sur un parchemin magique qu'il désirait obtenir depuis longtemps. Ebroïne et Brunehilde donneraient cher pour obtenir certaines pages de ce carnet, du moins s'ils en connaissaient l'existence. Mais ce ne serait pas assez rentable, j'obtiendrais peut être une faveur conséquente sur le moment mais je devrais alors entrer de plein pied dans les affaire du clan. Pour l'instant mes parents et ma fratrie ne pouvait faire que des hypothèses sur mes capacités, que ce soit en tant que cartographe ou espionne, je reste donc relativement à l'écart des stratégies claniques. Mais dès que je confirmerais mon potentiel tout sera terminé, je ne pourrais plus utiliser mes capacités pour moi toute action devra être faite pour le clan Djadeskoven et ça c'était hors de question.
Je refermais mon carnet d'un claquement sec. J'en avais fini avec les informations qui me serviraient de monnaie d'échange. Il ne me restait qu'une dernière donnée à consigner, une qui faisais partie de celles que je ne partagerais pas... celles qui concernaient mon frère Wyn. L'avantage lorsque vous vous faîtes passer pour une accros à l'onerai c'est que les gens ne prêtent plus attention à vous. Ils vous croient parti dans votre transe et coupé du reste du monde, alors ils parlent sans crainte à proximité de vous persuadé que vous ne les entendez pas. Ce fut le cas aujourd'hui... ce vampire ne se doutait pas que je ne perdais pas une miette de ce qu'il disait lorsqu'il parlait d'un jeune sorcier ayant ravagé toute une auberge à cause d'une réflexion sur son physique. Le portrait qu'il en a dressé m'avait permit d'identifier mon frère, Wyn n'avait jamais supporté les remarques sur son physique enfantin, en un sens j'étais rassurée, il allait bien. Depuis son départ je glanais toutes les informations possible sur sa localisation et son état. La Bonne Pêche était parfaite pour ça, le monde souterrain des magiciens est très proches de celui des sorciers. Mon carnet possédait un compartiment secret, j'y rangeais une carte de notre monde. Ce n'était pas moi qui l'avait tracée elle était tout ce qu'il y avait de plus banal, du moins à l'origine. Depuis cinq ans je l'avais couverte d'annotations relatives à Wyn. J'y ajoutais une crois rouge symbole d'une bagarre, il y avait quand même beaucoup de croix rouge sur cette carte....

Une cloche dans le lointain me fit comprendre que je devais me dépêcher si je voulais être à l'heure pour mon rendez vous avec Eulalie. Je rangeais mon matériel ma conscience était de nouveau parfaitement claire seul mon corps ressentait encore une petite raideur à cause de l'onerai, mais cela pouvait facilement passer pour des courbatures, d'autant plus que mes pupilles avaient retrouvé une taille normale. Grâce à quelque chemins de traverses je parvins au lieu de rendez vous avec quelques minutes d'avance, restait à trouver la fameuse Eulalie.
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