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 Le retard de la bête [Visite Edoudou]

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Sam 06 Aoû 2016, 22:02


À partir du premier jour où Edwina avait été incarcérée en Enfer, Zane ne lui avait rendu visite en tout et pour tout qu’une seule fois. Il avait ses raisons pour ne pas l’avoir fait avant, mais il avait surtout ses raisons pour le faire maintenant. Ne pas l’importuner de sa présence était aussi bienfaisant pour lui que pour elle. En procédant de la sorte, elle avait dû apprivoiser son nouveau milieu. Durant cet intervalle, le Démon avait trouvé le temps de reposer l’œuf de Suris comme convenu, honorant ainsi sa part du marché. Il aurait sans doute pu en tirer quelque chose avant de le remettre à son propriétaire si ce dernier n’avait pas été propre à Sympan. Ce fut dommage de n’avoir repéré aucune fonction favorable avec. Quoi qu’il en soit, le Monarque s’apprêtait à revoir celle pour qui il avait eu un coup de cœur tout du long de leurs arrangements. Il avait envie de l’obtenir, mais peut-être n’était-ce que le fruit de son péché, et donc qu’il s’agissait seulement d’un attrait passager pour lequel il se lasserait très vite une fois entre ses mains. Ou alors c’était un sentiment sincère qu’il avait gagné sans s’en rendre compte. L’un comme l’autre pouvait lui poser problème s’il ne prenait pas garde à assurer ses arrières. L’Ultimage demeurait une femme instable ; intimidé, voire anxieuse par la présence des hommes. Ce devait être encore plus vrai pour lui, qui se rangeait dans le camp des barbares et des escamoteurs. Elle était aussi très bien entourée politiquement. Cependant, il jouerait de son élégance et de son charlatanisme pour la persuader qu’elle ne trouverait jamais meilleur parti que lui.

Il était incontestablement l’un des rares à pouvoir résister à sa magie capricieuse sans mourir du premier accident survenu. En plus d’y aller pour argüer sa carte envoutement, Zane devait également tirer certains mystères au clair. Seth lui avait restitué des faits corrélativement troublants au cours de son absence antérieure, et ce n’était pas pour lui plaire. Si Edwina savait quelque chose ; il arriverait à lui faire cracher le morceau moyennant la panique qu’il était capable de lui insuffler quand il se trouvait près d’elle. Pour cette responsabilité relativement conciliatrice, il ne soutiendrait aucun textile recouvrant son torse. C’était de toute façon recommandé pour le produit qu’il venait de glisser dans sa poche. De plus, pour cette mission simpliste, il ne serait pas seul puisque escorté de son plus fidèle ami – qu’il n’avait pas revu depuis un moment – et qui se faisait une joie de faire la connaissance de la dame en question. Le démesuré loup leva la tête d’entre ses pattes lorsqu’il perçut que c’était l’heure du départ. « C’est pas trop tôt ! Tu mets toujours autant de temps pour te bichonner. C’est affligeant. » « Du calme, Krog. Les bipèdes sont moins farouches que vous. C’est ce qui nous permet de tirer le meilleur de notre interlocuteur. Tu verras, c’est une femme qu’il vaut mieux caresser dans le sens du poil. » « En parlant de poil, qu’est-ce qui t’as pris de me foutre cette lotion à l’odeur infecte sur ma fourrure ? Ça me gratte le cul maintenant ! » Zane prit un objet sur son étagère. « C’est toujours plus approprié que l’état dans lequel tu es arrivé. Couvert de boue et de sang, elle ne t’aurait pas laissé l’approcher. Malgré tout, c’est vrai que j’aurais dû limiter la dose. Enfin bon. Partons. » « Grrr. Je me vengerais. » Au terme de leurs chamailleries, les deux compères se rendirent donc dans la chambre de la prisonnière. Du moins, c’était son statut officiel, car en vrai elle créchait ici comme n’importe quel Démon.

Les guerriers qui gardèrent la porte firent rapidement entrer leur chef, mais il rentra seul. Le loup avait disparu entre temps. Quand il fut à l’intérieur, son regard se précipita immédiatement vers le lit sur lequel elle était disposée. Difficile de clarifier – en voyant son visage – si elle était contente ou tourmentée de le voir ici, bien que l’un semblait bien plus patent que l’autre. « Bonsoir, Dame Edwina. Vous ne vous ennuyez pas trop, j’espère ? Désolé de ne pas vous avoir rendu visite aussi souvent que je l’aurais voulu. J’étais assez occupé ces derniers jours. » Il ne se préoccupa d’aucun détail de la demeure, se contentant de s’approcher d’elle en la gardant fixement dans sa ligne de mire. Il posa le crâne peint que lui avait envoyé Devaraj par colis sur la table de nuit. « Voici un cadeau pour me faire pardonner. J’ai appris qu’il s’était passé quelque chose récemment. Vous ne le savez sûrement pas, mais pour votre sureté, un ami à moi veille constamment sur vous. Tu peux entrer ! » Le loup traversa le mur adjacent avant de s’asseoir près de son maitre en basculant la tête sur le côté pour examiner la Magicienne. « Vous n’oseriez rien me cacher n’est-ce pas ? » Il glissa ses doigts en dessous de son menton en le relevant délicatement. « Faites-moi part de vos maux. Dites-moi ce qui ne va pas. En même temps que je vous écoute, j’aurais besoin d’un massage pour me détendre. Tenez. » Il attrapa la main de la jeune femme afin de lui déplier les doigts et lui déposer le flacon d’huile dans le creux de celle-ci. Il se retourna ensuite, lui exposant ses larges épaules et son dos athlétique bardées de plusieurs cicatrices. « Allez-y. » Ce n’était pas une prière. C’était un ordre.
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Dim 07 Aoû 2016, 10:52

La Reine Blanche redressa la tête lorsqu'elle entendit un bruit provenir de l'extérieur. Cessant immédiatement de respirer comme si ce simple fait pourrait la sauver d'une éventuelle intrusion, elle était prête à redire clairement au Magicien qui lui tenait compagnie ici qu'elle préférait rester seule encore quelques temps s'il s'agissait de lui. Combien de temps ? Elle l'ignorait. Elle ne voulait pas subir la compagnie d'un homme. Pas après ce qu'elle avait vu, pas après ce qu'il s'était passé. À vrai dire, si elle n'avait pas si honte, elle serait déjà partie de l'Enfer. Mais qu'aurait-elle dit à celle qu'elle avait envoyé gouverner à sa place ? Elle ne pouvait pas avouer l'inavouable. Alors elle était restée, attendant que son sentiment passe, que son esprit guérisse. Elle ne s'était jamais autant lavée que ces derniers jours, elle n'avait jamais autant couvert son corps, serré autant sa poitrine. Elle voulait faire disparaître tout ce que ce corps déplaisant était sous les tissus de ses vêtements.

Quand elle reconnut la silhouette de celui qui s'invitait chez elle, elle écarquilla les yeux, se redressant totalement. Son cœur se mit à battre plus vite et elle le fixa sans vraiment le voir comme s'il était la pire chose au Monde ; ce qui n'était pas si faux que cela. Lorsqu'il commença à lui parler, aussi calmement que possible, elle fit un léger mouvement, visant à reculer son buste de quelques millimètres. La chose était presque imperceptible, tout comme la totalité de son corps qui s'était raidi, visiblement prêt à l'attaque. Le principal souci c'est qu'elle ne faisait pas le poids. Il était bien plus fort qu'elle et elle en avait eu un aperçu plus tôt. Ses yeux s'attardèrent sur le crâne qu'il venait de poser sur la table de nuit et elle se mit à avoir quelques pensées macabres. Il venait pour la tuer cette fois, c'était certain. Pourquoi lui offrirait-il cette chose hideuse sinon ? « Oh... » fit-elle simplement en voyant apparaître le loup. Elle se mit à le contempler, préférant largement la présence de ce dernier à celle de l'homme et ne pensant pas un seul instant que celui-ci était peut-être là pour la dévorer.

Ce qu'elle ne comprenait pas, c'était le comportement de Zane. Elle ne chercha cependant pas les fondements de celui-ci, elle les connaissait. Il avait agi de la même manière quelques jours auparavant, pour l'amadouer. Elle était persuadée qu'il s'agissait d'une ruse de sa part, un prélude à des choses bien moins courtoises. Mais pourquoi répéter la même scène ? Elle savait à présent quelle Bête horrible il était. Ne bougeant toujours pas, son regard se mit à parcourir frénétiquement la pièce à la recherche d'un moyen de fuir ou de l'attaquer. Toutes les idées étaient bonnes à prendre. Edwina frissonna lorsqu'il passa son doigt sous son menton, serrant ses lèvres immédiatement mais se rappelant dans un éclair de lucidité qu'elle avait attaché ses dagues à sa ceinture, entre ses différentes couches de vêtements, pour se protéger. Elle devrait réussir à en atteindre une et, ensuite, elle la lui planterait dans le cœur. Ce serait facile, en théorie. « Vous... vous... » commença-t-elle lorsqu'elle comprit qu'il lui demandait un massage. Elle fixa la fiole qu'il avait posé dans sa main puis porta son regard sur lui, réellement, pour la première fois depuis qu'il était entré. Elle n'avait fait que fuir jusqu'ici, essayant de le considérer comme une grosse masse mouvante, ne l'observant jamais avec minutie comme si elle allait se brûler les yeux. À présent qu'il avait le dos tourné, elle se sentait un peu mieux mais elle connaissait trop bien ce sentiment. Il lui avait fait le coup aussi la dernière fois, celui de fermer les yeux et de la laisser faire ce qu'elle souhaitait. C'était un piège. Elle devait se débarrasser de lui ou, du moins, lui faire comprendre qu'elle ne tolérerait plus sa présence. Cette pensée était idiote. Elle était en Enfer, elle était chez lui. Pourtant, elle ne voyait pas d'autres alternatives. « Je... ». Elle écarta les cheveux du Souverain, déboucha la fiole, puis l'apposa doucement sur sa peau en tremblant légèrement. De son autre main, elle souleva le tissu de sa robe afin de la glisser jusqu'à sa taille et de sortir l'une de ses dagues des différentes couches de tissu qu'elle portait sous cette dernière. Elle pencha la fiole, le liquide coulant lentement entre les omoplates du Monarque. Une fois qu'elle eut attrapé ce qu'elle souhaitait, elle lâcha l'huile tendant ses deux mains devant elle en menaçant la nuque de Zane avec le bout de sa lame. « Je... Sortez ! » dit-elle d'un ton qu'elle voulait ferme mais qui ne l'était pas vraiment. « Je ne veux plus vous voir ! Je vous... ». Quoi ? Elle le détestait ? La belle affaire. « Sortez sinon je vous tue. » répéta-t-elle comme pour être plus précise dans ce qu'elle souhaitait. C'était étrange. Sa dague paraissait si petite par rapport à la masse qu'il représentait. Elle préférait ne pas poser les yeux sur lui. Elle savait ce qui était arrivé la dernière fois qu'elle l'avait fait et elle en avait honte, ça plus que du reste.
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Mar 09 Aoû 2016, 16:43

Éveiller des agitations au-dedans de la gent féminine était devenu proportionnément convenu pour le mortel de l’éternel. D’habitude, il est vrai qu’il s’amadouait d’un engouement total, où femmes et hommes se battaient grièvement pour modestement l’approcher, cela sans se préoccuper de l'émanation criminelle qu’il dégageait. Évidemment, de Souverain Démoniaque à Ultimage, la comparaison ne tenait pas la route. Les interactions de cette dernière ne cessaient toutefois de le surprendre. De cette peur avec laquelle il jouait naissait de la rancœur. De cette même rancœur, une empathie bien plus ambivalente semblait prendre forme. Il ne parvenait pas bien à éclaircir de quelle manière elle interagissait avec lui en fonction de ce qu’il faisait ou disait. De ce côté-là, la Reine Blanche le laissait pantois sur l’attitude à adopter. Le voile de mystère qui l'auréolait était en tout cas assez péremptoire pour le rendre toujours plus inquisiteur de la découvrir. Un sourire marqua d’ailleurs son visage à plusieurs reprises lorsqu’il entendait les balbutiements de ses désapprobations. Du moins, ça y ressemblait, même si elle se résilia à le masser. La considération fut toutefois assez brève puisque la fiole qui fut renversée sur sa colonne se changea contre d'insolentes bravades et une dague qu’elle semblait pointer dans sa direction. Somme toute un peu surpris par ce geste, il est vrai qu’il n'imaginait pas la dégouter à ce point.

Depuis qu’elle fermentait dans les entrailles de l’Enfer, Zane avait toujours été un hôte courtois et révérencieux. Jamais une seule fois il ne lui avait porté préjudice, d’où son absence prolongée. Krog étendit son cou ; les poils hérissés, il grognait à l’attention de la femme. Il avait beau savoir son maitre à l’abri, c’était l’instinct de l’animal qui parlait. Il lui sauterait à la gorge au moindre geste déplacé. Le Démon le calma nonobstant d’un regard. Sans l’once d’une crainte vis-à-vis de cette déstabilisation ridicule, néanmoins méritante, il pencha sa tête en arrière afin d’enfoncer la pointe de la dague sous sa peau. Une goutte perla alors qu’il sentait les mains de la jeune femme reculer sous la pression. En écartant la lame de cette façon, le guerrier fit volteface pour saisir doucement sa menotte armée. Il regarda simultanément celle-ci avant de porter son attention sur le bleu gris de ses iris. « Si vous tenez vraiment à tuer quelqu’un, il y a plusieurs choses à savoir. Premièrement, l’intention doit y être. Avec votre détermination actuelle, vous ne pourriez même pas réprimander un enfant. Dites-vous qu’en vous débarrassant de votre cible, en l’occurrence moi, vous ferez une bonne action. En admettant ce fait, vous pourrez passer à la seconde partie. » Il enroba ses paumes autour de cette main inchangée, préservant une certaine suavité pour ne pas la froisser. Il structurait l'emplacement de ses doigts pour qu’elle maintienne correctement et fermement sa prise. Il orienta ensuite la lame en la pénétrant à l’endroit précis où se trouvait son cœur. Sans ciller, il engagea encore davantage la dague. « Vous le sentez ? Je suis à votre merci. Un seul geste de votre part et je gis sur le sol, après quoi je baignerais dans mon sang impur. » Un centimètre de plus. « Mais au fond, je suis certain que vous ne me voulez aucun mal. Vous me portez trop de tendresse. » Allez savoir s’il croyait intimement à cette assertion.

En tout cas, il se sentait suffisamment confiant pour relâcher l'étranglement et se lever. Du sang s’écoulait de son torse, mais ce n’était vraiment rien en comparaison des retours de campagnes de guerres. Il marcha jusqu’à un tiroir, puisant sur celui-ci pour extraire une autre dague, beaucoup plus opulente que ce qu’elle tenait dans la main. Il revint vers elle en la lâchant sur le couvre-lit. « La prochaine fois que vous désirez vous défendre, pensez aux armes que je vous lègue. » La chambre avait effectivement été précautionnée par les soins de Zane, notamment pour éviter qu’un drame ne se produise. Du haut de son gabarit, il croisa les bras en inclinant légèrement la tête sur le côté, laissant un soupir lui échapper. « Maintenant, dites-moi tout. Que s’est-il passé la dernière fois que je suis venu ? » Il aurait été complètement idiot s’il n’avait pas deviné qu’un imposteur s'était introduit sans consentement. Le changement radical d’attitude était assez explicite. De plus, il avait pris ses précautions, mais ça, personne n’était censé le savoir. En attendant une réponse claire de sa part, il posa un genou sur le lit, puis un deuxième. Il estompait la distance. Lentement. Il chassa les mèches noires de la Magicienne pour étaler sa paume contre sa joue. « Je vous l’ai prouvé, non ? Je vous aime. Sinon pour quelle autre raison votre baiser n'aurait-il pas fonctionné ? On sait tous les deux que ce vœu est immuable. Si vous avez un doute, vous pouvez embrasser l’un des traitres qui siègent dans ma suite. Et parce que je vous chéris, je ne vous ferais aucun mal. Jamais. Du moins, pas intentionnellement. Pas tant que vous resterez ici. » Le Diable goguenard ; acteur impénitent qu’il était, pouvait sciemment la bafouer en lui diffusant ce message erroné. En même temps, il pouvait aussi être vérace et être réellement épris de sa personne. Après tout, rien ne l’interdisait.
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Mar 09 Aoû 2016, 21:51

Les yeux de la jeune femme s'écarquillèrent doucement lorsqu'elle s'aperçut qu'il était le seul ici à enfoncer un peu plus sa dague dans sa peau. Ce geste la déstabilisa complètement et la fermeté qu'elle essayait de maintenir sur l'arme s'ébranla rapidement. « Que ? » commença-t-elle sans comprendre ce qu'il faisait. Quand il saisit sa main, elle voulut la lui reprendre sans y parvenir. « Laissez-moi... ». Elle était certaine qu'il allait encore la tourmenter. Elle avait envie de l'éloigner d'elle aussi loin qu'elle le pouvait. Elle se demandait d'ailleurs ce qu'elle faisait encore là. Troublée par ses dires, elle fuyait son regard comme on fuit la peste, souhaitant toujours se défaire de son emprise, surtout depuis qu'il jouait à un jeu macabre avec cette lame. Pinçant ses lèvres, elle essayait de tirer sur sa prise afin de ne pas le blesser davantage, ce qui était en total opposition avec ce qu'elle souhaitait réaliser plus tôt. Seulement, elle ne savait plus. Ses façons de faire la troublaient. Elle ne le comprenait pas et sa dernière phrase finit d'achever sa volonté. Laissant sa main retomber le long de son corps alors qu'il s'était relevé, elle fixa la fiole d'huile qui tâchait peu à peu le couvre-lit. Quand il revint avec une arme bien plus grosse, ses muscles se contractèrent de nouveau. Elle fut étonnée de le voir la lâcher devant elle. Ses lèvres s'entrouvrirent et son regard finit par enfin croiser le sien. Elle semblait chercher sa vérité à lui. Que faisait-il au juste ? Edwina expira, essayant de se calmer. Pour l'instant, il était assez éloigné d'elle, ça irait. Cependant, quand il posa la question, elle n'en revint pas. Totalement hébétée par ses mots, elle baissa les yeux pour rencontrer la dague, ne sachant que répondre. Elle aurait fini par dire quelque chose s'il n'avait pas décidé de réduire encore la distance qui les séparait. Totalement paralysée, elle se mit à respirer bien plus profondément, cherchant de l'air comme elle le pouvait, chose qui n'était pas aisée vu la constriction qu'elle imposait à sa cage thoracique à cause des bandes qui écrasaient sa poitrine. Virant au rouge, ses lèvres bougèrent sans qu'aucun son n'en sorte au début. Cet homme était fou. Finalement, elle choisit la fuite, se dégageant de son emprise pour disparaître dans la salle de bain. Elle claqua la porte et posa son dos contre cette dernière. Elle entreprit de respirer comme elle pouvait. Il était hors de question qu'elle desserre ses vêtements. Elle devait reprendre la main sur la situation.

Après quelques longues secondes, elle finit par sortir de sa « cachette » un linge mouillé à la main, souriant au loup comme pour lui signaler qu'elle n'était pas un danger. Elle s'approcha de l'homme, plaçant, à son image, un premier genoux sur le lit puis un deuxième avant de l'atteindre. « Vous êtes fou... » murmura-t-elle en fixant sa blessure. Elle avança sa main, posant ce qu'elle tenait dans celle-ci dessus. Elle refusait toujours de le regarder dans les yeux. « Je ne vous crois pas. ». La sentence était on ne peut plus claire. « Et puis, un autre homme m'a déjà embrassée longuement avant vous sans que rien ne se passe. ». Elle marqua une pause. « Raeden Liddell, un forgeron qui vit dans la Montagne. ». Elle avait précisé l'identité de ce dernier afin que le Monarque ne la traite pas de menteuse, sans savoir qu'ils se connaissaient. « Je pense que cette magie est plus qu'aléatoire... ». Elle soupira, pinçant de nouveau ses lèvres. « Peut-être est-ce lui qui a gagné ma main... Je ne sais qu'en penser... Je dois dire que je préférerai. Je ne sais pas... ». L'identité du vainqueur avait été cachée le temps de la guerre et, de ce fait, elle n'avait toujours aucune idée de l'homme qui l'épouserait bientôt. « Mais... Hum... Qu'importe. ». Après avoir laissé le linge posé un certain temps, elle l'écarta pour voir si la blessure avait cessé de saigner. Comme ce n'était toujours pas le cas, elle appuya de nouveau dessus. « Comme je vous l'ai dit, je ne vous crois pas. Je sais que vous essayez de paraître gentil pour m'amadouer et me faire du mal ensuite. Comme la dernière fois. ». Y repenser la fit légèrement vaciller mais elle tint bon. Ce qu'elle lui avait murmurée à l'oreille était... Elle rougit soudainement, se concentrant sur le lingue qui recouvrait sa blessure. « Je... J'ai voulu rester ici afin d'éteindre ce désir que vous m'avez confié. Je... J'ai eu la prétention de croire qu'il était véritable mais... ». Elle ne finit pas sa phrase. « Je pense qu'il est normal pour un Démon de désirer ce qu'il n'a pas alors... Je voulais que vous courriez après Eorane en pensant qu'elle était moi. Je voulais que jamais vous ne veniez ici, en pensant que j'étais elle. Je... Je sais que c'est dans votre nature de faire des choses mauvaises. J.. j'aurai dû le savoir et me méfier. Vous ne pouvez pas aimer, pas après ce que vous m'avez fait... ». Elle se pinça les lèvres un moment puis continua. « Si vous m'aimez, vous avez eu une façon déplacée de le montrer. Je... Un baiser ne prouve rien de toute façon. » conclut-elle plus fermement. Elle était assez confuse, ne sachant que croire. Il lui avait dit vouloir la posséder et elle était ici, en Enfer, avec lui. N'avait-il pas eu ce qu'il souhaitait en additionnant ce qu'il avait fait la dernière fois ? Il lui avait dit l'aimer mais qu'était-ce que l'amour pour lui ? Inspirant, elle ouvrit de nouveau la bouche, remontant son regard pour rejoindre le sien. « Avouez que vous ne m'aimez pas... Ou, alors, prouvez le. ». Elle était à peu près certaine qu'il allait se moquer d'elle comme la dernière fois. Fixant ses yeux, elle se sentit faiblir. « Vous ne souhaitez que me tourmenter... ». murmura-t-elle, embarrassée. Elle baissa de nouveau ses mires sur le linge.
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Mer 10 Aoû 2016, 22:33


Dur, dur de faire succomber la Reine Blanche. Elle préféra la fuite à la promiscuité, si bien que sans aucun scrupule elle s'ensauva dans la salle de bain en brutalisant  la porte. Décidément, son atout attraction ne fonctionnait jamais indéfiniment sur le schéma classique. Même s’il était persuadé de pouvoir l’obnubiler malgré ses accablants rejets, elle parvenait constamment à le couper dans ses élans. Il allait devoir revisiter intégralement son approche, et pour ça il avait un plan tout à fait judicieux qui saurait remettre de l’ordre dans sa formation martiale contre l’amour. Qu’elle se dérobe autant qu’elle le voudrait, il ressurgirait en redoublant la charge s’il le fallait. Enfin, ça, c’était avant qu’elle ne revienne gentiment vers lui pour essuyer la plaie qu’il s’était infligé. À quoi jouait-elle ? Pire qu’un boomerang, elle partait et réapparaissait sans cesse, sauf qu’à la différence de l’objet, il ne s’attendait jamais au discuté retour. Pendant qu’elle s’acharnait à vouloir suspendre l’éruption sanguine, Zane prit le flacon d’huile qu’il déposa sur la table de nuit. Il songerait à faire venir un domestique pour changer les draps un peu plus tard. Il lui sourit. « Bien sûr que je suis fou. N’est-ce pas le propre de l’amour de perdre la raison ? J’ai l’habitude des sentiments humains, et ceux-ci s’en rapprochent étrangement. » Ce qu’elle lui avoua en conséquence le fit toutefois légèrement tressaillir. Ce nom. Il ne pouvait pas omettre le substantif de celui qui un jour l’avait tué devant tout un assemblé. On l’avait ensuite gentiment revigoré, mais l’affront avait été levé. Depuis ce jour, Zane s’était fait la promesse d’en venir à bout une fois qu’il serait assez compétent.

Aujourd’hui, il était le grand Monarque Démoniaque et sa puissance était devenue l’une des plus accablantes de ses terres. Il n’avait plus les mêmes armes qu’autrefois. Il pouvait l’écraser par sa force et l’opprimer par son charisme. Dorénavant, il avait une raison supplémentaire de faire la peau à cet incestueux. Plus elle en rajoutait, plus il serra son poing. L’étreinte était si fougueuse que le bruissement de ses os commençait à se faire entendre. « Raeden Liddell n’est qu’un adolescent couvé par sa mère ! Un enfant ne mérite aucunement de finir dans vos bras. S’il s’avère qu’il s’agit bien de votre futur conjoint, mettez-vous en tête que le mariage s'achèvera dans le sang et les tripes. » S’il y a bien une chose qu’il haïssait plus que tout, c’est que quelqu’un le devance à propos de ses prétentions. Qu’elles soient éphémères ou non, il userait de son influence. Tout fâché qu’il était, il laissa cette option de côté. Pour le moment. Elle revenait sur cette conviction de croire qu’il n’était que le mal incarné à plein temps. C’était vrai en théorie, mais toute règle comprenait des exceptions. S’il avait cédé à ses pulsions, sans doute l’aurait-il giflé afin qu’elle cesse de se morfondre de la même et interminable dérobade. Mais il se retint. Il avait le contrôle. Il attrapa seulement sa main, pour qu’elle arrête de se focaliser sur ce qu’elle faisait et qu’elle se concentre davantage sur lui. Il creusa ses joues avec ses autres doigts pour la forcer à lever les yeux. « Voulez-vous coucher avec moi ? » La question semblait impertinente et déplacée dans un tel contexte. Elle l’était. C’était volontaire, essentiellement pour la troubler et comprendre ce qu’elle désirait vraiment.

Il changea néanmoins rapidement de sujet pour lui répondre. « Selon vous, c’est parce que je suis appâté par le mal que je ne vous en fais aucun ? Ça ne tient pas la route. Si j’ai envie de vous déguster, je le ferais. Avec ou sans votre consentement. Ma patience à ses limites. » Il se leva, presque en sursaut, comme s’il était indigné par l’inculpation avec laquelle elle le damnait. « Je sais ce que sont les péchés, figurez-vous. Je dispose des clés de chacun d’entre eux. Croyez-le ou non, mais derrière la porte de l’envie ne se cache pas votre visage. » Il déambula calmement jusqu’à la table qui servait de salle à manger. En arpentant un tiroir, il sortit un rouleau de parchemin qu’il déchira pour s’en approprier une petite partie. En ouvrant une armoire, il prit un encrier ainsi que sa plume. En quelques secondes, il griffonna quelque chose sur celui-ci. « La magie pourrait vous prouver tout ce que vous désirez. Cela étant, vous aurez bientôt la certitude formelle que je ne plaisante pas. » Il posa l'instrument sur la table. « Je vais vous faire une proposition. » Il plia le morceau de parchemin et le glissa dans son pantalon.

Il retourna ensuite dans la chambre. « J’aimerais vous convier à un dîner demain soir. Nous serons que nous deux, sans compter les domestiques bien entendu. Je ne vous oblige à rien. C’est une simple invitation que vous pouvez décliner. Je ne veux pas de retour immédiat. Quelqu’un viendra vous chercher ici, à la même heure. Soit il reviendra seul, soit vous serez à ses côtés. » Zane aimait préserver le mystère, mais il agissait également de la sorte pour la faire cogiter. Pour qu’elle réfléchisse toute la nuit et toute la journée de demain s’il le fallait. C’était un moyen infaillible pour l'amener à douter. « Sur ce, je vous laisse à vos occupations. Tâchez de passer une bonne soirée. » Sans plus de cérémonie, il quitta la pièce. À peine fut-il sorti qu’il siffla durant trois secondes. Un homme voilé répondit immédiatement à l’appel. Sans s’arrêter dans sa foulée ni même se retourner, il tendit en l’air le bout de parchemin que l'arrivant réceptionna. « Faites parvenir cette missive à Raeden Liddell. Vite. » La directive ne pouvait pas être plus claire. L'individu acquiesça avant de disparaitre. Sur ce mot était écrit : Il parait que l’on te nomme la bûche sauvage. Il est temps d’en être digne. Edwina Nilson, celle que tu convoites tant est retenue captive dans mon royaume. Elle est enceinte et attend de moi son premier enfant. Je dis premier, car il risque d’y en avoir plusieurs. Je suis quelqu'un d'insatiable. PS : Son corps est succulent. Signé Z le Magnifique. De la provocation outrancière comme il savait si bien le faire. Un coup bas qui ébranlerait certainement l’homme en vue de son affection pour elle. Zane comptait bien le détruire mentalement. Ce n’était que les prémisses d’une cruauté sans nom.  
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Jeu 11 Aoû 2016, 17:26

Edwina gémit faiblement lorsqu'il lui attrapa les joues. Jusqu'alors, elle s'était contentée de fixer ses yeux sur le linge tout en évitant soigneusement de répondre à quoi que ce soit, quand bien même elle comprenait qu'elle avait commis une erreur. Elle réfléchissait à ce qu'elle pourrait rajouter pour désamorcer la situation mais ne voyait rien. Elle pensa à tellement de choses pour sortir Raeden des mauvais draps dans lesquels elle l'avait mis mais, hormis celle de le critiquer ouvertement devant le Monarque, aucune conclusion ne semblait salutaire. Sans doute aurait-elle pu détourner la conversation, lui chuchoter qu'elle aurait préféré épouser un Roi, comme lui, mais il ne l'aurait jamais cru. Elle ignorait les fondements de cette haine qui semblait le ronger vis à vis du Bélua mais elle ne les demanda pas, elle n'en eut pas le temps. Perdue dans les iris du Souverain, elle écarquilla les yeux à l'entente de la question. « Qu... Quoi ? » finit-elle par articuler, semblant à la fois indignée et profondément troublée. Il y eut un infime moment où son esprit se plut à imaginer la chose sans lui demander son avis, la faisant rougir et détourner le regard. Elle chassa ses pensées, ne répondant néanmoins pas à la question. Elle ne le pouvait pas. C'était indécent et totalement déplacé. Heureusement, il n'insista pas, partant sur un autre sujet de conversation, au grand soulagement de la Reine Blanche qui était de plus en plus mal à l'aise vis à vis de leur promiscuité. En l'écoutant, elle commença à douter. Il marquait un point lorsqu'il avançait qu'il aurait pu la forcer. Elle en avait eu une illustration plus que convaincante la dernière fois qu'il était venu. Alors pourquoi ne le faisait-il pas maintenant, sans attendre ? Elle avait également une idée sur la question, pensant qu'il préférait la tourmenter, la faire hésiter sur le statut qui devait être le sien dans son esprit. Il était le Diable, une Bête à laquelle elle ne pouvait faire confiance. Pourtant, elle se laissait légèrement attendrir par cet homme. Elle finit par faire la moue, curieuse de savoir quel visage se cachait derrière la porte de l'envie si ce n'était pas le sien. En y songeant, elle se rendit compte qu'elle n'avait pas à s'en préoccuper. Qu'importe, du moment qu'il la laissait en paix ! Elle croisa les bras sur sa poitrine, le regardant s'adonner à un étrange rituel. Que faisait-il encore ? Le fait qu'il se soit éloigné la fit reprendre contenance. « Ah oui ? » fit-elle simplement lorsqu'il lui garantit la certitude de son inclination. La suite l'étonna et elle resta immobile jusqu'à ce qu'il disparaisse.

L'Ultimage se retourna pour la énième fois entre ses draps. Elle n'arrivait pas à dormir, pensant sans cesse à cette question qu'il lui avait posée. Qu'aurait-il fait si elle avait répondu non ? Se serait-il agacé ? Peut-être que non. Si elle n'était pas celle qui lui faisait envie, il n'y avait aucune raison qu'il le prenne mal. Oui, elle aurait dû lui asséner une réponse négative sans aucune pitié pour ses sentiments. Elle soupira. Et si elle avait répondu que oui, qu'elle désirait faire l'amour avec lui ? Elle se mit à rougir en y songeant, essayant de chasser cette image de son esprit, en vain. Elle n'avait pas oublié ce qu'elle avait fait quelques jours plus tôt. Elle gémit devant sa propre faiblesse, se retournant sur le ventre pour enfouir son visage dans son oreiller. Il se jouait d'elle. Elle le haïssait.

Le lendemain, elle entreprit de s'interroger sur ce qu'elle devait faire : y aller au risque de subir encore les frasques du Monarque Démoniaque ? Ou rester là, au risque de faire l'objet d'une éventuelle colère ? Pourtant, il lui avait donné le choix de décliner son offre. Elle soupira, n'arrivant pas à avoir des idées claires, n'ayant au final que très peu dormi. En attendant de prendre sa décision, elle prit le parti de dénicher de quoi se vêtir si elle acceptait de l'accompagner dîner. Puisque rien ne lui plaisait réellement dans sa penderie, elle dessina une robe sur un bout de parchemin qu'elle confia à l'un des gardes à sa porte. Il ne put résister à l'ordre d'aller lui trouver ce qui ressemblerait le plus à ce qui était représenté, ainsi que des chaussures assorties, des bandes de tissu de la même couleur et quelques accessoires. Pendant ce temps, elle prit un bain, se couvrant tout de même d'un vêtement. Depuis que Zane lui avait soufflé que son loup veillait sur elle constamment, elle ne pouvait plus se mettre nue. Et s'il s'agissait d'un Bélua ? Elle avait fait l'erreur une fois, pas deux. Elle prenait donc très à cœur, depuis hier et plus que d'habitude, de cacher chaque parcelle de son corps, se changeant en adoptant des stratégies plus ou moins ridicules. Elle ferma les yeux, repensant malgré elle aux doigts du Démon la... Elle rouvrit ses mires, sa respiration s'accélérant, hors de tout contrôle. Elle ne pouvait pas dîner avec cet homme ! Elle pinça ses lèvres, sortant finalement de l'eau avant de s'enrouler dans une serviette. Lorsqu'elle constata que ce qu'elle avait demandé était posé sur son lit, elle resta un instant sans bouger, troublée. Et si elle essayait le tout, juste pour voir ce que cela donnerait ? La couleur ne lui était pas familière mais elle s'était dit qu'il n'y avait rien de plus adéquat que le rouge en Enfer. Peut-être était-ce également pour d'autres raisons mais celles-ci lui appartenaient.

Après plusieurs longues minutes où elle entreprit de se sécher comme elle le pouvait en préservant son corps des regards indiscrets, qui n'existaient probablement que dans son imagination, puis plusieurs autres longues minutes qui furent nécessaire à l'habillage, elle se coiffa, plaça ses bijoux et se maquilla légèrement. Elle s'observa un moment, ayant soudainement envie de tout retirer. Cette couleur était trop vive pour elle, tellement qu'elle avait l'impression d'être la seule chose visible dans la pièce. Son collier était également trop apparent et... sa gorge était bien trop découverte. Bien entendu, elle avait demandé des bandes de tissu rouge afin de maintenir sa poitrine serrée au maximum sans que cela ne se remarque mais... « Hum... » fit-elle, préférant fuir son propre reflet. Il se moquerait d'elle s'il la voyait ainsi. Anxieuse, elle décida qu'elle ne reviendra pas sur sa décision. Elle n'irait pas. Pourtant, quand le domestique qui devait la conduire auprès de Zane apparut, elle se sentit mal à l'aise. Et s'il le tuait ? N'était-il pas le Monarque Démoniaque après tout ? Il pouvait très bien s'en prendre à ses serviteurs pour épancher une quelconque colère. Avait-elle au moins le pouvoir de faire naître la rage en son cœur ? Elle ne pensait pas. Mais si elle avait tort ? Elle devait trouver une solution. Elle prit donc un parchemin, réfléchissant à ce qu'elle allait écrire sur ce dernier. Une fois qu'il fut rédigé, elle le donna à l'homme. « Veuillez remettre ceci au Roi, s'il vous plaît. ». C'était mieux ainsi. Elle n'aurait pas à décider de le rejoindre ou non. Elle était sûre qu'il préférerait dîner seul dans ces conditions, qu'il ne souhaiterait pas faire ce qu'elle lui avait demandé implicitement. Tremblante de l'audace qu'elle avait eu, elle préféra s'étendre sur son lit à espérer qu'il ne le prenne guère mal. Quant à savoir s'il le ferait ou non, elle pensait avoir la réponse bientôt. Fixant le plafond, elle n'avait aucune idée de ce qu'elle espérait, plongée dans une sorte de confrontation entre deux volontés totalement distinctes.

Au Monarque Démoniaque.
Puisque ce n'est guère mon visage qui se cache derrière la porte de votre envie, cela prouve à mes yeux le peu d'intérêt que vous me portez. Vous devriez convier le visage de vos pensées à dîner au lieu de vous contenter de ma présence. De plus, il m'a toujours été conté qu'un homme amoureux ne laisserait jamais son domestique venir cueillir la femme qu'il essaye d'obtenir et qu'il viendrait la chercher en lui apportant un présent. De toute façon, ma tenue ne me sied guère et je suis lasse d'une nuit bien trop agitée à mon goût. J'espère que le repas vous sera agréable.
La Reine Blanche.
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Ven 12 Aoû 2016, 00:04


Il espérait qu’elle viendrait. Tout comme cet homme qui pouvait certifier l’ébahissement d’une fabuleuse soirée d’adieu. Zane s’était fait tout beau pour l’événement. Certes, il aimait perpétuellement être irrépréhensible sur son physique et sur les ports de sa tenue, mais là c’était différent. Il avait une femme à convoiter, à corrompre, à complaire. L’attention était dans ces conditions plus ferventes jusqu’à la moindre partie qu’il s’attelait à préserver jalousement avec le moins de faux plis possible. Il était au fait du caractère de la Dame, par conséquent il savait qu’il devait s’habiller — pour une fois — décemment, en ajustant chaque pan de son gilet pour qu’il soit sans bavure, son col ouvert en un grand "V". Un pantalon brodé de motifs ; ligoté par des sortes de cordages aux magnifiques dorures. En revanche, il portait très peu de fioritures pour ce cas. Il avait opté pour le rouge afin de coïncider avec le lieu dans lequel il se trouvait. Par principe, il avait même fait conférer la salle pour qu’elle soit dans un ton identique. Des rideaux d’une couleur écarlate recouvraient les immenses fenêtres qui juraient ordinairement sur l’extérieur, mais la vue n’était pas aussi exaltée que dans les autres cités, c’est pourquoi il avait gâté la sobriété en restreignant tout visuel avec ce qui se trouvait au-delà de ce palais. Avec le contrôle capillaire, il raflait néanmoins beaucoup de temps sur la teneur de ses cheveux qu’il voulait plus hirsutes et crêpés que de nature, après les avoir attachés en une immense queue derrière sa nuque. Le restant de ses mèches encadrait à merveille son faciès.

Grâce à cela, il avait pu se concentrer essentiellement sur le dîner en composant en personne les plats et les desserts qu’il désirait assouvir à sa table. Tout fait inhabituel que c’était pour un Démon – et d’autant plus pour un Monarque – il appréciait ériger toutes sortes de mets. La tension qu’il fournissait dans leur concoction était conforme à celle qu’il délivrait lors de ses engagements. Pour le reste, la décoration était plutôt usuelle entre les chandelles qui dispersaient le service et la lumière tamisée qui offrait une douce ambiance au futur repas qui aurait lieu. S’il avait pris la peine de perdre son temps dans ses banalités, c’est qu’il était persuadé qu’elle serait assise en face de lui d’ici quelques heures. Qu’elle accepte ou qu’elle refuse ne changerait aucunement la diffusion de ses sommaires. S’il avait juré que le déclin était envisageable, c’est parce qu’il saurait s’assurer que ce dernier ne serait que momentané. Quand cela le nécessitait, il pouvait devenir l’homme le plus… convaincant du monde. En toute circonstance, il reçut alors la lettre de son domestique relatif à la réponse tant attendue. Il n’avait pas besoin de la décrypter pour savoir ce qui en découlait, mais s’il constatait une chose, c’est qu’elle était plus loquace par l’écrit qu’à l’oral. Toutefois, derrière ces mots ne se cachait aucunement le témoignage d’un refus indiscutable et rigoureux. Peut-être qu’il consultait à travers les lignes, ou bien ce n'était qu'une impression. L’un dans l’autre, la belle semblait lui dicter la conduite qu’il devait apporter à une femme. Le sourire aux lèvres, il se leva de sa chaise. « Je reviens dans quelques instants. Faites en sorte que tout soit prêt à ce moment. » Le domestique avalisa d’un signe de la tête avant que son maitre ne se volatilise.

De retour dans la désormais emblématique chambre qu’il connaissait par cœur, il toqua à deux reprises à la porte pour prévenir de son approche avant de rentrer subitement. Sans exiger le besoin de vriller ses yeux vers elle, il comprit qu’elle était une fois de plus confuse de sa présence, sans doute plus inquiétée par les conséquences de son rejet que troublé par la surprise en elle-même. « C’est bien la première fois que je me déplace personnellement pour des convives. Vous devriez être honorée d’avoir ce privilège. Néanmoins, je trouve que vous me faites beaucoup courir pour vos beaux yeux… » Il se rangea devant elle, dans son accoutrement de soirée. Pour ceux qui fréquentaient le Monarque, très peu l’auraient reconnu avec ce style académique pour le moins surprenant. Quand bien même ses muscles n’étaient plus appréciables, il demeurait encore plus magistral, presque étayé par cette nouvelle mode. Il gratifia la Reine d’un regard critique. De la tête aux pieds, il n’en manquait pas une miette. « Eh bien… vous êtes ravissante dans cette tenue qui ne vous sied guère. Imaginez ce qui se passerait si je ne savais pas me maîtriser. » Un enfant aurait indéniablement vu le jour, c’est certain. Il déploya chaleureusement sa main pour qu’elle la prenne. « Ce que vous ne semblez pas comprendre, c’est que je suis têtu. Très têtu. Quand je veux quelque chose, je l’obtiens. Vous allez venir avec moi et nous passerons un agréable moment. » C’était une assurance. « Vous pensez que les Démons n’ont pas de cœur, mais c’est faux. Si nous n’étions pas qualifiés pour l’amour, nous ne serions pas non plus inspirés de haine ou encore de peur. Je suis venu vous chercher comme un mâle entiché de sa douce, si j’en suis les réprimandes de votre lettre. Car il s’agit bien de cela n’est-ce pas ? Vous vouliez que je dérive jusqu’à vous. Me voilà. » Pour la décontenancer, l’homme avança d’un pas.

Cette unique enjambée était ce qui les séparait l’un de l’autre. En procédant de la sorte, il toucha la lèvre inférieure de l’Ultimage avec son index, longeant celles-ci en ployant par la commissure et en retraçant le même chemin sur celle du dessus. Quand il eut fini son manège, il passa son doigt dans sa propre bouche comme s’il venait de goûter à une crème onctueuse. « Je me réserve le droit d’en garder pour la fin de notre repas. Au plus, je me retiens, au plus ce sera bon. » Tous les sous-entendus qu’il desserrait ici et là étaient pour lui rappeler combien son désir de retoucher à ce délice était ferme. Il avança davantage son visage, caressant la joue de sa partenaire par son souffle. Il repoussa ses cheveux pour remonter jusqu’au creux de son oreille. Il susurra lubriquement en articulant chaque syllabe. « J’ai un secret à vous confier… Je pense à vous tous les soirs… à votre bouche… à vos courbes. Il m’arrive même de rêver de vous en train de… vous voyez. » Une autre façon de stimuler l’imagination foisonnante d’Edwina. Elle devait le cerner comme une obsession. Son dernier message fut sensiblement le plus distinct de tous. « Je me procure du plaisir en vous supposant près de moi, à faire ce que vous vous défendez de faire. » Maintenant qu’il en avait assez dit, il recula sa tête. Ses doigts coulèrent le long de son bras pour frôler sa main. « Je vous le demande comme un service. Venez avec moi. Le présent vous sera donné dans ce futur. Pas ici. Pas comme ça. » C’était sa dernière carte pour piquer sa curiosité. Il devait encore gagner sa confiance, sans quoi il ne pourrait poursuivre le jeu. Avant qu’elle n’exprime son ultime sentence, il devait savoir. « Est-ce que vous m’appréciez, Edwina ? Est-ce que je vous plais ? » Il attendait une vraie réponse, de pied ferme.
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Ven 12 Aoû 2016, 11:43

Les dernières questions qu'il avait posé étaient les seules choses auxquelles elle s'accrochait pour ne pas défaillir totalement. Pourtant, celles-ci étaient la cause de bien des tourments. Se mêlaient dans son esprit les différentes facettes de cet homme qu'elle avait bien du mal à comprendre. Avait-elle seulement déjà compris un homme ? Attrapant son bras malgré elle pour ne pas tomber, sa vision était on ne peut plus troublée, autant que la Reine Blanche l'était. Elle manquait d'air, cruellement. Sa seule amie, si tant est qu'elle puisse seulement la qualifier ainsi, l'avait déjà réprimandée sur les bandes qu'elle serrait autour de ses seins, lui expliquant le sort des femmes de son temps qui portaient des corsets bien trop serrés et qui s'évanouissaient à la moindre occasion quelque peu éprouvante. À présent, elle savait ô combien cette dernière avait raison. Les lèvres entrouvertes, elle essayait de lutter contre les tâches noires qui obstruaient sa vue et elle dut bien admettre qu'elle ne pourrait pas rester debout en s'appuyant uniquement sur l'un des bras du Monarque. Elle pivota légèrement pour lui faire face, posant sa deuxième main sur son épaule. « Je... Ne bougez pas. » fit-elle sur un ton qui était étonnement ferme malgré la faiblesse de sa voix. Elle ne voyait plus rien à présent. Fermant les yeux, elle continuait de respirer, gémissant de temps en temps lorsqu'elle se sentait faiblir un peu plus. Elle ne pouvait pas perdre connaissance, pas maintenant, pas en sa présence. Elle sentait le froid l'envahir alors qu'elle était brûlante. Sa peau avait pâli et la jeune femme semblait ne tenir qu'à un fil, telle une brindille qu'il aurait été aisé de couper. Lorsqu'elle ouvrit de nouveau les yeux, ces derniers brillaient comme si elle était sur le point de pleurer. Elle les referma, toujours aveugle, s'affalant presque sur le Démon. Contre lui, elle continuait de respirer profondément, cherchant des idées qui pourraient la sauver. Il l'avait tellement étonnée en entrant dans la pièce. Elle n'aurait jamais cru qu'il puisse se vêtir ainsi. Bien entendu, elle n'avait eu aucun doute quant à son identité mais l'observer dans une tenue si correcte, assortie à la sienne qui plus est, lui avait fait un choc. Elle n'avait su qu'en penser et sans doute ce hasard avait-il accentué ses doutes quant au fait d'être épiée. « Vous êtes si... » commença-t-elle comme si elle essayait de penser à autre chose qu'à son état. « … changeant. ». C'était sans doute le mot le plus approprié. Elle aurait sans doute répété qu'il était fou si elle ne craignait pas qu'il lui assène la même rengaine qui la désignait cause de sa folie. Elle ouvrit de nouveau les yeux, la clarté revenant peu à peu. À vrai dire, si le début de leur entretien s'était passé bien mieux qu'elle ne l'aurait espéré, compte tenu de la lettre qu'elle lui avait écrit, la suite était à l'origine de ses maux actuels. Elle avait subi toutes ses fantaisies sans rien dire, trop surprise, trop troublée par ce qu'il lui avait fait. Les frissons qu'elle avait ressenti avaient fini de briser ses dernières résistances et, finalement, entre une respiration des plus saccadées et l'impression de n'être qu'une poupée de chiffon manipulée par ses mains habiles, son monde s'était effondré. Son corps n'avait pu le supporter, son esprit encore moins. Et pourtant, cette sorte de fuite vers l'inconscient n'avait fait que la rapprocher de lui. Il était devenu le seul pilier à pouvoir la sauver d'une chute. Elle s'était accrochée à lui avec vigueur pour ne pas tomber.

À présent qu'elle reprenait peu à peu contenance et qu'elle s'apercevait de l'endroit où elle était nichée, les couleurs vinrent de nouveau saisir ses joues. Elle resta pourtant immobile, comme si elle redoutait de défaillir de nouveau. C'était plus simple ainsi. Elle n'avait pas à le regarder, quand bien même elle pouvait sentir toutes les courbes de son corps contre le sien. Elle devait sans doute encore être légèrement ailleurs, sous le coup de ses émotions pour tolérer pareille proximité. « Je suis désolée... Je ne... Je ne voulais pas vous importuner. J'ai très peu dormi... ». Ce n'était pas la raison de son mal. « J'ai simplement l'impression que... vos griffes se resserrent sur moi, petit à petit. Vous vous montrez doux et ensuite tellement... impitoyable. J'ai le sentiment de me perdre dans vos jeux. Je... je ne suis pas de taille pour vous donner ce que vous désirez. ». Elle laissa un temps s'écouler puis reprit. « Votre regard me brûle et je ne peux m'empêcher de penser que je devrais fuir si je ne désire pas que vous me dévoriez. Je... Je ne suis pas de ces femmes qui ont le pouvoir de pimenter votre existence. ». Elle inspira, légèrement tremblante, avant d'expirer profondément. « Et vous êtes très loin d'être le prince charmant. » murmura-t-elle sans une seule once de reproches. Elle finit par lever son visage vers lui, fixant ses yeux. « J'ai peur de répondre à vos questions, de vous voir arborer cet air suffisant et mesquin que vous avez eu lors de votre première visite, lorsque vous vous êtes invité dans mon lit. Je ne veux plus rien vous dire sur ce que je ressens, pas ici, pas comme ça... ». Elle avait fait écho malgré elle aux paroles du Monarque. À force de contact, une douce chaleur s'était installée à l'endroit où elle se trouvait. Pourtant, elle quitta celle-ci pour se redresser et s'éloigner de lui. Les joues encore légèrement rosées, elle vint prendre son bras en silence. « Je suppose que nos notions respectives de ce qu'est l'amour sont totalement différentes. Cependant je... Je pense que rien ne nous empêche de partager un dîner. ». Elle sourit faiblement, essayant de rendre la situation plus légère. « Et puis, ainsi vêtu, vous passeriez presque pour le prince charmant. » conclut-elle en resserrant sa prise sur lui légèrement. Elle n'osait pas, en réalité, lui demander combien de femmes il avait aimé et, surtout, combien il en aimait actuellement. Combien avaient partagé sa couche depuis la dernière lune ? La Reine Blanche se posait tellement de questions sur ses habitudes, sur celles qu'il retenait prisonnières en Enfer sans qu'elle n'en sache rien, sur celles qui, comme elle, avaient décidé de rester là. Que connaissait-elle de lui si ce n'est rien ? Elle n'avait que sa parole comme seule certitude et dire qu'elle ne le croyait pas ne serait que la pure vérité. Elle souhaitait le croire mais elle se doutait que les choses se termineraient on ne peut plus mal si elle le laissait l'empaler de ses vérités qui n'étaient peut-être que des mensonges. Pourtant, elle se demandait quelle gloire était-il en droit d'espérer de leurs échanges. Collectionnait-il les femmes ? Les Reines ? Se détournerait-il d'elle si elle lui disait qu'elle l'aimait ? Se détournerait-il d'elle si elle lui disait qu'elle ne l'aimait pas ? Attendrait-il de la dévorer pour s'en aller à jamais, la laissant meurtrie sur sa couche comme la dernière fois ? Ou était-il sincère d'un amour particulier qu'elle ne pouvait effleurer du doigt ?
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Ven 12 Aoû 2016, 17:50

Visiblement, l’irrationalité était infectieuse. Elle arborait différents masques que Zane éventait à l’instant. Une silhouette suspecte se propageait au-dessus de la tête de la Dame, et celle-ci détournait l’apparence d’une anguille qui se débattait d’entre ses mains pour bondir hors de sa préhension. La métaphore occupait tout son sens maintenant qu’il la surprenait si mal à l’aise, échoué dans un état qu’il n’avait encore jamais apprécié du temps de leurs conversations. Qu’avait-il dit de plus pour la subvertir autant ? Était-ce du fait de sa dernière question ou de ses prétendues évasions fictives bercées avec un aplomb déconcertant ? Le résultat escompté était là, bien qu’un peu trop pondéreux à son gout. Il s’attendait à une réaction plus… partagée, avec des nuances de gris. À ce sujet, elle avait supplanté ses expectatives, même s’il ne savait plus très bien comment mobiliser la suite sans prendre le risque de la faire tomber dans les pommes. D’un autre côté, si elle plongeait dans l'inconscience… Oh ! Mais c’était parfait ainsi également ! Quoique. Il préférait affecter ça à la toute fin. En attendant, il supporta Edwina en tant que renfort, enroulant son bras autour d’elle pour lui éviter toute chute déplorable. « Vous devriez projeter de desserrer votre soutien-gorge. Il n’est pas bon pour une femme de trop l’étrangler. Qui plus est quand elle est opulente comme la vôtre. » Ce n’était pas le compliment le plus flatteur venant d’un homme, mais Zane n’était de toute façon pas considéré comme en étant un. Il demeurait un individu gîtant dans le corps d'une bête, parfois docile, mais souvent farouche. Louanger la candeur de ses yeux n’aurait été qu’un mensonge. Ce n’est pas ce qui intéressait le Démon. Et ce n’est pas ce qu’il voulait lui communiquer. Il n’était pas charmant, elle avait on ne peut plus raison de voir les choses sous cet angle. Son jugement était plus que correct, même si elle se condamnait le droit de réaliser la choquante vérité. « Je suis lunatique et contradictoire. Rien de bien méchant. » Dans la mesure où elle se persuadait encore qu'il fût l'intrus, autant la laisser faire.

Il ne savait pas exactement ce qui s’était passé, mais peu importe. Il continuerait de s'exécuter comme c’était prévu. « Je ne vous force en rien. Après tout, vous allez bientôt vous marier, par conséquent vous m’oublierez très vite au moment venu. Vous ne me devez rien. C’est moi qui ai une dette envers vous. Même si votre départ me fendra le coeur, je serais le seul à en saigner. Le reste ne vous concerne pas. » C’était une réponse pertinente, sans ménagement. Elle avait beau se plaindre, elle ne séjournerait pas éternellement en tant que détenue. En supposant qu’il prenait la décision de la garder près d’elle, d’autres finiraient par venir la sauver. Même s’il était sur son territoire, il aurait alors des choix à faire pour limiter les pertes. Sans l'intime conviction de savoir ce que désirait la Reine, il resterait méprisant envers tous ceux qui l’approcheraient sans son consentement. Il planta ses mains sur ses épaules pour qu’elle reprenne une position correcte. Elle avait retrouvé ses esprits, elle pouvait donc tenir par ses propres moyens. « Vous aurez tout le loisir de m’expliquer le sens de votre propre conceptualisation une fois à table. » À ce moment, il baissa ses yeux pour les attendrir sur le ventre d’Edwina. Il avait clairement noté la différence de taille depuis son premier jour ici, même si ce n’était pas des plus probant. Il palpa la rondeur en la couvrant de sa grande main. « J’ai été prudent en retirant toutes les sucreries et les aliments caloriques de ce lieu donc… vous êtes enceinte. Un vœu ? Un homme ? Une malédiction ? » La vraie question qui le concernait c’est de savoir si elle avait coïté avec quelqu’un. Étant donné le mal qu’elle avait à s’adapter à la masculinité, il en doutait sérieusement. Quoi qu’il en soit, il lui proposa son bras afin qu’elle s’y rattache, ceci dans le but de partir pour le rendez-vous qui leur était promis.

Une fois de retour dans la grande salle du palais, Zane la fit entrer la première afin qu’elle ausculte les mesures qui avaient étés apportées rien que pour elle. Elle pouvait s’étonner de tant d’efforts, ou au contraire y rester réfractaire. Depuis le temps, il n’essayait plus de prédire ce qui se tramait dans son esprit. Rien que cette pensée le fatiguait. Il recula la chaise de la Reine – comportement d’un gentleman – pour lui montrer où elle devait s’assoir. La table n’était pas très spacieuse, mais elle maintenait néanmoins la sécurité d’usage pour qu’elle ne soit pas embarrassée par la proximité. Le domestique lui proposa tout de suite ses services, puis il lui présenta les hors-d’œuvre. Zane prit place à son tour. « Pour simplifier notre entretien… enfin, pour favoriser votre aisance, j’ai décidé de vous donner un avantage. » Le valet approcha un plateau en argent sur lequel s'appuyait une toute petite fiole. Il la prit du bout des doigts. « Je trouve que je parle beaucoup. A contrario, vous êtes trop réservée. Voici ce que je vais faire : en buvant cette fiole, je vais restreindre la fonction de mes cordes vocales. Je ne pourrais ni vous répondre ni proférer le moindre son. En contrepartie, j’aimerais que vous me racontiez tout ce qui vous passe par la tête. Parlez-moi de vos passions, de ce qui vous fait rêver, de votre histoire... de vos envies vis-à-vis de moi. N’omettez aucun détail. Je veux tout savoir de vous. » Il fixa la potion. « Bon appétit. J’espère que tout ceci vous conviendra. » Maintenant que les conditions étaient postulées, Zane avala d’un trait la mixture. Il perdit instantanément le son de sa voix. Pour le prouver, il frappa de toutes ses forces dans son estomac. Son visage se tordit, mais le silence persista. Il afficha un sourire douloureux en hissant la main pour lui signaler que tout allait pour le mieux. Avant que le repas ne soit distribué, il tenait à lui faire part d’un bien qu’il avait spécialement conçu pour elle. En claquant des doigts, il fit intervenir un autre domestique. En levant le couvre-plat, il révéla une magnifique rose aux pétales noire. Celle-ci était confinée à l’intérieur d’une cloche en verre aux reflets oniriques. Elle irradiait d’une énergie magique, libérant parfois quelques étincelles dorées. L’homme la présenta à Edwina. D’un geste enchanté et d’un rictus assouvi, Zane lui fit comprendre qu’il s’agissait d’un présent à son honneur. La rose ensorcelée avait une particularité, mais elle ne le saurait qu’au moment où il récupérerait la parole. Privé de ce pouvoir acquis de la naissance, le Roi perdait son arme la plus magistrale. Il n'avait pas peur. Il s'adapterait en conséquence. Adressant un clin d’œil à son invitée, il signala à ses subordonnés d'apporter l'entrée, ou plutôt LES entrées.
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Ven 12 Aoû 2016, 21:13

Edwina ne comprenait pas pourquoi tout le monde pensait qu'elle était enceinte. Le commentaire la plongea dans un silence absolu qu'elle maintint jusqu'à ce qu'ils soient arrivés dans la salle. Cependant, sur le chemin, elle réfléchit, non pas à sa grossesse – puisque cette dernière était totalement impossible – mais à ce qu'il lui avait dit concernant sa poitrine. Elle était tellement mal à l'aise vis à vis de celle-ci. Pourtant, il l'avait déjà vu à moitié nue. Elle pinça ses lèvres, essayant de chasser cette idée de son esprit. Lorsqu'ils arrivèrent, sa bouche s'entrouvrit dans une expression de surprise. « Oh... Je... ». Son regard parcourut la pièce de part et d'autre, un sourire illuminant alors ses traits. Elle était émue. Bien entendu, elle pensait que ses domestiques étaient à l'origine de tout ceci mais personne n'avait jamais eu une telle attention à son égard. Généralement, les hommes se contentaient de violer ses lèvres en la menaçant plus ou moins. Si cela nourrissait ses fantasmes, il n'en était pas de même pour son cœur. Elle pencha la tête pour regarder l'homme en coin, aussi discrètement qu'elle le pouvait. Elle pensa quelque chose qui s'apparentait vaguement à une acceptation de ses manipulations s'il la manipulait de la sorte. Rien ne l'empêchait de rêver, n'est-il pas ? Juste ce soir. Le geste la touchait, même si les intentions du Monarque avaient sans doute une base malsaine. Il était le Mal, un vil tentateur. Pourtant, ça lui allait. Elle le suivit jusqu'à sa chaise, son sourire ne souhaitant visiblement plus la quitter. Muette, elle le laissa lui exposer la suite, écarquillant les yeux lorsqu'il se frappa. « J... ». Elle devait impérativement arrêter de bégayer en sa présence. Elle ferma quelques secondes ses mires avant de les rouvrir, plus calme. « Vous n'étiez pas obligé. » dit-elle, simplement, avant que son présent ne lui soit amené. Le reflet de la rose brilla dans son regard alors qu'elle la regardait, comme obnubilée par la magie qui s'en dégageait. Elle était certaine qu'elle allait encore devoir s'y prendre à deux fois si elle essayait de formuler une phrase maintenant. Elle préféra donc procéder autrement. Edwina se releva, parcourant la faible distance qui la séparait du Monarque Démoniaque pour déposer un baiser sur sa joue. « Merci. » murmura-t-elle simplement avant de retourner s'asseoir en essayant d'oublier la chaleur qui avait empourpré ses joues. Il n'était pas le seul à posséder un comportement emprunt de folie.

Une fois confortablement installée, elle prit un peu de chaque entrée. Elle voulait goûter à tout pour faire honneur au cuisinier, même si elle n'avait pas la moindre idée de son identité. Quant à ce qu'il lui avait demandée, elle devait avouer ne point savoir par où commencer. « J'ai peur de vous ennuyer si je vous raconte ma vie... ». C'était délicat. Elle n'avait pas toujours été la même et quelques parties de son existence semblaient avoir été gommées à jamais de sa mémoire. « En réalité, lorsque j'étais bébé, mon père me jeta dans l'océan. Il ne voulait pas de moi à cause de... Qu'importe. ». Le problème c'est qu'elle ne devait pas trop lui en dire. « J'ai vécu une partie de ma vie en pensant que j'étais une Sirène grâce à ma magie et puis mon père adoptif m'a fiancée à un homme qui ne voulait pas de moi non plus et qui a fui sur terre. C'est comme cela que j'ai su que je n'étais pas celle que je croyais ; en lui courant après. ». Elle sourit. « À l'époque j'avais les cheveux bleus. Mon corps était différent également. Vous ne m'auriez pas reconnue. Je n'étais pas moi-même. ». Elle goûta à ce qui se trouvait dans son assiette, trouvant la chose merveilleuse. « Hum... ». Elle piqua dans d'autres mets, visiblement ravie. « Vous complimenterez le cuisinier. ». À dire vrai, depuis qu'il ne pouvait plus parler, elle avait gagné en aisance. « Je ne sais que vous dire... Avant de devenir Reine, j'étais couturière. J'ai appris mon métier aux côtés d'Orion Shidori, l'homme qui devait par la suite envahir le Monde en transformant la population en Sans-Âmes. D'ailleurs, je suis stupéfaite par votre tenue. Je ne sais pas qui l'a réalisée mais le travail est admirable. Vous savez vous entourer, c'est une certitude. Hum... Quoi d'autres ? ». Elle mangea de nouveau. Elle devait faire attention à ce qu'elle disait. « Euh... Je ne suis pas vraiment brune. Le Dædalus est un homme que j'apprécie énormément. Je lui fais confiance plus qu'à n'importe qui. Il n'a jamais essayé de violer mes lèvres, ce qui n'est pas le cas de la plupart des hommes que je rencontre... ». Cela faisait sans doute présomptueux mais ce n'était que la pure vérité ; lui même faisait partie de ceux là. « Il y a également une femme que j'aime beaucoup et qui m'a énormément aidée. Elle vous ressemble un peu je trouve, parfois douce, parfois brutale. Elle m'a déjà soufflée qu'il n'était pas bon de... ». Elle marqua une pause avant de reprendre en prenant son courage à deux mains. « … de contraindre ainsi ma poitrine. J'ai toujours été fascinée par elle. Elle est de celles qui attirent le regard des hommes et qui savent tirer parti de n'importe quelle situation. Elle a essayé de m'apprendre mais... Je ne veux pas être ce genre de femmes, je ne pourrai pas provoquer comme elle le fait et je ne suis pas aussi belle qu'elle. Vous verriez ses cheveux... Ils sont aussi brûlants que cette salle. ». Elle baissa doucement les yeux, se rappelant d'un fait. Ouvrant la bouche, elle fut prise d'une once de culpabilité. « Je dois avouer mon implication dans sa désertion de votre Royaume. À l'époque, vous n'étiez pas Roi mais... Je lui ai jurée ma protection. Je l'aime beaucoup, j'aimerai autant que vous ne vous en preniez pas à elle... » conclut-elle sur ce sujet, amenant de nouveau sa fourchette à ses lèvres. « Je ne sais quoi vous dire d'autres. J'aurai aimé en savoir plus sur vous et... aussi... ». Elle baissa les yeux de nouveau, légèrement rougissante. « Je dois avouer que vous êtes le premier que j'ai embrassé de la sorte... ». Elle était embarrassée. « Enfin, j'ai déjà posé mes lèvres sur celles d'un homme de mon propre fait, deux fois avant vous mais... jamais comme ça. Je crains de ne pas avoir été très douée... Et puis... Je suis embarrassée par le fait que vous m'ayez vu... d'aussi près. ». Elle hésita de nouveau mais finit tout de même par se lancer. « Vous m'avez fait terriblement mal... Je... ». Elle serra un peu les dents. « Je n'avais jamais vu un homme nu de ma vie avant. Pas... comme ça. Et vous avez été tellement brutal... ».
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Ven 12 Aoû 2016, 22:25

Inlassablement, les mots inscrits sur le message qu'il avait reçu tournaient dans sa tête encore et encore …

Il parait que l’on te nomme la bûche sauvage. Il est temps d’en être digne. Edwina Nilson, celle que tu convoites tant est retenue captive dans mon royaume. Elle est enceinte et attend de moi son premier enfant. Je dis premier, car il risque d’y en avoir plusieurs. Je suis quelqu'un d'insatiable. PS : Son corps est succulent. Signé Z le Magnifique. 

Evidemment, quant il avait lu ça, il n'y avait pas vraiment cru au départ. Mais son instinct l'avait quand même poussé à vérifier, à être sur que tout ceci n'était qu'un moyen farfelu du démon pour se venger de la fois où il l'avait tué. Il avait appris que depuis, il était devenu le Monarque Démoniaque. Le tuer une nouvelle fois s'avérait donc impossible à réaliser, maintenant, pour lui, tout du moins. Il s'était donc renseigner et on lui avait appris que l'Ultimage était bien présente à Caelum, en sécurité avec sa cours.

Et pourtant, il n'arrivait pas à sortir cette histoire de sa tête. C'était idiot. Il savait que le Vil était certainement en train de se jouer de lui, de lui tendre un piège, de le manipuler ou de juste s'amuser avec ses nerfs et son cerveau mais c'était plus fort que lui. Il devait s'y rendre. Vérifier de ses propres yeux. Il n'y avait certainement rien, c'était plus que probablement un piège, mais il fallait qu'il en soit sûr. Cependant, il n'était pas totalement idiot non plus. Bien évidemment, il n'était pas le plus intelligent des hommes, sinon, pourquoi irait-il sciemment se rendre là-bas ? En tout cas, avant de partir, il s'assit dans son bureau et rédigea une lettre. A l'intention de sa fille. La mettre au courant de ce que se passait et de ce qu'il s'apprêtait à faire, de ses projets pour qu'au moins une personne sache, si jamais il lui arrivait quelque chose. Bon, en même temps, il faisait en sorte qu'elle n'arrive pas à destination avant que lui-même ne soit rendu sur place. Il l'a connaissait, elle chercherait à tout prix à l'accompagner et il voulait éviter ça.

Il s'équipa donc, notamment avec ses armes. Cela ne servirait peut être à rien mais il valait mieux être prudent. Comme le proverbe disait : Prudence est mère de sûreté. Et étant donné qu'il ne savait absolument pas ce qui l'attendait là-bas, il valait mieux qu'il soit bien équipé. Si la Reine des Magiciens se trouvait vraiment entre les mains du Démon, ce ne serait pas une mince affaire que de la sortir de là, surtout que du coup, il était probable qu'après cette missive envoyée par Z le Magnifique, il soit attendu sur place. Et de toute façon, il n'avait aucune confiance dans le Vil. Cette race était connue pour être fourbe, après tout. C'était aussi pour cela que le Bélua faisait tout son possible pour éviter de penser aux dernières phrases du mot. Cela impliquait trop de chose. Cela le mettait en rogne, le faisait sortir de ses gongs. Et il avait besoin de toutes ses capacités de raisonnement pour se rendre là-bas.

Vêtu de rouge et de noir, comme à son habitude, le visage fermé, dur et sévère, il se préparait à se jeter dans la gueule du loup. Se jeter au cœur de la fourmilière. Etrangement, les Démons qu'il croisa n'essayèrent pas de l'arrêter. Ils l'observaient, le suivait du regard, échangeaient quelques mots, ricanaient sur son passage, mais ça n'allait pas plus loin. Certains même semblaient lui pointer la direction du chemin à prendre. Tout ceci était évidemment louche mais en même temps, ça, c'était selon son point de vue. Depuis la vision des Vils, ce devait évidemment être quelque chose de courant et tout à fait normal. Une voix qu'il reconnut aisément se fit lentement entendre un peu plus loin, devant lui. C'était celle d'Edwina. Elle était bien ici. Il n'y avait plus de doute. Son pas s'accéléra et ce fut limite s'il n'arracha pas la porte de ses gonds quand il pénétra dans la salle à manger. Là, de part et d'autre du meuble de cuisine, se trouvaient les deux monarques en train de manger. Son regard passa de l'un à l'autre avant de s'attarder sur la jeune femme.


Edwina …

Il ne savait pas réellement comment il devait se comporter vis à vis de la situation. Elle ne semblait pas être en détresse pourtant.

... Vous n'avez rien ?

Puis son regard et son attention furent irrémédiablement attirés vers le Démon. Instantanément, son corps et ses muscles se tendirent, sa mâchoire se crispant. L'ours dansait au fond de ses yeux, à fleur de peau. Mais il était malgré tout incapable de détacher son regard de lui, subjugué contre son gré.

... Sir …


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Sam 13 Aoû 2016, 13:53

Ce qui est fait est fait. Il était suffisamment sagace pour savoir qu’en prononçant le vœu de silence, il allait devoir supporter un collectif de chroniques venant de la Reine. Après tout, il s’agissait d’une femme, et comme tous ses tierces, sa langue devait pendre exactement de la même manière. C’était génétique. Derrière la pudeur des filles se trouvaient quoiqu’il arrive de nombreux discours ponctués par leur engouement à exposer tout ce qui leur passait par la tête. Et il ne s’y trompa pas. Elle parlait de tout et de rien — surtout de rien — et plus elle se rendait compte du plaisir qu’elle prenait à enfin relater son vécu comme elle aurait dû le faire, plus son visage se déridait de l'inquiétude qui l’avait étouffé plus tôt. Il devait admettre qu’elle était ravissante ainsi, et c’est presque avec hilarité qu’il écoutait chaque pincée de ses jacasseries. Tout en tendant l’oreille, il se servait tranquillement parmi ses mets favoris — ceci en attendant que sa convive le fasse avant lui — en semant sa fourchette un peu partout à la fois. Zane était un gros mangeur, et quand bien même il n’hésitait jamais à dévorer chaque aliment comme un mendiant qui se trouvait inopinément à un banquet royal, il savait se tenir en la présence d’une invitée de luxe. Le sourire inaltérable, il ingérait chaque bouchée avec harmonie, dégustant ceux-ci sans enfanter le moindre bruit. Le prince charmant était plus proche qu’elle ne paraissait le croire, si bien que son aura communément sombre semblait avoir cédé sa place à un filtre lumineux, assimilable de celui des Anges.

Son adaptation était fascinante, évoquant studieusement l’histoire de la brune sur son portrait d’antan. L’homme était exercé à se fondre dans une marée de personnages qu’il respectait judicieusement. L’artiste n’avait jamais eu besoin d’étudier le théâtre. Il avait toujours caressé cette capacité à devenir ce qu’il voulait sans outrer le caractère. Pour autant, jouait-il un rôle ? Très bonne question. L’important dans le vrai, c’était de s’y fier, tandis que dans le faux, c’était d’y croire. Dans tous les cas, ils véhiculaient le même dénouement. Lorsqu’elle mentionna les compliments qu’il devrait valoir au cuisinier, le Démon souleva une feuille sur laquelle une flèche pointait dans sa direction. De son autre main, il levait le pouce en l’air afin de lui faire comprendre qu’il appréciait l’éloge. Toutefois, quand elle fit référence à son amie à la chevelure rutilante, qu’elle annexa ceci à la désertion et au soutien mutuel qu’ils se prêtaient, la bête fit rapidement le lien avec les anomalies qu’elle subodora immédiatement après. Mentalement, le mystérieux puzzle se remplissait finalement jusqu’à la dernière pièce qu’il agrégea. Le regard du Démon devint beaucoup plus obscur, son sourire ayant été oblitéré au profit d’une mâchoire qui se tordait sous le crissement de ses dents. La fourchette et le couteau qu’il tenait dans chaque main se brisèrent en deux, les fragments de ceux-ci retentissant dans son assiette. Il aurait dû se douter qu’elle était la fautive de cette appréhension concernant l’infléchissement d’Edwina. Elle avait daigné la dégouter de lui en dérobant sa physiologie pour lui faire percevoir de viles atrocités. L'imiter se ferait doublement payer, mais pire que tout ça, il lui fracasserait le crâne pour l’avoir devancée sur ce qu’il souhaitait opérer sur l'Ultimage.

Sa vengeance serait savoureuse… mais avant. Mais avant, cet homme venait de faire une irruption fracassante. Comme prévu, ses émotions avaient pris le dessus, négligeant ainsi le nerf de la guerre en oubliant ce qu’était une bonne stratégie. Tant d’erreurs résultant d’une seule et même personne. Était-ce possible d’envisager un tel échec ? Le Roi des Enfers n’était pas ici pour plaisanter. Néanmoins, sa subite apparition l’avait curieusement apaisé. Il en oubliait désormais Mitsuko et savait qu’il allait passer un bon moment en la compagnie de l’ours. Leur duel prendrait fin en ce lieu, chez lui. Si Edwina semblait très secouée — comportement logique — par cette intrusion, ce n’était pas le cas du Monarque Démoniaque qui s’essuya simplement la bouche en tamponnant ses lèvres avec la serviette. Après quoi il se leva de table, calmement. Sans se presser, il longea le rebord du meuble. Il s’arrêta à côté d’Edwina en effleurant sa main sur son bras. Son rictus était de retour, mais il semblait si cruel contrairement à ceux qu’il avait étalés durant le repas. « Je devrais m’excuser pour ce que je vais faire. Mais je ne le ferais pas. Je laisse les repentances aux hommes. » Oui, il parlait. La raison à cela était on ne peut plus simple ; entre ses dents émergea une grosse bille transparente dans laquelle reposait une substance bleutée. D’un claquement sec, il cassa celle-ci afin d’engloutir le liquide. En réalité, la fiole qu’il avait consommée précédemment ne contenait que la boule en question. En se servant de la condition de ne pas dire un mot, Zane avait dissimulé la sphère en dessous de sa langue, ainsi il aurait pu l’utiliser à n’importe quel moment de la soirée.

Il savait que Raeden viendrait, c’est pour cela qu’il avait opté pour un produit plus… scabreux pour sa personne. L’ours ne méritait pas de se faire tuer sous son apparence satanique, c’est pourquoi… Le Démon se métamorphosa rapidement en un monstre hideux. Son corps tripla voire quadrupla de volume, réduisant ses ravissants vêtements en lambeaux. De toute façon, ils avaient peu de chance de poursuivre ce qu’ils étaient en train de faire après ça. Mutation enclenchée ; des poils se développèrent très vite sur l'intégralité de son corps, des crocs proéminents remplacèrent sa belle dentition. Ses pattes et ses bras devinrent énormes, tout comme son torse qui fut largement plus opulent que celui de l’ours. La naissance du monstre étant achevé, il toisa de haut le petit bonhomme qu’il contemplait de son sommet. La rose sous la cloche se mit brusquement à frétiller. Le sort était jeté. « Edwina… m’appartient. » Le timbre de sa voix était devenu plus rauque. Il mena un pas en avant pour se dresser devant l’ours. « Tu es si… minuscule. » Le rugissement de la bête expédia des filets de bave sur le pauvre homme, le souffle du cri se convertissant à lui seul en tempête. « Disparais. » Le coup fut vivement porté. D’un revers de la main, le monstre lui flanqua une gifle si vigoureuse que le Bélua traversa la pièce entière. En quelques secondes, le prédateur délogea le second à l’extérieur. Très vite, les Démons se regroupèrent autour d’eux pour viser à encourager leur Roi en scandant son nom. Ce devait être déstabilisant pour l’adversaire, mais c’est lui qui était venu audacieusement sur son terrain. Un crachin rouge comme le sang s’abattit sur toute la zone, synonyme de la colère du Roi des Enfers.
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Dim 14 Aoû 2016, 16:41

Edwina baissa doucement les yeux sur son assiette, consciente qu'il ne pourrait pas lui répondre. À quoi bon continuer ? Elle commençait à douter sincèrement à propos de tout ceci. Mise sur le devant de la scène, sa voix finit par s'éteindre devant son incapacité à garder le rôle principal. Elle était mal à l'aise parce qu'elle n'avait aucune idée du bien fondé de ce qu'elle lui racontait. Cela ne semblait pas déranger l'homme qui l'écoutait mais... « Hum... Je crains de ne point être une aussi bonne oratrice que vous... » fit-elle en plantant de nouveau sa fourchette dans l'un des mets qui se trouvaient devant elle. Ses yeux s'écarquillèrent brusquement quand il lui sembla distinguer une forme dans le plat, celle d'une bête immonde et... Raeden ? Elle resta interdite un instant avant de relever les yeux vers le Démon. « Qu'est ce que vous avez mis dan... ? ». Elle n'eut pas le temps de terminer sa question. Le bruit de la porte claqua et son regard rencontra une silhouette qu'elle ne connaissait que trop bien. Totalement perdue, elle fixa l'homme qui s'adressait à elle. « Qu'est ce que... ? ». Et là, elle comprit. Ses lèvres s'entrouvrirent pour accueillir une inspiration plus profonde que les autres. Ce qu'elle avait entrevu était l'avenir. Elle déglutit, incapable de bouger de sa chaise pour le moment. C'était lui qui l'avait fait venir, lui qui avait manigancé une rencontre. Dans quel objectif ? La question restait sans réponse. Elle ne pouvait pas croire un seul instant qu'il l'avait attiré jusqu'ici juste parce qu'elle lui avait conté l'histoire du baiser. C'était de la folie... Il n'aurait pas fait ça ! Pourquoi l'aurait-il fait d'ailleurs ? Paniquée, elle semblait plongée dans un profond désespoir dont seul le contact de la peau du responsable eut le pouvoir de la sortir. Plissant les yeux aux dires du Monarque, elle fronça les sourcils lorsqu'elle comprit qu'il l'avait trompé. Les événements devinrent étranges. Elle sentait bouillir en elle la lave d'un désir dévastateur. Il s'était joué d'elle et elle l'avait laissé faire. Elle serra les dents, furieuse. C'était même plus que cela, ses sentiments étaient... destructeurs. Elle pouvait effleurer du doigt le mal, son propre mal, celui qui dormait en elle depuis bien longtemps. Elle entrevit ce qui allait se produire avec une clarté sans nom. Tous les éléments, les moindre détails et... la Mort. Elle ne pourrait rien faire pour l'éviter, c'était indélébile, marqué à jamais dans le Temps. Pourtant, les yeux dans le vide, il lui sembla apercevoir la silhouette d'une jeune femme blonde qui riait d'un air malicieux. Il n'y avait personne d'autres qu'eux dans la salle, et, pourtant, elle savait qu'elle était présente : la Vie. La magie continua son œuvre et elle comprit de quoi serait fait demain. L'erreur du Monarque Démoniaque, voilà ce qui allait se jouer à présent ; une erreur empoisonnée, la fin d'un acte qui n'annonçait qu'une suite à la pièce macabre dont il était le personnage principal. Serait-il celui de la prochaine ? Alors que son hôte devenait cette Bête pour laquelle elle ne pouvait s'empêcher d'éprouver de la fascination, elle ne put retenir un petit sourire de naître sur ses traits. Ils étaient bien trop occupés pour le voir de toute façon. Bercée par des émotions qui se battaient pour prendre le dessus, elle ne s'était jamais sentie aussi proche de vendre son Âme à Lux In Tenebris. Elle savait qu'un jour, la chose arriverait. Pourtant, ce dernier n'était pas encore venu. Umbra in Lucem l'appelait. Aussi, peu de temps après, elle sortit de cet état second dans lequel, pourtant, elle se sentait si bien, loin de ses complexes, loin de ses hésitations, loin de cette barrière qui maintenait sa magie en berne.

Quand elle reprit pleinement ses esprits, elle se rendit compte que la salle dans laquelle elle siégeait était en train de brûler, tout comme l'extérieur où les deux hommes se trouvaient à présent. Sa magie avait décidé d'agir en profitant de la faille que le sentiment de trahison avait créé en elle. Edwina se leva après avoir soulevé la cloche et pris la rose entre ses doigts. Elle ne souhaitait pas perdre cette dernière et, plus que tout, elle savait. Se précipitant dehors à son tour, sa peau se tâcha peu à peu de la couleur de cette pluie légère qui ne semblait pourtant pouvoir éteindre le feu qu'elle avait initié. Il brûlait avec une avidité dévorante, comme celui qui siégeait en son cœur. Les flammes de l'Enfer détruiraient tout sur leurs passages et l'image n'avait jamais été aussi véridique. Arrivée auprès de Raeden, elle s'accroupit à ses côtés et posa sa main sur son épaule avant de se tourner vers Zane. Il l'effrayait moins sous cette forme que lorsqu'il était un homme. Elle savait qu'elle ne pouvait éviter le pire mais elle souhaitait que cette image reste à jamais graver dans l'esprit de la Bête. Fixant l'Immonde quelques secondes sans qu'une once de peur ne filtre dans son regard, elle se tourna de nouveau vers l'homme au sol. Plongeant ses yeux dans les siens, elle avança ses lèvres vers les siennes, sa main venant cueillir ce qui ne l'avait plus quitté depuis qu'elle était ici. Alors qu'elle l'embrassait pour la deuxième fois de son existence, elle planta avec toute la force dont elle était capable sa dague dans son cœur. Elle s'écarta ensuite et profita d'être dos au Monarque, pour délivrer un message qui l'aiderait à partir. Ses lèvres bougèrent en paroles silencieuses qu'il pourrait être le seul à décrypter si ses yeux se posaient dessus.

Elle se redressa, faisant à présent face au Roi, la dague ensanglantée au sol, la rose dans celle de ses mains qui n'avait pas commis l'irréparable. Son cœur battait en elle avec une violence inouïe. Elle pouvait le sentir frapper sa poitrine ardemment. Entrouvrant les lèvres, elle murmura chaque syllabe qu'elle prononça d'un ton on ne peut plus assuré et convaincant. « Il ne comptait pas pour moi. Vous seul comptez. Je resterai à vos côté si c'est ce que vous souhaitez, je vous le promets. Je suis à vous. ».
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Dim 14 Aoû 2016, 22:43

Il fallait qu'il se contrôle. Qu'il réussisse à ne pas se laisser emporter par sa colère, à ne pas céder une nouvelle fois face à cet homme, comme il l'avait malheureusement déjà fais une fois à Ciel-Ouvert. Il avait payé son acte – ce qui était tout à fait justifié à ses yeux – et il s'était juré de ne jamais refaire la même erreur. Evidemment, le mot que lui avait fait parvenir le Démon l'avait ébranlé et avait réveillé son courroux. Mais s'il était là, s'il avait fait le déplacement jusqu'en enfer, c'était pour une toute autre raison. Il était venu pour Edwina Nilsson, pour la Reine des Magiciens, l'Ultimage. Il voulait faire tout son possible pour la sortir d'ici, la libérer des griffes du Monarque Démoniaque. C'était très loin d'être gagné d'avance, mais s'il ne tentait rien, il s'en voudrait tout le reste de sa vie. S'il ne la perdait pas ici, justement. Car il n'était pas idiot. Il savait qu'il allait affronté un roi, entouré de ses sbires même si jusqu'à présent, ses derniers n'avaient rien fait à son égard.

La jeune femme paraissait surprise de son arrivée et cela pouvait se comprendre. Bien évidemment, ce n'était nullement le cas du propriétaire des lieux. Après tout, il était au courant vu que c'était lui qui avait manigancé tout cela. Lorsqu'il se leva et qu'il vint se mettre à côté d'Edwina, Raeden ne le quitta pas un seul instant du regard. S'il l'avait voulu le faire, il aurait eu beaucoup de mal, voire même, il s'en serait retrouvé incapable. Mais non. Il ne voulait absolument pas le perdre de vue. C'était là son ennemi et tous les deux le savaient. Quant il frôla la peau de l'Utilisatrice de magie bleue, tout le corps du Bélua se raidit. Cela lui mettait les nerfs à fleur de peau que de le voir ainsi la toucher. Le Démon devait le savoir et faisait certainement exprès pour lui faire perdre totalement son sang froid, pour le faire sortir de ses gongs. L'homme-ours devait faire appel à toute sa volonté pour ne pas céder, pour ne pas laisser une nouvelle fois le Plantigrade prendre le dessus et sortir.

Puis les choses s'accélérèrent soudain. Dès l'instant où Zane croqua dans cette bille transparente qu'il avait montré entre ses dents, tout s'enchaîna. Une transformation hideuse s'exerça sur lui. Et ce n'était nullement sa forme démoniaque qui prenait le pas. Non, c'était autre chose, une Bête qui rendait en quelques secondes totalement ridicules la force et la grandeur de l'Immortel. A côté de cet être, il n'était plus qu'un moucheron. Instinctivement, le forgeron dégaina. Il n'allait pas céder le pas. Il n'était absolument pas question qu'il fasse demi-tour et fuit devant un danger plus grand que lui. Il l'affronterait comme il pourrait. Et une fois cette décision prise, sa détermination se renforça, se forgea et se solidifia. Il était à présent impossible de revenir dessus. Il irait jusqu'au bout. La Bête qu'était devenu le Roi démoniaque éructa quelques paroles possessives à l'égard de la Couturière avant de ridiculiser le Plantigrade en attaquant verbalement sa taille. Et l'attaque fusa sans que Raeden ne puisse faire quoique ce soit.

La cape rouge du Forgeron vola autour de lui tandis qu'il planait dans l'air avant de se prendre violemment le mur dans le dos. Cela lui coupa sur l'instant le souffle tandis qu'il s'affaissait au sol. Il avait décidé de bloquer son cerveau, de faire qu'il ne ressente pas la douleur, pas sur l'instant en tout cas, pour qu'il puisse continuer coûte que coûte, quoiqu'il arrive. Et d'une certaine façon, ça commençait bien tout ça. Ca mettait directement dans le bain et ça lui montrait quel adversaire féroce et difficile il aurait à vaincre pour sortir la Reine d'ici. Son regard, son attention étaient rivés sur le Bête qui s'approchait de lui quand il se rendit compte qu'il pleuvait du sang … Et qu'en même temps, les lieux semblaient en feu. Il ne savait pas qui était vraiment responsable de tout ceci, mais il s'en moquait. Il devait en faire abstraction. Le Bélua tentait de se relever quand il vit arriver Edwina à côté de lui. Il souhaitait qu'elle s'éloigne de là. Il ne voulait pas la voir entre lui et le Démon où elle serait assurément en danger, ou elle risquait de prendre une attaque à sa place.

Mais la suite de ce qui se produisit, il ne s'en serait jamais douté, il n'aurait jamais pu le prévoir. Elle se pencha vers lui et l'embrassa. Cela éclipsa tout le reste aux yeux de l'Enfant de Phoebe … Jusqu'à ce qu'il sente une douleur insoutenable dans la poitrine, au niveau du cœur. Ses yeux descendirent sur sa poitrine pour venir se fixer sur la dague qui dépassait de son torse. Il ne comprenait pas … Pourquoi ? Elle … elle venait de le poignarder. De le tuer. Ce n'était pas logique, ce n'était pas possible. Ce devait certainement être une illusion orchestrée par le maître des lieux. Et pourtant, c'était ses dernières respirations qui avaient lieux. La dernière chose qu'il vit avant que le voile de la mort ne s'abattent sur lui, furent les lèvres de la Reine qui bougeaient à son attention … Mais ce qu'elle disait n'avait aucun sens …


970 mots
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Lun 15 Aoû 2016, 00:36

Depuis que nous avions juré allégeance à Sympan, nous n'étions plus tenus de suivre strictement les listes qui nous étaient délivrés. Autant pour insuffler la Vie qu'infliger la Mort. Il m'arrivait parfois pour conserver un tant soit peu l'Équilibre de suivre ce que j'appelais désormais des recommandations, mais je trouvais une certaine satisfaction à détenir désormais un libre arbitre relatif mais bien réel.

Quand je parcourais du regard la liste, mettant je le supposais toujours un peu plus de temps que les autres à déchiffrer les noms, je n'en connaissais aucun. Les terres du Yin et du Yang étaient si vastes et notre peuple suffisamment nombreux pour que les chances que nous ayons à devoir tuer quelqu'un que nous connaissions étaient infimes.

Pourtant cette fois-là, un nom retint mon attention, réfléchissant un instant alors que je cherchais où avais-je pu  l'entendre auparavant.

Oh .... cette fois-là. En attendant de pouvoir couper les fils qui nous attachaient aurais-je dit à sa fille, il nous faut subir ce cruel destin.

Les Enfers faisaient honneur à leur réputation. Les lieux étaient inhospitaliers, hostiles même, grouillant d'êtres abjects tombés de leur plein gré dans le vice et la déchéance. Je m'y étais déjà rendu du temps où j'étais Grand Faucheur, tentant de "libérer" les pauvres êtres de leur sort en les conduisant dans une voie autrement plus douloureuse, celle du suicide et de ce que cela engendrerait. Les Ombres qui y naissaient étaient les moins bien lôties en y songeant, car rester près de son cadavre le temps d'assumer sa nouvelle existence était déjà insupportable en soi, mais dans pareil environnement, y'avait-il pire supplice ?

Je parcourais les longs couloirs torturés, indifférents à toutes ces âmes qui continuaient d'accomplir leurs basses besognes, sans se douter que je rodais dans les ombres. Ici point de corps de chair et de sang, juste cette brume éthérée plongée dans les ténèbres. Je ne ressentais rien, la chaleur ou la morsure glaciale, l'aridité ou l'humidité, tous ces concepts matérialistes n'entraveraient pas la mission que je devais accomplir.

J'arrivais enfin dans une grande pièce, où se déroulait un repas. Aurais-je pu imaginer un jour voir le Souverain Démoniaque déjeunant dans son antre avec l'Ultimage, sans que celle-ci ne paraisse entravée, asservie ou même affolée d'être ici ? Non, malgré l'hésitation dans sa façon de parler, dévoilait certains aspects de son, ses anciennes vies, au demeurant très intéressant. Il fallait toujours tirer un intérêt dans son travail, même si là n'était pas l'objet de ma présence ici.

Il arriva enfin, déboulant dans la salle tel une louve qui verrait ses petits menacés. Pourquoi me dis-je, pourquoi était-il là ?... Pourquoi dédaigner autant la vie qui lui avait été accordée, lui qui avait été une Ombre, dont les sacrifices pour lui permettre de "revivre" avaient été énormes, pourquoi se jeter aveuglément dans la gueule d'un loup bien trop gros pour lui ?

Si je n'avais pas été en brume, j'aurai secoué la tête de déception, mais je n'étais ici que bourreau, pas juge ou juré.

Le combat débuta, et comme il fallait s'y attendre le rapport de force était tellement déséquilibré que j'allais vite devoir intervenir. Je vis le Bélua voler et s'écraser contre un mur, après que le Démon se soit transformé en une bête aussi gigantesque que répugnante. Pourquoi s'était-il transformé de la sorte ? Je l'ignorais, mais je ne pensais qu'il aurait eu besoin de revêtir cette forme pour mettre à bas son adversaire du jour. Les démons inférieurs s'étaient réunis pour encourager leur Souverain, mais l'heure n'était pas encore aux festivités, pas tant que je l'aurai décidé.

Si je connaissais déjà l'issue, l'intervention de l'Ultimage me fit arrêter la validation de la mort du Bélua. J'étais persuadé que le Souverain Zane allait l'empaler de la manière la plus sanglante et douloureuse qui soit, mais il retint son geste tandis que l'envoûtant Mage s'interposa. Je m'approchais toujours invisible aux yeux de tous, car je sentais au fond de moi que le Destin de l'Ours allait se jouer dans les tout prochains instants.

J'eus une pensée pour Yulenka, cette saleté de Vampire avec qui j'eus un long entretien dans sa demeure. Ce qu'elle m'avait révélé sur elle, ses actes, son père et son suicide, tout ça pour en arriver là. Hmmm .... Ce n'était pas mon problème après tout. Je me demande si j'allais lui dire. Je verrai bien.

Pendant ce temps, l'Ultimage posa ses lèvres sur celle de la victime, comme la dernière volonté d'un mourant, à la différence que l'être aimé allait lui étreindre le cœur d'une manière bien différente. Le poignard s'enfonça presque trop facilement, touchant cet organe aussi fragile que vital de manière définitive. La seule personne qui aurait pu le soigner, était celle qui venait de lui ôter la vie. Je leur laissais ces ultimes instants avant d'accepter la mission qui était mienne à présent. L'Esprit s'échappait tandis que je collectais l'âme du défunt.

Le reste ne m'importait plus désormais.

Je revenais à l'allure que seule une Ombre pouvait suivre, jusqu'au temple en dessous duquel se trouve le Fleuve des Âmes. Cette fois-ci je n'en détenais qu'une, mais elle avait une étrange importance à mes yeux. Il était temps de la purifier, et de la recycler dans le ventre d'une future heureuse élue.

Je la sortis de mon être, avant de la plonger dans le Fleuve. J'avançais de quelques mètres m'attendant à ce qu'elle ressorte purifiée du passé du Bélua, mais elle ne sortit jamais. Au lieu de cela, elle poursuivit son chemin dans le Fleuve sans que je ne sache sa destination finale. Cependant, j'avais bien une idée sur la question, et en me transformant de nouveau dans mon corps matériel, je me surpris à avoir un sourire aux lèvres.

- Le Destin nous réserve bien des surprises, et ce même quand la boucle est bouclée.
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Le retard de la bête [Visite Edoudou]

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