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 Le retard de la bête [Visite Edoudou]

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Lun 15 Aoû 2016, 22:46


La bête vociférait effroyablement. Dans un excès de rage, il s’affolait en même temps que l’Enfer et le feu qui ravageait une partie du palais. Personne ne s’en préoccupait. Les Démons étaient trop accaparés à enthousiasmer leur chef, celui dont la puissance maximale n’était que partiellement vérifiable. Aucun d’entre eux ne souhaitait rater ça. Pour rien au monde. La colère de la créature était tangible. Elle ne manquerait pas de le léguer dans ses poings tandis qu’il attendait patiemment que l’ours se redresse. Tel un taureau qui embrayait sa prochaine charge, Zane s’appuyait sur ses membres antérieurs, la pointe de ses grosses pattes raclant le sol à plusieurs reprises. Il se releva. Maintenant ! Il devait l’assaillir maintenant ! Il écarquilla les yeux avant d’avoir la liberté de le faire. Que fichait Edwina ? Elle… l’embrassait ? Devant lui ? Il resta hébété quelques secondes, sa colère ne faisant que décupler durant ce laps de temps. Raeden était un homme définitivement mort, et son corps allait tellement être mis en lambeaux qu’il serait méconnaissable au terme de la rixe. Cependant, il se rendit subitement compte qu’il n’aurait pas droit à cette allégresse. Edwina venait de lui retirer le pain de la bouche en le poignardant de ses propres mains, elle qui semblait abominer la violence. Il ne comprenait pas ses raisons. Dans son état, il n’était plus en position de gamberger ni de mettre un mot sur ce qui était en train de se forger sous ses yeux. La mort de Raeden avait été trop douce, trop hâtive. Il ne pouvait pas congrûment appeler ça une victoire. Quand bien même il venait de s’effondrer, tué par celle qu’il était parti sauver, ce n’était pas bon. Pas bon du tout.

La bête hurla une fois de plus, expectorant sa bave comme l’être enragé qu’il était devenu. D’un pas lourd, il avança. L’imposante frappe de ses pieds sur le sol faisait vrombir les environs. Il s’arrêta néanmoins quand la Belle lui fit une déclaration à laquelle il ne s’attendait pas. Alors qu’elle tenait justement la rose du maléfice. D’un autre côté, il s’agissait peut-être d’une feinte pour le contourner de sa droiture meurtrière. Résolu à le voir de ses propres yeux, il avala promptement la distance — en bousculant Edwina sur le côté — qui le séparait du défunt. La seconde suivante, il souleva le corps inerte en le tenant par le col. Il était bel et bien mort. Son odeur était celle d’un macchabée. Quant aux battements de son cœur, ils n’existaient plus. Tonitruant de détresse, l’homme — ou du moins ce qu’il en restait — jeta énergiquement la dépouille contre terre. À la suite du rebond caractéristique de la sauvagerie de son geste, le monstre cogna de toutes ses forces dans ses côtes pour l’envoyer bouler à l’autre bout de l’enfer. La cape de ce dernier avait été arrachée par le souffle. Au terme d’une ondulation inspirante, elle recouvra l’épée du Bélua. La métaphore étant toute trouvée, Zane était loin d’être comblé. Il se tourna machinalement vers ses subalternes qui retinrent un hoquet de surprise quand ils aperçurent que ses yeux étaient braqués vers eux. D’un saut magistral, la créature s’expulsa vers la masse suppurante de Démons — et sûrement d’autres peuples. Sa chute vertigineuse accusa une poignée d’entre eux, qui trouva instantanément la mort. Sans laisser le temps à quiconque de lui échapper, il donna de puissants coups de patte dans l’air, dissociant le corps des proies qui se trouvaient sur son chemin. À partir de ce moment, il se déchaina comme le volcan qui entrait en éruption, détruisant tous les individus sur son passage.

C’était une véritable hécatombe qui perdura un certain temps avant qu’il ne soit assouvi. Le pacifisme revenu, le bilan comprenait une diversité de dunes de corps sans vie. La bête quant à elle, était badigeonnée d’hémoglobine, principalement sur ses crocs et sur le contour ainsi que sur une grande partie des pattes. Il avait fait un carnage, ceci afin de pouvoir soulager son besoin en sang qu’il n’eût pas pu repaître à la suite de cet imprévu. Quand il retrouva enfin sa sérénité, il somma à ses sbires sur place d’aller éteindre le feu et d’aller retirer les débris, assurant par la même de limiter les dégâts qui avaient déjà été occasionnés. Zane l’avait ignoré depuis l’arrivée de Raeden, à présent il pouvait de nouveau la voir. Il s’approcha d’elle d’une allure beaucoup moins endimanchée que sous sa forme humaine, sa brutalité se ressentant dans le moindre exercice qu’il accomplissait. Il s’érigea devant elle. La différence de gabarit était on ne peut plus remarquable. La bête comprima la mâchoire en exposant ses muscles monstrueux, durcissant ses pectoraux comme s’il venait de parfaire son évolution. Pourtant, cette forme ne lui convenait pas totalement. « Ce que vous avez dit plus tôt... le pensez-vous réellement ? Vous restez par dépit. Pour respecter votre promesse. Ça ne m’intéresse pas. » Il regarda ses mains… enfin… ces choses empourprées. « De toute façon, je suis une bête à présent. L’image que vous aviez de moi est à la hauteur de vos attentes, je suppose ? » Il approcha sa tête sanguinaire de la Reine, la respiration bruyante. « Vous vous êtes interposés pour le sauver. Vous saviez que j’aurais été beaucoup moins tendre que vous dans sa mort, comme en attestent tous ces corps. » D’un mouvement du bras, il désigna toutes les victimes de son explosion. « Vous devriez-vous en allez. L’Enfer n’est pas fait pour quelqu’un comme… vous. » Par un énième vagissement, il tourna les talons pour revenir à l’endroit où avait eu lieu l’incendie. Une grande partie de l’édifice avait été emporté, mais ce n’était pas très important. Il jeta un coup d’œil à la salle à manger — saisissables grâce aux couverts imprégnés de suie. La reconstruction prendrait fin très vite. Là n’était pas la question. Le Monarque s’orienta à l’opposé, et sans savoir vraiment où il se dirigeait, il entra dans une pièce. C’était la chambre d’Edwina. Du moins, celle qu’il lui avait gentiment prêtée durant son séjour. S’engouffrant à l’intérieur, il endommagea accidentellement les objets au vu de sa taille gigantesque. Survenu près du lit, il s’installa sur ce dernier, mais le fracassa à la seconde où ses fesses se posèrent dessus. « Grrrr ! » Sa forme allait vraiment devenir handicapante s’il ne trouvait pas le moyen de renverser la malédiction avant le temps imparti. De plus, le contrecoup de sa transformation et de ses déchainements voyait le jour. Son bras fut le premier à en souffrir.
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Mar 16 Aoû 2016, 20:59

Il y eut un temps, comme le silence avant la tempête. Elle sursauta quand il grogna, visiblement furieux. Il y avait des éléments qu'elle avait vu plus tôt, d'autres qu'elle ignorait totalement et ils entraient à présent dans une partie de l'histoire qui ne lui avait guère été livrée. Sa poitrine se souleva dans une inspiration des plus profondes quand elle le vit arriver. Elle se laissa bousculée sur le côté et ferma les yeux un instant. Elle regarda ensuite la rose qu'elle tenait fermement entre ses doigts alors que la Bête maltraitait le cadavre de Raeden. Elle ne voulait pas voir ça. Aussi, lorsqu'elle voulut essayer de lui parler pour le calmer, elle s'aperçut que sa rage était immense. Elle lui avait volé sa victoire. Cependant, elle savait qu'il ne lui ferait rien, du moins, pas tout de suite, sinon la continuité de ses visions ne serait pas exacte. Lorsqu'elle le vit se ruer sur la foule, elle se précipita vers lui jusqu'à ce qu'elle ne puisse plus continuer sa course sous peine de tomber. Là, ses yeux s'écarquillèrent devant la violence de l'homme. Elle n'en avait jamais douté. Elle savait ce qu'il était mais le voir à l’œuvre était bien pire que tout ce qu'elle aurait pu imaginer. Pourquoi ne bougeait-elle pas d'ici alors qu'il était en train de massacrer allégrement tous ces individus ? Troublée par son impuissance, elle se rendit compte que son corps tremblait. Elle s'arracha à cette vue qui était bien trop macabre pour elle et elle l'attendit. Elle savait qu'il reviendrait et lorsqu'il fut de nouveau près d'elle, les yeux de la Belle se posèrent sur la Bête. Il l'effrayait moins que lorsqu'il était un homme mais il était tout de même des plus imposants ainsi. Un coup de patte et elle serait projetée à des mètres de là. Sans doute aurait-elle eu peur si elle n'avait pas vu des fragments du futur. Elle déglutit cependant, essayant de garder une posture droite face à lui malgré ses accusations. Son regard soutint le sien mais ses yeux se plissèrent légèrement lorsqu'elle sentit son souffle chaud sur sa peau. Puis, il se détourna d'elle. Libérée de sa prestance, elle expira, ses épaules s'affaissant doucement. Elle attendit un peu, ses mires contemplant une nouvelle fois le massacre. À vrai dire, elle se demandait pourquoi il ne la tuait pas, elle aussi. Avait-il peur d'elle ? Elle passa sa langue sur ses lèvres avant de les pincer. Elle réfléchissait à ce qu'il pouvait bien avoir en tête mais ne trouvait aucune logique dans son comportement. Elle lui disait qu'elle était à lui et il lui demandait de partir. Hé bien non, elle ne partirait pas. Fronçant les sourcils, elle se mit à marcher dans la direction qu'il avait pris, sachant très bien où il avait fini sa course. S'il ne voulait plus la voir, ce n'était pas le meilleur endroit pour cela.

Après quelques minutes, elle rejoignit sa chambre, entrant à l'intérieur de celle-ci sans frapper. Elle fit la moue devant les dégâts occasionnés mais réussit à trouver un vase afin d'y placer la rose. Elle s'arrêta devant la Bête. Là, elle croisa ses bras sur sa poitrine, sa peau nue lui rappelant qu'elle aussi était couverte de sang. « Vous... ! ». Elle ne termina pas sa phrase, incapable de faire preuve de cohérence vis à vis des pensées qui se bousculaient dans son esprit. « Ne bougez pas. »  dit-elle fermement. Sans rien lui indiquer d'autre, elle disparut dans la salle de bain, fermant la porte derrière elle. Devant le miroir, elle resta un instant à regarder son reflet. Elle avait oublié qu'elle était dans cette tenue si particulière. Elle sortit un linge dans l'idée de se nettoyer comme elle pouvait mais abandonna rapidement. Il lui aurait fallu un bain pour enlever toutes les tâches. Était-ce au moins du sang ? Elle n'en savait rien. Ça y ressemblait. Elle attrapa une pince et s'attacha les cheveux, ne pouvant néanmoins contenir quelques mèches rebelles qui avaient décidé de faire leur loi. Qu'importe, elle n'était pas là pour que sa coiffure soit parfaite mais pour trouver une solution. Elle devait l'approcher pour lui parler et il ne semblait pas d'humeur miséricordieuse. Elle soupira, attrapant une bassine qu'elle remplit d'eau avant de tremper plusieurs linges dedans. Elle sortit de la pièce rapidement, visiblement déterminée à faire ce qu'elle souhaitait sans lui laisser son mot à dire. Aussi, elle s'assit comme elle put à côté de lui. « Si vous vouliez vous débarrasser de moi, vous auriez pu trouver un autre moyen que celui-ci. » fit-elle pour toute introduction, par rapport à l'état dans lequel il avait mis son lit. Elle sentait une forme de colère en elle. Cela n'avait rien à voir avec ce qu'elle avait ressenti plus tôt. C'était différent, semblable à de l'agacement, mêlé à un sentiment plus... tendre. Peut-être avait-elle eu peur pour lui finalement ? Ou peut-être était-ce le fait de connaître l'avenir de cet homme qu'il avait cru pouvoir abattre ? Elle essora le tissu, le regardant un instant comme pour admirer l'ampleur des dégâts. Elle n'arrivait pas à savoir s'il était blessé avec tout le sang qui trônait fièrement sur lui. « Vous... ». Elle n'arrivait pas à articuler ses sentiments et savoir par quoi commencer était le principal problème. Elle finit néanmoins par se lancer. « Ce n'est pas parce que vous êtes déçu de ne pas l'avoir tué que vous devez déchaîner votre mauvaise humeur sur moi ! ». Elle posa sa main sur sa cuisse. « Vous êtes infernal d'entrer dans une colère pareille pour un homme qui ne vous avait rien demandé ! ». Elle releva son regard vers lui. « Et puis, vous m'avez trompée ! Je... ». Elle s'arrêta, passant le dos de sa main sur son propre front pour chasser ses cheveux avant de continuer à chercher les blessures qu'il pouvait éventuellement avoir, essayant sans doute de penser à autre chose. Comme sa technique ne fonctionnait pas, elle s'approcha de son visage monstrueux, très près, sans que cela ne semble la glacer d'horreur. « De toute façon, je ne partirai pas ! Et ce n'est pas la peine de grogner ! ». Elle s'écarta, attrapant son bras pour poser le linge dessus et regarder la blessure qu'elle semblait avoir trouvé. Elle soupira et sa voix se fit plus douce. « Et s'il vous avait tué ? » demanda-t-elle alors. « Cet homme possède des alliés puissants. Il aurait pu venir avec eux et... Je... Je ne comprends pas pourquoi vous avez fait ça. C'était stupide. » conclut-elle. Cette histoire n'était pas terminée et elle le savait. Devait-elle lui dire ce qu'elle avait vu ? Devait-elle lui avouer qu'elle ne l'avait pas tué pour lui épargner bien des souffrances mais parce que c'était ainsi que les choses devaient se passer ? Elle se sentait mal de ne pas tout lui avouer mais il était à l'origine de la situation. Lui seul avait décidé de l'appeler en Enfer. Et puis, elle était proche de Raeden, il l'avait aidée plus d'une fois et accueillie chez lui. Elle ne lui relâcherait pas le Monarque Démoniaque dessus à l'aube de sa nouvelle vie.  
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Mer 17 Aoû 2016, 13:58

Pourquoi avait-il obtempéré à la haine aussi facilement ? Était-ce dû à sa constitution de bête qui intensifiait immensément ses états d’âme ? Ou parce qu’il réputait Raeden comme un véritable ennemi ? Non. Même sa fille n’était pas estimée comme telle à ses yeux. Le péché de la colère était certes le plus irrépressible parmi les sept, mais ça ne suffisait pas à mettre des mots sur sa furie infernale. L’Enfer était intimement lié à celui qui les gouvernait. Pour cette raison, les déséquilibres climatiques départissaient leurs éléments sur ce principe. La pluie sanglante, c’est la première fois qu’elle avait eu lieu depuis son règne. Il savait très bien d’où lui était provenue toute cette rage. Seulement, il n’était pas dans son intérêt pour lui de postuler pour ce genre de choses. Quand elle lui ordonna de ne pas bouger et qu’elle se rendit dans la salle de bains, il tâcha d’articuler ses doigts. C’était douloureux, mais il pouvait le supporter. Sa lucidité lui fit comprendre ce qui se passait ; sa force effroyable lui échappait. Elle dépassait tellement la normalité qu’elle intervenait désormais à double tranchant en venant à le blesser à cause de son absence de domination. Ses muscles avaient décroché leurs propres volontés. Il grommela en fronçant les sourcils, suspendant incontinent son introspection lorsque la Belle le rejoignit sur le lit. « Vos raisons à rester ici m’échappent. Votre château ne vous manque-t-il pas ? Votre couche, vos domestiques… votre quotidien. » Contrairement aux apparences, il n’essayait pas de l’encourager à quitter les lieux. Il voulait simplement comprendre quelles étaient ses motivations à ne pas le faire.

En dépit de l'orgueil qu’il avait à ne pas paraitre aussi émoussé devant ses yeux, Zane la laissa faire ce qu’elle croyait bon pour lui. Il l’observait sagement, en train d’accomplir ses gestes, parfois irrésolus, parfois tendres. C’était curieux de constater qu’un rapprochement s’était produit malgré ce qui venait de se passer. Ce qu’il incarnait en tant que malin faisait fuir n’importe quelle entité. Pourtant, plus cette facette prenait le dessus, moins elle semblait déterminée à partir. « C’est un ennemi ! Je devais me venger ! C’est comme ça que nous réglons nos comptes dans ce royaume. Ce monde réel n’est pas un conte de fées. » Il tentait de déplacer son membre. Mais en vain. Il posa ensuite ses yeux sur elle. « Même s’il est vrai que dans de rares cas, le méchant tombe éperdument amoureux de l’héroïne. » Il appuya sa main valide sur la sienne. Il avait l’impression de pouvoir la disloquer s’il ne faisait pas attention, c’est pourquoi il ne referma pas ses doigts. « Vous l’avez embrassé. Voilà ce qui m’a mis hors de moi. » Il pivota subitement le visage en grognant sourdement, comme si y repenser le contrariait. « Ce n’est qu’un aperçu de ce que je suis capable de faire. Vous vouliez des preuves, vous les avez obtenus. Et autant vous le dire tout de suite, je continuerais de procéder avec mes méthodes, que ça vous plaise ou non ! » Il montait crescendo dans l'inflexion de sa voix, nuisant inconsciemment à Edwina qui s'efforçait d’atteindre son bras pour le soigner.

Aussi, il avait davantage rapproché son visage d’elle en la fixant dans le blanc des yeux. Il feula comme un tigre avant de se désister, délogeant du désir qui avait commencé à naitre. Son apparence ne convenait pas pour songer à ce genre de choses. Il haussa une nouvelle fois la voix. Depuis sa mutation, il semblait plus autoritaire que jamais. « Et alors ?! » Il se leva subitement du lit, anéantissant ainsi les efforts de la Reine. Son bras n’était toujours pas rétabli, mais ça lui importait peu à présent. En déplaçant brutalement son pied droit, il l’enfonça dans le sol, ce qui n’arrangea pas son agacement. Il s’acharna dessus à plusieurs reprises avant de réussir à le retirer. « Je l’aurais écrasé quoiqu’il arrive ! Ici, je suis invulnérable ! » L’Enfer lui obéissait. Ce n’était pas complètement faux. « Et puis, depuis quand mon sort vous préoccupe-t-il ? Je croyais que vous n’aviez aucune considération pour les bêtes ! Ma mort en arrangerait plus d’un. » Il plaqua sa patte griffue contre son visage, soupirant fermement afin de se libérer du stress. Il n’avait aucune idée du tournant qu'allait prendre cette journée, c’est pour cela qu’il préférait arrêter d’y penser. Il jeta un énième coup d’œil à son bras ballant le long de son corps. « Je vais profiter d'un bain, ça me fera peut-être du bien, et je dois me débarrasser de tout ce sang. Si vous n’y voyez pas d’inconvénients. » Mais il n’attendit pas son approbation pour se rendre vers la porte qui menait à la baignoire. Tandis qu’il se risquait à ouvrir délicatement celle-ci, la poignée lui resta entre les doigts. Bien sûr, l’endroit n’était pas conçu pour lui. Puisque c’était devenu une habitude, il rugit avant d’arracher une partie de l’encadrement pour entrer. C’était plus simple de s’énerver que de demander gentiment à l’Ultimage de l’ouvrir pour lui. Il n’était pas de ceux qui étaient patients, et sans doute qu'il ne le serait jamais.

Dans tous les cas, il scruta la salle dans l’espoir de constater si oui ou non cette dernière allait bien pouvoir lutter contre son nouveau corps. La baignoire était assez spacieuse pour l’accueillir, mais en ce qui concernait le reste… rien n’était moins sûr. Pour le savoir, il n’avait pas d'autres choix que de se lancer à l’eau. La bête fit couler les robinets en tournant très doucement les poignées. En attendant que la cuve se remplisse, il quitta le peu de vêtements qui séjournaient sur son corps. Au moins, il n’était pas mécontent de voir que rien n’avait changé sur certains niveaux de son anatomie. Quand tout fut prêt, il s’inséra lentement à l’intérieur. D’abord les pattes, ses membres antérieurs. Puis enfin, il glissa le sommet dans l’eau. Elle était bouillante, mais elle avait au moins le mérite de le décompresser. Dans cette même eau se trouvaient quelques objets pour le jeu, dont un qui attira particulièrement son attention. Il s’agissait d’un poulpe en plastique avec un chapeau de marin. En appuyant dessus, un « pouet » retentit tandis que son couvre-chef déférait pour un autre. C’était amusant de le voir changer de casquette. Finalement, il le laissa avec un béret et le reposa à la surface. En revanche, maintenant qu’il était installé, il n’avait plus la possibilité de prendre le savon qui se trouvait à l’autre bout. Il tendit la main, mais l’allonge était loin de suffire. Il essaya encore, des grimaces venant accentuer sa peine. Il renonça. Bien. Il n’avait pas vraiment le choix. « Hum hum. Ma Reine ! J’ai besoin de votre aide… s’il vous plait. » C’était presque par dépit qu’il lâcha cette dernière politesse. Il avait voulu jouer au finaud, sauf qu’il n’en avait plus les moyens.
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Mer 17 Aoû 2016, 16:37

Elle fronça légèrement les sourcils avant de répondre fermement à sa question. « Mes raisons ne regardent que moi. ». Elle ne voulait surtout pas y réfléchir. Les fondations de sa présence ici étaient on ne peut plus scandaleuses et la suite de la construction de ces dernières bien pires que les premières. Elle l'écoutait tout en regardant son bras. Elle ignorait ce qu'il avait et, malheureusement, ne semblait pas en mesure de le soulager de sa peine. L'inutilité de sa magie était on ne peut plus flagrante. Edwina écarquilla soudainement les yeux lorsqu'il posa sa patte sur sa main. Sa respiration se stoppa nette et elle détourna le regard de lui pour le poser sur un point quelconque de la pièce qui pourrait l'empêcher de penser à ce qu'il venait de dire. Il persévérait dans ses idées et elle persévérerait également dans les siennes. « Je... Je l'ai embrassé pour détourner son attention ! » se défendit-elle en remarquant qu'elle n'était pas la seule à avoir fui vers un autre endroit où poser les yeux. Pourtant, elle était toujours autant convaincue qu'il se jouait d'elle. « Et autant vous le dire tout de suite, je vous en empêcherai ! Que cela vous plaise ou non ! » rajouta-t-elle en essayant de se battre pour rattraper son bras. La proximité soudaine provoqua un pincement de lèvres chez elle. Elle sentait son cœur tambouriner sauvagement dans sa poitrine et n'avait aucune idée du moment où cela avait commencé. Puisqu'elle n'arrêtait pas de se démener contre lui, cela devait être dû à l'énergie qu'elle dépensait à la tache. Elle faillit tomber lorsqu'il se leva mais tint bon alors que le bois se redressait, libéré du poids de la Bête. Elle le regarda avancer, une expression de surprise se lisant sur ses traits lorsqu'elle vit ce qui lui servait de pied s'enfoncer dans le sol. Elle mordit ses joues pour s'empêcher de rire. Il allait la tuer s'il s'en apercevait. C'était assez étrange car, sous cette forme, elle le trouvait plus... humain. En réalité, elle ne savait qu'en penser, son esprit s'adonnant à une sorte de va et vient émotionnel entre le positif et le négatif. Elle n'arrivait pas à se stabiliser. « Je n'ai jamais avancé une telle chose ! » se défendit-elle encore en croisant les bras, le linge toujours dans la main. Puis il partit en direction de la salle de bain. Elle sursauta lorsqu'il arracha la porte et resta un instant sans bouger, comme pour s'assurer que la tempête était passée.

La main de la Belle remonta jusqu'à sa tempe qu'elle massa doucement en expirant. Elle ne savait que faire à présent. Ses yeux se posèrent sur la rose noire qui trônait dans son vase immaculé. Deux des pétales s'étaient flétris. Elle se leva et laissa tomber le linge dans la bassine avant de se diriger vers le placard où étaient rangés ses vêtements. Elle ne pouvait pas garder cette robe. Le problème c'est qu'il était là et que ça l'inquiétait. Attrapant une tenue plus simple, elle regarda à droite et à gauche avant d'entrer dans la penderie, refermant la porte derrière elle. L'espace était réellement étroit et sombre mais elle préférait se changer ici plutôt que de risquer de se retrouver à moitié nue face à lui. Elle avait la conviction qu'il était entré dans l'eau mais ne pouvait en être totalement certaine. Une fois qu'elle fut prête, elle sortit du meuble. Un regard dans la glace la rassura. Elle se trouvait moins... provocante ainsi, dans une robe bleu clair. Provocante n'était sans doute pas le mot juste mais avec sa toilette précédente, elle avait eu l'impression de ne pas être à sa place et, surtout, d'enfreindre de multiples règles de bien séance, ce qui lui aurait attiré les foudres de tous les Archimages s'ils l'avaient vue ainsi. Ce fut à ce moment précis qu'il l'appela. Elle resta un instant interdite, se demandant si son imagination ne lui jouait pas des tours. Elle avait déjà pensé à bien des choses le concernant et... « Hum... » fit-elle pour arrêter le fil de ses pensées. Elle n'avait pas rêvé. À présent, il convenait de savoir si elle devait y aller ou non.

Après un temps, elle arriva dans la salle de bain, portant avec elle la bassine qu'elle posa sur le sol. Les joues rosées avant même d'entrer dans la pièce, la buée ambiante ne fit que lui donner plus chaud encore. Heureusement qu'il avait sorti la porte de ses gonds, sans quoi, elle aurait probablement étouffé. « J'espère que ce n'est pas pour... » fit-elle après avoir trouvé le courage de lever les yeux vers lui. Elle s'interrompit lorsqu'elle le vit essayer d'attraper le savon et, cette fois, ne put contenir son rire de s'échapper. Posant immédiatement l'une de ses mains sur sa bouche, elle en oublia néanmoins ses craintes et s'avança pour attraper ce qu'il lui avait demandée. Elle l'observa un moment tout en pinçant ses lèvres. Elle avait bien une idée mais elle n'était pas sûre que... « Je euh... Je crois que ce serait trop pénible pour vous de vous laver avec ça... Je vais vous aider... ». Elle ne l'aurait jamais fait s'il avait été un homme. En réalité, s'il avait gardé son apparence passée, jamais elle ne serait entrée dans la pièce. Mais ainsi, elle le craignait moins et les rapports qu'ils entretenaient lui semblaient plus simples. Elle alla chercher un autre flacon dans l'armoire afin de créer de la mousse. Ainsi, elle n'aurait pas à faire attention au reste de son corps, caché sous l'onctuosité du produit. « Je... ». Elle finit par se taire, décidant qu'il valait mieux passer à la pratique avant qu'elle ne change d'avis. Elle plaça donc le savon entre ses mains avant de faire glisser ses doigts dans ses poils qu'elle frotta doucement pour retirer le sang qui avait coagulé.  Curieusement, elle aimait bien ce qu'elle faisait. Elle essayait de ne pas lui faire mal même si, parfois, les traces du massacre qu'il avait orchestré ne partaient pas facilement. Lorsque l'un de ses doigts rencontra un nœud plus gros que les autres, elle essaya patiemment de le lui retirer mais n'arriva à rien. « Attendez... ». Elle alla chercher une lame qu'elle approcha doucement pour lui faire comprendre qu'elle ne lui voulait aucun mal. Là, elle tailla la boule de poils qui se transforma de nouveau en cheveux. « L'effet de la potion dure combien de temps ? » demanda-t-elle alors, tout en continuant de passer ses mains sur lui après avoir posé l'outil.
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Mer 17 Aoû 2016, 23:38


C’est qu’elle avait du tempérament, la petite ! Voici qu’elle se mettait à le contredire sur chacune de ses revendications, alors qu’elle n’aurait jamais osé avant sa transition chaotique. Ainsi donc, il paraissait moins abominable en Bête qu’en homme. Et bien soit. Il resterait ainsi autant qu’il le faudrait. Enfin, autant que la magie de la rose le lui permettrait en tout cas. S’il plaisantait trop avec la malédiction, il s’en mordrait les doigts. D’un autre côté, il n’était pas en total désaccord avec cette dernière. Quand il était rentré dans la salle, il avait aperçu son reflet dans la glace. Paradoxalement, son apparence était incontestablement plus auguste si l’on se fiait uniquement à son physique. Pour le reste, le côté bestial lui octroyait un zeste d’indulgence. Il secoua la tête négativement pour passer outre. Le souci, c’est que quand il cogitait à autre chose, il songeait à ce qu’elle lui avait dit à propos du baiser qui avait simplement servi à détourner son attention. Le Monarque Démoniaque qui se posait des questions quant à l’honnêteté d’une personne. C’était un comble ; lui qui recourait à l'hypocrisie autant qu’il prenait de bouffées d’air. Cela étant, il avait souvent été respectable avec cette dernière, ne la menant en bateau que parce que c’était nécessaire à ses plans. Interloqué, il manqua de s’étouffer quand il entendit son rire à l’intérieur de la pièce. « Ce n’est pas drôle. » Grommela-t-il en protestant contre la posture ridicule dans laquelle il se trouvait. Il contempla la Reine avec insistance en voyant qu’elle avait changé de tenue. « L'autre tenue vous allait mieux... J’aurais sans doute dû vous laisser prendre un bain avant moi. C’est sûrement plus désagréable pour une Magicienne que pour un Démon. » Mais en apercevant la teinte de l’eau, faire marche arrière n’était plus envisageable.

Il effleura sa main sur le liquide pourpre. Tremper dans le sang n’avait rien d’incongru pour un membre de son espèce. Il trouvait cela d’autant plus agréable malgré le fait qu’il n’appartenait pas à la victime qu’il aurait souhaité atteindre. Il observa curieusement Edwina, comme un animal ébahi devant les rituels d'un humain. Puis vint le moment où sans dire mot, elle le recouvra de mousse pour le frotter. Avec de gros yeux et la bouche entrouverte, il ne fit part d’aucun rechignement. Se faire dorloter par la Magicienne qu’il affectionnait tant était bien plus réjouissant que s’il avait laissé des Domestiques le faire à sa place. « Vos Dragons doivent avoir de la chance si vous vous occupez aussi bien d’eux. Je ne suis pas mécontent que vous ayez décidé de rester. » La tête reposée contre le bac, il se laissait complètement aller. Il ferma les paupières, ayant une totale confiance en ce qu’elle effectuait. Il savait qu’il ne craignait rien, c’est pourquoi il se permit une petite plaisanterie quand il sentit une touffe se déloger. « Vous allez la garder en guise de souvenirs ? Choix judicieux. Rares sont ceux qui ont obtenu une de mes mèches sans disparaitre juste après. » La poursuite se fit dans le calme. Elle continua de lui ôter le sang qui avait séché, et parfois elle eut beaucoup de mal à se débarrasser des morceaux les plus souillés. Néanmoins, elle s’intéressa ensuite à la rose qu’il lui avait donnée durant le repas. Il en avait déduit qu’elle n’était pas au courant des modalités qui dérivaient de la potion. Toutefois, elle devait se douter qu’on n’obtenait aucun surplus sans un échange équivalent. Tout fonctionnait autour de ce principe, surtout en magie.

Il glissa ses phalanges sur la joue de la femme, la frôlant à peine. « Elle peut durer quelques instants. Ou bien éternellement. Tout ceci ne dépend pas entièrement de moi. Pour que je redevienne un homme, il faut que quelqu’un m’em… » Il se rétracta à la dernière seconde, dégageant également sa main. Il hésita brièvement avant de reprendre. « Ce n’est pas important. La différence est minime de toute façon. » Puisqu’il se noyait dans cette eau étrange depuis un certain moment maintenant, et accessoirement, car elle avait aussi terminé de s’occuper de lui, il décida de s’extraire de sa cuve. Hélas, quand il s’appuya sur les rebords pour en émerger, la baignoire céda instantanément sous sa puissance, si bien que le liquide se matérialisa sur le sol et qu’il tomba bêtement à son tour en entrainant Edwina dans sa chute. La catastrophe passée, l’Ultimage se retrouva étendue au-dessus de son corps alors que ses propres pattes avant furent plaquées sur ses fesses. Bien que n’importe qui aurait dû trouver ce moment gênant, Zane conçut simplement qu’elle avait un postérieur bien galbé. Profitant du maintien pour les lui pincer, il décala sa main un peu plus tardivement que prévu, conscient qu’elle serait beaucoup moins à l’aise que lui dans cette position. En appliquant ses gestes — et surtout en la laissant faire —, ils finirent par tous les deux à se redresser après une profusion d’efforts. « Décidément, ce n’est pas mon jour. » Lui confia-t-il comme s’il s’agissait d’une déclaration bouleversante. Entre son insuccès létal et ses maladresses consécutives, tout allait de travers pour le Monarque. C’était ce genre de fois où se lever du lit devenait à perpétrer la première erreur. Il en assumait toutefois les conséquences. En se frottant la nuque, il fit un rapide tour du propriétaire pour constater tous les ravages qu’il avait infligés depuis son intrusion. Désormais près du vase dans lequel reposait la rose, il vira vers la captive — bien que l’adjectif ne convenait plus. « J’ai fait assez de dégâts comme ça. Je vais faire intervenir des domestiques pour qu’ils remettent tout en ordre. Quant à moi… il est temps de partir. Ma chambre sera plus à même de combattre mes sautes d’humeur ainsi que ma force. » Il aurait dû s’y prendre en avance. Edwina n’avait plus vraiment d’endroit où reposer, ni même où faire sa toilette le temps qu’ils viennent résoudre la gêne. Alors qu’il s’apprêtait à ouvrir la porte d’entrée, il se rappela son erreur précédente. « Je vous laisse faire. » Il passa le seuil de la demeure. « Prenez soin d’elle. » En pointant la rose de l’index. « Et si vraiment vous avez besoin d’une douche pressante ou d’un lit plus confortable, vous savez où me trouver. Je peux partager ma suite avec vous. » Sur ces mots, il s’effaça rapidement derrière la brume et le bâtiment, empruntant la course d’une créature qui fuyait un danger plus grand qu’elle.

Lorsqu’il arriva dans sa chambre, beaucoup plus prospère et propice à ses relâchements, il se laissa immédiatement choir sur le lit qui ne remua pas d’un cheveu. Les matériaux utilisés pour sa confection étaient d’une qualité irréprochable, imprégnée d’une magie qui renforçait davantage leurs stabilités. Son bras irait certainement mieux demain, après une bonne nuit de repos. C’est ainsi qu’il se laissa bercer par le confort, la moitié de son corps s’éclipsant en dehors.
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Jeu 18 Aoû 2016, 16:39

Edwina referma la porte derrière elle, s'appuyant contre celle-ci doucement. Ses lèvres s'entrouvrirent et elle ferma les yeux un instant, possédée par une étrange sensation. Il était parti. Elle expira avant de regarder l'étendu des dégâts. Sa chambre ne ressemblait plus à rien, son lit était presque éventré et l'eau de la salle de bain commençait à se frayer un chemin hors de celle-ci, comme si elle souhaitait découvrir d'autres horizons. La Souveraine observa sa tenue. Elle était trempée. Qu'allait-elle faire à présent ? Seule, elle était un peu perdue. Elle n'arrivait pas à croire qu'il n'ait rien tenté de pervers et d'inapproprié à son encontre. Elle avança, rejoignant la salle de bain où la mèche ensanglantée se trouvait, flottant dans l'eau, entre les différents accessoires qui trônaient auparavant dans la cuve. Elle attrapa l'un des jouets entre ses doigts, le poulpe. Elle le fixa en soupirant, comme si les yeux de l'animal possédaient le pouvoir de lui fournir les réponses qu'elle cherchait. Lasse, elle appuya dessus, un bruit retentissant alors que son couvre chef changeait pour un bonnet rouge. Elle saisit la mèche dans son autre main, réfléchissant. Elle n'avait rien dit lorsqu'il en avait parlé mais elle pourrait effectivement la garder. Fatiguée comme elle était, elle se mit à sourire en pensant que si un jour elle venait à se trouver démunie, elle pourrait sans doute la vendre une fortune. Les événements l'avaient totalement troublée et si la présence du Monarque l'avait tenue dans un état convenable jusqu'ici, la pression retombait implacablement. L'Ultimage posa le jouet sur le bord du lavabo et passa les cheveux de Zane à l'eau chaude pour que le sang s'en aille définitivement. Elle attrapa un peigne et défit les nœuds avec une patience étonnante. Une fois que ce fut fait, elle attrapa la lame dont elle s'était servie plus tôt et coupa quelques uns de ses propres cheveux pour attacher ceux de la Bête. Elle soupira de nouveau lorsqu'elle croisa son reflet dans la glace. Après quelques secondes, elle se rappela de sa main effleurant sa joue et rougit en baissant les yeux de honte. S'il n'y avait eu que cela... Il valait mieux qu'elle n'y songe pas. Elle allait d'ailleurs quitter la pièce lorsqu'elle s'arrêta, attrapant de nouveau le jouet ainsi qu'une serviette. Elle se sentait étrange. Le fait qu'elle ait tué Raeden serrait son cœur, quand bien même elle savait ce qui allait se dérouler à l'avenir. Ce n'était pas tout et il n'était pas le seul à trouver une place dans ses pensées. Tous ces êtres qui avaient perdu la vie aujourd'hui... Elle se sentait responsable. Après avoir pincé ses lèvres, elle enroula le tissu autour d'elle avant de sortir de la pièce et de s'asseoir par terre, près de sa penderie. Les genoux pliés contre sa poitrine, elle pensait à ce qu'il convenait de faire à présent. Ses doigts se serraient machinalement sur le poulpe qui continuait de changer de chapeau et elle arrêta son œuvre lorsqu'il retrouva le béret d'origine. Elle ne pouvait pas rester ici. Elle devait se laver et trouver un endroit plus confortable pour la nuit. Le souci c'est qu'elle n'était pas certaine de souhaiter partager la suite du Monarque... Quoi que... « Hum... ».

Le Démon à qui elle avait demandé son chemin resta un moment, après son départ, dans une perplexité des plus flagrantes. Après quelques minutes, l'homme finit par se dire que les jeux auxquels pouvaient s'adonner les deux Souverains ne le regardaient pas, après tout. Il aurait bien espéré que son Roi finisse par la tuer s'il ne la trouvait pas à couper le souffle, même « déguisée » ainsi. C'est donc entourée par la couverture de son propre lit qu'Edwina mit les pieds dans la suite du Monarque Démoniaque en essayant de faire le moins de bruit possible. Elle posa ses affaires par terre, c'est à dire la rose dans son vase, le poulpe qu'elle avait amené pour une raison inconnue, une tenue pour se changer et sa literie, avant de murmurer un petit : « Ne vous inquiétez pas, je vais me débrouiller. ». Elle ne savait pas s'il dormait à dire vrai mais n'osait pas trop le déranger. Puisqu'elle désirait prendre un bain, l'état de la Bête la rassurait. Qu'il reste sur son lit, ça lui irait parfaitement. Elle fit donc quelques pas sur la pointe des pieds pour trouver la salle de bain. Une fois à l'intérieur, elle posa sa tenue pour la nuit sur une étagère puis fit couler l'eau. « Hum... ». Prise d'une sorte de frénésie, elle se dépêcha de se déshabiller avant d'entourer son corps avec la première serviette qu'elle trouva. Ce serait plus pratique comme ça. Comme pour vérifier qu'il était toujours sur son lit, elle ouvrit légèrement la porte et passa juste le haut de sa tête dans l'embrasure. Elle sourit en la refermant, rassurée, trempant ensuite ses vêtements dans l'eau en même temps que son corps. « Oh non... » fit-elle en écarquillant les yeux devant la bande de tissu qui flottait à côté d'elle. Elle déglutit, plongeant sa tête dans le liquide pour oublier le léger petit souci qu'elle aurait une fois son bain terminé. Quand elle fut propre, elle sortit de l'eau, échangeant sa serviette mouillée contre une sèche avec une vitesse ahurissante. Elle s'approcha de la baignoire et sortit la bande, l'essorant. Quelques minutes plus tard, elle était accroupie à côté d'elle, bougeant ses mains d'une manière frénétique. « Sèche ! » ordonna-t-elle comme si cela permettrait à sa magie de sortir du bout de ses doigts. Totalement désespérée, elle gémit en tordant ses lèvres avant d'expirer, tremblotante. Elle ne pourrait pas... C'était hors de question. « Allez ! » fit-elle dans un dernier essai, sachant très bien qu'il serait infructueux. Elle devait se rendre à l'évidence : elle n'avait pas le choix. Une fois qu'elle fut habillée, elle attrapa l'un des biens du Monarque pour coiffer ses cheveux, évitant de fixer son reflet. Le fait de pouvoir percevoir, même légèrement, la trace de ses seins sous son vêtement la perturbait à un point inimaginable. Elle attacha ses cheveux en tresse pour pouvoir dormir sans tremper le lit puis sortit, prenant bien soin de placer une serviette sur sa poitrine au cas où. Quand elle arriva à sa couverture, elle posa ce qui la protégeait avant de s'enrouler dans cette dernière de façon à ce que son corps ne dépasse plus de nulle part et que rien ne puisse l'atteindre. « Oh euh... ». Elle s'était tellement serrée dedans qu'elle peinait à marcher correctement. Elle ne regarda pas, à aucun moment, la Bête. Elle préférait ne rien savoir. Arrivée au lit, elle se tortilla puis finit par tomber purement et simplement sur ce dernier dans un petit cri. Sur le ventre, elle dut s'y prendre à plusieurs reprises avant d'arriver à se retourner, ses bras étant également pris dans le tissu. Une fois installée, elle murmura simplement, en fermant les yeux : « J'ai décidé de dormir avec vous alors j'espère que vous n'attendiez personne. Bonne nuit. ». Elle remonta la couverture jusqu'à son nez.
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Jeu 18 Aoû 2016, 22:34

C’est dans un sommeil lourd qu’il entama sa nuit bien méritée. Lourd… c’est du moins ce qu’il croyait avant de voir débarquer Edwina dans sa chambre, qui sans le moindre gage de finesse était aussi circonspecte qu’un Bélua Rhinocéros dans un magasin de porcelaine. Déplissant imperceptiblement les paupières, il se délectait silencieusement du manège dans lequel elle s'enlisait. Il s’était attendu à son retour. Entre l’accident domestique et prétendre qu’il avait intentionnellement fais exprès de tout détruire dans sa chambre pour lui faire la proposition directement après ; l'écart était mince. Sa dextérité avait beau s’en trouver spontanément endommagé, il ne manquait pas grand-chose pour s’assurer qu’il avait calculé son coup en atteignant le score parfait. Dans ses sombres pensées, il restait par ailleurs en bête pour profiter pleinement de la présence de la Reine qui osait enfin s’approcher de lui. Sa tactique d’attaque fonctionnait sur la durée ainsi que sur l’obstination. Toute maladresse qu’elle apportait n’était qu’un faible prix à payer pour l’obtenir. Il s’agissait d'être en mesure de l’apprivoiser en douceur. Il ne perdait rien à essayer en tout cas. Quand elle se rendit dans la chambre, la Bête se tourna vers l’hésitation. La tentation d’aller jeter un coup d’œil dans la douche était suffisamment forte pour lui consumer l’esprit. Le risque de se faire gauler serait néanmoins existant et anéantirait tout ce qu’il avait construit jusqu’ici. D’un autre côté, puisqu’il s’agissait de sa chambre il avait un avantage certain dans le sens ou le poids de son corps sur le sol ne composerait aucun bruit. Par habitude, l’homme-monstre passa naturellement ses gros doigts dans sa crinière brune afin de se dégager les quelques mèches grossières qui obstruaient son visage. Jetant un rapide coup d’œil aux alentours, il jucha l’extrémité de sa patte velue sur l'imprenable moquette qui encerclait le lit. Lentement, il posa la seconde puis força de ses biceps sur le rebord de ce dernier pour se lever. Le plus délicat étant fait, il entreprit de faire le premier pas quand soudain, la porte s’entrebâilla de quelques centimètres.

Dans le but d’échapper au pire, il s’élança avec célérité en arrière en écrasant le matelas qui supporta néanmoins son poids. Il réintégra ses appuis d’origines avant qu’elle ne remarque quoi que ce soit. Mince. Elle était prudente. Un peu trop même. Lorsqu’elle referma à nouveau la porte, il expira calmement en sachant qu’il avait échappé de peu à la découverte de son rituel de perversion. Tout individu normalement constitué était forcé de le reconnaitre : Edwina méritait d'être observée nue. Ce n’est pas pour rien que la plupart des hommes lui couraient après dans l’espoir de recevoir un simple baiser. Quoi qu’il en soit, Zane ne renonça pas pour autant et réitéra sa démarche en exposant la même méthode que précédemment. Cette fois-ci, il arriva sans encombre jusqu’à la porte contre laquelle il se plaqua en disposant ses deux bras sur le côté, comme s’il était important qu’il retienne l’accès au cas où elle déciderait encore de jouer les enquiquineuses. Il colla son oreille contre l’encadrement et attendit quelques précieuses secondes avant qu’il soit certain qu’elle enclenche l’eau. L’avantage d’être ainsi représenté, c’est que son ouïe avait acquis les capacités de n’importe quel animal. Ses sens les plus primitifs avaient été décuplés, ce qui lui permettait entre autres de savoir exactement où elle se trouvait. Avec le bruit du liquide qui se répandait, il engrena la cliche pour la pousser imperceptiblement. Son œil se fondit dans l’interstice comme un élément du décor. Ainsi, il observa avec plaisir Edwina dans son plus simple appareil, se léchant le pourtour des lèvres telle la créature assoiffée pour laquelle il avait cédé son magnifique corps musculeux. Il resta posé ici, dubitatif quant aux agissements parfois douteux de la Belle. Quand elle regarda dans cette direction et qu’elle eut fini son bain, Zane retourna précipitamment à sa couche pour écarter toute suspicion à son sujet.

Faisant mine de dormir, il manqua de croquer sa langue quand elle se vautra péniblement sur lui ; ses yeux exorbités alors qu’un râle manifeste lui échappa. Même en le souhaitant de tout son cœur, elle ne serait jamais parvenue à autant d’imprudence en si peu de temps. « Bien sûr que non. Je suis une bête sage. » Et tout ça sans semer une seule pointe d’ironie. Il ne le remarqua qu’après coup, mais il dut s’y reprendre à deux fois pour s’assurer de la réalité : Edwina étant couverte tel un cocon qui peinait à se tirer de sa chrysalide. Portant sa main sous son menton en le frottant, une multitude de questions défilèrent dans sa tête. Il s’apprêta à évoquer une hypothèse, mais la mit aux oubliettes en pensant qu’elle partirait sur une réponse qui lui en ferait poser davantage. Définitivement, il était préférable de ne pas chercher à tout savoir. Pourtant, cela lui brûlait les lèvres, alors au lieu de parler, il contourna discrètement la nuque de l’invitée pour venir tapoter son épaule. Le but de ceci était qu’elle relâche la pression qu’elle maintenait sur les draps. « Quel secret me cachez-vous encore ? » Quand elle se retourna, il pinça le coin de la pièce de lit, fronçant les sourcils en tirant sèchement dessus pour la priver de sa coquille. Avec une précision certes un peu virile, il était parvenu à ne pas trop la faire vriller comme une toupie. Ses yeux se posèrent machinalement sur le linge à demi imbibé d’eau, et plus exactement sur sa poitrine. « C’est beau. » Il secoua la tête dans tous les sens. « C’est inattendu. » Répéta-t-il en hâte. Ce n’est pas tant qu’il craignait les foudres qui pouvaient s’abattre sur lui, mais il avait promis d’être sage. De faire semblant du moins.

Pour réparer sa faute, il replaça ses doigts sur sa tenue en la remontant pour que la transparence ne soit plus visible à cette hauteur. Sauf qu’au lieu de le faire dans la délicatesse, il pressa le mouvement qui fut trop brusque. Sans l’ombre d’une surprise, le vêtement lui resta entre les griffes. Il agita frénétiquement ses mains pour les déloger de là, se voilant partiellement le visage avec la seconde suivante. Hissant les bras en l’air dans un sentiment qui rappelait un animal à l’agonie, il grogna en affolant ses gros membres, sortant du lit en en s’écrasant lamentablement au sol. Finalement, il arracha le tissu et le balança furieusement pour enfin s’en débarrasser. Il se leva en sursaut, respirant et expirant comme s’il était à deux doigts de faire un massacre. Évidemment, elle avait eu le temps de se recouvrir la poitrine. « Je vais me chercher un verre d’eau. Je vous en prends un. » Il s’estompa derrière une imposante porte, rejaillissant quelques minutes plus tard avec les deux verres. Il déposa celui de la Reine sur la table de nuit et versa le sien dans sa gueule. Il s’essuya avec son bras et se recoucha séance tenante. Amené par la curiosité de savoir s’il était capable d’utiliser la magie ainsi, il tira parti du fait qu’elle était distraite pour étendre de sa main près d’elle. En déferlant la Tentation du Diable, il se demandait si la luxure pouvait gicler de cette femme. Il espérait un résultat positif.
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Ven 19 Aoû 2016, 01:20

« Se... secret ? » fit-elle avant que sa voix ne monte dans les aigus sous la surprise lorsqu'il tira sur la couverture qui l'enroulait. « Qu'est ce que vous... ? ». Sa respiration s'était accélérée. Un bras de chaque côté de la tête, elle le fixa un instant avant de suivre son regard. Là, elle eut une inspiration plus puissante que les autres. Celle-ci indiquait clairement qu'elle était aussi troublée qu'outrée par son geste. Il aurait été sous une forme humaine, elle serait partie en courant. Elle aurait dû. Elle gémit à ses dires puis hurla carrément lorsqu'elle sentit le tissu qui la couvrait disparaître sous sa poigne. N'attendant pas, elle tira de nouveau la couverture à elle en se redressant. « Je... ». Elle écarquilla les yeux en le voyant se battre avec le morceau de vêtement et, lorsqu'il atterrit par terre, le haut de son corps fit un mouvement vers le bas. Une grimace apparut dans un même temps sur son visage, comme si elle vivait elle aussi l'événement. Méfiante, son corps restait tout de même en retrait. Lorsqu'il se releva, elle le regarda partir, silencieuse.

Une fois qu'il fut hors de la pièce, elle baissa les yeux. Elle devait réfléchir. Elle pouvait s'en aller, maintenant. Comme si sa pensée avait été entendue, elle rencontra le bleu gris des iris de l'Archimage Eorane quand elle releva son regard. Edwina se recroquevilla un peu sur elle-même, sentant dans la façon dont celle-ci la contemplait une once de sévérité. Elle resta silencieuse quelques secondes avant de lui jeter une cape dessus afin qu'elle puise se couvrir correctement. « Je ne peux plus vous laisser auprès de cet homme. Altesse, vous vous devez de rentrer sur vos terres. ». « Mais je... ». Elle s'approcha, s'asseyant sur le lit aux côtés de la Souveraine. Eorane avait la même odeur qu'elle. Il n'y avait rien capable de les différencier et, à dire vrai, s'il était demandé à un homme de distinguer la vraie Reine des Magiciens entre les deux, il choisirait la Souveraine des Reflets. C'était ainsi, une tromperie des plus cruelles, qui pouvait d'ailleurs se retourner parfaitement contre l'originale. Cependant, cela faisait bien trop longtemps que cette femme, qui n'avait de nom que son titre d'Archimage, servait la royauté des Mages Blancs. Sachant parfaitement que le temps était compté avant qu'il ne revienne, elle abattit ses cartes, impitoyablement. « Cet homme vous ment. Il vous manipule depuis le début et je n'ai rien dit parce que je pensais que vous vous en rendriez compte par vous même. Je suis tellement... Je suis tellement désolée de vous avoir laissé ici. Il n'est pas... S'il vous plaît, échangeons nos places. ». Elle semblait réellement concernée. « Il n'est pas celui que vous croyez. Ce qui lui plaît en vous c'est simplement de vous faire plonger peu à peu dans le péché. Il s'enroule autour de vous comme un serpent autour de sa proie et peut-être que vous ne vous en rendez pas encore compte mais... vous en souffrirez. Il... il a abusé de tellement de femmes... d'une Elfe, dernièrement d'après mes informateurs. Ne restez pas ici. Votre peuple compte sur vous et je ne suis pas vous. Vous verrez, il vous oubliera et... vous l'oublierez également. ». Elle lui prit la main. « Je sais à quel point la situation peut paraître séduisante mais vous... vous ne pouvez rien faire pour lui. C'est un Démon. Tout ce qu'il veut, tout ce qu'il souhaite au plus profond de lui-même, c'est de vous détruire. Et il y arrivera parce que vous êtes trop gentille, trop naïve. Il ne vous aimera jamais. Il ne voit en vous qu'un trophée de plus à accrocher sur son mur. ». Elle inspira. « Échangeons nos places, je vous en conjure. » conclut-elle avec toute la fermeté dont elle était capable.

Lorsqu'il revint, elle était encore troublée. Son pouce et son index sur sa lèvre inférieure, elle pinçait cette dernière comme si elle souhaitait en arracher la peau. Elle ne savait pas quoi faire, complètement perdue dans une situation bien trop complexe pour elle. Elle fixa le verre d'eau, ses lèvres bougeant dans un merci inaudible, comme absent. Après quelques secondes, elle bougea enfin et attrapa le bien, ses doigts se crispant sur ses parois alors qu'il s'essuyait et se recouchait. Elle serra la mâchoire et avant que les sensations de la Luxure ne s'emparent d'elle, elle lui envoya l'eau au visage, abattant ensuite sa main sur lui. Cela ne pourrait lui être douloureux de toute manière. « Je... ». Elle se sentait étrange. C'était... Se pinçant les lèvres, elle n'arrivait pas à mettre un mot sur ce qui se tramait en elle. « Q... ». Elle posa les yeux sur lui, étrangement perdue. Les pensées qui parcouraient son esprit semblaient prendre possession d'elle et la chaleur qu'elle ressentait en son sein était on ne peut plus délicieuse. Il lui semblait bien plus attirant, comme si elle était possédée par une envie qui faisait tomber une à une toutes les barrières qu'elle avait mis tant de temps à ériger par le passé. Son regard resta celui d'une femme à la dérive encore quelques secondes avant qu'un petit sourire ne naisse sur son visage. Elle se mit à le fixer avec un désir certain, faisant glisser la couverture sur son corps d'un geste habile qui exposa sa peau à son regard. En elle, les bribes restantes de sa pudeur se battaient contre le maléfice mais ses gestes étaient pourtant exécutés avec soin. Elle finit par se mouvoir jusqu'à lui, prenant place sur le bassin de la Bête qu'elle chevaucha d'un mouvement dénué de toute pudeur et de toute hésitation. Pourtant, parfois, sur son visage, il y avait une autre expression, infime, qu'il était presque impossible de remarquer. C'était comme si la femme qu'elle était vraiment essayait de s'imposer à cette marionnette dénuée de tout charme qu'elle était devenue. Il semblait, de temps en temps, que derrière cette envie se cachait une demoiselle en détresse qui priait pour être libérée de l'emprise qu'il exerçait. Néanmoins, ses lèvres finirent par se poser sur celles du Monarque, la proximité qui était la leur éveillant en elle un désir encore plus profond, son corps répondant parfaitement à ce que son esprit pouvait imaginer les concernant. Elle se fichait qu'il soit une Bête, cela n'avait plus d'importance. Elle le voulait. Pour autant, ce désir changeait-il réellement de celui qu'elle éprouvait d'ordinaire ? Il ne pourrait pas le savoir, pas comme ça.
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Sam 20 Aoû 2016, 23:50

Il en riait d'avance. Sa main invisible, sous les couvertures, il usait d’une capacité des plus immorales dans l’espoir de renverser l’appétence chez la Magicienne. Impossible qu’elle puisse résister à l’appel de ce sort puisqu’il provenait directement du Monarque en personne. Sous ses airs de petite fille chétive, elle devait assurément taire des secrets inavouables qui se dessineraient sous les ondulations de son corps dès lors qu’il l’aurait suffisamment perverti à suivre la voie du vice. En réalité, Zane employait très peu ce pouvoir en projet de développer la luxure, puisqu’il lui suffisait généralement de faire les yeux doux et de prononcer trois petites phrases pour toucher à ses fins. Dans le découragement qu’elle y arrive de cette façon, il avait donc craqué sur le moyen le plus réducteur pour étayer son expérience. Accéder à la complaisance n’était pas dans ses principes, quand bien même un Démon pouvait effectivement se garder de les remplacer selon son bon vouloir. Au début, il suspecta sa magie de lui faire défaut. Celle-ci n’étant pas matériellement vérifiable. Ses doutes s’attestèrent quand il sentit un liquide lui refroidir le visage ; suivi par un affront qui fut certes désarmé en vue de son attention, mais totalement bouleversant pour la bête qui ne s’attendait pas à ce genre de réflexe. S’était-il trompé avec la colère ? Le faciès dégoulinant de cette eau, il regarda spontanément sa main, ébahi devant l’incompréhension de la scène. Balayant son front d’un revers pour relever ses poils trempés, il remonta la couverture afin de sécher ce qui pouvait l’être.

Retroussant ses babines, il fut sur le point de clarifier son mécontentement avant que le changement comportemental de la belle ne s’opère. Il écarquilla les yeux, légèrement médusé. Son sort avait fonctionné un peu tardivement, mais c’était mieux que rien. Il succomba immédiatement au plaisir lorsque enfin elle se décida à le chevaucher d’une manière hautement désirable qui le rendait tout de suite plus ouvert. Il déplaça ses bras aux confins de son corps, ne sachant que faire d’eux sans prendre le risque de laminer sa partenaire. Au cours d’une ultime hésitation, il remonta – en écorchant son pyjama - ces dernières en bordure des cuisses de la séduisante Ultimage, caressant silencieusement sa peau en serpentant jusqu’à son entrejambe. Son bassin fit de légères rotations pour rejoindre les sinuosités d’Edwina. Sa main baladeuse se faufila le long de sa colonne, glissant imperceptiblement la pointe d’une de ses griffes sur ses lombes, créant ainsi une marque infime sur son épiderme. Souvenir qu’elle garderait durant un certain laps de temps. À l’instant où ses lèvres se posèrent sur les siennes, il fut d’autant plus surpris d’apprendre qu’elle ne craignait pas du tout de le faire avec une créature insolite qui en aurait repoussé plus d’une. Son cœur semblait comme vouloir s’échapper de sa poitrine lorsqu’il fit un bond. Puis un second, et ainsi de suite. Il discernait très distinctement ses battements qui se répercutèrent d’une cadence de plus en plus hâtive et ferme. Finalement, la malédiction se détériora dès lors que ses poils refluèrent sous la surface et que les cornes proéminentes sur sa tête entreprirent le même cheminement. Son corps se désenfla ensuite comme un ballon de baudruche qui piétinait la chaleur. Ses muscles redevinrent saillants et nets, sa bouche charnue et surtout… il retrouva ce qui faisait autant son charme que sa fierté ; sa masse capillaire.

L’homme venait de remplacer la bête, son corps étant intégralement nu et épilé du moindre pelage. La façon dont il avait régressé semblait conclure le terme d’un conte de fées. En dépit de ce brusque changement d’apparence, le tortionnaire ne lâcha pas sa prise, ses mains solidement ancrées sur la délicieuse taille de son amante qui paraissait bien trop vulnérable pour assouvir l’unique désir de s’échapper. Il voyait dans le reflet gris de ses yeux qu’elle essayait de s’en sortir par tous les moyens, combattant le Diable qui tentait d’habiter son esprit. « Vous avez choisi de m’embrasser. Vous avez rempli les modalités de la rose. Si d’aspect je suis un homme ; c’est une méprise que de croire que mes genèses sont les mêmes. J’ai assuré que je vous voulais pour moi seul, Edwina. Ce sentiment n’a pas changé. » Comme il fallait s’y attendre, le retour de sa personnalité fut aussi irritant que la dégression. Il tenait en lui la Reine qu’il voulait dans son lit, bénéficiant de cet accès incroyablement recevable pour étaler ses mains sur les seins de la jeune femme. « Vous ne savez pas à quel point être une bête a été un supplice pour moi. Une raison en particulier aurait pu me rendre fou si je l’étais resté davantage. » Il attrapa les poignets de la belle, les installant sur ses pectoraux. Il obligea ses mains à descendre, esquissant la ligne de ses muscles. Puis il continua, plus bas, toujours plus bas, jusqu’à ce qu’elle accède au fameux pilier masculin qui était le sujet privilégié des dames du royaume. Toutefois, il les laissa telles quelles seulement durant un bref instant.

Affleurant d’emblée hors du lit en compagnie de la Magicienne qu’il portait dans ses bras, il frôla lascivement ses hanches pour les apprêter contre son bassin. « Vous êtes exquise. J’ai envie de vous… » Mais le morceau manquant fut haleté par une illusion auditive qui s’apparentait en une communion de plusieurs mots tous plus torrides les uns que les autres. C’était un stratagème pour qu’elle choisisse elle-même celui qui la convenait au mieux. Avec un empressement sans pareil, le Démon la propulsa contre le mur. Contrairement à ce qui aurait dû se passer, elle ne devait ressentir aucune douleur. Les murs de la chambre du Monarque étaient ainsi traités pour résister aux chocs abrupts. De nombreux accidents s’étaient produits depuis qu’il entraînait des femmes ici. Par conséquent, ils se lénifiaient pour prendre la forme qui convenait le mieux. Il embrassa la femme, tirant sur sa lèvre inférieure en mordillant dessus, puis il parsema son cou et ses épaules de multiples baisers. Habilement - ou pas - il fit bloquer son pouvoir de contrainte avant de se reculer, un sourire apparent. « Je pourrais réfugier votre corps de ma volupté toute la soirée, cependant je suis presque certain de ne pas être à la hauteur. » Il tourna les talons pour rejoindre le lit contre lequel il prit place. « En revanche, j’aurais bien besoin d’un massage sensuel avec la dure journée que j’ai supporté. Puisque vous êtes la seule femme dans les parages et que vos doigts sont incomparables, vous pourriez le faire. Ou alors, préférez-vous que j’appelle une de mes servantes ? Je préférerais que ce soit vous, car j'ai quelque chose à vous dire. » Le pouvoir étant cassé, il pourrait ainsi savoir ce qu’il avait toujours voulu savoir.
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Dim 21 Aoû 2016, 14:39

La transformation de la Bête en homme laissa un peu de répit à la jeune femme qui crut qu'elle pourrait s'en sortir ainsi. Elle essayait de briser le sort comme elle le pouvait, consciente de la traîtrise perpétrée, mais la prestance du Monarque n'aidait pas son esprit à se libérer. Elle gémit quand il la toucha, un frisson délicieux balayant sa peau de part et d'autres. Les lèvres entrouvertes, elle le regardait avec un désir particulièrement brûlant. Pourtant, quand il attrapa ses mains, elle essaya de résister, comme si son esprit et son corps se battaient ardemment. Elle ne souhaitait pas le toucher et, dans un même temps, elle en mourrait d'envie. La force de Zane, de toute façon, ne lui laissait pas le choix. Ses joues se teintèrent de rouge lorsqu'il guida ses doigts au plus bas. Légèrement crispée, elle semblait de plus en plus perdue, comme si le sort était sur le point de lâcher. Heureusement, ou malheureusement pour elle, il changea d'idée. Dans ses bras, elle trouva un nouveau centre d'intérêt, ses lèvres parcourant le cou du Diable alors que ses mains se perdaient dans ses cheveux. Elle gémit de nouveau lorsqu'il lui avoua l'inavouable et elle répliqua à mi-mots : « Et moi j'ai envie de vous... ». Elle ne finit pas sa phrase, souriant au creux de son oreille en lui attrapant le lobe entre sa langue et ses dents dans l'objectif de le faire sien. Elle poussa un cri lorsqu'elle se retrouva contre le mur, sa respiration haletante. Elle avait cependant les traits d'une femme désireuse, son corps répondant particulièrement bien à l'appel de la Luxure. Le moindre frôlement lui paraissait être un supplice, qu'elle aurait pourtant aimé subir durant des jours, et son esprit imaginait des choses dont elle aurait eu honte en temps normal. Ses mains sur lui, il semblait que ses bras souhaitaient le repousser alors que les sons étouffés qui sortaient de ses lèvres prouvaient qu'il lui procurait un plaisir divin. Elle éprouvait le besoin de le sentir au plus proche d'elle, de le sentir épouser parfaitement ses formes jusqu'à la péné...

La Reine écarquilla les yeux, comme si elle venait de se réveiller d'un songe des plus horribles. Il lui fallut un temps avant de placer ses bras en croix sur sa poitrine pour la dérober à sa vue. Collée contre le mur, elle se raidit un moment puis se laissa glisser contre ce dernier, jusqu'à être assise par terre, les cuisses contre son buste. Tremblante, elle semblait chercher des réponses qu'elle possédait déjà mais qu'elle refusait d'admettre. Cet homme était... « Je... ». En bougeant légèrement, elle remarqua l'humidité entre ses cuisses, se recroquevillant un peu plus sur elle-même. Elle se rappelait parfaitement les mots de Mitsuko à ce sujet et en éprouvait une honte disproportionnée. Il l'avait trompé, encore. Quand il lui demanda un massage, elle releva les yeux vers lui, comme une biche effrayée. Pensait-il vraiment qu'elle pourrait le toucher à présent ? Tout ce qu'elle souhaitait c'est qu'il se tienne éloigné le plus possible d'elle. Elle fit néanmoins l'effort de se relever, marchant dans sa direction tout en prenant soin de le contourner d'une manière flagrante. Arrivée de son côté du lit, elle tira la couverture qu'elle avait utilisé plus tôt, la plaçant sur elle avec une hâte presque maladive avant de reculer, un pas après l'autre. Il était clair qu'elle désirait lui échapper. Arrivée à la porte sans le quitter des yeux, elle fit tourner la poignée d'un geste clairement saccadé. « Je... Je vous déteste. Je ne veux plus jamais vous revoir ! » asséna-t-elle alors qu'elle ouvrait la porte. Là, elle tourna les talons et s'enfuit, tout simplement. Elle regagna ses appartements et ferma la porte derrière elle, croisant son reflet dans le miroir. Elle expira puis, après quelques secondes, un petit sourire germa sur son visage. Elle avança, la couverture tombant au sol alors que le tissu de son vêtement se recréait pour cacher ce qu'il y avait à dissimuler. Arrivée près d'une étagère, elle attrapa la mèche de cheveux de Zane entre ses doigts. S'il continuait sur cette pente, elle allait sévir.  

:(GOMMETTE):

Elle avait fini par céder aux dires de l'Archimage Eorane. À présent dans sa chambre en Caelum, la Reine Blanche faisait les cent pas. Elle s'était changée pour revêtir une tenue qui correspondait à son rang. Il faisait nuit et sans doute aurait-elle dû enfiler son pyjama et aller se coucher. Seulement, elle ne le pouvait pas. Les dires de l'Archimage passaient en boucle dans son esprit. Bien sûr. Il n'était pas un Ange. C'était une évidence. Il violait les femmes, torturait les hommes et devait se plonger corps et Âme dans des activités bien pires encore. La cape bleue qu'elle portait traînait derrière elle, glissant sur le parquet inlassablement. Sa chambre ne lui avait jamais paru aussi petite. Elle se retrouvait toujours devant un mur physiquement et dans la même impasse psychiquement. Son pas était rapide. Il la trompait depuis longtemps, c'était sûr, mais n'avait-elle pas fait la même chose ? Elle lui avait fait une promesse qu'elle savait parfaitement ne jamais pouvoir tenir au moment même où elle l'avait prononcée. Elle ne lui avait rien dit sur le futur de Raeden. Elle lui cachait ses sentiments et la raison de sa présence à ses côtés. Plus que tout, elle se jouait de lui, laissant Eorane le manipuler à sa guise. Elle finit par s'asseoir sur son lit, son regard se posant au hasard sur le meuble qui lui faisait face. Elle ne pouvait pas laisser les choses se dérouler ainsi mais... que faire ? « ... ». Elle venait d'avoir une idée. Le problème c'est qu'elle ne savait pas où l'Archimage avait caché la chose. Elle se mit à fouiller partout, dans tous les tiroirs, dans tous les placards, dans toutes les boîtes, retournant ses appartements avec une hâte qui défiait toute concurrence. Elle était folle de vouloir entreprendre pareil acte mais elle n'avait pas le choix. Elle devait lui parler. « Où est-ce que je... ? ». Ses yeux se posèrent sur une boite en bois, fermée à clef. Elle dégota ce qui lui permettrait de l'ouvrir et s'empara de l'objet. Il le lui avait donné pour l'invoquer si elle en avait envie. Comme elle n'avait aucune idée de comment faire, elle entreprit plusieurs méthodes, appelant le Monarque plusieurs fois dans l'espoir que cela suffirait à le tirer de ses activités.
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Lun 22 Aoû 2016, 13:32

Il attacha son regard sur la Reine Blanche qui quitta la scène. Étrangement, il n’était pas surpris par ce départ express qui aurait pu se dérouler bien plus tôt, s’il n’avait pas mis la Tentation du Diable en action. Comme il s’y attendait, elle changeait du tout au tout en fonction des pensées qui pouvaient la hanter au non. Ce qui était incroyable avec ce pouvoir, c’est qu’il amplifiait ingénument un vice déjà inné chez la personne. Ce qu’Edwina ignorait sans doute, c’est qu’il avait simplement débridé sa créativité en ne l’augmentant qu'en douceur. Il ne retournerait pas dans sa chambre pour lui parler, pas cette fois. Elle reviendrait probablement vers lui au moment désiré, lorsque quelque part elle se rendrait compte qu’il lui manquait. C’était loin d’être fini entre eux. Il pouvait même prétendre que ce n’était que l’embryon d’une relation durable. Il suffisait de le faire grandir, et pour ça il devait être plus franc qu’il ne l’avait été jusqu’à présent. La sagesse avait porté ses fruits, mais ceux-ci n’étaient pas mûrs. Quant au contraire, c’est la turbulence qui prenait le dessus, elle se braquait et partait en courant. Tout bien réfléchi, il n’allait pas rester une simple bête pour lui faire plaisir. L’expérience avait été égayante à vivre, mais loin d’être un quotidien qu’il pourrait suivre aussi longtemps que ce qu’elle postulerait. Zane dispersa une mèche en arrière en souriant. Il n’avait pas encore perdu la manche. Tout était possible à présent qu’il avait deviné une esquille de ses faiblesses. Quand un plan dysfonctionnait — que ce soit partiellement ou complètement —, la logique voulait qu’il soit revu significativement du début à la fin. S’il avait manqué le coche, c’était uniquement à cause de lui et de personne d’autre.

Respirant avec sang-froid, il se leva puis il étendit ses bras en bâillant. Il était un peu fatigué de cette journée, mais il avait surtout très faim. Sans tarder, il aboya le nom de l’un de ses domestiques qui se présenta très vite auprès de son maître. « Va me chercher un repas, j’en aurais grand besoin. Et va donc convoquer Seth. Il me faut lui parler. » Le subalterne répondit d'urgence aux ordres. Les Démons inférieurs étaient si craintifs. S’ils ne servaient pas de chair à canon en période de guerre, il se serait fait une joie de tous les radier. Mais sans eux, il perdait bien la moitié de ses hommes, si ce n’est pas plus. En attendant, Zane passa à son armoire pour enfiler un gilet ainsi qu'un pagne. Il passa aussi un pendentif autour de son cou. Peu après, l’ami et conseiller du Monarque perça dans la chambre en même temps que les exécutants qui venaient apporter une table sur laquelle reposait un beau festin. Il se leva pour aller saluer son camarade et s’armer d’une cuisse de poulet qu’il remit immédiatement à ses dents. Seth le regarda faire en attrapant une simple pomme. « Ce n’est pas tous les jours que tu me fais venir comme ça. Un problème avec ta brune ? » Il s’emplissait la bouche de toutes les cochonneries qui survolaient ses griffes. « Edwina… c’est ça. Elle ne cesse de me fuir alors que je fais des efforts. Je ne l’ai même pas persuadé d’aller dans la pièce rouge, et tu sais combien elle est appréciable pour moi. Je me demande si je ne devrais pas tout simplement l’amener voir des papillons qui volent et qui changent de couleurs. » Le grand guerrier à la chevelure blanche fit quelques pas. Il dégaina hâtivement son sabre avant d’attaquer Zane qui arrêta la lame d’une seule main tout en continuant de dilapider la table avec l’autre. « Qu’est ce que tu fais ? » Il reprit possession de son bien pour le remiser à sa place. « Tu as toujours été un homme réputé pour son instinct prophétique. C’est aussi comme ça que les Démons doivent être. En société comme partout ailleurs, l’intelligence est synonyme de réussite. Ici, c’est différent. Celui qui pense peut aller très loin et asservir les siens des années durant. Mais je te le demande, Zane. Est-ce qu’un bon souverain démoniaque est fatalement quelqu’un qui survit aux ères ? » Il s’essuya les lèvres en l’épongeant avec son bras en prévision de répondre à sa question. « Je ne pense pas. Je crois toujours que la force est notre quintessence, et qu’elle devrait demeurer ainsi. » Seth jeta le trognon sans regarder, l’excédant de l’aliment achevant son circuit dans un bocal. « Je ne dis pas que tu dois cesser de peser le pour et le contre. Je te demande de rester toi-même et de ne plus te confiner dans un rôle. Si cette femme possède la valeur que tu lui accordes, elle ne pourra plus se passer de toi. » « Je vais y songer. Tu pars déjà ? » « J’ai un devoir qui m'attends. Régale-toi, et à la prochaine. » Il leva la main pour le saluer et s’évapora à l’unisson dans un nuage de brume.

La faim lui creusa toujours l’estomac, mais alors qu’il fourra une bonne quantité d’aliments dans sa bouche, il disparut subitement de sa chambre pour en rejoindre une autre. Quelqu’un était présent, dans la pénombre dissimulée. Ce n’est qu’après avoir vu la lumière jaillir que le Démon resta un moment figé avec des joues remplies comme un hamster, le périmètre de ses lèvres étant arrosé de tout le gras qu’il avait consommé. Déglutissant tout ce qu’il avait amassé quand il aperçut Edwina, il demeura silencieux en curant sa bouche avec son poignet. « Qu’est-ce que… qu’est-ce que vous fichez ici ? » Une interrogation aussi superfétatoire qu’elle en avait l’air. Il avait parfaitement compris qu’il s’était fait rouler dans la farine par la Reine en personne. Il n’avait eu que de faibles doutes jusqu’à présent. Mais la voir ainsi, dans cette tenue, dans son château, avec cette expression nerveuse sur le visage… Il était convaincu qu’il avait fait fausse route jusqu’à maintenant. Le Démon foula les poings si forts que du sang commença à dégoutter sur le sol. Il s’approcha d’elle en faisant trembler la pièce entière. « Depuis combien de temps dure ce petit jeu ? Depuis quand ce sosie si parfait a pris votre place ? Depuis le début, c’est ça ? Je vais vous… » Mais avant qu’il ne puisse lui mettre la main dessus, Zane se pétrifia sur place, le visage déformé et ruisselant de sueur. Il serra ses doigts sur sa poitrine, au niveau du cœur, puis il se laissa tomber sur le lit. Il respirait péniblement et bruyamment. Une fois qu'elle prit fin, il cassa un morceau du pied en frappant son poing dessus. « Ce que vous venez de voir à l’instant… ce sont les prémices de ma maladie du cœur. C’est récent et elles ne sont pas très violentes pour le moment, mais en contractant cette maladie je m’expose à un risque permanent. Vous seule êtes au courant de ce petit secret, alors tâchez de ne le divulguer à personne. » Il fit un effort pour se relever, mais s’affala de nouveau. C’était trop tôt. Il leva les yeux vers elle. « Et quand je dis personne, c’est personne ! Pas même votre mère, votre meilleure amie ou votre futur mari. Est-ce que c’est clair ? » Il avait pris le risque de tout lui avouer, sans savoir ce qui l’avait poussé à le faire. Il aurait pu mentir en prétendant un autre type de crise, mais il fallait que quelqu’un l’apprenne. En écho aux conseils de son ami, ce devait être elle. Quand il retrouva tous ses esprits, un rictus germa de nouveau. « Bon. Mais la Reine blanche a réussi à manipuler le Monarque Démoniaque. Quelle piètre performance pour un Roi Maléfique. » Il tourna la tête en un demi-cercle pour détailler la pièce dans son ensemble. Il arracha ensuite la pierre qui trônait autour de son cou, l’enfermant dans son poing. « Pourquoi m’avoir invoqué ? » Cette réponse, il l’attendait fermement.
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Lun 22 Aoû 2016, 16:04

Edwina sursauta lorsqu'elle vit la silhouette du Monarque Démoniaque apparaître dans sa chambre. Surprise, elle semblait légèrement perdue, comme si jamais elle n'aurait cru que l'invocation marcherait. Elle se demanda alors si son entreprise était gratuite. Elle s'attendait à ce qu'il lui demande quelque chose en échange, en réalité. Vu sa mine, elle devina qu'il était précédemment en train de manger. Elle n'avait aucune idée de ce qu'il s'était passé avec l'Archimage Eorane et ne pouvait le lui demander sans paraître inculte. Dans tous les cas, il s'avéra bien vite impossible pour elle de dire quoi que ce soit. « Oh je... » commença-t-elle en faisant un petit mouvement avec ses mains, comme pour le calmer et se défendre de tout crime. Ses questions fusèrent et elle se mit à reculer à chaque pas qu'il exécutait pour la rejoindre. Elle longea le lit, arrivant bien vite à la table de chevet qu'elle percuta. Il semblait furieux. Il allait l'étrangler, c'était certain. Pourtant, contre toute attente, il se stoppa net. Edwina arrêta également de respirer, comme si elle attendait que quelque chose se produise. Elle en profita pour glisser l'une de ses mains sur la table de nuit, attrapant le chandelier, au cas où il reprendrait sa course. Elle savait qu'elle ne pouvait le blesser outre mesure mais elle ne le laisserait pas avoir raison d'elle sans se défendre un minimum. Pourtant, elle comprit qu'il y avait bien plus que ce qu'elle pensait au début. « Vous... » commença-t-elle, juste avant qu'il ne s'affale sur son lit. Les yeux de la Belle le parcoururent de long en large, cherchant ce qu'il avait. Elle ne voyait rien d'anormal. « Zane ? » appela-t-elle avec une voix qui illustrait parfaitement son inquiétude. Paralysée, elle ne fit que le fixer reprendre peu à peu son souffle.

Lorsque ce fut fini, elle s'approcha un peu, écoutant sa confidence dans le silence le plus total. Elle se demandait s'il se jouait encore d'elle. Elle savait qu'il était excellent comédien et ce que lui avait murmurée Eorane à son sujet ne faisait que confirmer ses doutes. « Euh... Oui je... Je ne dirai rien mais... ». Elle n'eut pas le temps de continuer qu'il lui asséna une vérité qui lui rappela le sujet de leur rencontre. À l'écouter, il semblait persuader qu'elle était ici depuis le début. Elle hésita un instant. Devait-elle lui dire la vérité ? Peut-être que non. Elle se pinça les lèvres avant de s'asseoir sur son lit à présent bancal, à ses côtés. Les yeux fixés dans le vide elle cherchait quoi lui dire, plus perturbée qu'elle ne voulait bien l'admettre par ce qui venait de se passer. Elle essaya de reprendre contenance avant de tourner son visage vers lui. « Je souhaitais simplement vous voir. Après tout, à moins que cela ne soit un mensonge proféré par votre bouche, vous m'avez garantie jadis que je pourrai vous invoquer dès que je le désirerai... ». Elle commençait à être fatiguée. La soirée avait été riche en émotions et même si elle faisait semblant de ne rien savoir des événements qui s'étaient déroulés en Enfer, elle ne pouvait lutter contre son corps qui avait visiblement l'intention de ne rien entendre de ses protestations. La peur et le doute, mélangés à tous les autres sentiments qu'il lui faisait ressentir de par sa simple présence finissaient par avoir raison d'elle. « Je voulais m'assurer que vous traitiez l'Archimage Eorane correctement... » continua-t-elle sans réelle conviction. À quoi bon ? Hormis les événements qui avaient succédé son départ, elle savait exactement quel avait été le comportement du Monarque. Elle soupira, se laissant tomber à côté de lui. « Non, j'avais simplement envie de vous voir. » admit-elle enfin en regardant le baldaquin. « À vrai dire, j'ai pris la liberté d'enquêter sur vous et ce que j'ai appris m'a... ». Elle ne termina pas sa phrase, troublée. Sa tête coulissa doucement pour que son visage soit tourné vers lui. « Je voulais vous reprocher votre comportement avec d'autres et... Hum... C'est idiot. Je sais que je ne pourrai pas vous empêcher de violer des femmes... Si tant est que vous ayez besoin de recourir à la violence pour les obtenir... ». Elle laissa un temps passé avant de se tourner sur le côté. Elle avança sa main, lentement, jusqu'à toucher son cœur. « Est-ce une maladie incurable ? » demanda-t-elle en changeant de sujet. « Moi qui vous pensais invulnérable, je m'interroge sur ce qui a pu atteindre votre cœur ainsi... ». Elle semblait réellement concernée. Elle s'inquiétait, plus qu'elle ne l'aurait voulu. « Peut-être pourrai-je vous aider ? Il faudrait que vous voyiez un médecin vous savez... Si c'est une malédiction ou l’œuvre d'un Sorcier, il se pourrait qu'elle puisse être inversée... ». Elle se pinça les lèvres avant de sourire, la fatigue lui faisant prononcer tout ce qui lui passait par la tête sans la moindre pudeur. Elle se sentait légèrement engourdie. « Pour un homme jugé sans cœur par le Monde entier, c'est quand même étonnant que ce dernier soit touché... ». Elle ressentait un calme étonnement grand. Elle n'avait pas peur de lui, pas maintenant. Ses yeux commençaient à papillonner lentement. Elle luttait mais se laissait battre à plate couture par sa fatigue. « J'aimerai que vous m'enleviez... Mais Eorane ne serait pas contente... » souffla-t-elle alors sur le ton de la confidence. « Et puis, je dois veiller sur les miens... Ce ne serait pas raisonnable. ». Elle sourit, sa joue venant se caler sur son épaule. « Vous ne pouvez pas faire ça. En plus... ». Elle avait laissé ses paupières se fermer. « … vous ne me voulez pas vraiment. Je suis sûre qu'elle saura vous offrir ce que vous voulez... Elle sait être moi... et... je crois qu'elle vous aime bien... ». C'était un peu décousu. Sa voix se perdit dans le flot de murmures presque incompréhensibles. « Je.... Marier... Vous ne pouvez... pas... ». Et elle s'endormit, laissant son corps à la merci de la Bête.
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Mar 23 Aoû 2016, 14:53

Il faufila deux doigts sur sa tempe en effectuant quelques rotations. Cela lui permettait en outre de remettre des idées en place. Edwina avait réussi à l’invoquer d’une manière ou d’une autre. Il ignorait comment elle avait pu le faire en l’absence d’objets liés au rituel dans la pièce. Il était quasi certain qu’elle n’avait pas eu recours aux moyens qu'il lui avait prêtés au cours d’un de leurs pourparlers. « Vous avez bien fait de m’appeler. Par contre, je ne fais pas dans la charité. Il faut pouvoir en payer le prix pour invoquer un puissant Démon. » Il savait plus ou moins ce qu’il pouvait lui réclamer en échange. Toutefois, il ne quémanderait pas son dû tout de suite. Il devait déduire la raison de son voyage. Le visage pointé vers le sol, ses mires furent quant à elles prisonnières de la silhouette de la Reine. « Vous m’avez fait venir uniquement pour me voir ? Ça n’explique pas tout. Pourquoi avoir échangé vos places dans ce cas ? » L’incompréhension se lisait sur ses traits. Il manqua de bâiller, détournant son objectif sur le plafond. La journée avait été rude en désarrois, y compris pour lui. Il caressa la main d’Edwina avec son index, lui répondant par un sourire. « Vous vous inquiétez pour moi, c’est inhabituel. Je ne pense pas qu’il puisse exister un remède à cette maladie. Et je ne compte pas ébruiter l’affaire pour soulager mes ennemis. » Fixé sur les lèvres de la belle, il observait celles-ci remuer avec un intérêt prépondérant, comme s’il rêvait de pouvoir les enlever. « Ne vous en faites pas pour moi. Je suis quelqu’un d’increvable. Il faut plus qu’un dysfonctionnement organique pour venir à bout du titan que je suis. Et puis, tant que vous ne m’aurez pas embrassé avec sincérité, je continuerais à vous hanter. » Certains lui diraient sans doute qu’il avait tort de courir après elle, qu’elle n’accepterait jamais ses avances, quel que soit ce qu’il tenterait. Ils avaient probablement raison, mais Zane n’était plus rationnel depuis bien longtemps.

Plus quand il posait ses yeux sur elle. « Puisqu’elle n’est pas vous, je ne lui ferais plus rien à l’avenir. Toutefois, je suis déçu, j’aurais préféré toucher vos cambrures à vous que les siennes. J’imagine que je pourrais me rattraper un jour prochain. » Portant sa main à sa bouche, il croqua un morceau du minéral avant de l’engloutir totalement au coup de mâchoire suivant. « Ce n’est pas une pierre, mais la portion d’une pâtisserie en mesure de soulager mes douleurs. En revanche, il a un impact secondaire particulièrement… dérangeant pour les autres. » En effet, en dehors de l’aspect curatif qu’il possédait, le gâteau comprenait une substance aphrodisiaque assez puissante pour réveiller la lourdeur de l’homme. Quelques instants plus tard, il fit en sorte de la coller à lui. « Je ne sais pas si c’est une bonne idée de m’avoir appelé. Maintenant que vous êtes près de moi, je meurs d’envie de vous embrasser. Voir vos lèvres si… parfaites. C’est assez troublant. » Il combattait avec lui-même pour ne pas céder à la tentation. Ses mains formaient le contour de sa silhouette sans jamais la toucher. Ce qui fut le plus drôle en revanche, c’est qu’une double personnalité semblait intervenir dans le sens où il tendait ses lèvres comme pour lui faire plein de bisous, sa tête pourtant en retrait. « Bien sûr que je veux de vous et uniquement de vous. Eorane n’est qu’une imitatrice. Or, je trouve qu’il lui manque quelque chose pour peaufiner sa cible. » Avant qu’il ne puisse entreprendre une folie, elle s’assoupit, doucement. La seconde suivante, elle dormait, sur lui. Il n’était pas dans ses habitudes qu’une femme repose sur lui de cette manière. Après l’acte charnel, il partait dans les bras de Morphée et ne s’occupait plus de ses conquêtes. Maintenant qu’elle récupérait entre ses biceps, il hésita. Crispant ses doigts sur sa tignasse, il tira dessus avant de se reprendre. Finalement, il allongea ses lèvres aux siennes. Malgré le fait qu'elles ne le brûlaient pas, elles étaient tièdes et sucrées. Il mangea littéralement sa bouche comme une confiserie dont il était incapable de se passer. Il aimait tant ce contact qu’il resta ainsi à lui voler ses lèvres durant de longues minutes. Ses paumes se promenèrent gentiment sur ses courbes sans pour autant les tâter avec insistance. Il comparait le corps de la vraie avec celui de la fausse, dans le but de tirer une conclusion d’évidence : il préférait son contact à elle. Au lieu d’en profiter pendant toute la nuit, il l’installa confortablement sur le matelas retirant le surplus de vêtements qu’elle avait pour la mettre plus à l’aise. Il se leva et alla ensuite se poser sur le rebord de la fenêtre.

Le lendemain, Zane avait à peine fermé les yeux, l’esprit trop obnubilé. Il n’avait cessé de l’observer à ses heures perdues, assez pour connaitre son corps par cœur. Il parviendrait probablement à détacher les défauts d’une mauvaise copie sans embarras. Quand ses paupières remuèrent enfin, il se plaça à côté d’elle. « Vous dormez vraiment n’importe quand, et surtout n’importe comment. J’aurais pu vous tuer durant votre sommeil… ou faire bien pire. » Inconsciemment, il rabattait les membranes ou détournait le regard sur un objet qui lui permettait de se centrer ailleurs. « Je ne peux pas séjourner éternellement ici. J’ai respecté ma part du contrat en veillant sur vous. Si vous n’avez rien de concret à me demander, je retournerais d’où je viens. » Il se frotta les yeux comme un enfant fatigué. En réalité, il s'évertuait à rester éveillé et n’avait qu’une envie ; c’était de partir pour aller dormir dans son lit douillet. Celui d’Edwina n’était sûrement pas assez ferme pour s’opposer à sa masse. L’homme fit quelques pas hésitants en se rendant vers la porte, mais il trébucha quelque part, se renversant contre la fenêtre qui explosa sous sa force. Le Démon fit une chute vertigineuse jusqu’en bas du château, générant un cratère qui ne manquerait certainement pas de réveiller tout le peuple des Magiciens. Pourtant, malgré cette chute qui aurait couté la vie de nombreux hommes, Zane venait de s’assoupir, les bras et les jambes tendus sur le côté telle une étoile de mer. La couchette était plutôt insolite, mais pour lui le sol était aussi moelleux que n’importe quel paillasse fait à partir de plumes Angélique.
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Mer 24 Aoû 2016, 11:26

Edwina bougea lentement, encore à moitié endormie. Quand ses paupières se levèrent et qu'elle le vit, elle lui sourit, simplement. Pourtant, quand il se mit à parler et qu'elle se rendit compte qu'elle était tout sauf dans un rêve, elle se redressa plutôt rapidement, regardant son corps et ce qui se trouvait aux alentours. Elle ne comprenait pas, presque choquée d'être encore habillée. « Vous partez ? » demanda-t-elle alors qu'il s'en retournait. Seulement, il n'eut pas le temps de répondre. La Reine écarquilla les yeux quand il trébucha et poussa un cri quand il passa par la fenêtre. Sans attendre, elle se précipita vers cette dernière, marchant sur les bouts de verre d'une manière si naïve qu'elle s'entailla les pieds. Pourtant, ça ne comptait pas à cet instant. Il savait voler, bien sûr qu'il savait... Lorsqu'elle vit sa silhouette sur le parvis, étalée, son cœur ne fit qu'un bond avant qu'elle ne sorte de la pièce, descendant les escaliers à une vitesse prodigieuse jusqu'au rez-de-chaussée. Le temps qu'elle s'exécute, des badauds s'étaient déjà regroupés autour de Zane, n'osant pas trop approcher l'homme. En levant la tête, tous virent d'où il était tombé. « N'est ce pas le Monarque Démoniaque ? » murmura l'un des Magiciens. « N'est ce pas la fameuse fenêtre ? » dit un autre. Cette fenêtre était devenue on ne peut plus célèbre car beaucoup avaient essayé de la gravir. Une chanson avait même été façonnée à son effigie. C'était néanmoins la première fois que quelqu'un en était tombé de la sorte, du moins, de mémoire d'homme. « Est-il... mort ? ». « J'espère. » dit une voix de femme qui semblait plus extrémiste que les autres. « Que faire de lui ? ». Tous parlaient mais aucun n'osait s'approcher. D'un côté, la population n'aimait pas cet homme. Il avait enlevé Edwina en Enfer et des rumeurs couraient sur des faits plutôt terribles concernant les deux Souverains. Tous ici pensaient que la Reine avait été violée et les bruits que se distillaient ici et là sur son état de grossesse ne faisaient que confirmer la chose. Mais s'il était réellement si terrible, que faisait-il dans sa chambre alors ? Et pourquoi avait-il atterri là ? Les portes du château s'ouvrirent sur un homme dont la sagesse et la puissance forçaient le respect depuis des siècles. L'Archimage Nylmord avait été tiré de ses affaires matinales par le bruit et il avait juste eu à pencher la tête par sa propre fenêtre pour comprendre. Accompagné de plusieurs soldats, il ordonna à ce que le Monarque fusse entouré par ces derniers et il s'approcha. Il cacha son étonnement d'une main de maître. Il dormait ? Peu importe la vérité, ce qui comptait était de savoir l'utiliser à ses propres fins. Il se redressa au moment où Edwina sortait en trombe du palais. Il la saisit par une épaule pour qu'elle reste près de lui. Il la connaissait, elle se serait accroupie auprès de l'homme pour en savoir plus. Ce comportement aurait déplu. « Le Monarque Démoniaque a voulu abuser l'Ultimage. » déclara-t-il d'une voix qui portait loin. « Voilà ce qu'il en coûte. ». Il fixa l'endormi un instant comme s'il s'apprêtait à faire preuve de clémence alors qu'il n'en avait visiblement pas la moindre envie. « Puisque ce Démon n'a visiblement aucune notion de quels sont nos usages, nous allons nous occuper de les lui inculquer une fois que nous lui aurons prodiguer des soins. Il repartira chez lui ensuite. La Guerre des Dieux fait suffisamment rage pour que nous prenions le risque d'entrer dans un conflit avec le peuple démoniaque, simplement parce que son Souverain ne sait pas se tenir. ». La foule semblait de son avis, du moins, en majorité. « Emmenez-le à l'intérieur. » dit-il simplement. Il regarda un instant les gardes qui comprirent vite qu'il serait plus aisé d'user de magie pour transporter le corps de la Bête. « Venez. » dit-il à Edwina.

Quelques minutes plus tard, ils étaient tous les deux assis l'un en face de l'autre. Elle ne disait rien et lui semblait attendre le bon moment, cherchant sans doute ses mots. « Me faites vous confiance ? » demanda-t-il enfin. « Je euh... Oui, bien sûr. » répondit-elle. Il sourit. Il était son bras droit et il savait l'amour qu'elle lui portait, en miroir au sien, mais il préférait remettre les choses à leur place avant d'aborder le sujet. « Je ne me permettrais pas de certifier que le Monarque Démoniaque est exactement comme ses pairs... Pourtant, nous ferons comme s'il l'était. Ceci n'est qu'un jeu pour lui et vous me semblez très peu éduquée sur le sujet pour pouvoir y survivre. Je ne vous parlerai pas de votre mariage. Celui-ci n'est qu'un lien purement utilitaire. Je vous parlerai simplement de vous. Si vous vous entichiez d'un homme sain d'esprit et de corps, sans doute ne verrai-je aucun inconvénient à vous aider. Cependant, il ne l'est pas. Je ne le connais pas plus que cela mais un  simple regard, en plus des explications d'Eorane, m'a permis de comprendre. Un Démon ne peut se limiter à une seule femme, quand bien même il le voudrait. Et puis, il existe des créatures en ce monde plus belles et dangereuses que vous qui ne manqueront pas de le séduire. Je ne souhaite pas que vous soyez un trophée sur son mur. Je ne souhaite pas qu'il vous éconduise. Et je ne souhaite pas que vous deveniez aussi empoisonnée que toutes les femmes de ce Monde qui se croient puissantes à séduire les Rois mais qui, en réalité, ne sont que des prostituées de luxe. Elles pensent pouvoir les obtenir en jouant les effarouchées mais, au final, ce sont eux qui les obtiennent. Un homme sait faire ce qu'il faut pour arriver à ses fins, quand bien même certaines femmes pensent régner sur la partie. Le premier qui se languit a perdu et il suffit de faire semblant de se ficher d'elles pour constater qu'elles sont bien plus éprises que ce qu'elles voulaient bien montrer. L'ignorance est bien le pire acte à faire subir à une femme. ». Il sourit, attrapant l'un des biscuits présent sur la table. Il était vieux à présent mais, dans sa jeunesse, il avait eu de multiples conquêtes. « Tout ceci n'est qu'un jeu mais je doute que vous souhaitiez y participer. Votre cœur est trop pur pour cela. ». Il versa le contenu d'une petite fiole dans le verre de la Reine. « Il s'agit d'un élixir de vérité. J'ai besoin de la connaître pour vous protéger au mieux. Vous avez le choix bien entendu, je ne vous forcerai pas mais rappelez vous que vous m'avez avoué avoir souhaité pouvoir mentir sans que nul être ne puisse en avoir conscience. Les Génies ont parfois du bon, parfois du mauvais. ». Il sourit. Elle fixa le verre un instant puis le but. Elle lui faisait confiance. « Avez-vous été abusée par Zane ? ». « Non. » dit-elle simplement. « Avez-vous consommé l'acte charnel avec lui ? ». « Non. ». « Qui est le père de votre enfant ? ». « Je ne suis pas enceinte. ». Il porta son index à ses lèvres. Si elle l'ignorait, elle ne pouvait pas mentir. Cependant, son état était une évidence et si elle se plongeait dans le déni, un problème de plus était à prendre en considération. « Est-ce que vous l'aimez ? ».

« Ce ne sera que pour quelques lunes. Je viendrais vous voir  souvent. L'Archimage Eorane assurera la gérance ici et également votre présence en Enfer. Il ne pourra pas vous trouver là où je vous conduis. Ses espions auront beau chercher, jamais ils ne se douteront. ». Il sourit à la jeune femme, l'embrassant sur le front. « Quand vous reviendrez, je vous promets qu'il vous aura oublié. ». « Oui... ». « Le Monarque se réveillera sur les Terres Arides. Mes hommes l'ont téléporté là bas. Ne vous inquiétez pas. Partez sereine. Tout ceci sera terminé à votre retour. ».

Fin
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Le retard de la bête [Visite Edoudou]

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